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Mercredi, le 31 janvier 2024
Gyros et salade grecque
Je suis de ceux qui ont grandi avec la série télévisée d’animation franco-japonaise Ulysse 31. Un dessin animé mélangeant mythologie grecque avec de la science-fiction, quelle idée géniale ! Arrivé au collège, je connaissais par cœur le Panthéon grec et un de mes rêves était d’aller un jour à Athènes voir « en vrai » l’un des berceaux de notre civilisation, fasciné par l’héritage que les Grecs antiques nous avaient laissé dans la langue, la philosophie, la politique, la sculpture, le théâtre, l’architecture...
En 2002, inspiré par mes amis de la Gang de Lyon que je retrouvais chaque semaine à un kébab du quartier du Tonkin, je débutais ce blog, j’écrivais ma première nouvelle de fiction qui allait être publiée dans un support professionnel et je terminais mes études en soutenant une thèse de doctorat. Mon travail de recherche n’avait pas grand chose à voir avec mon amour pour l’Antiquité, mais j’avais quand même réussi à glisser dans ma conclusion la citation « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » en lettres grecques qui, selon la légende, ornait le fronton de l’Académie de Platon.
En 2002 sortait aussi l’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, réalisateur que je ne connaissais pas bien. J’avais loupé le Péril jeune, qui évoquait les années de lycée à une période où je portais encore des couches, au début des années 1970. Mais dans l’Auberge espagnole, j’avais retrouvé un peu de moi : des études effectuées à l’étranger apportant leur lot de rencontres qui allaient marquer toute la vie, une dernière année à l’université avant d’entrer dans le monde professionnel, et j’avais en plus à peu près le même âge que Romain Duris qui incarnait le personnage principal.
En 2005, l’Auberge espagnole connut une suite : les Poupées russes. Dans ce deuxième volet, Cédric Klapisch s’attachait à dépeindre les problèmes professionnels et personnels de ses personnages. Cette année-là, je mélangeais encore mes deux identités, celle de l’enseignant-chercheur (qui ne m’apportait pas beaucoup de satisfaction, vivant une sorte de creux dans mon activité de recherche) et celle de l’auteur, critique et plasticien, avec un article sur le genre steampunk présenté sous mon pseudonyme au colloque La Science-Fiction dans l’Histoire, l’Histoire dans la Science-Fiction de Nice, une exposition de mes sculptures, un projet de nouvelle et la réécriture de mon roman. Au niveau sentimental, je vivais une histoire que je croyais être plus sérieuse que celles vécues jusque-là, mais qui s’achèvera brutalement dans les premiers jours de 2006.
La trilogie de Klapisch s’est poursuivie avec, en 2013, la sortie de Casse-Tête chinois. Les personnages avaient désormais la quarantaine, avec des enfants ou des désirs d’enfants, et la vie devenait ce fameux casse-tête avec les compromis à trouver entre la vie amoureuse, la vie professionnelle et la vie familiale avec l’arrivée des responsabilités parentales. À cette époque, j’étais devenu un jeune papa, mon activité professionnelle de chercheur connaissait un nouveau souffle mais mon activité d’auteur ou de sculpteur s’éteignait peu à peu...
À la mi-avril 2023, c’est sous forme de série télévisée que nous pouvons suivre la suite de cette trilogie. Cette fois-ci, Klapisch suit les aventures à Athènes des enfants des personnages qu’il nous avait fait découvrir dans ses trois films. Mes enfants sont encore trop jeunes pour partir étudier à l’étranger, ils ont l’âge que j’avais quand je regardais Ulysse 31, mais la grande, collégienne, a malgré tout déjà des projets en ce sens... Cette série résonne encore fort en moi : un peu de nostalgie, et le regard porté sur l’avenir qui retourne au passé, en se disant que l’on a sans doute davantage vécu d’années qu’il n’en reste encore à vivre. Et puis, ma première grande conférence en présentiel post-confinement avait eu lieu justement à Athènes, en juin 2022, non loin de l’Acropole. Une musique revient sans cesse dans ma tête, la chanson « O Pio Kalos Tragoudistis » :
Γεια σου, γεια σου
ποιος σου έκλεψε ας ξέραμε τη χαρά σου...

Klapisch a appelé sa série Salade grecque. Je lui aurai plutôt donné comme titre Gyros, le fameux « sandwich grec », l’équivalent du chawarma arabe ou du döner kebab turc, et qui désigne la rotation de la broche de viande qui se fait rôtir. Dans l’Auberge espagnole, des étudiants vivaient un bouillonnement d’expériences, et dans Salade grecque, les expériences sont vécues par leurs enfants... La boucle est bouclée, c’est-à-dire un cercle, qui se dit en grec : γύρος, gyros.


Mardi, le 3 janvier 2023
Réflexions en vrac sur l’année 2022
Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka. Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X, dans les années 1980, et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.

Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants, plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990. Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.

Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut. Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées dans des lieux perdus.

Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants). Touchant monsieur.

Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode, et Alan White, le batteur de Yes. De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal, avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu. J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes, même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood, Propaganda, Pet Shop Boys ou Simple Minds...

Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français. Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy, appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles, au moment de la découverte. Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?), questions sur les origines de l’humanité...

Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser, sorti en 1985. Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...

Août 2022, décès du dessinateur Sempé. Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur ces dessins que l’on retrouve par exemple des textes et illustration du petit Nicolas faisant une thèse. Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka. Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X, dans les années 1980, et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.

Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants, plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990. Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.

Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut. Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées dans des lieux perdus.

Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants). Touchant monsieur.

Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode, et Alan White, le batteur de Yes. De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal, avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu. J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes, même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood, Propaganda, Pet Shop Boys ou Simple Minds...

Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français. Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy, appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles, au moment de la découverte. Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?), questions sur les origines de l’humanité...

Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser, sorti en 1985. Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...

Août 2022, décès du dessinateur Sempé. Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur des textes et illustrations du petit Nicolas passant sa thèse. Indémodable !

Septembre 2022, décès de Jean-Luc Godard. Au début des années 2000, j’avais trouvé un tas de DVD de Godard à petit prix et j’avais commencé à visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis, (2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou (3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...

Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe. Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...

Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors. Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.

Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire. En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non, c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...
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Septembre 2022, décès de Jean-Luc Godard. Au début des années 2000, j’avais trouvé un tas de DVD de Godard à petit prix et j’avais commencé à visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis, (2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou (3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...

Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe. Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...

Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors. Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.

Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire. En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non, c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...


Lundi, le 17 juin 2019
Liège, Kigali, Tunis, Londres, Montréal

Certains événements ont, pour moi, une musique bien particulière. Ainsi en est-il dont des moments les plus perturbants qu’il m’ait été donnés de vivre.

J’ai été particulièrement frappé de découvrir que la musique du générique de la série Netflix Black Earth Rising était You Want It Darker de Leonard Cohen. À mon sens, rien n’aurait pu être plus pertinent que d’associer cette série et une musique de l’artiste canadien qui nous a quitté en 2016.

Dans la fiction, une jeune juriste londonienne, rescapée du génocide rwandais de 1994 et adoptée par une célèbre femme procureure spécialisée dans les affaires criminelles internationales, reprend l’enquête de sa mère qui la mène à des révélations sur ses propres origines.

Dans la vraie vie, cela se passe en Belgique, et cela remonte au printemps 1992. Je n’avais pas encore vingt ans quand je m’étais retrouvé, à l’occasion d’un stage de fin d’études, dans cette ville de la banlieue industrielle de Liège au bord de la Meuse où avaient grandi les frères Dardenne. À mon arrivée ce dimanche après-midi maussade dans ce grand et triste bâtiment où j’allais passer trois mois, j’avais été dirigé vers le responsable de l’internat. Ce dernier m’avait posé une curieuse question : à quel étage souhaitais-je m’installer ? Celui des étudiants français ? Celui des étudiants étrangers ? Celui des étudiants belges en informatique ? Je n’avais pas choisi l’étage de mes compatriotes mais celui de ceux qui étudiaient la même matière que moi. Pourtant, c’est parmi les étudiants étrangers, ceux qui passaient comme moi leurs week-ends à Seraing, que je me suis fait mes meilleurs amis durant cette période. Nous étions quatre garçons inséparables : K. le Belgo-tunisien, A. le Djiboutien, I. le Rwandais et moi. Deux Noirs, deux Blancs. Deux Musulmans, deux Chrétiens. Toutes les combinaisons de couleurs de peau et de religions étaient représentées. K. et A. étudiaient le commerce, I. tout comme moi l’informatique, et c’est avec lui que les liens d’amitié s’étaient les plus serrés pour durer jusqu’à aujourd’hui.

I. était le plus âgé de nous quatre, il avait une formation juridique qui l’avait poussé à passer des concours et quitter sa région natale de Cyangugu pour devenir officier de gendarmerie dans la capitale. Poussé par sa hiérarchie, le lieutenant avait accepté de passer trois ans en Belgique pour acquérir les compétences en informatique dont son petit pays manquait cruellement, laissant là-bas sa jeune épouse et son fils nouveau-né le temps d’obtenir son graduat. Pendant quelque temps, nous avions échangé des tas de lettres et de cartes postales, I. et moi, et c’est par procuration que je découvrais ce petit pays d’Afrique inconnu, ses paysages, sa sagesse proverbiale, complétant mes connaissances par un essai d’ethnologie rédigé par des Pères Blancs trouvé dans la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

Printemps 1994. Les informations à la radio avaient annoncé l’attentat ayant coûté la vie des présidents du Rwanda et du Burundi. Quelques jours plus tard nous parvenaient les premiers échos de l’horreur. C’était un samedi ou un dimanche, au moment du déjeuner, qu’I. avait appelé au numéro de téléphone familial. Il était encore en vie, sa famille aussi, son accès à une arme de service le protégeant de la folie meurtrière des machettes. Je le sentais perdu, et j’étais tout aussi perdu que lui. Sentiment absolu d’impuissance.

Été 1994. Lorsque j’avais pris pour la première fois l’avion, ce fut pour aller à Tunis, chez K., ses parents et sa grande sœeur. Visites de lieux touristiques, de musées, moments passés à la plage, invitation saugrenue à la résidence de l’ambassadeur lors du 21 juillet, la fête nationale belge, où l’on m’avait fait passer pour un « Belge de Strasbourg » qui ne connaissait pas la Brabançonne. Après-midis trop chauds à regarder le Tour de France, ou la série Angélique en soirée, avec des coupures opérées par la censure aux moments les plus croustillants. La censure, par contre, laissait voir l’horreur des informations. Cadavres innombrables sur les bords des chemins ou dans les rivières. K. et moi, sidérés devant le poste, craignions de reconnaître dans les images des charniers le visage de notre ami. La mélancolique mère de K., une Flamande qui ne s’était jamais trop bien fait à la vie en Afrique du Nord, peignait en écoutant de la musique. Elle me fit découvrir Leonard Cohen dont je ne connaissais que Everybody Knows pour avoir vu le film Pump Up The Volume d’Allan Moyle avec Christian Slater. Je rentrais en France avec des cassettes audio tunisiennes de mauvaise qualité sur lesquelles j’avais enregistré quelques albums de Cohen, dont I’m Your Man et The Future.

Les nouvelles d’I. me parvinrent de manière sporadique quelque temps plus tard, par courrier postal ou électronique. I. avait échappé aux massacres. Il avait fui avec femme et enfant au Zaïre et s’était retrouvé dans un camp de réfugiés. Exploité pour ses compétences informatiques par une ONG, il devait assurer la survie des siens, venant d’être père pour la seconde fois, son autre fils étant né au camp. La situation dans l’est du Zaïre, de précaire devenait intenable avec les signes avant-coureurs de la Première guerre du Congo qui allait éclater en 1996. I. et sa famille d’apatrides avaient entamé un périple dans l’est de l’Afrique, séjournant au Malawi, en Tanzanie, à Arusha, où I. avait participé au Tribunal pénal international, et en Afrique du sud d’où sa femme et ses enfants avaient pu s’exiler en Angleterre, alors qu’I. restait bloqué au Cap.

C’était en 1999. Je terminais mon DEA à Paris. J’avais envoyé à I. une importante somme d’argent afin de faciliter ses démarches pour rejoindre la Grande-Bretagne. Et cela lui avait effectivement permis de retrouver sa femme et ses deux fils à Londres où ils s’étaient installés.

Fin août 2002, convention nationale de science-fiction française à Tilff-Esneux, en banlieue liégeoise. J’avais abandonné pour une journée la convention et mes amis de la Gang lyonnaise pour retrouver I. que je n’avais plus vu depuis dix ans, de passage en Belgique, et qui tenait à me rembourser de l’argent prêté alors qu’il était en Afrique du Sud. Indescriptibles retrouvailles.

Cet après-midi, à l’occasion d’un séjour professionnel à Montréal, je me suis rendu au cimetière Shaar Hashomayim du mont Royal. En me recueillant sur la tombe de Leonard Cohen, mes pensées se figèrent d’abord sur les grandes atrocités du siècle passé, deux génocides, celui des Juifs dans les années 1940, mais aussi celui qui avait fait s’entre-tuer mes frères africains dans les années 1990. Pourtant, guidées par la voix grave d’un Hallelujah s’exprimant dans ma tête par mes seuls souvenirs auditifs, elles s’élevèrent vers les Cieux, me faisant prendre conscience avec acuité de la beauté de la vie, qui est si belle parce qu’elle est si fragile, de l’importance de la spiritualité et de la force de l’amour.



Lundi, le 12 juin 2017
Nice, le gâteau 100 fois bon et la Servante écarlate
En ce moment passe The Handmaid’s Tale, une série télévisée diffusée sur la plateforme de VOD Hulu. J’avais eu l’occasion de voir précédemment La Servante écarlate, le film de Volker Schlöndorff sorti en 1990, mais pas de lire le roman de la Canadienne Margaret Atwood dont le film et la série sont inspirés.
L’univers dystopique est plutôt bien rendu. Il faut dire que, dans la réalité, la montée sournoise du populisme dans le monde politique n’est malheureusement plus aussi invraisemblable qu’elle pouvait l’être dans la fiction, en témoigne le passage des présidents Obama à Trump aux États-Unis (cf. la critique de PILOTE, la chronique série).
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de croiser Margaret Atwood. C’était à Nice, lors du colloque « La science-fiction dans l’histoire, l’histoire dans la science-fiction » co-organisé par l’ami Ugo Bellagamba, en 2005. Margaret Atwood était venue y parler de sa vie et des liens avec la science-fiction.
Lors de cette rencontre, j’étais venu y présenter un article que j’avais écrit avec le compère Jean-Jacques Girardot sur « le Steampunk : une machine littéraire à recycler le passé ». Nous avions conclu notre propos ainsi :
Notre article débutait par une liste, se voulant impressionnante, d’ingrédients, dont la seule accumulation laissait présager du pire. Mais le steampunk n’est pas le Gâteau cent fois bon (Jindra Capek, Le Gâteau cent fois bon, Flammarion, Paris, 1986), il se bonifie avec chaque nouveau condiment, mais aussi avec chaque nouvelle façon de l’accommoder, et se décline aujourd’hui en plus d’un parfum (...).
Le Gâteau 100 fois bon
La référence au Gâteau cent fois bon, un livre pour enfants dont la trame se résume à l’idée que si l’on réalise un gâteau pour des amis, il sera 100 fois meilleur si l’on mélange 100 bons ingrédients, avait échappé à la plupart des auteurs et universitaires présents à ce colloque, dont Margaret Atwood. Je me rappelle ainsi qu’au moment du dîner de gala, j’avais dû raconter à l’assemblée cette histoire, et que cela avait fini par un véritable sketch quand mes paroles étaient simultanément traduites en anglais par Daniel Tron pour l’autrice canadienne.
Voilà pourquoi, dans mon esprit tordu, quand je regarde un épisode de The Handmaid’s Tale, même au moment d’une scène particulièrement dramatique, je ne peux m’empêcher de repenser au rire de Margaret Atwood lorsque j’avais donné la recette de ce gâteau concocté par des animaux. En effet, les pâtissiers amateurs de l’histoire, imaginant qu’en mélangeant ce que chacun préférait (l’os du chien, le ver de terre de la poule, l’herbe tendre de la vache, la carotte du lapin...), ils auraient dû obtenir un gâteau merveilleux... Bien entendu, le résultat culinaire avait déçu leurs attentes car leur mixture s’était avérée immangeable.
La morale de cette histoire ? Je ne sais pas. Tout dépend si on l’applique aux domaines de l’humour, de la cuisine, ou à la politique...


Lundi, le 14 novembre 2016
Violence de la nature sauvage
J’aurais voulu exprimer ma tristesse de voir disparaître Leonard Cohen ou à quel point j’étais navré du résultat des élections aux États-Unis.
Mais un autre événement s’est produit ce samedi qui m’a touché de manière aussi bien physique qu’émotionnelle.
Durant le week-end prolongé qui vient de s’achever, samedi était le seul jour annoncé par les services de météo comme étant beau, c’est ainsi qu’avec la petite famille nous avions décidé de faire une balade à l’air pur dans les proches alentours de Lyon.
Alors que nous étions encore dans la commune de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, nous engageant dans un chemin de terre bordé d’habitations qui montait jusqu’à un bosquet, nous avons entendu un coup de feu.
J’avais mon fils de 21 mois dans les bras car la montée était un peu rude pour lui, mon épouse tenait notre fille de quatre ans par la main, et nous avons échangé un regard interrogateur.
Nous nous sommes arrêtés un instant afin que j’installe le petit bonhomme dans le porte-bébé de randonnée que je porte sur le dos, quand un bruissement de feuilles s’est fait entendre.
Et là, tout s’est passé très vite. Ma fille s’est mise à hurler. J’ai cru qu’elle avait pris peur en voyant un chien, mais c’est un sanglier qui a déboulé de la forêt. L’animal nous a contournés à toute allure mais il s’est soudain arrêté, découvrant qu’il débouchait sur des habitations, un terrain non familier.
Se sentant pris au piège, il a alors fait demi-tour, et j’ai craint pour la sécurité des enfants et de ma femme. Celle-ci s’est baissée pour les protéger et moi, j’ai crié pour lui faire peur.
Le sanglier m’a chargé et s’est échappé par un jardin.
Nous avons demandé de l’aide à la première personne croisée dans ces habitations qui m’a prodigué les premiers soins et qui, coup de chance, était médecin généraliste. Mon épouse s’est chargée de rassurer les enfants qui, après les cris et les pleurs, se sont mis à jouer avec ceux du médecin pendant que je me faisais soigner.
Nous avons ensuite vu un chasseur qui était à la poursuite du sanglier et qui, tenant une feuille ensanglantée, indiquait avoir touché la bête.
Nous avons rebroussé chemin et sommes rentrés à Lyon, non sans avoir au préalable alerté la mairie du danger.
J’ai passé le reste de la journée aux urgences et j’en suis ressorti avec quelques points de suture à la jambe.
Les enfants sont encore traumatisés. La grande ne voulait plus dormir seule dans son lit, craignant de voir débarquer un sanglier dans son sommeil. Mon gamin dit « peur, peur ! » et montre ma jambe en disant « Papa, bobo ! »
J’ai fait des cauchemars dans lesquels nous étions poursuivis par un sanglier qui, dans l’imaginaire des rêves, avait plutôt pris la forme d’un rhinocéros.
De cette surprenant et violente rencontre, je me demande encore si, entre les deux, l’animal sauvage affolé de quelques centaines de kilos était plus à craindre que le chasseur...
Conséquence physique de ma rencontre avec le sanglier




Jeudi, le 8 janvier 2015
Mes voeux pour 2015 : paix, amour et fraternité
Il peut sembler paradoxal d’écrire à nouveau sur ce blog alors qu’en ce jour je vais aussi prendre part à la minute de silence, à midi, en solidarité avec les victimes de l’attentat perpétré hier à Paris.
Je n’étais pas un vrai lecteur de Charlie. La bande dessinée constitue tout un pan manquant dans ma culture depuis le jour où, élève en classe de troisième, j’ai été convoqué par le Principal qui m’a indiqué que ma demande d’entrée dans un lycée où il m’aurait été possible de passer un bac « Lettres et Arts » était... déconseillée. J’ai ainsi laissé tomber mes crayons et mon désir de devenir un dessinateur de BD pour suivre une carrière scientifique.
Cabu, pour moi, c’était le dessinateur de Récré A2 dans les années 1980, le gars à lunettes qui croquait Dorothée en lui faisant un nez énorme, mais c’était aussi le père du chanteur Mano Solo, lui aussi malheureusement disparu.
Wolinski, c’était un homme que j’avais croisé une fois, accompagné de Cavanna, au milieu des années 1990, à l’occasion de la première grande manifestation à laquelle j’avais participé. Cette manifestation était une réaction contre le meeting d’un parti qui ne cesse de véhiculer des valeurs de méfiance et de haine vis-à-vis de l’autre, qui salit les couleurs de la France, et qui doit bien rire de cette nouvelle tragédie. Dans le cortège, face à mon interrogation en voyant ces deux-là que des journalistes interpellaient pour recueillir leurs propos, c’était une amie qui m’avait appris de qu’il s’agissait. Je ne les connaissais pas, je ne connaissais pas leur travail, mais je me sentais lié à eux dans cette chaîne humaine unie pour faire barrage aux idées extrémistes.
Je suis triste pour vous, les victimes, et je pense aussi à la douleur de vos familles et de vos proches.
Je suis triste pour vous, les artistes, dessinateurs, chroniqueurs ou autres membres du comité de rédaction, triste pour ce que vous représentiez, triste pour la liberté d’expression, triste de ne plus avoir de sourire quand je tombais occasionnellement sur les couvertures de Charlie Hebdo.
Je suis triste également pour les policiers abattus dans cette fusillade et qui, lors du déroulement de ce plan machiavélique, n’ont pas eu la possibilité d’assurer leur mission de protection.
Je suis triste enfin pour tous les musulmans que l’on va assimiler au sinistre trio de terroristes alors que, dans toute religion, il y a une part d’amour amenant à considérer l’autre comme son frère.
Que cette année 2015, malgré son départ raté, vous apporte de la joie, de l’amour, et assalamu alaykoum, littéralement : « que la paix soit sur vous ».


Mardi, le 28 février 2012
I Will Always Love You
Il y a deux semaines, alors qu’une partie du monde pleurait la perte de The Voice, moi aussi, je perdais ma voix...
Être privé de paroles n’empêche pas de tenir un beau rôle, mais je n’ai ni le talent ni les mimiques de Dujardin, aussi — m’étant retrouvé aphone — suis-je rentré un peu plus tôt du travail. Dans le bus, en ce jour de la Saint Valentin, j’ai été un peu étonné de voir un très vieil homme avec des fleurs à la main. À qui était destiné ce bouquet ? Au nouvel amour rencontré dans une maison de retraite ? À décorer la demeure de pierre de l’être aimé disparu ?
Je me suis plu à imaginer qu’il s’agissait tout simplement d’un petit cadeau fait par le vieux monsieur à la femme de sa vie, la même qu’à vingt ans, signe toujours renouvelé d’un amour éternel...


Jeudi, le 5 janvier 2012
2012 : année du novlangue
Recevez mes meilleurs vœux en cette nouvelle année !
Il faut se le dire, 2012 sera placée sous le signe du « novlangue » (ou le Newspeak du 1984 de George Orwell).

social, iale, iaux adj.
[1557; « agréable aux autres » 1506; « associé » 1352; lat. socialis « sociable, relatif aux alliés », de socius « compagnon »]
(...)
Spécialt Qui concerne les conditions matérielles des travailleurs (généralement en vue de leur amélioration). Lois, mesures sociales. Avantages sociaux. Législation sociale. Politique sociale, concernant la situation matérielle de certains groupes sociaux particuliers (notamment pour corriger les disparités). Mesures de politique sociale en faveur des plus défavorisés.

Le Petit Robert, 2001.


L’adjectif « social » vient ainsi de prendre une nouvelle acception grâce à la finesse des grands qui nous gouvernent : après les « plans sociaux » (euphémisme pour désigner les licenciements collectifs), voici la « TVA sociale » (qui devrait se traduire par des taxes sur la consommation pesant identiquement sur la consommation des ménages pauvres ou riches).
Le terme « social » avait déjà été dénaturé à partir des années 1920 avec le « national-socialisme » de sinistre mémoire. (Tiens, j’ai atteint le point Godwin tout seul !)
À travers ses jeux sur la langue, on est en droit de se demander si, en cette année électorale, le gouvernement de droite ne serait pas en train de travestir la signification originellement généreuse de l’adjectif « social » pour pervertir notre représentation du socialisme...

Il suffit d’ajouter « militaire » à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n’est pas la justice, la musique militaire n’est pas la musique.

Georges Clemenceau





Lundi, le 19 septembre 2011
JEP : Journée sous l’Esprit de la Psychogéographie
Avant-hier, avec le compère André-François, nous avons profité des JEP (les Journées Européennes du Patrimoine) pour faire un peu de « psychogéographie ». Je n’aurais pu être mieux accompagné en cette occasion car l’ami André-François est expert en la matière : il a traduit et adapté Psychogéographie ! Poétique de l’exploration urbaine de Merlin Coverley, un ouvrage paru dans la collection « la bibliothèque des miroirs », volume 10, aux moutons électriques éditeurs, cette année 2011.
Les JEP étant placées cette année sous le signe des transports, nous avons débuté notre promenade lyonnaise en nous rendant aux Brotteaux, ce quartier du 6e arrondissement de Lyon où se trouve une ancienne gare. Hélas, point d’élément spécial en ce week-end dédié au patrimoine : la gare désaffectée depuis 1982, un beau bâtiment classé au titre des monuments historiques, ne donnait à voir que des miniatures de petits trains qui ne nous avaient guère intéressés. Nous avons été tout aussi déçus par la brasserie aux « céramiques Art nouveau remarquables » (selon le programme) car aucune visite n’était prévue et nous arrêter là aurait dérangé la valse des serveurs s’occupant de leurs clients.
Ce n’est qu’en quittant le quartier en direction du Rhône pour nous retrouver à l’Hôtel du gouverneur militaire de Lyon que nous avions eu de quoi nous mettre de jolies choses sous les yeux : la bâtisse est très belle avec son style Second Empire à l’accent fortement italien dans sa décoration (avec voûte, fontaines et arcades de la cour rappelant le style florentin). Au sortir de l’Hôtel du gouverneur, nous avons été surpris et amusés de voir la devanture d’une épicerie surmontée de grandes lettres découpées à la police de caractères datée (entre l’après-guerre et les années 1960) :
Nous avons pris une passerelle pour traverser le Rhône, sommes arrivés dans le 2e arrondissement, à la Place de la Bourse, mais la file d’attente présente au Palais du Commerce, trop importante, nous a fait changer nos plans et remettre la visite à une autre fois. Nous avons ainsi rejoint la foule présente dans la rue de la République, la Place Bellecour et la rue Victor Hugo, mettant les tendances agoraphobiques d’André-François à l’épreuve.
Arrivés à la gare de Perrache, nous n’avons pas trouvé les expositions qui auraient dû être présentes (dans les bâtiments de la gare ainsi qu’au sein du Grand Hôtel Château Perrache). Nous sommes cependant parvenus à découvrir qu’un train spécial pouvait nous déposer jusqu’au technicentre de Lyon et aux ateliers TER de la Mouche. En attendant le train, André-François se croyait à Bordeaux, et moi à Strasbourg. Il est vrai que ces trois gares, construites dans la deuxième moitié du XIXe siècle, présentent nombre de points communs architecturaux. Et comme André-François et moi sommes tous deux fils d’agents SNCF et que nous avons beaucoup profité du train durant nos études, nous avons l’un comme l’autre accumulé un stock considérable d’heures d’attente en gare, un livre à la main.
Psychogéographons un peu : les gares ont invariablement eu sur moi un effet apaisant. En effet, même si je me retrouvais dans un coin complètement paumé de France, je parvenais à rester zen car, du moment où il m’était possible de trouver une voie ferrée et, de là, une gare, je ne me sentais pas perdu, disposant chaque année d’un certain jeu de trajets gratuits nationaux et ayant ainsi la possibilité de rentrer chez moi, même désargenté.
Un TER est entré en gare pour nous déposer au technicentre de Lyon-Gerland, seul centre TGV de province, destiné à l’entretien des TGV Duplex de la ligne Paris-Lyon (que j’emprunte à l’occasion pour me rendre dans la capitale) et du futur TGV Rhin-Rhône (qui me sera bien utile lors de prochains séjours alsaciens).
La visite a beaucoup plu à André-François ; il est vrai que toutes ces mécaniques ne manquent pas de charme, mais je n’ai pas réussi à être réellement bluffé par tout cela, ayant d’une part peu de goût pour l’univers des garagistes — fussent-ils ferroviaires — et ayant d’autre part eu la chance d’emprunter la ligne Paris-Lyon presque dès son ouverture, au tout début des années 1980, rendant « normal » ce qui pouvait paraître à d’autres merveilleux. Néanmoins, parmi les TGV présentés, il y avait quand même le champion du monde de vitesse sur rail, belle bête qui avait fait une pointe à 574,8 km/h. Et puis, comme à la gare des Brotteaux, nous avons eu droit à une exposition de trains miniatures, dans un décor très daté « France d’autrefois », caricature des années 1960... avec malgré tout des éléments anachroniques tels qu’une multitude de velux modernes sur les toits ou, plus étonnant pour des spécialistes, des TGV de couleurs orangée (les premiers modèles, qui dataient du début des années 1980) ou gris et bleu dans leur version « Atlantique » (dont la mise en service ne date que de 1989). Cela nous a amené à nous interroger sur de nouvelles formes d’uchronies : après le steampunk et un de ses avatars comme le diesel-punk, pourrait-on imaginer un genre tel que le TGV-punk ? (Que ce serait-il passé si le TGV était apparu dès les années 1960 ?)
Nous avons quitté le technicentre en passant par un petit bout du 8e arrondissement et par le 7e, en suivant la route de Vienne, la rue Chevreul et nous avons plongé dans le quartier multiethnique traversé par la rue de Marseille. Dans le 3e arrondissement, nous nous sommes retrouvés à la place Bahadourian pour rejoindre le quartier de la Part-Dieu au plus court, c’est-à-dire en prenant la rue Moncey, cette fameuse rue « euclidienne » (dont j’ai déjà parlé dans cet article), une des rares rues qui passe en diagonale et qui permet d’éviter toutes les rues et tous les cours qui se coupent à angle droit, pressés que nous étions d’échapper à la pluie qui commençait à tomber à grosses gouttes en cette fin d’après-midi.


Jeudi, le 18 août 2011
La période infernale de 10 000 jours plus ou moins 10 pourcents (10kD±10%)
Il y a moins d’un mois, l’auteur-compositrice et interprète britannique Amy Winehouse était retrouvée décédée dans son appartement londonien, rejoignant ainsi le funeste Club des 27.
Le Club des 27 regroupe tout un ensemble de musiciens de rock et du blues décédés à l’âge de 27 ans. Pourquoi tant de célébrités de la musique sont-elles mortes à cet âge ? En 1978 (déjà !), Serge Gainsbourg s’interrogeait sur la disparition précoce des pop-stars des Sixties à travers une chanson interprétée par Jane Birkin dans une sinistre énumération : Brian Jones, Jim Morrison, Eddy Cochran, Buddy Holly, Jimi Hendrix, Otis Redding, Janis Joplin... Même si Cochran, Holly et Redding ne font pas partie du Club des 27, étant morts pour certains encore plus jeunes dans des accidents de taxi ou d’avion, on pourra s’étonner du nombre d’overdoses, d’accidents liés à la prise d’alcool et médicaments ou de suicides de ces musiciens à l’âge de 27 ans...
Je ne connaissais pas bien ces musiciens — étant né après leurs morts — mais il m’aurait été difficile de passer à côté de l’interprétation à la guitare électrique de l’hymne américain par le Voodoo Child ou d’ignorer un groupe comme les Rolling Stones alors que je ne savais pas que Brian Jones en avait été le membre fondateur. Quant à Jim Morrison et les Doors, leur chanson The End illustrait l’Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1979) et le groupe était un peu revenu à la mode au début des années 90’ avec le film d’Oliver Stone.
Mais pourquoi 27 ? Je m’étais un jour amusé avec les fonctions de dates d’un tableur, et j’avais remarqué que cette année était celle des 10 000 jours de vie d’un individu. En considérant une période de plus ou moins 10 %, cela donne une période infernale comprise entre 24 ans (9000 jours) et 30 ans (11000 jours) où on retrouve de nombreuses célébrités tuées dans des processus d’auto-destruction, qu’elles soient du monde de la musique ou du cinéma :
  • l’acteur James Dean, né le 08/02/1931 et mort le 30/09/1955 dans un accident de voiture, soit à exactement 9000 jours de vie ;
  • Brian Jones, né le 28/02/1942 et mort noyé le 03/07/1969 dans sa piscine, après avoir abusé des amphétamines et de l’alcool, soit à 9987 jours de vie ;
  • Jimi Hendrix, né le 27/11/1942 et mort le 28/09/1970 après d’être étouffé dans son vomi à la suite d’un abus de barbituriques et d’alcool, soit à 10167 jours de vie ;
  • Janis Joplin, née le 19/01/1943 et morte le 04/10/1970 des suites d’une surdose d’héroïne, soit à 10120 jours de vie ;
  • Jim Morrison, né le 08/12/1943 et retrouvé mort dans la baignoire d’un appartement parisien le 03/07/1971, soit à 10069 jours de vie ;
  • plus près de nous, Kurt Cobain, le chanteur et guitariste du groupe de grunge Nirvana, né le 20/02/1967 et mort le 05/04/1994 d’un suicide par balle, soit à 9906 jours de vie;
  • l’acteur australien Heath Ledger, le touchant interprète du cowboy gay du Secret de Brokeback Mountain et le terrible Joker du Dark Knight : Le Chevalier noir, né le 04/04/1979 et mort le 22/01/2008 des suites d’une intoxication aiguë due aux effets combinés de divers médicaments, soit à 10520 jours de vie ;
  • enfin, la chanteuse Amy Winehouse, née le 14/09/1983 et morte le 17/08/2011, soit à 10199 jours de vie.
Les psychologues ou psychiatres auraient-ils une théorie pour expliquer la raison de ce pic de décès des artistes aux alentours de leurs 10000e jour de vie ? Petits icares, qui volez vers le succès en cette période infernale des 10 000 jours ±10% de votre vie, prenez garde à ne pas vous approcher trop près du soleil...


Mardi, le 22 mars 2011
Changements
Pas beaucoup de changements au niveau de ce site dernièrement, pourtant il s’est produit...
  • des changements sur terre, avec la production d’événements naturels attendus avec crainte, et leurs terribles amplifications destructrices lorsqu’ils viennent toucher aux constructions humaines,
  • des changements en cours dans le monde, avec des révolutions porteuses d’espoir,
  • des changements dans ma vie, avec un jour où je me suis un peu senti comme Benabar :



Jeudi, le 20 janvier 2011
La rue euclidienne
À Lyon, pour traverser à pied le 3e arrondissement en diagonale (par exemple pour aller de la gare de la Part-Dieu à la Préfecture), on se retrouve face à joli problème mathématique : celui des calculs de distance.
Dans ce quartier, la plupart des rues sont soit parallèles au quai du Rhône (qui s’écoule grosso modo selon un axe nord-sud), soit sont perpendiculaires aux premières et traversent la ville d’est en ouest. Par conséquent, pour faire le chemin entre la gare et la préfecture, la distance à prendre en considération n’est pas celle que l’on pourrait estimer à vol d’oiseau mais est celle que l’on obtient en additionnant les chemins totaux selon les axes nord-sud et est-ouest. En effet, il n’est ici pas possible de traverser les immeubles de part en part puisqu’on ne peut pas y trouver les fameuses traboules. Cette dernière distance est appelée dans le jargon des mathématiciens la « distance de Manhattan » car on rencontre exactement le même genre de problème dans la célèbre île new-yorkaise.
Dans la figure ci-dessous, pour relier les deux points en rouge, en suivant les axes horizontaux ou verticaux en vert ou en bleu, on est obligé de faire un chemin de 7 unités (4 unités dans le sens horizontal plus 3 unités dans le sens vertical).
Figure 1: distance de Manhattan

Cependant, le chemin le plus rapide pour relier ces deux points rouges est la ligne droite (représentée ci-dessous en ligne avec tirets), qui ici ne fait que 5 unités par application du théorème de Pythagore :
racine(32 + 42) = racine(9 + 16) = racine(25) = 5.
Figure 2: distance euclidienne

On pourrait se dire que, même si on ne peut pas suivre de chemin en diagonale, pour grignoter un peu de ces deux unités de différence entre les deux chemins, plutôt que de prendre les grandes avenues représentées en vert et en bleu plus haut, on pourrait prendre des rues plus proches du chemin idéal, comme le chemin en violet dans la troisième figure.
Pourtant, il n’en est rien : dès que des rues se croisent à angle droit, on retombe sur une distance de 7 unités...
Figure 3: encore la distance de Manhattan

Ce qui peut sembler paradoxal, c’est que même si les immeubles étaient tout petits et qu’il y existait une multitude de rues entre les blocs d’immeubles permettant de mieux s’approcher du chemin idéal, dans la mesure où ces rues se croisent à angle droit, le chemin aurait malgré tout une distance de 7 !
En fait, si on regarde attentivement à la loupe un fin segment de droite traversant en diagonale l’écran d’un ordinateur, on se rend compte que les pixels ne suivent pas un chemin à angle droit, comme une tour se déplaçant d’une case sur un échiquier, mais « sautent » parfois directement sur une case en diagonale, comme la pièce du fou.
Enfin, il existe heureusement à Lyon une rue spéciale qui traverse le quartier en diagonale : la rue Moncey. Et chaque fois que je l’emprunte, comme elle permet de traverser plus vite le quartier, j’ai envie de l’appeler « la rue euclidienne »...


Dimanche, le 26 décembre 2010
Choix de vie
À quelques jours de la nouvelle année, c’est classiquement l’heure des bilans. C’est le moment de prendre un instant pour s’interroger sur certains choix de vie, des choix que l’on peut faire à tout âge...
Ainsi, hier, ma nièce de cinq ans a reçu comme cadeaux — parce que c’est ce qu’elle a commandé au père Noël ! — le jet privé de Barbie (celui avec coin salon, coin cuisine et qui se transforme même en destination paradisiaque) et un ensemble avec une table et un fer à repasser (qui fait même de la vapeur). Toute petite, elle semble donc déjà hésiter entre une existence dans l’hyperluxe et un quotidien plus ordinaire avec des tâches ménagères.
Comme quoi, même si Sigmund Freud a fait bien des conneries (merci Michel pour l’avoir rappelé !), voilà un élément qui illustre bien la théorie psychanalytique de l’opposition entre le principe de plaisir et le principe de réalité...



Mardi, le 23 novembre 2010
Positions papales sur la calotte de popol
D’ordinaire je n’aborde pas le sujet, parce que cela a tendance à me mettre dans une colère noire, mais je ne peux pas m’empêcher de me réjouir de la toute récente position du pape Benoît XVI qui admet, pour la première fois, que l’utilisation du préservatif n’est plus à proscrire dans toutes les situations. En effet, dans « certains cas », selon lui, il peut être utilisé pour réduire les risques de contamination, notamment par le virus du sida.
Alléluia !
Certes, ce retournement de bon sens de l’Église catholique romaine n’est qu’un trop faible assouplissement de la position extrême tenue jusqu’alors et aura bien du mal à faire oublier les ravages causés par le virus et autres MST dans des pays d’Afrique où la parole du pape fait force de loi, mais ce changement est, pour les optimistes comme moi, un espoir de voir les dirigeants catholiques être un peu plus à l’écoute de la société et de ses problèmes actuels.
De plus, ce qui peut s’appliquer au sida peut s’appliquer aux autres maladies mortelles, et par conséquent l’emploi du préservatif comme moyen de contraception n’est finalement plus à remettre en cause par les croyants et pratiquants de l’Église catholique romaine... En effet, car si on y réfléchit un peu, on peut se ranger aux arguments du grand philosophe et essayiste mais accessoirement aussi réalisateur, scénariste, acteur et nouvelliste américain Allen Stewart Königsberg :
La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible.

Prions pour que dans un jour proche les propos tenus dans la chanson l’Enceinte vierge d’Agnès Biehl n’aient plus de raison d’être...



Lundi, le 22 novembre 2010
Small world
Hier, je me trouvais en Suisse, et j’ai déjeuné avec ami français dans un restaurant chinois. À un moment, il a calculé les heures de décalage avant de s’excuser pour envoyer, avant qu’elle ne dorme, un message depuis son téléphone portable à une copine russe vivant près de la mer du Japon...


Jeudi, le 18 novembre 2010
Huit ans
Lundi, le 18 novembre 2002, je postais mon avis d’arrivée sur la planète WebLog.
Ces derniers temps, j’ai volontairement réduit le rythme de mise à jour de mon blogue afin que cet anniversaire tombe très précisément à l’occasion de l’article numéro 500. Plutôt qu’un nouveau bilan de l’année écoulée, ou une réflexion sur l’intérêt de tenir un blogue sur mon site, je préfère parler de deux petits événements récents qui m’ont fait sentir de manière assez frappante le passage du temps...
La semaine dernière, avec le « Capitaine » André-François, je me suis rendu à la Marquise, une péniche amarrée sur les quais du Rhône, pour assister au concert du groupe stéphanois French Kitch. Premier coup de poing dans la face de Monsieur-le-Temps-qui-passe : le batteur de ce groupe de rock est Alain, le fils de Jean-Jacques Girardot, mon ami et collègue, mais aussi l’auteur de science-fiction avec qui j’avais écrit « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », mon premier texte publié professionnellement (il y a... près de huit ans, là encore). Les premières fois où j’avais croisé Jean-Jacques furent notamment les Conventions de Science-Fiction Française, et ce dernier venait accompagné d’un garçonnet, un drôle de lutin blond qui faisait chuter la moyenne d’âge des personnes présentes aux conventions SFF, lieux de rassemblement des grands enfants que sont souvent les amateurs du genre. Le lutin avait bien grandi, et ce soir-là à la Marquise, j’ai pu voir qu’il se dépensait avec une belle énergie pour rythmer de la musique qui fait du bruit. Deuxième coup de poing : la musique jouée par les groupes actuels est un revival des années 1980, c’est-à-dire de « mes » années, de la musique que j’écoutais en tant qu’adolescent. Ben mince alors, moi qui avais du mal à comprendre que des amis un peu plus âgés ne juraient que par la musique des années 1960 ou 1970, voilà que je me trouvais face à des gamins, enfin des tout jeunes adultes, qui ont pour influence Cure ou Téléphone...
Enfin, avant-hier, en prenant le train pour rentrer à Lyon, j’ai vu un vieux monsieur aux cheveux gris qui ne m’était pas inconnu. Celui-ci, voyant mon regard un peu insistant, m’a aussi regardé. À son air, sans beaucoup entrer dans le jeu des méta-représentations, j’ai compris qu’il avait compris qu’il était reconnu comme familier, sans pour autant être identifié. Je l’ai donc croisé, hésitant un peu avant de passer sans oser le saluer, me trouvant trop gêné de ne pas pouvoir lui donner un nom. Ce n’est que dans le train que je me suis souvenu de qui il s’agissait : Jean-Claude Bourret, l’ancien présentateur des journaux télévisés de TF1 dans les années 1970 et 1980. Ouch ! À nouveau, le temps avait fait son effet : dans mes souvenirs, le journaliste n’avait pas les cheveux gris, mais la dernière fois que j’avais dû voir une image de lui remontait à... une époque bien lointaine où je vivais encore chez mes parents qui disposaient d’un poste de télévision.


Mardi, le 9 novembre 2010
Occasion peut-être manquée
Dans le film Mange, Prie, Aime réalisé par Ryan Murphy ou dans le livre l’Homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle, le personnage principal, en quête spirituelle et de lui-même, rencontre un vieux sage auprès duquel sa vie reprend son sens. Et dans les deux cas, cela se passe sur l’île de Bali.
C’est un peu frustrant : je me suis rendu l’été dernier dans ce lieu magique et je n’ai pas eu l’occasion de faire une telle rencontre. J’ai visité des temples hindous, j’ai vu des paysages superbes de rizières en terrasse, mais je n’ai pas connu le choc émotionnel de ces deux personnages de fiction. Par contre, avant d’arriver sur terre, j’avais passé une semaine en croisière où j’ai fait de la plongée sous-marine. Sous l’eau, dans un cadre féérique, je n’ai pas cherché à observer le maximum d’espèces marines qu’il soit possible de voir, je me suis contenté d’évoluer, tout simplement, dans cet autre univers, avec l’étrange impression de voler, et je pense qu’il s’agit de la sensation la plus proche de ce que peuvent vivre les astronautes, moi qui ai toujours rêvé de voyager d’une étoile à l’autre.
Après tout, un gourou n’est pas nécessaire pour se sentir en harmonie avec le monde et avec soi-même...


Jeudi, le 21 octobre 2010
J’en ai un peu honte...
...mais hier, j’aurais pu passer la journée à écouter France Info. D’ordinaire, c’est la radio que l’on n’écoute guère plus de vingt minutes, en prenant le petit déjeuner, après avoir pris sa douche et avant d’aller partir bosser. L’écouter plus longtemps, c’est du masochisme : les flashs sont les mêmes tous les quarts d’heure, ou presque, les mêmes reportages reviennent toutes les heures, c’est une répétition qui donne vite la nausée. Il faut vraiment attendre l’annonce d’une nouvelle très spéciale et très importante pour parvenir à rester brancher en continu sur cette fréquence.
Or, hier, il y avait la grève du personnel de la radio, et donc on a pu avoir droit à de la musique, d’un genre assez indéterminé, de la musique de films, des chansons françaises, de la pop anglaise, enfin pas de gros rap qui tache ou de cet insupportable R’n’B contemporain, mais un ensemble de musiques récentes ou anciennes qui aurait pu ressembler à ma propre playlist augmentée de titres du type « si vous avez aimé cette musique, vous aimerez aussi celle-ci ».
Avec quelques scrupules, je me mets à souhaiter une nouvelle grève de la radio...


Lundi, le 6 septembre 2010
Compagnies aériennes et aéroports
J’ai beaucoup pris l’avion ces derniers temps. En vrac, je peux dire que j’aime bien :


Vendredi, le 27 août 2010
Si loin, si proche...
Cherchez l’erreur :
Un espace Rhône-Alpes et une galerie d’Art inuit à Montréal
Dans le Vieux-Montréal, à côté d’une galerie d’Art inuit se trouve un « espace Rhône-Alpes »...


Samedi, le 24 juillet 2010
Incivilité
Passant pas mal de temps en transports en commun, j’ai de nombreuses occasions de côtoyer mes semblables, ce qui est le plus souvent agréable tant que l’on n’est pas victime ou témoin de marque d’incivilité. Je suis surpris de découvrir que mon dictionnaire indique pour « incivilité » qu’il s’agit d’un terme vieux ou littéraire, de même que l’emploi est considéré vieilli pour « civilité » qui est défini comme l’observation des convenances, des bonnes manières en usage dans un groupe social. Peut-être ai-je encore des mœurs d’un autre temps, ou en vigueur dans d’autres régions (le plus bel exemple d’individus pour lesquels la civilité n’est pas une valeur oubliée me semble être les Japonais).
L’autre jour, je prenais un train régional quand, parmi les nombreux voyageurs montant à une gare, s’est installé à quelques sièges de ma place un homme d’un certain âge, de style un peu vieux beau. À peine assis, ce monsieur a fait sonner son téléphone portable, avec une petite musique pénible et bien forte, comme s’il était en train de se décider à modifier ses sonneries. Des regards — souvent noirs — se sont dirigés massivement sur l’importun, mais celui-ci n’y prêtait pas attention, tout comme il ignorait la signalétique avec l’explicite téléphone portable endormi. D’ordinaire, je n’hésite pas à « faire la loi » lorsqu’il y a quelqu’un qui me dérange ou ennuie les autres passagers, par exemple en fumant, mettant ses pieds sur les sièges ou allumant de la musique très fort. Il s’agit cependant le plus souvent de jeunes qui finissent par obéir, même s’ils jouent aux petits caïds pour ne pas perdre la face devant leurs copains. Mais là, il y avait pas mal de personnes entre le monsieur et moi, et cela ne m’était pas encore arrivé de faire des remarques à quelqu’un de plus âgé. L’homme a ensuite passé un appel, en parlant bien haut pour que tout le wagon puisse profiter de sa conversation d’une banalité affligeante. Enfin, cinq minutes avant d’arriver au terminus, il s’est levé pour chercher ses bagages et s’est placé devant la porte, histoire de bien faire comprendre que c’était lui qui allait être le premier à débarquer, comme s’il voulait dire à tout le monde qu’il était quelqu’un d’important et de pressé.
Au moment où je sortais du train, je ne pus m’empêcher de sourire lorsque je le vis sur le quai réservé aux techniciens : il s’était trompé et, penaud, devait remonter dans le train pour sortir du côté voyageur, et cela après nous tous.
Il faut croire que l’incivilité va de pair avec l’imbécilité...


Jeudi, le 15 juillet 2010
Ma garden party en Afrique
En ces temps étonnants où le Président renonce à sa fête estivale privée dans les jardins de l’Élysée pour que l’on pense moins à certains scandales, je me rappelle de la curieuse garden party à laquelle j’avais participé, il y a une quinzaine d’années...
Pendant mes études, j’ai eu l’occasion de faire un stage de quelques mois en Belgique, en banlieue de Liège. Pendant cette période, j’ai beaucoup sympathisé avec les autres étudiants étrangers — non pas mes concitoyens, qui donnaient une déplorable image de la France aux Belges — mais des pays essentiellement africains, d’anciennes colonies belges ou françaises. Là-bas, je m’étais lié d’amitié avec Karim, un Belgo-Tunisien qui passait son temps entre Liège où se déroulaient ses études, Louvain où il passait quelques week-ends auprès de sa tante flamande, et la Tunisie où il retrouvait ses parents durant les vacances. Un an après mon stage, Karim était venu visiter l’Alsace et, l’année suivante, c’est moi qui suis allé le voir à Tunis, pendant le mois de juillet.
Cette année-là, je n’avais pas fêté le 14 juillet mais... le 21. Je me suis en effet retrouvé parmi le gratin des Belges vivant en Tunisie, intrus présenté comme un « Belge de Strasbourg » par le facétieux père de Karim. Après avoir écouté la Brabançonne (que je n’avais jamais entendue auparavant) et un discours en français et en flamand de Son Excellence, nous nous sommes restaurés de petits fours et de cochonnaille (car il était bien difficile d’en trouver dans ce pays très majoritairement musulman). Les potins allaient bon train, aidés en cela par la bière qui coulait à flot dans la chaleur magrébine. Cet été, c’était de la Jupiler qui était servie et j’avais alors appris que, d’une année à l’autre, il y avait de soit de la bière wallonne (la brasserie de Jupille-sur-Meuse se trouvant en banlieue de Liège) soit de la Stella Artois, une bière brassée à Louvain.
Eh oui, même pour cela, dans le royame d’outre-Quiévrain, il fallait trouver de quoi ne froisser aucune susceptibilité...


Vendredi, le 25 juin 2010
Témoin d’un accident
C’est très chouette de pouvoir partir à l’autre bout du monde pour aller faire de la plongée sous-marine... mais il faut pour cela faire quelques vaccins et avoir un certificat de non contre-indication à la pratique de ce sport. En me rendant ce matin chez le médecin, je commençais à m’impatienter sur le trottoir en attendant que le feu soit vert pour les piétons. Moins prudent que moi, un jeune homme a traversé la route... et s’est fait renverser par un scooter en un impressionnant vol plané.
Moment de stupeur. Deux blessés à terre dans un amas de bouts de plastique et de ferraille. J’ai sorti mon téléphone portable pour appeler les pompiers. Je n’étais a priori pas le premier à composer le 18 : au standard mon interlocuteur avait parlé d’un scooter avant moi.
Le coup de fil passé, le piéton renversé et la conductrice du scooter étaient à nouveau debout, en état de choc et en sang, cependant il n’était plus de question de vie et de mort, c’était rassurant. Voyant que les blessés étaient pris en charge par d’autres témoins de la scène et entendant la sirène des pompiers, je me suis résolu à quitter les lieux pour aller à mon rendez-vous.
Qui était en tort ? Le piéton avait traversé alors que le feu était rouge, c’est un fait. Mais le scooter, allait-il trop vite ? J’aurais été bien en peine de pouvoir répondre à cette question.
Dans la salle d’attente du médecin, j’ai repris la lecture d’un essai de neuropsychologie destiné à la mémoire, et je suis justement tombé, dans un chapitre consacré aux faux souvenirs et aux distorsions, sur une expérience menée par des psychologues américains (dont on peut trouver l’article ici) qui consistait à indiquer quelle était la vitesse des véhicules à des sujets assistant à la projection de courts films montrant des accidents de voitures. Les résultats variaient énormément suivant la force des termes employés dans la question (d’une vitesse considérée comme plus faible pour une question avec l’expression « les voitures sont entrées en contact » à une vitesse considérée comme beaucoup plus rapide quand la question parlait de voitures qui « se sont écrasées l’une contre l’autre »).
Si j’avais dû témoigner de la scène, alors que j’avais pourtant vraiment bien vu le scooter arriver, je pense que j’aurais sans doute surestimé sa vitesse en raison des éléments gardés en mémoire : la violence du bruit de la collision et les images saisissantes de l’accident.


Mercredi, le 23 juin 2010
L’équipe
L’overdose des informations footballistiques va sans doute s’arrêter, et c’est tant mieux.
J’éprouve en effet une profonde aversion pour les sports d’équipe, et cela remonte à... loin... vraisemblablement à mes premières années de collégien. À l’époque, j’étais plutôt petit par rapport à ma classe d’âge (étant né en fin d’année) et, plus que tout, je détestais l’esprit de compétition. Je n’étais pas vraiment nul en sport, mais je montrais une mauvaise volonté évidente à obéir aux capitaines pour marquer ou défendre un but ou un panier contre d’autres joueurs que je n’arrivais pas à considérer comme des adversaires. Les « leaders nés » l’avaient vite compris et, au moment de composer des équipes, j’étais souvent choisi en dernier, après les grassouillets qui, bien que patauds, faisaient preuve d’une bien meilleure motivation que moi.
Mon meilleur ami, en classe de 6ème, montrait le même désintérêt que moi pour « l’esprit d’équipe », aussi les profs, désespérés de nous voir ainsi, nous faisaient jouer avec les filles, ce qui n’avait absolument rien de désagréable (une compagnie féminine était toujours plus plaisante, sans doute n’étions nous pas en retard sur tous les plans).
Le sport que je pratiquais alors était le judo, quand j’aimais beaucoup tant qu’il s’agissait de découvrir la philosophie japonaise qui l’accompagnait et d’apprendre les gestes permettant une meilleure maîtrise de son propre corps. Je me suis cependant mis à détester ce sport au moment où j’ai été obligé de faire des combats, et j’avoue que j’ai passé des samedis après-midis de cauchemar dans les dojos de la région pour participer à d’abrutissantes et frustrantes compétitions.
Depuis, rien n’a changé. J’ai toujours aussi peu de considération pour les sports qui mettent en avant la compétition ou d’autres valeurs que je ne partage pas. Mon sport favori est la plongée sous-marine : l’équipe s’appelle ici « une palanquée », et ce qui nous unit n’est pas un esprit agressif envers d’autres joueurs mais une confiance mutuelle nous permettant d’évoluer en sécurité dans un autre monde, l’eau et la féerie des fonds du grand bleu...


Jeudi, le 10 juin 2010
Tokyo : Jour 5
Lost in T[ranslation]okyo.
Il y a quelques années, lors de mon premier séjour au Japon, j’ai réussi à rentrer à mon hôtel après une heure de déambulation hésitante alors que je m’étais trompé de sortie à la station de métro, qu’il était très tard lorsque j’avais quitté mon collègue japonais et que je n’y voyais plus très clair car le repas au restaurant était fort arrosé. Néanmoins, je me trouvais non dans la capitale mais dans une grande ville de l’île de Kyushu aux dimensions beaucoup plus modestes, et mon hôtel était un grand bâtiment ultramoderne présent sur une des principales avenues.
À Tokyo, mon hôtel est situé au sein d’un dédale de petites rues, avec peu de points caractéristiques sur le chemin pour se repérer. Et en utilisant de façon erronée l’astuce mnémotechnique donnée par le collègue tokyoïte, j’ai confondu le nom de deux stations de métro et je me suis retrouvé à Shinjuku, le quartier des gratte-ciel situé à l’est, au lieu du paisible quartier de Ueno, beaucoup plus au nord. Après avoir repris le métro, je me suis retrouvé dans le bon quartier, mais je n’ai plus réussi à reconnaître les précieux indices permettant de me mettre sur la voie de mon hôtel, et comme je n’avais pas sur mon bout de plan les rues où ce dernier se situait, en essayant diverses rues au hasard, je ne faisais que m’éloigner de mon objectif. C’est ainsi que, un peu lâchement, j’ai arrêté un taxi et donné mon illisible bout de papier avec les informations écrites dans les seuls caractères japonais au chauffeur... et, après avoir fait demi-tour, j’ai pu rentrer chez moi en un quart d’heure.
Tokyo, ville aux multiples facettes, quartier de Ginza



Mercredi, le 9 juin 2010
Tokyo : Jour 4
J’ai un point commun avec les Japonais qui tient dans un mouchoir de poche.
Un élément déroutant, au Japon, est l’absence de serviette. Bien sûr, il y a des serviettes de table au restaurant, ces fameuses serviettes humides chaudes, mais lorsque l’on veut se laver les mains dans un lieu public, il n’y a ni serviette en papier ou en tissu, ni séchoir à main. Il se trouve que les Japonais ont toujours sur eux un mouchoir en tissu qui leur permet de s’essuyer.
C’est amusant, parce que j’ai l’habitude d’avoir dans les poches de mon pantalon des mouchoirs, l’un pour me moucher (car j’ai horreur des mouchoirs en papier), l’autre pour m’essuyer les mains au cas où je tomberais sur un séchoir ne marchant plus ou sur un bac à serviettes vide.
Je n’avais cependant pas imaginé que cette petite manie aurait une réelle utilité ici.
Un restaurant de « cuisine française » à Tokyo



Mardi, le 8 juin 2010
Tokyo : Jour 3
Je me sens un peu comme Carrie Bradshaw.
Oui, c’est ça, le personnage de Sex and the City joué par Sarah Jessica Parker, la série télévisée (que je n’ai jamais regardée d’ailleurs) (mais dont je suis allé voir la première adaptation du film) (enfin, ma copine de l’époque m’a poussé à aller voir ce film) (ouais, on accepte parfois n’importe quoi quand on est amoureux).
Comment en suis-je venu à me sentir comme l’hystérique new-yorkaise depuis que je suis à Tokyo ?
Réponse : les chaussures !
Je passe mon séjour au Pays du Soleil Levant dans un hôtel traditionnel. Par « traditionnel », il faut entendre un petit hôtel, avec salle de bain commune, un jardin ravissant avec un plan d’eau rempli de poissons, etc. Or, quand on entre dans l’hôtel, la première chose à faire est se déchausser pour mettre les chaussons d’intérieur. Mais attention, pas question d’entrer dans sa chambre avec ! Il faut être pieds nus ou en chaussettes. Et on quand on va aux toilettes, il faut porter les « sandales pour toilettes », et pour pouvoir faire un tour dans le petit jardin, là encore, il faut mettre les sandales appropriées... Bref, je change de pompes encore plus souvent que Carrie.
L’emplacement pour chaussures réservé à « Monsieur Fabrice »



Lundi, le 7 juin 2010
Tokyo : Jour 2
L’Orient est indéniablement très en avance sur l’Occident.
Déjà, ce matin, avant de partir travailler à Todai, j’ai pu échanger quelques mots en messagerie instantanée avec de la famille au Canada. Alors qu’au Japon nous débutions la semaine, c’était encore un soir de week-end en Amérique. C’est très curieux.
Puis, après une bonne journée de boulot, nous avons dîné dans un sushi-bar près du Dome et de l’Institut Kodokan. Je crois n’avoir jamais goûté à autant de variétés de poissons, crustacés et coquillages crus accompagnés de riz. Il y avait pas mal d’animation devant le Dome car les Giants disputaient un match de base-ball contre une autre équipe de l’archipel.
Et là, de retour à l’hôtel, je lis avec amusement le courrier électronique d’un collègue en France qui me demandait si je voulais déjeuner en sa compagnie. Comment ! Déjeuner ?...
Rien à voir avec le sushi-bar, mais les reproductions donnent une bonne idée de ce qu’il peut y avoir dans l’assiette



Dimanche, le 6 juin 2010
Tokyo : Jour 1
Mais où est passé mon week-end ?
Samedi, en début d’après-midi, je suis allé à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry. Une escale de quelques heures, un vol retardé pour cause de problème technique, une nuit de sommeil difficile dans l’avion, une arrivée à Narita en milieu d’après-midi, et encore une heure de Kensei pour rejoindre Tokyo. Et là : énorme surprise ! Pas du tout l’impression d’être dans une ville de fous, l’hôtel traditionnel a un charme extraordinaire, il s’agit d’un tout petit hôtel familial perdu à quelques pas de Todai...
La sensation décevante d’avoir perdu une journée complète a été aussitôt remplacée par le plaisir délicieux de vivre à l’heure orientale pendant le reste de mon séjour.
Vue nocturne sur le jardin depuis la cour de l’hôtel



Dimanche, le 16 mai 2010
Nuit des musées et Nuits sonores
Petite déception, hier soir, en arrivant au bout de la rue Boileau. Rien n’indiquait la présence de l’événement « la Nuit des musées dans l’attente de l’ouverture du musée des Confluences » pourtant annoncé sur le site web du Ministère de la culture.
Dommage. Alors cap au sud, je suis reparti à l’autre bout de Lyon, suivant le cours du fleuve pour arriver jusqu’à l’avenue Leclerc et essayer un musée dans lequel je n’avais jamais mis les pieds : le Musée d’Histoire militaire de Lyon. Au numéro indiqué se trouve la caserne. Après avoir passé la barrière, il y a plein de zones interdites, et il faut chercher les petites flèches indiquant où se trouve le musée. Là encore, rien ne semblait indiquer que le lieu était ouvert, mais il l’était pourtant, avec un peu de lumière à l’étage. Et dans une salle pleine de panneaux, de mannequins d’hommes en armes et de vitrines, ce fut une très intéressante plongée dans vingt siècles d’histoire, de la Gaule romaine aux guerres contemporaines : comment Lyon s’est fortifiée, comment elle a été rattachée au royaume de France dont elle fut pendant longtemps une ville frontière, quels événements douloureux s’y sont déroulés, en particulier au moment de la Révolution (allant même jusqu’à perdre son nom pour s’appeler « Ville-Affranchie »). Étonnant de voir des photos d’archives montrant que là où se trouve mon actuel bureau étaient fabriquées les armes qui équipaient l’armée française, ou qu’une caserne se tenait en lieu et place de la gare et du centre commercial de la Part-Dieu.
Sans m’en rendre compte, les heures avaient filé à une incroyable vitesse. Lorsque je suis enfin sorti du musée, la nuit était en train de tomber.
Près de la piscine du Rhône, une jeune femme, en me croisant, m’a demandé si je cherchais un billet. Non merci. La musique électronique des Nuits sonores montait dans l’air en diffusant une chaleur que ce printemps frisquet nous refuse encore. Le cri d’une vieille femme depuis son balcon — ça va durer encore longtemps ce bordel ? — me fit sourire. Pour profiter d’une aussi belle ville avec une si jolie vue sur le Rhône, on peut bien accepter de temps à autre quelques nuisances sonores...


Jeudi, le 6 mai 2010
La sensation de l’artiste
Grosse journée de travail à Paris, hier.
Avec un TGV à 6h30, j’aurais eu néanmoins une dizaine de minutes de retard à ma réunion située de l’autre côté de la capitale, dans le 16e arrondissement. Puis, au dernier moment, l’heure de démarrage de la réunion a été retardée d’une heure, aussi ai-je eu le temps de faire une petite balade pédestre. RER A depuis la gare de Lyon, descente à la station Charles-de-Gaulle-Étoile. Arc de triomphe, Champs Élysées.... Amusant de jouer au touriste dans la ville qui fut celle où j’avais vécu un an, il y a plus de dix années de cela. Avenue Georges V. Boutiques de luxe, ambassades, grands hôtels. Puis la Seine, longée jusqu’à la Place du Trocadéro.
Et là, la sublime citation de Paul Valéry sur le Palais de Chaillot :
Tout homme crée sans le savoir
Comme il respire
Mais l’artiste se sent créer
Son acte engage tout son être
Sa peine bien-aimée le fortifie

Nul n’a aussi bien décrit ce sentiment que j’ai l’occasion de connaître quand j’ai l’impression que plus rien au monde n’existe d’autre que le texte que je suis en train d’écrire ou la matière que je suis en train de sculpter...


Dimanche, le 7 mars 2010
Films allemands, romans français et expériences américaines
Pour moi, jusqu’il y a peu, le cinéma allemand se limitait à Nosferatu, une symphonie de la terreur de Murnau (1922) ou Metropolis de (l’Autrichien) Fritz Lang (1927).
Oui, du cinéma allemand, j’avais une vision des plus limitées...
Cependant, depuis les années 2000, nous avons la possibilité de voir dans les salles de l’Hexagone quelques petits bijoux réalisés outre-Rhin. J’avais été intrigué par Elementarteilchen d’Oskar Roehler (2006), l’adaptation plutôt réussie du roman Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq (1998). J’avais été séduit par Vier Minuten (Quatre Minutes) de Chris Kraus (2006) et son envoûtante musique.
Mais là où les réalisateurs allemands sont très forts, c’est quand ils se mettent à adapter des expériences comportementales menées aux États-Unis, notamment :
  • Die Welle (La Vague) de Dennis Gansel (2008) qui s’inspire de l’expérience de la Troisième Vague menée par le professeur d’histoire Ron Jones ;
  • Das Experiment (L’Expérience) de Oliver Hirschbiegel (2001) qui reprend l’Expérience de Stanford menée par le professeur de psychologie Philip G. Zimbardo au sujet des effets de la situation carcérale avec des étudiants jouant les rôles de gardiens et de prisonniers.
Je vous conseille vivement de voir ces deux derniers films, et si vous avez la chance de vous trouver à Lyon ou ses environs, sachez que le 4 avril 2010 à 10h00 (et non 12h30 comme indiqué sur l’affiche que vous trouverez ici), le professeur Philip G. Zimbardo donnera une conférence à l’Université Lumière Lyon 2, campus Porte des Alpes (à Bron).


Dimanche, le 10 janvier 2010
Lyon sous la neige
Boulevard des Belges, les jolies demeures jouxtant le Parc de la Tête d’Or ne sont plus seulement cachées par les arbres, la neige les protège un peu du regard.

À l’intérieur du parc, on ne croise pas que les indéfectibles joggeurs... il y a aussi des personnes en ski de fond.

Le lac est en partie gelé, les oiseaux se sont mis au loin.

La Porte des Enfants du Rhône.

Vue sur la Colline de la Croix-Rousse

Les murs tagués près de l’aire de skate contrastent agréablement avec les couleurs atténuées par la neige et le gris de ciel.

Rue de la République.

Place des Terreaux, la fontaine Bartholdi.

Musée des Beaux-Arts. Un des bronzes du jardin semble durement éprouver le poids de la neige.

La colline de Fourvière. La basilique Notre-Dame et la tour métallique.

Sur la colline, le Parc des Hauteurs. Là aussi, des skieurs...

Depuis la colline, zoom sur l’église Saint-Nizier.

Zoom sur la Place Bellecour.

Vue sur le nord de Lyon. L’opéra. Le parc de la Tête d’or.

Le lion ailé garde l’entrée de la basilique, impassible malgré la neige et le froid.

Vue globale sur Lyon. La cathédrale Saint-Jean. Les tours de la Part-Dieu et Oxygène. La place Bellecour.

Le théâtre gallo-romain.

La Primatiale Saint-Jean

La Place Bellecour.

Vue sur Fourvière depuis Bellecour.

Les quais du Rhône.

Quelques jours plus tôt, la Tour Part-Dieu.




Samedi, le 2 janvier 2010
Meilleurs voeux pour 2010 !
Amie lectrice, ami lecteur, reçois tous mes vœux en cette nouvelle année.
Pour moi, l’année 2009 s’est achevée de manière très atypique, avec Noël que je n’ai pas fêté en famille, et le 31 décembre que je n’ai pas fêté du tout, pas plus que mon anniversaire, d’ailleurs.
Cependant, l’an 2010 commence bien parce que, après des mois où, débordé de boulot, je n’ai pu me plonger dans la lecture de textes de fiction, je viens enfin de poster mon chèque de réabonnement à la revue Bifrost du Bélial’ et d’acquérir le dernier recueil de nouvelles d’un de mes maîtres, à savoir Océanique de Greg Egan. Et c’est un recueil bourré d’inédits : je salive déjà !
Sensation amère pourtant : l’endroit où j’ai acheté le bouquin de l’auteur australien est situé à quelques mètres d’un hypermarché où, il y a quelques jours, des vigiles voulant jouer les gros bras ont tué un malheureux marginal...


Mardi, le 22 décembre 2009
Impressions miamiennes
Voilà plus d’une dizaine de jours que je suis rentré de ce qui fut mon premier séjour sur le sol américain. Et encore, je me suis retrouvé à Miami Beach, qui est une île (mais Manhattan aussi, après tout). J’ai déjà eu l’occasion de faire des voyages aux Antilles, mais il faut croire que je suis comme Christophe Colomb : je rechigne à poser le pied sur le continent.
Les premières impressions ne sont pas très agréables, à l’arrivée aux États-Unis, avec les formalités de douane. Heureusement, je suis tombé sur un chauffeur de taxi fort sympathique qui m’a déposé à mon hôtel... mais j’ai eu la surprise de voir sur sa licence qu’il avait un prénom français : il était Haïtien.
Hôtel luxueux, vue sur la marina, et sur l’autre rive, des bateaux de plus ou moins grande importance jouxtent de superbes villas. Réveil très tôt, jet lag oblige, les surprises s’enchaînent : il faut prendre son temps pour comprendre le mécanisme de la douche, avec ses robinets inversés par rapport aux nôtres ; des surprises agréables comme la qualité du petit déjeuner de l’hôtel, et d’autres moins quand, avec les taxes, ce petit déjeuner vous coûte pas loin de 30 US$, ou 10 US$ par jour (taxe non comprise) pour l’utilisation d’Internet.
Promenade matinale dans Collins Avenue. J’ai l’impression d’être dans un ghetto pour riches... Il y a très peu de monde sur les trottoirs, par contre les voitures circulent. Souvent des voitures de sport, des grosses cylindrées, et notre équivalent du jeune qui met du rap, du raï ou du R’n’B à fond dans sa voiture : ici, il est hispanique et déverse des flots de rythmes caribéens. Je prends une rue perpendiculaire et me retrouve de l’autre côté de l’île, plages de sable fin, mer agitée, et même s’il ne fait pas très beau, j’en profite pour me baigner dans l’océan. L’eau est bonne, l’air est doux, ce n’est qu’à l’intérieur de l’hôtel que l’on se rend compte que l’on approche de l’hiver : les Américains mettent l’air conditionné au plus bas, nous avons l’impression de circuler dans un réfrigérateur.
Une semaine, voilà le temps que j’ai passé à Miami. Séjour pour des raisons professionnelles (ce genre de mission est l’un des rares avantages de mon métier). Sentiment d’une certaine frustration de n’avoir été que dans des lieux touristiques (mon hôtel, qui, avec ses dix-huit étages, semblait ridiculement petit comparé à ses voisins, Lincoln Road et ses restaurants italiens, japonais et français, le parc national des Everglades). Curieux décalage culturel, notamment au moment de partir, à l’aéroport, quand une dame m’avait félicité pour la beauté de mes dents : je lui ai répondu que c’était parce que, en France, nous avions des sécurités sociales et mutuelles qui remboursaient assez bien les frais dentaires, et qu’avec les réformes souhaitées par leur nouveau président, les Étatsuniens pouvaient espérer bénéficier des mêmes traitements.
Les États-Unis, pays de tous les paradoxes...


Mercredi, le 14 octobre 2009
L’adverbe de toutes les angoisses
Habitué aux transports en commun, et surtout ferroviaires, je me suis pris à maudire un mot de 12 lettres de notre belle langue : l’adverbe « initialement », synonyme pour moi d’une violente poussée d’adrénaline.
La montée de l’angoisse se présente ainsi :
  • Dong, dong, dong ! (la sonnerie) : mobilisation de l’attention
  • Par suite de [insérer ici une excuse liée aux intempéries, à des facteurs humains quelconques, à des problèmes matériels ou à une invasion d’araignées géantes venues de Neptune] : angoisse de l’inconnu vague (que se passe-t-il encore ?)
  • le train [insérer ici un numéro incroyablement compliqué] : l’angoisse de l’inconnu se précise (est-ce que cela va me concerner ?)
  • en provenance de [insérer ici la gare de départ] et à destination de [insérer ici la gare d’arrivée] : sentiment de persécution (argh, oui, c’est bien mon train !)
  • départ initialement prévu à [insérer ici l’heure de départ] (argh, oui, mon train ne partira pas à l’heure ! c’est désormais certain ! je suis damné !)
  • partira (ouf ! au moins il partira !) avec un retard de [insérer ici une durée suffisamment importante pour être bien en retard à son rendez-vous, et anticiper en s’imaginant une arrivée peu discrète à une réunion de travail hyper importante, tout en sueur à force de courir dans tous les sens pour limiter la casse spatio-temporelle du quotidien]
  • ...environ : l’acmé de l’angoisse avec le couperet du flou, le sentiment d’impuissance est à son point culminant (argh, si ça se trouve, cela risque d’être encore pire que ça !)
La SNCF, pour vous donner les jetons, c’est mieux que les Contes de la crypte...


Mercredi, le 7 octobre 2009
Impressions praguoises, suite (tardive)
Arrivé dans la capitale tchèque, je n’avais pas été d’emblée séduit par la ville. Pourtant, peu à peu, le charme de la cité m’avait gagné, avec ce je-ne-sais-quoi de familiarité et d’étrangeté mêlées.
Bien sûr, il y a des sculptures héritées du réalisme socialiste et des bâtiments imposants mais sans âme issus d’années de vécu communiste. Cependant, il y a aussi toutes ces églises et synagogues, toutes ces belles constructions aux façades de pierre de taille richement travaillées.
Prague me faisait penser à une multitude de lieux à la fois : les couleurs de certains immeubles m’évoquaient l’Allemagne ; les artistes du pont Charles, le Montmartre de Paris ; le style Art nouveau des cafés (Alfons Mucha était tchèque), un Paris de 1900 ; les jardins sur la muraille du château, les pentes de la Croix-Rousse, à Lyon.
Mais quand je me suis retrouvé là, en train de manger un bretzel en regardant l’horloge astronomique de la cathédrale, indéniablement, je me serais cru à Strasbourg, ma ville natale...


Lundi, le 14 septembre 2009
Premières impressions sur Prague et autres péripéties
Je suis arrivé hier dans la capitale de la République Tchèque.
Cherchant à suivre les indications qui m’avaient été fournies, je prends un bus à la sortie de l’aéroport mais j’arrive devant la gare ferroviaire alors que j’aurais dû me retrouver près d’une bouche de métro qui m’aurait permis, après une ou deux correspondances, de rejoindre mon hôtel. Mais j’ai été leurré par le terme « nàmêsti » qui signifie « place », et je ne suis pas du tout à la place souhaitée. Les bouches de métro devant cette gare sont condamnées (avec du fil de fer barbelé), il y a bien un arrêt de bus devant la gare mais je ne comprends pas où les lignes mènent, et j’ai la sensation d’être piégé car, sur la route à plusieurs voies, les voitures roulent à toute vitesse, et je ne trouve pas de passage pour piétons.
Finalement, je trouve un passage souterrain (sale et glauque) permettant d’éviter l’obstacle des voitures, et quand j’en sors, soudain, je me rends compte à quel point cette ville est belle ! Je me retrouve à côté de l’opéra où se joue... la Bohème.
Pour la petite histoire, si « bohémien » désigne les Tsiganes nomades, c’est qu’à la fin du Moyen-Âge, le roi de Bohême Sigismond Ier (du Saint-Empire) les aurait dotés d’un passeport de son pays afin qu’ils puissent plus aisément parcourir le vaste monde. Et puis, avant devenir le second « bo » des bobos, un bohème consistait en une personne, le plus souvent un artiste, vivant sans règles, en marge de la société, comme dans l’opéra de Puccini.
Avec ces nouveaux repères, l’opéra, le nom de la rue, et la position de gare, j’ai découvert que j’étais finalement tout près de mon hôtel (j’avais fait imprimer une carte de Prague, mais elle était très partielle). Il ne me restait plus qu’à me retrouver de l’autre côté de la voie ferrée, déposer mes valise et sac dans la chambre de mon hôtel et ainsi partir à la découverte de la ville...


Jeudi, le 27 août 2009
Saut quantique
« Natura non facit saltum » aurait dit Isaac Newton, « la nature ne produit pas de discontinuité ». Le grand homme avait tort. En physique, il existe le saut quantique qui « caractérise un changement brusque de l’état d’un système quantique de manière pratiquement instantanée ».
C’est assez curieux, mais une augmentation quantitative produit parfois, après avoir dépassé un seuil difficilement définissable, un changement qualitatif.
Par exemple, des neurones en nombre suffisant, et organisés de manière appropriée, on fait du cerveau humain ce que nous sommes, nous distinguant du reste du règne animal.
Ou alors, assis à la terrasse d’un glacier lyonnais bien connu, je ne peux que me rendre à l’évidence que les coupes glacées qui y sont servies sont évidemment fabuleuses, qualitativement supérieures (en arômes, dans le choix judicieux des ingrédients pour les compositions, dans l’esthétique de la présentation) à celles dégustées en d’autres lieux de ma connaissance. Mais ce saut qualitatif a aussi son pendant quantitatif : la glace en question est vendue au prix d’un plat principal dans un petit restaurant...


Dimanche, le 8 mars 2009
Article supprimé
(...)


Mardi, le 18 novembre 2008
Article supprimé
(...)


Lundi, le 4 août 2008
Dans la jungle
Naïvement, j’imaginais que la France était un pays civilisé. Enfin, la France métropolitaine. Et dans les grandes villes, quoi...
Ouah ah ah ah... (rire de désespoir)
Demain, à cette heure, les déménageurs doivent passer pour embarquer les cartons (il m’en reste d’ailleurs encore à faire, certaines affaires ne sont pas emballées, mais je suis en panne sèche de cartons en ce moment et je dois en récupérer quelques uns pour ce qui me reste de livres, vaisselle, habits, petit électroménager, bouteilles, conserves et autres denrées alimentaires). Mais, arrivé à Lyon, il faut dire les choses telles qu’elles le sont : ce sera la zone.
En effet, je n’aurai pas de gaz (je me faisais à peu près à l’idée de devoir prendre mes douches à l’eau froide et à cuisiner avec mon vieux four micro-ondes tout pourri)... et pas d’électricité non plus ! Là, c’est franchement plus problématique : pas de lumière le soir (autres que les bougies), pas de possibilité de mettre mon réfrigérateur en route et bien sûr pas moyen d’utiliser un ordinateur (moi qui angoissais à l’idée d’être privé quelques jours d’Internet, me voilà rappelé à des considérations bien plus élémentaires).
Et donc, depuis quelques jours, mes appels aux différents services de distribution de gaz et de l’électricité (et encore, je n’ose pas contacter les services de distribution d’eau, parce que sinon...) se soldent par des semi-échecs liés à un problème de logiciel (ou autre excuse bidon) avec des promesses (jamais tenues) d’être rappelé sous 24 ou 48 heures pour la prise d’un rendez-vous avec un technicien.
Argh, je vais vivre mes premiers jours dans mon nouvel appartement dans la jungle, avec une foule de cartons, sans possibilité d’installer des rideaux, à calquer mes horaires sur le soleil et à me nourrir de... je ne sais pas quoi (des trucs qui se conservent hors d’un frigo et qui n’ont pas besoin d’être cuits pour être mangeables).
En anglais, le confort moderne se nomme, en abrégé, « mod cons », mais vu la manière dont les sociétés gérant ces services le font et dont elles traitent leurs clients, ce sont plutôt nous qu’elles prennent pour cette abréviation britannique.
En conséquence : blog en pause. Vu la situation, je ne sais pas trop quand je pourrais revenir à la civilisation... Allez, je vais au moins chercher des silex et du bois sec pour pouvoir faire du feu dans mes jolies cheminées... décoratives (ah, mince : c’pas pôssib’)


Samedi, le 12 avril 2008
Pas de sakura pour Nathalie-san
Certes, je n’ai aucune affinité avec la couleur politique de Nathalie Kosciusko-Morizet, l’actuelle secrétaire d’État chargée de l’écologie. Néanmoins, je parviendrais presque à la trouver sympathique, la miss, avec le pseudo-scandale qu’elle a déclenché en critiquant son chef et les schtroumpfs de son parti.
Enfin, faut pas déconner non plus : NKM a fait des excuses publiques, mais malgré cela, elle n’accompagnera pas ses collègues en voyage officiel au Japon.
Pas de bol, Nathalie : le Japon est un pays superbe. Surtout qu’en ce moment, c’est le sakura, la fête des cerisiers en fleurs et... sans OGM.


Dimanche, le 6 avril 2008
Superstar sister
Mon plus jeune frère, installé dans la partie anglophone du Canada depuis quelques mois, a de quoi être fier : son épouse, chercheuse, vient de voir sa renommée internationale boostée par la parution d’un article signé de sa main dans l’une des plus grandes (si ce n’est « la » plus grande des) revues scientifiques au monde.
Les chaînes de télévision canadiennes ont donc interviewé ma belle-sœur, et mon petit frère, armé de son caméscope, a filmé la télévision au moment où son épouse passait à la télé. Les vidéos numériques, il les a mises en place sur Internet de manière à ce que toute la famille puisse y accéder...
À sa plus grande surprise, il n’y a eu que moi à aller le site, voir ses vidéos et féliciter sa femme.
Explication : le reste de la famille, ne parlant pas anglais, n’avait rien compris à l’interface permettant de télécharger les vidéos, et quand bien même certains membres de la famille y étaient parvenus, ils ne comprenaient rien aux propos de l’épouse de mon frère et aux retombées de ses découvertes.
Ben ouais : sic transit gloria mundi, la gloire du monde ne passe pas à travers le temps, à travers l’espace, à travers l’océan et à travers la barrière linguistique.


Mardi, le 25 mars 2008
Material boy
Je viens de me rendre compte qu’en cette période de Pâques, je n’ai pas eu l’occasion de manger un seul morceau de chocolat. Néanmoins, pour mon plus grand bonheur, j’ai acheté plein de délices chocolatés dans la boutique de luxe locale (en France, à Saint-Étienne) mais j’ai tout offert à mon collègue japonais et à sa sympathique famille. À noter qu’un lapin en chocolat, dans une valise qui voyage dans la soute de l’avion, c’est une mauvaise idée. Mais bon, pas grave.
J’espère simplement avoir plus de chance avec les fragiles objets que je ramène du Japon chez moi, ces derniers étant méticuleusement emballés (un mini service de table japonais pour 2 personnes).
D’ailleurs, comme j’avais encore plein de yens sur moi, j’ai pris le temps de faire du shopping et de flâner dans les magasins. J’ai acheté un personnage de manga pour faire semblant d’être un otaku, mais aussi un mannequin articulé qui me servira en sculpture (à dire vrai, pour le dernier article, je viens de découvrir que c’est un peu moins cher en France). J’ai aussi acheté de quoi peindre et écrire des kanjis. Enfin, c’est difficilement avouable, mais j’ai craqué pour des fringues... Les Japonais adorent les boutiques de luxe européennes, et françaises en particulier, mais le style vestimentaire qu’ils adoptent ne se retrouve pas vraiment dans l’Hexagone. Alors, profitant du fait que l’euro se porte plutôt bien par rapport au yen, je me suis lâché...
D’ailleurs, c’est aussi ça l’avantage de faire régulièrement des exercices d’abdominaux, de manger léger et d’éviter les orgies de chocolat, on peut mettre des fringues assez fashion.
Il faut reconnaître qu’au Japon, si on remarque qu’il y a de temps en temps des femmes en kimono (ou plutôt en yukata), si l’on peut être surpris de croiser des gens malades portant un masque sur le nez et la bouche (pour éviter de contaminer les autres avec leurs microbes), on ne peut pas ignorer que les hommes portent très majoritairement des costumes sombres plutôt élégants. Bon, il est temps de préparer ma valise, je vais rentrer à la maison, il faut que je range encore ma cravate, cet accessoire vestimentaire que je ne porte presque jamais en France... (Non, je plaisante : à part pour le jour de Pâques, je n’ai pas porté de cravate au Japon !)


Lundi, le 24 mars 2008
Le Japon en quelques adjectifs
Frustrant : je parviens à poser quelques questions en japonais, j’ai un accent acceptable, mais je suis obligé de basculer en anglais pour comprendre les réponses qui me sont faites car ma connaissance de la langue est encore trop limitée.
Amusant : la petite musique qui se fait entendre pour indiquer qu’il est possible de traverser la voie ressemble à celles que l’on entend dans nos contrées en période de Noël.
Effrayant : il y a des parkings à vélos mais il n’existe pas vraiment de pistes cyclables (ou alors je n’ai rien compris au marquage au sol), les piétons et nombreux cyclistes se partagent les trottoirs, et nous nous croisons sans nous rentrer dedans... alors qu’il y a pourtant des personnes sur leurs bicyclettes qui ne regardent même pas où elles vont, l’oreille collée à un téléphone portable et la tête ailleurs.
Normal : j’étais à la messe de Pâques à la cathédrale de Fukuoka, hier ; la chorale était surtout composée de Philippins (une des rares minorités asiatiques qui soit à dominante catholique), et si j’ai vraiment si bien compris les paroles du prêtre qui s’exprimait en anglais, si son accent et ses mots m’étaient si familiers, c’est surtout parce que le prêtre en question... est un Français.
Charmant : les Japonaises sont généralement jolies, et quand elles osent des tenues sexy, de manière assez paradoxale, cela leur donne un air plutôt ingénu que provocant.


Samedi, le 22 mars 2008
Réminiscences mathématiques et inquiétante étrangeté
En 2002, les Français étaient devenus des champions de la table de 15 car quinze euros correspondaient environ à cent francs français.
En 2008, il est utile aux Français au Japon de se rappeler du même type de calcul car 150 yens correspondent environ à 1 euro.
Le Japon me donne – et je suppose que cela doit être un sentiment partagé par d’autres – un curieux sentiment de fausse familiarité, ce que Freud appelait « l’inquiétante étrangeté ».
Dans ce pays, on peut facilement se sentir à l’aise avec la présence de transports en commun fonctionnels, de boutiques de luxe occidentales, avec tous ces produits high-tech, les bâtiments aux lignes architecturales audacieuses, un intérêt marqué pour les cultures anciennes ou hypermodernes, néanmoins tout a de quoi déconcerter. En effet, la langue, l’écriture, le sens de circulation (les voitures roulent à gauche), les goûts culinaires, etc., nous laissent le plus souvent perplexe, comme ces shower toilets qui donnent à penser qu’il est nécessaire de savoir piloter un avion de chasse pour pouvoir passer sur le trône...
Oui, au Japon, on se sent parfois aussi stupide que le dahucapra rupidahu :



Dimanche, le 13 janvier 2008
Catalogue, mon beau catalogue
Il y en a, quand ils sont petits, ils feuillettent avec passion les magazines de voitures. Des voitures de luxe. Des voitures de sport. Ou des motos. Quand ils grandissent, les voitures ne sont plus tout à fait les mêmes, la curiosité émerveillée de l’enfance a fait place à la question : « quel va être mon nouveau modèle ? » – sous-entendu : « quelle voiture correspond le mieux à la personnalité que je souhaite afficher ? »
Pour les filles, ce sont plutôt les catalogues de fringues. Mais cela revient au même.
Et puis, pour les deux sexes, surtout quand ils vivent ensemble et qu’ils veulent ajouter de la matière à leur nid douillet, ce sont les catalogues Ikea (dont l’absurdité est cruellement illustrée dans le film Norway of Life de Jens Lien).
Les catalogues sont donc une sorte de miroir de l’âme, un peu comme s’ils pouvaient correspondre, pour les gens, aux vitrines de ce qui leur font le plus envie.
Je ne me sens pas matérialiste, et pourtant je n’échappe à ce principe. Ce qui me fait baver d’envie depuis qu’il s’est retrouvé dans ma boîte aux lettres, c’est le catalogue d’un marchand de matériel de Beaux-Arts.
Ahhhh... Je découvre plein de nouvelles techniques artistiques, plein de bricoles qui permettrait de faire ceci ou cela... Et en mieux... Des peintures, des outils, des... Plein de... Toute cette potentialité pour donner forme, couleur et matière aux élans de mon imagination...
Ah, non ! Vade retro, catalogus ! Ouais, il faut que je me calme.
Soupir : même dans la création artistique, on ne peut pas partir de rien...


Mercredi, le 9 janvier 2008
Une petite pensée pour notre gouvernement et sa politique
Ce qu’il y a d’ennuyeux, avec une jeune et charmante remplaçante au lieu de son habituel médecin traitant, c’est que, pendant que la dame aux mains expertes effectue son examen, il faut sans cesse se concentrer sur une situation qui ne soit vraiment pas sexy sous peine de se retrouver dans une posture embarrassante.
Et dire qu’il y en a qui fantasment sur les blouses blanches, les infirmières ou le milieu hospitalier...


Dimanche, le 6 janvier 2008
Qui veut voyager loin...
...ménage sa voiture.
Si je fais le calcul, j’ai autant roulé durant l’année 2008, au soir du premier janvier, que durant les deux années 2006 et 2007 réunies. Oui, c’est clair, je ne conduis pour ainsi dire plus : je suis un citadin adepte des transports en commun, du train et occasionnellement de l’avion (tant que les tunnels sous la mer Méditerranée ou l’océan Atlantique ne seront pas construits).
D’ailleurs, ce 1er janvier que j’avais passé auprès de mes parents (pour lesquels j’avais servi de chauffeur), oncles, tantes et cousins, nous avons beaucoup parlé des nouvelles lois (ainsi, même une tante, invétérée fumeuse jusqu’alors, avait décidé de laisser tomber la sucette à cancer tant il y avait de contraintes à essayer d’en griller une), des radars et du permis à points. À un moment, j’avais fait remarquer la curieuse évolution des choses : « Lorsque nous étions petits, nous recevions des bons points, et quand nous avions assez de bons points, nous obtenions une image. Aujourd’hui, avec les radars, l’image, nous l’obtenons tout de suite, et après on nous retire nos bons points du permis. »


Mercredi, le 2 janvier 2008
Une année de mots clés
Les différents internautes qui sont arrivés sur mes pages web au cours de l’année 2007 y sont parvenus en suivant des liens amis ou en indiquant quelques termes spécifiques sur des moteurs de recherche. Parmi les expressions employées sur G**gle (très majoritairement), Yah**! (dans moins de 2% des cas), ou, anecdotiquement, sur V*ila ou M$Nsearch, on retrouve (les fautes d’orthographe et de grammaire sont d’origine) :
  • « méreste », « mereste », « blog mereste » et « fabrice » (c’est rassurant, quelque part)
  • les recettes culinaires (« gâteau bagdad », « gâteau christine », etc.)
  • les ambigrammes (« faire un ambigramme, « tatouage ambigramme », « logiciel ambigramme », etc.)
  • des requêtes à connotation sexuelle (« voire toutes les joli fille cheveux chatain », « video amateur de filmer sa voisine jupe relever en cachette », « les pieces de theatre osees en video », etc.)
  • des termes concernant la sculpture (« sculpture », « raku », « stéatite », etc.)
  • les noms des copains (le sculpteur Didier Cottier, le plasticien Laurent Curat, l’artiste multimédia Yann Minh, l’auteur Ugo Bellagamba, etc.)
  • des énigmes (« comment dessiner un chips masqué », « fabriquer un igloo en carton », « saule pleureur sean connery pommier jules verne », « couacs de pétomane car il joue comme un manche », etc.)
  • des personnes qui recherchent des solutions à des problèmes que j’ai rencontrés (« traiteur pot de thèse », « comment préparer pot de soutenance », « je fais une intolérance alimentaire à l’oignon », « four sauter vitre brisée durant pyrolyse », « en raison de travaux coupure d’eau », « ma chaudiere s’arrete sans arret », etc.)
Mouais. Un peu décevant : très peu de monde parvient sur les pages de ce site en rapport avec mes divers écrits.
Il n’empêche que c’est amusant de faire de l’analyse de mots clés. Je crois que si j’avais dû faire une thèse en psychologie (ça aurait très bien pu m’arriver, si, si !), je pense que je me serais intéressé à l’établissement de profils d’internautes à partir des mots clés qu’ils emploient dans les moteurs de recherche. Et après, j’aurais été embauché par G**gle, j’aurais eu une lampe lava sur mon bureau, j’aurais aidé Big Brother tout en me répétant leur mantra « don’t be evil », tout ça en vivant dans un joli univers californien coloré qui fait beaucoup penser à la série du Prisonnier. Ah ben mince alors, non merci !


Lundi, le 31 décembre 2007
Bilan de 2007
À moins de 10 heures de 2008, je vais essayer de faire le bilan des trois cents et quelques jours de cette année dont les derniers chiffres faisaient penser à James Bond (ceci dit, il n’y a sans doute que moi à faire ce genre d’associations d’idées bizarres).
Alors, cette année 2007 était plutôt de celles que je rangerais dans la catégorie « vraiment pas top, essaye encore ! ». En résumé, en 2007, j’ai :
  • essayé les services de réseautage social en ligne, avec MySpace en particulier : intéressant pour prendre des contacts avec des gens que je connaissais déjà dans la « vraie » vie, moins pour en nouer de nouveaux, mon compte existe toujours mais je n’y poste plus d’articles, et je n’y vais que pour reprendre des nouvelles à l’occasion de quelques amis ;
  • envoyé le manuscrit de mon roman à des éditeurs de thriller... qui ne l’ont pas accepté. Gnnnh ! C’est vrai que c’est de la fusion entre de la SF – hard science – et du thriller d’espionnage, mais bon, les boules...
  • assez peu écrit, au final, au cours de cette année, un peu dégoûté par les retours des éditeurs. Cependant, j’ai participé à un atelier d’écriture à la fin avril où j’ai composé quelques textes assez intéressants. Donc la boîte à imagination n’est pas cassée, suffit juste d’être un peu plus (re-)motivé pour écrire de belles histoires ;
  • vu très nettement mon univers professionnel se dégrader, en conséquence assez directe des dernières élections, comme s’il était plus intelligent, dans mon domaine, de nous faire travailler dans la compétitivité que dans la collaboration...
  • repris mon site web de A à Z, en récupérant dans mon blogue à desseins les messages postés sur mes blogs depuis... 2002 !
  • appris à me servir de logiciels de traitement d’images, ce qui m’a permis de refaire mon site avec de jolies images ;
  • abordé de nouvelles techniques de sculptures. Après le modelage, j’ai démarré la pierre taillée, ainsi que le papier plié (origami). Cependant, étant encore débutant dans ces techniques, je ne peux pas dire que j’ai su réaliser des œuvres majeures dans ces deux domaines ;
  • découvert les ambigrammes, ces textes présentant de curieuses formes de symétrie. Je peux même réaliser à la main (et avec un peu de Toshop) les ambigrammes d’à peu près tout et n’importe quoi, comme ceux de (René) Barjavel et des invités de la prochaine convention SF (en arrière-plan) ou les divers que l’on trouve ici... Attention, le résultat n’est pas toujours très joli, ou très lisible ;
  • fait de la plongée sous-marine. Je me suis réinscrit dans un club, le père Noël m’a apporté plein de matériel pour que je puisse mater les poissons, et je suis allé passer mon niveau 2 dans les Antilles. Séjour un peu écourté à cause de l’ouragan Dean...
  • eu quelques ennuis de santé... mais ce n’est rien comparé à mon père qui, après une malheureuse chute, aurait dû – selon les dires des médecins – rester tétraplégique mais qui reprend peu à peu possession de son corps et qui peut à nouveau, aujourd’hui, marcher, danser, bouger même s’il est loin d’avoir retrouvé dans ses gestes la force et la précision d’avant l’accident ;
  • fait des rencontres (mais pas rencontré le grand amour), vécu des chouettes moments, quand même, parce que j’ai une mémoire sélective et un naturel optimiste...
À l’année prochaine !


Jeudi, le 27 décembre 2007
Les gens sont méchants (f**k 2007!)
Cette année s’achève et il est de coutume de procéder à des bilans.
Que dire de 2007 si ce n’est que – décidément ! – je ne comprends vraiment rien aux gens.
Par exemple, en ce moment, il est de bon ton de se moquer du président de tous les Français (main sur le cœur) et de sa nouvelle conquête. Comment peut-on faire preuve de tant de méchanceté envers celui qui les (qui nous ?!) représente si bien, ce grand homme qui incarne avec un tel brio leurs valeurs, les aspirations d’une France en marche (vers où ?), un pays qui se lève tôt afin de travailler plus pour gagner... ce qu’il peut pour le perdre, une belle nation d’aspirants à la propriété, des citoyens qui ne vivent que pour le « paraître »... ?
Non, je ne comprends pas.
Notre Président (re-main sur le cœur) devrait pourtant être admiré pour sa préoccupation du plus grand problème d’aujourd’hui et de demain : l’écologie de la planète et l’une des solutions, le recyclage.
Quoi de plus noble alors que de voir notre Président (main sur le portefeuille) donner de sa personne en s’occupant d’une ex-top-modèle (tiens, comme Cécilia) (oui, un ancien mannequin : toujours cet admirable souci du paraître) qui s’était déjà recyclée avec plus ou moins de bonheur dans la variété pour faire d’elle la Première Dame de France ? D’ailleurs, le choix de l’Égypte et de ses sites touristiques comme lune de miel prénuptiale n’est-il pas un beau symbole ? En effet, devant toutes ces pierres monumentales et ces momies, nos arrivistesmoureux ne sont-ils pas en train de s’échanger les plus belles des promesses de notre temps ?
Elle : « Nico, ne m’en veux pas, mais je te plaquerai quand tu ne seras plus pharaon. »
Lui : « Ouais, je sais. Tout pareil quand tu ne seras plus qu’une vieille peau... »


Lundi, le 24 décembre 2007
J’interprète mon univers
Courir.
Quitter un instant le cocon de la demeure parentale, la chaleur protectrice, le ronron du prélude à la fête.
Mes pas frappent les chemins de terre tracés par les roues des machines agricoles, crissements de la glace quand mes baskets rencontrent des flaques emprisonnées par les trouées.
Les contours des végétaux proches sont nets, les herbes, branches et brindilles sont aiguisées par les aiguilles de givre mais, un peu plus loin, le paysage disparaît, gommé par le brouillard.
Monde en noir et blanc, anesthésié par le froid, à peine relevé par endroits d’un camaïeu de tons sépia.
Mon cerveau, dopé par la musique de la bande originale du film Paprika que délivrent les écouteurs, analyse toutes les sensations visuelles et reconnaît les fonctions logicielles capables de réaliser par ordinateur de telles images.
Entre le naturel et l’artificiel, je suis un interprète.


Samedi, le 15 décembre 2007
De l’avantage de voir les années passer
Il y a quand même une chose agréable dans le fait de vieillir : il faut des gros gâteaux d’anniversaire pour pouvoir y placer toutes les bougies...


Samedi, le 8 décembre 2007
Signe extérieur de vieillesse
À la fête que je vais donner à l’occasion de mon anniversaire, la semaine prochaine, il y aura des amis de mon âge qui viendront avec leurs gamins.
Ben mince alors, ça va faire bizarre.


Jeudi, le 6 décembre 2007
Un jour comme les autres
Alors que c’est la Saint Nicolas, on dirait un jour comme les autres...
Heureusement que, pour rentrer chez moi, je vais passer par le marché de Noël. Pourtant, même si j’ai repéré un chalet alsacien parmi les maisonnettes du marché « traditionnel », je doute fort d’y trouver un manala de mon « pays » natal...


Jeudi, le 22 novembre 2007
Impressions automnales
Vent
Feuilles mortes
Tourbillon vert, brun et orangé
Poussières
Yeux
Larmes



Jeudi, le 25 octobre 2007
Pli, noeud, graphe, lien...
Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment, mais tous mes centres d’intérêt – aussi diversifiés soient-ils – me dirigent, que je le veuille ou non, vers une thématique commune.
En sculpture, après m’être intéressé au modelage et à la taille directe, je continue mon travail sur les formes et les couleurs avec un épisode sur les pliages, et leurs expressions magnifiées qu’est l’origami.
Mes 100 premières grues en origami
En arts graphiques, et cela depuis quelque temps maintenant, je travaille sur les ambigrammes, ces textes dont la calligraphie étrange cache des propriétés de symétrie.
Pour l’une de mes activités sportives favorites, la pratique de la plongée sous-marine, lorsque nous ne nous entraînons pas dans la piscine, nous voyons – en plus des consignes de sécurité, des aspects liés au matériel et à l’orientation – comment réaliser des nœuds marins, essentiels pour attacher une partie du matériel de plongée ou pour la navigation en bateau.
Il est étonnant de voir que ces trois domaines, abordés de façon ludique en ce qui me concerne, sont grandement étudiés et théorisés, et j’ai du mal à employer ces derniers sous forme purement artistique ou pratique en essayant d’ignorer tous les modèles mathématiques qui se trouvent derrière.
Dans mon travail de recherche, je suis amené à manipuler des graphes pour de multiples raisons, des propriétés de voisinage, des histoires de distance ou certaines formes de représentation.
Ainsi, dans la « vraie vie », tout comme dans mes textes de fiction, je suis amené à assembler des concepts qui semblent n’avoir aucun point commun, à les replier, à les nouer, à les assembler, à les lier...
Avec un peu d’espoir et de chance, j’espère bien aboutir un jour à une forme artistique ou intellectuelle qui puisse avoir quelque intérêt, dans quelque domaine que ce soit... une petite clé ouvrant l’une des portes parmi la multitude constituant l’énigme de l’univers...


Mardi, le 9 octobre 2007
Babel, Taipei 101, le Crayon de la Part-Dieu et la Tour CN
Samedi, mon petit frère s’est marié à Lyon.
La journée a été riche en émotion : le mariage en lui-même, bien entendu ; mon père qui – après le terrible accident lui étant arrivé il y a tout juste quatre mois, et qui devait, selon les médecins, le laisser définitivement tétraplégique – avait réussi à valser avec ma mère ; enfin, mon autre frère – marié lui depuis trois ans – qui annonce qu’il allait être à nouveau papa...
À cette dernière nouvelle, ma mère et la mère de mon autre belle-sœur ne peuvent retenir leurs larmes du bonheur d’être pour la deuxième fois grand-mère... Ayant appris juste avant que l’équipe de France de rugby venait de remporter la victoire sur la Nouvelle-Zélande, nous nous moquons gentiment des deux mamies en disant que les Bleus ne sont qu’en demi-finale, que rien n’est encore joué, et tout et tout...
Au cours de cette journée tournée sur le signe du multiculturalisme, plein de rencontres charmantes et sympathiques, un nombre considérable de nationalités représentées parmi les invités, et, suivant les tables, les discussions se déroulaient en français, en alsacien, en chinois mandarin, en anglais ou en italien...
Depuis l’épisode de la Tour de Babel, les hommes de la Terre parlent plusieurs langues, mais avec un peu de bonne volonté et à travers l’anglais international, ils arrivent finalement à se comprendre, aussi chacun peut-il prendre part à la conversation, ajoutant sa petite pierre au dialogue du monde, cette pierre prenant la forme d’un petit bout de science pour faire avancer la Connaissance (comme le font les chercheurs, tels ma nouvelle belle-sœur ou moi), ou, comme le manifestait ce beau mariage, pour construire un couple. Il s’agit d’ailleurs d’une drôle de revanche sur Babel, puisque ma belle-sœur est née à Taipei, la capitale taïwanaise célèbre pour sa Tour 101, qu’avec mon frère ils vivent à Lyon où le fameux Crayon domine le quartier de la Part-Dieu et que, au mois prochain, ils quitteront l’ancienne capitale des Gaules pour vivre à Toronto, célèbre pour sa Tour CN.
Voilà un couple promis par d’heureux auspices à côtoyer les plus hautes sphères du monde...


Jeudi, le 30 août 2007
Il pleut (tribute to Jacques Brel)
Il pleut
C’est pas ma faute à moi
Les carreaux des usines
Sont toujours mal lavés
Il pleut
Les carreaux des usines
Y en beaucoup d’cassés


Il pleut
L’usine abandonnée
C’est la Manufacture d’Armes
Future Cité du Design
Et les carreaux de verre
Détruits par les ouvriers
Il pleut
C’est un pan de l’histoire
Qui retourne au passé


Il pleut
Il pleut, mais ce n’est pas Dean
Il pleut dans ma région
Il pleut dans mon immeuble
Il pleut dans mon bureau
Il pleut
Et l’agence immobilière
Ne bouge pas le p’tit doigt
Pour vraiment s’occuper
De ce dégât des eaux...



Jeudi, le 26 juillet 2007
Ressources
Achats compulsifs. Hier, une razzia à la Fnac (plein de bouquins de David Lodge et un essai en neuropsychologie). Puis, de retour chez moi, plus d’un dixième de mon salaire mensuel est parti en commande en ligne d’outils et de pierres afin de poursuivre mes activités de sculpture...
Whouf !
Et puis, en soirée, l’ordinateur s’arrête, ainsi que toutes les lumières. Panne d’électricité. Je réouvre les volets, allume quelques bougies... plus d’électricité dans tout l’immeuble. Je vais voir à l’extérieur... et remarque une note scotchée sur la porte d’entrée : en raison des travaux, coupure prévue entre 20 heures et 23h30.
Je rentre chez moi et essaie de profiter des dernières lueurs du jour pour avancer une nouvelle de Lodge, mais il est très difficile de lire, même à l’aide de plusieurs bougies. Bon, eh bien, je vais au moins dormir longtemps cette nuit... C’était sans compter les lumières qui se sont rallumées vers 22 heures.
Le lendemain matin, une autre surprise : plus d’eau. Ah, l’horreur, maudits travaux ! Impossible de vivre sans pouvoir prendre sa douche, tirer la chasse d’eau, se laver les dents. De l’évian pour faire du thé au petit déjeuner. Je regarde mon stock de bouteilles d’eau. Est-ce que cela sera suffisant pour faire un semblant de toilette ? L’eau revient vers 10 heures, juste de quoi faire la vaisselle... puis ne coule plus. Une heure à patienter avant que ne parvienne un filet saumâtre... pas très engageant, puis une eau incolore, en gros flot, comme d’ordinaire.
Ces petits moments de privations ont quand même le mérite de nous permettre de relativiser sur l’emploi des ressources, foutus citadins privilégiés que nous sommes... Sur cette planète, combien de personnes n’ont pas d’accès à l’eau potable, à l’électricité, à des livres ou d’autres formes de culture ?


Samedi, le 2 juin 2007
Blanche
Blanche, comme la nuit que je viens de passer à terminer un article scientifique tout juste avant la date limite, le 1er juin, et minuit, fuseau horaire du Temps standard du Pacifique, soit en cours de matinée en ce qui me concerne, et dans l’après-midi pour mon collègue japonais.
Blanche, comme la poudre que j’aurais pu renifler pour tenir le coup et avoir les neurones en éveil, mais je connais trop bien les effets pharmacologiques de ces saloperies pour ne pas me laisser tenter... contrairement aux étudiants (ou profs ?) de la Ville éternelle. Du coup, je me suis dopé aux thés à la menthe super sucrés et aux tartines de Nut’ (je sais, c’est mal).
Blanche, comme mes sculptures sorties du four. L’argile beige, une fois cuite, n’est pas vraiment intéressante sans patine. Et je dois tout terminer avant l’expo, la peinture sera à peine sèche au moment de l’accrochage. Gasp.
Blanche, c’est la couleur des roses de l’horrible chanson lacrymogène du môme qui les offrait à sa maman. Merde, c’est la fête des mères demain. Ah oui, joie d’Internet : deux clics et des fleurs sont envoyées à bon port.
Blanche, c’est ma figure de vampire qui fuit le soleil. Bon, j’ai besoin de prendre des vacances. Je les ai méritées. Tiens, du coup, je vais patiner une de mes sculptures de couleur bronze.


Mardi, le 8 mai 2007
Le théoricien
[Voici un texte reflétant mes angoisses en rapport avec l’état du monde et de mes connaissances personnelles très spécialisées sur le domaine.
Espérons que cela ne restera que de la fiction...]

À l’Université, les étudiants l’appelaient entre eux « Professeur Tournesol ». Au laboratoire, bien qu’il n’ait pas porté de surnom officiel, il était considéré par ses collègues comme une espèce de dinosaure. Ses derniers doctorants avaient soutenu leurs thèses depuis bien longtemps, ses sujets de recherche étaient aujourd’hui complètement désuets. Le directeur lui avait fait savoir à de multiples reprises que la seule manière pour lui de s’en sortir aurait été de demander un CRCT, un « congé pour reconversion et congé thématique », mais il s’obstinait à ne rien changer à son mode de fonctionnement. Travaillant en électron libre, il poursuivait son petit bonhomme de chemin dans le domaine le plus théorique qui soit de l’apprentissage automatique, ce thème de l’intelligence artificielle qui cherchait à rendre les machines plus « intelligentes » à travers des processus d’apprentissage. Tout juste toléré – car il publiait quand même chaque année son lot d’articles dans des revues qui avaient en commun de contenir en sous-titre les termes « theoretical issues » –, il occupait le bureau le plus exigu du campus, avec pour seul mobilier une armoire bancale pleine de vieux livres accumulés au fil des années, une chaise, une table de classe et une antiquité d’ordinateur dont la déplorable définition d’écran fatiguait ses yeux désabusés.

L’époque était à la recherche appliquée. Ainsi, chaque fois qu’il demandait des crédits pour partir en mission, il se voyait répondre une fin de non recevoir, les conférences où il souhaitait se rendre ne se trouvaient jamais parmi celles de la liste que le laboratoire finançait. Un jour, à sa grande surprise, on parla de lui. Un de ses articles avait été cité dans un papier d’une équipe américaine qui essayait de mettre au point un système d’analyse des blogs d’étudiants. L’objectif affiché était de prévenir une tragédie telle que l’absurde carnage qui s’était produit en Virginie, à la mi-avril 2007. Ses travaux purement théoriques en apprentissage automatique avaient ainsi quelque espoir d’être réutilisés dans des applications concrètes. Seulement, il n’y avait qu’aux États-Unis que cela pouvait se produire.

Il fit quand même une chose qu’il n’imaginait possible : il répondit à un appel à projet initié par le Ministère délégué à la Recherche et aux Nouvelles Technologies. L’enveloppe budgétaire de ces projets avait sensiblement gonflé peu après les élections présidentielles et législatives. Malgré son ignorance des chiffres et le peu de contact qu’il avait avec ses collègues du même ou d’autres laboratoires, sa proposition reçut une réponse favorable. Il pouvait à présent monter une équipe rien qu’à lui, incitant des étudiants brillants à venir à ses côtés pour les encadrer en thèse, accueillir des stagiaires de master de recherche et faire travailler des ingénieurs… Ses collègues jaloux se dirent que la comète avait tardé à s’écraser sur Terre et que le dinosaure, au lieu de disparaître, s’était en fin de compte adapté, prêt à dévorer les mammifères.

Boostés par l’argent, les travaux qu’il dirigeait avancèrent au pas de charge. Les algorithmes fondamentaux qu’il avait développés trouvaient une application idéale dans la fouille de données multiformes telles que les informations présentes sur l’internet. Peu soucieux de ses semblables, il ne se rendit pas compte que le nouveau président de la République avait fait passer en douceur tout un ensemble de mesures inspirées de l’USA PATRIOT Act.

Les jeunes docteurs qu’il avait formés ne trouvèrent pas de postes dans la recherche ou l’enseignement supérieur mais dans une autre instance ministérielle, celle de l’Intérieur.

Lorsque les mesures liberticides mises en place par le gouvernement furent trop visibles, lorsque les forums et les blogs commencèrent à s’enflammer sur l’internet, avant que le feu de la rébellion ne descende dans la rue, il ne fallut qu’un instant à la Police pour l’étouffer en arrêtant quelques centaines de meneurs. Grâce aux outils de veille dont elle disposait pour prendre le pouls de la conscience de la France, elle avait pu remonter jusqu’aux principaux fauteurs de trouble potentiels : les petits moucherons, en s’agitant sur la Toile, croyaient s’en servir pour communiquer alors qu’ils ne faisaient qu’attirer à eux la vorace araignée.

Quand le professeur vit le lendemain les arrestations des blogueurs aux journaux télévisés, il eut la désagréable impression qu’il avait peut-être été un des innombrables engrenages d’une énorme machine répressive, mais cette idée s’envola aussi rapidement qu’elle était apparue. Après tout, il n’était qu’un théoricien.


© Fabrice Méreste, 2007.



Vendredi, le 6 avril 2007
Vous avez deux vaches
Repris depuis le site de la Désencyclopédie et augmenté (voir tout à la fin).
Pays et régions
Afghanistan
Vous avez deux vaches. Vous ne les trayez pas car il est interdit de toucher les parties intimes d’une autre créature. Vous les trayez de nuit, pendant que personne ne vous regarde. Puis, le gouvernement vous oblige à leur faire porter des burqas. Par la suite, il les tue car ce sont "des symboles religieux hindous".
Afrique
Vous avez deux vaches. Vous devez donner la moitié de la viande aux fonctionnaires pour pouvoir obtenir des cartons de lait de la part des O.N.G.
Afrique du Sud
Vous avez deux vaches. L’une est enlevée et le gouvernement redistribue l’autre en petits morceaux aux citoyens désavantagés. Vous vivez grâce au lait que vous avez détourné durant l’apartheid.
Allemagne
Vous avez deux vaches. Vous modifiez leur conception pour qu’elles vivent 100 ans, ne mangent qu’une fois par mois, et se traient elles-mêmes. Malheureusement, elles demandent treize semaines de congés payés.
Andorre
Vous avez deux vaches, mais pas la place pour les ranger.
Angleterre
Vous avez deux vaches. Vous abattez l’une pour la donner à manger à l’autre, qui devient folle. Le gouvernement vous demande de l’abattre. Vous la donnez à manger à vos moutons.
Belgique
Vous avez deux vaches. Comme la vache flamande ne veut s’exprimer qu’en néerlandais et que la vache wallonne ne connaît que le français (et encore), le gouvernement fédéral décide de les placer dans des enclos séparés. Isolées, elles deviennent toutes les deux neurasthéniques. Le gouvernement wallon périclite parce qu’il ne tire plus une seule goutte de lait de sa vache. Le gouvernement bruxellois se plaint auprès de la Commission européenne parce qu’il n’a pas reçu sa part de vache. Le gouvernement de la Communauté germanophone n’en a pas eu non plus mais il s’en fout parce qu’il reçoit son lait directement d’une laiterie d’Aix-la-Chapelle. Le gouvernement de la Communauté Française Wallonie-Bruxelles non plus mais il s’en fout parce qu’il n’aurait de toute façon pas d’argent pour financer la machine à traire la vache. Le gouvernement flamand ne se contente pas de la communautarisation de sa vache et exige son indépendance de façon à appliquer sa propre méthode originale de traite des vaches qu’il espère breveter et exporter à l’étranger bien qu’elle soit inefficace.
Bordurie
Vous trouvez deux vaches dans le terrain vague du bidonville: vous envoyez un gamin prévenir la Gendarmskaïa que des extraterrestes à l’allure pacifique ont envahi le pays du Maréchal Plekszy-Gladz.
Brésil
Vous avez une vache; vous brûlez 10 hectares de forêt vierge et vous y laissez la vache. Elle rencontre le taureau (qui était probablement une vache il y a 2 ans, avant son opération) du voisin et vous vous retrouvez rapidement avec une dizaine de vaches. Pour faire de la place, on brûle encore 50 hectares de forêt.
Cambodge
Vous avez deux vaches. Le gouvernement les prend et vous tue en vous accusant de comploter avec vos vaches contre le Parti.
Canada
Vous avez deux vaches. You have two cows.
Canada
Vous avez deux vaches. La banque les saisit, en tue une et jette le lait. Vous vous suicidez. Le gouvernement donne l’autre aux populations indigènes par traité.
  • Montréal: Vous et vos deux vaches sont entrées en collision avec un camion-citerne, bloquant la Trans-Canadienne pendant dix heures ce matin. Vous passerez les deux prochaines années à essayer à vendre de la viande fumée.
  • Toronto: Vous avez deux vaches. Les avocats du barreau ontarien passent tout leur temps à construire une clôture à portail très étroite autour du pavillon Osgoode Hall pour les empêcher d’y entrer.
Chine
Vous avez deux cochons. Le gouvernement lance une campagne pour vous convaincre de les donner "volontairement" afin de fournir de la viande aux travailleurs des villes. Puis le gouvernement déclare que le peuple n’a pas besoin de cochons pour faire de la viande de porc. En vous aidant des passages adéquats de votre petit livre rouge, vous et vos voisins tentez de créer de la viande de porc par la force de la volonté. Le responsable local du parti annonce que vous avez dépassé tous les objectifs. Vous et vos voisins mourez de faim.
Chine
Vous n’avez pas de vaches. Le gouvernement crée un joint-venture avec MacDonalds.
Corée du Nord
Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous les prend, en tue une, trait l’autre et boit le lait lui-même, vous mourrez de faim.
Corse
Vous avez deux vachons qui courent dans la forêt. Vous en déclarez 200 et vous touchez des subventions européennes.
Corse
Vous avez 2 vaches. Le chat des Paoli boit de votre lait quand vous avez le dos tourné. Pour venger votre honneur, vous assassinez un cousin des Paoli. En représailles, son frère tue votre femme et prend le maquis. Votre beau-frère venge sa sœur en assassinant le grand-père Paoli. Les gendarmes ne font rien. Au final, on dénombre 84 morts, dont vos deux vaches, mortes dans l’attentat qui a détruit votre étable (mais ce n’est pas grave car la laiterie des Paoli a aussi sautée), mais le chat est toujours vivant.
Cuba
Vous avez deux vaches. Elles meurent de la fièvre aphteuse. Fidel vous dit que ce sont des espions de la CIA qui l’ont inoculée à vos vaches pour affaiblir le régime. Vous et votre famille crevez de faim.
Égypte
Vous avez deux vaches. Vous surgelez le lait et vous embaumez les vaches.
États-Unis
Le gouvernement promet de vous donner deux vaches si vous votez pour lui. Après les élections, le président fait l’objet d’une procédure d’impeachment pour avoir spéculé sur les obligations bovines. La presse rebaptise le scandale "Cowgate".
Europe
Vous avez deux vaches. L’Union Européenne développe un système de quotas limitant les émissions de gaz à effet de serre des vaches pétomanes. Vous revendez vos droits d’émission de carbone, mais pas le lait.
Europe
Vous avez deux vaches. On vous subventionne la première année pour acheter une 3ème vache. On fixe des quotas la deuxième année et vous payez une amende pour surproduction. On vous donne une prime la 3ème année pour abattre la 3ème vache.
Finlande
Vous avez 2 vaches.
  • Vous les mettez au sauna, elles cuisent à la vapeur, et vous pouvez inviter vos voisins à manger.
  • Vous les laissez dehors au printemps, elles meurent de noyade quand la glace du lac invisible dessous est fondue
France
Vous avez deux vaches. Les deux vaches forment un syndicat et se mettent en grève.
France
Pour financer la retraite de vos deux vaches, le gouvernement décide de lever un nouvel impôt : la CSSANAB (Cotisation Sociale de Solidarité Avec Nos Amies les Bêtes). Deux ans après, comme la France a récupéré une partie du cheptel britannique, le système est déficitaire. Pour financer le déficit on lève un nouvel impôt sur la production du lait : le RAB (Remboursement de l’Ardoise Bovine). Les vaches se mettent en grève. Il n’y a plus de lait. Les français sont dans la rue : "DU LAIT! ON VEUT DU LAIT!" La France construit un lactoduc sous la manche pour s’approvisionner auprès des Anglais. L’Europe déclare le lait anglais impropre à la consommation. Le lactoduc ne servira jamais. On lève un nouvel impôt pour l’entretien du lactoduc.
Hong Kong
Vous avez deux vaches. Vous en vendez trois à votre société cotée en bourse en utilisant des lettres de créance ouvertes par votre beau-frère auprès de votre banque. Puis vous faites un "échange de dettes contre participation", assorti d’une offre publique, et vous récupérez quatre vaches dans l’opération tout en bénéficiant d’un abattement fiscal pour entretien de cinq vaches. Les droits sur le lait de six vaches sont alors transférés par un intermédiaire panaméen sur le compte d’une société des îles Caïman, détenue clandestinement par un actionnaire qui revend à votre société cotée les droits sur le lait de sept vaches. Au rapport de ladite société figurent huit ruminants, avec option d’achat sur une bête supplémentaire. Entre temps vous abattez les deux vaches parce que leur horoscope était défavorable.
Inde
Vous avez deux vaches. Vous leur portez un culte, les adorez et vous leur faites des offrandes.
Indonésie
Vous avez deux vaches en trop. Vous les envoyez en Australie. Les Australiens les coulent et vous laissent des messages énervés sur votre répondeur.
Irlande
Vous avez deux vaches dans un champ. Vous corrompez les autorités pour qu’un projet immobilier puisse être construit sur-le-champ. Vous niez en bloc au tribunal. Vous allez en prison après vos vacances de Noël.
Irlande du Nord
Vous avez deux vaches, l’une protestante, l’autre catholique. Vous recevez des subventions au titre de la coopération interconfessionnelle. Malheureusement, elles s’entretuent quelques années plus tard.
Italie
Vous avez deux vaches, mais vous ne savez pas trop où elles sont, vu que vous aviez la flemme de mettre une barrière. Pendant que vous les cherchez, vous croisez une jolie femme. Vous l’invitez à déjeuner. La vie est belle.
Japon
Vous avez deux vaches. Vous modifiez leur conception pour qu’elles ne prennent que le dixième de la taille d’une vache ordinaire et qu’elles produisent vingt fois plus de lait.
Japon
Il ne reste plus que deux vaches dans le monde. Vous en tuez une dans le cadre d’un programme de recherche scientifique sur la reproduction des bovidés. Vous concluez qu’elle était délicieuse.
Luxembourg
Vous avez deux vaches mais tout le monde s’en fous et personne ne sait vraiment à quoi vous servez.
Madagascar
Vous croyez avoir deux vaches, en fait ce sont deux deux zébus femelles ou zébutes. Vous voici donc en possession de deux belles zébutes! C’est malin!
Mexique
Vous pensez avoir deux vaches, mais vous ne savez pas à quoi ressemble une vache. Vous faites une sieste.
Monaco (dédicace spéciale pour Valérie)
Vous avez un pré. Vous le défiscalisez et vous le louez le centimètre carré au plus offrant pour attirer les meilleures vaches à lait.
Nigeria
Vous avez eu deux vaches avant que le gouvernement vous tue et envoie les vaches à Zürich.
Québec
Vous avez deux vaches. Vous les trayez, fabriquez du fromage, que vous mélangez avec des frites et de la sauce brune. Les deux vaches tombent en dépression, refusent de donner du lait et s’offrent une retraite sur le dos de la CSST.
Russie
Vous avez deux vaches. Vous les comptez pour vous rendre compte que vous avez cinq vaches. Vous les recomptez pour vous apercevoir que vous en avez quarante-deux. Vous les recomptez encore une fois pour découvrir qu’il n’en reste plus que douze. Vous arrêtez de les compter et vous ouvrez une nouvelle bouteille de vodka.
Russie Soviétique
Les deux vaches ont VOUS !
Rwanda
Vous avez deux vaches. Vous faites abattre les vaches par votre ethnie et forcez l’ethnie propriétaire des vaches à l’exil pendant que vous négociez la livraison d’autres vaches par l’aide internationale.
Singapour
Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous inflige une amende de 175 000 $ pour détention non autorisée de bétail en appartement.
Suède
Vous avez besoin de deux vaches. Vous achetez des vaches Ikea à assembler vous-même (c’est moins cher). Les vaches Volvo sont peut être moins à la mode mais elles durent plus longtemps.
Suisse
Vous avez cinq mille vaches, mais aucune ne vous appartient. Vous les gardez en cachette pour le compte d’autres personnes.
Suisse
Vous aviez deux vaches : Milka les a rachetées et les a repeint en violet.
URSS
Vous avez deux vaches. Vous devez vous en occuper, le gouvernement prend tout le lait et le revend dans des magasins d’état. Vous n’avez pas assez d’argent pour en acheter et vous mourez de faim.

Philosophie

Bouddhisme
Vous avez et vous n’avez pas deux vaches. En réalité, ni vous, ni les vaches, n’ont jamais existé.
Cartésianisme
Vous avez deux vaches. Donc vous êtes.
Christianisme
Vous avez deux vaches. Elles crient famine pendant que vous priez mais vous pardonnez leur colère.
Constructivisme
Vous avez deux vaches. Ou bien sont-ce ces vaches qui vous ont.
Contre-culture
Waahh mec, c’est comme... ces deux vaches, mec. Tu dois goûter de ce lait.
Cyberculture
Vous avez deux vaches. Un type passe, elles lui plaisent. Il commence par prétendre que le champ est à lui, puis crée un blog pour y mettre des photos et un enregistrement vidéo de vos vaches. Il appelle ça Bovidé 2.0.
Dadaïsme
Vous avez deux girafes. Le gouvernement exige que vous leur donniez des leçons d’harmonica.
Féminisme
Vous avez deux vaches. Elles se marient et adoptent un veau.
Indépendantisme
Vous avez deux vaches. Les vaches décident que vous n’avez aucun droit sur leur lait et vous quittent pour former leur propre société.
Luddisme
Vous avez deux vaches. Vous les trayez à la main.
Masochisme
Vous avez deux vaches sadiques.
Misanthropie
Rien à battre de tout ça !
Nihilisme
Est-ce que ça a vraiment de l’importance ?
Pacifisme
Vous avez deux vaches. Elles vous piétinent.
Platonicisme
Vous voyez le reflet de deux vaches. Leur lait a le goût de l’eau. Vous cherchez deux vraies vaches à traire.
Socratisme
Combien ai-je de vaches ? Pourquoi ?
Simpsonisme
Vous avez deux vaches. Mmmm... vaches...
Taoïsme
Vous avez deux vaches. Pendant que vous réfléchissez à ce que vous allez en faire, elles meurent de faim.
Téléréalité
Vous avez deux vaches. Pourtant, vous mangez des sauterelles pour le plaisir de passer à la télé.
Yodisme
Deux vaches tu as. Traie les ou ne les traie pas, il n’y a pas à essayer...

Politique

Anarchie
Vous avez deux vaches. Vous les laissez se traire en autogestion, elles scissionnent. Autonomisme
Vous avez deux vaches. Vous les laissez faire ce qu’elles veulent.
Bureaucratie
Le gouvernement émet de nouvelles règles d’hygiène qui vous obligent à abattre une de vos deux vaches. Puis, le gouvernement vous fait déclarer la quantité de lait obtenue, vous achète le lait et le jette. Après quoi, il vous fait remplir des formulaires pour déclarer la vache manquante.
Capitalisme
Vous avez deux vaches. Vous en vendez une et achetez un taureau pour faire des petits.
Capitalisme sauvage
Vous avez deux vaches. Vous équarissez l’une, forcez l’autre à produire comme quatre et licenciez l’ouvrier qui s’en occupait, en l’accusant de l’avoir laissé mourir d’épuisement.
Communisme
Vous aviez deux vaches. Consolez-vous, dans la société communiste du futur vous aurez toutes les vaches que vous voudrez. En attendant, faites la queue comme les autres devant la laiterie.
Conspirationnisme
Vous n’avez pas de vaches. Il n’y a jamais eu de vaches ici. Il n’y a rien à voir.
Dictature
Vous avez deux vaches. Les miliciens les confisquent et vous fusillent.
Démocratie
Vous avez deux vaches. Un vote décide à qui appartient le lait.
Démocratie directe
Vous avez deux vaches. Un comité organise un référendum pour vous obliger à en revendre une. Deux ans plus tard, le vote vous autorise à les garder mais quand vous voulez les traire, une association émet une réserve de droit. Quand vous pouvez enfin traire légalement vos vaches, elles sont mortes.
Démocratie participative
Vous avez deux vachitudes. Ségolène Royal vient leur demander leur avis pour savoir comment gérer le lait si un jour elle est présidente.
Démocratie représentative
Vous avez deux vaches. Un vote désigne celui qui décide à qui appartient le lait.
Écologie
Vous avez deux vaches. Vous gardez le lait et le gouvernement vous achète la bouse.
Fascisme
Vous avez deux vaches. Le gouvernement les prend et vous vend le lait.
Féminisme
Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous inflige une amende pour discrimination. Vous échangez une de vos vaches pour un taureau que vous trayez aussi.
Féodalisme
Vous avez deux vaches. Le seigneur s’arroge la moitié du lait.
Fondamentalisme
Vous avez deux vaches. Malheureusement, la Bible ne mentionne pas les vaches et le gouvernement les confisque car elles n’existent pas.
Industrialisme
Vous avez deux vaches. Vous les disséquez et réfléchissez à la manière de les remplacer par une usine de production de lait de synthèse.
Libertarianisme
Dehors ! Ce que je fais de mes vaches n’est pas vos oignons.
Mafia
Vous avez deux vaches. Des tueurs à gages en tuent une et déposent sa tête dans votre lit. On vous offre une protection pour l’autre en échange de lait.
Matrice
Tu ne peux pas traire les vaches. C’est impossible. Rappelle-toi plutôt de ça... Il n’y a pas de vaches. Tu verras, ce ne sont pas les vaches qui se font traire, mais toi.
Militaire
Vous avez deux vaches. Le gouvernement les prend toutes les deux et vous enrôle dans l’armée.
Nazisme
Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous prend la vache blonde pour son troupeau et abat la brune.
Protectionnisme
Vous avez deux vaches. Vous ne pouvez acheter un taureau d’un autre pays.
Social-démocratie
Vous avez deux vaches. Les deux vaches forment un syndicat et se mettent en grève pour réclamer une augmentation de leur ration minimum de soja. Devant votre refus catégorique, elles organisent un blocus des étables et paralysent la distribution de lait. Au bout d’une semaine, voyant que le conflit tourne mal (comme le lait), le gouvernement prend le taureau par les cornes et organise une table ronde.
Totalitarisme
Vous avez deux vaches. Le gouvernement les prend et nie qu’elles ont jamais existé. Le lait est interdit.

Et la tout dernière qui est de mon invention :
Mérestisme
Vous avez deux vaches. Vous postez un test sur MySpace intitulé "What famous cow are you?". Elles répondent en commentaire dans le quart d’heure qui suit : l’une d’elles découvre qu’elle est la Noireaude (celle qui appelle tout le temps son docteur au téléphone pour lui poser des questions métaphysiques), l’autre qu’elle est Marguerite dans la Vache et le Prisonnier avec Fernandel (une vache qui n’a pas vraiment le sens de l’orientation).
Le mot de la fin ? Méééeuh !



Jeudi, le 5 avril 2007
De la supériorité du cerveau sur le poing

Je n’en ai pas l’air, comme ça, mais je suis une véritable tête brûlée. C’est plus fort que moi : quand je me trouve dans une situation où je suis témoin d’incivilité, je me dois de réagir. Plus d’une fois, j’ai cru me faire casser la figure, dans le bus, dans le métro, dans la rue, simplement parce que je ne suis pas du genre à détourner les yeux ou changer de trottoir. Mais je n’agis que par la parole. Jusqu’à présent (et touchons du bois pour que ça dure), les mots ont toujours suffi car, de toute ma vie, et aussi invraisemblable que cela puisse paraître, je ne me suis jamais battu !

Bien entendu, comme tous les enfants, et ceci jusqu’au collège, j’ai donné des petits coups de pieds ou des petits coups de poings à mes camarades de classe, mais cela n’a jamais été méchant, c’était simplement ce que font les lionceaux quand ils apprennent à mesurer leur force.

Quand j’étais ado, et même pré-ado, pour faire comme papa, je pratiquais un sport de combat : le judo.

Quelle erreur !

Je n’avais pas de problème pour réaliser les prises, aucun souci pour la technique, mais j’étais vraiment mauvais en combat par peur de faire mal à mes adversaires (qui, eux, ne se gênaient pas pour me balancer à terre).

Je me rappelle une compétition où je me suis retrouvé face à un seul adversaire dans ma catégorie. Je l’ai battu et j’étais content : je croyais que tout était fini et que j’allais pouvoir rentrer à la maison.

Mais non, les organisateurs du championnat, ennuyés de nous avoir fait déplacer pour un seul match, nous ont proposé, à mon adversaire battu et moi, de combattre deux filles de la même catégorie de poids que nous.

Eh bien, mon rival n’a laissé aucune chance aux demoiselles, alors que moi, je me suis fait battre lamentablement par ces dernières, ponctuant un « désolé » ou un « excuse-moi » chaque fois que j’esquissais un mouvement pour les faire tomber...

Non, le judo, ce n’était vraiment pas mon truc.

Enfin, pour en revenir aux incivilités dont je suis et j’ai été témoin, comme je n’ai pas ma langue dans ma poche, j’aurais pu me faire tabasser des milliers de fois par des personnes à qui j’ai fait quelques remarques — toujours justifiées !— parfois désobligeantes...

Une fois, pourtant, ce n’est pas passé loin. Cette anecdote est garantie 100% véridique.

À l’époque, j’étais étudiant en psychologie, et, suite à des réorientations et des envies de poursuivre de longues études, j’ai suivi une "préparation à l’Armée de l’Air", histoire de pouvoir repousser d’un an mon passage sous les drapeaux et de me retrouver dans ce corps de la Défense qui était, m’avait-on dit, le moins "pénible".

C’est ainsi que, pendant une semaine de vacances scolaires, je me suis retrouvé en tenue kaki à faire semblant d’être un petit soldat.

Un jour, à midi, à une table voisine de la mienne, un p’tit gars se croyait spirituel en jouant au gros dégueulasse avec la nourriture qu’il gâchait pour les autres et en faisant de multiples bruits corporels. Écœuré, j’ai dû lui sortir quelques propos qui, visiblement, ne lui avaient pas fait plaisir.

À la pause qui avait suivi le déjeuner, j’étais avec mes camarades dans la grande tente qui nous abritait lorsque plusieurs personnes d’un autre groupe sont entrées. Parmi elles, une espèce de colosse qui devait faire une tête de plus que moi (finalement, 1m77, ça peut être bien petit parfois), et sans doute pas loin du double de mon poids, et bien entendu le petit gros à qui j’avais fait la remarque désobligeante un peu plus tôt. Le petit, avec ses airs de caïd, m’a indiqué du doigt à son copain super costaud et mes amis m’ont regardé d’un air effaré car le monstre de muscles s’avançait vers moi et allait me réduire en bouillie...

Là, j’avoue que j’ai eu vraiment très peur. Mais, si l’homo sapiens sapiens a pu survivre parmi les autres animaux de la savane, ce n’est pas parce qu’il était rapide ni parce qu’il était pourvu de griffes, de crocs ou de glande à venin, mais bien parce qu’il savait utiliser son cerveau un peu mieux que les autres prédateurs.

Et dans cette situation, je n’avais pas le choix : aucun moyen de fuite (la seule issue de la tente était condamnée par les copains du petit gros), il fallait agir au plus vite, je devais être génial sinon j’allais être transformé en steak haché...

Je ne sais pas ce qui m’a pris, je me suis dirigé vers Monsieur Muscle, je lui ai dit bonjour et je me suis assis à côté de mon lit de camp en l’invitant à s’allonger et à me parler de ses problèmes, genre psy en consultation (mais publique, la consultation).

Ma réaction a quelque peu dérouté la personne censée me casser la figure. Le type m’a alors sorti quelque chose comme : « Eh là, mais je ne suis pas fou ! »

Et moi : « Mais je n’ai jamais dit que tu étais fou ! Je suis simplement là pour que tu puisses me parler de tes problèmes, je suis là pour t’aider... »

Cela a eu pour effet d’énerver le type qui m’a sorti : « Mais ça va ! Je n’ai pas de problèmes, moi ! »

Moi (fourbe), l’air étonné : « Mais alors... Pourquoi ton copain t’a dit de venir me voir ? »

Alors là, Monsieur Muscle n’était vraiment pas content, surtout qu’il y avait tous les copains de son groupe en plus des miens, il a attrapé le petit gros, l’a bloqué contre un pilier de notre tente et a commencé à lui donner des coups de tête (pas trop violents, mais quand même) en marmonnant « pourquoi tu m’as fait ça », ce qui m’a obligé (c’était le comble !) d’intervenir pour les séparer...

L’autre groupe est parti, j’ai pu m’asseoir à nouveau sur mon lit, soulagé, et mes copains, pas fiers de ne pas avoir osé me défendre, se sont laissé aller à un grand éclat de rire.

Ah, quelle histoire : j’avais vraiment eu très chaud !




Jeudi, le 29 mars 2007
Et un, et deux, et Web 2.0
Oups, presque un mois sans billet sur mon weblog. Mais bon, je l’ai déjà dit à de multiples reprises, c’est dorénavant via mon espace personnel sur MySpace que je donne régulièrement des nouvelles. Ben ouais, moi, un professionnel de l’informatique (je ne vous ai pas permis de rigoler !), moi qui pensais que le Web 2.0 n’était qu’une vaste fumisterie, j’ai migré sur une plate-forme de réseautage social via Internet (si c’est pas malheureux...)
Mais il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que les stars de la blogosphère ne sont plus (je lis des weblogs depuis fin 2001, et je tiens le mien depuis mi-2002), que les commentaires de weblogs personnels se sont réduits comme peau de chagrin, ou qu’ils se limitent la plupart du temps aux "preum’s" ou "kikoolol", à part pour quelques sites de personnes dont bloguer est une partie de leur métier (par exemple, dans le cas des blogs-BD, afin d’entrenir l’intérêt du public pour leurs créations hors du monde virtuel).
Peut-être est-ce lié à la vague de skybloguisation des ados et post-ados qui a déferlé sur le Net comme un tsunami et en a rejeté les personnes à la recherche d’un peu plus de contenu et de forme littéraire, peut-être est-ce lié à une certaine lassitude des auteurs et de leurs lecteurs qui ont grandi, changé de métier ou de statut social, et eut moins de temps, je ne sais, toujours est-il que les faits sont là. C’est ainsi que j’ai migré mon blog pour une certaine durée ici et que je ne reviendrais sans doute sur celui de mon site personnel que lorsque j’en aurai changé la structure, intégré des composantes du Web 2.0, et que j’aurai des choses à vous raconter (telle que la publication de mon roman, croisons les doigts !)
À bientôt, ici ou ailleurs !


Samedi, le 17 mars 2007
Quelques degrés de séparation
Stanley Milgram, psychologue américain mort en 1984 (coucou Orwell), est un très grand monsieur. On le connaît en particulier pour son expérience sur la soumission à l’autorité (reprise notamment dans I comme Icare, le film de Verneuil avec Montand), mais aussi pour l’expérience dite "du petit monde" (coucou David Lodge). Cette dernière consistait, pour les sujets de l’expérience, à passer une lettre d’un endroit du monde à un autre par l’intermédiaire de relations sociales. L’expé a montré qu’il y avait besoin de finalement très peu d’intermédiaires pour arriver au but, et de là est apparue la notion de "six degrés de séparation".
Un degré de séparation est un concept assez flou, cependant, quand on dit "connaître" quelqu’un, qu’entend-on vraiment ? (Sans doute pas le sens biblique du terme, à moins de s’intéresser aux degrés de séparation liés aux transmissions de maladies vénériennes, mais ce n’est pas là le propos). Dans l’expérience de Milgram, il s’agissait de faire passer un message, et suivant l’importance supposée de ce message, il avait plus ou moins de chances d’aboutir à destination.
Entre vous (relations dites "étendues" de MySpace) et moi, combien de degrés nous séparent ? Je connais "en vrai" certains d’entre vous (pour vous avoir rencontré à des événements divers, des soirées, des concerts, des conventions, des conférences).
Mais ne vous êtes-vous jamais demandé de combien de degrés vous êtes séparés de n’importe qui ?
Du Président de la République française, par exemple. Si je considère la voie de la Défense, je peux y arriver assez vite. Il y a quelques années, j’ai réalisé mon service militaire. J’étais prof d’informatique, sergent affecté au poste de commandement, et j’ai eu l’occasion de servir de secrétaire au colonel dirigeant la base aérienne où je me trouvais. Colonel, Général, Ministre de la Défense, Président. Donc quatre degrés, grand maximum. Ou je peux suivre la voie de l’éducation. Je connais l’ancien président de l’Université, et je vais faire la connaissance du nouveau, qui connaissent ou vont faire la connaissance du Ministre de l’Education nationale lors des CPU, ou au moins d’un représentant du ministère, qui connaît le Président. Trois ou quatre degrés.
Le pape ? Je connais des curés, qui connaissent leurs évêques, archevêques, cardinaux, pape. Quatre. Non, encore plus fort, un très bon copain est le filleul d’un nonce apostolique. Trois degrés.
Un auteur au hasard ? Stephen King ? Lors d’une convention de science-fiction, j’ai fait la connaissance de l’auteur américain Robert Sheckley, peu avant sa mort. Celui-ci, auteur de la nouvelle le Prix du Danger (adaptée en film par Yves Boisset avec Gérard Lanvin), avait eu une discussion avec King-Bachman au sujet de Running Man, aussi adapté au cinéma, pour savoir s’il s’était "inspiré" de sa nouvelle (et King aurait déclaré que non). Deux degrés.
Bien entendu, ce ne sont là que des exemples où il est possible de calculer les degrés de séparation, ou alors il s’agit de relations de connaissances apprises par hasard. Et encore, dans certains cas, le lien de la chaîne sociale était rompu (Sheckley ou le dernier pape sont morts, et je n’ai plus de contact avec mes anciens "supérieurs" de l’Armée).
Il n’empêche qu’il est toujours surprenant d’entendre une personne A parler d’une personne B, pensant que vous ne connaissez pas B alors que c’est pourtant le cas (un tout petit monde, on vous l’a dit), et de confronter la représentation de A que vous avez de B avec celle que vous vous faites de vous-même...
Euh, trop compliqué à suivre ? Exemple : un pote (ou une amie) vous parle de son ex-copine (ou copain), sans savoir que vous étiez vous-même sorti(e) avec elle (ou lui).
Cela peut donner, selon la situation, du vaudeville, de l’absurde, ou du drame...


Mercredi, le 21 février 2007
C’est la "faîte"
Aujourd’hui, ici, dans le département ligérien, c’est le dernier jour des soldes.
Sur une boutique de fringues voisine, une jolie banderole colorée, entre deux promotions :
"FAÎTES L’AMOUR... PAS LA GUERRE"
Là, moi je dis "non" !!!
Et "non" absolument pas parce que j’aurais une âme de militariste mais parce que ça me gave de voir se répéter partout cette faute.
Bon, les gars de la com’, ils ont mis des majuscules accentuées. C’est déjà bien, ça évite d’écrire "PALAIS DES CONGRES" et de se retrouver avec des quiproquos sans fin lors du salon national de la (pêche à la) mouche artificielle, avec des congressistes aussi peu frais que l’anguille de mer sur l’étalage d’Ordralfabetix...
Mais pour le verbe "faire", pas d’accent circonflexe en dehors des formes du passé simple "nous fîmes" et "vous fîtes" ainsi que du subjonctif imparfait "qu’il fît". Voilà qui est dit (et non "dît", subjonctif imparfait là aussi).
Parce que "faîte", c’est un nom commun masculin qui signifie le point le plus haut.
Alors, compris ? La prochaine fois, faisez tous bien attention !


Lundi, le 12 février 2007
La conspiration des demi-sucristes
Ils sont parmi nous. Ce sont nos voisins. Parfois, même, ils font partie de notre famille ou se retrouvent parmi ceux que nous croyons nos amis.
C’est terrible.
Et un jour, lorsqu’il est trop tard, nous découvrons au hasard d’un événement anodin que nous sommes perdus parce qu’ils sont partout.
Oui, j’ose lever le voile, je parle d’EUX : les demi-sucristes.
Hier, j’ai voulu me préparer un thé à la menthe, façon orientale. Très fort et très sucré. D’ordinaire, je ne mets plus jamais de sucre dans mon thé, mais il faut de temps à autre changer ses habitudes. Enfin, bref.
Ce fut au moment où je voulus plonger deux morceaux de sucre dans mon mug que je me rendis compte qu’il n’y en avait qu’un et demi.
C’est quoi, ce demi-sucre ? A quoi ça sert ? Qui a fait ça ?
En voulant récupérer un morceau de sucre entier, j’ouvris la boîte, et pris conscience du massacre : il y avait plein de moitiés de morceaux de sucre...
Et vous croyez que parmi ces moitiés, il y en a une qui correspondrait à sa partie complémentaire ? Ben non, bien entendu, jamais le morceau n’est coupé net en son milieu, il y a toujours une variation qui peut même aller jusqu’au quart de morceau...
C’est pas possible, c’est fait exprès.
Il n’y a pas d’autre explication, parce que sinon, un demi-sucriste, au lieu de se faire lui-même son demi-morceau de sucre, il n’aurait qu’à en chercher un dans la boîte, non ?
Mais c’est plus fort que lui, le demi-sucriste se fait un devoir de choisir un morceau entier afin d’y mettre ses doigts gras, d’y ajouter sa sueur produite par l’effort nécessaire à ce qu’il prend peut-être pour une création mais qui n’est qu’une action destructrice, pitoyable Erostrate, et alors il peut se réjouir du bruit sec que fait le morceau de sucre en se brisant, et dans cette fierté contenue, il remet négligemment dans la boîte le demi-cadavre signant son forfait.
Demi-sucriste, sache-le, ma demeure ne t’est plus la bienvenue !


Mercredi, le 7 février 2007
Precious little diamond
Week-end cinéma.
Samedi, je suis allé voir Blood Diamond d’Edward Zwick et, dimanche, Pars vite et reviens tard de Régis Wargnier.
Je craignais un peu le pire pour la production américaine, avec Leonardo DiCaprio au générique, le traitement d’un sujet très sensible (les diamants exportés de pays d’Afrique en guerre servant à financer les guerres où sont enrôlés des enfants soldats), mais avec un scénario de Charles Leavitt (qui avait déjà été scénariste du curieux K-Pax, l’homme qui vient de loin), le film s’en sort plutôt bien, évitant presque les clichés du genre (presque car DiCaprio, jouant un méchant garçon, nous fait le coup de Titanic à la fin).
Le film français est aussi une réussite. La version cinématographique diffère en de nombreux points du roman de Fred Vargas mais cette adaptation présente l’avantage de faire tenir en moins de deux heures l’essentiel du thriller de l’autrice-archéologue sans recourir aux nombreux flashs-back qui auraient été nécessaires pour devoir expliquer la personnalité et les motivations des différents personnages.
Un point commun entre les deux films ? Les diamants, symboles du sang versé lors des guerres africaines fratricides dans le film américain, et talismans sensés protéger du fléau dans le film français.


Samedi, le 27 janvier 2007
Science-fiction sans technologie n’est-elle que ruine de l’âme ?
Il est assez amusant de voir que de nombreux auteurs de science-fiction sont complètement "largués" au quotidien par la technologie, offrant dans leurs textes des visions se situant à des années-lumière du tout-venant mais carburant dans la vraie vie au low-tech.
Un de mes amis auteurs travaille encore avec un vieil ordinateur avec un modem en bois, et transfère ses fichiers avec une disquette... à la plus grande perplexité de certains éditeurs qui ne savent plus comment récupérer les données binaires sur ce type de support archaïque.
Moi-même, pourtant chercheur en intelligence artificielle, je me refuse à des éléments considérés comme "indispensables" à la vie moderne, et je passe pour un extra-terrestre auprès de ceux qui font ma connaissance.
1) Je n’ai pas de télévision. Moyen d’interactivité nul, on passe trop de temps à regarder des bêtises. Non, la vie est trop courte pour perdre du temps devant la pub. Aujourd’hui, il est vrai que j’arrive à avoir les chaînes de la TNT sur mon ordinateur, mais je me limite aux titres des journaux de 20 heures et à de rares émissions enregistrées de temps à autres.
2) Je n’ai pas de voiture. Je suis de l’espèce hyper-urbaine qui vit avec les transports en commun, ou le roller en cas de grève ou de beaux jours. J’ai pourtant mon permis avec tous ses points et j’avais une voiture pendant une dizaine d’années, mais habitant en centre-ville, je prends bus et tramway pour me déplacer au quotidien, ou train et avion de temps en temps. Je n’ai jamais beaucoup aimé conduire une voiture, je ne suis pas fan de la vitesse, et j’ai toujours un bouquin dans la poche ou mon sac. Les transports en commun, c’est du stress en moins, et du temps de lecture en plus.
3) Je n’ai pas de téléphone portable. Bien sûr, j’ai un téléphone fixe chez moi et à mon bureau, et je consulte très régulièrement mes courriers électroniques. Mais quelle idée saugrenue que de faire croire que l’on a besoin d’être contacté dans l’instant même, à tout moment ? J’avais d’ailleurs écrit une nouvelle au sujet des téléphones portables, il y a de cela quelques années :
Cellulaire sans en avoir l’air
Ce qui est pratique n’est pas toujours nécessaire... Il faut faire des choix dans la vie. :-)


Jeudi, le 21 décembre 2006
La nuit la plus longue
Cette nuit est, semble-t-il, la plus longue de l’année. C’est aussi celle où je vais essayer de me coucher le plus tôt possible afin de prendre un train me permettant de rejoindre ma région natale pour les fêtes.
Aujourd’hui, il m’est arrivé une chose curieuse. La vieille dame aux cheveux blancs, engoncée dans un gros manteau rouge et traînant un cabas qui se trouvait au carrefour, de loin, je l’avais prise... pour le père Noël.
Faut croire que c’est la saison ou jamais.
Passez de joyeuses fêtes !


Lundi, le 9 octobre 2006
La fête des pieds et des rollers
Vendredi dernier, à Saint-Étienne, aurait dû se dérouler la grande fête liée à l’inauguration de la nouvelle ligne de tramway. Eh bien, c’était loupé. Les conducteurs de bus et tramway ont fait la grève.
Après plus d’un an de travaux qui ont défiguré la ville et causé bien du souci au quotidien, c’était vraiment vache...
Bien entendu, après l’annonce des préavis, j’avais anticipé ces mouvements sociaux : je me suis levé un peu plus tôt et je me suis rendu sur mon lieu de travail en roller, sur des chemins mal éclairés, au revêtement parfois traître, mais heureusement encore praticables (il n’y avait ni pluie ni feuilles mortes).
Après le déjeuner, le retour de ma petite université sur la colline s’est fait très rapidement, tout schuss sur mes rollers, et j’ai rejoint mon laboratoire en empruntant la voie des tramways restés exceptionnellement au dépôt.
La fête eut quand même lieu (je me souviens avoir assisté à un spectacle de percutions), ne rencontrant qu’un succès mitigé en raison des circonstances (une inauguration de ligne de tramway sans tramway, ça ne le fait pas vraiment)... et la grève se prolongea durant tout le week-end. Pas glop, tout ça...


Samedi, le 19 août 2006
Pas encore la rentrée, mais presque...
Le temps est redevenu beau et des amis partent la semaine prochaine dans le sud de la France ou en Espagne mais on ne s’y trompe pas : les vacances semblent bien sur le point de s’achever.
Les fournitures scolaires occupent les têtes de gondole des magasins, je suis allé transpirer à mon club de sport, j’ai remplacé mes baskets par des chaussures de ville ; ce sont des signes qui ne trompent pas.
C’est le temps du retour, les personnes en exil occupent à nouveau ce qui leur reste de maison ici ou , la paix fragile s’installe à l’ombre des fusils et des canons de l’armée officielle et des intérimaires de l’ONU. La vie reprend son cours, les uniformes changent mais c’est toujours la même litani(e). Ça va sans doute me faire bizarre, quand je reviendrai donner des cours dans la triple ville, au Nord, cet hiver...


Vendredi, le 11 août 2006
Les trains qui sillonnent la France
Me voici de retour de Gironde où j’ai passé quelques jours chez Francis Valéry qui organisait une petite fête à l’occasion de son anniversaire. Moment bien agréable dans une charmante demeure sise dans les Côtes de Blaye en compagnie d’autres artistes, auteurs, musiciens, illustrateurs, gens du théâtre...
Prendre le train Lyon-Bordeaux, c’est un peu partir en expédition. Roanne, St-Germain-des-Fossés, Gannat, Commentry, Montluçon, Guéret, St-Sulpice-Laurière, Limoges, Thiviers, Périgueux, Coutras, Libourne... Il faut savoir s’occuper entre la fin de la matinée et le début de la soirée, des heures suffisantes pour terminer un roman de taille ordinaire (pour moi, ce fut l’Alchimiste de Paulo Coelho), pour écrire, voir du paysage ou faire de drôle de rencontres.
À l’aller, une espèce d’ogre m’a tenu compagnie pendant près d’une heure. Sans préambule ni quelconque signe d’encouragement de ma part, l’animal s’est aussitôt mis à se raconter, et très fort, étant devenu dur de la feuille. Ancien de la SNCF, il avait, dans sa jeunesse, alimenté en charbon des locomotives, sept tonnes aller, sept tonnes retour, et ce travail de force l’amenait à se restaurer d’une omelette faite de trois douzaines d’œufs... Il m’a parlé de ses collègues – dont il s’efforçait de retrouver le nom de chacun – et de leurs petites méchancetés, des matchs de foot qu’il arbitrait, de la mémorable finale de district à la Souterraine, de la fanfare où il jouait du saxophone...
Le marque-page posé dans mon livre, je l’ai laissé évoqué les petits riens qui faisaient sa vie, alors que dans le wagon, vu la corpulence et les décibels du compagnon de voyage, on ne voyait et n’entendait que nous... (Enfin, surtout lui.)
Avec du recul, je me dis que si j’avais été psy, je crois que je me serais fait payer.
Sans transition. Demain, cela fera un mois que ça a commencé. Ne les oublions pas.


Lundi, le 24 juillet 2006
La flambée de l’immobilier
Au mois de décembre dernier, je me posais la question de savoir si j’allais ou non acheter l’appartement que j’occupais alors en location et que mes propriétaires souhaitaient vendre. J’exerce un métier stable, le loft me plaisait, mais le prix me semblait excessif, l’appartement nécessitait un grand nombre de travaux pour le transformer en un duplex intéressant et, surtout, j’éprouvais des réticences à m’attacher de manière définitive à des murs.
Pourtant, dans mon entourage, toutes les personnes dans ma situation franchissaient le cap et se décidaient à devenir propriétaire en regrettant souvent de ne pas s’être décidées plus tôt.
Las, je m’étais séparé de ma petite amie, et ces projets ne convenaient plus à mon statut de célibataire. Je me suis donc mis à la recherche d’un nouvel appartement à louer...
Quelques semaines plus tard, en arpentant les rues d’une très jolie ville portuaire de Méditerranée, je discutais avec un de mes collègues et lui faisais remarquer le nombre important d’immeubles qui s’y construisaient. Il m’expliqua qu’avec la flambée des cours de l’immobilier depuis des années, le moyen le plus simple de faire fortune était d’acheter un terrain, d’attendre un peu et de le revendre ensuite avec une plus-value extraordinaire ou, mieux encore financièrement, de bâtir une résidence revendue ensuite appartement par appartement. Il suffisait d’avoir l’apport financier nécessaire, et, ajouta-t-il dans un soupir, c’est ce qui lui manquait.
La flambée d’aujourd’hui, elle n’est plus due aux promoteurs mais aux missiles. Cette ville, c’était Tripoli. Ce pays, le Liban. Juste avant de partir en vacances, ironie du sort, j’ai appris que la Région venait d’accepter nos demandes de financement pour aller refaire pour l’année 2006-2007 des missions d’enseignement. Comme lui et d’autres, n’oubliez-pas ceux qui sont là-bas. S’il vous plaît.


Mercredi, le 19 juillet 2006
Pour voir
Alors que s’embrasent les États du Levant où se trouvent certains de mes collègues et étudiants, je n’ai que le courrier électronique qui me relie à eux pour avoir une vision « de l’intérieur » de la situation.
Le cèdre que j’ai ramené de là-bas se meurt (bien que Stéphanois, je n’ai peut-être pas la main verte) et je me rends compte soudain que l’autre bout de la Méditerranée est situé vraiment très loin de la France.
Vivement les vacances. Ironie, c’est bien sur les terres puniques que je vais partir la semaine prochaine, or ce sont des Phéniciens partis de l’actuel Liban qui avaient fondé la civilisation carthaginoise... Est-ce que ces quelques jours me permettront de fermer les yeux sur le monde ?
Je suis myope. De ma famille, je suis sans doute celui qui a la meilleure vue (enfin, « j’étais », car mon frère cadet s’est fait opéré des yeux au laser la semaine dernière) mais j’ai quand même besoin de lunettes pour voir de loin, c’est-à-dire quand je conduis (ce qui m’arrive deux fois par an) ou quand j’assiste à un spectacle (cela est plus fréquent, heureusement). Dans les eaux tunisiennes, je vais faire de la plongée sous-marine, aussi me suis-je fait faire un masque dont les verres corrigent ma myopie. Je pourrai ainsi me baigner et voir, car le site est réputé pour cela, de nombreux mérous, poissons qu’appréciés des amateurs de calembours parce qu’ils produisent de la laine et des vents.


Dimanche, le 9 juillet 2006
De l’usage abusif du pronom personnel indéfini
« On » va jouer ce soir ! « On » va à nouveau être les champions du monde !
Si les espoirs des supporteurs de l’équipe de France de football se réalisent, le « on » va se transformer en « nous » et provoquer des explosions de joie, des gonflements d’orgueil, comme si, derrière leurs télévisions (ou dans le stade de Berlin), ils étaient pour quelque chose dans ce qui ne reste, malgré tout, qu’un simple sport devenu spectacle. Si ce n’est pas le cas, les plus fidèles des supporteurs pleureront la défaite de leurs héros, et les plus lâches, déçus, transformeront le « on » en « eux », et ce sera ainsi la faute de l’arbitre, de l’entraîneur, de l’équipe, du temps, du terrain, de la forme des poteaux ou de je-ne-sais-quoi d’autre comme excuse imaginable.
Ah, « on » va encore m’accuser d’être rabat-joie, de ne pas être solidaire de l’équipe nationale, voire de ne pas aimer mon pays... Point du tout, je me félicite de savoir que les joueurs de l’équipe de France sont constitués d’un bel ensemble Black-Blanc-Beur, mais je n’ai jamais pu éprouver d’attrait pour les sports d’équipe, surtout quand je me rappelle de ça et de ce que certains adolescents, en mal de reconnaissance, étaient prêts à faire pour obtenir une – malheureuse – victoire.
Mais bon, si cela peut mettre des gens en joie, ne boudons pas leur (nôtre ?) plaisir... Alors allez les Bleus ! (enfin, ceux qui ont un maillot blanc, j’y comprends rien.)


Mardi, le 11 avril 2006
Machine arrière
Enfin !
Le gouvernement s’est décidé à retirer le CPE, du moins sous sa forme actuelle...
Les étudiants ont donc décidé d’arrêter le blocage de l’Université où je travaille.
Les cours ont pu reprendre, le programme des enseignements s’est remis en route avec trois semaines de retard. Le retour à la normalité nous ramène à la situation que nous vivions durant le mois dernier.
Du coup, le temps aussi a décidé de faire machine arrière : en plein mois d’avril, nous avons eu de la neige !


Dimanche, le 2 avril 2006
Dans mes nouveaux murs
Mes cartons se vident les uns après les autres dans les meubles que j’installe.
Mes sculptures reprennent leur place et, peu à peu, mon univers se reconstruit.
Le soleil refait son apparition, la nature se réveille, des vies comme la mienne connaissent un printemps composé de retrouvailles, de rencontres et de bonnes nouvelles.
Hors de mes nouveaux murs plane une odeur mêlée de douceur, d’espoir et... de lutte sociale.


Lundi, le 20 mars 2006
Ma vie est un roman : 5. Autour de la Méditerranée
Ici, l’incipit place directement le roman dans son contexte. Il s’agit d’un livre que je n’ai pas encore lu mais qui est sur le haut de la pile de ceux que je devrais lire. Pour l’instant, je n’ai pas encore été convaincu par cet auteur classique car la lecture d’un de ses romans, étudié en classe de seconde, m’avait été si fastidieuse que je ne l’avais pas achevé, événement qui ne m’était jamais arrivé auparavant. Maintenant que j’ai deux fois l’âge que j’avais en seconde, je pense que je serais sans doute un peu plus résistant et que je pourrais à nouveau m’intéresser au sort de cette infortunée mariée à un insignifiant médecin de province.

C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.


Aujourd’hui, de l’antique cité, il ne reste que des ruines, mais un peu d’imagination permet de se donner une idée de la grandeur d’un peuple qui a failli terrasser Rome. Je suis en ce moment en train de terminer la Dame des abeilles de Thomas Burnett Swann qui se déroule au temps mythique de la construction de la cité, dans l’alliance des troupes de Didon la phénicienne (l’actuel Liban) et d’Énée, rescapée de la destruction de Troie (dans l’actuelle Turquie) par les Grecs après des années de siège. Les bords de la mer Méditerranée ont vu naître et mourir des villes, des royaumes, des nations, des religions et des civilisations dont nous sommes héritiers. Même si je n’ai rien de très méditerranéen, du moins dans mon physique, j’ai toujours été fasciné par cette mer, que ce soit depuis le sud de l’Europe, le Proche-Orient ou le Maghreb, mon mode de pensée est un cartésianisme latin métissé, et mes grandes amours puisent leurs racines en Afrique du Nord ou en Italie...
Pour ceux qui n’ont pas trouvé d’où est tiré l’incipit, laissez reposer votre curseur ici.


Jeudi, le 16 mars 2006
Ouvert / Fermé
Hier avait lieu la Journée Portes Ouvertes dans l’Université où j’interviens, la fameuse grand-messe annuelle d’information sur tout l’éventail de nos formations auprès des futurs bacheliers ou autres diplômés du supérieur...
Sauf que, en raison de la grève des étudiants liée au retrait du CPE, les portes de certaines facultés étaient fermées.
Finalement, pour éviter ce couac mémorable, comme c’était aussi la Journée Nationale du Sommeil, tout le monde aurait dû plutôt rester coucher chez soi.


Lundi, le 20 février 2006
Grand et mince ?
Je viens d’apprendre que je mesure un centimètre de plus que la moyenne nationale des hommes adultes... et que je pèse quelques kilogrammes de moins.
Ah, quand même.


Mardi, le 24 janvier 2006
Gardons nos trottoirs propres, mangeons du chien
Il ne m’a pas fallu très longtemps pour regretter mon retour en France.
Il faut dire qu’au Liban j’étais soigné comme un coq en pâte... Certes, l’organisation là-bas était un peu bordélique, mais tout se passait quand même dans une ambiance chaleureuse et finissait par arriver, il suffisait d’être patient. Tripoli, le soleil, la mer, la montagne, la cuisine aux senteurs épicées, la saveur de la menthe, les pâtisseries d’Hallab...
Ici : le froid, le restaurant universitaire, les problèmes du quotidien à gérer.
Et plus de téléphone à la maison. France Telecom m’a encore fait le coup du faux contact quelque part (ça vient juste de fonctionner à nouveau).
Les bus ou le tramway que j’ai l’habitude de prendre ont changé de trajet et d’arrêt.
Même les magasins où je vais faire mes courses ont modifié leur structure, perdant des rayons de produits pratiques au profit des conneries en solde.
C’est dingue, ça, je ne suis parti qu’une semaine, et je ne reconnais plus rien !
Ah, si. Il y a quand même encore les immuables clochards qui font la manche ou les Mormons qui veulent me convertir... Aux uns comme aux autres, je réponds que je suis désolé. Belle hypocrisie occidentale.
Et puis, bien sûr, il y a toujours les merdes de chien.


Dimanche, le 15 janvier 2006
Médicament
Dans un instant, je vais partir au Liban (pour mon boulot).
Du coup, j’ai bu du soda en prévision des troubles gastriques qui risquent de m’arriver là-bas (par exemple si j’oublie de me brosser les dents à l’eau minérale). Et je compte en boire aussi sur place (avec du thé, hein, faut quand même pas déconner) parce que c’est quelque chose qu’il est assez facile de trouver un peu partout sur Terre. La boisson du docteur Pemderton est en effet si horrible (à la fois terriblement acide et effroyablement sucrée) que même les méchantes bactéries n’osent s’y frotter.
C’est peut-être ça, la mondialisation : la santé pour tous ?
Teuf, teuf, qu’est-ce qu’il ne faut pas dire, parfois...


Dimanche, le 11 décembre 2005
Article supprimé
(..)


Mardi, le 6 décembre 2005
Saint Nicolas
Dans mon enfance, dans ma région natale, le 6 décembre était le jour des enfants, la fête patronale des écoliers.
Je me rappelle que lorsque je me levais et allais prendre mon petit déjeuner, je trouvais à ma place des pains d’épice avec l’image de Saint Nicolas, des brioches en forme de bonhomme appelées « manala », des mandarines et du chocolat.
C’était un moment magique qui donnait aux bambins en cartable que nous étions du courage pour affronter le mauvais temps de l’automne mourant et qui nous permettait de patienter encore quelques jours avant Noël, moment de vacances et de cadeaux.
C’était il y a longtemps. C’était quand on était petit.
Aujourd’hui, Nicolas ne fait hélas plus penser qu’au prénom d’un ancien dictateur roumain ou d’un ambitieux carcherisateur de ministre...


Lundi, le 14 novembre 2005
Portnawak-cities
Samedi après-midi, à Lyon, nous sommes arrivés trop tard pour profiter pleinement de la Biennale. Pas grave, ce sera pour la prochaine fois. Nous nous étions garés près des quais, non loin des Universités Lyon II et Lyon III, avions traversé le pont de la Guillotière et, parvenus dans la Presqu’île, nous avions l’impression de vivre un mauvais rêve. La rue de la Barre portait bien son nom car elle était barrée par un cordon de CRS. Pas moyen d’aller à la place Bellecour. Nous avons alors pris la rue Bellecordière, n’en revenant pas quand nous avions vu débarquer les clients de la FNAC évacués par la sortie arrière, entendant sans comprendre parler de casseurs et gaz lacrymogènes.
Le lendemain après-midi, passage au musée d’arts modernes de Saint-Étienne pour assister, outre aux expositions temporaires et permanentes, à une représentation théâtrale des plus originales sur le thème des mathématiques. En rentrant du musée, nous nous sommes arrêtés à une station service pour faire le plein. Mon amie, en remplissant le réservoir de sa voiture, a vu des jeunes mettre de l’essence dans un jerricane. La vente au détail n’est-elle pas proscrite depuis quelque temps ? Impossible de ne pas penser aux incendiaires de véhicules.
Ainsi, le week-end dernier, les balades initialement destinées à nous élever au moyen de l’art nous ont pourtant désagréablement ramenés à la bassesse matérielle à travers la cruelle insécurité ambiante...


Lundi, le 7 novembre 2005
Portnawak-city
Ce matin aurait été propice à la réalisation d’une grasse matinée : dans notre bonne ville de Saint-Étienne, nul tramway ne fait entendre son doux « cling-cling ! » caractéristique.
Une belle journée s’annonce, aussi vais-je me rendre avec plaisir à mon lieu de travail à pied, délaissant pour une fois les transports en commun. Même si les températures ne sont pas encore clémentes à cette heure – bien que la radio parle « des chauds fourrés » s’étant produits la veille –, de jeunes gens se feront un devoir de transformer avec diligence les bus inutiles en braseros pour la plus grande satisfaction des piétons souffrant du froid.
Le monde est vraiment formidable quand on est sous prozahiac.


Dimanche, le 30 octobre 2005
Heurs et malheurs de l’heure
La semaine dernière, j’ai cru être tombé dans une faille temporelle.
Dans la nuit de samedi à dimanche, ma montre s’est arrêtée. Bon, simplement une histoire de pile, il suffit de l’apporter à un horloger. Ouais, mais pas avant mardi. Flûte et zut.
Je me suis alors servi d’une montre de rechange, une vieille montre de plongée avec profondimètre qui eut son heure de gloire il y a des années mais qui avait depuis subi quelques dommages : plus moyen de la mettre autour du poignet (le dispositif d’accroche du bracelet était complètement bousillé), et l’aiguille des minutes ne tournait plus. Enfin, soit, une petite montre avec la fonction minimale, à savoir afficher l’heure sur un cadran numérique à défaut de pouvoir lire l’heure au moyen des aiguilles. En plus, cette montre me sert de réveil (et éventuellement de chronomètre).
Allez savoir pourquoi, mais ce restant de montre avait justement choisi le moment où j’en avais besoin pour se mettre à déconner : l’un des interrupteurs, servant en particulier à annuler le réveil, refusait de fonctionner. Et avec les vacances qui arrivaient, je n’avais guère envie de me faire réveiller dès l’aube... Gasp !
Mardi, j’imaginais vivre ma dernière journée de travail avant une semaine de vacances. Et puis, petit à petit, le doute s’est installé en voyant des collègues préparer des choses pour le lendemain. Contrairement à ce que je croyais, les vacances de Toussaint ne débutaient pas le soir-même mais le lendemain. Mon erreur s’expliquait par le fait que je m’étais basé sur le calendrier de l’établissement pour lequel j’exerce un certain nombre de responsabilités et qui avait un jour de décalage pour ses vacances avec mon centre. Gasp, je devais travailler le lendemain !
J’ai quand même pu passer chez un horloger-bijoutier pour changer la pile de ma montre... En revenant la chercher, ni le chronomètre ni le réveil ne fonctionnaient. L’horloger-garagiste m’a alors baratiné, m’annonçant que s’il devait ouvrir ma montre pour la réparer, cela me reviendrait cher, très cher... (« la main d’œuvre, vous comprenez ») Comment lui prouver que c’était sa faute si les mécanismes annexes ne fonctionnaient plus ? Je suis rentré chez moi étouffer la froide colère que m’avait valu la discussion avec cet escroc.
Je suis quand même revenu le voir le lendemain, juste avant de partir travailler, et j’ai demandé à cet horloger-arnaqueur de vérifier le mécanisme, mais le prévenant que ce n’était pas la peine d’y toucher si la réparation allait me coûter trop cher (le prix annoncé était d’abord l’équivalent des deux tiers du prix d’achat de la montre, et même s’il s’agissait d’un cadeau auquel je tenais, cela aurait été absurde de vouloir la conserver à tout prix).
Finalement, la réparation ne m’a pas coûté grand chose, et j’ai pu récupérer ma montre hier (escroc, mais pas trop).
Et aujourd’hui, comme tout le monde, j’ai pu changer l’heure, espérant par ce retour à l’heure d’hiver un retour normal à la réalité temporelle.


Mardi, le 4 octobre 2005
Travailleurs de tous les pays... levez-vous !
Aujourd’hui, en France, cela va être la grande journée de grève et de manifestations dans les transports et dans la rue. Les rares transports en commun qui fonctionneront vont être pris d’assaut ; les trains, métros, trams et bus seront bondés, on va se marcher sur les pieds, entassés, debout dans des espaces confinés.
Ouais, tous debout.
Et pourtant, par un curieux hasard de calendrier, ce mercredi 4 octobre est paradoxalement le jour de la Saint François... d’Assise !


Mardi, le 27 septembre 2005
Différences de points de vue et mélange des genres
De la Russie, mes parents m’ont rapporté l’image d’un pays où de superbes églises orthodoxes côtoient aussi bien des immeubles modernes apparus avec le capitalisme que des lourds bâtiments à l’inesthétique mais fonctionnelle architecture soviétique. À Moscou, des bateaux de tourisme voguent sur le canal menant à la Volga, et il semble difficile de passer un jour dans les belles rues de la capitale sans voir une scène de mariage et des limousines. À peu de choses près, j’y retrouvais la vision qu’en avait donnée Cédric Klapisch dans son film les Poupées russes.
Mais quand ce sont les Russes qui parlent de leur pays, comme le réalisateur Timur Bekmambetov dans le film Night Watch, le Moscou d’aujourd’hui devient le terrain de chasse des vampires, un lieu où s’affrontent les Forces du Bien et du Mal, où des tourbillons de corbeaux annoncent des événements funestes, et où la sorcellerie est encore toute-puissante...
L’image réfléchie par les miroirs n’est pas celle que l’on trouve dans le regard des autres.


Jeudi, le 22 septembre 2005
La loi des séries
Dans un article daté du 06/09/2005, j’évoquais le fait de ne pas avoir vraiment de chance en matière de déplacement. Les endroits où j’ai prévu de me rendre et où je ne peux finalement aller se retrouvent soudain maudits (à savoir Londres, Charm el-Cheikh, la Nouvelle-Orléans).
L’autre jour, à Lyon, entre mes activités de recherche nuptiale aquariophile (voir mon post précédent), je suis allé voir mon ancien directeur de thèse qui devait, lui, se rendre à cette fameuse conférence prévue à l’origine en Louisiane. Il m’a appris qu’à quelques jours de l’événement, les organisateurs avaient décidé de déplacer cette grande rencontre à Houston, dans l’État du Texas voisin.
Donc tout va bien, madame la marquise.
Ben non.
V’là-t-y pas qu’après Katrina, Rita vient d’atteindre la force d’un cyclone et s’approche dangereusement... du Texas.
Ben ouais.
Scoumoune, quand tu nous tiens !


Mardi, le 20 septembre 2005
Une nouvelle fiancée
En fait, non, pas tout à fait.
Quoi de mieux qu’une nouvelle fiancée ?
Trois nouvelles fiancées !
Elles sont trois, des charmantes demoiselles que j’ai apporté à mon betta splendens célibataire aujourd’hui.
Sont-elles aussi splendides que leur nom latin le suggère ? Certes, elles sont jolies, mais dans le monde animal, c’est le mâle qui se pare des plus beaux atours, et les trois timides femelles ne peuvent rivaliser avec le monsieur qui semble être vêtu d’une robe de soirée aquatique conçue par les plus grands couturiers de la création.
Chez les homo sapiens sapiens que nous sommes, en revanche, ce sont les dames qui portent les plus belles toilettes, qui arborent les plus élégantes coiffures et les maquillages les plus recherchés.
D’où vient cette différence ?
Mettez deux poissons combattants mâles dans le même aquarium (non, ne le faites surtout pas en vrai, c’est un exemple fictif !). Ils ont beau être magnifiques, ces combattants, mais mis l’un en face de l’autre, ils se retrouvent aussitôt transformés en de redoutables guerriers (les betta splendens ne s’appellent pas « poissons combattants du Siam » pour rien) et vont se battre jusqu’à la mort de l’un, et bien souvent des deux.
Ceci m’amène à proposer une théorie : n’est-ce pas pour faire disparaître les duels que les hommes d’aujourd’hui, lorsqu’ils se retrouvent en (« bonne ») société, portent tous le même type d’habit, à savoir un smoking ?


Mercredi, le 14 septembre 2005
De l’inavouable bonheur d’être méchant
Il y a encore peu de temps, j’étais étudiant et mes seuls problèmes se résumaient à la réussite de mes années universitaires. J’étais plutôt tranquille, personne ne venait m’embêter, je n’avais qu’à me consacrer à mon travail.
Depuis que j’ai obtenu un poste, c’est étrange, mais j’existe soudainement pour d’autres gens. Il suffit d’avoir une certaine renommée scientifique, ou d’exercer des responsabilités mettant en jeu de l’argent ou des ressources humaines, et de curieuses têtes – pas toujours très bien intentionnées – font leur apparition dans le paysage pour lancer des attaques et s’approprier le modeste pouvoir (euh ?) dont on peut jouir.
Au début, on essaie d’être diplomate, on fait des concessions, on sort d’épuisantes réunions en croyant avoir évité le pire... Jusqu’à découvrir un peu plus tard que l’on s’est fait planter un couteau dans le dos. Même si ça fait mal, à la longue, cela ne ressemble plus qu’à un picotement désagréable. Alors on devient moins naïf. Et on en vient à répondre en détournant les coups portés par l’agresseur comme cela l’est pratiqué dans l’aïkido. Après, il est délicat de ne pas se réjouir de voir ces coquins mis hors d’état de nuire par KO. Mais, honnêtement, qui peut s’empêcher de sourire en voyant des méchants recevoir une tarte à la crème ?


Mardi, le 6 septembre 2005
Scoumoune
Pour mes déplacements dans le monde, il n’y a pas à dire, je suis maudit...
Au mois de juillet, un de mes meilleurs amis, de retour d’Afrique, me proposait de le retrouver auprès de sa famille, à Londres. Finalement, suite à des problèmes d’hébergement, je n’ai pu me rendre dans la capitale britannique... et, du coup, j’ai évité de peu ceci.
Ensuite, j’aurais dû partir dans le sud de la France avec des copains, mais cela n’a pu se faire.
Tant pis, j’ai décidé de partir tout seul en Égypte faire de la plongée en mer Rouge. Et il y a eu cela.
Alors je ne suis pas allé à Charm el-Cheikh mais au sud d’Hurghada où j’ai pu passer un excellent séjour.
Maintenant, les vacances sont terminées.
Pour mon boulot, j’aurais normalement dû me rendre prochainement à une conférence à la Nouvelle-Orléans. Mais je n’ai pas eu le temps de terminer l’article de recherche que je destinais à cette conférence, et le projet est tombé à l’eau. De toutes façons, de l’eau, il y en a justement, et bien plus qu’il n’en faut, dans cette ville de Louisiane, après le passage de Katrina.
Maudit, oui, je suis maudit...
Il faut croire que quand la folie des hommes ne touche pas les lieux où je compte me rendre, les catastrophes naturelles s’y mettent. Bon, pour mon prochain déplacement, je vais aller – si possible pas en avion – dans un endroit réputé sûr. Ah, ben zut, non : cette année, je vais devoir partir donner des cours à Tripoli, dans le Liban nord...


Lundi, le 29 août 2005
Carte postale
Arrivé en Égypte, à quelques centaines de kilomètres au sud de Hurghada.
Paysages extraordinaires, sur terre (hôtel, tel une oasis, coincé entre la mer Rouge et un désert de roches et de sable) comme sous mer (récifs coralliens avec une faune marine superbe). Excellente ambiance avec les autres plongeurs.
Trop bien, les vacances...
Hier, retour en France. Et aujourd’hui, c’est à nouveau le boulot...


Vendredi, le 12 août 2005
Prenez et mangez, ceci est son corps
Là, à l’instant, une mouche est venue m’ennuyer.
En la chassant de la main, sans le faire exprès, j’ai attrapé la bestiole entre mes doigts.
Du coup, je ne savais plus quoi en faire...
Écraser l’animal pour ne plus me faire embêter ? Beurk...
Noyer l’insecte dans l’évier ? Ça fait moins de saletés, c’est sûr.
Pourtant, bêtement, je l’ai balancé dans mon aquarium.
La mouche, étourdie, a tenté de se sortir de ce piège aquatique... mais pas bien longtemps. Avec une certaine surprise, j’ai vu mes poissons exotiques se jeter sur elle. Ils sont vraiment tout petits, ces danio rerio mais, à quatre, il n’a pas fallu longtemps pour qu’ils la dévorent. Ben ouais, ils sont carnivores, alors quoi de plus normal ? Quand on leur donne toujours des vers de vase lyophilisés ou de cet obscur « aliment complet », comme je le fais, on ne se rend pas bien compte, alors ça surprend. Enfin, cette mort stupide n’aura donc pas été inutile pour tout le monde.
Merde, dans une semaine, je partirai faire de la plongée en mer Rouge. Et là-bas, il y a des requins...


Mercredi, le 27 juillet 2005
La complainte du consommateur
Pourquoi, en période de soldes, les articles qui dont nous avons besoin, qui nous plaisent le plus et qui sont à notre taille ne sont (presque) jamais ceux qui sont soldés ?
Hein, pourquoi ?
Parce que, moi, je me demande bien pourquoi...


Vendredi, le 8 juillet 2005
Distributeur de bonheur
Il y a quelques jours, j’étais dans un lycée pour présider un jury de bac. Longue discussion avec les différents enseignants pour savoir qui méritait d’avoir les quelques points manquants nécessaires pour passer du refus à l’admissibilité à la session de rattrapage, de l’admissibilité à l’admission, ou obtenir une mention...
C’est rassurant de voir que les élèves ne sont pas notés à la légère et que le facteur humain est encore essentiel dans ce genre de processus.
De la psychologie, il en fallait quand les lycéens venaient récupérer leurs relevés de notes, pas pour dire « félicitations » à ceux qui étaient admis, mais pour les autres, les recalés, déçus, ou ceux qui devaient passer le rattrapage et qui étaient un peu perdus... « Vous voyez, ce 4 en maths, c’est sans doute un accident, alors choisissez cette matière, comme il y a un gros coefficient, vous avez toutes les chances de vous rattraper à l’oral si vous révisez bien... » avais-je dit à cette jeune fille, les yeux noyés de larmes.
Et hier se sont déroulées les épreuves de rattrapage. Un grand nombre d’élèves avaient réussi à se racheter. Il y avait toujours quelques déçus, bien entendu, mais aussi ces visages plein de joie à la réception du relevé de notes marqué des palmes... La fille émotive de la fois passée avait à nouveau des larmes aux yeux, mais de bonheur cette fois, et ne cessait de dire : « merci ! »... Quel plaisir d’avoir le rôle du père Noël !
Au même moment, à Londres, des monstres avaient fait exploser des bombes dans les transports en commun... et le hasard avait distribué aveuglément la mort parmi de malheureux voyageurs et passants.
Cruel contraste.


Dimanche, le 12 juin 2005
M’est arrivé plein de trucs
Samedi, il y a une semaine (déjà !), je suis allé au Fest’Uval Jean Mon’Arts pour assister à divers spectacles et voir l’exposition où se trouvaient (et se trouvent encore pour quelques jours) certaines de mes sculptures. Avant d’aller chez le copain qui devait m’emmener au lieu du festival, j’ai mémorisé les chiffres de son digicode et je suis allé à un distributeur de billets automatique. Et là, la gaffe : je me suis fait la remarque que les chiffres du digicode du copain sont presque les mêmes que mon code de carte bleue. Du coup, au moment de taper ma suite de chiffres, les autres, ceux du digicode, sont venus parasiter ma séquence... au point que ma carte a fini par se faire avaler par la machine après trois essais infructueux. Et merdeeeeeeeeeeu.
C’était donc avec mes dix petits euros restants que je me suis retrouvé au château de Saint-Victor sur Loire. Pas mal de spectacles sympas, l’expo attirait aussi des gens, et en allant écouter de la musique chorale, je me suis rendu à l’église. Là, surprise : mon ex petite amie était présente. C’était bizarre de la revoir car elle n’avait plus donné signe de vie depuis près d’un an. Après le concert, nous avons discuté comme de bons amis et ça m’a fait très plaisir : notre douloureuse histoire fait maintenant partie du passé.
La semaine dernière, Francis Valéry était de passage à Saint-Étienne. Ça fait du bien de revoir l’ami Francis. Nous avons pas mal discuté, pas mal mangé (restaurants mardi soir, mercredi soir, jeudi midi et jeudi soir, aïe, aïe, aïe, ça fait mal à la carte bleue à peine retrouvée...), pas mal picolé aussi (mais où est passée ma bouteille de liqueur de litchi ?). Jamais couché avant minuit et au boulot avant huit heures du matin, les nuits de cette semaine étaient courtes... et ce week-end était vraiment le bienvenu pour se reposer un peu.


Dimanche, le 29 mai 2005
Rouget de Lisle vainqueur de Beethoven
Ce dimanche, après être allé faire mon devoir électoral, j’ai vu le troisième épisode de Star Wars. Très chouette film, mon préféré de la nouvelle trilogie, assurant avec brio la transition entre les deux premiers épisodes et les anciens. Dans la salle, des papas un peu plus âgés que moi étaient accompagnés de leurs rejetons et leur expliquaient le pourquoi du comment de la saga qu’ils avaient vu quand ils avaient le même âge qu’eux, jolie transmission de savoir à la sauce culture pop.
Une horrible découverte, cependant. Jamais je n’ai vu autant d’adolescents... et ces derniers sont épouvantablement gros ! Non, mais c’est dingue : les ados de la nouvelle génération sont obèses ! Et ça va s’acheter des paquets de pop-corn maxi avec des grands verres de soda super sucré. Argh... Mes futurs étudiants ressembleront donc à ça dans quelques années ? Il y a de quoi avoir peur !
Et dans la série lamentable, les premières estimations donnent le « non » largement vainqueur. M.... ! Non, je n’ai pas lu le traité dans son intégralité, j’aurais été bien incapable de saisir la portée des divers articles, mais je m’en suis fait expliquer certains points par une juriste de confiance qui m’a conforté dans mon idée initiale de voter « oui ». Bon, puisque c’est joué, alors c’est « non », quel plan B va se préparer pour la France et pour l’Europe ? Vous y croyez, vous, à une renégociation menée entre, d’un côté, une union contre nature entre les divers partis des extrêmes et les branches dissidentes des partis de droite et de gauche, et, de l’autre, le reste de l’Union européenne ? D’autant que dans ces autres pays, qui seront nos interlocuteurs ? Tout prête à croire que la droite passera chez nos voisins. Chers compatriotes, voilà une bien curieuse manière de préparer une Europe sociale...
Enfin, ce qui m’ennuie tout autant que l’avenir dans notre vraie vie est que le roman sur lequel je travaillais – et que je laissais en stand-by depuis quelque temps – décrivait un futur proche avec une France clairement européenne et une Union européenne fédérant de manière forte les nations de notre bon vieux continent. Ben, du coup, il va falloir que je change plein de choses. Les élections auront au moins eu pour effet de me motiver pour me remettre à écrire.


Lundi, le 23 mai 2005
De l’eau et des éclairs
Samedi, avec un copain qui venait d’apprendre la veille sa réussite à un concours, nous nous sommes rendus au festival 6ème Continent à Lyon. Nous quittons le Rond-point de Saint-Étienne pour nous engager dans la voie rapide, et je fais la remarque : « Tiens, la voiture devant nous s’est fait flasher ! ». Le temps que le pilote vérifie sa vitesse sur le compteur et... merde... nous avons aussi droit à une photo souvenir.
Bon, ça commence bien. Le copain prend cependant l’amende à venir avec une certaine philosophie. Il est conducteur depuis seize ans et n’a jamais effectué une seule infraction au code de la route. Il faut bien une première fois... Penser à la réussite à son concours et aux nouvelles fonctions qu’il va occuper à la rentrée prochaine efface un peu cet ombrageux événement.
Sur le chemin, nous passons en revue diverses stations de radio pour tomber sur les informations. Non, il est encore trop tôt pour connaître le résultat du festival de Cannes.
Nous entrons dans Lyon, passons à côté de la Halle Tony Garnier, et nous trouvons une place devant l’entrée du Parc de Gerland. Musiques du monde. Tenues bab’, look « altermondialiste », ceux qui sont là ne tiennent pas à se prendre la tête. Petit tour auprès des stands sur le thème du développement durable, du commerce équitable ou du Tibet libre... Je me sens bien.
Nous achetons des tickets à échanger contre de la nourriture et de la boisson. Je prends du poulet au riz avec des trucs bizarres, genre beignet de banane, avec sauce épicée et légumes délicieux mais non identifiables.
Quelques gouttes tombent. Des éclairs lézardent le ciel. Nous nous mettons à l’abri à côté des pistes de vélo et roller acrobatiques.
Nous partons ensuite à la recherche de toilettes.
Je me rappelle un endroit où il y en avait, au niveau des petites maisons du parc. Mmmmm... Loupé : fermeture à 19 heures. Mais un policier zélé nous indique la présence de cabines automatiques un peu plus loin. Nous traversons un long terrain gazonné. J’entre dans le lieu d’aisance à l’air futuriste. Je pousse au hasard un bouton et lis ensuite que c’est là qu’il faut appuyer quand on veut sortir. Bon, qu’importe. La cuvette du trône en métal bouge. Je me dépêche. Puis de l’eau envahit le sol et noie mes baskets. Argh ! Je me lave vite fait les mains. La lumière s’éteint. Je me précipite vers la sortie de peur d’être enfermé. Bon, OK, la prochaine fois, je le saurai : appuyer sur le bouton pour sortir seulement. Le copain a préféré se soulager contre un arbre. Il avait sans doute raison.
La nuit tombe. Nous nous rapprochons de la scène. Il y a beaucoup de monde maintenant. Les organisateurs demandent au public des parapluies et mettent en place une protection de fortune pour le prochain groupe.
Les Bistanclaque montent sur scène. Ces Croix-Roussiens, un duo, rejoint un peu plus tard par une saxophoniste, nous livrent une musique aux paroles pleines de sel, de sucre et d’acide. Une bonne partie du public se retrouve dans les cercles concentriques d’une danse circasienne.
Avant qu’un nouveau groupe ne prenne place sur scène, nous partons chercher des boissons. Je demande un jus de goyave, je me fais servir de la mangue. Bah, pas grave, il n’y a que moi pour demander des jus de fruits impossibles.
Je vais m’acheter le CD des Bistanclaque (que j’écoute en boucle depuis, avec une préférence pour les chansons l’Ancienne, Consomme ! et la Scottish). Il pleut toujours, et les prochains musiciens ne viennent pas. Le copain me parle de Femi Kuti, que l’on attend et qui devrait venir d’une minute à l’autre, et de son père, Fela Kuti, le fameux chanteur militant à l’origine de l’afro beat.
Sous la pluie, le public s’impatiente. Les musiques enregistrées n’ont pas la chaleur de celles en live. Les organisateurs montent sur scène.
Explications.
Pluie. Matériel électrique. Risque d’électrocution. Concert annulé.
C’est la grosse déception. Face aux éléments, nous sommes bien impuissants. Nous nous décidons à rentrer, fort marris qu’avec cette pluie, la suite de la soirée soit tombée... à l’eau.


Dimanche, le 15 mai 2005
Article supprimé
(...)


Mercredi, le 6 avril 2005
Prenez, ceci est mon sang
Bizarre.
Aujourd’hui, je suis passé à un labo d’analyse médicale pour faire une prise de sang.
Bon, jusqu’ici, rien d’anormal.
Retour à la maison prendre un petit déj’, puis je suis parti à la fac.
Là-bas, il y avait une annonce pour aller donner son sang.
Je me suis renseigné, il n’y avait pas de contre-indication car la quantité prélevée pour une analyse est minime (comparée à un don ou à notre capacité à nous régénérer), et le Bon Dieu ayant bien fait les choses, nous sommes pourvus de deux bras (sinon, pas de chocolat, mais c’est une autre histoire).
Je me retrouve à présent avec des trous au niveau de la saignée (tiens, pour une fois, un terme qui porte bien son nom) de mes deux coudes.
Ouais, j’ai un peu l’air d’un junkie ce soir. Drôle de situation pour moi qui évite l’alcool, fuis la caféine, essaie d’échapper à tout médicament, ne fume pas et n’ai jamais touché à la dope. Mais arrêté par les flics, j’imagine qu’en voyant les stigmates sur mes bras, le malentendu aurait été... stupéfiant !


Dimanche, le 3 avril 2005
Vacance du Saint Siège
Karol Wojtyla, l’évêque de Rome, s’en est allé...
Le monde souligne le champion de la paix qu’a été Jean-Paul II, les Églises juive, musulmane ou orthodoxe partagent leur émotion avec les chrétiens catholiques.
Moi aussi, je pleure à la fois l’homme et le globe-trotter qui eut une influence considérable sur l’entente entre les différentes religions ou sur l’ouverture des pays de l’Est prisonniers du bloc soviétique, mais j’ai le plus grand mal à lui pardonner d’avoir toujours défendu les positions les plus traditionnelles du Vatican : célibat des prêtres, opposition à l’avortement, refus des méthodes de contraception (alors faites un geste au profit du Sidaction, n’oubliez pas les ravages que cette maladie a causés en Afrique chez ceux qui refusaient de mettre un préservatif sous prétexte de suivre la décision papale).
Et surtout, une angoisse : qui sera le nouveau successeur de Saint Pierre ? Si j’avais le droit de voter, j’aurais choisi l’évêque d’Evreux de Partenia, Jacques Gaillot. Mais il ne faut pas rêver, non seulement Mgr Gaillot n’est point cardinal, mais, de plus, cela ne risque guère d’arriver : il n’est pas vraiment en odeur de sainteté auprès de Rome...
Et plutôt si : rêvons ! Changer le monde, c’est ce que nous faisons en écrivant de la fiction.


Samedi, le 26 mars 2005
In God I trust
Je viens de faire ce test et j’ai eu comme résultat :
You scored as Christianity. Your views are most similar to those of Christianity. Do more research on Christianity and possibly consider being baptized and accepting Jesus, if you aren’t already Christian. Christianity is the second of the Abrahamic faiths; it follows Judaism and is followed by Islam. It differs in its belief of Jesus, as not a prophet nor historical figure, but as God in human form. The Holy Trinity is the concept that God takes three forms: the Father, the Son (Jesus), and the Holy Ghost (sometimes called Holy Spirit). Jesus taught the idea of instead of seeking revenge, one should love his or her neighbors and enemies. Christians believe that Jesus died on the cross to save humankind and forgive people’s sins.

Christianity

92%

Buddhism

50%

Judaism

50%

agnosticism

25%

Satanism

21%

Islam

17%

Paganism

17%

Hinduism

8%

atheism

8%

Which religion is the right one for you? (new version)
created with QuizFarm.com
Bon, si je n’ai pas 100% pour le christianisme, c’est sans doute parce que j’ai dû mal comprendre certaines des questions en anglais, ou alors parce que ma foi n’est pas aveugle au point de prendre tous les propos de l’actuel pape (actuel ? ... oui, actuel, je viens de vérifier aux infos : Karol n’est pas aussi mal au point que Rainier) pour pain béni.
Et puis, hier soir, en rentrant du travail, à défaut d’avoir été à la messe du Vendredi Saint (ouais, dans ma région natale, ce jour-là est férié), j’ai écouté « Nouveaux visages de la mystique » dans l’émission les Vivants et les Dieux de France Culture. Mais bon, ça va. Même si j’ai mangé du Nutella® pendant le Carême, je crois que mon âme n’est pas perdue pour autant...


Jeudi, le 24 mars 2005
Ben, y s’rait temps !
Oups, je viens de découvrir que la Crèche que j’avais sculptée est toujours en place sur une étagère... Noël et l’Épiphanie sont maintenant bien loin, j’aurai dû ranger ma Crèche depuis longtemps.
Oui, surtout qu’aujourd’hui, c’est Jeudi Saint, et donc demain, l’« anniversaire » de la mort du Christ (tant pis pour ceux qui peinent à suivre par défaut de culture judéo-chrétienne, manquerait plus que je fasse un cours de catéchisme, non mais !).
De la fête de la naissance à la commémoration de la mort suivie, dimanche prochain, du rappel de la Résurrection ou, sous sa version laïque, du Père Noël distributeur de cadeaux aux œufs de Pâques, tout ça, c’est le temps qui passe avec son lot de choses agréables... et certaines qui le sont moins. Oui, Forrest, la vie, c’est comme une boîte de chocolats.


Jeudi, le 13 janvier 2005
Est-ce bien raisonnable ?
Je viens d’effectuer un gros virement bancaire entre un compte où l’argent faisait des petits et un autre où les sous seront prêts à être dépensés.
En raison des soldes. Et de multiples achats en vue.
Dans le désordre, les dépenses prévues sont une imprimante couleurs (j’ai déjà des bons d’achats offerts par mes petits frères à Noël, mais cela ne suffira pas), un abonnement à un club de sport (parce que je me suis dit qu’il fallait vraiment que je pense à ma petite personne, surtout si je n’arrête pas de cuisiner et de goûter à ma cuisine), des fringues de sport (parce que mes seuls vêtements de sport sont, pour l’heure, un maillot de bain, un bonnet de pain et des lunettes de piscine), et plein de bricoles d’arts plastiques (terre à modeler, peintures).
Ah, vive la société de consommation...


Dimanche, le 9 janvier 2005
C’est mal
J’ai lu dernièrement que, selon une grande prêtresse du savoir-vivre, il ne faudrait absolument jamais saucer à table. Oui, tremper la mie de son pain pour nettoyer l’assiette, ça ne se fait pas, c’est comme tartiner son foie gras comme un vulgaire pâté, c’est mal, c’est sale, bêêeeuh. Ben, je ne peux pas m’en empêcher. Je ne sais pas qui a établi cette stupide règle du « bien se tenir à table », mais elle a visiblement été écrite en dépit du bon sens, et surtout en toute méconnaissance de la gastronomie, de l’art culinaire et, au sein de cet art, de l’originalité, de la finesse et du doigté nécessaire à la réalisation de sauces se mariant au mieux aux divers mets pour qu’ils puissent exprimer leurs plus subtiles saveurs. J’ai même tendance à croire qu’il s’agit d’une règle imposée par une dame acariâtre et ayant tendance à prendre de l’embonpoint, et ceci simplement pour frustrer les jeunes âmes épicuriennes qui auraient pu profiter d’une sauce un peu riche dont elle, la méchante, devait se priver, non par goût mais par nécessité médicale ou diététique...
Sans transition. Vendredi, juste avant de partir du bureau, j’ai lancé à mes collègues : « C’est comme les préservatifs ! ». Devant l’étonnement justifié de ces derniers, je me suis expliqué. J’étais en train de réaliser une sauvegarde des données les plus précieuses sur ma clé USB personnelle. Il s’agit là du genre de choses que je n’oublie jamais de réaliser car je suis un garçon prudent. D’où la petite phrase. Mais ça ne se dit pas. C’est mal...
Ah, mais dans quel monde vit-on ?


Mardi, le 28 décembre 2004
Entre Noël et Nouvel An
Assis à la table de la salle à manger, le sapin décoré dans le dos, la Crèche sur la droite, la cheminée à gauche, l’ordinateur en face, la musique de la radio diffusée par le Net (merci le WiFi), ambiance feutrée de la maisonnée familiale...
Un sentiment de calme et de sécurité. Il faut bien ça. À l’heure du repas, la télévision, que je n’ai plus l’habitude de regarder, annonce des horreurs. Des morts qui se comptent par dizaines de milliers en Asie. Les journalistes font grand cas de la poignée d’étrangers disparus (des Français !). Bien sûr, nul n’envie le sort de ces malheureux touristes, mais il est quand même assez impudique de s’intéresser surtout à ces quelques uns alors que le cataclysme laisse sans voix par son immensité.
La télévision, c’est toujours comme ça ? Une fenêtre ouverte sur le grand monde... et la petitesse des gens. Sentiment léger d’écœurement ne se mariant que trop bien avec la bonne chère que l’on consomme toujours un peu à l’excès en ces jours.
Pas de trêve sur Terre, même en cette période de fêtes, l’année n’avait pas encore eu son lot de sinistres.
Impuissant, devant un autre écran, un écran où – contrairement à la télévision – on n’est pas passif, je lance mon vieux traitement de texte pour écrire, écrire, écrire... Modestement, je reconstruis l’univers du bout de mes doigts.


Jeudi, le 23 décembre 2004
V.I.S.
(Very Important Stéphanois)
Oui, par la grâce du WiFi (Riri, Loulou, non, je l’ai faite le premier) et de l’agilité techno-branchouille de mon petit frère ingénieur, contrairement à ce que j’ai indiqué dans mon post précédent, je peux me connecter au Ternet depuis le lieu où je vais passer les fêtes de Nouël (ou Nowell, comme vous préférez).
Alors, le voyage s’est bien passé. Je suis parti d’ici et j’ai voyagé avec une ch’tite compagnie qui organise des vols entre la préfecture de la Loire et Nantes (pratique pour se rendre aux Utopiales, tiens, j’y songerai la prochaine fois), Paris (ah, les Champes Zélizéeuh... ah, la Eiffel Tower !)... et... Strasbourg. Si, si. Pourquoi cette dernière ? Je n’en sais rien, mais en tout cas, pour le coup, ça m’arrange, parce que je suis né dans la capitale alsacienne et que je passe les fêtes de la Nativité du Christ avec ma famille proche, devant un vrai feu de cheminée, un vrai sapin décoré avec des jolis cadeaux à son pied, une Crèche (réalisée par votre serviteur mais mise en scène par sa maman), une odeur de petits gâteaux (n’avez-vous jamais vu ou, mieux, goûté aux Spritzbredle ?), des lumières scintillant dans la nuit sous la neige, la messe de Minuit et ses chants sacrés ? (Ambiance 100 % authentique.)
Bon, ben, bref, hier, après une matinée à corriger des copies (un QCM, en plus, la joie), j’ai retrouvé une collègue qui, en partant elle aussi en vacances, a eu la bonté de faire un petit détour pour me déposer à l’aéroport de Saint-Étienne, alias l’aéroport d’Andrézieux-Bouthéon, parce que pour y aller par les transports en commun... Comment ! Je ne vous ai pas raconté ?
OK, donc c’était il y a un peu plus d’une semaine, alors que je venais de prendre mon billet d’avion sur le Ternet (30 € le vol, une promo d’enfer, vous imaginez ?), je me suis dit : « Fab, t’es un gars prudent, tu vas faire un repérage et aller à l’aéroport avant pour pas te retrouver dans la m.... au moment du départ ». Alors, je vais naïvement regarder sur le site, et je trouve des informations qui me parlent de trains, de cars et de taxis. Youpi, tout va bien.
J’hésite un instant entre le car et le train, et comme je connais plus facilement les horaires de la SNCF, je prends mon billet à la gare de Châteaucreux, direction Roanne, et je descends moins d’un quart d’heure plus tard à la gare de Bouthéon.
...
Surprise, c’est une gare perdue au milieu de rien. Enfin, même pas une gare, une espèce d’abribus fantôme pour train paumée dans le brouillard (oui, en plus, il y avait du brouillard à couper à la tronçonneuse). Bien entendu, aucune indication pour se rendre à l’aéroport. Juste un restaurant appelé « Aux deux Ânes » qui fait, compte tenu de la situation, que l’on se sent subitement devenu le troisième. Et soudain, j’entends braire le grison (parce qu’il y avait réellement un tel animal), j’essaie de reprendre mes esprits et je me dis que le petit chemin qu’empruntent les autres personnes qui sont descendues du train avec moi doit bien mener quelque part (et sortir de ce monde parallèle, parce que, ouh là là, j’ai l’impression d’être arrivé dans une autre dimension).
Et le chemin débouche en effet sur des semblants de civilisation. En particulier, il y a deux gendarmes qui arrêtent des voitures à un rond-point. Je me renseigne auprès de ces messieurs (car il n’y a que des indications très locales sur les divers panneaux de circulation du rond-point) et les représentants de la maréchaussée me désignent la route à suivre, sur cinq kilomètres environ, en terminant leur phrase par un « mais vous voulez y aller à pied ?! » pas très rassurant.
Alors, je marche en me repérant à quelques signes, je passe devant la gendarmerie, je traverse toute la petite ville, je tombe sur des panneaux avec un avion caractéristique (froid, froid, froid... chaud, ça y est, je brûle !), je tombe dans une zone industrielle, je me dirige dans une zone commerciale, j’aboutis sur le bas-côté de voies très rapides (argh, c’est vraiment trop dangereux d’être un piéton parfois...) et, au bout d’une heure, les pieds mouillés, froids et boueux, j’entre dans l’aéroport.
Je me renseigne à l’accueil, la demoiselle est ravissante et serviable, mais confirme ce que je craignais : le samedi, au niveau des transports en commun, c’est un peu la mort... et la semaine, il faut tenter sa chance avec les cars du Conseil général de la Loire, parce que venir depuis la gare de Bouthéon, c’est une expérience à ne pas reproduire, surtout chargé de valises. Pas de taxi non plus. Les abribus que j’ai croisés n’indiquaient plus de départs avant le lundi suivant, le train pour Saint-Étienne ne part que dans trois heures... et l’attente avec ce froid... bref, ça s’annonçait mal. J’ai pris le chemin du retour en direction de la gare de Bouthéon (motivé, le gars), puis j’ai vu un car de la fameuse compagnie circulant pour le Conseil général de la Loire et j’ai fait de grands signes désespérés au chauffeur. Ce dernier s’est arrêté, m’a informé qu’il venait de Saint-Étienne et s’en allait dans l’autre sens (m... !) mais m’a indiqué un arrêt où j’avais une chance d’avoir un car pour rentrer chez moi. Et ce fut vrai. Alléluia.
...
Retour à hier.
Je suis arrivé à l’aéroport avec un sac sur le dos, ma valise à roulette à la main, et il n’y avait personne. Ou si, une demoiselle qui venait d’arriver à l’aéroport, et qui appelait quelqu’un pour venir la chercher, car point de taxi à l’horizon (une habitude locale, sans doute). C’est curieux, un aéroport vide. Bon, il y avait bien mon avion indiqué sur l’écran, puis un autre pour Londres, en fin d’après-midi, donc pas d’inquiétude. Je me suis assis (ouais, il n’y avait pas à se battre pour trouver un siège de libre), j’ai pris un bouquin et je ne suis sorti de ma lecture qu’à quelques occasions, lorsque des demoiselles en uniforme (qui était fort charmantes, au demeurant) passaient en me disant un souriant « bonjour ! ».
Puis un homme à moustaches s’est installé à un guichet et une voix féminine a annoncé dans le hall que l’enregistrement des bagages pouvait commencer. Je me suis retourné, j’étais toujours tout seul. Sur le coup, je peux dire que je me suis senti... très important. Tant de gens aux petits soins pour ma modeste personne ? Puis nouvelle attente armée d’un bouquin. Dans mon dos, pendant que je lisais, j’ai entendu un couple de personnes âgées prendre place dans le hall d’embarquement. Et nous avons été trois à monter dans l’avion (qui pouvait transporter une cinquantaine de passagers). À vrai dire, nous étions cinq, en comptant l’hôtesse de l’air et le commandant de bord. Hallucinant. Le pire, c’est que les autres voyageurs ont aussi bénéficié de tarifs à trente euros... Gasp. Et pourtant, nous avions été traités comme des princes.
Et au bout d’une heure et quelques minutes de vol dans les nuages (ah non, ce ne sont pas des nuages bas tout bizarres, à l’est, mais la chaîne des Alpes), nous sommes arrivés à Entzheim (alias l’aéroport international de Strasbourg), découvrant du ciel que la terre était recouverte de neige...
À Saint-Étienne, il faisait froid avec grand soleil mais, en Alsace, l’ambiance de Noël s’annonçait bien 100 % authentique.


Dimanche, le 12 décembre 2004
La vie, la mort, et caetera
En début de semaine, j’ai appris la mort d’un membre de ma famille. Un oncle. Sexagénaire. Solide comme le roc.
À l’annonce de cette macabre nouvelle, plutôt que d’être submergé par l’émotion, je ne parvenais qu’à être un bloc d’incompréhension. Ce n’est que la voix tremblotante de ma mère, au téléphone, qui m’a fait ressentir la douleur de la cruelle disparition de son frère.
Par un clin d’œil assez ironique de la vie, le jour de l’enterrement de mon oncle a aussi été celui de l’anniversaire de mon père, et donc le rappel annuel de la venue au monde de la personne qui a eu – avec ma mère – une participation essentielle à ma propre existence.
La vie, la mort...
J’ai remarqué que mon rapport avec la mort était assez étrange. Je ne parviens jamais à réaliser exactement ce qui arrive. Ce n’est qu’au moment de l’enterrement, face au cercueil porté en terre, ce n’est que lors de la messe funèbre, ce n’est que quand je retrouve des proches en habits noirs et en larmes, que je peux parvenir à me faire une idée de la fin définitive, du moins sous son aspect terrestre, de quelqu’un que l’on a connu et aimé.
La mort, la vie...
Je pense que c’est sans doute pour cela qu’il est si important, pour moi, avant de mourir, de laisser une trace. Lorsque le temps et les vers auront fait disparaître mon enveloppe corporelle, je me dis qu’au moins mes créations, écrits et sculptures, seront ici bas mes restes... Méreste...


Mercredi, le 1er décembre 2004
Calendrier de l’Avent
Lorsque dans la rue, il y a plein de sapins
cela veut dire que Noël n’est pas loin


Aujourd’hui, c’est le premier décembre. Quand j’étais plus jeune, c’était le signal pour ouvrir la première fenêtre du calendrier de l’Avent. Ainsi nous préparions-nous spirituellement (et psychologiquement) à l’arrivée de Noël...
Mais quelle escroquerie, ces calendriers de l’Avent ! Certes, l’image est souvent bien jolie (pour peu qu’on trouve aussi jolis, pour rester dans les calendriers, les chatons ou chiots qui ornent ceux de la Poste, arf !), mais pour le reste, c’est vraiment du foutage de gueule...
D’abord, la fenêtre. En général, c’est un élément prédécoupé qui, malgré toute la délicatesse de nos fébriles doigts enfantins, va se retrouver déchiré une fois sur deux. Donc de l’image globale (qui est pourtant fort jolie, rappelons-le !), il ne restera plus grand chose à quelques jours de Noël.
Ensuite, le chocolat. A-t-on idée de mettre un aussi mauvais chocolat dans un calendrier de l’Avent ? Bon, je reconnais que ce n’est pas évident de conserver toutes les propriétés du chocolat dans un emballage tel que le calendrier. Et quand on est môme, on n’est pas très regardant au niveau gustatif. Mais quand même. Beurk et rebeurk, le chocolat des calendriers de l’Avent.
Enfin, la conception même des calendriers. Bien souvent, il suffit de récupérer un chocolat pour que celui de la case du dessus vienne aussi avec. « Oh, deux chocolats d’un coup ! » Et même si ces chocolats ne sont vraiment pas bons, ils sont la seule récompense à la dure attente imposée à nos rêves d’enfants en cette période. Imaginez la déception dans nos grands yeux brillants d’émotion lorsque, en ouvrant une fenêtre, nous découvrions avec stupeur que le chocolat n’était pas au rendez-vous ! Ah, c’est vraiment cruel.
Par conséquent : Non au calendrier de l’Avent !
(Ouais, j’suis trop rebelle, là ! Et un autre jour, je vous dirai ce que je pense du Père Noël.)


Jeudi, le 25 novembre 2004
Ligne d’eau
Depuis que je me suis remis à une activité de natation régulière, j’ai identifié différents profils de comportements parmi les baigneurs :
  • le barboteur : souvent d’âge avancé, il nageote tout doucement et gêne – bien malgré lui – les baigneurs plus rapides ;
  • le dauphin : bon nageur, il est trop gentil toutefois pour doubler le barboteur et se plie au rythme de celui qu’il suit ;
  • la baleine : de forte corpulence, la baleine avance à son rythme, qui est rapide, et les baigneurs lui font naturellement de la place ;
  • le pédalo aveugle : ce baigneur kamikaze nage sur le dos, avec de grands mouvements des bras, inconscient de l’endroit où il va et des nageurs qu’il rencontre dans l’autre sens ;
  • le requin : bon nageur, il souhaite nager à son rythme, mais n’ayant pas les arguments physiques de la baleine ou l’inconscience du pédalo aveugle, il double ceux qui sont lents en fonction de certaines stratégies élaborées...
Ami mammifère marin, choisis ton camp !
Moi, personnellement, je suis plutôt un requin et j’ai pour stratégie de suivre les baleines qui vont à mon rythme, et quand je dois les dépasser, je profite d’un moment de faiblesse de leur part, par exemple quand elles sont aux prises avec des barboteurs ou des pédalos aveugles...


Samedi, le 6 novembre 2004
Saint-Étienne, ou la féerie moderne
Saint-Étienne n’est pas, ou n’est plus, la ville noire de mineurs que l’on peut imaginer. C’est une ville verte, et pas seulement à cause de ça. Bien qu’étant la deuxième agglomération de la Région Rhône-Alpes après Lyon, Saint-Étienne, qui n’a pas mille ans, est une ville bordée par la nature. Prenez le bus depuis le centre-ville et, en un quart d’heure, vingt minutes, vous pourrez pénétrer dans un univers boisé féerique...
Mais Saint-Étienne, ce n’est pas que cela. Saint-Étienne est une ville d’arts. L’École des Beaux-Arts y est plus réputée que celle de Lyon. Depuis quelques années, cette école s’est spécialisée dans le design. Et aujourd’hui, et ce jusqu’au 14 novembre 2004, y est organisée la Biennale Internationale (du) design.
Je suis allé faire un tour cet après-midi à la Plaine Achille où se déroulent la plupart des manifestations et j’y ai découvert un enchantement de créations... une multitude d’objets dont l’esthétique et l’originalité apportent une délicieuse touche de fantaisie dans notre quotidien.
J’étais tellement sous le charme que je n’ai même pas eu la présence d’esprit de prendre quelques photos des défilés...
Saint-Étienne, capitale du design : la ville est devenue le lieu de rencontre des magiciens modernes de la création.

[Remarque : Ce post n’a pas été inspiré par l’esprit fantasy dans lequel je baigne actuellement à l’occasion de la lecture de l’excellent Phénix vert de Thomas Burnett Swann...]


Jeudi, le 4 novembre 2004
Il paraît que...
Il paraît que la caractéristique principale d’un ami est sa capacité à vous décevoir.
Soit.
Et cela se justifie encore une fois, hélas : ami électeur états-unien, qu’as-tu fait ?


Dimanche, le 17 octobre 2004
Le roi de la montagne
J’ai grandi dans la plaine. Au nord : Strasbourg ; à l’est, la Forêt Noire de l’autre côté du Rhin ; à l’ouest : la ligne bleue des Vosges... À cette époque, lorsque j’allais du côté du Mont Sainte-Odile, j’avais la possibilité de voir l’Alsace, ou du moins une certaine partie de celle-ci, avec ses villages bâtis autour du clocher de l’église, ses champs, ses forêts, ses vignobles.
Lorsque j’ai quitté ma région natale et que je me suis retrouvé à Lyon, j’ai toujours aimé aller sur la colline de Fourvière, à côté de la Basilique Notre-Dame. De là-haut, je repérais ma nouvelle géographie : impossible de manquer la tour en forme de crayon permettant de localiser la Part-Dieu ; puis sur la gauche, le nord, l’opéra et l’Hôtel-de-Ville ; au milieu, la place Bellecour ; sur la droite, le sud, la Saône se mêlant au Rhône. Le même désir de hauteur me prenait quand je vivais à Paris : j’allais à la place du Trocadéro pour voir, au-delà de la Seine, la tour Eiffel et le reste de la Ville Lumière...
Voilà un peu plus d’un an que je vis à Saint-Étienne. Au début, j’avais un peu peur de ne pas trop m’y plaire : étant citadin dans l’âme, je craignais de trouver cette ville trop petite pour moi. Mais, finalement, non. Je m’y suis très vite attaché. Peut-être est-ce parce que je vis en plein centre-ville, à deux pas de toutes les manifestations culturelles importantes, comme la Fête du Livre qui s’est déroulée ce week-end, peut-être est-ce parce que mon immeuble se trouve à côté de toutes les facilités de transport en commun, peut-être est-ce parce que cette ville offre la possibilité de pratiquer des activités que je n’avais jamais eues l’occasion de reprendre, comme la sculpture, peut-être est-ce parce que je suis venu ici pour des raisons professionnelles et que j’exerce maintenant un travail que j’aime bien et dans lequel je parviens à m’épanouir, ce qui n’est pas si fréquent, ou peut-être est-ce simplement parce que j’ai trouvé ici quelques bons amis...
Cela peut sembler assez curieux, mais je crois que c’est aussi et surtout parce que tous les jours, lorsque je vais travailler, je me retrouve sur la colline d’où je peux voir la nature, les forêts, le ciel, les montagnes et la vallée du Gier qui s’étire vers Lyon. Chaque jour, devant mes yeux, s’étale le paysage aux mille beautés. Chaque jour, ce spectacle fait de moi le roi de la montagne.


Jeudi, le 7 octobre 2004
Panorama en tête de gondole
À mon retour d’Italie, j’ai trouvé de la saine lecture : le Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux, le premier (et très bel) ouvrage de la prometteuse maison d’édition les moutons électriques.
Alors, mon voyage : Venise est une ville merveilleuse, « naturellement », ai-je envie de dire. Et Padoue est un endroit splendide, aussi m’a-t-il fallu bien du courage pour rester travailler alors que tout appelait à la découverte de cette charmante cité, aux habitantes tout aussi charmantes...
Sans compter le beau temps, la culture et le raffinement qui transpirent des murs et des places autant que des musées, ainsi que la nourriture savoureuse (pâtes et pizzas, bien entendu, et également de fameux antipasti : par exemple, j’ai goûté à un délicieux carpaccio de pieuvre).
Bref, la dolce vita...


Samedi, le 14 août 2004
Métamorphoses (encore)
J’ai toujours été fasciné par les transformations des gens.
Enfin, les transformations physiques. Les transformations de caractère sont bien souvent pathétiques : le bon Docteur Jekyll devient l’abominable Mister Hyde ; ainsi un de mes amis, une espèce d’ours hypersensible et dépressif, s’est soudainement changé en un vulgaire macho arrogant lors de sa nouvelle phase maniaque.
Non, ce qui m’intéresse, c’est l’évolution que l’on peut faire de l’apparence que l’on a, ou que l’on donne de soi aux autres. Un de mes collègues, que j’avais toujours connu grassouillet, avait décidé, lorsque sa petite amie était tombée enceinte, de prendre sérieusement son problème de poids en main. Il s’était en effet projeté dans l’avenir et se voyait incapable de jouer au tennis avec son fils. En quelques mois, alors que sa copine prenait du poids, lui, par les effets d’une nouvelle hygiène alimentaire, s’était vu fondre, et l’individu qui se camouflait derrière de gros pulls était (re)devenu un homme séduisant, bien dans sa peau, en plus d’être un heureux papa.
Alors, pourquoi cet intérêt pour les évolutions physiques ?
Il faut dire que je suis entré dans l’adolescence, grande période de recherche de modèles, alors que la télévision et la radio diffusaient les différents morceaux de l’album Thriller de Mickael Jackson. Rappelez-vous du titre éponyme. Le clip était un véritable petit film d’horreur où le chanteur-acteur se métamorphosait en loup-garou et en mort-vivant, avec différents niveaux de réalité, le film dans le film, le rêve... mais, à la fin, des yeux de félin rappelaient le caractère hors norme du roi de la pop. Aujourd’hui, Mickael Jackson semble avoir perdu la tête, aux sens propre et figuré, il ne ressemble plus à grand chose, et ses évolutions physiques sont retracées ici, ou encore ici.
Bref, il n’est point besoin de recourir à la chirurgie esthétique pour changer un peu dans le regard des autres, une coupe de cheveux originale, un piercing ou un tatouage suffisent...
Cependant, lorsque les évolutions techniques le permettront, si elles le permettent un jour (oui, je sais, je lis trop de science-fiction), je ne crois pas que je refuserais de m’implanter des yeux derrière la tête.
Ou des branchies.
Ou des ailes dans le dos.
Ou...

[Fermeture estivale de ce blog. Je m’en vais aux rencontres Remparts où je vais écrire en bonne compagnie dans un endroit perdu d’Ardèche, et je retrouverais certains de ces joyeux drilles ici, du côté d’Avignon. Oui, je crois qu’on peut appeler ça des vacances. À bientôt !]


Mardi, le 20 juillet 2004
Plongée dans les ténèbres
Plein de trucs curieux arrivés ces derniers jours.
D’abord, une nouvelle qui m’a fait plaisir, sur l’instant : un copain qui déprimait depuis plus de deux ans suite à une rupture a retrouvé une petite amie. Content pour lui. Je demande des détails sur la miss. C’est une blonde de vingt ans. Ah... (il a plus de 15 ans qu’elle). Et, de la manière dont il me l’a décrite, elle est exactement comme son ex. Angoisse : l’histoire qu’il a vécue ne lui a vraiment pas servi de leçon ?
J’ai aussi eu des nouvelles de D. Un message sur mon répondeur. Depuis sa sortie de l’hôpital, il y a des mois, il n’avait plus donné signe de vie. Je l’ai aussitôt appelé. Il avait l’air complètement stone au téléphone. Il dort toute la journée, sonné par les médocs. Pourtant, avec la fin prochaine de son arrêt médical, il a pris conscience d’arriver au bout du tunnel cotonneux dans lequel on le laissait traîner depuis un an. Welcome to the real world.
Passage éclair de papa-maman. C’était sympa, ils étaient tout bronzés (la retraite, chez certains, ça signifie vraiment les vacances), et ça doit être la première fois qu’ils ont squatté dans mon nouvel appart.
Mon père avait son appareil photo. Alors petite mise à jour du sculpturoblog. Profitez-en pour voir de jolies choses...
À propos de « Jolies Choses », je vous conseille le blog de Virginie. Qui ça ? Indices : sexe, violence et drogue. Mais surtout des mots, des mots, des mots...
Sans transition : l’alcool tue au volant, et pas nécessairement celui qui a conduit bourré. Et quand il ne tue pas... ça peut donner ça... (vous n’aviez pas vu les jolies choses avant ? tant pis pour vous, c’est aussi ça, la vraie vie.)
Je crois que je vais passer à la nuit à écrire après des semaines à me contenter de bosser, mater des DVD et jouer sur l’ordi. C’est dingue, mais me faut-il l’électrochoc de me prendre une veste, voir des images fortes et lire des mots puissants pour retrouver l’essence de moi-même ?


Mercredi, le 16 juin 2004
J’ai fait un rêve...
Retour à Saint-Étienne après un passage en Alsace où mon frère s’est marié, samedi dernier. Cet heureux homme, qui est actuellement avec sa charmante épouse en voyage aux Antilles, m’a fait un très beau cadeau. Lors de la cérémonie, dans la petite église protestante, j’ai eu le privilège de lire la confession de foi qu’avait prononcée le pasteur baptiste noir américain Martin Luther King. Bien que moins célèbre qu’un autre, ce discours auquel j’ai adhéré de toute mon âme est un message d’espoir profond et militant qui, bien que datant maintenant d’une quarantaine d’années, reste plus que jamais d’actualité...

« Aujourd’hui, dans la nuit du monde et dans l’espérance de la Bonne Nouvelle, j’affirme avec audace ma foi dans l’avenir de l’humanité. Je refuse de croire que les circonstances actuelles rendent les hommes incapables de faire une terre meilleure. Je refuse de croire que l’être humain ne soit qu’un fétu de paille ballotté par le courant de la vie, sans avoir la possibilité d’influencer en quoi que ce soit le cours des événements. Je refuse de partager l’avis de ceux qui prétendent que l’homme est à ce point captif de la nuit sans étoile du racisme et de la guerre, que l’aurore radieuse de la paix et de la fraternité ne pourra jamais devenir une réalité. Je refuse de faire mienne la prédiction cynique que les peuples descendront l’un après l’autre dans le tourbillon du militarisme vers l’enfer de la destruction. Je crois que la vérité et l’amour sans conditions auront le dernier mot effectivement. La vie, même vaincue provisoirement, demeure toujours plus forte que la mort.

J’ose croire qu’un jour tous les habitants de la terre pourront recevoir trois repas par jour pour la vie de leur corps, l’éducation et la culture pour la santé de leur esprit, l’égalité et la liberté pour la vie de leur cœur. Je crois également qu’un jour, toute l’humanité reconnaîtra en Dieu la source de son amour. Je crois que la bonté salvatrice et pacifique deviendra un jour la loi. Le loup et l’agneau pourront se reposer ensemble, chaque homme pourra s’asseoir sous son figuier, dans sa vigne, et personne n’aura plus raison d’avoir peur. Je crois fermement que nous l’emporterons.

Amen. »




Dimanche, le 23 mai 2004
La fièvre et les frissons
Samedi. Le monde hispanique retient son souffle. Une femme du peuple, ancienne reine des médias, en disant oui au prince héritier, deviendra sans doute la reine d’Espagne. Amour passionné, vie princière et télévision, tel est le cocktail étonnant d’un conte de fées moderne.
Samedi, vingt heures. À Cannes, au Palais, annonce des prix du festival. Je m’en moque un peu mais je suis content d’apprendre la récompense française d’Agnès Jaoui pour le scénario et la palme états-unienne pour Michael Moore et son documentaire engagé.
Samedi, vingt heures. À Saint-Étienne, au Chaudron, coup d’envoi du dernier match de la ligue 2. De chez moi, alors que je prépare une pizza aux fruits de mer, j’entends la tension de la place de l’Hôtel de Ville où se sont rassemblés les supporters des Verts qui n’ont pas pu se rendre au stade.
Les volets fermés et le double vitrage ne me protègent pas de l’évolution du match. Premier but de l’équipe stéphanoise, cris de joie. Égalisation vingt minutes avant la fin, consternation. Mais l’ASSE réussit à doubler son score dans les derniers instants, et ainsi, en plus de passer à la saison prochaine en ligue 1, l’équipe de football stéphanoise devient championne de ligue 2. Après le match, c’est la fête. J’hésite à aller voir le concert situé à deux pas car, bien qu’amateur de musique populaire, je ne parviens pas à me couler dans l’ambiance.
Je reste insensible à cette fièvre et à ces frissons apportés par procuration.
Non, des frissons, je les ai ressentis en ce début de semaine lorsque, avec ces beaux jours, j’ai fait du « ski ». Oui, je suis rentré chez moi en roller, et comme je travaille sur une colline, le chemin du retour par le Parc de l’Europe et les contre-allées est entièrement en pente. Et en roller, on prend très facilement de la vitesse. Mais ici, pas de neige pour amortir les chutes, tout est un jeu de maîtrise de la vitesse, d’anticipation des mouvements des piétons et des voitures, des changements de glisse en fonction des différences revêtements du sol. Voilà l’occasion de se procurer quelques vrais frissons...


Dimanche, le 9 mai 2004
Football
Je ne comprends rien au jeu de la « balle au pied ». Faire du sport, je n’ai rien contre, il faut bien se maintenir en forme, mais je n’aime pas pratiquer de sport dit « collectif » (bel exemple où se manifestent les rivalités aussi bien individuelles que collectives entre deux équipes arbitrairement composées et opposées) et je ne parviens pas à m’expliquer comment on peut même aimer voir d’autres personnes faire du sport (en dehors de ces activités esthétiques curieusement caractérisées de sport que sont par exemple le patinage artistique ou les figures aériennes des plongeurs).
Voir le football à la télévision ou au stade est un comportement qui m’est définitivement étranger, et pourtant j’ai essayé, par souci de sociabilité, de m’intéresser à la Coupe du Monde de... euh... 1998 (?) et d’Europe deux ans plus tard. Mais non. Lors du match France-Brésil, j’étais en train de préparer des crêpes à l’intention de ceux qui étaient scotchées devant l’écran.
Bon, je n’aime pas le football et vous aurez beau essayer de me persuader de l’intérêt du spectacle de deux groupes en maillots poursuivant un ballon sur du gazon, cela est peine perdue.
Mais je suis maudit. Depuis que je peux habiter en centre-ville, je suis le malheureux porte-bonheur des cités qui m’accueillent. De 1999 à 2003, j’ai vécu à Lyon. Pas de bol, ces années ont vu l’Olympique lyonnais devenir champion de France (et sans doute pour la troisième fois consécutive cette année, peut-être est-ce là un résidu de mon influence bénéfique). Et quand une ville, à travers les couleurs de son club de football, gagne ce trophée dérisoire, c’est bien toute la ville (et surtout la population du Centre) qui ne peut plus dormir car les supporters, à cette occasion, se sentent dans l’obligation de manifester leur joie avinée à coup de klaxons, corne de brume et de brames absurdes.
En arrivant à Saint-Étienne, en 2003, je n’imaginais pas que je tomberais sur un noyau dur de fans de football. Certes, je me rappelle dans mes très jeunes années d’une vague chanson (?) interprétée par une speakerine à la mode : « Mais qui c’est les plus forts ? Évidemment, c’est les Verts ! » (admirez au passage la belle construction de la phrase et le respect rigoureux de la grammaire). Mais les Verts en question, ce sont les joueurs de l’ASSE, l’équipe de football locale ! Au niveau de la musique actuelle, le groupe local Mickey 3D se fait le chantre de la même équipe, parlant de ces anciens joueurs dont les noms ne me sont pas complètement inconnus, les ayant déjà rencontrés sur les autocollants trouvés dans les boîtes de fromage à tartiner (à la place, à mon plus grand regret, des images des personnages des dessins animés).
Argh... Dans la rue, à la radion, je suis pris au piège. Et je suis cerné de partout. Certains de mes étudiants arborent souvent une écharpe verte, et mes collègues, qui sont très majoritairement masculins, ne manquent pas d’échanger des commentaires footballistiques les jours de match ou les lendemains. Bref, j’ai la désagréable sensation de voir mon univers envahi par des petits hommes (fans des) Verts.
Or depuis vendredi dernier, j’ai eu confirmation que la malédiction qui me frappait m’avait suivi jusqu’ici : l’équipe de football de Saint-Étienne ira à la saison prochaine en « ligue 1 », ce qui promet d’attirer encore plus d’individus normaux dans les rangs des supporters...

*** Soupirs... ***



Mercredi, le 5 mai 2004
La cata...
Ça commencé comme ça. Jeudi 22 avril, je devais aller à Lyon en début d’après-midi pour faire de la recherche avec mes anciens collègues lorsque, suite au retard du TER prévu, j’ai suivi l’annonce des haut-parleurs de la gare de St-Étienne qui nous incitait à prendre à la place le TGV. Train à Grande Vitesse, paraît-il, mais le TGV ne prend de la vitesse qu’entre Lyon et Paris, aussi nous traînions-nous depuis cinq minutes quand un message nous a alerté que dans la voiture 8 un sac avait été trouvé sans son propriétaire et invitait celui-ci à se manifester au plus vite auprès du contrôleur. Une bombe ? Paranoïa, paranoïa...
Encore un peu plus tard, le train s’est arrêté complètement dans un endroit appelé Lorrette. Cette fois-ci, les haut-parleurs nous ont parlé d’un « incident personnel ».
Au bout de quelques minutes, nous avons vu les camions des pompiers, puis les véhicules du SAMU et de la police.
Bien évidemment, je me suis aussitôt rappelé cet événement.
Dans le compartiment, les rumeurs n’ont pas tardé à se répandre : « C’est un suicide » « C’est la personne qui a abandonné son sac qui s’est tuée dans les toilettes », puis à se contredire : « C’est une petite fille de douze ans qui a traversé la voie ». Nous nous armions de patience, mais quelques voyageurs agacés s’en sont quand même pris aux contrôleurs qui essayaient tant bien que mal de gérer la situation. Une dame d’un certain âge, paniquée de ne pouvoir attraper sa correspondance pour partir en vacances en Espagne, a lâché bien fort : « Quand même, il aurait pu se tuer ailleurs, il embête tout le monde ! »
Ma voisine d’en face et moi n’avions pu nous empêcher de nous regarder et de commenter avec sourire l’énormité de ces propos odieusement égoïstes.
Avec près de deux heures de retard, nous sommes enfin parvenus à Lyon.
J’ai profité du reste de la journée pour faire de la recherche, prendre des notes sur mon vieil ordinateur portable et la soirée s’est achevée avec mes collègues dans un restaurant dansant de la Presqu’île.
Retour normal au petit matin à St-Étienne. En lisant les journaux gratuits dans le train, ces multiples journaux distribués depuis quelque temps aux points stratégiques des stations de métro et à l’entrée de la gare, j’ai appris que l’incident de la veille était dû à un homme de 21 ans qui voulait mettre fin à ses jours et qui avait manqué son suicide, étant toujours vivant, mais qui s’était retrouvé les jambes en moins.
Je suis arrivé chez moi, j’ai rapidement pris une douche et un petit déjeuner, et j’ai sorti mon ordinateur portable... Et là, nouveau malheur, la connexion déjà bien mal en point entre l’unité centrale et l’écran a décidé de me lâcher...
Horreur ! J’avais prévu de préparer pendant le week-end un cours pour le mardi suivant sur ma machine... J’ai appelé mon plus jeune frère un peu en catastrophe pour lui demander conseil au sujet d’ordinateurs portables dont j’avais vu la publicité. Je suis allé à la faculté faire mes enseignements puis je me suis renseigné auprès des magasins pour savoir si les ordinateurs dont ils faisaient la promotion étaient encore disponibles. En fin d’après-midi, je m’étais décidé, et je suis allé débourser mes mille euros dans un grand magasin.
Le soir, j’ai lu avec attention le manuel, j’ai allumé la machine... et rien. Si, du son. Mais pas d’image. L’écran semblait ne pas fonctionner. J’ai vérifié les branchements, effectué deux ou trois nouveaux essais de démarrage. Toujours rien.
Dégoûté, j’ai tout rangé dans les cartons et, le lendemain, dès l’ouverture, je me suis retrouvé au magasin. Le technicien chargé de vérifier les ordinateurs n’arrivait qu’une demi-heure plus tard, bien entendu. Et lorsqu’il a mis l’ordinateur en route, l’écran s’est allumé, comme par magie.
Penaud, je suis rentré chez moi, sans comprendre, en ayant perdu pas mal de temps qui m’aurait pourtant été bien utile pour avancer la préparation de mon cours.
J’ai donc cherché à installer mes logiciels et mes données sur ma nouvelle machine, mais le lecteur de CD/DVD n’arrêtait pas de faire des siennes, faisant planter le système lorsqu’il ne parvenait pas à lire les données de mes archives.
Coup de fil à la hotline, un quart d’heure d’incompréhension pour se rendre compte que l’ordinateur n’avait pas l’autocollant du numéro de série, et tout ça pour se rendre compte que la personne à qui j’ai parlé ne savait pas trop s’il s’agissait d’un problème logiciel ou matériel. À force de persévérance, je suis parvenu à installer mon environnement de travail minimal, et donc j’ai pu passer mon week-end à bien avancer mon cours. Mardi, après une petite nuit pour cause d’ultimes préparations, j’ai pu réaliser ma présentation sans problème. L’après-midi, je suis allé au magasin avec mes CD et DVD pour pouvoir montrer de bonne foi le problème de mon lecteur de CD/DVD, espérant que j’aurais bien les soucis qui m’avaient tant ennuyé, mais les personnes du service après-vente n’ont pas été pénibles et ont bien voulu, sans faire de test, me l’échanger. Seulement, il n’y avait plus de machine de ce modèle en magasin, les derniers ordinateurs avaient été vendus... Il était donc convenu de me réaliser un avoir sur le magasin d’un montant de mille euros. En insistant un peu, j’ai réussi à me faire rembourser.
Je me suis donc retrouvé au point de départ, sans ordinateur. Toutefois, en y réfléchissant, j’ai pris mes mésaventures avec le sourire : finalement, j’ai eu droit à une location gratuite d’ordinateur portable pour le week-end, le lundi et le mardi...
Et pour l’heure, après avoir pris un peu plus de temps pour comparer les prix et les qualités des machines, j’écris avec mon nouvel ordinateur portable, un beau SONY un peu plus cher, mais tellement mieux et qui n’a pas un mode de fonctionnement aussi caractériel que le portable anonyme qui m’avait été vendu/repris il y a deux semaines.


Samedi, le 20 mars 2004
Tramway
Affublé d’un sac rempli de mon matériel de sculpture, j’arrive à l’arrêt de l’Hôtel de Ville. Dans le tram, je trouve une place tout à l’avant, juste derrière le chauffeur, l’endroit idéal pour poser un sac imposant sans déranger personne. Il n’est pas encore neuf heures du matin, ce samedi, la rame est à moitié vide, il est facile de trouver où s’asseoir.
En sortant un livre de ma poche, mes oreilles sont distraites un instant par un air de techno. Je ne peux m’empêcher d’essayer de regarder le conducteur. C’est un jeune. À l’arrêt du feu rouge, il en profite pour grignoter une bricole que je ne parviens à distinguer derrière la vitre fumée.
Avec un bouquin, j’arrive tout le temps à m’isoler et faire abstraction de la musique que diffusent les haut-parleurs des transports en commun. Suivant les chauffeurs et les moments, c’est RTL, Nostalgie, parfois Rire et chansons ou même France Inter. Ce matin, c’est Fun. Je me rappelle une fin de journée, il y a quelque temps, le chauffeur avait mis la radio un peu plus fort : les Verts jouaient à Geoffroy Guichard, aussi les amateurs pouvaient suivre religieusement l’évolution du score.
Un peu plus tard, avant treize heures, je reprends le tram pour me rendre au centre commercial. Je vois un tramway à l’arrêt mais je ne me dépêche pas : même en courant, je sais que je ne parviendrais pas à l’attraper. Un coup d’œil au panneau d’affichage électronique, le prochain arrivera dans deux minutes. Mais je ne suis pas le premier à l’attendre. Une jeune fille a aussi manqué la rame. Elle a une vingtaine d’années. Elle n’est pas très grande. Elle semble vouloir protéger ses doux yeux clairs derrière une paire de lunettes de vue. Ses longs cheveux sont splendides, d’une étonnante couleur fauve. Elle est vraiment ravissante. Le tram approche. Je me déplace un peu vers l’avant, finissant par connaître avec le temps la position où s’ouvrent les portes malgré l’absence de repères au sol. Bien entendu, j’entre le premier, je valide mon ticket, et je trouve à nouveau une place derrière le chauffeur. Cette fois-ci, la musique est du bon vieux rock. Oui, notre conducteur est d’un autre âge que le jeune de ce matin. J’ouvre le livre pour poursuivre ma lecture mais, au moment où mes yeux vont se poser sur les mots de Silverberg, je croise de la jolie fille aux cheveux fauves. Instantanément, je me mets à espérer qu’elle vienne s’asseoir à mes côtés, malgré les nombreuses autres places vacantes. Et elle exauce ma prière muette. En s’installant, elle remet sa chevelure en ordre d’un geste de la main, ce qui a pour effet de libérer les molécules son délicieux parfum. Mais voilà déjà le centre commercial. Je me lève à regret, n’emportant que le souvenir des effluves subtils et de la vision angélique.


Vendredi, le 30 janvier 2004
Instant lucide
Drôle de semaine à se croire maudit. De nouveaux ordinateurs à installer tombent en panne en ma présence. Serais-je doté d’un mauvais fluide magnétique ou le matériel actuel n’aurait-il plus les qualités d’antan ?
La fenêtre de mon bureau, heureusement, présente un spectacle enchanteur. La cour intérieure est enneigée, le bassin en partie gelé, des stalactites de glace se pendent sous la fontaine. Douce zénitude...
Ce matin, en prenant le bus, je suivais les périples de Flaubert dans son Voyage en Orient. De ce fait, je ne faisais guère attention à mon propre voyage. Dans mon dos, un homme s’est mis à fredonner une jolie chanson, trop bas cependant pour que je puisse en suivre les paroles. Puis son fils l’a accompagné, et le mélange de ces deux voix m’a surpris par son harmonie d’une rare beauté. Hélas, le père et l’enfant sont sortis trop tôt, étant arrivés devant l’école.
Au terminus, il n’y avait presque plus personne. J’ai rangé mon livre et ma voisine, que je n’avais pas remarquée, s’est tournée vers moi. Ce joli visage m’a demandé où se trouvait un institut dont je n’ai jamais entendu parlé. J’étais désolé de ne pouvoir l’aider.
Nous sommes tous un peu perdus hors de nos habitudes.
Non, voyons les choses autrement : il nous reste encore tout un univers à découvrir !


Samedi, le 25 octobre 2003
Avide de bonne chère : changements à venir...
Vous souvenez-vous de mes recettes de cuisine ? J’avais montré qu’il était possible de préparer de bons gâteaux en les cuisant... au four à micro-ondes. Ayant fait récemment l’acquisition d’une cuisinière équipée d’un four traditionnel, je risque donc à présent de ne plus donner que des recettes classiques.
À moins que...
On peut faire des choses assez extraordinaires avec un four qui, lui, demeure aussi ordinaire que possible.
Par exemple, un collègue, revenant d’une conférence au Japon, nous a fait goûter de curieux biscuits faisant les délices des habitants du pays du soleil levant. Dans un bel emballage, sous les caractères en katakana et hiragana, j’ai pu lire : « camembert chocolate langue de chat » (en anglo-français dans le texte). Avec, en-dessous, un nom de marque à consonance italienne écrit sous forme manuscrite pour faire plus « classe ». Cette étonnante nourriture se présente sous la forme de deux galettes saupoudrées de sucre glace (enfin, je suppose) et entre lesquelles se trouve le fameux chocolat blanc au camembert.
Prenant mon courage à deux mains et le biscuit dans l’autre (tiens, ça me fait trois mains), je croque dedans...
Eh bien, tout comme dans la blague sur la tarte aux concombres, c’est vraiment pas bon !


Mercredi, le 8 octobre 2003
Avis de dérangement
Lors des derniers jours de septembre, l’opérateur national (mais privé) de télécommunications (non, je ne vais pas leur faire de publicité, en plus !) me fait une proposition bien jolie : la possibilité d’envoyer des mini-messages (ou SMS, ou textos) à partir de ma ligne fixe (oui, je n’ai et ne veux pas de téléphone portable sans pour autant me priver des nouvelles formes de communication).
Joie, ce vendredi-là, je vais sur le site web de l’opérateur téléphonique et je m’abonne aux options payantes d’affichage du nom ou du numéro, options nécessaires à l’activation du service gratuit de la possibilité d’envoi et de réception des textos (cherchez l’erreur) et j’attends que ma demande soit prise en compte.
Le week-end se passe, mais rien n’est changé sur ma ligne.
Je profite d’un moment de libre, le mardi matin suivant, pour aller à l’agence la plus proche de cet opérateur téléphonique. J’attends patiemment mon tour, j’expose mon problème, et on me confirme qu’il y avait effectivement un petit souci technique et que ma commande était bloquée mais que tout allait se mettre en place dans les heures qui allaient suivre.
Je rentre chez moi, bien content que tout puisse se régler aussi simplement, mais m’étonne quand même, en souhaitant faire une mise à jour de mon blog, de ne plus avoir accès à Internet. Et de ne plus pouvoir appeler depuis mon poste fixe non plus, d’ailleurs.
Je pars travailler, j’essaie d’appeler chez moi depuis mon bureau, et j’aboutis finalement à une boutique de lingerie. N’ayant rien de particulier à acheter, je m’excuse, un peu surpris, et raccroche. Aurais-je fait un faux numéro ?
Un peu plus tard, je rappelle, tombe à nouveau sur la boutique de lingerie, j’expose mon problème et à la vendeuse qui me confirme que, depuis le matin, elle a rencontré des anomalies avec son téléphone et n’a reçu aucun appel de ses clients (et surtout clientes). Je comprends : ma ligne téléphonique a été redirigée par erreur chez cette boutique voisine...
Le lendemain, je retourne à l’agence de l’opérateur téléphonique, j’attends mon tour, expose mon problème à une personne qui m’arrête tout de suite en disant que c’est au service central que je dois m’adresser. Je lui rétorque que, justement, je n’ai plus accès au téléphone, celui-ci m’indique un téléphone spécial dans son agence où je peux appeler. Je décroche, appuie sur un bouton présélectionné qui compose automatiquement le numéro, une voix enregistrée me demande de préciser mon problème en appuyant sur une touche, chose que je ne peux faire avec ce téléphone spécial, et, le premier moment de perplexité passé, j’arrive quand même à avoir un interlocuteur à qui je raconte la situation ubuesque que je vis en ce moment.
Je rentre chez moi, un peu agacé quand même, et trouve dans ma boîte aux lettres deux courriers de l’opérateur téléphonique. Premier courrier, c’est le contrat d’affichage du numéro et du nom de l’appelant, ce qui me permet d’avoir l’option mini-messages... entre le lignes, je peux lire qu’on me félicite d’être un si bon client et d’avoir si bon goût. Deuxième courrier, c’est une lettre de rappel valant mise en demeure ! Là, c’est à la limite de l’insulte, et vas-y que je te menace de te faire payer 10% de plus si tout n’est pas réglé dans moins d’une semaine, ou plutôt cinq jours, vu le trajet par poste.
Mais c’est quoi, ce cirque ?
Je retourne à mon bureau, appelle le numéro indiqué sur la lettre de l’opérateur téléphonique et la personne à qui je m’adresse m’indique que l’autorisation de prélèvement automatique effectuée par mes soins n’a pu être prise en compte et que donc je dois régler au plus tôt ma facture par carte bancaire. J’appelle ensuite ma banque qui me confirme que l’autorisation de prélèvement a été validée... le jour même où le prélèvement aurait dû être effectué, d’où ce couac.
Le soir-même, je retrouve ma ligne téléphonique, je peux appeler l’opérateur pour effectuer le paiement de ma facture... Las, tout commence enfin à rentrer dans l’ordre.
C’est alors que j’essaie l’option mini-messages en écrivant un petit mot sur le téléphone portable de mon frère. Ça ne marche toujours pas. Quelques jours plus tard, en recevant le contrat détaillé de cette option, je comprends : il ne m’est possible d’envoyer des textos qu’aux numéros de téléphones fixes équipés de la même option (je ne connais encore personne dans ce cas) ou aux possesseurs de téléphones portables ayant comme opérateur téléphonique la filiale colorée de l’opérateur national. Cependant tous mes correspondants téléphoniques, amis ou famille, ont pris des abonnements auprès d’opérateurs concurrents...


Jeudi, le 25 septembre 2003
À visiter : Saint-Étienne
Samedi et dimanche derniers étaient organisées les Journées du Patrimoine.
J’en ai profité pour découvrir ma nouvelle ville d’adoption.
Samedi matin. Rendez-vous devant l’Office du Tourisme. Nous sommes un groupe d’une quarantaine de personnes, pas mal de personnes âgées, mais je ne suis pas le seul jeune, loin s’en faut. Saint-Étienne en 39-45. Un guide conférencier nous parle des lieux martyrs (comme l’église Saint-François bombardée, un jour de mariage, par les Américains qui cherchaient à détruire la gare à quelques rues de là), des bâtiments occupés par les Allemands, des endroits où se réunissaient les groupes de résistants. Anecdote amusante : une pharmacie appelée « à la Croix de Lorraine », sur laquelle était écrit en grand « Renseignements ici », était un grand lieu d’échanges d’information des Résistances. Et jamais cette pharmacie n’a été inquiétée par la gestapo. Comme quoi, plus c’est gros...
Samedi après-midi, 14 heures, visite du rez-de-chaussée de l’Hôtel de Villeneuve. Plongée dans le XVIIe siècle. L’association des Amis du Vieux Saint-Étienne comprend des passionnés qui se font un plaisir de raconter les anecdotes du passé stéphanois, des luttes entre la Seigneurie voisine et la ville industrieuse. Des cassettes audios sont données gratuitement, on peut y entendre des chansons et saynètes en « parler gaga », le langage populaire stéphanois à l’accent si particulier et aux étonnantes expressions.
Quinze heures, devant l’église Saint-Louis, nouvelle visite guidée. Tiens, c’est le même guide conférencier. L’hôtel Jullien-Chomat de Villeneuve, dont je venais de visiter une partie, est le cœur d’un îlot datant du milieu du XVIIe siècle. Promenade commentée dans les étroites rues médiévales, contraste avec la Grand’Rue, cette avenue aux noms divers le long de son tracé (ici, la rue Gambetta) où circule le tramway, du nord (le Forez) au sud (le Pilat). Explication de l’implantation de Saint-Étienne par sa rivière, le Furan (prononcez : « le Furâon » avec l’accent stéphanois) qui avait des propriétés intéressantes pour la trempe des métaux, d’où la fabrique d’armes sous François I et les artisans de la coutellerie et de la « clinquaillerie ». Croissance arrêtée par les eaux et la « ceinture mystique », c’est-à-dire la présence de nombreux couvents établis à la période de la Contre-Réforme. Saint-Étienne avait pu s’étendre à la Révolution, lorsque les terrains des ordres religieux étaient passés à l’État.
Dimanche matin, nouvelle visite. Circuit-découverte des monuments historiques de la ville. Tiens, un autre guide. Tiens, nous croisons le guide de hier qui fait un autre circuit. Les beaux bâtiments ont tous un lien plus ou moins direct avec l’activité des passementiers, ces artisans du ruban, frères ennemis des canuts lyonnais. Petit passage à côté d’une œuvre d’art ratée au niveau de la place du Peuple : le Chronocycle, une grande roue de pierre au mouvement de rotation infime (un tour en un an) censé représenter le temps qui passe. Échec car les infiltrations du Furan ont fait rouiller les énormes engrenages de la machine... (on n’entend plus le mécanisme formidable qui l’actionne mais il arrive que l’on voie celle-ci parfois tourner, ce qui est un comble).
Dimanche après-midi, musée de la Mine. Plongée dans l’univers des mineurs. Instructif. Vivant. Impressionnant. Le charbon avait fait la richesse de la ville mais, aujourd’hui, cette activité n’existe plus dans la région et les crassiers se sont couverts de verdure. Une page est tournée.
Dans la cour du musée, un trio de musiciens-chanteurs-comédiens appelés « les compagnies Brossard ». Je tombe sous le charme de leurs étonnantes interprétations des chansons des années 1930 à 50. À 18 heures, le trio a épuisé son répertoire. Je suis arrivé au musée de la Mine à 14 heures... Que le temps passe vite !
Au final, un week-end culturel bien sympathique... les a priori négatifs que j’avais pu avoir sur Saint-Étienne, en tant qu’ex-lyonnais, sont tombés : cette ville, certes moins gâtée par l’histoire que sa voisine Lyon, est pleine de charmes.


Samedi, le 13 septembre 2003
À viser tout le temps à côté, on finit par rater sa cible
Ce titre qui a l’air d’un proverbe suisse ou d’une citation de Guillaume Tell (ou les deux) m’a été inspiré par un fait bien singulier (dans un monde pluriel, merci, vous suivez).
Il y a quelque temps, j’ai acheté une lessive de marque ***bip*** qui me proposait, après avoir indiqué par retour de courrier mes coordonnées, l’offre de quatre magazines : 3 numéros de Femme ***bip*** et un numéro de Cuisine ***bip***. Moi, comme j’adore les cadeaux (et donc les anniversaires ainsi que Noël), j’ai rempli le petit bulletin et — ô miracle ! — un premier numéro de Femme ***bip*** est parvenu hier dans ma boîte aux lettres. Numéro fort intéressant, ma foi, car même s’il est déjà à la poubelle aujourd’hui (celle destinée aux journaux et emballages, faut penser à recycler !), il a été réellement « utilisé » car j’y ai retiré toutes les pages qui sont, pour moi, pertinentes, à savoir les recettes de cuisine. J’avoue aussi que ça m’a permis de savoir que les Journées du Patrimoine auront lieu les 20 et 21 septembre, cette année, et j’ai pu combler mes lacunes en culture people ou connaître les tendances du maquillage pour la période automne-hiver (sachez, mesdames, que le « pop art mène la danse », mais ne me demandez pas ce que cela signifie, faut pas abuser non plus). Et ce magazine était accompagné d’une lettre commençant par : « Madame, (...) ».
Ben non. Ma chère Claire, responsable des abonnements, « Fabrice », c’est un prénom de garçon.
Hé quoi ?!
Il n’y a pas d’autres mecs sur Terre que moi à acheter des paquets de lessive ?
Et suis-je le seul être masculin à faire de la cuisine, et à plutôt bien me débrouiller aux fourneaux ?
Ben mince alors !
Il arrive cependant que l’on me prenne, au lieu d’une ménagère de moins de 50 ans, pour un môme. Suffit que j’achète de la préparation en poudre instantanée pour boisson cacaotée ou de la pâte à tartiner aux noisettes. Quand il n’y a pas de jeu concours ou de points à collecter pour rafler des bidules, il y a presque toujours une connerie accompagnant ces produits, une bêtise que l’on récupère et pose sur le coin d’un meuble en se disant que ça fera plaisir à un gamin du quartier, mais qu’on oublie toujours et qu’on finit par balancer...
Ah, mesdames et messieurs les publicitaires, à force de viser tout le temps à côté, vous allez finir par rater votre (cœur de) cible.
Mais vous n’êtes pas les seuls. De nombreuses personnes arrivant sur ces pages y sont parvenues à travers des mots clés tapés sur des moteurs de recherche, et je doute qu’elles y aient trouvé une réponse à leurs préoccupations.
Quelques exemples, et profitons-en pour faire, dans la mesure du possible, du Google wish :
  • « Quoi André-Marie Ampère a-t-il inventé » ou « qu’est-ce que fait André-Marie Ampère dans la vie » : ah, le physicien et mathématicien lyonnais est connu pour avoir étudié les courants électriques, et on lui doit l’électrodynamique qui a ouvert la voie à une foule d’inventions ;
  • « Antares identifiant perdu » : euh... pas d’bol, collègue ;
  • « maître de conférences comment être affecté dans une autre université ? » : on peut demander sa mutation au bout de trois ans (il y a plein d’infos sur le site du Ministère de l’Education nationale) ;
  • « Jess Kaan » : prix Merlin 2003 dans la catégorie nouvelle, voir mon compte-rendu de la convention de Flémalle ci-dessous ;
  • « biophones » : ah, amusant, ça ! j’en parle dans ma nouvelle Cellulaire sans en avoir l’air présente sur ce site ;
  • « oxygène hôpital doit rester sous sportif » : euh, il se drogue, cet internaute ?
  • « Dunyach extrait » : certains textes de Jean-Claude Dunyach, ou au moins des extraits, doivent peut-être exister sur un site, mais pas ici ;
  • « sève et le givre » : de Lea Silhol, prix Merlin 2003 dans la catégorie roman, voir mon compte-rendu ci-dessous ;
  • « dessins de tramways de Lyon » : les dessins qui ornent le tramway des TCL représentent les monuments et bâtiments les plus fameux de la capitale des Gaules : la basilique Notre-Dame de Fourvière, la cathédrale Saint-Jean, l’opéra, le Crayon (ou tour de la Part-Dieu), la gare TGV de l’aéroport Saint-Exupéry, etc.
  • « Ugo Bellagamba » : voir son site perso ;
  • « Flémalle convention » : voir ci-dessous ;
  • « docteur Fab » : c’est moi, Docteur Fab et Mister Méreste...
  • « Michel Pagel blog » : je ne crois pas que Michel en ait un...
  • « gâteau dans four micro-ondes » et « recette de biscuit » : voir les diverses recettes dans les archives ;
  • « cuisine pékinoise » : à part la recette du canard (voir dans les archives), je ne peux pas vous aider...
  • « secours singulier » : mais je suis là, je peux faire quelque chose pour vous ?!
Alors, amis lecteurs, ai-je pu, d’une façon ou d’une autre, vous être utile ?


Vendredi, le 15 août 2003
Ah, vivre avec ou sans les autres ? Et quels « Autres » ?
Hier, je suis allé rendre visite à D., un ami qui s’est retrouvé en situation d’hospitalisation d’office après avoir tenté de tuer son frère à coups de couteau.
A priori, D. va bien. Certes, ses paroles sont un peu embrumées par les anxiolytiques et neuroleptiques mais il occupe la chambre la plus spacieuse du pavillon où il est interné, il a le droit de recevoir des coups de fil et d’en passer et il peut également avoir des visites.
Pourtant, petit à petit, j’ai revu mon jugement : D. ne va pas bien du tout.
D’abord, D. sait très bien que s’il quitte l’hôpital, il va se retrouver dans un autre établissement, celui-là réellement carcéral, car, même s’il n’y a pas eu de plainte déposée par son frère (très légèrement blessé) ou ses parents, l’État se porte partie civile dans cette histoire et il risque jusqu’à sept ans de prison.
Ensuite, D. n’a toujours pas débloqué les choses dans son esprit. Il se sent toujours victime d’un coup de folie, de la situation, de ce qu’il a ressenti comme une agression de la part de son frère, et il a tendance à ignorer la gravité de son geste. Lui, qui est si religieux, considère que Dieu l’a mis à l’épreuve et se sent maintenant perdu. Cependant, s’il parvenait à prendre conscience de son acte potentiellement meurtrier et de la portée de ce dernier, il y a fort à parier que la culpabilité l’entraînerait à une auto-dépreciation absolue, une dépression, un suicide...
D’ailleurs, D. m’a confié que sa relation avec les psychiatres et soignants restait dans une impasse. Sa situation matérielle a évolué jusqu’à atteindre le maximum de droits accordés à quelqu’un retenu en hôpital contre son gré, mais sa situation intellectuelle semble ne pas avoir avancé d’un pouce.
Enfin, et c’est sans doute ce qui, a posteriori, m’a fait le plus craindre pour son évolution, D. reste toujours entouré par sa « communauté ». D. était seul lorsque je suis venu le voir mais au bout d’une heure, S., une autre amie est passée lui rendre visite. S., jeune et jolie, lui apporte des bouquins. Les livres sont le plus souvent des contes pour enfants car D., avec ses médicaments, ne parvient pas trop à se concentrer sur des histoires complexes. En discutant à trois, j’ai appris que S. qui, a vingt-cinq ans, poursuit encore ses études, s’était mariée à l’âge de vingt-deux ans. Cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille... Nous sommes allés dans le jardin du pavillon, toujours entouré de grillage et d’yeux nous surveillant, bien entendu, pour poursuivre notre conversation. C’est alors qu’est arrivé M., la cinquantaine, visiblement très proche de D., cheveux poivre et sel, un joli hâle mis en valeur par des habits blancs, et une verve sans faille... Pour moi, instinctivement, M. avait tout de l’idée que je me faisais d’un gourou. Pendant des années, D. était venu les samedis lui prêter main forte pour l’aménagement de sa maison. S. et moi nous sommes alors présentés à M. et avons indiqué comment nous avions connu D. Et très vite, la religion est apparue dans nos propos. D. et S. s’étaient rencontrés à la sortie d’une « église », église dont le nom complexe m’était inconnu. Sourire pincé de M. à l’évocation de ce groupe religieux. S. explique que son mari et elle ne se rendent plus à cette église car elle a très mal vécu son passage dans celle-ci, en particulier parce que son mari est pentecôtiste et que dans l’église où ils allaient, il y avait des oppositions dogmatiques importantes, notamment sur le fait de renier les dons de l’esprit. Moi, j’observais cette conversation un peu ahuri. M. m’a alors demandé à quelle église je me rendais (ou « j’appartenais ? ») et je lui ai répondu que j’étais catholique romain, ce qui n’a pas manqué de le surprendre. Mi-sérieux, M. a demandé à D. : « Tu fréquentes un catholique romain ?! »
Je n’ai pas souhaité préciser que j’étais catholique parce que je croyais en Dieu et que le catholicisme était ma religion de baptême même si, contrairement à eux, cela n’avait pas d’influence sur certaines sphères de ma vie personnelle... en effet, comment prétendre être scientifique si on considère les allégories bibliques comme des faits véritables ? comment mener une vie sexuelle dans le respect de son partenaire sans préservatif ? De tout mon être, je m’oppose farouchement aux décisions du « Saint Père ».
Et là, tous les petits couacs de ma relation d’amitié avec D. m’ont sauté à la figure : il me prêtait des livres religieux mais ne voulait que très difficilement lire ceux que je lui conseillais, il ne m’accompagnait au cinéma que si le film était en accord avec ses convictions et surtout... il ne pouvait envisager de relations intimes avec des personnes du sexe opposé que s’il agissait d’une fille (1) qui partageait la même croyance que lui et (2) qui serait son épouse.
Voilà pourquoi S. s’était mariée si jeune.
La communauté, rien que la communauté.
Fonctionnement en vase clos.
Attachement rigoureux à la doctrine, et une certaine intolérance vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas les mêmes convictions.
Dans mon dictionnaire, c’est ce qui définit une secte.
Oui, si j’avais été admis dans la sphère d’amitié de D., c’est simplement parce que j’avais suivi à un moment donné son « groupe d’étude de la Bible » (lorsque, dans le cadre de l’écriture de mon roman de science-fiction, je faisais des recherches sur certains groupes religieux « chrétiens » et leur interprétation de la Bible). Puis j’avais fait connaître à D. les randonnées en roller, ce qui l’avait fait un peu sortir de son micro-monde.
Même si tes frères parlent constamment d’amour, avec les contraintes qu’ils t’imposent, ou que tu t’imposes, D., à plus de vingt-cinq ans, tu n’as jamais aimé et été aimé de la façon la plus intime qui soit. Et le jour où tu as porté la main sur ton frère de sang, c’est parce que lui, avec lequel tu ne peux t’entendre parce qu’il refuse tout de cette communauté étouffante et castratrice qui est toute ta vie, tu t’estimais dans ton droit, tu te croyais dépositaire de la loi, tu étais là pour le punir d’avoir abusé du téléphone parce que ton jeune frère appelait... sa copine.
Oh, D., combien de temps mettras-tu à faire le chemin qui te fera prendre conscience du fait que tu as agi sous le coup de la colère et de la jalousie ? Comment peux-tu guérir si les amis qui viennent te soutenir ne sont que les membres de cette communauté aux préceptes t’empêchant de mener une vie harmonieuse ?
Quel gâchis.
Cette visite, sans doute la dernière avant longtemps puisque je quitte Lyon dans quelques jours, m’a laissé un goût bien amer.


Mercredi, le 23 juillet 2003
Ah, vivre et laisser mourir... ou Fabrice « M. », le Maudit
C’est assez terrifiant.
Un de mes très bons amis, dont je m’inquiétais de ne plus avoir de nouvelles (il ne répondait pas aux messages que je laissais sur son répondeur), ne va sans doute plus me voir aux randonnées roller avant que je quitte Lyon. Et pour cause : j’ai appris hier qu’il était enfermé dans un hôpital psychiatrique pour avoir tenter d’agresser mortellement son frère. Oui, c’est le genre de nouvelle qui vous laisse sur le cul. Comment imaginer que quelqu’un dont on se croit proche peut en arriver là ? Il est vrai qu’il a l’esprit complètement pourri par la morale darbyste. Il est vrai aussi que je l’avais déjà hébergé, un soir après la randonnée en roller, car il m’avait dit qu’il était furieux contre son frère au point d’être capable de le tuer s’il rentrait dormir chez ses parents. Mais tout cela, ce n’était que des mots, rien que des mots, et sa bouche avait toujours tendance à tout exagérer. Ainsi aurait-il fini par réellement pêter un câble ?
Et ce n’est pas le seul de mes amis à qui il arrive des choses aussi surprenantes.
À vingt ans, j’avais fait un stage en Belgique où j’ai fait la connaissance d’un Africain d’un petit pays que je n’avais jamais entendu parler. Nous étions vraiment des amis très proches. Puis, son diplôme en poche, il a pu retourner dans son pays auprès de son épouse et de son fils. Nous avons gardé contact en nous échangeant très régulièrement du courrier jusqu’à ce qu’en 1994 les actualités ne parlent plus que de son pays. Il a connu la guerre, les exils, les camps de réfugiés, il s’est fait exploiter par des ONG, et aujourd’hui, ne parvenant à retrouver sa famille, il est enquêteur pour le TPI.
Et ce n’est guère plus joyeux au sujet de celles que j’ai aimées.
L’exemple le plus criant est celui de cette fille que j’ai rencontrée quand je passais mon permis de conduire (j’avais un peu plus de 18 ans, cet été-là). Cette fille, je la connaissais bien : j’étais en secret amoureux d’elle que je ne voyais qu’en cours de latin alors que j’étais au collège. Le destin nous avait remis sur la même route, c’était trop beau. J’ai tout fait pour la revoir et nous sommes sortis ensemble, mais pas très longtemps car elle a fini par me dire qu’elle avait un copain auquel elle tenait plus que moi. Malheureux. Réponses de glace à mes lettres et coups de fils passionnés. Un peu plus tard, je l’ai revue, par hasard, au restaurant universitaire où elle a fait semblant de ne pas me voir. Tant pis. Et bien des annnées après, j’ai revu une autre copine de collège avec laquelle j’avais échangé quelques propos au sujet du « bon vieux temps ». Elle m’a alors parlé de cette fameuse fille qui était avec nous en classe de latin, sans savoir que j’en avais été épris. Cette fille, pourtant brillante, avait fini par laisser tomber ses études, elle vivait avec son copain (celui-là même qu’elle avait préféré à moi, ai-je compris) et était tombée enceinte. Le jour de l’accouchement, les médecins, faisant passer une série de tests à la maman et à son enfant, ont découvert que la jeune mère avait la leucémie. Deux mois plus tard, elle était morte.
Oui, j’ai conscience de rapporter des faits complètement horribles. Mais ils sont hélas véridiques. Est-ce que je porte malheur à ceux que j’aime (d’amour ou d’amitié) et dont je ne suis pas autant aimé en retour ?
C’est une bien curieuse et bien pénible malédiction...


Dimanche, le 13 juillet 2003
À visage découvert
Les films de ma vie...

Et pour 10 de plus :
  1. After Hours (Martin Scorsese, 1985). Parce qu’il change un tout petit peu ses habitudes, un informaticien de New York va vivre une nuit de cauchemar. Hilarant. Tragique. Absurde. Superbe.
  2. Brazil (Terry Gilliam, 1984). De l’absurde, encore, dans cette société futuriste peinte avec grand art par un ancien des Monty Python.
  3. La Cité de la peur (Alain Berberian, 1993). Les Nuls, le film. À voir plusieurs fois, on y redécouvre à chaque fois un nouveau gag. Une bouffée d’oxygène qui rend content (Non, Dominique !)
  4. Le Père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, 1982). Nécessairement. La troupe du Splendide au meilleur de sa forme.
  5. C’est arrivé près de chez vous (Remy Belvaux et André Bonzel, 1992). Benoît Poelvoorde en tueur en série. Humour noir, très noir, filmé en noir et blanc. Complètement fou, et pourtant si réaliste (Reviens, gamin, c’était pour rire !)
  6. Simple Mortel (Pierre Jolivet, 1991). Coup de cœur pour ce film du frère de l’humoriste, hélas assez peu remarqué à sa sortie. De la science-fiction sans effets spéciaux. Si, si. Une histoire haletante. Du grand art.
  7. The Breakfast Club (John Hughes, 1985). Mon film d’ado. Une jolie note d’espoir.
  8. Purple Rain (Albert Magnoli, 1984). Plongeon dans les années quatre-vingt. Prince, du temps de sa splendeur. Et la bombe du moment : Apollonia Kotero. When Doves Cry, un petit bijou. Et Purple Rain, le slow de plus de huit minutes. OK, faut être adolescent pour vraiment apprécier.
  9. Les films de Krzysztof Kieslowski. Certes, il a une orthographe impossible (il ne peut pas s’appeler « Christophe » comme tout le monde ?) et il a eu le mauvais goût de mourir trop tôt. Mais le réalisateur et scénariste polonais nous a gratifié de quelques chefs d’œuvre avant de s’éteindre. Et il filmait à merveille la magnifique Irène Jacob, dans La Double Vie de Véronique ou Trois couleurs : Bleu. Sans compter les morceaux de choix de la série du Décalogue.
  10. Les films de Claude Lelouch. Mes favoris : Un homme et une femme (Chabadabada...), Itinéraire d’un enfant gâté, la Belle Histoire, Tout ça... pour ça !, Les Misérables... L’homme-orchestre du cinéma filme la vie, les sentiments, les hasards, les rencontres, ses femmes (il faut avouer qu’il a plutôt bon goût) et... c’est beau !



Vendredi, le 11 juillet 2003
À visage découvert
Les films de ma vie...

S’il ne fallait en retenir que 10 :
  1. Blade runner (Ridley Scott, 1982). Adapté de la nouvelle de Philip K. Dick portant le joli titre de Do Androids Dream of Electric Sheep?, ce film reprend, dans l’univers du cyberpunk, l’éternelle question « qui suis-je ? » en la formulant sur le mode « suis-je humain ou un être artificiel ? ». Film superbe, avec une esthétique que l’on trouve trop rarement en science-fiction, à part quelques autres merveilles comme Bienvenue à Gattaca (Andrew Niccol, 1997). Pour l’anecdote, J’ai découvert ce film en vidéo, des années après sa sortie, je l’ai vu plus de six fois sur cassette ainsi qu’une fois, tout dernièrement, au cinéma dans le cadre de la nuit de la science-fiction d’Oullins.
  2. Metropolis (Fritz Lang, 1926). Le chef d’œuvre du genre. Source d’inspiration essentielle, par exemple du sympathique Cinquième élément (Luc Besson, 1996). L’histoire peut sembler aujourd’hui un peu simple mais les images ont une telle force !
  3. Monty Python, la vie de Brian (Terry Jones, 1978). Mon préféré des Monty Python. La vie d’un type qui n’a pas de chance et qui ne sera pas retenu par l’Histoire, contrairement à un certain Jésus avec lequel il partage pourtant pas mal de points communs. Hilarant du début à la fin !
  4. La Grande menace (Jack Gold, 1978). En anglais, "The Medusa touch", film fantastique avec Richard Burton et Lino Ventura. Étonnant. Parfois j’ai cru avoir le même pouvoir (le terme "malédiction" conviendrait mieux cependant) que l’étrange Morlar, l’immortalité en moins.
  5. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (Jean Yanne, 1972). Une belle critique de la société de consommation des années Pompidou. Vu un grand nombre de fois à la télévision, ce film m’a marqué par son cynisme et son humour noir.
  6. Le fabuleux Destin d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2000). Une adorable petite bombe d’optimisme, ou comment apprécier les petits plaisirs simples de la vie. Mention spéciale à Jeunet pour sa facilité à passer d’un genre l’autre : avant Amélie, il avait réalisé Alien, la résurrection...
  7. Les Temps modernes (Charlie Chaplin, 1936). Avant le Dictateur (1940), dans la suite des Charlot, ce film plein d’humour et d’émotion est une description au vitriol de la société contemporaine et des nouvelles conditions de travail des ouvriers. Derrière les mimiques, il y a un cri. Mais les films de Chaplin, ce sont aussi sa vie à l’écran : du gamin miséreux à sir Charles Spencer Chaplin, une vie pas vraiment rose.
  8. Moulin Rouge (Baz Luhrmann, 2001). Hallucinant ! Un Montmartre fantasmé à la fin du XIXe siècle. De l’émotion, de l’exubérance, des reprises musicales audacieuses, un film à couper le souffle.
  9. E.T. l’extraterrestre (Steven Spielberg, 1982). J’avais à peu près l’âge d’Elliot quand j’ai vu ce film au cinéma. Le premier film que j’aie vu sans être accompagné. Un film inoubliable. Je trouve qu’après E.T., Spielberg a eu bien du mal à réaliser un bon film de science-fiction : ce n’est qu’en 2002 avec Minority report que j’ai retrouvé la magie du Spielberg d’antan...
  10. Fantasia (Walt Disney, 1940). Le premier film vu au cinéma. J’étais tout petit. J’en garde un souvenir confus bien qu’émerveillé. De belles images colorées, des histoires toutes simples... et la Musique ! J’ai retrouvé un peu de ce bonheur, récemment, avec Fantasia 2000. Comme beaucoup, j’ai grandi avec les films des studios Disney... mais, avec le recul, j’ai été troublé de remarquer certains faits des plus dérangeants, voire malsains, dans cette œuvre. Un exemple d’une telle curiosité ? Prenons le Livre de la jungle. Vous souvenez-vous de la scène où Mowgli se retrouve chez le roi des singes ? À quoi ressemblent les singes ? On dirait qu’ils ont des traits négroïdes. Et que chantent-ils ? Du jazz, musique black par excellence. Et quelles sont les paroles du roi singe ? « Je veux être un homme comme toi ! » Comme si, dans ce film, les auteurs sous-entendaient que les Noirs ne peuvent pas prétendre à l’humanité... Et ça passe innocemment devant les yeux de nos chères petites têtes blondes, et rousses, et brunes ? Oui, vraiment : c’est malsain. Parents, prudence...



Mercredi, le 25 juin 2003
À visage découvert
Impressions stéphanoises.
État d’esprit difficilement descriptible en ce moment.
Si j’étais physicien, je crois que je parlerais d’un « état de transition ».
Déjà, je rédige ces lignes en écrivant au stylo sur un bloc-notes, dans ce bus, moi qui n’écrivais presque plus que directement au clavier.
C’est curieux. Je me trouve dans la ville où je vais sans doute passer les prochaines années de ma vie. Ville que je ne connais pas. Ville où je ne suis même pas venu une dizaine de fois. Ville que je n’ai jamais pris la peine de visiter. Je ne sais pas encore si je vais réussir à l’aimer. Je sais déjà, suite à la réunion de tout à l’heure, à quoi va ressembler une partie de mes futures activités ici même si, officiellement, je n’aurais de confirmation (ou non) de mon poste qu’à la mi-juillet.
J’ai encore un peu de temps avant de prendre mon train. Je suis là, sur le quai de la gare, en train de respirer les chaudes effluves empoisonnées brassées par les TER.
Je ne suis pas pressé. J’aurais très bien pu prendre le train suivant. J’ai hésité un moment à me promener au hasard dans la ville, à la sentir vivre autour de moi par tous les pores de ma peau, à voir si elle m’acceptera... mais, non, le soleil est trop fort pour que je me prête à un tel exercice.
Plus tard, peut-être... Sans doute.


Vendredi, le 20 juin 2003
Avis sur le sens de la vie
Aujourd’hui : la drogue, c’est de la merde
ou : confessions d’un ludomane mangeur de pommes

Je reviens de loin...
Il y a quelques jours, j’ai pris la douloureuse décision de désinstaller Age of Empire, un jeu de stratégie qui était en train de me bouffer la vie.
C’est terrible à dire, mais je crois bien que j’étais complètement drogué.

L’histoire :
J’ai toujours cru avoir une physiologie propre à n’être dépendant de rien. Du moins, d’aucune substance. Je n’apprécie pas vraiment l’alcool et, si jamais il m’arrive d’en boire, ce qui est très rare, c’est toujours en quantité infime (ce qui semble incompréhensible à mon entourage car je ne conduis pas). De toute ma vie, je n’ai fumé qu’un paquet de cigarettes. Sans intérêt. Quelques bouffées de cigarettes qui font rire. Sans intérêt non plus. Je ne tenterai rien de plus costaud, bien entendu, connaissant les ravages provoqués par les drogues sur le cerveau (j’ai vu ça en cours, et je tiens trop à ma tête). Enfin, je ne bois jamais de café et, s’il m’arrive de boire du thé, c’est sans doute moins d’une tasse par mois.
Et pourtant...
Combien d’heures ai-je passées devant un Tetris ?
Combien de temps ai-je perdu avec un jeu de stratégie ?
Il y a déjà quelques années, alors que je venais de recevoir Age of Empires II: The Age of Kings, ma copine de l’époque m’avait fait sentir qu’elle n’appréciait pas d’être délaissée au profit de Jeanne d’Arc (l’un des personnages du jeu). Sur le moment, j’avais trouvé sa réaction ridicule. Mais elle avait raison ! Je n’avais qu’une envie, chaque jour, c’était de rentrer chez moi, d’allumer mon ordinateur et de lancer une partie. Seule la découverte des codes permettant de fausser les règles du jeu m’a vacciné contre la ludopathie.
Il y a quelques mois, je me suis retrouvé chez mes parents, pour un week-end prolongé. J’ai passé de longues soirées à découvrir Age of Mythology: The Titans, à m’extasier des nouveautés, à vouloir progresser dans les scénarios, à poursuivre de nouvelles aventures... Mais bon, ça n’a duré que quelques jours car, ne disposant que d’un vieux PC pauvre en mémoire, à mon domicile, pas moyen d’installer ce jeu...
Il y a quelques semaines, j’ai retrouvé la première version du jeu. J’ai mis quelques jours à terminer les scénarios des diverses campagnes, puis je me suis rabattu ensuite sur les cartes aléatoires et, depuis, ce fut l’horreur.
J’avais du mal à comprendre. J’ai un job passionnant. J’ai des amis. J’ai d’excellentes lectures en attente. Et j’écris. Écrire est vraiment ce qui donne un sens à ma vie... Mais, c’était complètement fou, je n’avais qu’une envie, rentrer au plus vite chez moi pour faire une ou deux parties avant d’être vaincu par le sommeil. Heureusement, de temps en temps, un instant de lucidité me disait de sortir de mon appartement, de voir mes amis, d’assister aux spectacles proposés dans ma bonne ville de Lyon... Bref, d’avoir une vraie vie, pas d’être un zombie avachi devant son ordinateur, passant son temps à une activité vaine, asociale et débilitante.
Tout va bien, je m’en suis sorti. Je me surprends de temps à autre à vouloir recommencer une partie, comme ça, pour voir, mais le jeu n’est plus sur mon ordinateur, et la raison fait son retour  « Non, Fab, arrête de perdre ton temps avec ces conneries. La vie, ce n’est pas ça ! »


Vendredi, le 23 mai 2003
Avis sur le sens de la vie
Aujourd’hui : À notre ministre bien-aimé.

Plus beaucoup de posts pour cause de problèmes dans ma vie de tous les jours, ma vie de chercheur en poste (si possible permanent) d’enseignant-chercheur.
Et c’est un peu grâce aux bons soins de notre ministre adoré : le philosophe Luc Ferry (qui ne va pas remplacer un départ sur deux à la retraite, ô joie !).
Finalement, si on y réfléchit bien, ce type-là, c’est un un mec bien et un futur allié : à force de faire des conneries, Luc Ferry va se faire virer du gouvernement, il retrouvera son poste de prof... et donc il se mettra en grève.


Jeudi, le 3 avril 2003
Avis de retour à l’anormal
Voilà, c’est la fin de l’histoire de Cellulaire sans en avoir l’air.
Que peut-on déduire de ce petit texte ?
Que je connais un peu le quartier chinois parisien. Oui. Que je suis allergique aux téléphones portables. Aussi. Et que j’écris des textes qui ne sont pas publiés. Certes.
Bon, en tout cas, poster des bouts de cette nouvelle m’a permis de ne pas me lâcher sur mon blog. Comme tout le monde, j’aurais eu tendance à laisser mon naturel agir, à en vouloir au monde et joindre ma voix à la série des "putain-ils-sont-vraiment-trop-cons-de-faire-la-guerre", à en vouloir à notre État bien-aimé qui profite du contexte international pour supprimer des postes à l’éducation nationale au profit des ministères de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice, bref, à en vouloir aussi à toutes ces petits problèmes du quotidien qui nous gâchent un peu la vie (le moniteur de mon ordinateur qui grille, la grève des transports en commun, la grève du restaurant du personnel...) mais non, sans dire que tout va bien, ne disons pas que tout va mal.
Non, je ne suis pas de ceux qui chroniquent avec humour et/ou cynisme l’actualité, d’autres ont davantage de talent que moi pour le faire.
Non, j’aurais pu parler de quelques films que j’ai vus dernièrement (par exemple Adaptation de Spike Jonze), de quelques livres lus (comme Eternity Epress de Jean-Michel Truong), mais non, rien.
Explication : j’ai trouvé une manière géniale d’utiliser toutes les feuilles qui encombrent mon appartement (mes brouillons de thèse, d’articles scientifiques et de textes de science-fiction). Je fais des marionnettes en papier mâché. Et des marionnettes locales, bien sûr, un véritable théâtre de Guignol.
Oui, j’ai laissé un peu tomber l’écriture (du moins de mon blog) pour concevoir des personnages de marionnettes.
Tiens, dans la série des coïncidences amusantes, en voici une concernant le film Adaptation. Dans ce film, Jonze parle d’un scénariste (joué par Nicolas Cage) et des problèmes de la création littéraire. Or il se trouve que ce scénariste a notamment participé à l’écriture de Dans la peau de John Malkovich (un autre film réalisé par Spike Jonze). Oui, fiction et réalité sont bien mélangées. Et quelle est la profession du personnage du film Dans la peau de John Malkovich ?
Marionnettiste de rue, tiens donc...


Lundi, le 27 janvier 2003
À visage découvert (huitième !)
Oups, mon dernier post remonte à une semaine...
Au moins, ça me rassure : je ne suis pas si accro que ça !
Des excuses ? Euh... Une semaine où je n’étais pas à mon bureau pour cause de conférence (c’est quand même chouette, la recherche), un week-end à écrire (un grand plaisir !) et aujourd’hui, pas de réseau...

Pas trouvé le questionnaire d’Un Instant/7 Instants très intéressant, alors voici mes réponses au questionnaire de Proust...


1. Le principal trait de mon caractère.

Croire.
Croire en moi-même, bien sûr, croire en ma bonne étoile, croire aux autres, en mes amis, croire en l’amour et aux femmes, croire à mes capacités d’auteur et de chercheur, croire que demain sera meilleur qu’aujourd’hui.


2. La qualité que je désire chez un homme.

La créativité.
Si en plus, à cette qualité, s’ajoutent la capacité d’écoute, un caractère aimable et une certaine intelligence, c’est le plus précieux des amis.


3. La qualité que je préfère chez une femme.

La créativité.
Si en plus, à cette qualité, s’ajoutent la capacité d’écoute, un caractère aimable et une certaine intelligence, c’est la plus précieuse des amies.
Et si, de surcroît, elle est sensible et d’un physique agréable, je tombe amoureux sur le champ !


4. Ce que j’apprécie le plus chez mes amis.

La capacité d’écoute, un caractère aimable et une certaine intelligence...
Et un goût certain pour l’art, la littérature, la musique, la vie...


5. Mon principal défaut.

Défaut ? Euh... J’ai une bonne mémoire et donc je suis assez rancunier...


6. Mon occupation préférée.

Créer.
C’est pour cela que je fais de la recherche.
C’est pour cela que j’écris.


7. Mon rêve de bonheur.

Pouvoir toujours créer, tout en aimant et étant aimé, dans un monde en paix.


8. Quel serait mon plus grand malheur.

Ne plus croire en l’avenir.


9. Ce que je voudrais être.

Au-delà des modèles et des idéaux : moi, tout simplement.


10. Le pays où je désirerais vivre.

J’aime bien la France et Lyon.
J’ai connu Lyon par accident et c’est une ville dont je suis tombé amoureux.


11. La couleur que je préfère.

Bleu.
Mais j’aime aussi beaucoup les couleurs blanc, noir, roux, beige et argent.


12. La fleur que j’aime.

La rose.
Pour ses couleurs, ses parfums, ses formes...
Mais aussi parce que c’est le symbole de l’amour.
Il faut voir la roseraie du Parc de la Tête d’Or, à Lyon. À l’époque de la floraison, c’est un enchantement.


13. L’oiseau que je préfère.

Les corvidés : le corbeau, la corneille, la pie.
Ils ne sont pas de très bons chanteurs mais, en plus d’être les plus intelligents des oiseaux, ce sont des bêtes magnifiques.


14. Mes auteurs favoris en prose.

Délicat de faire un choix...
Disons la force d’écriture d’Albert Cohen, la puissance des idées de Greg Egan, l’amour de la vie de René Barjavel, l’humour de David Lodge, la rage de George Orwell et Anthony Burgess.


15. Mes poètes préférés.

Charles Baudelaire (1821-1867) et Jacques Brel (1929-1978).


16. Mes héros dans la fiction.

Mmmmm.... Non. Il n’y en a pas.
La vie est plus intéressante que la fiction.
C’est dans la vraie vie que l’on trouve des héros.


17. Mes héroïnes favorites dans la fiction.

Idem que la réponse précédente.


18. Mes compositeurs préférés.

Ludwig van Beethoven (1770-1827). Incontestablement.
Après avoir entendu le deuxième mouvement de la Septième Symphonie pour la première fois, j’ai trouvé que le génial Mozart, par comparaison devant ce géant sourd, n’était qu’un nain...


19. Mes peintres favoris.

Théodore Géricault (1791-1824) pour le Radeau de la Méduse et Eugène Delacroix (1798-1863).
Mais je préfère les sculpteurs, avec une sensibilité toute particulière pour Auguste Rodin (1840-1917) et Camille Claudel (1864-1943).


20. Mes héros dans la vie réelle.

Jésus Christ (-7 avant lui-même, 26). Si ce que les Évangiles racontent est vrai, alors là, chapeau, mec !


21. Mes héroïnes dans l’histoire.

Marie Curie (1867-1934).
Mais je pense aussi à toutes ces femmes, plus ou moins anonymes, épouses, maîtresses ou mères de ces grands hommes que l’histoire a retenu et dont elles ont été les conseillères, muses, manipulatrices ou idéaux...


22. Mes noms favoris.

Pour les noms, je ne sais pas.
Pour les prénoms, j’ai une petite tendresse pour "Fabrice", parce qu’il vient de faber, "faire", et signifie "celui qui fait", aussi bien l’artisan que l’artiste.
Ça tombe bien, c’est le prénom que mes parents m’ont donné.


23. Ce que je déteste par-dessus tout.

L’imbécillité.
Oui, je déteste l’imbécillité crasse de ceux qui ne cherchent pas à aimer leur prochain, de ceux qui croient être supérieurs aux autres d’une façon ou d’une autre, parce qu’ils ont une certaine religion, une certaine couleur de peau, ou certains biens matériels.


24. Caractères historiques que je méprise le plus.

L’histoire du monde est pleine d’horreurs et de guerres.
Par exemple, j’ai de la peine à comprendre l’admiration que mes concitoyens prêtent à ce méprisable opportuniste corse qui, profitant des faiblesses de la jeune République, s’est bâti un Empire sur un monceau de cadavres.


25. Le fait militaire que j’admire le plus.

Tous ceux qui ont été évités par le talent des diplomates.


26. La réforme que j’estime le plus.

L’abrogation des "lois sécuritaires et liberticides Sarkozy".
Ah, ce n’est pas encore fait ?
Alors va falloir manifester dans les rues !


27. Le don de la nature que je voudrais avoir.

Pouvoir voler ?
Pourvoir être invisible à volonté ?
Pouvoir être aimé de toutes les jolies filles ?
Faire en sorte que les gens puissent vivre en paix ?
Non, je ne demande pas l’impossible : j’aimerais simplement pouvoir bronzer sans prendre à chaque fois de coup de soleil...


28. Comment j’aimerais mourir.

Très vite, sans souffrance, le plus tard possible, en ayant encore toutes mes capacités mentales.


29. L’état présent de mon esprit.

Occupé à chercher des réponses à ce questionnaire.


30. Fautes qui m’inspirent le plus d’indulgence.

Je ne sais pas, je suis assez rancunier comme garçon.
Alors, les fautes qui m’inspirent de l’indulgence sont celles que l’on ne fera plus jamais.


31. Ma devise

"Tout me touche, rien ne me blesse."


Lundi, le 20 janvier 2003
À visage découvert (septième !)
Réponses au questionnaire d’Un Instant/7 Instants.

1/ Qu’est-ce qui, pour vous, représente un réel effort quotidien ?

À vrai dire, rien n’est réellement pénible à partir du moment où on décide de le faire tous les jours, même si cela nécessite un gros effort, qu’il soit physique (comme faire des séries de pompes et d’abdos) ou mental (comme essayer d’être agréable avec tout le monde malgré les inévitables petits ennuis de la vie).


2/ À quelle fréquence interrogez-vous votre serveur de mail ?

Au bureau, très souvent, surtout quand j’attends un courrier électronique important, mais à la maison, en week-end, entre zéro et deux fois par jour.


3/ Quand vous empruntez les transports en commun et que ceux-ci sont bondés, laissez-vous votre place à la vieille dame qui vient de monter, ou faites-vous comme si vous ne l’aviez pas vue en espérant que quelqu’un se désistera ?

Mmmmmm... En fait, j’ai trouvé un truc.
Les métros et tramways sont, pour moi, des bureaux : je travaille ou, au moins, je lis durant mes nombreux déplacements en transport en commun.
Donc il est assez important que je puisse m’asseoir. Et j’arrive presque toujours à trouver une place, car je me lève très tôt et je prends les métros et trams quand il n’y a pas beaucoup de monde et donc tout le monde peut s’asseoir.
En soirée, c’est pareil, je quitte mon laboratoire assez tard...
Mais sinon, quand il y a une personne âgée qui n’a pas pu s’asseoir, je suis un des premiers à me lever pour lui proposer ma place assise.


4/ Quelle est la première image qui vous vient à l’esprit quand vous vous imaginez dans 50 ans ?

Dans 50 ans ? J’en aurais 80. Imaginons...
C’est la période de Noël.
Je me vois en grand-père, au coin du feu, en train d’écrire. J’imagine mes petits-enfants qui passent par moments dans le salon en jouant et en faisant du bruit, un bien agréable dérangement.
Mon fils ou ma fille arrive en disant : « Allons, ça suffit ! Laissez votre papi travailler ! »
Et moi, je réponds : « Mais non, mais non ! Laisse-les faire, ils ont raison ! Venez, les enfants, on va dehors, on va faire un bonhomme de neige et un igloo ! »


5/ Considérez-vous vos toilettes comme propres ? Qui se charge de les nettoyer ?

Bien sûr que mes toilettes sont propres !
Et c’est moi qui me charge de les nettoyer !
Ce n’est pas parce que l’on vit seul que l’on doit se laisser aller à une quelconque facilité.
Ben mince, c’est brutal de passer de la poésie de la vieillesse à cette question...


6/ Vous avez joué, perdu et obtenu un gage. Sur lequel porterait votre choix : passer l’après-midi dans une maison de retraite à vous occuper de grabataires, cirer des chaussures pendant trois heures, ou regarder le Bigdil en entier ?

La maison de retraite, bien entendu.
Autant faire quelque chose d’utile.


7/ Que pensez-vous de la théorie selon laquelle certains virus auraient une origine extra-terrestre ?

Mmmmmm...
Je sais que des choses étranges ont déjà été trouvées sur (ou dans) des météorites.
Mais des virus... Ça m’étonnerait quand même un peu.


Dimanche, le 12 janvier 2003
À visage découvert (sixième !)
Réponses au questionnaire d’Un Instant/7 Instants !

1/ Lors d’un moment de blues, à quoi pensez-vous pour que ça passe ?

Mmmmm...
Je vais voir un film déprimant ou j’écoute les informations à la radio : penser aux malheurs des autres et à la misère du monde relativise énormément nos propres petits soucis quotidiens.


2/ Quelle personne célèbre souhaiteriez-vous voir tenir un blog ?

Euh...
Par exemple, un écrivain comme Greg Egan ou un chercheur comme Marvin Minsky...

3/ De quel dessin animé auriez-vous voulu être le héros ?

Albator ? Bof. Je ne le trouve pas sympa avec les Sylvidres.
Ulysse 31 ? Moyen. Il se fait sans arrêt mener en bateau (enfin en vaisseau spatial) par les dieux de l’Olympe.
Goldorak ? Sans intérêt, à moins d’aimer taper sur les Golgoths.
Capitaine Flam ? Non plus.
Alors le loup dans les Tex Avery ? Ah non, il s’en prend plein la tronche !
Un personnage de Disney peut-être ? Ça va pas la tête !
Un membre de la famille Simpsons ? Non mais, vous êtes pas bien dans votre tête ?!

Eh bien, finalement, je ne trouve aucun personnage de dessin animé, c’est vraiment trop injuste !


4/ La critique (littéraire ou cinématographique) est-elle utile ?

Chaque semaine sortent des quantités de bouquins et de films. Peut-on les lire ou les voir tous ? Non, bien entendu. Alors la critique a évidemment comme utilité de donner un autre avis que celui de l’équipe chargée de faire la promotion de l’œuvre en question. Une bonne critique devrait, à mon sens, donner envie au lecteur ou cinéphile de lire ou voir (ou non) le livre ou le film en question, non de le tromper, en donnant des éléments susceptibles de l’intéresser...


5/ Quel est le dernier achat dont vous auriez largement pu vous passer ?

Je ne vois pas. Je ne suis pas un gros consommateur, et ce que j’achète me sert.
À la limite, j’aurais pu éviter d’aller voir Brocéliande, un film français (dont j’avais malheureusement lu de bonnes critiques) qui débute comme un bon thriller et finit hélas comme un mauvais fantastique (avec le pire du Pacte des Loups mélangé à Evil dead). Dommage. Mais avec une place achetée à 3,6 euros, ce n’est pas la mort...


6/ Y a-t-il des collections que vous trouvez absurdes ?

Certes, la dernière collection automne-hiver de Christian Lacroix, c’est du n’importe quoi !
Non, honnêtement, les collections ont toutes quelque chose d’absurde, j’ai de la peine à comprendre le désir d’accumuler des objets d’une catégorie donnée, mais le collectionneur peut toujours donner une raison de son geste. Faut respecter les goûts des autres.


7/ Quel est votre degré de tolérance vis à vis d’un fumeur qui enfreint l’interdiction dans un lieu public ?

Je crois que, dans ce cas, mon degré de tolérance est proche de zéro : je fais toujours la remarque à ceux qui enfreignent les interdictions de fumer.
Oui, faut respecter les goûts des autres, mais faut pas être irrespectueux avec mes propres droits.
Je ne fume pas et je n’aime pas la fumée. Ça sent mauvais, et c’est mauvais pour la santé (suffit de voir un fumeur cracher ses poumons ou un cancéreux en fin de vie).


Lundi, le 6 janvier 2003
À visage découvert (cinquième !)
Premières réponses de l’année au questionnaire d’Un Instant/7 Instants !

1/ « Selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».
Pensez-vous que cet adage soit encore d’actualité ?


Disons que même si certains puissants semblent pouvoir échapper à la justice, la roue tourne et bien des grands d’hier ayant abusé de leur pouvoir — qu’ils soient des domaines de l’industrie, de la finance ou de la politique — se retrouvent aujourd’hui derrière les barreaux.


2/ Comment expliquez-vous que certains laissent traîner une pellicule dans l’appareil photo pendant trois mois pour ensuite choisir l’option du développement en une heure ?

L’être humain est plein de paradoxes.
Ceci dit, il arrive qu’il y ait une explication tout à fait rationnelle à ce phénomène singulier : quelqu’un achète une pellicule, la met dans son appareil photo, mais le nombre de photos prises pour garder des souvenirs quelconques ne correspond pas nécessairement au nombre de photos présentes dans l’appareil. Du coup, la pellicule entamée traîne dans l’appareil photo, et lorsque — enfin ! — la pellicule est terminée, il est naturel de vouloir disposer au plus vite des photographies rappelant tous ces événements.
De plus, l’option "développement en une heure", dans bon nombre de magasins, n’est pas beaucoup plus chère que le développement en 24 heures...


3/ Léchez-vous la languette quand vous ouvrez un pot de yaourt ?

Non, mais avec la cuillère, je récupère le yaourt qui se trouve sur la languette (je le fais après avoir terminé le pot si le yaourt est bon, crémeux, et que j’attends que les autres personnes à ma table aient terminé leurs desserts).
Pourquoi cette question ? C’est sexuel ?!


4/ Lorsqu’une personne vous passe devant dans une file d’attente et qu’elle ne l’a vraisemblablement pas remarqué, comment réagissez-vous ?

Ça ne m’arrive pas. Ou, si cela se produit, je tousse assez fort de manière à me faire remarquer par cette personne. Après, si elle réagit et s’excuse, je lui dis que ce n’est rien et la laisse devant moi. Mais si elle m’ignore, je me fais un devoir de lui faire remarquer son manque de civilité, même s’il s’agit d’une personne âgée.
Par contre, j’ai déjà souvent fait la morale à des jeunes (et moins jeunes) mettant leurs pieds sur les sièges du métro... et je ne me suis jamais fait taper dessus.


5/ Contrôlez-vous le ticket de caisse après avoir réglé vos achats ?

Pas vraiment. Lors de mes courses, je fais mentalement la somme des produits (avec des arrondis) et si la somme annoncée par l’employé(e) de la caisse ne correspond pas à ma propre somme (ce qui ne m’est arrivé qu’une fois), je contrôle mon ticket pour repérer l’erreur (dans le cas en question, il s’agissait d’un poulet en promotion dont on avait voulu me faire payer le prix sans la promo, et on m’a finalement remboursé la différence).


6/ Quelle est la personne qui ne doit absolument pas connaître l’adresse de votre blog ?

Personne car, même si je parle ici de certains éléments personnels, mon blog est public.


7/ Pourquoi répondez-vous aux questionnaires comme celui-ci ?

Euh... Pour avoir un sujet aujourd’hui ?
Et vous ? Pourquoi faites-vous ce questionnaire ?


Samedi, le 4 janvier 2003
Aviateurs de l’Aéropostale et cavaliers du Pony Express
Hier matin, je suis allé poster des dossiers sur lesquels va se jouer mon avenir d’enseignant-chercheur. J’avais beau être plutôt confiant, les quelques jours de "vacances" passés dans ma famille avaient été mis à profit dans la réalisation de ces fameux dossiers de "qualification aux fonctions de maître de conférences", je sentais quand même de désagréables nœuds dans mon estomac... Pourtant, j’avais à peine franchi la porte de la Poste que je me suis senti plus léger.
Période de fêtes et début de mois obligent, les personnes qui attendaient leur tour au guichet étaient tout sourire, ce qui est suffisamment rare pour être signalé : colis cadeaux à envoyer, paquets ou mandats à récupérer, et, pour le collectionneur, nouveaux timbres à découvrir...
La Poste est une institution pour laquelle j’ai le plus grand respect. En effet, comment faire parvenir autrement des messages ou des biens à des personnes éloignées sans être obligé de se déplacer soi-même ?
J’ai moi-même été membre de cette institution au cours d’un été pour me faire un peu d’argent de poche. Chapeauté de ma casquette de facteur, je parcourais les rues de la petite ville voisine avec mon vélo, me sentant l’héritier des braves cavaliers du Pony Express ou des audacieux aviateurs de l’Aéropostale, pour distribuer le courrier, un sourire aux lèvres lorsque je voyais la lettre d’une jeune amoureuse, identifiable aux petits cœurs dessinés sur l’enveloppe.
Aujourd’hui cependant, grâce à Internet, il nous est possible de nous passer de bon nombre des services de la Poste, pour le plus grand malheur de cette institution et des amoureux de la correspondance papier. Mais la messagerie électronique, quasiment gratuite et immédiate, est devenue une nécessité de notre temps : sans elle, je me demande bien comment j’aurais pu contacter aussi facilement mon meilleur ami en Afrique, un collègue japonais ou une blogueuse canadienne que mes correspondants de l’Hexagone...


Mardi, le 31 décembre 2002
À visage découvert (quatrième !)
Bon, ceci est le dernier post de l’année sur ce blog, et le dernier sur Blogger.
Vite, vite, vite : qu’est ce que j’ai oublié avant de débuter 2003 ?
Voyons voir... Les dossiers qui m’ont tant occupé la semaine passée sont à présent achevés et prêts à être postés, j’ai renouvelé mon abonnement aux Transports en Commun Lyonnais pour janvier 2003, j’ai mis en place un nouveau calendrier...
Bizarre, il me semble que j’ai oublié un truc...
J’y suis ! Je n’ai pas encore répondu au dernier questionnaire trouvé sur le Net !

1/ Imaginez ce qu’aurait été votre vie sans Internet.

C’est fait !
Ah, et alors ?
Alors quoi ?! On peut s’en passer, non ?
Pour vivre, je crois qu’on a besoin d’air, de nourriture, de sommeil et d’avoir l’esprit occupé (l’amour — d’un être, d’un idéal ou de l’argent — étant une grande source d’occupation).
Le Net n’a d’importance que dans la mesure où il contribue à ces besoins vitaux en proposant une forme de communication mondiale nouvelle.
Il est vrai que, pour certains, Internet est un moyen de connaître, d’échanger et de se dire qui a beaucoup d’importance (je me range sans doute dans cette catégorie), que ce soit pour une activité professionnelle ou ludique.
Ben mince alors, qu’est-ce que je peux être sérieux, parfois !


2/ Pourriez-vous aimer indéfiniment quelqu’un qui ne vous aime pas de la même façon ?

Non, bien sur que non !
L’Amour (notez la majuscule) ne peut être que réciproque, aussi me semble-t-il impossible d’aimer quelqu’un dont la force de l’amour serait différente de la mienne, surtout pour une durée indéfinie car l’éternité, c’est long (surtout vers la fin, comme dirait Woody Allen).

3/ Que s’est-il passé la dernière fois que vous vous êtes senti(e) ridicule ?

Me sentir ridicule ?
Je ne sais pas, je ne me suis jamais senti ridicule, j’ai tant l’habitude de faire le clown (d’ailleurs, j’ai toujours un nez rouge dans mon sac).
Je suis peut-être un peu ennuyé quand mon entourage ne comprend pas mes jeux de mots, trop tordus ou trop cultivés pour être saisis. Dans cette situation, j’embraie rapidement sur : « C’est l’histoire de deux putes... » et, assez curieusement, je capte à nouveau l’attention...

4/ Pourriez-vous faire votre vie avec quelqu’un qui ne peut pas dormir sans peluche ?

Oui, à la condition exclusive que la peluche en question, ce soit moi.
Mais non, je ne suis pas velu comme un ours !


5/ Ambassadeur(drice) auprès d’une délégation d’extra-terrestres, vous devez leur expliquer ce qu’est la religion. Comment vous y prenez-vous ? Ne perdez pas de vue votre responsabilité de représentant !

Mmmmm... Ils sont payés par les Raëliens pour faire ce questionnaire ?
Bon, si j’étais ambassadeur, j’offrirais aux extra-terrestres de bons chocolats, parce que, quand même, faut savoir recevoir des invités qui se sont tapés 7 années-lumière pour arriver sur notre minable planète, et encore je ne compte pas les bouchons au niveau de la ceinture d’astéroïdes quand on ne prend pas le nouveau contournement des anneaux de Saturne.
Alors, comment expliquer les religions ? Je crois qu’en tant qu’ambassadeur, ce ne serait pas mon rôle, je convierais plutôt un comité œcuménique composé d’un ensemble de représentants des différentes religions de la Terre et ce serait à eux d’expliquer les divers points de vue que nous, Terriens, avons sur une entité divine.


6/ Que vous inspirent les crimes passionnels ?

Que tout ce qui est merveilleux est aussi dangereux, que ce soit l’amour, le feu ou la technologie de l’atome.
Il n’y a rien de plus beau que l’amour mais lorsque ça se passe mal dans un couple, que l’un des deux ne voit plus dans le regard de l’autre son propre amour en miroir, cela se passe mal, et quelques fois — fort heureusement plutôt rarement — très mal...


7/ Si vous aviez le pouvoir de ressusciter une seule personne, qui serait-ce ?

Euh... Il y a tant de personnes formidables disparues injustement trop tôt.
Alors, si je pouvais faire ressusciter quelqu’un, en n’utilisant ce pouvoir qu’une seule fois, ce ne serait pas une personne mais un anonyme papillon à la vie éphémère, histoire qu’il connaisse tout simplement une nouvelle aube.


Mardi, le 24 décembre 2002
À visage découvert (troisième !)
Ce soir, c’est Noël !
Passez donc de joyeuses fêtes, que vous soyez chrétiens et que Noël ait un sens (sacré) pour vous, ou que vous ne le soyez pas, et que cette fête soit quand même l’heureuse occasion de réjouissances en famille ou avec des amis.
Voici encore mes réponses à un questionnaire trouvé sur le Net.


1/ Faut-il interdire le porno à la télé ?

Surtout pas. Peut-être être plus sélectif, proposer du porno plus "tendre", plus amoureux, des histoires d’amour (ou de galipettes) où les acteurs vont jusqu’au bout, une sorte de soft-hard, si cela pouvait exister.
Non, s’il devait y avoir une quelconque censure à la télévision, ce serait au niveau de la violence qu’il faudrait s’attaquer.
Aujourd’hui, un môme devant la télé voit un nombre hallucinant de meurtres à la télé par an (je n’ai plus les statistiques en tête, mais elles sont monstrueusement élevées).
Le porno ne passe normalement pas à des heures de grandes écoutes, alors que les films violents, si... (Oui, je sais, cela fait penser au vieux slogan "faites l’amour, pas la guerre".)
Mais bon, le mieux est encore de ne pas avoir de télévision (ce qui est mon cas) : on est davantage sélectif dans ses choix visuels lorsque l’on paie le cinéma.


2/ Qu’est-ce que mentir pour la bonne cause ?

« Les voies de l’Enfer sont pavées de bonnes intentions. »
Je me méfie des "bonnes causes".
L’eugénisme, c’est mettre en place une politique de "bons" gènes.
Ça craint, non ?
Combien de personnes, soldats ou martyres, sont mortes pour des "bonnes causes" ?

Quant à "mentir", c’est donner sciemment à autrui des informations que l’on sait être fausses (que je distingue du fait de ne pas donner des informations, ou "pêcher par omission").
Moralement, "mentir", ce n’est pas "bien".
On peut à la rigueur mentir aux enfants pour les faire rêver, c’est pourquoi le prestidigitateur n’explique pas ses tours.
Mais le Père Noël ?
Les petits enfants, écoutez ceci : le Père Noël n’existe pas. Ceci n’est qu’une arnaque commerciale pour aller faire ses courses chez Toy’s R Us.
Noël, c’est la fête de la Nativité du Christ pour les chrétiens.
Mais si vous êtes juifs ou musulmans, ou d’une autre religion, qu’importe, les petits enfants, il y a d’autres fêtes !
Si vous êtes athées ou agnostiques, c’est dommage pour vous, mais vos parents ont décidé de ne pas vous faire croire en certaines choses. Alors "en vérité je vous le dis", le Père Noël, malgré ses origines religieuses, n’est qu’un VRP déguisé en vieux bonhomme à la barbe blanche et au costume rouge.


3/ Qui sont les plus en phase avec la réalité : les philosophes, les journalistes, les politiques, les scientifiques, les artistes ? Pourquoi ?

Ni les philosophes, dont le regard sur la réalité se fait bien souvent de trop haut, ni les journalistes, qui ont le nez dans une réalité "exceptionnelle", ni les politiques, trop loin de la réalité du peuple, ni les scientifiques, trop spécialistes d’une partie infime de la réalité, ni les artistes, qui transcendent la réalité par leur art.
La réalité est celle de monsieur Tout-le-monde, lorsque celui-ci abandonne sa casquette de philosophe, de journaliste, de politique, de scientifique ou d’artiste pour vivre en simple humain parmi les humains, pour s’attrister des malheurs quotidiens et sourire des petits bonheurs de la vie.


4/ Quelle est votre définition du mot "ami" ?

Un ami, un vrai, est quelqu’un qui, où qu’il soit, pense à vous, donne des ses nouvelles régulièrement et surtout sait écouter quand on a besoin de lui parler.
Un ami, c’est quelqu’un de précieux, de rare, de merveilleux.


5/ Quelle différence faites-vous entre solidarité et charité ?

Pour moi, la solidarité est aider son frère humain parce que c’est un humain. La charité est plutôt associée à un devoir moral dans la culture judéo-chrétienne (le "devoir de charité" se retrouve aussi dans l’islam ou dans d’autres cultures).
J’aurais donc tendance à dire que la solidarité obéit à un geste "naturel", voire "animal", alors que la charité obéit davantage aux codes moraux, même si dans un cas comme dans l’autre, l’aide apportée peut venir autant d’un acte réfléchi que d’un sentiment spontané (qu’il soit de révolte ou de pitié).


6/ Si vous deviez avoir un [autre] enfant, comment l’appelleriez-vous ? Pourquoi ?

Je crois que je choisirai un prénom masculin pour un garçon et un prénom féminin pour une fille. Étonnant, non ?
Plus sérieusement, ce ne sera sans doute pas un prénom d’origine anglaise.
Un prénom que l’on trouve sur le calendrier.
Un prénom pour lequel celle qui a porté cet enfant et moi-même aurons eu un coup de cœur.
Mais pour l’instant, la question est loin d’être d’actualité.


7/ Vaut-il mieux tout savoir quitte à ne plus croire en rien, ou bien en savoir moins pour en croire plus ?

« Bienheureux les simples d’esprit, le Royaume des Cieux est à eux. »
Même si on sait tout (sur un sujet donné), on peut toujours croire en quelque chose. Ça s’appelle la foi, et ça n’a rien à voir avec le savoir.
Je suis scientifique, ma quête de la vérité sur un petit domaine de la réalité est quotidienne, mais cela ne m’empêche pas d’avoir des croyances religieuses.
Il faut vivre avec ses paradoxes.
Par contre, j’aurais bien du mal à refuser de connaître certaines choses simplement parce que cela risque de mettre en péril mon état de bonheur relatif.
Je suis prêt à tout savoir, même si ma foi en l’humanité risque d’en prendre en coup.
Adam et Eve ont bien été chassés du Paradis après avoir mangé du fruit de l’Arbre de la Connaissance, et je suis bien le fils de mon (arrière arrière arrière... grand-) père.


Mercredi, le 18 décembre 2002
À visage découvert (deuxième !)
Il s’agit d’un autre questionnaire trouvé sur le Net...

1/ Est-ce que vous pourriez programmer votre réveille-matin en sélectionnant des minutes qui ne soient pas multiples de 5 ?

Bien entendu. Je me réveille à 5h03. Oui, je sais, je suis matinal. Mais je crois que j’ai fait avancer mon réveil de 5 minutes, histoire de pouvoir écouter les premières infos, à 5 heures...


2/ Prendre sa douche, se lever, écouter les informations, déjeuner, s’habiller, se brosser les dents.
Classez chronologiquement ces activités selon votre propre organisation quotidienne.
Des activités manquent ou sont en trop ?


Des activités manquent.
Réveil. Souvent une minute ou deux avant la sonnerie du réveille-matin.
Je mets les écouteurs de ma mini-radio aux oreilles. J’écoute le flash info. Puis je passe sur les radios musicales.
Je me lève (et je te bouscule, tu ne te... ah non, je suis tout seul en ce moment).
Salle de bain.
Frigo, jus d’orange (le plus cher, avec la pulpe, c’est ma seule dope, je ne fume pas, ne bois pas, ne prends ni thé ni café).
Quelques abdos, quelques pompes.
Jus d’orange (encore).
Brossage de dents avec chronomètre (3 minutes).
Rasage (avec le rasoir à la crème pour peau sensible).
Douche (j’enlève avant mes écouteurs).
Séchage.
Habillage.
Je fais mon lit.
Je tire mes rideaux et j’ouvre mes fenêtres.
Je mets mes chaussures.
Je mets ma veste.
Je ferme mes fenêtres.
Je m’en vais au boulot...


3/ Pourriez-vous être bénévole aux Restos du Cœur pour distribuer des repas aux démunis ? Si oui, quel sens donneriez-vous à cette démarche ?

Oui, bien sûr. Les Restos du Cœur ou autre chose. Je me rappelle qu’enfant, j’ai souvent donné de mon temps pour collecter de l’argent pour des œuvres caritatives.
Je crois qu’aujourd’hui, j’essaie d’agir au niveau social d’une autre manière, en ne m’attaquant plus vraiment aux conséquences de la pauvreté mais aux éléments qui en sont la cause. Il faut être très vigilant face aux décisions prises par les personnes qui ont le pouvoir.


4/ Vous brossez-vous les dents au moins deux fois par jour ? Si ce n’était pas le cas, le diriez-vous ?

Brossage de dents le matin et le soir. Et chewing-gum "dentifrice" à défaut pour midi.
Je tiens à mes quenottes : je mords dans la vie !


5/ Vous arrive-t-il de griffonner quelque chose lorsque vous êtes au téléphone ? Si oui, de quoi s’agit-il la plupart du temps (dessin, signature...) ?

Non, jamais. Je prends juste des notes, si la discussion téléphonique l’impose.
Le seule chose que je fais, quand je m’ennuie (autrefois dans un cours, ou aujourd’hui quand une réunion s’éternise), est de dessiner des personnages, souvent des filles aux jolis yeux.


6/ Est-ce que vous avez encore peur aujourd’hui de ce qui vous effrayait, enfant ?

Je n’ai pas le souvenir que quelque chose m’ait fait peur, enfant.
Ce n’est qu’aujourd’hui que je suis effrayé par les capacités de l’humanité à être aussi bien à l’origine du meilleur que du pire...


7/ Quelle est la dernière chose qui vous a scandalisé ?

Le premier tour des élections présidentielles françaises, le 21 avril 2002.
Je ne pensais pas que mes concitoyens étaient à ce point capables de se laisser avoir par l’idée que la source de leurs problèmes, c’est l’Autre.


Vendredi, le 6 décembre 2002
Ah, Vishnu la paix...
Aujourd’hui, c’est la Saint Nicolas !
Ah... Et alors ?
Saint Nicolas, c’est le personnage qui est devenu le "Père Noël" !
Ouvrez les yeux, Noël est proche. D’ailleurs regardez les magasins, ils arrangent leurs vitrines...
Et le Père Noël serait Saint Nicolas ?
Oui, dans les pays anglophones, le Père Noël est appelé "Santa Claus", c’est le bonhomme obèse et sympathique vêtu de rouge. Un mot de la récupération de cette image du folklore chrétien : le rouge et le blanc du costume du Père Noël actuel n’est qu’une vaste arnaque publicitaire destinée à mettre en valeur un soda américain...
Un grand nombre de légendes abondent sur Saint Nicolas mais ce personnage aurait réellement existé au IVe siècle en Lycie (aujourd’hui en Turquie) où il aurait occupé la fonction d’évêque.
En Grèce, Saint Nicolas est le patron des marins.
Dans ma région natale, Saint Nicolas est le patron des écoliers. Je me souviens qu’enfant, mon gros cartable sur le dos, je recevais en ce jour une brioche en forme de bonhomme avec du chocolat.
Mais bon, je ne vais pas être nostalgique : à défaut de brioche, ce matin, un collègue algérien doit apporter des pâtisseries orientales réalisées à l’occasion de la fin du ramadan.
Ah, si seulement les différentes religions pouvaient se limiter à de simples échanges gastronomiques...


Jeudi, le 5 décembre 2002
Havvy Topper !
En rentrant chez moi, hier soir, j’ai croisé plein d’enfants qui sortaient du cinéma. Ils venaient de voir Harry Potter et la chambre des secrets de Chris Columbus (d’après les romans de Joanne Kathleen Rowling).
J’entendaient nos chères petites têtes blondes (et brunes, et rousses, et châtain, et...) se raconter les uns aux autres les passages qui les avaient le plus marqué. La magie du film, dont s’étaient abreuvés leurs yeux émerveillés, jaillissait de leurs voix, irradiant aux alentours quelques instants de bonheur fugace...
Décidément, les enfants sont les meilleurs critiques du monde. Lorsque viennent les années, hélas, il est de bon ton de bouder son plaisir en achevant toute œuvre sensible et touchante par une opinion assassine.


Dimanche, le 1er décembre 2002
Ah, Vinatier, tes portes sont ouvertes sur une autre dimension spatio-temporelle...

Hier après-midi, j’étais au laboratoire (oui, c’était samedi, mais j’avais un article scientifique à terminer) et il m’est arrivé quelque chose de bien singulier alors que je rentrais chez moi par les transports en commun.

À un moment, un homme est entré dans le tramway et s’est assis à côté de moi. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire. Mais très vite, j’ai remarqué une odeur bizarre, proche du fromage trop fait, et je me suis rendu compte que mon voisin en était l’auteur. Faisant un effort pour ignorer les messages envoyés par mes cellules sensorielles olfactives, j’ai replongé dans la lecture d’Ulysse de James Joyces.

Un instant plus tard, les haut-parleurs du tramway ont annoncé que pour les 7 et 8 décembre, à l’occasion de la Fête des Lumières (la grande fête lyonnaise), le réseau des TCL proposeront des conditions de circulation plus avantageuses : plus de métros, fonctionnant plus longtemps, et tickets à durée de validité étendue. Suite à cette annonce, mon odoriférant voisin m’a demandé si demain nous serions le premier. Un coup d’œil sur ma montre pour voir le nombre "30" et je me suis tourné vers lui pour lui confirmer que demain serait effectivement le premier du mois.

Et mon voisin, complètement perdu, m’a encore interrogé :

« 2002 ou 2003 ? »

Surpris, j’ai répondu :

« 2002 ! Le 1er décembre 2002 ! »

Le monsieur m’a remercié, m’a souhaité poliment une bonne journée et est descendu du tram à la station suivante.

J’étais stupéfait. Comment pouvait-on ignorer l’année dans laquelle on se trouvait ? De quelle planète venait-il de débarquer ? De quel monde parallèle ? De quelle dimension temporelle ?

Je vivais la nuit de la science-fiction avant l’heure !

Me remémorant cette anecdote alors que je poursuivais ma route vers la station de métro, un début d’explication m’est apparu. Je me suis rappelé que ce bonhomme était monté dans le tram à l’arrêt "Vinatier". Peut-être que ce malheureux venait tout simplement de sortir du grand hôpital psychiatrique lyonnais...




Jeudi, le 28 novembre 2002
Ah, vivement l’hiver !
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La saison des batailles de boules de neige vient de débuter et je vous ai eu le premier !

À côté de chez moi, sur les pavés de la Rue de la Ré’ (la grande rue piétonne de Lyon), de jolis sapins, sculptures de glace et petits chalets montagnards ont poussé.
Cette magie urbaine s’explique par l’arrivée de l’hiver : il ne s’agit que d’un décor publicitaire vantant les mérites des stations alpines voisines.

Ah, la neige...

Lorsque les montagnes se parent de blanc, je retombe en enfance et j’attends avec impatience le week-end pour pouvoir chausser mes skis.
La neige est, pour moi, associée à la féerie de Noël et à ces vacances trop courtes pour profiter des nouveaux jouets et terminer l’igloo dans le jardin.
Mais cette neige, j’ai l’impression qu’elle se fait toujours plus rare. Pour nous, citadins, c’est sans doute préférable car bien trop souvent, elle est cause d’accidents divers et finit par se transformer en une écœurante boue grise.
Si nous voulons de la neige, il suffit de la chercher auprès des hauteurs voisines. En enfants inconscients, nous pouvons ainsi oublier que nous sommes plus ou moins directement les malheureux auteurs du dérèglement climatique...


Mercredi, le 20 novembre 2002
Ah, vies d’anonymes dont je vole de précieux morceaux
J’adore les transports en commun. En particulier le métro (point de sonnerie de téléphone portable ou de grossier personnage s’isolant dans son monde à l’autre bout du non-fil tel un autiste).
Mais pas seulement pour prendre le temps de lire (j’ai toujours un livre dans les transports). J’aime surtout voir et écouter les gens. Exemples de ces moments plaisants et légers volés au hasard.

Deux jolies filles, l’une en face de l’autre (et réciproquement).

« Il est très chouette, ton sac. Et pratique, avec cette poche, devant, tu peux mettre des lunettes.

— Ouais. D’ailleurs, va falloir que je voie mon ocu... (elle hésite) mon opticien.

— J’sais pas si tu as vu, mais il y a des montures géniales à la Part-Dieu [Note : centre commercial jouxtant la gare lyonnaise du même nom]. De grands couturiers... (Elle cherche des noms.)

— Ah ouais ?

— Ouais, et les branches, elles sont incassables, tu peux faire un tour complet, tu peux les tordre à cent... (Elle réfléchit.) À 380 degrés. »

Bon, vous conviendrez qu’il n’y a pas écrit AΓEΩMETPHTOΣ MHΔEIΣ EIΣITΩ sur le fronton des bouches de métro : ce n’est pas l’Académie. Pourtant, il suffit d’un rien et ces quelques vingt degrés (ou de force) excessifs m’ont fait sourire...
Un autre exemple, cette fois en croisant deux demoiselles par un frais matin, à la sortie du métro. L’une d’elle porte une grosse veste et une jupe vraiment très courte. Elle dit à sa copine :

« ...Mais tu sais, moi, je n’ai pas froid en bas, juste en haut. »

Effectivement. Et ce n’est pas pour nous déplaire...

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