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Mercredi, le 31 janvier 2024
Gyros et salade grecque
Je suis de ceux qui ont grandi avec la série télévisée d’animation franco-japonaise Ulysse 31. Un dessin animé mélangeant mythologie grecque avec de la science-fiction, quelle idée géniale ! Arrivé au collège, je connaissais par cœur le Panthéon grec et un de mes rêves était d’aller un jour à Athènes voir « en vrai » l’un des berceaux de notre civilisation, fasciné par l’héritage que les Grecs antiques nous avaient laissé dans la langue, la philosophie, la politique, la sculpture, le théâtre, l’architecture...
En 2002, inspiré par mes amis de la Gang de Lyon que je retrouvais chaque semaine à un kébab du quartier du Tonkin, je débutais ce blog, j’écrivais ma première nouvelle de fiction qui allait être publiée dans un support professionnel et je terminais mes études en soutenant une thèse de doctorat. Mon travail de recherche n’avait pas grand chose à voir avec mon amour pour l’Antiquité, mais j’avais quand même réussi à glisser dans ma conclusion la citation « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » en lettres grecques qui, selon la légende, ornait le fronton de l’Académie de Platon.
En 2002 sortait aussi l’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, réalisateur que je ne connaissais pas bien. J’avais loupé le Péril jeune, qui évoquait les années de lycée à une période où je portais encore des couches, au début des années 1970. Mais dans l’Auberge espagnole, j’avais retrouvé un peu de moi : des études effectuées à l’étranger apportant leur lot de rencontres qui allaient marquer toute la vie, une dernière année à l’université avant d’entrer dans le monde professionnel, et j’avais en plus à peu près le même âge que Romain Duris qui incarnait le personnage principal.
En 2005, l’Auberge espagnole connut une suite : les Poupées russes. Dans ce deuxième volet, Cédric Klapisch s’attachait à dépeindre les problèmes professionnels et personnels de ses personnages. Cette année-là, je mélangeais encore mes deux identités, celle de l’enseignant-chercheur (qui ne m’apportait pas beaucoup de satisfaction, vivant une sorte de creux dans mon activité de recherche) et celle de l’auteur, critique et plasticien, avec un article sur le genre steampunk présenté sous mon pseudonyme au colloque La Science-Fiction dans l’Histoire, l’Histoire dans la Science-Fiction de Nice, une exposition de mes sculptures, un projet de nouvelle et la réécriture de mon roman. Au niveau sentimental, je vivais une histoire que je croyais être plus sérieuse que celles vécues jusque-là, mais qui s’achèvera brutalement dans les premiers jours de 2006.
La trilogie de Klapisch s’est poursuivie avec, en 2013, la sortie de Casse-Tête chinois. Les personnages avaient désormais la quarantaine, avec des enfants ou des désirs d’enfants, et la vie devenait ce fameux casse-tête avec les compromis à trouver entre la vie amoureuse, la vie professionnelle et la vie familiale avec l’arrivée des responsabilités parentales. À cette époque, j’étais devenu un jeune papa, mon activité professionnelle de chercheur connaissait un nouveau souffle mais mon activité d’auteur ou de sculpteur s’éteignait peu à peu...
À la mi-avril 2023, c’est sous forme de série télévisée que nous pouvons suivre la suite de cette trilogie. Cette fois-ci, Klapisch suit les aventures à Athènes des enfants des personnages qu’il nous avait fait découvrir dans ses trois films. Mes enfants sont encore trop jeunes pour partir étudier à l’étranger, ils ont l’âge que j’avais quand je regardais Ulysse 31, mais la grande, collégienne, a malgré tout déjà des projets en ce sens... Cette série résonne encore fort en moi : un peu de nostalgie, et le regard porté sur l’avenir qui retourne au passé, en se disant que l’on a sans doute davantage vécu d’années qu’il n’en reste encore à vivre. Et puis, ma première grande conférence en présentiel post-confinement avait eu lieu justement à Athènes, en juin 2022, non loin de l’Acropole. Une musique revient sans cesse dans ma tête, la chanson « O Pio Kalos Tragoudistis » :
Γεια σου, γεια σου
ποιος σου έκλεψε ας ξέραμε τη χαρά σου...

Klapisch a appelé sa série Salade grecque. Je lui aurai plutôt donné comme titre Gyros, le fameux « sandwich grec », l’équivalent du chawarma arabe ou du döner kebab turc, et qui désigne la rotation de la broche de viande qui se fait rôtir. Dans l’Auberge espagnole, des étudiants vivaient un bouillonnement d’expériences, et dans Salade grecque, les expériences sont vécues par leurs enfants... La boucle est bouclée, c’est-à-dire un cercle, qui se dit en grec : γύρος, gyros.


Mercredi, le 28 décembre 2016
Car... de 2016 à 1983, 1984
En tapant les premières lettres de « Carrie Fisher », le moteur de recherche m’a proposé « Careless Whisper » de George Michael...
Macabre clin d’œil du destin.
La princesse Leia vient de rejoindre les étoiles peu après le départ de celui qui fut l’incarnation du séducteur à la super-classe de mon adolescence.
La période entre Noël et Nouvel An est toujours pleine de nostalgie et m’anime d’un mélange de sentiments excessifs et contradictoires, les retrouvailles familiales avec les différentes générations faisant écho aux différents âges de ma vie. Mais cette année, ça fait beaucoup.
Je me rappelle que pour mes dix ans, ma mère m’avait accompagné au train se rendant à la ville. Alors qu’elle allait faire des courses avant Noël, j’allais —  pour la première fois ! — voir un film tout seul au cinéma. Sur le quai de la gare, j’avais rencontré une fille de mon club de judo qui, âgée d’un an de plus, était déjà au collège. Avec des copines, elle se rendait également au cinéma.
« Tu vas aussi voir E.T. ? » avais-je demandé avec candeur.
« Euh, non. On va voir La Boum ! »
À ce moment-là, j’avais compris que même si je me sentais grand d’avoir un âge à deux chiffres, j’étais encore un petit garçon par rapport aux centres d’intérêt de ces fraîches adolescentes...
Ma chambre comportait des photos de fusées, de satellites et des dessins d’artistes du projet de la navette spatiale européenne Hermès. Ce n’est que plus tard que j’ai punaisé un poster de George Michael dans ma chambre, essayant de copier l’allure et la coiffure du chanteur britannique, mes cheveux naturellement blonds n’ayant pas besoin d’être décolorés ; je ne savais pas encore que, chez cet artiste, la séduction auprès de la gent féminine était aussi factice que sa couleur de cheveux... Combien de slows ai-je dansés sur la musique de Careless Whisper et de son troublant solo de saxophone, tombant souvent amoureux de mes cavalières, ou sur les accords de guitare de Purple Rain de Prince ? Les années 1983 et 1984 virent aussi la sortie du Retour du Jedi dans les salles. Et de Let’s Dance de David Bowie dans les bacs. Et d’Hallelujah de Leonard Cohen sur son album Various Positions.
Durant cette année 2016, vilaine Faucheuse, tu n’as vraiment pas chômé. Puisses-tu te calmer un peu pour 2017...


Lundi, le 14 novembre 2016
Violence de la nature sauvage
J’aurais voulu exprimer ma tristesse de voir disparaître Leonard Cohen ou à quel point j’étais navré du résultat des élections aux États-Unis.
Mais un autre événement s’est produit ce samedi qui m’a touché de manière aussi bien physique qu’émotionnelle.
Durant le week-end prolongé qui vient de s’achever, samedi était le seul jour annoncé par les services de météo comme étant beau, c’est ainsi qu’avec la petite famille nous avions décidé de faire une balade à l’air pur dans les proches alentours de Lyon.
Alors que nous étions encore dans la commune de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, nous engageant dans un chemin de terre bordé d’habitations qui montait jusqu’à un bosquet, nous avons entendu un coup de feu.
J’avais mon fils de 21 mois dans les bras car la montée était un peu rude pour lui, mon épouse tenait notre fille de quatre ans par la main, et nous avons échangé un regard interrogateur.
Nous nous sommes arrêtés un instant afin que j’installe le petit bonhomme dans le porte-bébé de randonnée que je porte sur le dos, quand un bruissement de feuilles s’est fait entendre.
Et là, tout s’est passé très vite. Ma fille s’est mise à hurler. J’ai cru qu’elle avait pris peur en voyant un chien, mais c’est un sanglier qui a déboulé de la forêt. L’animal nous a contournés à toute allure mais il s’est soudain arrêté, découvrant qu’il débouchait sur des habitations, un terrain non familier.
Se sentant pris au piège, il a alors fait demi-tour, et j’ai craint pour la sécurité des enfants et de ma femme. Celle-ci s’est baissée pour les protéger et moi, j’ai crié pour lui faire peur.
Le sanglier m’a chargé et s’est échappé par un jardin.
Nous avons demandé de l’aide à la première personne croisée dans ces habitations qui m’a prodigué les premiers soins et qui, coup de chance, était médecin généraliste. Mon épouse s’est chargée de rassurer les enfants qui, après les cris et les pleurs, se sont mis à jouer avec ceux du médecin pendant que je me faisais soigner.
Nous avons ensuite vu un chasseur qui était à la poursuite du sanglier et qui, tenant une feuille ensanglantée, indiquait avoir touché la bête.
Nous avons rebroussé chemin et sommes rentrés à Lyon, non sans avoir au préalable alerté la mairie du danger.
J’ai passé le reste de la journée aux urgences et j’en suis ressorti avec quelques points de suture à la jambe.
Les enfants sont encore traumatisés. La grande ne voulait plus dormir seule dans son lit, craignant de voir débarquer un sanglier dans son sommeil. Mon gamin dit « peur, peur ! » et montre ma jambe en disant « Papa, bobo ! »
J’ai fait des cauchemars dans lesquels nous étions poursuivis par un sanglier qui, dans l’imaginaire des rêves, avait plutôt pris la forme d’un rhinocéros.
De cette surprenant et violente rencontre, je me demande encore si, entre les deux, l’animal sauvage affolé de quelques centaines de kilos était plus à craindre que le chasseur...
Conséquence physique de ma rencontre avec le sanglier




Mardi, le 12 janvier 2016
C’est une nouvelle année
Tous mes vœux à vous pour cette nouvelle année !
En guise de résolution, après une longue absence occasionnée par le fait de m’occuper de ma petite famille et de mes activités professionnelles, je compte faire aboutir des textes qui ont dormi trop longtemps dans le disque dur de mon ordinateur. Je viens en effet de terminer l’un des romans que l’on m’a offerts pour Noël et dont une citation m’a particulièrement marqué :
« Savez-vous que les histoires sont comme le bon vin, il faut les laisser reposer pendant des années, les laisser décanter avant de les écrire. Mais attention de ne pas attendre trop longtemps sinon le vin passe. Les histoires tournent au vinaigre. Je détiens dans ma cave de vieilles bouteilles d’années exceptionnelles, que je n’ouvrirai malheureusement jamais. », Xavier Durringer, Sfumato, Le Passage, 2015.



Dimanche, le 29 novembre 2015
Just married!
Deux mille quinze, qui s’achèvera dans un mois, ne sera pas une « année horrible ».
Cette année aura certes eu son lot de malheurs, de disparitions liées à la maladie, à des accidents et évidemment à la folie meurtrière de fanatiques, mais 2015 ne sera pas que cela.
Même si le début de l’année 2015 correspond, dans la plupart des esprits, aux attentats de Charlie Hebdo, je veux m’en souvenir aussi comme étant la période de la naissance de mon fils.
Et ce mois de novembre 2015, ce ne sont pas que les attentats de Paris, ce sera aussi celui de mon mariage avec Delphine, la femme de ma vie, la merveilleuse mère de mes enfants.
Oui, oui, grande nouvelle : je me suis marié hier, samedi 28 novembre, à Lyon...
Love and the Rings

Pour l’occasion, l’ami auteur et musicien Francis Valéry — qui s’est lancé dans une nouvelle aventure de crowdfunding pour financer son projet de roman de SF accompagné de sa « bande son » —, nous a écrit tout spécialement une musique que nous avons eu le plaisir d’écouter lors du déjeuner qui a suivi la cérémonie.

Francis décrit ce morceau comme étant une petite pièce électro-acoustique à six lignes mélodiques (violoncelle, alto, flûte japonaise, orgue Hammond, piano et guitare acoustique), avec un chœur de quatre récitants « aliens » et des enregistrements de nature...
Ça, c’est un cadeau vraiment formidable ! Merci Francis !


Vendredi, le 10 août 2012
En souvenir d’un auteur de SFF mutant
Dimanche dernier, Roland C. Wagner nous quittait. Je pensais ne reprendre ce blogue que pour annoncer une naissance, et c’est finalement pour parler d’une disparition que je reviens ici...
Roland est le tout premier auteur de science-fiction que j’aie rencontré. C’était en 1998, j’étais alors étudiant dans la capitale, et je découvrais la faune curieuse du fandom SF lors d’un événement parisien (le festival Visions du Futur ? les Rencontres du Club Présence d’Esprit ?) au cours duquel Laurent Kloetzer (*) se voyait remettre le prix Julia-Verlanger. Une amie m’avait fait venir à cette manifestation et me présentait à tout un tas de gens en tant que « Fabrice », un jeune auteur qui devait sortir un roman dans la collection Abysses aux Éditions du Masque, et nous n’imaginions pas que cette collection s’arrêterait peu de temps après sans avoir eu le temps de me publier. Détail amusant, les personnes rencontrées me prenaient souvent pour Fabrice Colin (*) car nous avons le même âge en plus du même prénom. C’est donc là que j’ai croisé Laurent Genefort dont j’avais lu les Chasseurs de sève ainsi que Roland C. Wagner dont je n’avais encore rien lu.
En 1999, je quittais Paris pour Lyon. J’ai fait la connaissance d’André-François Ruaud (*) et j’ai été adopté par la Gang. Les années du tournant du siècle et du millénaire ont été extraordinairement riches en rencontres et en découvertes, j’ai connu de nouveaux auteurs, de nouveaux textes, j’ai beaucoup lu, j’ai écrit des nouvelles, j’ai repris mon roman non publié, j’ai débuté ce blogue, j’ai commencé à faire de la cuisine... C’est ainsi que, avec mes amis, je suis allé à quelques conventions de science-fiction, celles de l’Isle-sur-la-Sorgue en 2000, de Saint-Denis en 2001, de Tilff-Esneux en 2002, d’Entraigues-sur-la-Sorgue en 2004, et plus récemment celle de Nyons en 2008. Lors de la plupart de ces rendez-vous, j’ai pu rencontrer Roland et échanger avec lui quelques mots. Je me rappelle avoir eu l’occasion de lui parler d’intelligence artificielle, domaine informatique qui est ma spécialité, et qu’il appelait « ayas » dans sa série des Futurs Mystères de Paris et qu’il représentait sous l’une des plus formes les plus déjantées de la littérature SF. Lors d’un passage à Lyon avec sa compagne Sylvie Denis en 2003, il avait même mangé de mon gâteau à l’ananas et récupéré mon nez de clown fétiche...
Entre temps, j’avais lu pas mal de ses textes, dont le recueil de nouvelles Musique de l’énergie, les premiers tomes des Futurs Mystères de Paris et plus récemment la version hardcover de Poupée aux yeux morts publiée par les moutons électriques... J’ai toujours passé des moments de lecture agréable, j’ai souvent beaucoup ri, mais j’étais toujours un peu frustré de ne pas trouver dans l’œuvre de Roland un sentiment d’intérêt aussi important que la sympathie que j’éprouvais pour ce bonhomme si attachant. Et cela était vrai jusqu’à... la semaine dernière. Le mois dernier, j’ai emprunté à mon beau-frère – grand amateur de SF – le roman uchronique Rêves de gloire. J’en avais entendu beaucoup de bien, j’avais entendu Roland parler de son roman à l’émission « Mauvais genres » de France Culture. Bref, j’ai attendu avec impatience que mon emploi du temps me permette de commencer la lecture même si le sujet ne semblait pas m’intéresser vraiment a priori (la Guerre d’Algérie et de ses conséquences). Et j’ai dévoré ce pavé de près de 700 pages. À la fin juillet, alors qu’il ne me restait plus qu’une petite moitié du livre à lire, André-François était venu me donner un coup de main pour monter le lit de mon futur bébé. Tout en bricolant, nous avions évoqué ce roman où Roland mettait vraiment toutes ses tripes, ses passions, ses blessures, tous ses fantasmes... ce qui en faisait un roman décoiffant pour le lecteur, et expliquait aussi le fait qu’il rafle la plupart des prix littéraires en SFF.
Et dimanche matin, j’avais terminé Rêves de gloire, j’en parlais avec enthousiasme au téléphone à mon beau-frère qui avait éprouvé des difficultés à se plonger dans l’univers uchronique et que les nombreux narrateurs et le contexte algérien trop mal connu de nous avaient un peu rebuté. En raccrochant, j’étais content d’avoir pu le convaincre de reprendre la lecture du roman.
Comment imaginer que, quelques heures plus tard, Roland décéderait dans un accident de voiture ?

En 2000, à la convention SF de l’Isle-sur-la-Sorgue



En 2001, à la convention SF de Saint-Denis



En 2002, à la convention SF de Tilff



En 2002, toujours à Tilff, Roland rappelant notre discussion sur les AI/IA (ou ayas)



En 2003, à Lyon, chez Markus Leicht, Roland évoquait mon nez de clown fétiche

Au revoir, Roland.
Merci pour tes textes, merci pour ton humour, ta joie de vivre et les idées que tu nous auras fait partager.
Mes plus sincères condoléances à Sylvie et à ta famille.




Dimanche, le 26 décembre 2010
Choix de vie
À quelques jours de la nouvelle année, c’est classiquement l’heure des bilans. C’est le moment de prendre un instant pour s’interroger sur certains choix de vie, des choix que l’on peut faire à tout âge...
Ainsi, hier, ma nièce de cinq ans a reçu comme cadeaux — parce que c’est ce qu’elle a commandé au père Noël ! — le jet privé de Barbie (celui avec coin salon, coin cuisine et qui se transforme même en destination paradisiaque) et un ensemble avec une table et un fer à repasser (qui fait même de la vapeur). Toute petite, elle semble donc déjà hésiter entre une existence dans l’hyperluxe et un quotidien plus ordinaire avec des tâches ménagères.
Comme quoi, même si Sigmund Freud a fait bien des conneries (merci Michel pour l’avoir rappelé !), voilà un élément qui illustre bien la théorie psychanalytique de l’opposition entre le principe de plaisir et le principe de réalité...



Samedi, le 1er mai 2010
Le prix de la fin du monde
J’ai un petit frère qui vit au Canada, dans la partie anglophone, et j’ai voulu lui envoyer un cadeau il y a quelques jours à l’occasion de son anniversaire. J’ai eu du bol car je m’y suis pris en avance et j’ai ainsi évité de pas grand chose de voir mon colis bloqué en raison de l’interruption du trafic aérien (le volcan en Islande, vous vous rappelez ?) Cependant, mon frère a eu la mauvaise surprise de découvrir qu’il devait aux livreurs une quinzaine de dollars de frais de taxe et de douane pour pouvoir récupérer son présent, alors que j’avais bien pris à mes frais tout ce qui concernait le transport.
Petite explication : je souhaitais offrir quelque chose représentant de la culture française. Tout d’abord, de la littérature. J’ai donc pensé à Big Fan, l’excellent roman de Fabrice Colin. Outre le fait que je connaisse un petit peu l’auteur, que j’avais recueilli son témoignage sur la co-écriture pour un article dans le tome 2 de la revue Fiction et que l’on m’ait pris pour lui à un rendez-vous parisien sur les littératures de l’imaginaire il y a une dizaine d’années (nous partageons le même prénom et la même année de naissance), Big Fan est vraiment un bel ovni littéraire, parlant de musique, et plus particulièrement du groupe Radiohead (en plus, mon petit frère reprend Creep et My Iron Lung avec son groupe de rock dans les bars de Toronto) et de la plongée dans la folie d’un fan ultime. La seconde partie de mon cadeau concernait un autre aspect de la culture de notre beau pays, à savoir la cuisine, et donc je lui ai fait parvenir un kit de cuisine moléculaire (le même que je me suis acheté et dont je me suis servi dans la préparation du plat dont je parle dans mon billet précédent).
De ce fait, un livre sous-titré « Radiohead, la fin du monde et moi » et un kit de cuisine ressemblant davantage à une boîte du petit chimiste avaient de quoi rendre les douaniers quelque peu méfiants...


Lundi, le 12 avril 2010
Quand la grève a du bon
Mardi dernier, je devais rentrer de mon long week-end de Pâques passé dans ma région natale auprès de ma famille. En train. Coup de chance, la grève SNCF ne devait démarrer que le soir. Cependant, j’avais une réunion de travail en région parisienne prévue le lendemain et, en raison des événements, celle-ci avait dû être reportée, mon TGV ayant été annulé.
Mon retour d’Alsace fut malgré tout pour le moins... épique.
Arrivé à Mulhouse, notre train resta bloqué un certain temps. Nous avions eu droit à un « retard pour une durée indéterminée » de fort mauvais augure qui devint « entre une et deux heures » et on nous distribua des paniers repas (mais la plupart des autres voyageurs étaient déjà allés s’acheter sandwichs et boissons). Au bout de deux heures, notre train parti à allure réduite, patienta encore un bon bout de temps à Belfort, circulation au ralenti sur une seule voie jusqu’à Montbéliard, puis le train changea de direction en passant par la Bourgogne avant de rejoindre Lyon. La raison de ce retard est expliquée ici : un train de marchandises transportant des voitures avait pris feu. La faute à pas de chance.
Arrivé à Lyon, j’étais heureux de ne pas avoir de correspondance (elles étaient assurées par la SNCF en taxi, ou un hébergement sur place était prévu), néanmoins ce train n’était pas passé par Lyon Part-Dieu avant le terminus à Lyon Perrache, et après 1 heure du matin (au lieu de 22 heures la veille), il n’y avait plus de transport pour rentrer dans le 6ème arrondissement (les taxis ayant été pris d’assaut par des petites vieilles). J’eus donc droit à une bonne balade de trois quarts d’heure à pied pour rentrer chez moi en traversant Lyon by night avec ma valise à roulettes. Pas désagréable finalement : l’air était doux, les rues piétonnes presque désertes (j’ai simplement croisé quelques noctambules avinés qui n’étaient pas bien méchants), et la cité est toujours aussi merveilleusement mis en valeur par les jeux de lumière.
En plongeant dans le sommeil, vers 3 heures, j’eus une dernière pensée pour la SNCF : je me réjouissais de cette grève qui avait provoqué le report de ma réunion francilienne, sans quoi j’aurais dû prendre un TGV avant 7 heures du matin, ce qui ne m’aurait guère laissé de temps pour dormir...


Dimanche, le 26 avril 2009
Lyon, samedi après-midi
t0 : Je ferme la porte de mon appartement.
t0+ 2 minutes : Je suis arrivé en bas de l’immeuble après avoir dévalé les marches des 5 étages.
t0+ 5 minutes : Je manque de me fouler la cheville à cause d’un renflement dans le trottoir que je n’avais pas vu.
t0+ 7 minutes : Sur la route, une voiture klaxonne. C’est une grosse décapotable. À son bord, des jeunes portent un drapeau algérien.
t0+ 15 minutes : J’arrive au Pont Lafayette.
t0+ 17 minutes : J’entre dans la Presqu’Île, je plonge dans la foule et m’y noie avec bonheur. Le rythme de mon pas diminue notablement pour prendre celui du flot grouillant des humains.
t0+ 18 minutes : Je marche sur le pavé rouge figurant le lieu où a été tué le Président Carnot. Curieux : avant de partir, j’avais visionné JFK d’Oliver Stone. Mais bon, Lyon n’est pas Dallas.
t0+ 19 minutes : Plusieurs personnes font la queue pour avoir une glace. Sensations estivales.
t0+ 22 minutes : Devant l’Opéra, une manifestation pro-Tibet.
t0+ 23 minutes : Place des Terreaux. Des touristes prennent l’Hôtel de Ville, le musée, la place et la fontaine en photo. C’est vrai que Lyon est une belle cité.
t0+ 28 minutes : J’entre dans Temps-Livres et recherche l’ami Marcus Leicht. Pas de chance, il n’est pas là. Je sors de la librairie aux airs de Caverne d’Ali Baba pour fan de bouquins d’occasion.
t0+ 32 minutes : Je passe devant l’église Saint-Nizier, ma favorite.
t0+ 34 minutes : Je prends un pont pour traverser la Saône.
t0+ 36 minutes : Je dépasse une femme habillée dans un curieux costume folklorique. Je m’interroge.
t0+ 39 minutes : Vieux Lyon. Place du Change. Tout un ensemble d’animations médiévales, avec habits, jeux et musiques d’époque. L’énigme de la femme en costume n’a duré que 3 minutes.
t0+ 40 minutes : Dans la rue Saint-Jean, je croise un bourreau. Rien ne m’étonne.
t0+ 41 minutes : Je m’engage dans une petite rue pour fuir l’amas de touristes. J’arrive devant la mairie où s’est marié le plus jeune de mes frères. Heureux souvenirs.
t0+ 42 minutes : Je quitte la rue du Bœuf et prends la montée de la colline de Fourvière.
t0+ 46 minutes : Je dépasse l’auberge de jeunesse. Tout un ensemble de... jeunes – justement – s’y rendent en traînant des valises sur roulettes.
t0+ 50 minutes : Je passe à côté des théâtres gallo-romains. Plus de 2000 ans d’histoire.
t0+ 56 minutes : J’arrive à côté de la Basilique Notre-Dame. Vision panoramique. La Tour Part-Dieu domine encore la ville, mais sa petite sœur, la Tour Oxygène émerge bien parmi les autres immeubles. En 2013, un autre projet immobilier devrait dépasser le « Crayon ». Peut-être la fin d’un symbole.


Jeudi, le 8 janvier 2009
Article supprimé
(...)


Vendredi, le 19 décembre 2008
Article supprimé
(...)


Lundi, le 20 octobre 2008
Article supprimé
(...)


Samedi, le 5 juillet 2008
L’heureux tour / le retour
Ça y est, c’est officiel : fin août, au retour de Nyons où se déroulera la convention nationale de science-fiction, je devrai quitter mon appartement de Saint-Étienne. Une page sera tournée. Ou plutôt qu’une page, il s’agit d’une boucle qui sera à nouveau bouclée, de l’accomplissement d’un demi-tour permettant de faire tour complet... et donc, d’un « retour ».
Grâce aux archives de ce blogue, je découvre qu’il s’agit d’une drôle de réponse à la vie que j’avais vécue il y a presque cinq ans de cela...
Je ne suis pas vraiment triste, oh non, car si je quitte – sans vraiment la quitter – cette préfecture de la Loire où je vais continuer à aller régulièrement pour mon travail, c’est pour pouvoir vivre avec la femme de ma vie dans un appartement (encore à trouver) situé dans l’un des arrondissements de la préfecture du Rhône.
Lyon est une ville que j’adore, qui m’est chère pour de multiples raisons, la ville dans laquelle j’avais déjà vécu à deux occasions, la première fois pour débuter la partie la plus intéressante de mes études, loin de mes parents, et la seconde pour y préparer et soutenir une thèse de doctorat. Six ans de ma vie.
Lyon, où je me trouvais encore il y a deux jours, à l’occasion du bref passage de ma belle-sœur, elle que je ne vois plus guère puisque, avec mon frère, ils se sont installés au Canada.
métro Guillotière, à Lyon
Ma vie va donc prendre un nouveau tour, un heureux tour, avec sans doute moins de temps pour faire de la sculpture, mais beaucoup plus à passer dans les transports en commun, ce qui va me donner l’occasion de pouvoir reprendre l’écriture, moi qui — inspiré par ma belle — porte depuis quelque temps l’envie de coucher sur papier des nouveaux textes de fiction.
Alors, hier, j’ai pris quelques heures pour terminer la sculpture en argile qui traînait depuis trop longtemps, elle a besoin de l’été pour sécher afin de pouvoir être cuite avant le déménagement.


Dimanche, le 6 avril 2008
Superstar sister
Mon plus jeune frère, installé dans la partie anglophone du Canada depuis quelques mois, a de quoi être fier : son épouse, chercheuse, vient de voir sa renommée internationale boostée par la parution d’un article signé de sa main dans l’une des plus grandes (si ce n’est « la » plus grande des) revues scientifiques au monde.
Les chaînes de télévision canadiennes ont donc interviewé ma belle-sœur, et mon petit frère, armé de son caméscope, a filmé la télévision au moment où son épouse passait à la télé. Les vidéos numériques, il les a mises en place sur Internet de manière à ce que toute la famille puisse y accéder...
À sa plus grande surprise, il n’y a eu que moi à aller le site, voir ses vidéos et féliciter sa femme.
Explication : le reste de la famille, ne parlant pas anglais, n’avait rien compris à l’interface permettant de télécharger les vidéos, et quand bien même certains membres de la famille y étaient parvenus, ils ne comprenaient rien aux propos de l’épouse de mon frère et aux retombées de ses découvertes.
Ben ouais : sic transit gloria mundi, la gloire du monde ne passe pas à travers le temps, à travers l’espace, à travers l’océan et à travers la barrière linguistique.


Lundi, le 3 mars 2008
C’est gagné !
Tee-shirt réalisé durant le week-end :
t-shirt Dora l’exploratrice et Solène

Destiné à ma filleule, il la représente en compagnie de son héroïne...


Dimanche, le 6 janvier 2008
Qui veut voyager loin...
...ménage sa voiture.
Si je fais le calcul, j’ai autant roulé durant l’année 2008, au soir du premier janvier, que durant les deux années 2006 et 2007 réunies. Oui, c’est clair, je ne conduis pour ainsi dire plus : je suis un citadin adepte des transports en commun, du train et occasionnellement de l’avion (tant que les tunnels sous la mer Méditerranée ou l’océan Atlantique ne seront pas construits).
D’ailleurs, ce 1er janvier que j’avais passé auprès de mes parents (pour lesquels j’avais servi de chauffeur), oncles, tantes et cousins, nous avons beaucoup parlé des nouvelles lois (ainsi, même une tante, invétérée fumeuse jusqu’alors, avait décidé de laisser tomber la sucette à cancer tant il y avait de contraintes à essayer d’en griller une), des radars et du permis à points. À un moment, j’avais fait remarquer la curieuse évolution des choses : « Lorsque nous étions petits, nous recevions des bons points, et quand nous avions assez de bons points, nous obtenions une image. Aujourd’hui, avec les radars, l’image, nous l’obtenons tout de suite, et après on nous retire nos bons points du permis. »


Mardi, le 1er janvier 2008
Puisqu’une image...
...vaut mieux qu’un long discours :
Bonne année 2008, et meilleurs voeux !


Mercredi, le 28 novembre 2007
Ma madeleine
L’autre jour, en buvant par hasard une tasse de tisane verveine-menthe, sucrée – moi qui bois essentiellement de l’eau ou du thé, et sans sucre –, j’ai eu un étonnant flash.
Je me suis revu, il y a vingt ans de cela (déjà !), dans la voiture de mes parents, avec toute la famille, au retour d’une longue promenade en ski de fond. Je me rappelle des barres de céréales et chocolatées que nous dévorions après l’effort, et de la bouteille thermos qui circulait parmi nous pour nous réchauffer avec cette tisane au goût et à la saveur si particuliers.
Tout en buvant le breuvage, j’étais surpris par l’intensité de la vision, avec le rappel de certains détails curieux, comme le fait que, là-haut, nous ne parvenions plus à capter dans l’autoradio la même station que celle de la « radio de la maison » (Europe 1), dans la plaine, et que écoutions par conséquent d’autres émissions qui n’avaient d’intérêt que de changer les habitudes (ce devait être « les Grosses Têtes » sur RTL).
Bref, je savais depuis longtemps que les informations olfactives et gustatives étaient traitées dans des zones cérébrales connexes de celles liées aux traitements mnésiques, mais cela ne m’a pas empêché d’être bluffé par l’intensité de ce souvenir impromptu.
Proust avait sa madeleine. Pour moi, c’est une tisane...


Mardi, le 9 octobre 2007
Babel, Taipei 101, le Crayon de la Part-Dieu et la Tour CN
Samedi, mon petit frère s’est marié à Lyon.
La journée a été riche en émotion : le mariage en lui-même, bien entendu ; mon père qui – après le terrible accident lui étant arrivé il y a tout juste quatre mois, et qui devait, selon les médecins, le laisser définitivement tétraplégique – avait réussi à valser avec ma mère ; enfin, mon autre frère – marié lui depuis trois ans – qui annonce qu’il allait être à nouveau papa...
À cette dernière nouvelle, ma mère et la mère de mon autre belle-sœur ne peuvent retenir leurs larmes du bonheur d’être pour la deuxième fois grand-mère... Ayant appris juste avant que l’équipe de France de rugby venait de remporter la victoire sur la Nouvelle-Zélande, nous nous moquons gentiment des deux mamies en disant que les Bleus ne sont qu’en demi-finale, que rien n’est encore joué, et tout et tout...
Au cours de cette journée tournée sur le signe du multiculturalisme, plein de rencontres charmantes et sympathiques, un nombre considérable de nationalités représentées parmi les invités, et, suivant les tables, les discussions se déroulaient en français, en alsacien, en chinois mandarin, en anglais ou en italien...
Depuis l’épisode de la Tour de Babel, les hommes de la Terre parlent plusieurs langues, mais avec un peu de bonne volonté et à travers l’anglais international, ils arrivent finalement à se comprendre, aussi chacun peut-il prendre part à la conversation, ajoutant sa petite pierre au dialogue du monde, cette pierre prenant la forme d’un petit bout de science pour faire avancer la Connaissance (comme le font les chercheurs, tels ma nouvelle belle-sœur ou moi), ou, comme le manifestait ce beau mariage, pour construire un couple. Il s’agit d’ailleurs d’une drôle de revanche sur Babel, puisque ma belle-sœur est née à Taipei, la capitale taïwanaise célèbre pour sa Tour 101, qu’avec mon frère ils vivent à Lyon où le fameux Crayon domine le quartier de la Part-Dieu et que, au mois prochain, ils quitteront l’ancienne capitale des Gaules pour vivre à Toronto, célèbre pour sa Tour CN.
Voilà un couple promis par d’heureux auspices à côtoyer les plus hautes sphères du monde...


Samedi, le 25 août 2007
Ambigrammes, tribute to friends and family (concluded)
Voilà, j’en ai terminé avec ma série d’ambigrammes (en tout cas pour un bon moment) après ceux-ci et ceux-là.
C’était un exercice amusant que de se lancer dans de tels défis calligraphiques et j’ai éprouvé un certain plaisir à mettre en place tout le processus me faisant utiliser papier, crayon, gomme, stylo, feutre, scanner et logiciel d’infographie.
Certes, il y a encore du boulot, je suis novice en ’toshop, mais je ne suis pas trop mécontent de mes dernières petites créations :
  • Akelia, une photographe vivant dans « la Belle Province » (Tabernac’ !)
AKELIA


  • Rémi Garin, un artiste lyrique (un chanteur d’opéra – quoi ! –) avec qui nous avons goûté hier soir des punchs que j’ai rapportés de Martinique (« Si ou boulé, pa woulé ! »)
RÉMI GARIN


  • Laurent Curat, un artiste plasticien (toujours prêt à donner de bons conseils quand je me pose des questions sur la réalisation d’une sculpture)
Laurent Curat


  • Rayjean & Cyril, ma future belle-sœur et mon petit frère, qui vont se marier très prochainement
Rayjean & Cyril


Enfin, réaliser un ambigramme n’est pas toujours chose possible (je vous invite à lire à ce propos les conseils de John Langdon qui s’y connaît en la matière).
Ainsi, parmi mes autres amis, je n’ai pas réussi à dessiner d’ambigrammes de leurs noms (du moins, c’est mission impossible que d’en faire qui soient lisibles) dans le cas des copains auteurs que sont Ugo Bellagamba, Jean-Jacques Girardot ou André-François Ruaud...


Mercredi, le 6 septembre 2006
C’est la rentrée
Même si je suis retourné travailler à mon labo depuis deux semaines, ce n’est qu’à partir de lundi qu’a eu lieu la rentrée des différentes promotions d’étudiants, et je n’ai donné mon premier cours de l’année que cet après-midi : plus de 200 étudiants dans mon amphi.
Et de l’autre côté de la barrière ? Certains ont des visions cauchemardesques de leur scolarité, d’autres se souviennent surtout du côté « chacal » des années collège, mais moi, bizarrement, je n’ai pas de si mauvais souvenirs que cela, peut-être faut-il accuser ma mémoire d’être optimistiquement sélective...
Le week-end dernier, j’ai accueilli mes parents qui faisaient étape à Saint-Étienne dans leur traversée de la France, et ces derniers sont venus chargés de légumes du jardin (potirons, tomates, courgettes, concombres...), de confitures, mais aussi d’un gros carton étiqueté « affaires scolaires Fabrice ». Et là, en ressortant ces feuilles volantes et ces cahiers oubliés depuis des années, grosse plongée dans le passé.
Comment imaginer que l’auteur de ces croquis qui se détachaient à peine des gribouillis allait plus tard faire des dessins si jolis qu’il pensait – jusqu’à la fin de la troisième – se destiner au métier de la bande dessinée ? Est-ce que le professeur de français de première qui mettait des mauvaises notes à ceux qui choisissaient la dissertation au lieu du commentaire composé – sous prétexte qu’ils étaient dans une filière scientifique – se doutait qu’un jour l’un d’entre eux publierait des articles et nouvelles... avant peut-être un roman ?
Ce n’est pas simple d’être un élève, c’est encore moins simple d’être prof, mais nul n’a jamais prétendu que la vie était simple...


Mercredi, le 19 juillet 2006
Pour voir
Alors que s’embrasent les États du Levant où se trouvent certains de mes collègues et étudiants, je n’ai que le courrier électronique qui me relie à eux pour avoir une vision « de l’intérieur » de la situation.
Le cèdre que j’ai ramené de là-bas se meurt (bien que Stéphanois, je n’ai peut-être pas la main verte) et je me rends compte soudain que l’autre bout de la Méditerranée est situé vraiment très loin de la France.
Vivement les vacances. Ironie, c’est bien sur les terres puniques que je vais partir la semaine prochaine, or ce sont des Phéniciens partis de l’actuel Liban qui avaient fondé la civilisation carthaginoise... Est-ce que ces quelques jours me permettront de fermer les yeux sur le monde ?
Je suis myope. De ma famille, je suis sans doute celui qui a la meilleure vue (enfin, « j’étais », car mon frère cadet s’est fait opéré des yeux au laser la semaine dernière) mais j’ai quand même besoin de lunettes pour voir de loin, c’est-à-dire quand je conduis (ce qui m’arrive deux fois par an) ou quand j’assiste à un spectacle (cela est plus fréquent, heureusement). Dans les eaux tunisiennes, je vais faire de la plongée sous-marine, aussi me suis-je fait faire un masque dont les verres corrigent ma myopie. Je pourrai ainsi me baigner et voir, car le site est réputé pour cela, de nombreux mérous, poissons qu’appréciés des amateurs de calembours parce qu’ils produisent de la laine et des vents.


Vendredi, le 16 décembre 2005
Autant que de lunes autour de Saturne
Ou que de vertèbres dans le squelette humain...
En bref, je viens d’avoir aujourd’hui l’âge qu’avaient, lorsqu’ils sont morts, Alexandre III de Macédoine (qui avait alors conquis le monde connu) ou Jésus de Nazareth (qui lui, pour le coup, n’est semble-t-il pas resté mort très longtemps).
Et tout va bien, d’autant que je suis pour la première fois, et cela depuis deux jours, oncle et parrain d’une adorable petite demoiselle...


Dimanche, le 11 décembre 2005
Article supprimé
(..)


Mercredi, le 30 novembre 2005
Comme Phil et Arthur
Ouais, comme tout bon écrivain de science-fiction, je suis né un 16 décembre. Et pas les moindres des auteurs : ceux, entre autres, de 2001, l’Odyssée de l’Espace et de la nouvelle Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques (la base du film Blade Runner).
Meuh non, ce n’est même pas pour qu’on pense à me souhaiter mon anniversaire dans deux semaines !
Et puis, tant que j’y suis, bonne fête papa !


Mardi, le 27 septembre 2005
Différences de points de vue et mélange des genres
De la Russie, mes parents m’ont rapporté l’image d’un pays où de superbes églises orthodoxes côtoient aussi bien des immeubles modernes apparus avec le capitalisme que des lourds bâtiments à l’inesthétique mais fonctionnelle architecture soviétique. À Moscou, des bateaux de tourisme voguent sur le canal menant à la Volga, et il semble difficile de passer un jour dans les belles rues de la capitale sans voir une scène de mariage et des limousines. À peu de choses près, j’y retrouvais la vision qu’en avait donnée Cédric Klapisch dans son film les Poupées russes.
Mais quand ce sont les Russes qui parlent de leur pays, comme le réalisateur Timur Bekmambetov dans le film Night Watch, le Moscou d’aujourd’hui devient le terrain de chasse des vampires, un lieu où s’affrontent les Forces du Bien et du Mal, où des tourbillons de corbeaux annoncent des événements funestes, et où la sorcellerie est encore toute-puissante...
L’image réfléchie par les miroirs n’est pas celle que l’on trouve dans le regard des autres.


Mercredi, le 10 août 2005
Avec modération
En dehors du retour en train qui était à la limite du too much (le « grande ligne » qui s’arrête tout spécialement pour moi dans la petite gare où je l’attendais parce que l’omnibus qui devait me permettre la correspondance avait été supprimé ; et le livre que j’ai terminé juste au moment où le contrôleur annonçait notre arrivée en gare de Saint-Étienne Châteaucreux), mon séjour pourrait se résumer aux seuls mots : « un peu ».
Oui, pas d’excès lors de cette quasi-semaine auprès de mes parents, le temps s’est écoulé tout en douceur. J’ai un peu vu ma famille (outre mes parents, mes frères et belle-sœur ; ainsi qu’une tante, un oncle, un cousin et son fils), j’ai fait un peu de sport (une petite plongée de réadaptation en gravière, une petite balade en VTT), j’ai discuté avec un copain de mon ancien village (devenu aujourd’hui un libraire à la conversation raffinée), j’ai passé une journée dans les musées de ma ville natale, assisté à des spectacles de rue (j’ai notamment revu les étonnants Tambours de feu que j’avais pu découvrir à Lyon), et je n’ai pas trop abusé de bonne chère (malgré la cuisine de maman et quelques restaurants).
En résumé, c’est tout simplement la somme de ces petits moments sympathiques qui a rendu mon séjour des plus agréables...


Mardi, le 2 août 2005
Les voyages déforment (la jeunesse)
Demain, à cette heure, je serai dans le train qui me transportera jusqu’à ma région natale pour un séjour de quelques jours...
Ma région natale, c’est ma terre nourricière, l’endroit où j’ai grandi (en mangeant de la soupe), une contrée célèbre pour ses spécialités culinaires que j’ai quittée, il y a 10 ans maintenant, pour Lyon (une autre ville gastronomique).
Le problème, dans ma région natale, c’est la bouffe. Attention, la Grande Bouffe, les repas de famille qui durent des heures, le temps qui disparaît de façon surprenante à mesure que les plats sont engloutis.
Je n’étais retourné dans la maison de mes parents l’an dernier qu’à deux occasions : à la fin du printemps, lors du mariage de mon frère, et au début de l’hiver, pour les fêtes de Noël. Un repas de mariage, celui de Noël, et déjà des images de plaisirs de bouche parviennent aux yeux, des senteurs délicates chatouillent les narines, la langue colle au palais à la recherche de bonne chère, et je ne peux m’empêcher de saliver...
Mais il ne faut pas, non, il ne faut pas. Je reviens toujours de ces séjours avec quelques kilos en trop. Et là, juste avant de partir en vacances en bord de la mer Rouge, ça ne le ferait vraiment pas. Donc non, cette fois-ci, j’ai décidé de la jouer zen et de ne pas succomber aux tentations culinaires. C’est pourtant facile : à la question-piège « Fabrice, tu reprendras bien un peu de ratatouille, hein ?  », il faut savoir rester stoïque, répondre un gentil mais ferme : « Non merci, Maman, c’est délicieux, mais non, définitivement ! » Et là, je ne sais pas pourquoi, mais déjà je sens le « non » se transformer en « non, ou alors juste un peu... » ou en « je ne sais pas si c’est raisonnable mais, bon, d’accord... ».
Allez, je ne suis pas quelqu’un de velléitaire. J’ai fait l’armée, j’ai fait plein de trucs difficiles dans ma vie, donc ce n’est pas quelques tomates farcies ou quelques grillades qui auront raison de moi.
Pourtant, ça va être dur : ma mère est une extraordinaire cuisinière...


Mardi, le 28 décembre 2004
Entre Noël et Nouvel An
Assis à la table de la salle à manger, le sapin décoré dans le dos, la Crèche sur la droite, la cheminée à gauche, l’ordinateur en face, la musique de la radio diffusée par le Net (merci le WiFi), ambiance feutrée de la maisonnée familiale...
Un sentiment de calme et de sécurité. Il faut bien ça. À l’heure du repas, la télévision, que je n’ai plus l’habitude de regarder, annonce des horreurs. Des morts qui se comptent par dizaines de milliers en Asie. Les journalistes font grand cas de la poignée d’étrangers disparus (des Français !). Bien sûr, nul n’envie le sort de ces malheureux touristes, mais il est quand même assez impudique de s’intéresser surtout à ces quelques uns alors que le cataclysme laisse sans voix par son immensité.
La télévision, c’est toujours comme ça ? Une fenêtre ouverte sur le grand monde... et la petitesse des gens. Sentiment léger d’écœurement ne se mariant que trop bien avec la bonne chère que l’on consomme toujours un peu à l’excès en ces jours.
Pas de trêve sur Terre, même en cette période de fêtes, l’année n’avait pas encore eu son lot de sinistres.
Impuissant, devant un autre écran, un écran où – contrairement à la télévision – on n’est pas passif, je lance mon vieux traitement de texte pour écrire, écrire, écrire... Modestement, je reconstruis l’univers du bout de mes doigts.


Jeudi, le 23 décembre 2004
V.I.S.
(Very Important Stéphanois)
Oui, par la grâce du WiFi (Riri, Loulou, non, je l’ai faite le premier) et de l’agilité techno-branchouille de mon petit frère ingénieur, contrairement à ce que j’ai indiqué dans mon post précédent, je peux me connecter au Ternet depuis le lieu où je vais passer les fêtes de Nouël (ou Nowell, comme vous préférez).
Alors, le voyage s’est bien passé. Je suis parti d’ici et j’ai voyagé avec une ch’tite compagnie qui organise des vols entre la préfecture de la Loire et Nantes (pratique pour se rendre aux Utopiales, tiens, j’y songerai la prochaine fois), Paris (ah, les Champes Zélizéeuh... ah, la Eiffel Tower !)... et... Strasbourg. Si, si. Pourquoi cette dernière ? Je n’en sais rien, mais en tout cas, pour le coup, ça m’arrange, parce que je suis né dans la capitale alsacienne et que je passe les fêtes de la Nativité du Christ avec ma famille proche, devant un vrai feu de cheminée, un vrai sapin décoré avec des jolis cadeaux à son pied, une Crèche (réalisée par votre serviteur mais mise en scène par sa maman), une odeur de petits gâteaux (n’avez-vous jamais vu ou, mieux, goûté aux Spritzbredle ?), des lumières scintillant dans la nuit sous la neige, la messe de Minuit et ses chants sacrés ? (Ambiance 100 % authentique.)
Bon, ben, bref, hier, après une matinée à corriger des copies (un QCM, en plus, la joie), j’ai retrouvé une collègue qui, en partant elle aussi en vacances, a eu la bonté de faire un petit détour pour me déposer à l’aéroport de Saint-Étienne, alias l’aéroport d’Andrézieux-Bouthéon, parce que pour y aller par les transports en commun... Comment ! Je ne vous ai pas raconté ?
OK, donc c’était il y a un peu plus d’une semaine, alors que je venais de prendre mon billet d’avion sur le Ternet (30 € le vol, une promo d’enfer, vous imaginez ?), je me suis dit : « Fab, t’es un gars prudent, tu vas faire un repérage et aller à l’aéroport avant pour pas te retrouver dans la m.... au moment du départ ». Alors, je vais naïvement regarder sur le site, et je trouve des informations qui me parlent de trains, de cars et de taxis. Youpi, tout va bien.
J’hésite un instant entre le car et le train, et comme je connais plus facilement les horaires de la SNCF, je prends mon billet à la gare de Châteaucreux, direction Roanne, et je descends moins d’un quart d’heure plus tard à la gare de Bouthéon.
...
Surprise, c’est une gare perdue au milieu de rien. Enfin, même pas une gare, une espèce d’abribus fantôme pour train paumée dans le brouillard (oui, en plus, il y avait du brouillard à couper à la tronçonneuse). Bien entendu, aucune indication pour se rendre à l’aéroport. Juste un restaurant appelé « Aux deux Ânes » qui fait, compte tenu de la situation, que l’on se sent subitement devenu le troisième. Et soudain, j’entends braire le grison (parce qu’il y avait réellement un tel animal), j’essaie de reprendre mes esprits et je me dis que le petit chemin qu’empruntent les autres personnes qui sont descendues du train avec moi doit bien mener quelque part (et sortir de ce monde parallèle, parce que, ouh là là, j’ai l’impression d’être arrivé dans une autre dimension).
Et le chemin débouche en effet sur des semblants de civilisation. En particulier, il y a deux gendarmes qui arrêtent des voitures à un rond-point. Je me renseigne auprès de ces messieurs (car il n’y a que des indications très locales sur les divers panneaux de circulation du rond-point) et les représentants de la maréchaussée me désignent la route à suivre, sur cinq kilomètres environ, en terminant leur phrase par un « mais vous voulez y aller à pied ?! » pas très rassurant.
Alors, je marche en me repérant à quelques signes, je passe devant la gendarmerie, je traverse toute la petite ville, je tombe sur des panneaux avec un avion caractéristique (froid, froid, froid... chaud, ça y est, je brûle !), je tombe dans une zone industrielle, je me dirige dans une zone commerciale, j’aboutis sur le bas-côté de voies très rapides (argh, c’est vraiment trop dangereux d’être un piéton parfois...) et, au bout d’une heure, les pieds mouillés, froids et boueux, j’entre dans l’aéroport.
Je me renseigne à l’accueil, la demoiselle est ravissante et serviable, mais confirme ce que je craignais : le samedi, au niveau des transports en commun, c’est un peu la mort... et la semaine, il faut tenter sa chance avec les cars du Conseil général de la Loire, parce que venir depuis la gare de Bouthéon, c’est une expérience à ne pas reproduire, surtout chargé de valises. Pas de taxi non plus. Les abribus que j’ai croisés n’indiquaient plus de départs avant le lundi suivant, le train pour Saint-Étienne ne part que dans trois heures... et l’attente avec ce froid... bref, ça s’annonçait mal. J’ai pris le chemin du retour en direction de la gare de Bouthéon (motivé, le gars), puis j’ai vu un car de la fameuse compagnie circulant pour le Conseil général de la Loire et j’ai fait de grands signes désespérés au chauffeur. Ce dernier s’est arrêté, m’a informé qu’il venait de Saint-Étienne et s’en allait dans l’autre sens (m... !) mais m’a indiqué un arrêt où j’avais une chance d’avoir un car pour rentrer chez moi. Et ce fut vrai. Alléluia.
...
Retour à hier.
Je suis arrivé à l’aéroport avec un sac sur le dos, ma valise à roulette à la main, et il n’y avait personne. Ou si, une demoiselle qui venait d’arriver à l’aéroport, et qui appelait quelqu’un pour venir la chercher, car point de taxi à l’horizon (une habitude locale, sans doute). C’est curieux, un aéroport vide. Bon, il y avait bien mon avion indiqué sur l’écran, puis un autre pour Londres, en fin d’après-midi, donc pas d’inquiétude. Je me suis assis (ouais, il n’y avait pas à se battre pour trouver un siège de libre), j’ai pris un bouquin et je ne suis sorti de ma lecture qu’à quelques occasions, lorsque des demoiselles en uniforme (qui était fort charmantes, au demeurant) passaient en me disant un souriant « bonjour ! ».
Puis un homme à moustaches s’est installé à un guichet et une voix féminine a annoncé dans le hall que l’enregistrement des bagages pouvait commencer. Je me suis retourné, j’étais toujours tout seul. Sur le coup, je peux dire que je me suis senti... très important. Tant de gens aux petits soins pour ma modeste personne ? Puis nouvelle attente armée d’un bouquin. Dans mon dos, pendant que je lisais, j’ai entendu un couple de personnes âgées prendre place dans le hall d’embarquement. Et nous avons été trois à monter dans l’avion (qui pouvait transporter une cinquantaine de passagers). À vrai dire, nous étions cinq, en comptant l’hôtesse de l’air et le commandant de bord. Hallucinant. Le pire, c’est que les autres voyageurs ont aussi bénéficié de tarifs à trente euros... Gasp. Et pourtant, nous avions été traités comme des princes.
Et au bout d’une heure et quelques minutes de vol dans les nuages (ah non, ce ne sont pas des nuages bas tout bizarres, à l’est, mais la chaîne des Alpes), nous sommes arrivés à Entzheim (alias l’aéroport international de Strasbourg), découvrant du ciel que la terre était recouverte de neige...
À Saint-Étienne, il faisait froid avec grand soleil mais, en Alsace, l’ambiance de Noël s’annonçait bien 100 % authentique.


Dimanche, le 12 décembre 2004
La vie, la mort, et caetera
En début de semaine, j’ai appris la mort d’un membre de ma famille. Un oncle. Sexagénaire. Solide comme le roc.
À l’annonce de cette macabre nouvelle, plutôt que d’être submergé par l’émotion, je ne parvenais qu’à être un bloc d’incompréhension. Ce n’est que la voix tremblotante de ma mère, au téléphone, qui m’a fait ressentir la douleur de la cruelle disparition de son frère.
Par un clin d’œil assez ironique de la vie, le jour de l’enterrement de mon oncle a aussi été celui de l’anniversaire de mon père, et donc le rappel annuel de la venue au monde de la personne qui a eu – avec ma mère – une participation essentielle à ma propre existence.
La vie, la mort...
J’ai remarqué que mon rapport avec la mort était assez étrange. Je ne parviens jamais à réaliser exactement ce qui arrive. Ce n’est qu’au moment de l’enterrement, face au cercueil porté en terre, ce n’est que lors de la messe funèbre, ce n’est que quand je retrouve des proches en habits noirs et en larmes, que je peux parvenir à me faire une idée de la fin définitive, du moins sous son aspect terrestre, de quelqu’un que l’on a connu et aimé.
La mort, la vie...
Je pense que c’est sans doute pour cela qu’il est si important, pour moi, avant de mourir, de laisser une trace. Lorsque le temps et les vers auront fait disparaître mon enveloppe corporelle, je me dis qu’au moins mes créations, écrits et sculptures, seront ici bas mes restes... Méreste...


Mercredi, le 16 juin 2004
J’ai fait un rêve...
Retour à Saint-Étienne après un passage en Alsace où mon frère s’est marié, samedi dernier. Cet heureux homme, qui est actuellement avec sa charmante épouse en voyage aux Antilles, m’a fait un très beau cadeau. Lors de la cérémonie, dans la petite église protestante, j’ai eu le privilège de lire la confession de foi qu’avait prononcée le pasteur baptiste noir américain Martin Luther King. Bien que moins célèbre qu’un autre, ce discours auquel j’ai adhéré de toute mon âme est un message d’espoir profond et militant qui, bien que datant maintenant d’une quarantaine d’années, reste plus que jamais d’actualité...

« Aujourd’hui, dans la nuit du monde et dans l’espérance de la Bonne Nouvelle, j’affirme avec audace ma foi dans l’avenir de l’humanité. Je refuse de croire que les circonstances actuelles rendent les hommes incapables de faire une terre meilleure. Je refuse de croire que l’être humain ne soit qu’un fétu de paille ballotté par le courant de la vie, sans avoir la possibilité d’influencer en quoi que ce soit le cours des événements. Je refuse de partager l’avis de ceux qui prétendent que l’homme est à ce point captif de la nuit sans étoile du racisme et de la guerre, que l’aurore radieuse de la paix et de la fraternité ne pourra jamais devenir une réalité. Je refuse de faire mienne la prédiction cynique que les peuples descendront l’un après l’autre dans le tourbillon du militarisme vers l’enfer de la destruction. Je crois que la vérité et l’amour sans conditions auront le dernier mot effectivement. La vie, même vaincue provisoirement, demeure toujours plus forte que la mort.

J’ose croire qu’un jour tous les habitants de la terre pourront recevoir trois repas par jour pour la vie de leur corps, l’éducation et la culture pour la santé de leur esprit, l’égalité et la liberté pour la vie de leur cœur. Je crois également qu’un jour, toute l’humanité reconnaîtra en Dieu la source de son amour. Je crois que la bonté salvatrice et pacifique deviendra un jour la loi. Le loup et l’agneau pourront se reposer ensemble, chaque homme pourra s’asseoir sous son figuier, dans sa vigne, et personne n’aura plus raison d’avoir peur. Je crois fermement que nous l’emporterons.

Amen. »




Samedi, le 1er novembre 2003
À Vieuxbourg, pour être calme, c’est calme...
J’ai testé pour vous... les vacances !
Oui, cela faisait vraiment longtemps que je n’avais pas fait de pause dans mon activité professionnelle, alors, un peu par hasard, je suis parti dans un lieu fort apprécié des curistes.
Mais les curistes, ce ne sont pas des anciens de l’Université Paris VI, rien à voir non plus avec l’Église catholique ni avec les amateurs de cuisine au curry. Non, les curistes, ce sont des personnes qui se trimballent avec des sacs transparents dans lesquels elles transportent un curieux matériel composé de tuyaux, de tubes, de récipients, d’inhalateurs, de pastilles de Javel à diluer dans 5 litres d’eau, et qui, lorsqu’elles rencontrent des semblables, leur parlent dans un langage ésotérique fait de prénoms féminins et d’étranges onomatopées en « ké-ké-ké-ké-ké ! ».
Oui, les curistes sont là pour être soignés et remis en forme et, a priori, ça semble plutôt bien marcher car, au bout de trois semaines, les piles sont rechargées pour une année. Seulement voilà, dans cette petite ville provençale, il n’y a quasiment que des gens comme ça. Et des personnes qui ont besoin de ce genre de soin, ce sont surtout des personnes d’un certain âge ou, au moins, qui sont malades. Ouais, pas très rock and roll comme endroit. Pour des vacances à regarder de charmantes créatures en bikini bronzer sur des plages de sable fin, ce n’était pas tout à fait le lieu. Ni la saison, de toute façon.
Je suis arrivé à Vieuxbourg dimanche, en début d’après-midi, sous une pluie battante, entre chien et loup (nous venions de changer d’heure). Un oncle curiste, venu d’Auvergne en voiture, m’avait pris au passage à Saint-Étienne. Je n’ai découvert Vieuxbourg-les-Bains que le lendemain : joli village provençal tout en pente avec ses rues escarpées, ses places, son église, sa rivière, son lotissement et, bien entendu, ses établissements thermaux.
Programme d’une journée-type : Sept heures du matin, je pars courir. Il n’y a personne dehors de si bonne heure. Plouf ! Les canards, surpris par le joggeur matinal que je suis, rejoignent la rivière. Au bout de trois-quart d’heure, je termine mon parcours par la boulangerie où j’achète croissant et baguette. Le reste de la matinée, je suis devant l’ordinateur à corriger un chapitre tout en jetant un vague coup d’œil de temps à autre aux clips d’une chaîne musicale. Vers midi, mes parents et mon oncle curistes arrivent, nous déjeunons et l’après-midi, nous visitons les alentours.
Retour vendredi, à nouveau sous une pluie battante, à la gare TGV d’Aix-en-Provence, pluie qui ne me quittera pas du chemin jusqu’à Lyon ou Saint-Étienne. Le temps de marcher jusqu’à chez moi, je suis trempé. Quelques messages sur le répondeur me réchauffent. Mais Halloween sera fêtée sans moi : quel temps !
Bilan de ces quelques jours sans Internet ni jeu sur ordinateur : j’ai pu voir ma famille, j’ai visité des endroits plaisants, je me suis reposé et, surtout, j’ai eu le temps de corriger le premier quart de mon roman. Finalement, même à Vieuxbourg, ce n’est pas si mal que ça, les vacances !


Lundi, le 10 février 2003
A week-end with my parents (weblog and cyberthings)
Euh... Pas terrible, faut vraiment se forcer pour lire l’équivalent phonétique d’"avis" en titre de ce post : "a vikainede ouisse maille parentsse".

Je n’ai plus ajouté de message depuis une semaine.
Une voix intérieure me dit : « Fab, ce n’est pas bien ! ».
Une autre voix me dit : « M’en fout ! Je fais ce que je veux. Rien ne m’oblige à alimenter ce blog ou à répondre aux questionnaires hebdomadaires. »
Tiens, quelques réflexions sur le terme blog. C’est vrai, ce n’est pas joli, mais blogue ne l’est pas davantage. Quant au terme "joueb", pour la contraction de "journal sur le web (ou ouaibe)", je n’aime pas trop, j’ai toujours l’impression de lire "jouet" avec une faute de frappe.
Alors quoi ?
"Cybercarnet" comme dit la Grande Rousse ?
Certainement pas. Je trouve que le terme cyber est vraiment mal employé pour rendre compte d’Internet.
En tant que chercheur en intelligence artificielle, j’ai tendance à considérer que cyber n’est qu’un bout de la racine grecque kubernos qui signifie "gouverner" et qui a été utilisée pour former le mot "cybernétique", la "science du contrôle" (Norbert Wiener, Cybernetics or control and communication in the animal and the machine, 1948).
Amusant, Cléo fait remonter l’origine du terme cybernétique à André-Marie Ampère, le génie de notre bonne ville de Lyon...
, j’ai appris un truc : Ampère aurait proposé ce terme comme candidat (malheureux) pour désigner les sciences politiques (à savoir "la science du gouvernement des hommes").
Enfin, bien entendu, cyber a été popularisé par le mouvement "cyberpunk" avec des auteurs comme William Gibson et Bruce Sterling (dont on peut lire les blogs respectivement ici et ), même si, comme quelques autres, j’ai tendance à préférer le terme "neuromantique" (que l’on doit à Norman Spinrad).
Restent les termes "publijournal", "webillard" ou d’autres à inventer.
Alors soyons créatifs. Dorénavant, j’emploierai le mot "avirtuel", contraction d’"avis" et "virtuel". Joli, non ?

Flûte !
Mon message n’a plus grand chose à voir avec le sujet initial...
Alors, mes parents sont venus à Lyon vendredi.
Samedi, ski avec papa : beau temps, bonne neige, pas encore beaucoup de monde, des pistes noires pour le fun et le frisson, des rouges pour la technique, des bleues quand on est fatigué. Soirée raclette avec viande des Grisons et quelques essais intéressants avec du fromage de chèvre (mais ça ne vaut pas le coup de mettre la recette ici, essayez de vous débrouiller tout seul).
Dimanche, marché quai Saint-Antoine, traversée de la Saône pour voir les artistes exposant quais Romain Rolland et de Bondy. Un vrai musée en plein air.
Donc week-end bien sympathique...

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