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Mercredi, le 9 mai 2018
Intelligence artificielle et salade russe
Hier soir, sur le site de l’Université Lyon 3, a eu lieu le débat de clôture de Pop’Sciences Forum : « Intelligence artificielle, demain commence aujourd’hui ». Après une présentation d’Olivier Nerot sur les difficultés à tracer des frontières entre le vivant et le non-vivant, ce dernier a été rejoint par Jean-Claude Dunyach et Sylvie Allouche pour une table ronde. Après un démarrage troublé par le robot dinosaure de la fille de Nerot, les différents intervenants ont présenté leurs visions du futur de l’IA. Le débat a assez vite dérapé pour passer trop rapidement sur les points intéressants du sujet (qui sont revenus brièvement dans les remarques et les questions de la salle, à la toute fin) pour aborder des sujets assez éloignés tels que le transhumanisme, la notion de singularité ou la vallée dérangeante...
À titre personnel, c’est plutôt le transhumanisme qui me dérange. Je préfère de loin la vision de Joël de Rosnay sur l’hyperhumanisme.
C’est du moins ce que je vise dans mes propres travaux de recherche dans le domaine de l’IA où la finalité est de favoriser la diversité (en particulier au niveau culturel), de croiser les regards (entre les différentes disciplines scientifiques), de s’ouvrir aux autres… bref, d’être plus humain.
Mais bon, cette soirée aura quand même été l’occasion de revoir quelques membres lyonnais de la Gang : Sylvie Lainé et Nicolas Le Breton. Il faut dire que le groupe a un peu explosé avec les départs des uns et des autres aux différents coins de la France (en région parisienne, au sud, au nord, dans l’ouest), voire dans le reste de la francophonie (Suisse, Canada).
Tiens, petit message personnel à celui qui fut le Capitaine de la Gang, le désormais bordelais André-François Ruaud qui travaille dans la traduction de l’anglo-russe des mémoires d’un certain détective : hier après-midi, je n’ai pas pu me rendre chez moi et j’ai dû faire un gros détour parce que le Prince Charles et la duchesse Camilla sont allés faire des dégustations à quelques pas de chez moi, aux Halles Bocuse. Quel rapport avec l’intelligence artificielle ? A priori aucun si ce n’est qu’au cours de son histoire, l’IA a connu de nombreux « hivers ». Un exemple frappant présenté comme un échec de l’IA concernait les problèmes de la traduction automatique (il faut remonter au temps de la guerre froide et à l’époque où la DARPA finançait largement les laboratoires de recherche en IA aux États-Unis). Une phrase en anglais telle que « l’esprit est fort, mais la chair est faible » passée de l’anglais au russe, puis du russe à l’anglais revenait sous la forme de « la vodka est forte, mais la viande est avariée ! »


Lundi, le 12 juin 2017
Nice, le gâteau 100 fois bon et la Servante écarlate
En ce moment passe The Handmaid’s Tale, une série télévisée diffusée sur la plateforme de VOD Hulu. J’avais eu l’occasion de voir précédemment La Servante écarlate, le film de Volker Schlöndorff sorti en 1990, mais pas de lire le roman de la Canadienne Margaret Atwood dont le film et la série sont inspirés.
L’univers dystopique est plutôt bien rendu. Il faut dire que, dans la réalité, la montée sournoise du populisme dans le monde politique n’est malheureusement plus aussi invraisemblable qu’elle pouvait l’être dans la fiction, en témoigne le passage des présidents Obama à Trump aux États-Unis (cf. la critique de PILOTE, la chronique série).
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de croiser Margaret Atwood. C’était à Nice, lors du colloque « La science-fiction dans l’histoire, l’histoire dans la science-fiction » co-organisé par l’ami Ugo Bellagamba, en 2005. Margaret Atwood était venue y parler de sa vie et des liens avec la science-fiction.
Lors de cette rencontre, j’étais venu y présenter un article que j’avais écrit avec le compère Jean-Jacques Girardot sur « le Steampunk : une machine littéraire à recycler le passé ». Nous avions conclu notre propos ainsi :
Notre article débutait par une liste, se voulant impressionnante, d’ingrédients, dont la seule accumulation laissait présager du pire. Mais le steampunk n’est pas le Gâteau cent fois bon (Jindra Capek, Le Gâteau cent fois bon, Flammarion, Paris, 1986), il se bonifie avec chaque nouveau condiment, mais aussi avec chaque nouvelle façon de l’accommoder, et se décline aujourd’hui en plus d’un parfum (...).
Le Gâteau 100 fois bon
La référence au Gâteau cent fois bon, un livre pour enfants dont la trame se résume à l’idée que si l’on réalise un gâteau pour des amis, il sera 100 fois meilleur si l’on mélange 100 bons ingrédients, avait échappé à la plupart des auteurs et universitaires présents à ce colloque, dont Margaret Atwood. Je me rappelle ainsi qu’au moment du dîner de gala, j’avais dû raconter à l’assemblée cette histoire, et que cela avait fini par un véritable sketch quand mes paroles étaient simultanément traduites en anglais par Daniel Tron pour l’autrice canadienne.
Voilà pourquoi, dans mon esprit tordu, quand je regarde un épisode de The Handmaid’s Tale, même au moment d’une scène particulièrement dramatique, je ne peux m’empêcher de repenser au rire de Margaret Atwood lorsque j’avais donné la recette de ce gâteau concocté par des animaux. En effet, les pâtissiers amateurs de l’histoire, imaginant qu’en mélangeant ce que chacun préférait (l’os du chien, le ver de terre de la poule, l’herbe tendre de la vache, la carotte du lapin...), ils auraient dû obtenir un gâteau merveilleux... Bien entendu, le résultat culinaire avait déçu leurs attentes car leur mixture s’était avérée immangeable.
La morale de cette histoire ? Je ne sais pas. Tout dépend si on l’applique aux domaines de l’humour, de la cuisine, ou à la politique...


Dimanche, le 15 mai 2016
Intergalactiques de Lyon 2016
Cette année, mon passage aux Intergalactiques de Lyon aura été très bref, limité au seul samedi après-midi. J’arrive à l’ENS, amphi Charles Mérieux, on fouille mon sac, je récupère mon bracelet vert d’inscrit à l’accueil : bizarre de venir en ce lieu pour un événement SF alors que je me rends ici de temps à autre pour des rendez-vous professionnels.

Le hall est occupé par les exposants. Je rencontre Olivier Paquet, j’aperçois Jean-Claude Dunyach (sans masque de troll) qui s’en va déjeuner, je viens saluer Markus Leicht, de la librairie Temps-Livres, toujours fidèle au poste, et je vois Jérôme Vincent reprendre sa place au stand des Indés de l’imaginaire armé d’un sandwich... La conférence d’ouverture débute à 13h30, dans 10 minutes, j’entre alors dans l’amphithéâtre et je m’installe dans un des fauteuils, pas trop loin de la scène. Je remarque Sylvie Lainé et Dominique Douay prendre leurs places à quelques rangs devant moi. Trois anglophones viennent s’assurer que c’est bien là qu’aura lieu la conférence et vont s’asseoir à quelques places, à ma gauche. Leurs têtes me disent quelque chose. Je rallume mon téléphone portable pour vérifier la liste des invités : ce sont Peter F. Hamilton, Alastair Reynolds et Paul J. McAuley...
Dans mon sac, j’ai rapporté quelques exemplaires de ma bibliothèque : des ouvrages de Christopher Priest (L’Archipel du rêve, La Machine à explorer l’espace et son Livre d’or en Pocket), mais aussi l’anthologie Destination 3001 dirigée par Robert Silverberg et Jacques Chambon (sortie en 2000 chez Flammarion) avec Priest, mais aussi Paul McAuley. Et ce dernier est là, juste à côté. Comment dit-on « dédicace » en anglais ?
Je regarde la couverture de Destination 3001 dont la typographie était reprise du texte d’ouverture de la saga Star Wars. Pincement au cœur : la liste alphabétique des auteurs commence par Ayerdhal et se termine par Roland C. Wagner, deux personnes dont j’ai lu et aimé les textes, deux très grands de la science-fiction d’expression française qui ont su rester accessibles et avec qui j’avais eu l’occasion d’échanger quelques mots et de déjeuner en compagnie de la Gang, lors d’une édition du festival de la science-fiction de Roanne pour le premier ou d’une convention nationale française de science-fiction dans le sud de la France pour l’autre. Deux auteurs qui m’ont tant apporté, le militantisme et l’engagement écologique dans Demain, une oasis, l’humour et l’imagination débridée dans la conception de l’IA (aya) Gloria dans la série des Futurs Mystères de Paris. Yal et Roland, vous nous manquez tant...


Christopher Priest et Stéphane, le traducteur, entrent sur la scène. Un Julien Pouget — que la Nuit des Séries (sans sommeil) n’a pas laissé au meilleur de sa forme — nous présente Priest et les tables rondes à venir.
Aux premiers mots de Priest débutant sa conférence par l’évocation de ses souvenirs d’enfant en période de guerre, l’incipit du Monde inverti (« J’avais atteint l’âge de mille kilomètres ») me revient en mémoire, des mots qui m’avaient amené à reconsidérer les notions d’espace et de temps. Je crois que c’était Sylvie qui m’avait fait découvrir Priest. Puis, surprise : les souvenirs très précis du vrombissement des avions, du visage angoissé de sa mère ou du lieu exigu sous l’escalier où ils s’étaient protégés n’étaient que des fabrications de son esprit : Priest n’avait pu connaître les bombardements des grandes villes par l’aviation allemande durant la Deuxième guerre mondiale car il n’est né qu’en 1943 et vivait en banlieue de Manchester, au nord-ouest de l’Angleterre, loin du lieu où les bombes étaient tombées, et ces bombardements avaient cessé au printemps 1941. Introduite par cet exemple de faux souvenir, « Reality, Memory and Doubt », la conférence de Priest se poursuit, pleine de réflexions intéressantes sur l’imaginaire, les jeux sur les points de vue. Je comprends mieux comment l’auteur du Prestige a construit son roman et peint avec un tel brio l’histoire de la rivalité entre les deux prestidigitateurs Alfred Borden et Rupert Angier.


Première table ronde : « De l’empire britannique à l’imperium galactique ? »
Intervenants : Peter Hamilton, Alastair Reynolds et Sara Doke ; modérateur : Anudar Bruseis. L’empire galactique est une constante du genre space opera. Des parallèles entre la Grande-Bretagne, du temps où elle était un empire sur lequel ne se couchait jamais le soleil, et un éventuel empire galactique ?
Points de vue et visions optimistes ou pessimistes s’enchaînent.
Sara (dont j’apprécie le travail de traduction des œuvres de Paolo Bacigalupi, un de mes coups de cœur de ces dernières années) sursaute aux maladresses de Stéphane : le cycle « culturel » (sic) de Ian Banks au lieu du cycle de la Culture ou le « guide pour auto-stoppeur de la galaxie » au lieu du Guide du voyageur galactique de Douglas Adams. Un empire, ou au moins une structure fédératrice de nations, nécessite un partage de valeurs communes... mais comment tenir compte des spécificités des minorités ? Ce questionnement me renvoie aux réflexions qui avaient longtemps trotté dans ma tête à la suite de la lecture de la Notion de génocide nécessaire de Thomas Day, au milieu des années 2000. Question toujours d’actualité, en témoigne la récente victoire de l’Ukrainienne Jamala à l’Eurovision et sa chanson évoquant le drame de la population tatare de Crimée en 1944, et faisant évidemment écho au conflit toujours présent entre l’Ukraine et la Russie...



Deuxième table ronde de l’après-midi sur un sujet apparemment plus léger : « Jamais sans ma serviette, l’humour dans la science-fiction britannique » avec comme intervenants les auteurs Catherine Dufour et Jean-Claude Dunyach ainsi que Nicolas Botti (promoteur de l’œuvre de Douglas Adams en France), et comme modérateur François « Le-Fossoyeur-de-films » Theurel.
Jean-Claude Dunyach cabotine un peu, Catherine Dufour parle des Annales du Disque-monde de Terry Pratchett, Nicolas Botti parle de H2G2, et avec Sylvie Lainé assise à mes côtés, nous échangeons quelques bons mots.
Pour Jean-Claude Dunyach, l’humour anglais est issu d’une élite (les humoristes ayant fait leurs classes dans les universités de Cambridge ou d’Oxford), ce qui fait que les humoristes sont mieux acceptés par la classe dirigeante qu’en France, c’est aussi un humour qui joue sur l’autodérision et qui n’a pas de limite (il illustre ses propos notamment par la série télévisée Black Mirror et son épisode pilote The National Anthem) ; Nicolas Botti évoque aussi un humour plus trash et plus populaire apparu à la suite des années Thatcher ; Catherine Dufour raconte comment les Monty Python et leur Vie de Brian ont forgé sa conscience politique et lui ont fait comprendre l’inanité de certaines formes de militantisme.
L’humour anglais passe-t-il en françaisa ? Nicolas Botti en veut à Jean Bonnefoy d’avoir mis dans ses traductions des jeux de mots graveleux qui n’étaient pas présents dans le texte originel de Douglas Adams, Catherine Dufour au contraire défend l’idée que le travail de traduction est une œuvre de création et cite, en plus de Poe traduit par Baudelaire, l’exemple, chez Pratchett, d’un elfe ressemblant à s’y méprendre à un chanteur rock ’n’ roll bien connu : he looks Elvish (pour « il avait l’air elfique/Elvis ») et qui, en français, avait été traduit par quelque chose comme « il avait l’air presque laid ».
Références de livres, de films et de séries télévisées s’enchaînent et terminent sur la façon dont l’humour britannique a imprégné la culture française...

Je ressors de cette table ronde un peu assommé. L’absurde et l’humour anglais ont quelque chose de désespéré. Il est presque 18h00... Je me sens soudain très seul. Les personnes que je voulais voir sont parties ou occupées. Tant pis, je n’aurais pas de dédicace. Tant pis, je n’aurais pas eu l’occasion de saluer des personnes que je n’ai plus vues depuis des années et avec lesquelles je ne suis plus lié qu’à travers le faible lien des réseaux sociaux virtuels. Morose, je ne me sens plus trop faisant partie de cet univers. Je rallume mon téléphone. Ma femme a essayé de me joindre. Mes enfants s’amusent à l’aire de jeux. Je prends le tramway pour les rejoindre... et retrouver une vie normale.


Dimanche, le 29 novembre 2015
Just married!
Deux mille quinze, qui s’achèvera dans un mois, ne sera pas une « année horrible ».
Cette année aura certes eu son lot de malheurs, de disparitions liées à la maladie, à des accidents et évidemment à la folie meurtrière de fanatiques, mais 2015 ne sera pas que cela.
Même si le début de l’année 2015 correspond, dans la plupart des esprits, aux attentats de Charlie Hebdo, je veux m’en souvenir aussi comme étant la période de la naissance de mon fils.
Et ce mois de novembre 2015, ce ne sont pas que les attentats de Paris, ce sera aussi celui de mon mariage avec Delphine, la femme de ma vie, la merveilleuse mère de mes enfants.
Oui, oui, grande nouvelle : je me suis marié hier, samedi 28 novembre, à Lyon...
Love and the Rings

Pour l’occasion, l’ami auteur et musicien Francis Valéry — qui s’est lancé dans une nouvelle aventure de crowdfunding pour financer son projet de roman de SF accompagné de sa « bande son » —, nous a écrit tout spécialement une musique que nous avons eu le plaisir d’écouter lors du déjeuner qui a suivi la cérémonie.

Francis décrit ce morceau comme étant une petite pièce électro-acoustique à six lignes mélodiques (violoncelle, alto, flûte japonaise, orgue Hammond, piano et guitare acoustique), avec un chœur de quatre récitants « aliens » et des enregistrements de nature...
Ça, c’est un cadeau vraiment formidable ! Merci Francis !


Lundi, le 19 novembre 2012
L’IA, les robots et moi (créateurs, créatures, et cætera)
Il y a 10 ans, je venais de créer ce blogue. À cette époque, je m’apprêtais à soutenir une thèse dans un domaine dérivé de l’intelligence artificielle et je me posais des questions sur mon avenir. Dix ans plus tard, je suis toujours autant intéressé par l’intelligence artificielle et mon métier d’enseignant et chercheur me permet de faire de jolies rencontres, comme revoir le mois dernier lors d’une conférence quelqu’un qui avait été l’auteur d’un essai fondamental sur l’IA que j’avais lu avec passion dans mes premières années d’études universitaires, puis, bien des années plus tard, avait été un de mes professeurs du temps où j’étais encore un étudiant parisien, et qui est désormais un collègue. Il m’avait alors confié qu’il devait participer en tant qu’invité aux dernières Utopiales afin d’intervenir sur une table ronde dédiée au sujet des morales humaines et lois robotiques dans l’œuvre d’Isaac Asimov...
En mars 2012 s’était déroulé à Lyon le sommet européen de robotique « InnoRobo ». Mon intérêt pour l’intelligence artificielle (l’IA) et la robotique ne date pas d’hier : tout jeune adolescent, j’étais déjà fasciné par les œuvres de science-fiction évoquant des créatures artificielles, qu’il s’agît de grosses machines avec de simples boutons lumineux clignotants – comme le « Colossus » du film le Cerveau d’acier de Joseph Sargent sorti en 1970 (et adapté du roman Colossus de Dennis Feltham Jones) –, de robots vaguement humanoïdes – comme « Robby » de la Planète interdite de Fred McLeod Wilcox en 1956 –, ou que les machines fussent si semblables aux êtres humains que seuls des tests très poussés permettaient de les distinguer de nous – comme les « réplicants » dans Blade Runner de Ridley Scott sorti en 1982 (adapté des Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick).
J’éprouvais déjà pour les créatures artificielles une réelle fascination, un mélange curieux d’admiration et de crainte, que je dois à la tradition judéo-chrétienne et à l’héritage culturel gréco-romain qui m’ont façonné. Or c’est peu dire que la Bible n’est pas tendre avec ceux qui se permettent de réaliser des créations qui nous ressemblent, car cet art est réservé à Dieu seul : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » (Genèse 1:26). L’Ancien Testament est bourré d’interdits sur la réalisation de créations nous ressemblant : « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre » (Exode 20:4, mais on retrouve des propos similaires aussi en Lévitique 26:1, en Deutéronome 4:25 ou 5:8, etc.). À ce propos, je devrais aussi m’interroger pour mon attrait pour les arts plastiques, et en particulier pour la sculpture et le modelage de l’argile... Dans la mythologie grecque, le destin est tragique pour l’être légendaire qui aurait été à l’origine de l’humanité, à savoir le Titan Prométhée. Après avoir créé les hommes à partir d’argile et d’eau, il vole le Feu de l’Olympe (symbolisant la connaissance) aux dieux pour en faire don aux hommes, déclenchant le courroux des dieux qui l’enchaînèrent à un rocher où un aigle venait chaque jour lui dévorer le foie.
De fait, les histoires de créatures intelligentes se terminent mal, en général, et les créateurs qui osent braver l’interdit sont remis à leurs places de simples mortels le plus souvent de manière très cruelle.
Les premières créatures appelées « robots », qui sont plutôt des androïdes, sont celles que l’on retrouve dans la pièce de théâtre R.U.R. de l’auteur tchèque Karel Capek... Je pense que ce n’est pas trop déflorer l’histoire que de dire que, à la fin de la pièce, les robots se révoltent et finissent par anéantir l’humanité.
Les créatures artificielles qui ressemblent à l’homme, on en retrouve aussi des traces dans la tradition juive avec le Golem, ce « second Adam » d’argile prenant vie par le pouvoir magique du rabbin le Maharal de Prague. En détruisant le Golem, le rabbin aurait été écrasé par la masse de sa créature.
Dans Frankenstein ou le Prométhée moderne, écrit en 1818 par Mary Shelley, la science reprend la place qu’occupait auparavant la magie, et on sent dans ce texte que l’arrivée de l’électricité permettait d’imaginer toute forme de pouvoirs, dont celui de donner vie à une créature composée de parties de corps humains décédés. Là encore, le récit se termine par la mort du créateur (qui traquait sa créature qui ne faisait que semer la désolation autour d’elle), et l’horreur inspirée par cette histoire était telle qu’une confusion a fini par s’établir entre la créature et le créateur, « Frankenstein » désignant pour la plupart des gens le monstre au lieu du scientifique qui était parvenu à créer une telle abomination.
Au moment où l’homme mettait le pied sur la Lune, Stanley Kubrick sortait son film 2001, l’Odyssée de l’espace (au scénario inspiré de nouvelles écrites par Arthur C. Clarke). Le vaisseau spatial était assisté par une intelligence artificielle appelée HAL 9000. Les astronautes, comprenant que l’IA était en train de dérailler, avaient décidé de la désactiver... mais celle-ci, ayant pu lire leurs intensions sur les lèvres, avait essayé de les supprimer.
On peut noter que la seule manifestation de HAL, outre sa voix et son contrôle du vaisseau spatial, est son œil rouge, nécessairement menaçant, comme l’est celui du robot Terminator quand il est débarrassé de son enveloppe humaine.
Dans la saga des films Terminator, dont le premier volet avait été réalisé par James Cameron en 1984, le concept est toujours le même – des méchants robots viennent pour détruire l’humanité et il ne reste qu’une poignée d’humains pour lutter contre les machines – mais l’histoire se complique par des voyages dans le temps pour revenir dans le passé afin de changer l’issue de cette bataille. Suivant les épisodes, le Terminator venait du futur soit pour tuer le leader de la révolution, soit pour le protéger.
Dans les années 1970 et 1980, même si on rencontrait en Occident des robots moins méchants (comme « R2D2 » et « C6PO » de la saga la Guerre des étoiles), c’était surtout les influences orientales (où le robot est vu plutôt comme un compagnon que comme une créature soumise à un maître) qui vinrent changer le regard que nous portions sur les créatures artificielles, comme Astro le petit robot (Astroboy dans sa version originale japonaise) ou « Nono » de la série télévisée d’animation franco-nippone Ulysse 31.
On commençait à faire apparaître des robots plus gentils à partir du moment où ces derniers devenaient plus « humains », ou en tout cas quand ils perdaient un peu de leur rationalité initiale au profit de l’émotion. On trouvait ainsi « Johnny 5 », dans Short Circuit de John Badham, sorti en 1986, qui est un exemple intéressant de recyclage de la créature de Frankenstein. C’est à nouveau l’électricité qui provoque la vie en changeant un robot militaire et en lui donnant des capacités émotionnelles que l’on ne retrouve pas chez les artefacts ordinaires. Le robot est considéré comme étant un humain parce qu’il est capable d’avoir de la sensibilité et de l’humour.
Bien plus tard, il y eu aussi « Andrew », le robot domestique de l’Homme bicentenaire de Chris Columbus, sorti en 1999, et adapté de la nouvelle éponyme d’Isaac Asimov. Tout au long des deux siècles où se déroule cette histoire, le robot évolue, il subit des modifications qui le font paraître de plus en plus humain, et ce dernier se bat juridiquement pour chercher à être reconnu comme un être humain à part entière par l’humanité. Il y parvient au moment où il acquiert enfin une caractéristique essentielle pour tout être vivant, c’est-à-dire la possibilité de mourir...
C’est d’ailleurs intéressant de voir que, dans les œuvres de fiction traitant de l’intelligence artificielle, les oppositions de base entre la vie et la mort, le créateur et sa créature, l’amour et la haine, ou le fait de donner la vie ou de tuer semblent perdre leurs frontières pour se mêler, car on a un peu l’impression qu’une créature artificielle ne peut être considérée comme intelligente que si elle est aussi vivante, et que donc elle a aussi la capacité à mourir. C’est ainsi que Frankenstein finit par se faire tuer par sa créature, ou que Tyrell, le créateur des réplicants de Blade Runner, se fait écraser la tête après un baiser de la mort donné par une de ses créatures qui souhaitait l’obliger à modifier son caractère génétique afin de prolonger sa durée de vie...
Ces jeux curieux entre la vie et la mort, la créature et son créateur, le fait de donner la vie et de tuer se retrouvent chez ce même réalisateur qu’est Ridley Scott dans d’autres œuvres cinématographiques. Déjà, dans le premier Alien sorti en 1979, on rencontre, en plus d’une intelligence artificielle assez basique chargée de piloter le vaisseau spatial et appelée « Maman », un androïde caché parmi les humains appelé « Ash ». Sans vouloir interpréter tout de façon freudienne, il est difficile de manquer dans ce film les jeux multiples sur la reproduction et la sexualité, avec une certaine obsession pour l’orifice buccal : les êtres humains sont contaminés par les aliens qui leur pondent un fœtus de créature dans la bouche, les aliens sont pourvus d’une tête phalloïde ainsi que d’une deuxième bouche rétractile dans leur bouche, l’androïde Ash cherche à étouffer Ripley en lui introduisant un magazine dans la bouche en une parodie de scène de fellation, les androïdes sont des machines dont les circuits sont alimentés par un liquide blanc et gluant...
On dirait vraiment que ces idées hantent le réalisateur américain car dans Prometheus, son dernier film en date, ces obsessions sur les modes de reproduction et sur l’artificiel sont encore plus criantes : si les machines androïdes sont des créations des humains, nous, les êtres humains, serions les créations d’une espèce extra-terrestre appelée les « Ingénieurs » ; l’origine de la vie sur Terre serait due au sacrifice d’un Ingénieur qui aurait mêlé l’ADN de son organisme à l’eau à travers l’action de nanorobots ; ces mêmes nanorobots seraient capables de contaminer un être humain pour le transformer en créature zombiesque parvenant à féconder une femme stérile ; un Ingénieur sorti de son hibernation cherchera à détruire les humains que son espèce est parvenue à créer... Cette fois-ci, les monstrueuses créatures, ce sont nous, et nos créateurs cherchent à nous détruire comme avait tenté de le faire le Docteur Frankenstein.
Sans dresser une liste exhaustive des œuvres de fiction (cinématographiques) où sont présentées des intelligences artificielles et leurs incarnations sous forme de robot (j’aurais pu parler d’I, Robot d’Alex Proyas qui est sorti en 2004 ou d’A.I. de Steven Spielberg qui est sorti en 2001), je crois que l’une des visions les plus réalistes mais néanmoins tordues qui soient sur les liens entre la nature et l’artificiel, le modèle et sa copie, se rencontrent dans le du film de science-fiction franco-espagnol Eva réalisé par Kike Maíllo et sorti en 2011 où se mêlent les sentiments humains d’amour, de jalousie et de haine dans un monde de petits génies de l’intelligence artificielle et de la robotique.
Enfin, pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là. Les robots que j’ai croisés au mois de mars de cette année sont plein de potentialités en terme de capteurs et de capacités d’action mais, à mon sens, ils sont encore loin d’être dotés de programmes pouvant leur donner un semblant de comportement intelligent...
Nao
« Nao » d’Aldebaran Robotics

Reeti
« Reeti » de Robopec

RoboThespian
« RoboThespian » de Engineered Arts Limited




Vendredi, le 10 août 2012
En souvenir d’un auteur de SFF mutant
Dimanche dernier, Roland C. Wagner nous quittait. Je pensais ne reprendre ce blogue que pour annoncer une naissance, et c’est finalement pour parler d’une disparition que je reviens ici...
Roland est le tout premier auteur de science-fiction que j’aie rencontré. C’était en 1998, j’étais alors étudiant dans la capitale, et je découvrais la faune curieuse du fandom SF lors d’un événement parisien (le festival Visions du Futur ? les Rencontres du Club Présence d’Esprit ?) au cours duquel Laurent Kloetzer (*) se voyait remettre le prix Julia-Verlanger. Une amie m’avait fait venir à cette manifestation et me présentait à tout un tas de gens en tant que « Fabrice », un jeune auteur qui devait sortir un roman dans la collection Abysses aux Éditions du Masque, et nous n’imaginions pas que cette collection s’arrêterait peu de temps après sans avoir eu le temps de me publier. Détail amusant, les personnes rencontrées me prenaient souvent pour Fabrice Colin (*) car nous avons le même âge en plus du même prénom. C’est donc là que j’ai croisé Laurent Genefort dont j’avais lu les Chasseurs de sève ainsi que Roland C. Wagner dont je n’avais encore rien lu.
En 1999, je quittais Paris pour Lyon. J’ai fait la connaissance d’André-François Ruaud (*) et j’ai été adopté par la Gang. Les années du tournant du siècle et du millénaire ont été extraordinairement riches en rencontres et en découvertes, j’ai connu de nouveaux auteurs, de nouveaux textes, j’ai beaucoup lu, j’ai écrit des nouvelles, j’ai repris mon roman non publié, j’ai débuté ce blogue, j’ai commencé à faire de la cuisine... C’est ainsi que, avec mes amis, je suis allé à quelques conventions de science-fiction, celles de l’Isle-sur-la-Sorgue en 2000, de Saint-Denis en 2001, de Tilff-Esneux en 2002, d’Entraigues-sur-la-Sorgue en 2004, et plus récemment celle de Nyons en 2008. Lors de la plupart de ces rendez-vous, j’ai pu rencontrer Roland et échanger avec lui quelques mots. Je me rappelle avoir eu l’occasion de lui parler d’intelligence artificielle, domaine informatique qui est ma spécialité, et qu’il appelait « ayas » dans sa série des Futurs Mystères de Paris et qu’il représentait sous l’une des plus formes les plus déjantées de la littérature SF. Lors d’un passage à Lyon avec sa compagne Sylvie Denis en 2003, il avait même mangé de mon gâteau à l’ananas et récupéré mon nez de clown fétiche...
Entre temps, j’avais lu pas mal de ses textes, dont le recueil de nouvelles Musique de l’énergie, les premiers tomes des Futurs Mystères de Paris et plus récemment la version hardcover de Poupée aux yeux morts publiée par les moutons électriques... J’ai toujours passé des moments de lecture agréable, j’ai souvent beaucoup ri, mais j’étais toujours un peu frustré de ne pas trouver dans l’œuvre de Roland un sentiment d’intérêt aussi important que la sympathie que j’éprouvais pour ce bonhomme si attachant. Et cela était vrai jusqu’à... la semaine dernière. Le mois dernier, j’ai emprunté à mon beau-frère – grand amateur de SF – le roman uchronique Rêves de gloire. J’en avais entendu beaucoup de bien, j’avais entendu Roland parler de son roman à l’émission « Mauvais genres » de France Culture. Bref, j’ai attendu avec impatience que mon emploi du temps me permette de commencer la lecture même si le sujet ne semblait pas m’intéresser vraiment a priori (la Guerre d’Algérie et de ses conséquences). Et j’ai dévoré ce pavé de près de 700 pages. À la fin juillet, alors qu’il ne me restait plus qu’une petite moitié du livre à lire, André-François était venu me donner un coup de main pour monter le lit de mon futur bébé. Tout en bricolant, nous avions évoqué ce roman où Roland mettait vraiment toutes ses tripes, ses passions, ses blessures, tous ses fantasmes... ce qui en faisait un roman décoiffant pour le lecteur, et expliquait aussi le fait qu’il rafle la plupart des prix littéraires en SFF.
Et dimanche matin, j’avais terminé Rêves de gloire, j’en parlais avec enthousiasme au téléphone à mon beau-frère qui avait éprouvé des difficultés à se plonger dans l’univers uchronique et que les nombreux narrateurs et le contexte algérien trop mal connu de nous avaient un peu rebuté. En raccrochant, j’étais content d’avoir pu le convaincre de reprendre la lecture du roman.
Comment imaginer que, quelques heures plus tard, Roland décéderait dans un accident de voiture ?

En 2000, à la convention SF de l’Isle-sur-la-Sorgue



En 2001, à la convention SF de Saint-Denis



En 2002, à la convention SF de Tilff



En 2002, toujours à Tilff, Roland rappelant notre discussion sur les AI/IA (ou ayas)



En 2003, à Lyon, chez Markus Leicht, Roland évoquait mon nez de clown fétiche

Au revoir, Roland.
Merci pour tes textes, merci pour ton humour, ta joie de vivre et les idées que tu nous auras fait partager.
Mes plus sincères condoléances à Sylvie et à ta famille.




Lundi, le 19 septembre 2011
JEP : Journée sous l’Esprit de la Psychogéographie
Avant-hier, avec le compère André-François, nous avons profité des JEP (les Journées Européennes du Patrimoine) pour faire un peu de « psychogéographie ». Je n’aurais pu être mieux accompagné en cette occasion car l’ami André-François est expert en la matière : il a traduit et adapté Psychogéographie ! Poétique de l’exploration urbaine de Merlin Coverley, un ouvrage paru dans la collection « la bibliothèque des miroirs », volume 10, aux moutons électriques éditeurs, cette année 2011.
Les JEP étant placées cette année sous le signe des transports, nous avons débuté notre promenade lyonnaise en nous rendant aux Brotteaux, ce quartier du 6e arrondissement de Lyon où se trouve une ancienne gare. Hélas, point d’élément spécial en ce week-end dédié au patrimoine : la gare désaffectée depuis 1982, un beau bâtiment classé au titre des monuments historiques, ne donnait à voir que des miniatures de petits trains qui ne nous avaient guère intéressés. Nous avons été tout aussi déçus par la brasserie aux « céramiques Art nouveau remarquables » (selon le programme) car aucune visite n’était prévue et nous arrêter là aurait dérangé la valse des serveurs s’occupant de leurs clients.
Ce n’est qu’en quittant le quartier en direction du Rhône pour nous retrouver à l’Hôtel du gouverneur militaire de Lyon que nous avions eu de quoi nous mettre de jolies choses sous les yeux : la bâtisse est très belle avec son style Second Empire à l’accent fortement italien dans sa décoration (avec voûte, fontaines et arcades de la cour rappelant le style florentin). Au sortir de l’Hôtel du gouverneur, nous avons été surpris et amusés de voir la devanture d’une épicerie surmontée de grandes lettres découpées à la police de caractères datée (entre l’après-guerre et les années 1960) :
Nous avons pris une passerelle pour traverser le Rhône, sommes arrivés dans le 2e arrondissement, à la Place de la Bourse, mais la file d’attente présente au Palais du Commerce, trop importante, nous a fait changer nos plans et remettre la visite à une autre fois. Nous avons ainsi rejoint la foule présente dans la rue de la République, la Place Bellecour et la rue Victor Hugo, mettant les tendances agoraphobiques d’André-François à l’épreuve.
Arrivés à la gare de Perrache, nous n’avons pas trouvé les expositions qui auraient dû être présentes (dans les bâtiments de la gare ainsi qu’au sein du Grand Hôtel Château Perrache). Nous sommes cependant parvenus à découvrir qu’un train spécial pouvait nous déposer jusqu’au technicentre de Lyon et aux ateliers TER de la Mouche. En attendant le train, André-François se croyait à Bordeaux, et moi à Strasbourg. Il est vrai que ces trois gares, construites dans la deuxième moitié du XIXe siècle, présentent nombre de points communs architecturaux. Et comme André-François et moi sommes tous deux fils d’agents SNCF et que nous avons beaucoup profité du train durant nos études, nous avons l’un comme l’autre accumulé un stock considérable d’heures d’attente en gare, un livre à la main.
Psychogéographons un peu : les gares ont invariablement eu sur moi un effet apaisant. En effet, même si je me retrouvais dans un coin complètement paumé de France, je parvenais à rester zen car, du moment où il m’était possible de trouver une voie ferrée et, de là, une gare, je ne me sentais pas perdu, disposant chaque année d’un certain jeu de trajets gratuits nationaux et ayant ainsi la possibilité de rentrer chez moi, même désargenté.
Un TER est entré en gare pour nous déposer au technicentre de Lyon-Gerland, seul centre TGV de province, destiné à l’entretien des TGV Duplex de la ligne Paris-Lyon (que j’emprunte à l’occasion pour me rendre dans la capitale) et du futur TGV Rhin-Rhône (qui me sera bien utile lors de prochains séjours alsaciens).
La visite a beaucoup plu à André-François ; il est vrai que toutes ces mécaniques ne manquent pas de charme, mais je n’ai pas réussi à être réellement bluffé par tout cela, ayant d’une part peu de goût pour l’univers des garagistes — fussent-ils ferroviaires — et ayant d’autre part eu la chance d’emprunter la ligne Paris-Lyon presque dès son ouverture, au tout début des années 1980, rendant « normal » ce qui pouvait paraître à d’autres merveilleux. Néanmoins, parmi les TGV présentés, il y avait quand même le champion du monde de vitesse sur rail, belle bête qui avait fait une pointe à 574,8 km/h. Et puis, comme à la gare des Brotteaux, nous avons eu droit à une exposition de trains miniatures, dans un décor très daté « France d’autrefois », caricature des années 1960... avec malgré tout des éléments anachroniques tels qu’une multitude de velux modernes sur les toits ou, plus étonnant pour des spécialistes, des TGV de couleurs orangée (les premiers modèles, qui dataient du début des années 1980) ou gris et bleu dans leur version « Atlantique » (dont la mise en service ne date que de 1989). Cela nous a amené à nous interroger sur de nouvelles formes d’uchronies : après le steampunk et un de ses avatars comme le diesel-punk, pourrait-on imaginer un genre tel que le TGV-punk ? (Que ce serait-il passé si le TGV était apparu dès les années 1960 ?)
Nous avons quitté le technicentre en passant par un petit bout du 8e arrondissement et par le 7e, en suivant la route de Vienne, la rue Chevreul et nous avons plongé dans le quartier multiethnique traversé par la rue de Marseille. Dans le 3e arrondissement, nous nous sommes retrouvés à la place Bahadourian pour rejoindre le quartier de la Part-Dieu au plus court, c’est-à-dire en prenant la rue Moncey, cette fameuse rue « euclidienne » (dont j’ai déjà parlé dans cet article), une des rares rues qui passe en diagonale et qui permet d’éviter toutes les rues et tous les cours qui se coupent à angle droit, pressés que nous étions d’échapper à la pluie qui commençait à tomber à grosses gouttes en cette fin d’après-midi.


Jeudi, le 3 juin 2010
Assises Internationales du Roman 2010
La semaine dernière, à Lyon (aux Subsistances, quai Saint Vincent), se sont déroulées les Assises Internationales du Roman. C’est par simple curiosité que l’amateur de littérature et dévoreur de livres que je suis s’est rendu à cet événement. Grand bien m’en a pris !
La première table ronde à laquelle j’ai assisté avait pour thème « La Bible inspire-t-elle encore les écrivains ? » avec Aharon Appelfeld (Israël), Vincent Delecroix (France) et Marilynne Robinson (États-Unis). Un peu décevant, cependant, car cette table ronde avait pris du retard sur l’heure (déjà tardive pour un jour de semaine), aussi y avait-il eu peu de temps pour le débat après la lecture des textes des trois auteurs. Pour la plupart des participants, la Bible n’était pas considérée comme étant de la littérature en tant que telle, mais cet avis n’était pas partagé par Appelfeld qui avait fait une passionnante analyse du passage du sacrifice d’Isaac par Abraham, montrant combien pouvait être fine la description de la psychologie des acteurs de la Genèse (face aux décisions incompréhensibles de Dieu), et ceci avec une économie radicale de moyens stylistiques (les adjectifs n’existant pas dans le texte originel). Cette table ronde s’est achevée par un fort moment d’émotion quand un violoniste a interprété quelques airs entre les passages d’un autre texte en hébreu qu’avait lu cet auteur.
« Pourquoi dire je ? » était le titre d’une autre table ronde que j’avais suivie, avec les auteurs Sefi Atta (Nigéria), Laurent Mauvignier (France), Julían Ríos (Espagne) et Norman Rush (États-Unis). Ce thème m’avait tout particulièrement intéressé parce que je travaille actuellement sur un roman écrit à la première personne (mais qui n’a vraiment rien d’autobiographique). Pour les auteurs présents, écrire à la première personne du singulier, c’est accepter de ne pas tout savoir, de perdre quelque chose (comparé au narrateur omniscient à la troisième personne), c’est jouer aussi sur l’ambiguïté du narrateur, mais ça permet de donner une plus grande voix à un personnage, à le rendre plus vivant pour le lecteur. Pour reprendre une analogie avec la peinture, écrire en disant « je », c’est comme l’introduction de la perspective dans les œuvres picturales, ça permet de faire entrer le spectateur dans la scène.
Je me permets de reprendre une citation extraite du texte lu par Norman Rush et qui met le doigt sur la distinction entre la littérature mainstream et la littérature de l’imaginaire sur ce « sujet » :
Le nombre des narrations à la première personne de la liste des 100 meilleures œuvres retenues par les lecteurs était encore inférieur [à la liste publiée par l’Editorial Board of the Modern Library en 1998] : encore ce nombre n’était-il atteint qu’en admettant toutes les variantes possibles de cette forme, plus quantités de titres de genre, qui se situaient en dehors de mon champ d’enquête, par exemple quatre titres de L. Ron Hubbard, cinq de Robert Heinlein, et quatre d’un écrivain nouveau pour moi, Charles de Lint, dont les personnages, d’après Publisher’s Weekly, sont « complexes et astucieux, » et vont « d’avatars inconstants mais puissants à des lutins diaboliques. » Étant donné le caractère florissant de la narration à la première personne dans les romans de genre contemporains – du genre roman sentimental (Romance) en passant par le roman policier, le roman d’aventure, le fantastique et le roman à énigme – le faible taux de participation pour les narrateurs à la première personne dans la Liste des Lecteurs est très frappant.



Dimanche, le 16 mai 2010
Nuit des musées et Nuits sonores
Petite déception, hier soir, en arrivant au bout de la rue Boileau. Rien n’indiquait la présence de l’événement « la Nuit des musées dans l’attente de l’ouverture du musée des Confluences » pourtant annoncé sur le site web du Ministère de la culture.
Dommage. Alors cap au sud, je suis reparti à l’autre bout de Lyon, suivant le cours du fleuve pour arriver jusqu’à l’avenue Leclerc et essayer un musée dans lequel je n’avais jamais mis les pieds : le Musée d’Histoire militaire de Lyon. Au numéro indiqué se trouve la caserne. Après avoir passé la barrière, il y a plein de zones interdites, et il faut chercher les petites flèches indiquant où se trouve le musée. Là encore, rien ne semblait indiquer que le lieu était ouvert, mais il l’était pourtant, avec un peu de lumière à l’étage. Et dans une salle pleine de panneaux, de mannequins d’hommes en armes et de vitrines, ce fut une très intéressante plongée dans vingt siècles d’histoire, de la Gaule romaine aux guerres contemporaines : comment Lyon s’est fortifiée, comment elle a été rattachée au royaume de France dont elle fut pendant longtemps une ville frontière, quels événements douloureux s’y sont déroulés, en particulier au moment de la Révolution (allant même jusqu’à perdre son nom pour s’appeler « Ville-Affranchie »). Étonnant de voir des photos d’archives montrant que là où se trouve mon actuel bureau étaient fabriquées les armes qui équipaient l’armée française, ou qu’une caserne se tenait en lieu et place de la gare et du centre commercial de la Part-Dieu.
Sans m’en rendre compte, les heures avaient filé à une incroyable vitesse. Lorsque je suis enfin sorti du musée, la nuit était en train de tomber.
Près de la piscine du Rhône, une jeune femme, en me croisant, m’a demandé si je cherchais un billet. Non merci. La musique électronique des Nuits sonores montait dans l’air en diffusant une chaleur que ce printemps frisquet nous refuse encore. Le cri d’une vieille femme depuis son balcon — ça va durer encore longtemps ce bordel ? — me fit sourire. Pour profiter d’une aussi belle ville avec une si jolie vue sur le Rhône, on peut bien accepter de temps à autre quelques nuisances sonores...


Dimanche, le 7 mars 2010
Films allemands, romans français et expériences américaines
Pour moi, jusqu’il y a peu, le cinéma allemand se limitait à Nosferatu, une symphonie de la terreur de Murnau (1922) ou Metropolis de (l’Autrichien) Fritz Lang (1927).
Oui, du cinéma allemand, j’avais une vision des plus limitées...
Cependant, depuis les années 2000, nous avons la possibilité de voir dans les salles de l’Hexagone quelques petits bijoux réalisés outre-Rhin. J’avais été intrigué par Elementarteilchen d’Oskar Roehler (2006), l’adaptation plutôt réussie du roman Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq (1998). J’avais été séduit par Vier Minuten (Quatre Minutes) de Chris Kraus (2006) et son envoûtante musique.
Mais là où les réalisateurs allemands sont très forts, c’est quand ils se mettent à adapter des expériences comportementales menées aux États-Unis, notamment :
  • Die Welle (La Vague) de Dennis Gansel (2008) qui s’inspire de l’expérience de la Troisième Vague menée par le professeur d’histoire Ron Jones ;
  • Das Experiment (L’Expérience) de Oliver Hirschbiegel (2001) qui reprend l’Expérience de Stanford menée par le professeur de psychologie Philip G. Zimbardo au sujet des effets de la situation carcérale avec des étudiants jouant les rôles de gardiens et de prisonniers.
Je vous conseille vivement de voir ces deux derniers films, et si vous avez la chance de vous trouver à Lyon ou ses environs, sachez que le 4 avril 2010 à 10h00 (et non 12h30 comme indiqué sur l’affiche que vous trouverez ici), le professeur Philip G. Zimbardo donnera une conférence à l’Université Lumière Lyon 2, campus Porte des Alpes (à Bron).


Samedi, le 30 août 2008
Images de la convention SF 2008 (l’OliCon), suite...
Eh oui, c’est la rentrée.
Alors, histoire de se redonner du courage en se rappelant des bons moments de la convention nationale de science-fiction, je vous invite à aller voir les nouvelles photos mises en ligne : celles de Bruno Para, de Gilles Massardier et de Jean-Jacques Régnier...


Mercredi, le 27 août 2008
Compte rendu de l’OliCon, la convention SFF 2008
La 35e convention nationale de science-fiction s’est déroulée la semaine dernière à Nyons, charmante bourgade de la Drôme provençale, pays de l’olive (ce qui lui a valu d’être rebaptisée l’OliCon). Et j’y étais. :-)
Les conventions constituent l’occasion privilégiée d’assister à des conférences, de participer à des tables rondes et à des débats, de rencontrer des auteurs avec lesquels on peut discuter librement (et non juste une seule minute, le temps d’une dédicace, comme cela peut arriver dans un salon du livre et qui est vraiment très frustrant), d’assister à des expositions (cette année, ce fut les photographies de Sylvain Renault, les illustrations de Jeam Tag, les mobiles et autres machins inclassables de Tim Rey, et les surprenantes créations de Didier Cottier), de trouver des livres intéressants, neufs ou d’occasion, de découvrir des nouvelles productions – qu’elles soient issues de professionnels ou du fanzinat – du paysage littéraire SF... mais aussi et surtout de retrouver des copains avec qui partager un bon moment.

jour J - 1
En voiture : ma compagne au volant, Sylvie Lainé et le chien à l’arrière, moi en co-pilote (mais moins fort que le GPS). Sommes arrivés à Nyons après 22h30. Tout le monde était très fatigué. Petit couac : nous ne pensions pas être attendus, mais la mère d’Ugo Bellagamba avait préparé un repas. Du coup, nous étions en retard. Oups. Dîner ensommeillé en présence de Marie-Claude « la-Mama » Bellagamba, d’Ugo, de Didier « le-sculpteur-qui-met-en-forme-ses-visions-cauchemardesques » Cottier et de son amie Nicole.

premier jour
Voilà à quoi ressemble Nyons :
Nyons, depuis les hauteurs
Le jeudi, c’est jour de marché (avec le dimanche). Beaucoup de monde à Nyons. Trois quart d’heure d’attente au(x) restaurant(s), mais le plat de spaghetti al pesto genovese se trouvait être l’incarnation parfaite du bonheur gastronomique faite pâtes. Je ne suis arrivé à la Maison de Pays, où se tient la convention, qu’au cours de l’après-midi, pendant l’intervention (pré-enregistrée) de Laurent Queyssi intitulée « Regard français sur les séries TV des années 2000 ».
Présent juste à temps pour animer la rencontre-débat avec Sylvie Lainé sur le thème : « Une œuvre éperluette, entre Science et Science-Fiction ». Stupéfait de la manière dont il est possible de donner des réponses intelligentes (bravo Sylvie) à des questions stupides (les miennes). Découverte (un peu dans la douleur) que l’animation d’une rencontre n’est pas un exercice facile.
Ensuite, conférence instructive de Jean-Claude Dunyach sur « La publication des auteurs français à l’étranger : trucs et astuces ». En résumé, même si c’est possible et très gratifiant (parce que cela permet éventuellement d’être lu par des auteurs étrangers que l’on apprécie), c’est le contraire de la loterie : c’est difficile, ça coûte cher (en énergie, en réseautage et en prix de traduction) et ça ne rapporte pas bien gros.

deuxième jour
Conférence de Clément Pieyre, conservateur à la BNF, sur : « Les archives du futur, ou comment la Science-Fiction entre à la Bibliothèque Nationale de France ».
Clément Pieyre, conservateur à la BNF
Inauguration officielle de l’OliCon et des Journées Barjavel en présence des représentants de la municipalité (le maire s’est fait désirer, mais il y avait Nathalie Fert-Rifaï, l’adjointe chargée de la culture), le sous-préfet ainsi que Pierre Creveuil, président de l’association des Amis de René Barjavel et collaborateur du barjaweb, le site Internet de référence sur Barjavel.
Ugo Bellagamba, le chef d’orchestre de l’OliCon, et, au micro, Pierre Creveuil, membre essentiel des Journées Barjavel
Quand est venu le temps de l’apéritif (avec les inévitables olives), je me suis sauvé dans le centre-ville pour retrouver ma belle.
L’après-midi, Joseph Altairac a donné une conférence sur Van Vogt dont j’ai oublié le titre (il avait changé par rapport à celui du programme).
Une table-ronde, animée par Jean-Claude Dunyach, a suivi : « Regards croisés sur le futur lointain ». Y participaient : Ugo Bellagamba, Fabrice Méreste (ah oui, tiens, j’y étais !), Catherine Dufour, Sylvie Lainé et Michel Jeury. Jean-Claude nous a lancé sur le thème de la Singularité. Catherine prenait tranquillement des notes pendant que parlaient Sylvie, Ugo et Michel, puis est intervenue soudain avec une pluie d’idées brillantes. Quant à moi, je n’ai dû raconter qu’un truc ou deux car le futur lointain, ce n’est pas trop ma tasse de thé, je suis plutôt du genre à m’intéresser au futur proche (m’enfin, je ne suis même pas capable de savoir comment je vais m’habiller le lendemain).
Après, les (très) attendus jeux de l’OliCon, avec le « champion de la SF », animés par Raymond Milési. Questions érudites, mauvais jeux de mots, pouêt-pouêt, tout va trop vite pour que j’aie la moindre chance de sortir une bonne réponse... Bravo à Timothée Rey, aussi à l’aise dans le verbe que dans la mise en espace d’objets étranges (il exposait des sculptures étonnantes durant la convention).
Retard sur le timing : le « Barjaquizz » que j’étais censé animer est reporté au dimanche. Bon, dommage. Mais pas grave.
Rencontre-débat avec Jean-Pierre Andrevon animée par Ugo Bellagamba. L’auteur-phare de la SFF de la fin des années 1960 au début des années 1990, et considéré par René Barjavel comme son fils spirituel, est toujours un artiste très actif, il vient de sortir un album de chansons et termine un nouveau roman...
Jean-Pierre Andrevon et Ugo Bellagamba
Jean-Pierre Andrevon
Retour au centre-ville, à la Médiathèque, pour voir l’exposition de Didier Cottier, le « sculpteur de l’imaginaire ».
les créations de Didier Cottier
les créations de Didier Cottier
les créations de Didier Cottier
Didier Cottier discutant avec une jeune femme qui lui confie qu’elle a été remuée par la découverte de son travail
Que dire du travail de Didier ? Personnellement, j’adore ! On aime ou on n’aime pas, mais ses aliens, ses compositions à la fois organique, minérale, végétale et électronique ne laissent pas indifférent.
Soirée théâtrale sur le thème « Préhistoire et Science-Fiction ». Conférence sur Francis Carsac par Frédéric Boyer et spectacle de paléo-fiction « Mémoires d’Hommes » avec la charmante Vanessa Bellagamba, la sœur d’Ugo. En plein air. Fallait prendre une p’tite laine. ;-)
Retour à la Maison de Pays. Jean-Pierre Andrevon a poussé la chansonnette accompagné de sa guitare (euh, honte à moi, j’ai manqué cette soirée, mais l’adorable Joëlle Wintrebert, rencontrée dans le restaurant de l’hôtel le lendemain, m’a tout raconté au moment du petit déjeuner).

troisième jour
Promenade matinale au lieu d’assister à l’assemblée générale de l’association Infini (ce n’est pas la mort, je ne suis pas membre de l’association).
Rencontre-débat avec Catherine Dufour sur le thème « Des goûts et des Dieux, discutons-en ! », animée par Jean-Jacques Régnier.
Après-midi : table-ronde sur « La publication électronique, quel avenir pour la science-fiction française ? »
La publication électronique, quel avenir pour la science-fiction française ?
Participants (de gauche à droite sur la photographie ci-dessus) : Sylvie Lainé, Florence et Selene (les Lyonnes de la SF), Jean-Luc Blary (des éditions Eons) et Clément Pieyre. Animateur : Ugo Bellagamba. Les sujets abordés étaient aussi divers qu’intéressants : quel prix payer pour un support électronique, l’importance du travail éditorial absent dans le cas d’une auto-publication sur Internet, la lecture des textes sur e-book, etc.
Vote pour la convention SF de 2010...
Gilles Goullet, Frédéric de la librairie Omerveilles et Raymond Milési
Résultat : la convention SF se déroulera en 2010 à Grenoble, organisée par la Librairie Omerveilles et une petite équipe en train de se constituer (avec déjà Gilles Goullet, traducteur).
Informations sur la convention SF de 2009 qui se déroulera à Bellaing (dans le Nord de la France).
Pour la suite des événements, la convention SF a retrouvé le centre-ville où Michel Jeury, après une rencontre-débat sur le thème « Des étoiles au certif en passant par le terroir... » a signé son recueil La Vallée du temps profond, paru aux Moutons électriques en 2008.
Alors que tout le monde quittait le salon de thé (par ailleurs tenu par Dany Jeury, la fille de Michel) où s’étaient déroulées les signatures, mon amie et moi avons investi les lieux, rejoint peu après par Markus Leicht. Pendant ce temps, à quelques pas de là, se déroulait la remise officielle des prix littéraires :
  • Prix Rosny-Aîné, catégorie romans : Élise FONTENAILLE, avec Unica (Stock)
  • Prix Rosny-Aîné, catégorie nouvelles : Jean-Claude DUNYACH, avec « Repli sur soie » (in Bifrost, Numéro 47, Le Bélial’)
  • Prix Merlin, catégorie romans : Élodie TIREL, avec Les Héritiers du Styrix, (éditions Milan/Grands romans)
  • Prix Merlin, catégorie nouvelles : Virginia SCHILLI, avec « Dernier soupir » (in Solstice, Volume 1 : Facettes d’Imaginaire, éditions Mille saisons)
  • prix Cyrano : Michel JEURY, pour l’ensemble de son œuvre
  • Pépin d’or : Timothée REY, avec « Développement du râble »
En soirée, retour à la Maison de Pays pour le dîner de gala (mon amie et moi nous trouvions à la table où étaient présents Sylvie Lainé, Jean-Claude Dunyach, Anne Lanièce et Gilles Massardier). Remise du prix Versins (du plus mauvais jeu de mots fait durant la convention) par Jérôme « Globulle » Lamarque à Bruno Para. Vente aux enchères animée par Georges Pierru. Crevés, avec ma compagne, nous allons nous coucher dès le dessert avalé.

quatrième et dernier jour
Le dimanche, ainsi qu’une partie de l’après-midi du samedi (avec la rencontre-débat avec Michel Jeury), le programme de la convention de science-fiction était commun avec les Journées Barjavel.
Fabrice Méreste relisant ses notes, Ugo Bellagamba jouant à Monsieur Loyal
J’ai animé la dernière grande table-ronde sur le thème : « La place de René Barjavel dans le patrimoine de la science-fiction française » où participaient Nathalie Fert-Rifaï, Ugo Bellagamba, Michel Jeury, Sylvie Lainé et Pierre Creveuil. Un regret : l’absence de Jean-Pierre Andrevon, qui aurait eu tout un tas de choses intéressantes à dire sur René Barjavel, mais Michel Jeury a quand même eu l’occasion d’évoquer des anecdotes émouvantes sur la relation qu’il avait eu avec l’auteur né à Nyons, Michel appelant respectueusement celui-ci « Mon cher Barjavel » et se voyait répondre « Mon cher Jeury ». Petite gêne de la Nyonsaise Nathalie lorsque l’érudit Pierre évoquait l’attachement ambivalent de Barjavel à son pays (le petit René avait été plus ou moins obligé de quitter Nyons durant son adolescence).
Fabrice Méreste, Nathalie Fert-Rifaï, Ugo Bellagamba, Michel Jeury, Sylvie Lainé et Pierre Creveuil
Après cette table-ronde, en compagnie de Pierre Creveuil, nous avons animé un questionnaire très spécial (ce n’est rien de le dire) sur René Barjavel, le fameux barjaquizz, Pierre se chargeant des questions érudites sur l’auteur et son œuvre (on peut retrouver ces questions sur le barjaweb ici). De mon côté, je me suis occupé des titres d’ouvrages de Barjavel à retrouver après avoir été présentés sous la forme de synonymes approximatifs (à la manière des jeux SF animés par Raymond Milési le vendredi soir). Je me permets de vous les proposer à nouveau dans la liste ci-dessous. Pour ceux qui donnent leur langue au chat, passez votre curseur sur les titres afin de voir apparaître la solution...
  • l’esquimau du lac
  • Fraise en quête de l’épouse d’un acteur qui jouait James Bond
  • Danseuse génisse
  • Pas tôt en sous-préfecture du Jura
  • le 24 novembre 1929
  • Les routes du Brahmane, du Kshatriya, du Vaishya et du Shudra
  • Le futur chêne diabétique
  • Le fromage de Hollande frappe quand le cri de chasse se fait entendre
  • Un mauvais cheval chez les beaux-parents de Johnny Depp
  • La femme de l’oncle a des vents
  • Ténor pas rapide
  • Le leurre (sonore) de ces souverains russes
Le grand gagnant du barjaquizz était Georges Bormand, d’autres habitués des jeux SF (comme Bernard Dardinier) ont aussi remporté un des livres proposés par notre sponsor les Moutons électriques, éditeur, mais également quelques personnes qui étaient venues spécifiquement pour les Journées Barjavel (dont un jeune fan de Grenoble qui gagna le droit de participer à la conférence organisée dans l’après-midi par Pierre Creveuil).
Dernier repas pris à la Maison de Pays. Même Margot Bellagamba, quatre ans, la fille d’Ugo, était mobilisée (elle récupérait les tickets repas). Ça sentait les au revoir.
Retour au centre-ville, cour du collège Roumanille. Pierre Creveuil et son jeune assistant évoquaient « René Barjavel, écologiste de la science-fiction ».
le jeune fan grenoblois et Pierre Creveuil
La clôture de l’OliCon et des Journées Barjavel s’est faite en beauté : Vanessa Bellagamba et Claude Ecken ont lu des textes de René Barjavel, Michel Jeury, Sylvie Lainé, Catherine Dufour et Jean-Pierre Andrevon.
Claude Ecken et Vanessa Bellagamba lisant un texte de Catherine Dufour
Vanessa Bellagamba lisant un texte de Sylvie Lainé
le public attentif durant les lectures
Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin. Après les lectures et quelques rafraîchissements, il a fallu se séparer...
Envie de rester encore, de prolonger ces bons moments, encore une glace, encore quelques souvenirs de Nyons (de l’huile d’olives et du miel de garrigue), profiter encore et encore du soleil de la Provence. Et puis, quand même, il a fallu reprendre la voiture pour rentrer à Lyon...
En résumé, d’une certaine manière, cette convention SF aura été pour moi paradoxale car, en tant que co-organisateur (j’étais déjà venu à Nyons afin de préparer l’OliCon avec Ugo Bellagamba en novembre 2007 et j’en avais parlé ici), je m’y sentais plus fortement impliqué qu’aucune autre rencontre science-fictive précédente, mais, comme j’étais venu à Nyons avec mon amie, et que nous souhaitions très naturellement nous réserver un peu de temps rien qu’à nous, je me suis finalement révélé être un « olico-participant » assez peu présent, ayant manqué quelques grands rendez-vous de cette manifestation et la quasi-totalité des repas pris en commun... (Que celui qui, à ma place, aurait souhaité ne pas vivre les délicieux déjeuners, goûters ou dîners que nous avions pris en amoureux loin de tout le monde me jette la première pierre.) Emmener à Nyons la fleur qui embaume sa vie du parfum de l’amour, c’est être avec une rose...
Une Rose...
...au Paradis !
...au Paradis

Pour voir d’autres images prises par Markus Leicht lors de l’OliCon, vous pouvez aller ici (le 21 août) et là (le 22 août).
Pour vous rendre sur le compte rendu de la convention réalisé par Catherine Dufour, c’est ici.
D’autres liens sur des comptes rendus et photos de la convention peuvent se trouver sur la page d’accueil du site ActuSF.
Pour récupérer les photos en grand format, il suffit de m’adresser un courrier électronique (à  fabrice arobase mereste point net). Et si vous vous reconnaissez sur une photo et que vous ne voulez pas apparaître sur ce site web, il suffit de me contacter de la même manière.


Mardi, le 19 août 2008
En route pour l’Olicon 2008 !
Vous n’êtes pas sans savoir – du moins, je l’espère ! – que la 35econvention nationale de science-fiction va avoir lieu à Nyons (dans la Drôme provençale) du 21 au 24 août 2008.
Je laisserai donc mon nouvel appartement lyonnais, mes meubles non installés et mes cartons non déballés pour quelques jours, partant dès demain soir avec la femme de ma vie et sa chienne, ainsi que Sylvie Lainé (Bénie soit l’invention du GPS, car ce sera moi qui prendrai le volant).
Sylvie est l’invitée dont je m’occupe plus spécifiquement en tant que co-organisateur de la convention, vous pouvez lire ses réponses à mon questionnaire proustien ici, avec une rencontre-débat à son sujet prévue le jeudi après-midi intitulée « Une œuvre-éperluette, entre Science et Science-Fiction » dont je me charge de l’animation (ouh la la, qu’est-ce que ça va donner !)
En attendant un compte rendu des événements (si je trouve un peu de temps), voici l’affiche réalisée par l’illustrateur Jeam Tag :
Affiche de l’Olicon, © Jeam Tag, 2008
J’espère vous voir très prochainement à Nyons...


Mercredi, le 28 mai 2008
Fest’Uval Jean Mon’Arts 2008
Ouais, je sais, je ne poste plus beaucoup d’articles sur le blogue à desseins (pas ma faute : ma vie est très mouvementée en ce moment), mais oyez, oyez : la prochaine édition du Festival de l’Université Jean Monnet (plus connu sous l’appellation Fest’Uval Jean Mon’Arts) se déroulera les soirs des jeudi 5, vendredi 6 et samedi 7 juin 2008, au Château de Saint-Victor, à quelques kilomètres de Saint-Étienne.
Fest’Uval Jean Mon’Arts 2008
Au programme : des concerts de musique (classique, jazz, pop rock, reggae, hip hop, etc.), des représentations théâtrales, de la danse (moderne ou orientale) et toujours une exposition de peintures, sculptures, dessins et photographies... où votre serviteur présentera ses dernières créations.
C’est un festival de qualité, gratuit, mêlant jeunes et moins jeunes (étudiants, profs et autres personnels universitaires) dans un cadre des plus agréables... alors venez y faire un tour !


Dimanche, le 24 février 2008
T-shirt spécial Barjavel
Je viens de terminer de peindre un tee-shirt que je compte porter à l’occasion de l’OliCon 2008, la prochaine convention nationale de science-fiction.
Cet événement sera consacré à l’auteur René Barjavel et aura lieu au mois d’août à Nyons, la ville de Drôme provençale d’où est natif l’écrivain.
t-shirt personnalisé René Barjavel


Lundi, le 17 septembre 2007
Rencontres ambigrammées (sens dessus dessous)
Samedi soir s’est déroulé le Lyonnacolo, une rencontre science-fictive franco-italienne organisée par les Lyonnes de la SF.
Un peu avant 17 heures, j’arrive à Temps Livres, l’antre de Markus Leicht, où se trouve déjà Georges Bormand. Un peu plus tard, d’autres gens arrivent : des Français, des Italiens, un Espagnol... Nous collons des étiquettes (« I speak English » et « Je parle français » dans mon cas) sur nos badges. Là, trop la classe : je sors mon propre badge avec mon pseudo « Méreste » sous forme d’ambigramme (celui-ci). Les gens ne peuvent s’empêcher de tourner mon badge à l’envers parce que ça les intrigue...
Notre petite troupe quitte la boutique en laissant Markus, qui a l’air bien fatigué, et qui ne nous rejoindra pas pour la soirée, dommage. Il y a aussi d’autres absents : Franco Ricciardiello ne pourra pas venir. Et m... ! J’avais prévu de lui faire signer deux bouquins amenés tout exprès, dont Passés recomposés où se trouve également une de mes nouvelles : il était l’un des derniers auteurs de cette anthologie dont je n’avais pas encore la dédicace...
Nous passons auprès des bouquinistes du quai de la Pêcherie, puis traversons la Saône, quai Fulchiron, pour aller chez le Père Penard. Mon sac est prêt à exploser... j’ai emporté ma trousse de toilette et un minimum de vêtements (mon petit frère lyonnais a prévu de m’héberger pour la nuit). Par conséquent, avec les livres déjà emportés, les « nouveaux » bouquins (d’occasion) achetés, ça n’va pas l’faire...
Un peu plus de 19 heures, nous arrivons au Café de la Cloche. Nous retrouvons d’autres gens, dont Sylvie Lainé, une amie qui faisait – comme moi – partie de la Gang, au début des années 2000 (ben mince, ça semble super loin, dit comme ça !). Sylvie sera invitée à la prochaine convention nationale de science-fiction, l’OliCon, dont je suis l’un des organisateurs. Je lui montre l’ambigramme que j’ai fait à partir de son nom :
Sylvie Lainé

Ça a toujours quelque chose d’étonnant...
À propos de l’OliCon qui aura lieu à Nyons en 2008, l’auteur René Barjavel (né dans cette ville) fera partie du programme à travers une table ronde lui étant consacrée (et que votre serviteur se devra de modérer) et où participera, outre Sylvie (ah, tu n’étais pas au courant ?), Pierre Creveuil, l’un des principaux animateurs du barjaweb, le site Web le plus complet sur ce grand monsieur.
Hop, voici l’ambigramme que j’ai fait pour Pierre :
Pierre Creveuil

Appelé par la faim, nous rejoignons une crêperie, et je fais la connaissance de Gilles Massardier, un éducateur spécialisé (mais portant aussi bien d’autres casquettes !) qui est l’auteur de quelques petits textes de SF, dont celui-ci. Le personnage est fort intéressant, et comme c’est un « voisin » saint-chamonais, plutôt que de passer la nuit chez mon frère, il s’est proposé de me raccompagner à Saint-Étienne et nous avons pu poursuivre sur le chemin du retour vers la Loire la discussion que nous avions entamée au restaurant puis en revenant au café.
Voici ce que donne son nom en ambigramme :
Gilles Massardier

En résumé, cette soirée Lyonnacolo s’est passée de manière assez curieuse, je n’ai pas tellement eu l’occasion de discuter avec les amateurs italiens de science-fiction (je ne me suis pas retrouvé à côté de l’un d’eux, à table ou au café), mais pas de réel regret : j’ai retrouvé des anciens amis et fait la connaissance de personnages intéressants, tel Gilles, même s’il était bizarre de se rencontrer à Lyon alors que la distance qui sépare Saint-Étienne de Saint-Chamond n’est que d’une douzaine de kilomètres...


Jeudi, le 13 septembre 2007
La double double-vie de Fabrice M.
L’excellent et regretté Polonais Krzysztof Kieślowski avait réalisé, en 1991, un film étonnant : la Double Vie de Véronique. Dans ce petit bijou cinématographique, une femme, après la mort de son impossible double, voyait sa vie curieusement changer...
En ce qui me concerne, j’ai deux doubles vies : une d’enseignant/chercheur qui m’occupe durant une bonne partie de la période diurne des jours ouvrables (et bien souvent davantage) où je suis le « docteur Fab M. », et une autre d’auteur/sculpteur – que j’exerce le reste du temps – sous le pseudonyme de Mister « F. Méreste ».
Parfois, ces deux vies se mêlent. Hier matin, avant de coiffer ma casquette de prof et de passer la journée à participer à des jurys de soutenance de stage ou à donner des cours, j’étais devant l’ordinateur afin de concevoir l’affiche annonçant la prochaine exposition d’arts plastiques de mes collègues et moi-même (cela se passera à l’atrium de la Bibliothèque universitaire du site de Tréfilerie « Droit, Lettres », à Saint-Étienne, du 13 au 28 septembre 2007, voir ici). Et tout à l’heure, je vais installer cette expo avant de retourner bosser « pour de vrai » à mon labo.
Samedi, cette fois en tant qu’auteur, j’irai à Lyon pour participer au Lyonnacolo, une soirée-débat avec quelques auteurs et animateurs du petit monde science-fictif de France et d’Italie, un événement organisé par les Lyonnes de la SF.
Bref, je n’ai vraiment pas le temps de m’ennuyer...
Enfin, petite nouveauté : j’ai décidé de ne plus indiquer directement mon pseudonyme sur les étiquettes des œuvres plastiques que je vais exposer. Désormais, seuls seront présents le nom de la sculpture, l’URL permettant d’accéder à ce site Web et, en guise de signature, le nouvel ambigramme de mon nom d’artiste :
Méreste, l’ambigramme me servant désormais de signature




Mardi, le 4 septembre 2007
Rencontre SF : Lyonnacolo le 15/09/2007 à Lyon
Pour la rentrée, voici le rendez-vous à ne pas manquer pour les amateurs de science-fiction de la région lyonnaise : Lyonnacolo, la rencontre science-fictive franco-italienne organisée le 15 septembre 2007 au Café de la Cloche, 4 rue de la Charité, à Lyon. Avec : Cet événement est organisé par les sympathiques Lyonnes de la SF.


Dimanche, le 3 juin 2007
Fest’Uval à proximité de Saint-Etienne !!!
Programme du Fest’Uval Jean Mon’Arts (7 au 9 juin 2007)


Ce festival aura lieu du jeudi 7 au samedi 9 juin, de 19h30-20h00 à minuit, au château de Saint-Victor sur Loire (près de Saint-Étienne, 42).

Pendant toute la durée du festival, expositions de phographies, peintures et sculptures (dont les dernières créations de votre serviteur, Fabrice Méreste).
Petite info : dans la mesure du possible, j’ai indiqué les liens des MySpaciens et autres qui se produiront lors du Fest’Uval...
Pour télécharger le programme en version imprimable, c’est ici.



Jeudi 7 juin 2007


Théâtre de Verdure (théâtre et danse)

(20h00) l’Aspatoule
(21h30) Le Groupe de Danse Universitaire
(22h00) Compagnie Actes Liés

Salle Geltendorf (pièces de théâtre)

(20h00) Le Grand Large
(21h45) Mais-tisse Moi Ça
(22h15) Les Nouveaux Nés

Cour du château (concerts)

(20h00) Dya Mohn
(21h00) Rated Y
(22h00) l’Alambik
(23h00) DripS

Église (concerts)

(20h00) Bel’Canto
(20h30) À l’Improviste
(21h00) Duo Ilios
(22h00) Chœur des Étudiants de Musicologie

Restaurant (concerts)

(21h00) Christian.G
(22h00) Monsieur Fred 3



Vendredi 8 juin 2007


Théâtre de Verdure (pièces de théâtre)

(20h00) Les Ptits dans l’Dos
(21h15) Association en Scène
(22h30) Compagnie Actes Liés

Salle Geltendorf (théâtre et musique)

(20h00) Les Nouveaux Nés
(21h15) @lex
(22h00) Le Grand Large

Cour du château (concerts)

(19h30) Clock
(20h30) Les Fils du Coupeur de Joints
(22h00) Overdose
(23h15) La Deroot’s

Église (concerts)

(20h00) Nébune
(20h30) Zoot
(21h30) Olivier Craig-Dupont
(22h00) Atacama Jazz

Restaurant (concerts)

(21h00) Christian.G
(22h00) Monsieur Fred 3



Samedi 9 juin 2007


Théâtre de Verdure (théâtre et danse)

(20h00) Association en Scène
(21h15) Le Groupe de Danse Universitaire
(21h45) Les Frères Suédois
(23h00) Les Ptits dans l’Dos

Salle Geltendorf (pièces de théâtre)

(20h00) Les Amis en Scène
(21h55) Mais-tisse Moi Ça
(22h00) L’Aspatoule

Cour du château (concerts)

(19h30) La Pagaille
(20h45) Jade
(22h00) Godot
(23h15) Hacenoba Latin Jazz

Église (concerts)

(20h30) Olivier Craig-Dupont
(21h00) Nébune
(21h30) Zoot

Restaurant (concerts)

(21h00) Monsieur Fred 3
(22h15) Highway



Dimanche, le 17 décembre 2006
Un de plus
Jeudi matin, grand moment : j’ai posté mon roman à un éditeur. Des heures de travail, des années de maturation, des espoirs et des déceptions, et voilà enfin mon bébé envoyé entre les mains du comité de lecture. Croisons les doigts...
Vendredi, préparation des gâteaux destinés au lendemain matin. Plus tard, je me suis retrouvé à Lyon avec l’ami Jean-Jacques Girardot à l’occasion de la soirée culturelle, littéraire et festive organisée par Sylvie. Moment vraiment Très sympa. Discussions plaisantes avec les anciens de la (et non « le ») Gang, ainsi que Jean-Marc Ligny, Patrice Duvic (qui m’a donné des idées d’éditeurs à qui proposer mon thriller si jamais la maison d’éditions à qui j’ai proposé mon texte le refuse), j’ai fait dédicacer quelques ouvrages et j’ai eu moi-même l’occasion de dédicacer quelques exemplaires des Anges électriques où se trouve ma nouvelle « des Ailes dans la tête ». Quelques photos sur le blog de Markus Leicht.
Samedi matin, réveil avec un an de plus. Mauvaise nouvelle en partant faire du sport, chargé de mes gâteaux faits maison et bouteilles de jus de fruits et d’alcool : pas de tram ni de bus en raison de la grève. Eh meeeeeeeerdeeeeeeee... Fort heureusement, je ne suis pas arrivé en retard à mon club de sport, mais ma promenade imprévue chargée comme un mulet a remplacé le temps que je comptais passer sur le step. Nous avons bien transpiré et les gâteaux Bagdad et pomme-amande (ce dernier étant cuit au four à micro-ondes) accompagnés de clairette de Die et de crémant d’Alsace nous ont permis de récupérer les calories brûlées durant l’effort. Arf !
Et puis ce fut la course pour faire tous les magasins, la fromagerie de la Préfecture, Centre 2 avec un retour chargé de bouteilles, les pains rustiques de Paul, le marchand de primeurs, les gâteaux d’anniversaire commandés chez Nelson, l’épicier du coin... tout ça en ne pouvant circuler qu’à pied. Gnurf.
Samedi soir, tout était à peu près prêt (j’étais en train de finir de préparer mes toasts) quand est arrivée la première invitée, suivie de peu par des Lyonnais (famille et amis) et mon appartement s’est rempli petit à petit. Soirée vraiment très chouette, j’ai été gâté par tout le monde, et bien entendu j’ai prévu à boire et à manger avec excès, j’ai de bonnes réserves de bouteilles (une pseudo-cave avec un éventail acceptable de rouges, blancs et vins pétillants, mais pas de rosé, beuh) et mon réfrigérateur est encore plein à craquer. Le lendemain a été un peu violent. Non, pas de gueule de bois, j’ai été raisonnable même si je n’ai pas dédaigné le très agréable pinotage sud-africain (moi qui d’ordinaire n’aime pas trop le rouge) et l’excellent gewurztraminer vendanges tardives, il se trouve simplement qu’il y avait beaucoup de vaisselle et encore pas mal de choses à ranger et nettoyer. Mais avec un peu de courage, tout a pu rentrer dans l’ordre et j’ai à présent plein de nouvelles choses à lire, voir et entendre avec tous les cadeaux de mes invités... Yes !


Vendredi, le 1er décembre 2006
En dédicace à Lyon le 15/12/06 à partir de 19 heures
Je vous fais suivre l’annonce officielle :

Soirée culturelle, littéraire et festive à Lyon le vendredi 15 décembre, à partir de 19 heures

L’imaginaire dans tous ses états

Au programme : rencontres, discussions, dédicaces (certains ouvrages seront disponibles sur place, surprises promises...), musique, exposition photos, dans un cadre convivial

Le lieu : restaurant Le Saint-Amour, 77 rue Villeroy, 69 003 Lyon – tel. 04 78 60 81 17 – Métro Saxe-Gambetta, sortie place Victor Basch (*)

Avec les éditions Moutons Électriques (revue Fiction, collection Rouge, Beaux livres...) et les éditions ActuSF-les Trois Souhaits

Et la participation d’auteurs dans les domaines de la Science-fiction et de l’imaginaire, proches de Lyon par le cœur ou l’esprit :
Exposition photographique de Patrice Duvic

Ponctuation musicale : première apparition publique du groupe Rockin’ James Trio (Rockabilly) : James Baddams (chant, guitare), Jean-Marc Tomi (guitare lead), Dominique Garcia (batterie)

Kir de l’amitié offert - boissons et restauration possible sur place.
Photographies, podcasts, demandes de dédicaces chaudement encouragées...

(*) Pour les personnes se déplaçant en voiture, parking à proximité : place des Martyrs de la Résistance, près piscine Garibaldi.


Mercredi, le 23 novembre 2005
Rendez-vous manqué
Du jeudi 10 au dimanche 13 novembre 2005, à Nantes, se sont déroulées les Utopiales, le festival international (?!) de science-fiction.
Encore un rendez-vous sympa manqué. Mais des photos très originales ont été prises des participants. J’y ai reconnu nombre de copains et/ou auteurs, en particulier :
Ben ouais... j’ai encore loupé un truc...


Lundi, le 23 août 2004
Rencontres Remparts / Convention nationale de science-fiction 2004
Visions subjectives de ces deux événements. Je n’ai pas pris de notes, aussi la chronologie n’est-elle peut-être pas correcte, veuillez par conséquent pardonner les erreurs de ma mémoire dues à la richesse des moments vécus en ces occasions.
Samedi 14 août. Départ en fin d’après-midi. Il faut environ deux heures au car pour se perdre dans l’Ardèche septentrionale. Pas vu le temps passer, pas eu le temps de lire une page : je reconnais Alain Huet, organisateur de la convention SF de Saint-Denis, en 2001, et nous n’arrêtons pas de discuter de science-fiction, des fanzines, de l’encyclopédie à venir de Jacques Goimard, de ses projets fous comme la publication d’un index du fanzine Satellite ou des pseudonymes avérés des auteurs du milieu... Nous arrivons à Saint-Agrève, Jean-Jacques Girardot vient nous récupérer et nous entraîne dans un lieu où un chemin de terre, de pierres et de flaques d’eau traîtresses nous garantit une tranquillité à toute épreuve.
Dimanche, lundi, mardi, mercredi... Les jours filent, les amis du fandom SF arrivent. Petit à petit, de façon très décousue, une pièce de théâtre se construit, mélange curieux de clins d’œil science-fictifs et de jeux de mots (laids). Mais l’ambiance n’est pas au travail studieux, même si Remparts est d’ordinaire une période d’atelier d’écriture, et même si les orages nous retiennent la plupart du temps enfermés dans une grande bâtisse : nous profitons de ces instants pour discuter entre nous, lire un peu au calme, voir des films ou jouer sur nos ordinateurs, et je découvre que les dernières pièces du sculpteur Didier Cottier ont vraiment pris de la maturité.
Jeudi 19 août. C’est le départ. Nous quittons l’Ardèche pour le Vaucluse, les uns après les autres. Je pars dans la voiture des Girardot. Après un passage par l’hôtel, nous retrouvons le lieu de la convention. L’organisateur n’est pas là, obligé de faire la navette entre les différentes gares et la salle des fêtes, mais nous retrouvons déjà des connaissances, et les rayons de livres sont là pour ceux qui recherchent la perle rare... Première conférence : Francis Saint-Martin évoque l’histoire des fanzines, ces magazines réalisés par des fans. Après le repas, Yann Minh nous parle de cyberpunk et de ses travaux multimédias pour la télévision, nous plongeons alors dans son univers qui fait autant appel à l’intellect (avec de multiples anecdotes) qu’aux sens (souvent à travers l’érotisme). Retour à l’hôtel sous une pluie torrentielle. Nous devinons la route cachée par les eaux, les éclairs illuminent une nuit de déluge, sensations de fin du monde.
Vendredi 20 août. Conférence de Joëlle Wintrebert sur l’évolution de la sexualité dans les textes de science-fiction et de fantasy.
Je me rappelle qu’au cours du déjeuner, des jeunes gens tout de noir vêtus sont entrés dans la salle, et parmi les personnes attablées, beaucoup se demandaient qui étaient ces gens-là, imaginant qu’il s’agissait d’une secte ou autre bizarrerie. En fait, point du tout, il s’agissait des membres des éditions de l’Oxymore, à savoir Léa & Greg Silhol, Natacha & Anthony Giordano, ainsi que Sire Cédric. Parmi l’assemblée des fans de SF, il faut dire qu’ils détonnaient un peu, par leur aspect vestimentaire, leur recherche d’une certaine classe, le fait de venir en couple, leur goût marqué pour la fantasy plutôt que la SF... En effet, la plupart des membres du fandom SF sont, caricaturalement, moins soucieux de leurs personnes, très souvent d’éternels célibataires (d’où peut-être le sentiment de "famille" qu’ils ressentent les uns envers les autres), et leur intérêt pour le seul genre SF semble parfois friser l’obsession.
Dans l’après-midi, conférence de Eric Henriet sur l’uchronie. L’auteur de l’Essai, qui avait intelligemment critiqué la nouvelle que j’avais écrite avec Jean-Jacques Girardot, nous présente sous forme statistique les différents points de divergence de l’histoire qu’il a recensé dans les textes uchroniques et pose une question intéressante : quels sont les points de divergence que les auteurs auraient pu exploiter ?
En fin d’après-midi, avec les membres de Remparts, nous présentons notre pièce de théâtre. Je joue le rôle du "sous-genéral Dennté", et le seul nom de ce personnage au grade peu commun vous donne déjà une idée de ce qu’a pu être notre représentation...
Retour à l’hôtel au cours de la nuit. Je vais à la piscine. Je ne suis pas seul à nager sous les étoiles, les hommes en noir de l’Oxymore profitent avec moi de la fraîcheur de l’eau.
Samedi 21 août. Nous manquons la conférence du matin (j’ai demandé à Gilles Goullet de me ramener à l’hôtel, j’avais en effet égaré mes clés... et pensais les avoir perdu au bord de la piscine). J’entame la conversation avec Sire Cédric, ce jeune homme (je peux dire "jeune", il a deux ans de moins que moi) qui me fait irrésistiblement penser, aussi bien par son allure que ses ambitions littéraires, à une sorte de Francis Valéry idéal, ou idéalisé, ce qui me le fait trouver des plus sympathiques. Je regrette soudain de n’avoir encore rien lu de lui. Je mange à la table des "gens en noir" dont je me sens finalement proche, même si mes vêtements sont aussi clairs que les leurs sont sombres, et même si mon genre littéraire de prédilection est la science-fiction et non la fantasy. Mais, au-delà de ces différences mineures, c’est la même foi qui nous anime en l’écriture, le même souci de toucher le lecteur, les mêmes désir et besoin mêlés de défendre ce qui nous semble beau et qui nous émeut.
Après le déjeuner, conférence du dessinateur Philippe Caza en hommage à René Laloux. Puis vient la conférence de Robert Sheckley. Le nom de cet auteur américain ne me disait pas grand chose, et puis je me suis rappelé que j’avais adoré l’humour de ses nouvelles, telle la clef lanxienne ou de ses romans, comme la Dimension des miracles, et que le film français le Prix du danger des années 80, qui m’avait marqué lorsque je l’avais vu à la télévision, était en fait adapté d’un de ses romans.
Jeux SF animés par Raymond Milési et Roland C. Wagner. Même pas gagné un point (les autres sont trop érudits ou trop rapides).
Dîner de gala. Remise des prix Merlin à Mélanie Fazi pour son roman Trois pépins du fruit des morts et Sylvie Miller et Philippe Ward pour leur nouvelle Le survivant (le prix était une illustration de Didier Cottier). Remise du prix Rosny Aîné à Roland C. Wagner pour son roman La saison de la sorcière et à Claude Ecken pour sa nouvelle Eclats lumineux du disque d’accrétion (le prix était une statue réalisée suivant un modèle dessiné par Caza). Remise du prix Cyrano (aussi une sculpture d’après Caza), un nouveau prix récompensant une personnalité du monde de la science-fiction présent à la convention, à Robert Sheckley. Remise du prix Versins du plus mauvais jeu de mots de la convention à Sylvie Laîné (le prix consistait en une figurine en plastique). Vente aux enchères. Rien acheté cette fois-ci. Terriblement fatigué.
Dimanche 22 août. Alors que tout le monde semble encore endormi, Greg Silhol et moi discutons au bord de la piscine. Après le petit déjeuner, quelques longueurs de brasse, puis il faut faire sa valise. Sylvie m’emmène jusqu’à l’hôtel où se trouve Robert Sheckley. Nous y croisons Roland C. Wagner, Yann Minh, Didier Cottier, et d’autres. Arrivé sur le lieu de la convention, Jérôme "globule" Lamarque me donne un coup de main pour connecter mon PC portable au Mac de Yann Minh afin de pouvoir récupérer la vidéo de la pièce de théâtre (2 giga, quand même). Et puis, c’est le moment des aux revoirs, désagréable sensation de fin de colonie de vacances. Je me retrouve ensuite dans la voiture de Sylvie, en compagnie de Mélanie Fazi (qui prendra un TGV à Avignon) et de Robert Sheckley. Tiens, amusant, je me rends compte à l’instant que, des occupants de la voiture, je suis le seul des quatre à ne pas avoir été primé lors de la soirée de gala. Après quelques bouchons du côté de Valence, nous arrivons à Lyon. Je prends le métro, j’arrive à la gare. Le car me ramène à Saint-Étienne. À dix mètres de chez moi, je croise un collègue qui me dit : « À demain ! ». Déjà ? Mon répondeur est plein de messages d’une gamine inconnue qui a dû se faire offrir un téléphone portable et qui m’a appelé par erreur. Ma plante verte a besoin d’eau. Mon petit frère m’a fait parvenir un ensemble de CD souvenirs de son mariage. Parmi les e-mails, il y en a un de mon père qui me souhaite ma fête...
Bref, c’est la fin des vacances.


Dimanche, le 7 septembre 2003
Compte-rendu (bien singulier) de la XXXème Convention nationale de Science-fiction française
1. Introduction

Ça l’air d’un film :

Sara et la Convention perdue

...mais, non, il s’agit de la convention S.-F. nationale de 2003, ou plutôt de la « Convention transnationale d’imaginaire francophone » puisque celle-ci s’est déroulée du 28 au 31 août 2003 au Centre wallon d’art contemporain de la Châtaigneraie, à Flémalle, au sud de Liège.
Une convention hors norme, en quelque sorte, puisque hors de France (même si quelques conventions S.-F. avaient déjà eu lieu auparavant en Belgique ou en Suisse) mais aussi hors du simple domaine de la science-fiction car les autres genres de la littérature de l’imaginaire (fantasy et fantastique, et même polar) étaient aussi à l’honneur.
Hors norme enfin par le jeu de rôles dans lequel se sont retrouvés plongés les participants et invités à la convention.


2. Au cours du mois de juillet...

Dans un document attaché à un courrier envoyé par Sara Doke, il est indiqué :
« Joueur : Méreste, Fabrice
Groupe : Agents du Vatican (représentants des gardiens de l’Aggartha)
Membres : Jean-Claude Dunyach, Fabrice Méreste
Alliés : Personne !
Ennemis : Tout le monde
Signe distinctif : chemise blanche et accessoire noir (n’oubliez pas que vous êtes des prêtres) (...) »
Sont aussi indiqués les personnages connus et reconnus, missions et historique.
Ouh là ! Je ne comprends pas grand chose, c’est la première fois que je participe à un jeu de rôles. Bon, ça peut être drôle. Je mets dans mon sac de voyage un jeans noir et une chemise blanche...


3. Jeudi 28 août 2003 : le départ

Jean-Jacques Girardot, son fils Alain, et moi-même, à savoir les Stéphanois de la Gang, retrouvons les Lyonnais chez Sylvie Lainé à 7 heures du matin.
Tout le monde est déjà là (André-François Ruaud, Gizmo Mergey, ainsi qu’un fan et auteur suisse prénommé Vincent) mais ce n’est pas pour autant que nous partons pour la Belgique : nous discutons entre copains en prenant le petit déjeuner.
Les Stéphanois prennent place dans la voiture de Jean-Jacques et les autres (Sylvie, Vincent, André et Gizmo) dans la Gizmobile, nous voilà enfin sur le départ alors que le jour tarde à se lever : nous ne sommes plus habitués aux gros nuages gris après cette canicule.
Nous quittons la région Rhône-Alpes, traversons la Bourgogne, entrons en Champagne-Ardenne, passons par la Lorraine (avec nos sabots) et déjeunons à Luxembourg où Georges, un ami d’André-François qui travaille dans cette ville, nous montre quelques bien beaux endroits le temps d’une visite-éclair.
Nouveau changement de frontière : la Belgique. Le chemin semble long pour aller jusqu’à Liège. Jean-Jacques quitte l’autoroute à un moment pour prendre de l’essence dans une bourgade appelée « Vaux-sur-Sûre ». Ce nom curieux nous rappelle la blague au sujet des manifestations de mai 68 à Bruxelles : du côté des étudiants, on criait : « CRS, SS ! » et du côté des forces de l’ordre : « Étudiants, -diants, -diants ! »
Liège nous accueille sous une pluie battante. Nous suivons la voiture de Gizmo. Nous arrivons en centre-ville, tournons, hésitons... il est dur de trouver son chemin lorsque les panneaux sont difficiles à voir ou lorsqu’une route prévue dans l’itinéraire est barrée.
En fin d’après-midi, nous parvenons enfin à l’hôtel, à Rocourt, dans la périphérie de Liège. Nos chambres ont bien été réservées. Mais c’est Anne Smulders qui a nos factures (et le numéro du code pour ouvrir le portail de nuit). Elle a bien fait : arrivés trop tard, nous n’aurions pu trouver quelqu’un à l’accueil de l’hôtel. Nous nous rendons au lieu de la convention, et le chemin n’est pas moins simple que pour aller jusqu’à l’hôtel (doux euphémisme).
Il pleut, il fait froid, nous sommes fourbus. Je ne remarquerai la beauté de la Châtaigneraie que plus tard, petit manoir entouré d’un parc qui n’est pas sans évoquer le Moulinsart de Tintin.
Nous avons manqué le programme de l’après-midi, tant pis. Dommage pour la conférence de l’auteur britannique Brian Stableford sur « l’Imaginaire du XIXème siècle », celle de Patrick Marcel sur le fantastique (auteur, entre autre, du guide Atlas des brumes et des ombres sur le Fantastique en Folio S.-F., ah, ben non, en fait, cette conférence n’a pas eu lieu m’a-t-on rapporté), et la rencontre avec Jean-Marie Buchet, cinéaste et historien du cinéma au sujet de « Cinéma et Science-fiction ». De toute manière, les conventions, ce n’est pas seulement assister à une série de rencontres, conférences, tables rondes et débats, c’est aussi et surtout l’occasion de retrouver des copains, de rencontrer des auteurs, de faire de nouvelles connaissances avec des personnes qui partagent le même intérêt pour la science-fiction, ou, d’une manière plus globale, pour la littérature de l’imaginaire.
À l’accueil, c’est Jean-Claude Dunyach, mon partenaire dans le jeu de rôles, qui s’occupe de la caisse : tickets repas et « delsemmes » pour les boissons. Comme l’année passée, les bières et cafés se paient avec une monnaie de singe : le delsemme, en l’honneur de Serge, cet auteur de S.-F. liégeois récemment disparu.
À peine le temps de dire bonjour aux copains présents, de jeter un coup d’œil aux œuvres exposées à l’étage (sculptures, peintures et collages d’inspiration science-fictionnelle ou fantastique) et c’est déjà l’heure de dîner (ou plutôt de « souper » car, en Belgique, le terme « dîner » s’applique à ce que nous, Français, appelons le « déjeuner »). Nous nous retrouvons sous une grande tente pour nous restaurer : soupe, puis boulet (?) de viande et... frites, bien entendu, et enfin dessert ou fromage, je ne me rappelle plus.
Il est bien tard lorsque nous avons terminé de manger, la conférence prévue par le professeur Tassilo Von Töplitz est reportée au lendemain.
Vincent, notre nouvel ami helvète, plutôt que d’aller dormir à l’auberge de jeunesse, souhaite rester en compagnie de la Gang, il partagera donc ma chambre pendant ces trois nuits. Retour à l’hôtel (en suivant les voitures de ceux qui connaissent le chemin), puis dodo...


4. Vendredi 29 août 2003

Petit déjeuner dans la salle à manger de l’hôtel. Les habitués (qui sont déjà debouts) occupent les lieux : Raymond Milési, Pierre Stolze, Alain Huet, Jérôme Baud...
Nous suivons les voitures pour arriver jusqu’au lieu de la convention.
Assemblée générale de l’association Infini.
[J’échappe pour un moment à la convention car je dois retrouver un de mes meilleurs amis que je n’ai plus vu depuis plus de... dix ans, ami que j’avais connu au temps d’un stage réalisé à Seraing, ville voisine de Flémalle. Cet ami, Africain d’origine rwandaise, est justement de passage aux Pays-Bas et en Belgique, et il a pu s’arranger pour venir à Liège au moment où j’étais aussi présent. Vers 11 heures, ce sont les retrouvailles. Avec un de ses compatriotes habitant maintenant la région, nous quittons Flémalle en voiture pour le centre de Liège, déambulons dans les rues du « Carré » et nous décidons d’aller manger dans un restaurant de poissons. Le temps est bien trop court pour se raconter les milliers de choses qui nous sont arrivées et que nous n’avions pu communiquer ni par courrier postal ni par courrier électronique. Juste le temps de faire un tour à la cathédrale de Liège où je tenais temps à revoir la sublime statue de l’ange déchu sur la Chaire de la Vérité de Guillaume Geefs.
Mon ami doit prendre le train pour aller à Bruxelles, il faut déjà se dire au-revoir, je suis raccompagné à Flémalle...]
J’arrive à la Châtaigneraie alors qu’André-François Ruaud débute sa conférence sur l’initiation à la fantasy. Devant moi, je reconnais quelqu’un de dos, en chemise écarlate, assis à côté de Gizmo : Gilles Dumay, directeur de la collection Lunes d’Encre de Denoël (et également auteur sous pseudonyme).
Au gré de mon humeur, j’assiste à des conférences (Joseph Altérac remplaçant Tassilo Von Töplitz pour nous parler de « Terre Creuse et Monde souterrain » et du fameux « roi du monde »), je vais voir les livres neufs ou d’occasion proposés à la vente (j’en profite pour compléter ma collection Histoires, l’anthologie de science-fiction du Livre de Poche), je participe sans trop comprendre au jeu de rôles (où semblent beaucoup s’amuser le jeune Alain Girardot et Sylvie Lainé), j’écoute Gilles Dumay parler de télétravail (il vit à présent dans un coin perdu des montagnes de Thaïlande et exerce ses fonctions depuis un cyber-café), j’échange quelques mots avec Thomas Day au sujet du Double Corps du Roi (aux Éditions Mnémos) qu’il a écrit en collaboration avec mon copain Ugo Bellagamba...
Repas. En face de moi, à table, Raymond Milési n’est qu’à moitié content du plat de rechange qui lui a été servi au lieu des haricots, légumes qu’il abhorre (qu’a-t-il eu à la place, des concombres cuits ?!).
Après le repas, Raymond prend sa guitare et nous gratifie d’un concert (chansons parodiques avec paroles de sa composition) mais certains d’entre nous ont bien du mal à en profiter en raison de la fatigue.
Retour à l’hôtel, dodo.


5. Samedi 30 août 2003

P’tit dèj’. Voiture. Flémalle.
Présentation des candidatures pour les conventions 2004 et 2005. On prend les mêmes et on recommence : la convention de 2004 sera organisée par Jérôme Baud et aura lieu à l’Isle-sur-la-Sorgue (comme en 2000, première convention à laquelle j’avais participé), la convention de 2005 sera organisée par l’équipe d’Alain le Bussy à Tilff (à nouveau en Belgique, comme en 2002, où je n’avais pu être présent pour cause de rédaction de thèse).
Conf’versation sur la « structure du conte » animée par Claude Mamier et Philippe Dulauroy, deux personnes qui décident de mener le projet assez fou de raconter et collecter des contes pendant près de trois ans (voir leur projet ici). Conférence sur les OVBI présentée par Jean Etienne. Non, je n’ai pas dit les OVNI mais bien OVBI : Objets Volants Belges Identifiés. À propos, saviez-vous pourquoi il y a tant d’OVNI recensés en Belgique ? Il paraît que c’est un des pays les plus brillants de la Terre car les autoroutes y sont éclairées... Et ce n’est pas une blague. Revenons aux OVBI. Historique et petit cours de physique sur les lifters, étranges dispositifs qui parviennent à voler à l’aide d’une haute tension. Nous assistons à une démonstration surprenante de cet engin.
Après le repas (buffet froid), débat sur « l’Histoire de la S.-F. » animé par Jean-Claude Vantroyen, Jean-Pierre Fontana et Jean-Claude Dunyach.
Je croise Sara Doke qui s’inquiète de la disparition de Gilles Dumay (qui est l’invité mystère) et d’André-François Ruaud. Ces derniers étaient à Liège à la recherche d’un distributeur de billets acceptant les cartes bancaires du type dont est pourvu le Gillou.
Autres conférences et rencontres, je ne comprends toujours rien au jeu de rôles, je m’accroche un bout de plastique vert fluo autour du poignet afin d’indiquer que je participe à la murder party. Je repère Michel Pagel qui est lui aussi affublé de ce signe distinctif mais, peine perdue, nos missions n’ont rien en commun, nous avons l’impression qu’il y a plusieurs histoires indépendantes emmêlées dans ce jeu de rôles.
André-François et Gilles sont de retour. Le débat sur « la Guerre des Étiquettes » peut débuter. Il ne sera pas animé par Catherine Dufour (qui n’est pas encore là en raison d’un problème de voiture) mais par Patrick Marcel (qui traduit aussi les propos de Brian Stableford). Le débat est très intéressant. Brian Stableford nous parle des attentes des éditeurs (« écrivez-nous la même chose, donc le même genre, parce que ça marche ! ») et des envies des auteurs ; l’idéaliste Gilles Dumay de la nécessité commerciale de présenter le genre des livres (science-fiction, fantasy avec nains de jardin, fantasy sans nains de jardin...) mais que ce qui compte, selon lui, est de publier et défendre un auteur et une œuvre, qu’importe son étiquette ; André-François Ruaud et Patrick Marcel, tous deux auteurs d’un guide respectivement sur la fantasy et le fantastique commandés par... Gilles Dumay (j’en profite pour saluer Francis Valéry, auteur du guide de lecture sur la science-fiction dans la même collection qui n’a malheureusement pu venir pour des raisons de santé... nous te souhaitons un prompt rétablissement, Francis !), évoquent les difficultés qu’ils ont eu à définir les genres (fantastique, science-fiction, fantasy) et à classer des textes dans l’un ou l’autre de ceux-ci, certains relevant de la fusion des genres...
Nous quittons ensuite la Châtaigneraie pour aller au Préhistosite, non loin de là. Et c’est dans la reconstitution d’une caverne qu’ont lieu les remises de prix, dont le prix Rosny Aîné (auteur de la Guerre du feu), prix dont s’occupe Joseph Altérac et qui est établi selon le vote des lecteurs afin de récompenser le meilleur texte francophone de science-fiction de l’année écoulée.
Roulement de tambour...
Le prix Rosny de la nouvelle de science-fiction est attribué à... Jean-Jacques Girardot pour « Gris et amer, les Voyageurs de l’Éclipse » (extrait de son recueil de nouvelles Dédales virtuels paru aux Éditions Imaginaires Sans Frontières), ex æquo avec Sylvie Lainé pour « Un signe de Setty » (dans un numéro de la revue Galaxies). Trop de bonheur : il s’agit de textes que j’avais lus et vraiment beaucoup aimés, et en plus, ce sont des copains... En recevant leur trophée (la sculpture en forme de crâne de mammouth), Sylvie et Jean-Jacques se prettent à un étonnant jeu de duettistes. Ne s’agirait-il que de la même entité implémentée dans deux corps différents ?
Prix Rosny du roman attribué à Joëlle Wintrebert (hélas absente) pour Pollen.
Prix Merlin (équivalent en fantasy de ce qu’est le Rosny pour la science-fiction) de la nouvelle attribué à Jess Kaan pour l’Affaire des Elfes Vérolés.
Prix Merlin du roman attribué à Lea Silhol pour « la Sève et le Givre » (qui, comme Joëlle, est aussi absente).
Les auteurs de fantasy se sont vus remettre de jolies planches : un crayonné pour Jess Kaan qui avait bien du mal à cacher son émotion et une peinture pour Lea Silhol.
Prix Versins (du plus mauvais jeu de mots réalisé pendant la convention) attribué à Pierre Stolze. Contexte : la convention avait pour sous-titre « Sara Jones et la Convention perdue ». Et il y eut effectivement beaucoup de problèmes pour trouver à la fois l’hôtel et le lieu de la convention, dans ce petit coin de Wallonie. Le jeu de mots de Pierre, fort à propos, fut ainsi : « Où wallons-nous ? ». Pierre s’est vu remettre un magnifique... euh... bidule... un machin avec plein d’hélices de couleurs que je me rappelle avoir déjà eu quand j’était tout petit.
Apéritif. Discussions par petits groupes : Gilles Dumay, André-François et Patrick Marcel parlent entre eux de plein de textes et d’auteurs qui me sont inconnus, Gizmo et Éric Henriet discutent d’uchronie, Sylvie et Jean-Jacques taillent la bavette avec les 42 (Ellen Herzfeld et Dominique Martel), Catherine Dufour vient d’arriver, certains s’essaient à la bière « préhistorique » faite maison (qui, une fois ouverte, se déverse follement en mousse)...
Retour à la Châtaigneraie, c’est le dîner de gala.
Sara Doke est habillée en créature angélique. D’autres vont se changer au cours du repas. Vincent, à côté de moi, dégouline de faux sang. Je devrais le regarder avec appétit, m’étant déguisé en vampire, mais c’est plutôt à la serveuse largement décolletée à qui j’ai lancé un « vous êtes à croquer, mademoiselle ! » qui retient mon attention. J’ôte mes dents de Dracula pour manger. Après la soupe aux orties et le saumon, nous avons droit à de l’agneau (argh, une gousse d’ail, on veut ma mort !) et, en dessert, un machin-truc-chose au nom imprononçable pour un non-Belge qui ressemble à une sorte de grosse poire cuite au jus.
Pendant le repas, vente aux enchères d’objets improbables animée par Georges Pierru (dans le rôle du commissaire priseur) et Jérôme Baud. Jean-Jacques Girardot s’en sort plutôt bien : cette année, son fils Alain ne l’a pas ruiné en achetant toutes les bêtises dont il avait envie.
Tout le monde (ou presque) se déguise : André-François en cadavre élégant à canotier, Michel Pagel en Mort rouge à faux, il y a aussi des men in black et des extraterrestres, des cow-boys et des indiens, des créatures monstrueuses diverses et variées (je vous invite à voir le site de Matthieu Walraet pour vous faire une idée), ceux qui ne se sont pas déguisés se retrouvent avec des masques ou casquettes ridicules.
Jean-Jacques Girardot et son fils partent se coucher. Nous convenons de l’heure de départ pour le retour à neuf heures, il ne faut pas oublier que lundi 1er septembre, c’est la rentrée pour Alain (et aussi pour moi et mes collègues enseignants). Tant pis pour le jeu « S.-F. again fascism » et le décrochage de l’exposition, et tant pour avoir si peu profité de Liège.
Jacob Durieux est aux platines mais il n’y a pas réellement de bal costumé. Le sol caillouteux de la tente ne s’y prête d’ailleurs guère et nous aidons à débarrasser les tables.
Gizmo ramène à Rocourt de bien curieux personnages : le maquillage blanc d’André-François s’en va par plaques et le faux sang n’en finit pas de couler du visage de Vincent. En se démaquillant à l’extérieur de la chambre d’hôtel, Vincent manque même de provoquer une crise cardiaque, ayant fait très peur à un touriste japonais noctambule.


6. Dimanche 31 août 2003 : le retour

Petit déjeuner en compagnie de Peter Motte (personne d’autre n’est debout si tôt). Ce traducteur néerlandophone s’est chargé de nous faire connaître des auteurs flamands durant la convention, notamment à travers la distribution d’un hors série en français de la revue littéraire trimestrielle De Tijdlijn (la Ligne de Temps).
Il est presque neuf heures, Jean-Jacques n’est toujours pas descendu à la salle à manger alors que je suis prêt à partir. Je frappe à la porte de sa chambre. Il vient à peine de sortir du lit. Bon, pendant qu’il se prépare, je regarde les dessins animés à la télévision en essayant de ne pas réveiller Vincent.
Jean-Jacques arrive enfin, et c’est parti. Le mauvais temps qui nous avait accompagné tout au long de la convention a laissé place au soleil.
Le retour nous semble long jusqu’au Luxembourg et à la France.
Nous nous arrêtons sur une aire d’autoroute pour déjeuner et je prends la relève au volant. Je conduis sur la majeure partie de l’autoroute, Jean-Jacques s’assoupit à côté de moi, Alain semble bien sage à l’arrière. Nous sommes à Saint-Étienne en fin d’après-midi.
Voilà, c’était une bien belle convention, riche en émotions, en rencontres et en prix... Encore merci aux organisateurs : Sara, Anne et Jacob. Et à l’année prochaine à l’Isle-sur-la-Sorgue !


Mardi, le 17 décembre 2002
Avinnersaire (yoijeux)
« C’est un bon jour pour mourir... », dit le vieil Indien dans Little Big Man.
Moi je dis que 30 ans, c’est un bon jour pour vivre.
Le jour de ses trente ans, mon ami Ugo, de deux semaines mon aîné, a passé son audition de maître de conférences et a obtenu son poste.
Le jour de mes trente ans, à savoir hier, j’ai soutenu ma thèse.


Dimanche 15 décembre.

Je me réveille assez tard. J’étais la veille à l’anniversaire d’un ancien amour.
Je répète mentalement ce que je dois dire lors de ma soutenance de thèse en prenant mon petit déjeuner, en me rasant, en prenant ma douche...

Fin de la matinée.
Passage éclair au Virgin situé à moins de 100 mètres de mon appartement.
Manque de bol, il est fermé et n’ouvre qu’à midi.
Je prends mon courage à deux mains et vais jusqu’à la FNAC (à au moins 300 mètres de là), je trouve ce que je recherche (comme quoi, les chercheurs trouvent quand même aussi parfois !) : le recueil de nouvelles de Jean-Jacques Girardot (pas pour moi mais pour offrir, en espérant qu’un ami charitable pensera à me faire cadeau de Dédales virtuels car j’ai tant envie de lire ce bouquin !)
Je passe le reste de la journée à répéter la présentation de ma soutenance...


Lundi 16 décembre, jour « J »

J’ai décidé de rester chez moi toute la matinée.
Nouvelle répétition mentale de la soutenance de thèse.
Qui est le premier à me souhaiter mon anniversaire ?
Le robot de NotreFamille.com !
Ouais, je ne travaille pas dans le domaine de l’intelligence artificielle pour rien...
D’autres messages électroniques de soutien arrivent sur ma boîte.
Un premier coup de fil pour me souhaiter mon anniversaire et me dire m..... : je mets un instant à réaliser qu’il s’agit de Nathalie, une amie de Lorraine.
Un second : il s’agit de ma bonne maman qui m’appelle du train.
Déjeuner léger.
Avec le stress, mon ventre fait des nœuds...
Je me fringue. Non, pas encore la cravate.

Treize heures.
Je sors de chez moi. De la pub et une enveloppe récupérées dans ma boîte aux lettres. Je lirai la lettre plus tard.
Je prends le métro et le tramway, je ne vois personne : sur le chemin je répète encore ma soutenance.

Quatorze heures moins le quart.
J’arrive au labo.
Mais où est passé mon directeur de thèse ? C’est lui qui devait me prêter son ordinateur portable...
Je cours dans tous les sens.
Bon, pas de panique, je peux emprunter celui du secrétariat du laboratoire.
Les bouteilles sont déjà au frais ? Parfait !
Mes parents arrivent. Pendant que je copie mon fichier, maman et papa s’occupent du pot (bouteilles, verres, gâteaux...).

Quinze heures.
Avec un collègue, je vais chercher le vidéoprojecteur que j’ai réservé. Manque de bol, avec le service audiovisuel, nous nous sommes mal compris : le vidéo ne passe que de la vidéo (appréciez la nuance) et non de "l’informatique".
Grrrmbl...
Une solution, peut-être : un autre vidéoprojecteur doit être rapporté.
J’attends le retour du matériel. Les minutes s’écoulent, tout comme des gouttes de sueur froides dans mon dos.
Et voici la bête !
Beau, beau, il est beau le vidéo !
J’arrive sur le lieu que j’ai réservé pour la soutenance. La salle est fermée. Je fais le tour, frappe à la porte d’un secrétariat, c’est ouvert, de gentilles dames vont ouvrir la salle de conférences où je vais officier.
Bricolage pour installer le vidéoprojecteur, les rallonges ne fonctionnent pas (un problème de triphasage), je vais en chercher d’autres, ça y est.
Bon, l’image ne s’affiche pas à l’écran. Nous cherchons la combinaison de touches adéquates. Mmmm... Ce n’est pas ça le problème. Peut-être faut-il changer le port du vidéoprojecteur ? Oui, c’est ça.
Réglages ultimes, des bouteilles d’eau sont mises à la disposition des membres du jury, ainsi que des exemplaires de ma thèse.
Des personnes arrivent dans la salle : mes parents, mon ami Ugo (venu tout exprès d’Aix pour m’écouter), mon ex-copine, des collègues, des amis, et mon directeur avec quelques membres du jury.
Bonjour, bonjour, c’est gentil d’être venu.
Des personnes proches me souhaitent aussi mon anniversaire.
Les derniers membres du jury arrivent, il est un peu plus de 16 heures, le président du jury me laisse la parole.

Go!
Je me fais peur : le démarrage est un peu chaotique, ma langue s’accroche sur quelques mots. Mais je me rattrape. J’ai un débit de paroles plus rapide qu’à l’ordinaire, ma présentation coule, les transparents défilent, je présente mes travaux et l’auditoire est attentif. Un coup d’œil sur la montre, il faut que je me dépêche, j’augmente encore un peu le débit mais tout va bien, j’arrive à ma dernière diapositive, la numéro trente-trois (clin d’œil à la parole classique du docteur : « Dites 33 ! ») et je termine ma présentation entre 40 et 45 minutes, c’est-à-dire le temps qui m’était accordé.
Parfait.
Questions du jury.
Les rapporteurs et examinateurs me félicitent pour la qualité de mon travail (« Merci ! ») et me posent certaines questions.
Mes réponses semblent les satisfaire.
Mes directeur et co-directeur louent mes qualités scientifiques et humaines, ma maman verse une larme.
La dernière question du président du jury, je suis heureux de voir que les personnes se sont vraiment intéressées à mon travail.

Délibération.
Papa prend quelques photos sur son appareil numérique.
Je débranche le matériel.

Le jury arrive, le président prend la parole, ça y est, je suis docteur, les félicitations ne sont plus données (pour éviter les différences de politiques entre les établissements nationaux), sinon je les aurais eues (c’est ce que dit mon président de jury).
Joie.

Pot de thèse.
Tout est beau, tout est bien. Les amis avec qui je fais du roller arrivent. Il y a moins de Gangsters que prévu mais je suis heureux, les bouteilles et les plats se vident, je parle avec les uns et les autres, la tension accumulée ces derniers jours se relâche petit à petit.
Les gens s’en vont progressivement.
Gizmo de la Gang vient chercher Ugo. Il emportera aussi quelques restes.

Vingt heures.
J’abandonne collègues, famille et amis pour retrouver les membres du jury dans un bon restaurant situé sur la Croix-Rousse.
J’imaginais ne plus avoir faim mais la soupe de bulots tiède aux crevettes, le cabillaud et sa salade d’algues ainsi que le gâteau à la nougatine m’ouvrent de nouvelles perspectives sur les capacités de mon estomac.
Comblé.

Minuit et quelques.
J’arrive chez moi.
Mes parents sont déjà couchés.
Un message en anglais sur mon répondeur. Marina, une amie grecque, me souhaite mon anniversaire...


Mardi 17 décembre.

Réveil matinal.
J’essaie sans succès de copier les photos prises par l’appareil numérique de mon père sur mon vieil ordinateur portable. Foutu port USB !
Métro, nous arrivons à la gare de la Part-Dieu. J’en profite pour acheter un billet.
Ça y est, ils sont partis et fiers de leur fiston.
Je vais chez André et Olivier récupérer Ugo.
André est déjà parti travailler, je fais la connaissance de Guillaume.
Ugo et moi nous rendons tranquillement au centre commercial de la Part-Dieu pour papoter, faire un coucou à André, prendre un petit déjeuner chez Paul, essayer de trouver des idées de cadeau pour Noël, faire un tour devant la bibliothèque municipale...
Puis l’heure à laquelle Ugo doit prendre son train arrive, il retourne dans son sud natal, je retourne dans mon labo...
Au boulot 


Lundi, le 9 décembre 2002
Ah, ville magique !
Hier après-midi, je suis allé voir mes amis Gangsters.
Trop peu de temps car j’ai dû rentrer bien vite pour terminer la présentation de ma soutenance de thèse.
Je ne connais pas bien le quartier de Saint-Just, sur la colline de Fourvière, et je me suis trompé de rue à un moment donné, loupé la station de métro. Enfin, de funiculaire. La "ficelle", comme on l’appelle ici.
Je suis donc rentré chez moi à pied.
Pas compliqué, il suffit de descendre. Et ça descend sec.
Après avoir traversé la Saône, je me retrouve au niveau de la gare de Perrache et je plonge sans le vouloir dans la féerie de la Fête des Lumières.
Place Carnot, le marché de Noël.
Un monde fou.
J’évite : quand on a connu les marchés de Noël alsaciens, les autres sont bien ternes en comparaison.
Rue Victor Hugo. Une rue piétonne. Des gens de partout. Odeurs de marrons grillés.
Place Bellecour. Odeurs de tartiflette.
Je poursuis jusqu’au Théâtre des Célestins.
Théâtre en flammes ?
Non, c’est beau, c’est de la magie.
Je me force un chemin jusqu’à la Place des Jacobins.
La fontaine des Jacobins a retrouvé ses couleurs.
J’arrive chez moi. J’allume trois bougies à mes fenêtres. La tradition...
Au bout d’une demi-heure de travail, je regarde par la fenêtre.
Les bougies ont été soufflées au premier coup de vent.
Je les rallume.
Quelques heures plus tard, épuisé, je vais me coucher.
Ce matin, je tire les rideaux.
Les trois bougies sont allumées. Elles ont brillé toute la nuit.
C’est la magie de la Fête des Lumières.


Mardi, le 3 décembre 2002
A vision of the future
Samedi soir, je suis allé à la nuit de la science-fiction d’Oullins (dans le sud de Lyon). Très intéressant.
Tout d’abord, un documentaire intitulé Robot Sapiens avec des interviews de chercheurs d’équipes toulousaine et parisienne ainsi que d’un Gérard Klein en pleine forme (non, pas l’instit’, Klein, c’est l’auteur de S.-F. et directeur de la collection Ailleurs et Demain, chez Robert Laffont).
Surprise, Gérard Klein profère des propos virulents à l’encontre de l’intelligence artificielle, la considérant, grosso modo, comme une escroquerie intellectuelle.
Après le documentaire, Klein, présent dans la salle, confirme ses propos, proposant de se référer à sa préface d’Excession de Iain M. Banks et se lance dans le jeu des questions-réponses...
Une intervention venue du milieu de la salle. Un jeune homme prend le micro et se présente en tant que chercheur en intelligence artificielle (Klein avec un sourire : « Ah, il fallait bien que ça arrive ! ») et comme amateur de science-fiction (Klein : « Merci ! ») et auteur à ses rares moments de temps libre. Le chercheur tient à préciser que ce dont Gérard Klein parle, et dont le documentaire a fait état, était de robotique et de vie artificielle et non réellement d’intelligence artificielle. Il indique aussi que des travaux en intelligence artificielle ont produit des réalisations concrètes... En réponse, Klein poursuit sur ses critiques de l’intelligence artificielle "forte", parlant des positions défendues par des chercheurs hyper-médiatisés tels que Hugo de Garis (auteur d’une interview parue dans le Monde, le 9 novembre 1999).
Le chercheur en IA répond à Klein que de Garis n’est pas un chercheur considéré par ses pairs mais qu’il s’agit de quelqu’un de complètement allumé...
Finalement, Klein et le chercheur tombent plus ou moins d’accord sur les limites de l’intelligence artificielle dans sa version forte et conçoient que le terme "intelligence artificielle" est sans doute assez malheureux.
Ah oui, j’ai oublié de préciser, le chercheur en IA, c’était moi...

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