Accueil / Écriture / Blogue à desseins / Articles selon une catégorie
>>> Accès aux archives
>>> Fil RSS Abonnez-vous au flux RSS


Mardi, le 15 avril 2008
Article supprimé
(...)


Samedi, le 2 juin 2007
Blanche
Blanche, comme la nuit que je viens de passer à terminer un article scientifique tout juste avant la date limite, le 1er juin, et minuit, fuseau horaire du Temps standard du Pacifique, soit en cours de matinée en ce qui me concerne, et dans l’après-midi pour mon collègue japonais.
Blanche, comme la poudre que j’aurais pu renifler pour tenir le coup et avoir les neurones en éveil, mais je connais trop bien les effets pharmacologiques de ces saloperies pour ne pas me laisser tenter... contrairement aux étudiants (ou profs ?) de la Ville éternelle. Du coup, je me suis dopé aux thés à la menthe super sucrés et aux tartines de Nut’ (je sais, c’est mal).
Blanche, comme mes sculptures sorties du four. L’argile beige, une fois cuite, n’est pas vraiment intéressante sans patine. Et je dois tout terminer avant l’expo, la peinture sera à peine sèche au moment de l’accrochage. Gasp.
Blanche, c’est la couleur des roses de l’horrible chanson lacrymogène du môme qui les offrait à sa maman. Merde, c’est la fête des mères demain. Ah oui, joie d’Internet : deux clics et des fleurs sont envoyées à bon port.
Blanche, c’est ma figure de vampire qui fuit le soleil. Bon, j’ai besoin de prendre des vacances. Je les ai méritées. Tiens, du coup, je vais patiner une de mes sculptures de couleur bronze.


Mardi, le 1er mai 2007
Les bains de lune

Une faible lueur se glisse sous la porte du dortoir. Soucieux de ne pas réveiller mes compagnons, je m’extrais sans bruit de mon lit pour enfiler chaussettes et baskets. À défaut de pouvoir me coiffer, je passe une casquette sur mes cheveux en bataille. Arrivé dans le couloir, je prends conscience de ma méprise : privé de repères dans l’obscurité de la chambre, j’ai été abusé par la lune et je n’avais pas pu voir à ma montre qu’il n’était que deux heures du matin. Je me sens pourtant en pleine forme et m’étais réveillé avec l’intention de faire un footing autour du lac avant le petit déjeuner. Il me faudra cependant encore patienter quelques heures avant l’aube.

Hésitant à retourner me coucher, je remarque à d’infimes détails que parmi les fauteuils organisés en cercle au bout du couloir, celui qui fait face à la fenêtre – et dont je ne distingue que le volumineux dossier de là où je me trouve – semble occupé. Je m’approche, calmement, m’apprêtant à retrouver un ami atteint d’insomnie, mais en prenant place sur un siège voisin, je découvre que la personne, une jeune femme d’une vingtaine d’années, ne m’est pas familière.

Ne désirant pas m’imposer à une inconnue auprès de laquelle je me suis assis par erreur, je chuchote un maladroit bonjour et m’apprête à me relever mais le sourire charmant avec lequel la demoiselle m’accueille a tout lieu d’indiquer que ma compagnie n’a pas l’air de la déranger. Elle relève une de ses longues boucles cuivrées d’un geste gracile qui fait frémir sa légère robe de chambre bordée de dentelles et me demande d’une voix douce :

« Bonsoir. Vous n’arrivez pas à dormir ?

— Ce n’est pas ça. Je crois que j’ai assez dormi. Je me suis couché trop tôt et, du coup, je suis complètement décalé. Sans doute la fatigue accumulée au cours d’une semaine de travail vraiment éprouvante. Et vous ?

— Je prends un bain de lune. »

Elle a raison. Sa ravissante peau de lait n’est pas faite pour le soleil. Si l’astre du jour nous colore d’un hâle d’or, celui de la nuit nous donne-t-il une apparence argentée ?

« Je ne vous avais pas encore vu. Je croyais que notre groupe était le seul à être hébergé au château cette nuit…

— Oui et non, m’explique-t-elle. Vous êtes les seuls étrangers.

— Ah ! Vous n’êtes pas là en touriste ? »

Notre discussion à voix basse se poursuit des heures durant. J’apprends qu’elle se prénomme Blanche mais tout ce qu’elle me raconte d’autre de sa vie est irréel. Fasciné par son extraordinaire imagination, je joue le jeu et m’interdis de la contredire. Je ne me lasse pas de son étrange accent, de ses expressions désuètes, de sa délicieuse fraîcheur. À l’arrivée des premiers rayons de soleil, elle se lève pour prendre congé.

« Merci de m’avoir tenu compagnie », me souffle-t-elle encore en abandonnant un baiser sur ma joue. Un peu pantois, je reste assis seul un moment. L’air se charge de lumière et de chaleur, je me décide enfin à sortir du château pour courir le long du lac.

Plus tard, je rejoins mes amis dans la salle à manger. Ce n’est pas Blanche qui nous sert le petit déjeuner. Je suppose qu’elle travaille en cuisine.

Nous retrouvons notre guide qui nous fait visiter les autres pièces du château. Nous déambulons dans le petit musée où sont enfermés les trésors remontant au Moyen Âge, et je m’arrête devant une antique peinture devant laquelle mon regard ne peut s’échapper. La stupeur m’empêche de suivre le début de l’histoire.

« La fille unique du seigneur, abandonnée par son fiancé, un chevalier aussi beau qu’il était cruel, se laissa mourir de chagrin. Avec Blanche s’éteignit la lignée des De Nérestang qui avaient fait du château leur demeure seigneuriale depuis le XIIIe siècle. La légende raconte que Blanche passait toutes ses nuits à attendre celui qu’elle aimait, assise face à la fenêtre du donjon. À sa servante qui la suppliait de rejoindre son lit, elle répondait qu’elle prenait un bain de lune, trop honteuse d’avouer un improbable retour. Elle fut retrouvée morte un petit matin… »


© Fabrice Méreste, 2007.

Ce texte a été écrit le dimanche matin, lors de mon atelier d’écriture du week-end dernier, après avoir passé la nuit dans un château. L’inducteur était "le revenant, le spectre, l’incube ou le succube rencontré cette nuit"


Jeudi, le 8 février 2007
Héliophobe
C’est sans doute une histoire de gènes, ou un truc comme ça.
Toujours est-il que, avec ma peau claire, je crains le soleil. Écran total, indice de protection 200 XXL. Et pourtant, ça ne suffit pas. Pour me baigner, lorsque j’avais passé des vacances aux Antilles, j’avais dû garder mon tee-shirt. Vous y croyez, vous ?
Foutus gènes. Je comprends la douleur des albinos.
Et mes yeux... De couleur bleu-gris. Toujours obligé de porter des lunettes noires dès que le moindre rayon parvient à percer les nuages. Il y en a qui disent que je fais ça pour la frime. Les imbéciles, s’ils savaient.
Et mon intolérance alimentaire. Impossible de manger de la tarte aux poireaux. Et Dieu que ça me donnerait pourtant envie ! Quand je suis au restaurant, je dois toujours veiller au grain pour fuir tous les plats présentant de l’oignon ou de l’ail. Ou de l’échalote. Ou de la ciboulette. Un véritable casse-tête. Le tri nécessaire de ce qui se trouve dans mon assiette. Du coup, par nécessité, je suis devenu un expert en cuisine, et vous ne trouverez pas chez moi toutes ces épices ou ces légumes de la famille des liliacées qui me rendent malade comme un chien.
D’ailleurs, quand je fais la cuisine, j’ai pour habitude de ne pas beaucoup faire cuire la viande. Certains de mes invités la trouvent même crue, à leurs goûts.
Heureusement qu’ils n’ont jamais fait un tour sur Google Image pour voir mon véritable visage.
Dommage pour eux, oui dommage surtout si c’est moi qui trouve leurs viandes et leurs sangs à mon goût.


Dimanche, le 28 janvier 2007
Kikoolol attitude
Ça y est, j’ai ouvert mon SkyBlog site sur MySpace.
C’est amusant, j’ai retrouvé des gens déjà croisés ici ou là dans la vraie vie à l’occasion d’événements en rapport avec l’écriture (Markus Leicht, Sire Cédric, Laurent Queyssi, Fabrice Colin, Mélanie Fazi, Natacha Giordano...) et j’ai fait la connaissance d’autres personnes sympathiques et fort intéressantes.
En plus, comme c’est tout neuf pour moi, j’ai posté quelques billets ces jours derniers :
– Science-fiction sans technologie n’est-elle que ruine de l’âme ?
– Une justice au royaume pourri du cinéma ?
– Pourquoi écrire ?
– Mylène et moi
Donc maintenant, j’ai une véritable excuse si je suis un peu silencieux sur mon weblog, non ?


Mardi, le 21 novembre 2006
Le week-end de Monsieur Malchance
Jeudi, soirée bien sympa avec chez un couple d’amis... mais le lendemain, avec un cours à 8h00, pas assez de sommeil et un furieux mal de crâne. Du coup, je ne suis pas allé au concert de l’ami chanteur à Lyon. Dommage.
Samedi, réveil avec la bizarre impression qu’il fait très frais. En effet, la chaudière est éteinte, sans possibilité de la rallumer. Pas moyen d’appeler l’agence logement, le week-end sera ainsi sans chauffage ni eau chaude. Gasp.
Samedi midi, je me prépare un osso buco. La sauce tomate cuit dans une casserole, je me retourne un instant et la casserole – en position instable sur la gazinière – se retrouve par terre, repeignant d’écarlate tout ce que je possède de meubles, murs et sol dans un rayon de deux mètres. Zen, je décide de manger ce qui est encore mangeable avant de me mettre à la corvée nettoyage.
Dimanche matin, les copains avec qui je devais aller voir le Prestige (d’après l’excellent roman éponyme de Christopher Priest) au cinéma me font faux bond. Tant pis pour eux, le film est génial.
Lundi, après m’être douché à l’eau froide, je me mets à mon ordinateur pour travailler un peu avant de partir au boulot. Coupure net d’électricité. Je sors de mon appartement. Des électriciens me disent que c’est normal, qu’ils avaient prévenu les locataires par affiche, mais l’affiche en question a été ôtée par d’autres ouvriers s’occupant de la nouvelle boutique d’en bas.
Au bureau, j’envoie un petit courrier électronique à une amie pour lui rappeler que je fête mon anniversaire bientôt et que son compagnon et elle sont invités. Une heure plus tard, je reçois une réponse laconique de sa part m’indiquant que son petit ami est décédé vendredi et que l’enterrement aura lieu jeudi. Stupeur face à l’horreur de la situation. Se trouver bien coup d’avoir mis aussi sauvagement les pieds dans le plat. Mes petits problèmes du week-end sont soudain si dérisoires...


Mercredi, le 15 novembre 2006
Top chrono, boulot, c’en est fini du dodo !
Le chrono est lancé. Dans un mois, ce sera mon anniversaire, et d’ici là j’aurai envoyé le tapuscrit de mon roman à un éditeur (au futur antérieur, pas au conditionnel, je ne me laisse pas d’échappatoire).
Parce que, il faut se le dire, je vieillis. Si, si. La gentille dame qui organisait les ateliers d’écriture auxquels je participais il y a deux-trois ans ne m’avait pas reconnu, du moins pas avant que je n’ôte mes lunettes de soleil (qu’elle avait d’ailleurs dans les yeux... le soleil, pas les lunettes !).
Samedi dernier, au salon du livre de Lyon, j’ai eu l’occasion de revoir Sire Cédric, auteur aussi sympathique que ses textes fantastiques sont horrifiques, rencontré lui aussi il y a trois ans de cela lors d’une convention de science-fiction. Entre temps, le garçon a publié d’intéressants recueil et roman fantastiques et prend l’apparence d’un vampire lorsqu’il dédicace ses écrits.
Enfin, après ce passage décisif à la Poste, l’esprit libéré de mon roman, pas de temps pour le baby blues : les projets ne manquent pas. Avec mon compère Jean-Jacques, nous reprendrons la suite des aventures du professeur Challenger dans l’univers steampunk que nous avions élaboré dans « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », notre première nouvelle en commun parue il y a – là aussi ! – trois ans.


Mercredi, le 11 octobre 2006
Je suis... aux anges !

Hier, je suis allé récupérer un colis à la Poste. À l’intérieur, mes exemplaires d’auteur de l’anthologie dirigée par A.-F. Ruaud intitulée les Anges électriques, Fiction Spécial, tome 1, publiée chez les moutons électriques éditeur.
Outre « Des ailes dans la tête », le très joli (si si !) texte de votre serviteur, vous trouverez des nouvelles de Jean-Pierre Andrevon, Richard Kearns, Jean-Louis Trudel (blog), Kelly Link (site officiel), René Beaulieu (blog), Rhys Hughes (blog), Paul Di Filippo (site officiel), Jean-Jacques Girardot, Christian Vilà, Jamil Nasir, Johan Heliot, Xavier Mauméjean, Fabio Nardini, Sylvie Denis, Roland Fuentès (blog), Andrew Weiner ainsi qu’un article d’André-François Ruaud (blog) et des illustrations de Letizia Goffi et Sébastien Hayez.
Disponible dès maintenant sur le site de l’éditeur et à partir du 27 octobre 2006 en librairie ou ici ou .


Mardi, le 26 septembre 2006
Historique des événements, la fin d’un mythe
Lorsque j’avais entendu parler pour la première fois des termes « weblog » et « blog », on m’avait dit que cela venait du journal de bord des capitaines de navire qui consignaient tous les événements de la traversée en mer, avec des calculs, et en particulier des logarithmes. Des logarithmes, donc, d’où log, qui était devenu « weblog » avec son usage par des particuliers sur Internet, abrégé par la suite en « blog ».
Cela m’avait un peu étonné car, de formation scientifique, j’imaginais bien que les navigateurs devaient être en mesure d’effectuer des calculs trigonométriques, mais je ne savais pas trop ce qu’ils auraient pu faire avec des logarithmes. Cette croyance a pourtant persisté jusqu’à la semaine dernière, lorsque je me suis mis à visionner les épisodes de la série Mystères à Twin Peaks de Mark Frost et David Lynch (oui, je sais, mieux vaut tard que jamais). Alors, me diriez-vous, quel rapport avec la choucroute ? Il se trouve que dans le générique est créditée une certaine « Log Lady », la fameuse « Femme (ou Dame) à la bûche ». Un petit coup d’œil sur mon dictionnaire français-anglais et je découvre que « log » signifie « rondin de bois » dans la langue de Shakespeare. Je suis perplexe : un weblog serait une bûche électronique ? Heureusement Wikipedia vient à mon secours. Ce qui était consigné par les navigateurs n’étaient pas des logarithmes, mais les vitesses du bateau, exprimées en nœuds nautiques, vitesses calculées en jetant par-dessus bord un bouée – le plus souvent un rondin de bois, un log – à laquelle était accrochée une corde comportant des nœuds à intervalles réguliers dont le déroulement était chronométré avec un sablier (le rapport distance et temps donnant ainsi la vitesse)...


Mercredi, le 30 août 2006
Cinéma d’été
Des quelques films que je suis allé voir cet été, je retiendrai simplement le fait que ce que je préfère, c’est le cinéma français.
La Tourneuse de Pages de Denis Dercourt nous entraîne dans l’univers d’une vengeance nourrie par des années de rancœur. De bonnes trouvailles. De plus, comme le film se déroule dans le monde de la musique, certaines scènes ont lieu à la Maison de la Radio, ce qui a rappelé de nombreux souvenirs à Rémi, un ami qui m’accompagnait au cinéma, et qui avait été membre du Chœur de Radio France avant de devenir soliste.
Le film que je viens de voir à l’instant, Selon Charlie de Nicole Garcia, est une peinture où se mêlent plusieurs portraits, des hommes un peu perdus, trompés et trompeurs, égratignés par la vie, un clair-obscur de destins croisés.
Mais le réalisateur dont je me promets de ne plus voir le prochain film, c’est bien M. Night Shyamalan. J’avais adoré l’ingénieux Sixième sens et été intéressé par Incassable, même si j’avais trouvé les idées vraiment malsaines dans ce dernier film. J’avais pardonné la navrante reprise champêtre de la Guerre des Mondes qu’est Signes. La tragique utopie du Village m’avait troublé. Mais que dire de la Jeune Fille de l’Eau ? Peut-on prendre un ridicule conte pour enfant au pied de la lettre et l’adapter dans notre monde ? Night pense que oui. Et le scénario n’est hélas que cela, ce qui est bien décevant.


Dimanche, le 23 octobre 2005
Tim, tam, toum
Samedi, je suis allé voir au cinéma Les Noces funèbres de Tim Burton (Tim Burton’s Corpse bride).
Résultat : un peu plus d’une heure de bonheur dans un univers complètement déjanté, un conte étonnant raconté à travers la technique du stop-motion, une folie géniale que l’on doit, entre autres, à... euh... au réalisateur Mike Johnson, aux scénaristes John August, Caroline Thompson et Pamela Pettler, à la voix de Johnny Depp (c’était en V.O.), à la musique de l’incomparable Danny Elfman...
Tim, je t’adore. Mais même si l’on te considère comme l’un des cinéastes les plus inventifs de sa génération, même si tu as été l’un des producteurs du film, même si les Noces funèbres se sont faites sur une idée qui tu as eue avec Carlos Grangel, même si tu as participé à la réalisation, en te mettant autant en avant comme tu l’as fait ici, en allant jusqu’à ajouter ton nom dans le titre du film (car, bien entendu, ce n’est pas Burton qui se marie de manière funèbre !), je me demande...
Dis-moi, Tim, tu n’aurais pas pris un peu le melon ?


Mardi, le 27 septembre 2005
Différences de points de vue et mélange des genres
De la Russie, mes parents m’ont rapporté l’image d’un pays où de superbes églises orthodoxes côtoient aussi bien des immeubles modernes apparus avec le capitalisme que des lourds bâtiments à l’inesthétique mais fonctionnelle architecture soviétique. À Moscou, des bateaux de tourisme voguent sur le canal menant à la Volga, et il semble difficile de passer un jour dans les belles rues de la capitale sans voir une scène de mariage et des limousines. À peu de choses près, j’y retrouvais la vision qu’en avait donnée Cédric Klapisch dans son film les Poupées russes.
Mais quand ce sont les Russes qui parlent de leur pays, comme le réalisateur Timur Bekmambetov dans le film Night Watch, le Moscou d’aujourd’hui devient le terrain de chasse des vampires, un lieu où s’affrontent les Forces du Bien et du Mal, où des tourbillons de corbeaux annoncent des événements funestes, et où la sorcellerie est encore toute-puissante...
L’image réfléchie par les miroirs n’est pas celle que l’on trouve dans le regard des autres.


Samedi, le 4 juin 2005
J’aime bien...
Il est des personnages qui ne peuvent pas laisser indifférent. Pour moi, le réalisateur et scénariste Jean-Pierre Jeunet est de ceux-là.
Mercredi dernier, j’ai eu la chance de le voir au cinéma Le France de Saint-Étienne. De 18 heures au lendemain, rien que du bonheur... Cela a débuté par les premiers courts métrages de Jeunet : L’évasion (1978) et Le Manège (1980), des films d’animation où le travail de son complice Marc Caro fait des merveilles et annonce la superbe Cité des Enfants perdus (1995), Pas de repos pour Billy Brakko (1984) et Foutaises (1989), où on retrouve les prémices d’éléments qui seront exploités dans Delicatessen (1991) et Le fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001).
Ce type est fascinant. On sent bouillonner en lui une créativité extraordinaire. Pour passer d’Alien IV (1997) à Amélie Poulain, il faut vraiment être un magicien. Et le mélange des genres, il l’a transcendé dans son dernier film, Un long dimanche de fiançailles, qui mêle avec brio à la fois la romance, le film de guerre et l’enquête policière.
De Jean-Pierre Jeunet, j’adorais l’œuvre, maintenant je suis aussi admiratif de l’homme, un immense artiste, et un être fondamentalement humain.
Et si vous tenez à voir d’autres créatifs, aux réalisations plus modestes, certes, pensez à faire un tour à Saint-Victor sur Loire. C’est le dernier jour du Fest’Uval Jean Mon’Arts où vous pourrez assister à une multitude de spectacles, de la danse, de la poésie, de la chanson française, de la musique chorale, du trip hop, du rock... et même assister à une exposition où votre serviteur présente quelques une de ses sculptures.



Dimanche, le 12 septembre 2004
Les films de l’été
Impressions subjectives des quelques films que j’ai eu l’occasion de voir lors de ces vacances estivales...
  • J’me sens pas belle de Bernard Jeanjean. Regard intelligent, à la fois tendre et féroce, sur la vie des trentenaires célibataires, leurs désirs, leurs difficultés à s’engager dans une relation sentimentale... Meuh non, je ne me sens pas concerné... ;-) À noter les excellentes performances de Marina Foïs (que je n’apprécie pourtant guère parmi les Robins des Bois) et de Julien Boisselier dans le huis clos d’un appartement parisien.
  • Fahrenheit 9/11 de Michael Moore. Documentaire engagé sur le président actuel des États-Unis d’Amérique, son élection foireuse, ses liens troubles avec les magnats du pétrole saoudiens, le 11 septembre 2001, les interventions en Afghanistan et en Irak. Et dire que Kerry a perdu son avance face à ce type, ça fout froid dans le dos. Indispensable.
  • Shrek 2 de Andrew Adamson, Kelly Asbury et Conrad Vernon. Le retour de l’ogre vert pétomane, avec sa fiancée, son âne... et de nouveaux personnages. L’humour est toujours au rendez-vous, les critiques et parodies aussi. Jubilatoire. Aussi bon que le premier, ce qui n’est pas peu dire.
  • Hellboy de Guillermo Del Toro. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les nazis mêlent sciences et occultisme pour faire revenir des ténèbres de l’Enfer des démons pouvant les aider à vaincre les Alliés. L’arrivée des soldats US fait échouer ce plan... mais un bébé démon (Hellboy) a traversé la porte des deux mondes, et est pris en charge par un scientifique du gouvernement des États-Unis. De nos jours, une organisation décide de remettre ça et réveille un monstre endormi dans une urne d’un musée. Seul Hellboy et d’autres créatures mutantes pourront s’opposer à ces derniers. Il s’agit ici d’un bel exemple d’histoire secrète (l’Histoire ne s’est pas déroulée exactement comme nous le croyons) reposant sur quelques bases véridiques (la société de Thulé, groupe ésotérique d’extrême droite d’où sortirent les chefs de file du parti nazi). Les scènes de combat avec les monstres à la "Spectroman" sont parfois ridicules, le Bien et le Mal sont présentés un peu de façon caricaturale, mais la nature ambiguë d’Hellboy, démoniaque par essence mais mettant sa force au service des humains, sauve toutefois la vision manichéenne du film. À suivre (oui, la sortie du numéro 2 est en effet déjà annoncée).
  • Le Village de M. Night Shyamalan. Un petit village perdu au milieu de nulle part, avec sa douceur de vivre et ses règles. Tout autour, des bois où vivent "ceux dont on ne parle pas", empêchant par la même tout contact hors de la micro-société du village... Argh, un sixième sens m’avait prévenu de ne pas aller voir ce film. Ce réalisateur est vraiment malsain. Shyamalan, dans Incassable, développait la fumeuse théorie selon laquelle les hommes costauds à mâchoire carrée sont destinés à devenir des super-héros au service du Bien alors que les êtres atteints de tares génétiques ne pouvaient qu’être les négatifs de ceux-ci, leurs âmes étant assortie à leurs couleurs de peau. Beurk. Et puis il y a eu le très peu convaincant Signes, présenté comme un Independance Day vu d’après des paysans du Middel West perdus dans leurs champs de maïs. Et là, avec le Village, sous le prétexte fallacieux de nous faire peur car le film est annoncé comme un thriller fantastique (ce qui est une sombre escroquerie : il n’y a pas la moindre part d’irrationnel dans tout le film), Shyamalan nous présente sans nuance une société sectaire et les règles (cruelles) qu’elle s’impose pour assurer son existence. Si c’est ça que vous cherchez, regardez plutôt la Plage, c’est plus intelligent, plus beau, et il y a la charmante Virginie Ledoyen (ou Leonardo DiCaprio, si vous préférez). Enfin, c’est décidé, je n’irai plus voir un film de M. Night Shyamalan. :-(
  • Le Tour du monde en 80 jours de Frank Coraci. Adaptation (très libre) du roman éponyme de Jules Verne. Surprise en m’installant dans la salle de ciné, je suis l’un des rares adultes (du moins, qui ne soit pas accompagné d’un gamin). Je m’étonne de l’intérêt porté par les mômes à l’auteur des célèbres romans d’"anticipation scientifique". Mais, c’est vrai, il y a Jackie Chan (dans le rôle du domestique français Passe-Partout, si, si !). Pourtant, le film n’en est pas un enchaînement de combats d’arts martiaux pour autant, le texte de Verne est respecté dans les grandes lignes, avec quelques aménagements, bien sûr, les clins d’œil à l’Histoire sont nombreux (les rencontres de Phileas Fogg avec Van Gogh, les frères Wright ou la reine Victoria), et la pétillante Cécile de France rajoute son charme et sa bonne humeur à ce gentil divertissement.
  • Le Roi Arthur de Antoine Fuqua. Ami spectateur qui recherche la légende arthurienne, ne va pas voir ce film, tu seras déçu : Arthur est un soldat romain, point de Camelot mais un avant-poste en (Grande-)Bretagne situé au niveau du mur d’Hadrien, la frêle Genièvre est devenue une farouche guerrière (et elle combat avec une espèce de bikini du plus bel effet), le champion Lancelot est un mercenaire Sarmate obligé de se mettre au service de Rome pendant une quinzaine d’années, et point de Graal, d’Excalibur ou de magie... Fuqua a essayé de mettre en scène une vision historique plus que légendaire du roi Arthur, et même si ça ne tient pas la route (les historiens soulignent en effet de criantes invraisemblances historiques et erreurs chronologiques), l’intention est louable et le résultat intéressant. À ceux qui préfèrent la "vraie" (?) légende à cette tentative historisante, je ne peux que conseiller de revoir l’excellent film Excalibur de John Boorman qui n’a pas trop mal vieilli bien qu’il date du tout début des années 1980...
  • I, robot de Alex Proyas. Dans un futur proche, les robots sont présents partout, au service de l’humanité. Un détective enquête sur l’accident (meurtre ou suicide ?) d’un chercheur en robotique... qui le mène sur la piste d’un robot, machine qui, par construction, est dans l’incapacité de faire du mal. Gentil film inspiré de l’œuvre d’Asimov, avec quelques défauts navrants (comme l’omniprésence de la publicité pour des produits curieusement d’aujourd’hui) mais de jolis effets spéciaux et un scénario plutôt réussi. Attention, le fait de regarder ce film ne vous dispense pas de lire les livres du bon docteur Isaac Asimov ! :-)


  • Mardi, le 16 septembre 2003
    Avis publicitaire : Passés recomposés, anthologie uchronique dirigée par André-François Ruaud
    Samedi matin, je suis allé à la Poste chercher une lettre qui, d’après mon facteur, ne rentrait pas dans la boîte. Effectivement, je venais de recevoir des Éditions Nestiveqnen les exemplaires d’auteur de mon premier texte de fiction publié.
    Émotions...
    Les uchronies, ainsi que les présente l’anthologiste André-François Ruaud, ces sont ces « histoires alternatives », des utopies temporelles. Treize auteurs se sont intéressés à ce qu’aurait pu être l’Histoire à partir d’un point de divergence, un événement qui ne s’est pas réalisé mais qui aurait pu l’être.
    Et si, et si...
    • et si, en l’an 500 de notre ère, l’Égypte des Pharaons avait pu maintenir sa puissance en faisant alliance avec les autres peuples de la Méditerranée contre Rome ? (« Tels le Jonc et l’Abeille », P.J.G. Mergey) ;
    • et si, en 1618, dans une contrée perdue d’Autriche, un paysan avait recueilli un être étrange, venu d’on ne sait où, et ayant la curieuse propriété de transpirer un gaz hilarant, pour le présenter à son prince ? (« Quelques épluchures de politique », Roland Fuentès) ;
    • et si, en 1748, les grands savants, artistes et aventuriers d’Europe s’étaient réunis à la cour du roi Frédéric II pour mettre leurs talents en commun afin de tenter de créer le nouvel Adam ? (« La Vénus anatomique », Xavier Mauméjean) ;
    • et si, en 1793, les Anglais avaient fait alliance avec des créatures surnaturelles pour étouffer la jeune République française ? (« Comment Gaby délivra La Caroline avec l’aide du Triton Garglogote », Marie-Pierre Najman) ;
    • et si, en 1796, le jeune général Bonaparte s’était entouré de nouvelles machines de guerre lors de ses conquêtes transalpines ? (« La Rose blanche de Bonaparte », Franco Ricciardiello, traduit par Éric Vial) ;
    • et si, en 1909, une société de dirigeables, qui avait su gagner sa puissance grâce à une nouvelle source énergétique, s’intéressait de trop près aux travaux présentés à Paris par les plus grands savants du monde entier ? (« Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », Jean-Jacques Girardot & Fabrice Méreste) ;
    • et si, en 1914, Pierre Curie, rescapé d’un accident qui aurait dû le tuer, avait conçu, avec l’aide d’autres savants, une arme formidable pour alerter l’opinion internationale de la catastrophe que serait une guerre mondiale ? (« Pour l’exemple », Jean-Baptiste Capdeboscq) ;
    • et si, en 1920, la France avait pu disposer d’une énergie de pile à hydrogène et que la Grande Guerre avait débuté avec quelques années de retard ? (« Der des ders », Jean-Jacques Régnier) ;
    • et si, en 1940, au Mexique, le savoir des Aztèques et les connaissances naissantes en biologie moléculaire avaient pu tenter de ramener à la vie Léon Trotski victime d’un attentat ? (« Le Mausolée de chair », Jonas Lenn) ;
    • et si, en 1968, le monde était devenu le terrain d’une guerre entre humains et loups-garous à la suite de la dispersion d’un virus mutagène par l’armée nazie quelques 23 ans plus tôt ? (« Lupina satanica », Raphaël Colson) ;
    • et si, en 1993, une grenouille bioaméliorée pouvait écrire des romans populaires, parler et penser comme un être humain ? (« Neurotwistin’ », Laurent Queyssi) ;
    • et si, en 2121, au large d’Uranus, les armées républicaines de la Terre et des Colonies Émancipées, héritières de ceux qui firent tomber l’Empire que Bonaparte avait sû maintenir pendant plus de deux siècles après sa conquête de la terre des Pyramides, devaient livrer bataille à la puissante flotte des Ramessides, ces extraterrestres qui furent considérés par des dieux sous l’Égypte des Pharaons ? (« La Stratégie Alexandre », Ugo Bellagamba).
    En plus, la couverture de Formosa est très jolie :
    Alors, qu’attendez-vous pour courir l’acheter ?!
    Passés recomposés, anthologie uchronique dirigée par André-François Ruaud, collection Science Fantasy, Nestiveqnen Éditions, septembre 2003, ISBN : 2-910899-80-2, 17,70 euros (prix conseillé).


    Dimanche, le 25 mai 2003
    Ah... We are the young Americans
    Samedi matin, devant le cinéma UGC de la rue de la République. La foule. Je me joins à celle-ci et je sors un bouquin.
    Une dame fait une enquête. Elle prend les numéros de téléphone des gens qui, comme moi, patientent.
    « Vous avez l’intention de voir Matrix ? »
    « Certainement pas ! »
    Ma réponse la surprend un peu.
    Mais le premier Matrix m’avait paru comme une énorme bouffonnerie, je n’allais pas me coller la suite sous prétexte que j’aime la science-fiction et le genre cyberpunk. Toutefois, je reconnais que je n’ai peut-être pas vu le premier opus dans des conditions optimales : j’habitais à l’époque dans un foyer parisien occupé par un paquet d’étudiants en informatique, et ces derniers avaient récupéré sur le Net une version pirate de Matrix, filmé dans une salle de cinéma, avec un son déplorable et une qualité d’image laissant à désirer (les ombres des têtes apparaissaient sur le bas de l’écran). De plus, regarder ce film sur le moniteur d’un PC qui a le mauvais goût de redémarrer lors de la projection, c’est dur, même si on peut ensuite se vanter d’avoir vu le film tant attendu quelques semaines avant sa sortie nationale...
    Et comme M. Reloaded est, semble-t-il, un peu moins bien que le premier, je ne m’y suis pas risqué.
    Non, je suis allé voir Dogville de Lars van Trier.
    Un très bon choix ! Trois heures, le double du temps de Matrix Reloaded, et pourtant ce film nous tient en haleine, sans pour autant passer par des effets spéciaux, des scènes de combat hallucinantes ou des plastiques avantageuses (une Nicole Kidman guère mise en valeur vs. le duo de choc Monica Bellucci & Carrie-Anne Moss).
    Le décor de cette petite ville est minimaliste. Quelques traces de peinture au sol indiquent le nom des rues, délimitent les maisons, figurent le chien. Les bruitages donnent corps à ce vide théâtral.
    L’histoire : en un prologue et sept chapitres, nous découvrons la vie d’une petite bourgade perdue dans les Rocheuses, au nom improbable de Dogville, et la vie de ses habitants, au cours des années trente. Un soir, des coups de feu se font entendre au loin, et Tom, l’apprenti-auteur et philosophe de la ville, recueille Grace, une jolie jeune femme traquée par des gangsters. Les habitants de Dogville, sur la proposition de Tom, consentent à cacher Grace et à la faire vivre auprès d’eux en échange de quelques travaux. Grace va tout faire pour que la communauté de ces gens simples l’accepte.
    Critiques : Sublime ! Quel tour de force ! Lars von Trier parvient à peindre ces hommes et ces femmes qui font l’Amérique avec une terrible sincérité, les petits riens qui font leurs vies, leurs valeurs, leur esprit communautaire, leur détresse... Il s’agit aussi et surtout d’une allégorie de la violence humaine, ou comment, malgré tous nos idéaux, nous finissons toujours par nous en prendre aux plus faibles. Ce n’est pas un film optimiste, certes, mais d’une cruelle lucidité.
    Lucidité, lux... Oui, d’ailleurs, dans ce film, Lars von Trier joue beaucoup sur la lumière, la lumière qui met en valeur la profondeur des personnages, du soleil éclatant de la joie partagée au cours de la fête nationale, au clair de lune révélant toute l’horreur des êtres humains dans la terrible scène finale.
    Dogville est vraiment un film singulier... Allez le voir !


    Dimanche, le 16 février 2003
    Avirtuel sur la vie réelle
    [Message personnel à la personne qui se connecte assez régulièrement depuis Stanford.edu... Allez, Nono, reviens sur la liste de diffusion de la Gang ! C’est frustrant de te voir disparaître (joli paradoxe) à chaque fois que la discussion devient intéressante. Fin du message perso.]
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "avenir". Je suis officiellement qualifié aux fonctions de maître de conférences en informatique. Youpi ! Maintenant, va falloir s’accrocher dans la course aux postes...
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "recherche". J’ai reçu les retours du comité de rédaction d’une revue scientifique internationale au sujet d’un article dont je suis le premier signataire. Youpi ! Mon papier est accepté. Rien de méchant à corriger sur le plan scientifique, par contre je vais devoir trouver un native English pour régler les problèmes de langue.
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "enseignement". Après discussion avec la responsable du cours du module dont j’ai en charge les travaux dirigés, j’ai indiqué à mes étudiants de maîtrise que je ne leur demanderai pas de me rendre un projet, ces derniers (qui sont très occupés par leur stage) en ont déjà réalisé un en licence. J’ai fait cette annonce en regardant une partie de ma salle de TD et je me suis retourné vers l’autre. Un peu trop vite. Du coup, j’ai vu une étudiante (fort charmante, ma foi) qui faisait mine de m’embrasser (« M’sieur, on vous adore ! »). Elle est devenue rouge de confusion. Ah, finalement, il en faut peu pour être aimé... (euh, youpi ?)
    Nouvelles littéraires. Le numéro 29 de Bifrost est enfin arrivé dans ma boîte aux lettres. Avec les excuses d’Olivier Girard pour le retard sur une feuille cartonnée qui n’est autre que la pub pour la Cité du Soleil (et autres récits héliotropes) du frangin Ugo. Déjà presque terminé de lire la revue. Parmi les fictions, une très chouette novella de Claude Ecken. Et un compte-rendu très personnel des Utopiales de Nantes par Francis Valéry, alternant avec des passages de son roman à venir, le Talent ressuscité, la suite du Talent assassiné. D’ailleurs Francis doit arriver à Lyon ce soir. La semaine prochaine, il est prévu de passer quelques soirées sympas en sa compagnie.
    Nouvelles de ma vie d’être humain. Catégorie "douleur". Je ne sais comment, je me suis fait mal à l’index gauche, juste en dessous de l’ongle. Ce n’est qu’un bobo ridicule, qui a à peine saigné, qui a presque cicatrisé maintenant mais qui fait toujours mal. Et qu’est-ce que c’est gênant ! Je me sens vraiment handicapé de la main gauche. Je viens enfin de comprendre l’histoire du supplice chinois qui consistait à introduire des aiguilles brûlantes à cet endroit. Brrrr...
    Nouvelles de ma vie de célibataire. Catégorie "Saint Valentin". Vendredi soir, avec mon copain PYM et quelques autres, nous avions prévu de terminer la soirée dans un bar après notre habituelle balade en roller hebdomadaire, une sorte d’anti-Saint-Valentin entre potes. Tout était prévu, nous avions l’intention de nous affubler de signes distinctifs tels que des "cœurs à prendre" avec des planches anatomiques de l’organe en question ou des gros cœurs avec un ange descendu par sa propre flèche. Pas de très bon goût, certes, mais il faut bien ça pour lutter face à la mièvrerie de ce jour. Et finalement, rien de tel n’a été fait... PYM est retombé dans une phase down, il n’est pas venu à la rando roller, j’ai essayé de l’appeler mais le message sur son répondeur donne une bonne idée de son humeur noire... PYM, arrête de te regarder le nombril, c’est pas parce que tu t’es fait plaquer qu’il faut faire croire à tout le monde que tu vas te suicider (tu nous fais le coup tous les deux mois).
    Nouvelles cinématographiques. Catégorie "horreur". J’ai vu Le Cercle-The Ring de Gore Verbinski. Au début, j’ai eu peur... mais peur que le film soit un navet car il commence comme un de ces films pour adolescents au scénario sans surprise. Mais passées les dix premières minutes où une jeune fille raconte à sa meilleure amie une légende urbaine sur laquelle repose l’histoire, le film démarre comme une enquête journalistique avec un oppressant fond fantastique. Pas du grand cinéma, certes, mais le film remplit son rôle : j’étais calé au fond du fauteuil, la trouille au ventre.
    Nouvelles citoyennes. Catégorie "je milite". Samedi, 14 heures, place Bellecour. Manifestation contre la guerre en Irak. Bizarre. Pas vraiment de musiques ou de slogans (contrairement aux manifs anti-FN auxquelles j’avais participées). Une manifestation "pacifique", dans tous les sens du terme. J’ai retenu ce message, bien trouvé, écrit sur une pancarte : « Bush, si tu veux du pétrole, viens le chercher sur nos plages ».


    Jeudi, le 9 janvier 2003
    À Wishangton, tombe la pluie plus que de raison
    Non, pas "Washington" la capitale, celle du District de Colombia, mais l’État de Washington, dans le nord-ouest des States, sinon j’aurais dit un truc du genre "À Wishangton, tombe un avion".

    Bon, bref, je voulais parler d’Un amour d’outremonde de Tommasio Pincio, un roman publié dans la collection "Lunes d’Encre" de Denoël, traduit par Éric Vial. Attention, ce bouquin ne sortira que la semaine prochaine en librairie, j’ai eu la faveur de le lire en avant-première (merci Ugo !).

    Homer "Boda" Alienson (le bien nommé) vit sa vie asociale à Aberdeen, un bled paumé de bûcherons, dans l’État de Washington, où il n’arrête pas de pleuvoir.
    Gamin, Homer collectionne les jouets débiles (lance-soucoupes volantes en plastique et pistolet-laser en fer blanc). Un jour, après avoir visionné un film sur les body-snatchers, il décide d’arrêter de dormir pour ne pas devenir différent (les body-snatchers s’emparant des corps pendant le sommeil).
    Il passe ainsi plus de 18 ans sans dormir, ce qui lui permet entre autre d’obtenir un emploi de gardien de nuit dans la bibliothèque municipale jusqu’au jour où il comprend qu’il est plus simple de gagner sa vie en revendant ses babioles futuristes aux troglodytes coincés dans la nostalgie.
    Une nuit, il rencontre Kurt, un clochard céleste qui vit sous un pont et qui pêche des poissons dans la rivière empoisonnée. Homer lui parle de son problème d’insomnie et Kurt, qui le comprend, lui donne un sachet "d’arrangement".
    Les années passent, Homer s’arrange de plus en plus, Kurt crée, dans la peinture et la musique et finit par monter un groupe de punk rock qui prend comme nom l’idéal recherché par le bouddhisme.

    Une recherche de l’amour ? Difficile à dire, ces amours prenant l’apparence de Laura Palmer, de l’Héroïne ou de l’extraterrestre Molly.
    Chronique d’une déchéance ? Pas vraiment car, quand on part de rien, on peut difficilement aller plus bas.
    Biographie fantasmée de Kurt Cobain ? Non plus, car, comme il est indiqué en préface, "dans ce roman, les personnes, les événements et les lieux ne correspondent en aucun cas à des personnes et à des événements du monde réel. La vérité biographique n’existe pas, et même si elle existait, nous ne saurions qu’en faire".
    Un livre féroce et drôle.


    Mardi, le 19 novembre 2002
    Avyrel Sifranc (et trois sous...)
    Le Talent assassiné est le dernier roman de Francis Valéry, publié dans la collection "Lune d’Encres" de Denoël (Paris).
    Francis est un auteur de science-fiction, mais pas seulement. Il est aussi critique et essayiste (il a écrit de nombreux bouquins pour les fans des séries télévisées, ainsi qu’un "guide de lecture" SF), auteur pour la jeunesse, éditeur de la revue CyberDreams (hélas disparue aujourd’hui), musicien, bref, un véritable homme-orchestre...
    Ce qui le caractérise ? Pour avoir un peu discuté avec lui, je dirai : l’identité d’artiste. Cela agace parfois certains, cette façon d’être et de se dire "je ne suis pas comme tout le monde". Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, mais surtout qu’on ne l’ignore pas. Et Francis ne passe pas inaperçu : c’est un colosse habillé de noir, longs cheveux bruns (avec parfois des ajouts capillaires), ongles souvent vernis de noir, bagues gothiques, parfois du maquillage. Quant à ses propos, il masque une grande sensibilité par des avis provocants et des prises de position jusqu’au-boutistes.
    Voilà pour le personnage. Quant au Talent assassiné, c’est un roman plus ou moins autobiographique, une somme de réflexions sur l’identité d’auteur et le milieu de l’édition, une enquête policière faisant figure de quête de soi, avec un humour proche du "grand" Desproges.
    Qui plus est, pour ceux qui connaissent un peu le fandom SF, c’est vraiment à mourir de rire car toute ressemblance avec des personnages existants n’est pas que pure coïncidence.
    Un texte décalé, désopilant, délicieux.

    Archives

    Chronologie :

    >>> Amis
    Parce que rien ne vaut le fait d’avoir de bons copains et de partager avec eux des joies simples.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Animaux
    Au sujet de nos amies les bêtes.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Critiques
    Article critique. Point de vue personnel sur une œuvre. Coup de cœur ou coup de gueule.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Curiosités linguistiques
    À propos de la langue française ou d’autres langues, dialectes et parlers régionaux. Réflexions sur les usages linguistiques de la communauté francophone. Aspects insolites de la langue. Jeux de mots.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Dessin / Arts graphiques et numériques
    Dessins réalisés de manière traditionelle (crayon, stylo, feutre, fusain, pastel, pierre noire ou sanguine, craie, plume, encre de Chine, etc.) ou traités par ordinateur à travers des logiciels d’infographie. Curiosités calligraphiques. Ambigrammes (figures graphiques de mots devenant d’autres mots à partir d’une symétrie ou rotation). Anamorphoses. Peintures. Arts en deux dimensions.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Événements / Grands rendez-vous
    Comptes rendus ou programmes de grandes rencontres : conventions, festivals, conférences et soirées thématiques.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Famille
    Parce qu’on est le fils, le frère, le cousin ou le neveu de quelqu’un.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Fantastique
    De tout ce qui a trait à ce genre artistique où intervient le surnaturel.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Films / Télévision / Vidéo
    À propos des productions artistiques essentiellement visuelles : films (court, moyen ou long métrage), animations, dessins animés, mangas, séries télévisées, vidéo-clips, etc.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Histoires / Légendes
    Au sujet de l’Histoire et des histoires. Faits avérés ou non. Mythes.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Humour / Insolite / Bêtises
    Impressions insolites. Histoires drôles ou surprenantes. Blagues.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Internet / NTIC / Informatique
    De tout ce qui a trait aux « nouvelles technologies de l’information et de la communication ». Informatique (aspects matériels et logiciels). Internet, aspects du Web, HTML. Multimédia.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Livres
    Livres, revues, recueils de nouvelles et anthologies.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Musiques / Radio / Audio
    À propos des productions artistiques essentiellement auditives : musiques, chansons, concerts, opéras, émissions de radio, etc.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Projets / Avenir
    Réflexions sur le devenir de la Terre ou, plus modestement, de ma petite personne...
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Quiz
    Questionnaires et sondages, le plus souvent ludiques.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Recettes / Gastronomie
    De tout ce qui a trait à l’art culinaire. Recettes de cuisine. Bonnes tables. Grandes bouffes.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Regards sur le monde
    Impressions et réflexions sur notre société.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Science–fiction
    De tout ce qui a trait au genre artistique qui incorpore dans son imaginaire des réflexions scientifiques (plus ou moins poussées). Par excès, si on considère que les mythes et la magie peuvent tenir lieu de science, peut englober le genre fantasy.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Sculptures / Arts plastiques
    Taille de pierres ou modelage, mais aussi peinture, architecture, etc. Expositions. Vernissages. Musées.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Textes de fiction
    Productions littéraires personnelles, de la short short story à la nouvelle.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Tranches de vie
    Impressions à la première personne.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Travaux d’écriture
    Au sujet de l’art d’écrire, que ce soit sous forme romanesque, documentaire ou émotionnelle. Travaux personnels d’écriture en cours. Réflexions d’amis auteurs.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Vie professionnelle
    Au sujet de mon travail d’enseignant-chercheur.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]