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Mercredi, le 31 janvier 2024
Gyros et salade grecque
Je suis de ceux qui ont grandi avec la série télévisée d’animation franco-japonaise Ulysse 31. Un dessin animé mélangeant mythologie grecque avec de la science-fiction, quelle idée géniale ! Arrivé au collège, je connaissais par cœur le Panthéon grec et un de mes rêves était d’aller un jour à Athènes voir « en vrai » l’un des berceaux de notre civilisation, fasciné par l’héritage que les Grecs antiques nous avaient laissé dans la langue, la philosophie, la politique, la sculpture, le théâtre, l’architecture...
En 2002, inspiré par mes amis de la Gang de Lyon que je retrouvais chaque semaine à un kébab du quartier du Tonkin, je débutais ce blog, j’écrivais ma première nouvelle de fiction qui allait être publiée dans un support professionnel et je terminais mes études en soutenant une thèse de doctorat. Mon travail de recherche n’avait pas grand chose à voir avec mon amour pour l’Antiquité, mais j’avais quand même réussi à glisser dans ma conclusion la citation « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » en lettres grecques qui, selon la légende, ornait le fronton de l’Académie de Platon.
En 2002 sortait aussi l’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, réalisateur que je ne connaissais pas bien. J’avais loupé le Péril jeune, qui évoquait les années de lycée à une période où je portais encore des couches, au début des années 1970. Mais dans l’Auberge espagnole, j’avais retrouvé un peu de moi : des études effectuées à l’étranger apportant leur lot de rencontres qui allaient marquer toute la vie, une dernière année à l’université avant d’entrer dans le monde professionnel, et j’avais en plus à peu près le même âge que Romain Duris qui incarnait le personnage principal.
En 2005, l’Auberge espagnole connut une suite : les Poupées russes. Dans ce deuxième volet, Cédric Klapisch s’attachait à dépeindre les problèmes professionnels et personnels de ses personnages. Cette année-là, je mélangeais encore mes deux identités, celle de l’enseignant-chercheur (qui ne m’apportait pas beaucoup de satisfaction, vivant une sorte de creux dans mon activité de recherche) et celle de l’auteur, critique et plasticien, avec un article sur le genre steampunk présenté sous mon pseudonyme au colloque La Science-Fiction dans l’Histoire, l’Histoire dans la Science-Fiction de Nice, une exposition de mes sculptures, un projet de nouvelle et la réécriture de mon roman. Au niveau sentimental, je vivais une histoire que je croyais être plus sérieuse que celles vécues jusque-là, mais qui s’achèvera brutalement dans les premiers jours de 2006.
La trilogie de Klapisch s’est poursuivie avec, en 2013, la sortie de Casse-Tête chinois. Les personnages avaient désormais la quarantaine, avec des enfants ou des désirs d’enfants, et la vie devenait ce fameux casse-tête avec les compromis à trouver entre la vie amoureuse, la vie professionnelle et la vie familiale avec l’arrivée des responsabilités parentales. À cette époque, j’étais devenu un jeune papa, mon activité professionnelle de chercheur connaissait un nouveau souffle mais mon activité d’auteur ou de sculpteur s’éteignait peu à peu...
À la mi-avril 2023, c’est sous forme de série télévisée que nous pouvons suivre la suite de cette trilogie. Cette fois-ci, Klapisch suit les aventures à Athènes des enfants des personnages qu’il nous avait fait découvrir dans ses trois films. Mes enfants sont encore trop jeunes pour partir étudier à l’étranger, ils ont l’âge que j’avais quand je regardais Ulysse 31, mais la grande, collégienne, a malgré tout déjà des projets en ce sens... Cette série résonne encore fort en moi : un peu de nostalgie, et le regard porté sur l’avenir qui retourne au passé, en se disant que l’on a sans doute davantage vécu d’années qu’il n’en reste encore à vivre. Et puis, ma première grande conférence en présentiel post-confinement avait eu lieu justement à Athènes, en juin 2022, non loin de l’Acropole. Une musique revient sans cesse dans ma tête, la chanson « O Pio Kalos Tragoudistis » :
Γεια σου, γεια σου
ποιος σου έκλεψε ας ξέραμε τη χαρά σου...

Klapisch a appelé sa série Salade grecque. Je lui aurai plutôt donné comme titre Gyros, le fameux « sandwich grec », l’équivalent du chawarma arabe ou du döner kebab turc, et qui désigne la rotation de la broche de viande qui se fait rôtir. Dans l’Auberge espagnole, des étudiants vivaient un bouillonnement d’expériences, et dans Salade grecque, les expériences sont vécues par leurs enfants... La boucle est bouclée, c’est-à-dire un cercle, qui se dit en grec : γύρος, gyros.


Mardi, le 3 janvier 2023
Réflexions en vrac sur l’année 2022
Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka. Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X, dans les années 1980, et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.

Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants, plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990. Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.

Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut. Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées dans des lieux perdus.

Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants). Touchant monsieur.

Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode, et Alan White, le batteur de Yes. De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal, avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu. J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes, même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood, Propaganda, Pet Shop Boys ou Simple Minds...

Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français. Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy, appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles, au moment de la découverte. Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?), questions sur les origines de l’humanité...

Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser, sorti en 1985. Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...

Août 2022, décès du dessinateur Sempé. Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur ces dessins que l’on retrouve par exemple des textes et illustration du petit Nicolas faisant une thèse. Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka. Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X, dans les années 1980, et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.

Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants, plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990. Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.

Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut. Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées dans des lieux perdus.

Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants). Touchant monsieur.

Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode, et Alan White, le batteur de Yes. De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal, avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu. J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes, même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood, Propaganda, Pet Shop Boys ou Simple Minds...

Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français. Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy, appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles, au moment de la découverte. Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?), questions sur les origines de l’humanité...

Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser, sorti en 1985. Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...

Août 2022, décès du dessinateur Sempé. Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur des textes et illustrations du petit Nicolas passant sa thèse. Indémodable !

Septembre 2022, décès de Jean-Luc Godard. Au début des années 2000, j’avais trouvé un tas de DVD de Godard à petit prix et j’avais commencé à visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis, (2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou (3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...

Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe. Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...

Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors. Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.

Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire. En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non, c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...
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Septembre 2022, décès de Jean-Luc Godard. Au début des années 2000, j’avais trouvé un tas de DVD de Godard à petit prix et j’avais commencé à visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis, (2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou (3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...

Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe. Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...

Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors. Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.

Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire. En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non, c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...


Lundi, le 17 juin 2019
Liège, Kigali, Tunis, Londres, Montréal

Certains événements ont, pour moi, une musique bien particulière. Ainsi en est-il dont des moments les plus perturbants qu’il m’ait été donnés de vivre.

J’ai été particulièrement frappé de découvrir que la musique du générique de la série Netflix Black Earth Rising était You Want It Darker de Leonard Cohen. À mon sens, rien n’aurait pu être plus pertinent que d’associer cette série et une musique de l’artiste canadien qui nous a quitté en 2016.

Dans la fiction, une jeune juriste londonienne, rescapée du génocide rwandais de 1994 et adoptée par une célèbre femme procureure spécialisée dans les affaires criminelles internationales, reprend l’enquête de sa mère qui la mène à des révélations sur ses propres origines.

Dans la vraie vie, cela se passe en Belgique, et cela remonte au printemps 1992. Je n’avais pas encore vingt ans quand je m’étais retrouvé, à l’occasion d’un stage de fin d’études, dans cette ville de la banlieue industrielle de Liège au bord de la Meuse où avaient grandi les frères Dardenne. À mon arrivée ce dimanche après-midi maussade dans ce grand et triste bâtiment où j’allais passer trois mois, j’avais été dirigé vers le responsable de l’internat. Ce dernier m’avait posé une curieuse question : à quel étage souhaitais-je m’installer ? Celui des étudiants français ? Celui des étudiants étrangers ? Celui des étudiants belges en informatique ? Je n’avais pas choisi l’étage de mes compatriotes mais celui de ceux qui étudiaient la même matière que moi. Pourtant, c’est parmi les étudiants étrangers, ceux qui passaient comme moi leurs week-ends à Seraing, que je me suis fait mes meilleurs amis durant cette période. Nous étions quatre garçons inséparables : K. le Belgo-tunisien, A. le Djiboutien, I. le Rwandais et moi. Deux Noirs, deux Blancs. Deux Musulmans, deux Chrétiens. Toutes les combinaisons de couleurs de peau et de religions étaient représentées. K. et A. étudiaient le commerce, I. tout comme moi l’informatique, et c’est avec lui que les liens d’amitié s’étaient les plus serrés pour durer jusqu’à aujourd’hui.

I. était le plus âgé de nous quatre, il avait une formation juridique qui l’avait poussé à passer des concours et quitter sa région natale de Cyangugu pour devenir officier de gendarmerie dans la capitale. Poussé par sa hiérarchie, le lieutenant avait accepté de passer trois ans en Belgique pour acquérir les compétences en informatique dont son petit pays manquait cruellement, laissant là-bas sa jeune épouse et son fils nouveau-né le temps d’obtenir son graduat. Pendant quelque temps, nous avions échangé des tas de lettres et de cartes postales, I. et moi, et c’est par procuration que je découvrais ce petit pays d’Afrique inconnu, ses paysages, sa sagesse proverbiale, complétant mes connaissances par un essai d’ethnologie rédigé par des Pères Blancs trouvé dans la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

Printemps 1994. Les informations à la radio avaient annoncé l’attentat ayant coûté la vie des présidents du Rwanda et du Burundi. Quelques jours plus tard nous parvenaient les premiers échos de l’horreur. C’était un samedi ou un dimanche, au moment du déjeuner, qu’I. avait appelé au numéro de téléphone familial. Il était encore en vie, sa famille aussi, son accès à une arme de service le protégeant de la folie meurtrière des machettes. Je le sentais perdu, et j’étais tout aussi perdu que lui. Sentiment absolu d’impuissance.

Été 1994. Lorsque j’avais pris pour la première fois l’avion, ce fut pour aller à Tunis, chez K., ses parents et sa grande sœeur. Visites de lieux touristiques, de musées, moments passés à la plage, invitation saugrenue à la résidence de l’ambassadeur lors du 21 juillet, la fête nationale belge, où l’on m’avait fait passer pour un « Belge de Strasbourg » qui ne connaissait pas la Brabançonne. Après-midis trop chauds à regarder le Tour de France, ou la série Angélique en soirée, avec des coupures opérées par la censure aux moments les plus croustillants. La censure, par contre, laissait voir l’horreur des informations. Cadavres innombrables sur les bords des chemins ou dans les rivières. K. et moi, sidérés devant le poste, craignions de reconnaître dans les images des charniers le visage de notre ami. La mélancolique mère de K., une Flamande qui ne s’était jamais trop bien fait à la vie en Afrique du Nord, peignait en écoutant de la musique. Elle me fit découvrir Leonard Cohen dont je ne connaissais que Everybody Knows pour avoir vu le film Pump Up The Volume d’Allan Moyle avec Christian Slater. Je rentrais en France avec des cassettes audio tunisiennes de mauvaise qualité sur lesquelles j’avais enregistré quelques albums de Cohen, dont I’m Your Man et The Future.

Les nouvelles d’I. me parvinrent de manière sporadique quelque temps plus tard, par courrier postal ou électronique. I. avait échappé aux massacres. Il avait fui avec femme et enfant au Zaïre et s’était retrouvé dans un camp de réfugiés. Exploité pour ses compétences informatiques par une ONG, il devait assurer la survie des siens, venant d’être père pour la seconde fois, son autre fils étant né au camp. La situation dans l’est du Zaïre, de précaire devenait intenable avec les signes avant-coureurs de la Première guerre du Congo qui allait éclater en 1996. I. et sa famille d’apatrides avaient entamé un périple dans l’est de l’Afrique, séjournant au Malawi, en Tanzanie, à Arusha, où I. avait participé au Tribunal pénal international, et en Afrique du sud d’où sa femme et ses enfants avaient pu s’exiler en Angleterre, alors qu’I. restait bloqué au Cap.

C’était en 1999. Je terminais mon DEA à Paris. J’avais envoyé à I. une importante somme d’argent afin de faciliter ses démarches pour rejoindre la Grande-Bretagne. Et cela lui avait effectivement permis de retrouver sa femme et ses deux fils à Londres où ils s’étaient installés.

Fin août 2002, convention nationale de science-fiction française à Tilff-Esneux, en banlieue liégeoise. J’avais abandonné pour une journée la convention et mes amis de la Gang lyonnaise pour retrouver I. que je n’avais plus vu depuis dix ans, de passage en Belgique, et qui tenait à me rembourser de l’argent prêté alors qu’il était en Afrique du Sud. Indescriptibles retrouvailles.

Cet après-midi, à l’occasion d’un séjour professionnel à Montréal, je me suis rendu au cimetière Shaar Hashomayim du mont Royal. En me recueillant sur la tombe de Leonard Cohen, mes pensées se figèrent d’abord sur les grandes atrocités du siècle passé, deux génocides, celui des Juifs dans les années 1940, mais aussi celui qui avait fait s’entre-tuer mes frères africains dans les années 1990. Pourtant, guidées par la voix grave d’un Hallelujah s’exprimant dans ma tête par mes seuls souvenirs auditifs, elles s’élevèrent vers les Cieux, me faisant prendre conscience avec acuité de la beauté de la vie, qui est si belle parce qu’elle est si fragile, de l’importance de la spiritualité et de la force de l’amour.



Mercredi, le 13 septembre 2017
Alien : Covenant, c’est toute ma vie
La semaine dernière, ma vie ressemblait beaucoup trop à Alien : Covenant.
Tout avait commencé par des collègues croisés dans les bureaux. La période des vacances estivales ressemble vraiment à une sorte de grand sommeil dans les habitudes professionnelles, avec au réveil quelques personnes qui ne font plus partie de l’équipe (néanmoins celles-ci connaissent un sort plus enviable que celui du commandant de bord du film de Ridley Scott). Grosse responsabilité sur nos épaules : même si nous ne transportons pas des milliers de passagers en hibernation, nous avons à notre charge des centaines d’étudiants que nous poussons à acquérir un savoir scientifique et technique au cours de cette année universitaire afin qu’ils puissent valider un diplôme, à défaut de s’établir sur une nouvelle planète à terraformer et à coloniser.
Sur le campus, des herbes folles ont envahi les abords des bâtiments, les jardiniers ne se sont pas encore occupés de l’entretien. Cela fait penser au champ de blé laissé à l’abandon sur la planète découverte par le Covenant.
Et soudain, en passant à côté de ces hautes herbes, je me suis fait infecter, à la manière des nano-machines à l’allure de spores du dernier opus en date de la saga Alien.
Essayez d’imaginer un instant qu’un corps étranger entre dans votre oreille et cherche à creuser un chemin jusqu’à votre cerveau... Vous aurez ainsi une petite idée de mon état de panique en rebroussant chemin, affolé, interpelant des collègues afin de trouver de l’aide. Bien entendu, rien n’était visible dans mon oreille, mais le bourdonnement dû à des battements d’ailes contre mon tympan avait de quoi expliquer ma crise. Incompréhension, appel sans succès auprès des pompiers et médecins urgentistes, attente insoutenable... J’ai décidé de régler le problème tout seul, un peu à la manière décrite dans « la Bête à Maît’ Belhomme » (comme quoi, les lectures de l’enseignement secondaire peuvent avoir une utilité inattendue), c’est-à-dire en vidant une bouteille d’eau dans mon oreille. Néanmoins, j’ai eu moins de chance que pour le paysan normand dépeint par Maupassant : la bête semblait toujours vivante et pas décidée à quitter mon oreille. En vitesse, je me suis rendu sur un autre bout du campus afin d’informer les collègues — qui m’attendaient pour un jury — de mon infortune et de mon retard, et j’ai réussi à trouver une infirmière à qui expliquer mon problème. Je me suis donc retrouvé allongé sur un lit d’auscultation, la tête sur le côté, l’oreille remplie de sérum physiologique. Cela a eu pour effet de faire cesser les battements d’ailes, mais pas moyen de sortir l’insecte noyé de mon conduit auditif.
La chemise trempée, j’ai retrouvé mes collègues et j’ai chamboulé l’ordre de passage des soutenances afin de quitter rapidement le campus pour rentrer chez moi et trouver un médecin.
Ce n’est que le lendemain matin que j’ai pu voir mon médecin traitant qui m’a confirmé voir un cadavre d’insecte volant collé à mon tympan. Son extraction avec une pince s’étant avérée à la fois inefficace et très douloureuse, mon médecin a réussi à m’obtenir un rendez-vous avec un spécialiste pour la fin d’après-midi. Les heures se sont écoulées lentement durant toute la journée avec cette gêne jusqu’au moment où j’ai pu voir l’ORL. Un petit coup d’aspirateur dans l’oreille, et hop, en un rien de temps, mon problème était réglé. J’étais soulagé de voir qu’il ne s’agissait que d’une banale mouche, et non d’un des multiples avatars du célèbre xénomorphe.
C’est ici que s’arrêtent les points de comparaison entre ma vie et le film Alien : Covenant.
Ou presque.
Oui, tout comme Peter Weyland, j’effectue des travaux de recherche qui ont des applications dans le domaine de l’intelligence artificielle...


Mercredi, le 28 décembre 2016
Car... de 2016 à 1983, 1984
En tapant les premières lettres de « Carrie Fisher », le moteur de recherche m’a proposé « Careless Whisper » de George Michael...
Macabre clin d’œil du destin.
La princesse Leia vient de rejoindre les étoiles peu après le départ de celui qui fut l’incarnation du séducteur à la super-classe de mon adolescence.
La période entre Noël et Nouvel An est toujours pleine de nostalgie et m’anime d’un mélange de sentiments excessifs et contradictoires, les retrouvailles familiales avec les différentes générations faisant écho aux différents âges de ma vie. Mais cette année, ça fait beaucoup.
Je me rappelle que pour mes dix ans, ma mère m’avait accompagné au train se rendant à la ville. Alors qu’elle allait faire des courses avant Noël, j’allais —  pour la première fois ! — voir un film tout seul au cinéma. Sur le quai de la gare, j’avais rencontré une fille de mon club de judo qui, âgée d’un an de plus, était déjà au collège. Avec des copines, elle se rendait également au cinéma.
« Tu vas aussi voir E.T. ? » avais-je demandé avec candeur.
« Euh, non. On va voir La Boum ! »
À ce moment-là, j’avais compris que même si je me sentais grand d’avoir un âge à deux chiffres, j’étais encore un petit garçon par rapport aux centres d’intérêt de ces fraîches adolescentes...
Ma chambre comportait des photos de fusées, de satellites et des dessins d’artistes du projet de la navette spatiale européenne Hermès. Ce n’est que plus tard que j’ai punaisé un poster de George Michael dans ma chambre, essayant de copier l’allure et la coiffure du chanteur britannique, mes cheveux naturellement blonds n’ayant pas besoin d’être décolorés ; je ne savais pas encore que, chez cet artiste, la séduction auprès de la gent féminine était aussi factice que sa couleur de cheveux... Combien de slows ai-je dansés sur la musique de Careless Whisper et de son troublant solo de saxophone, tombant souvent amoureux de mes cavalières, ou sur les accords de guitare de Purple Rain de Prince ? Les années 1983 et 1984 virent aussi la sortie du Retour du Jedi dans les salles. Et de Let’s Dance de David Bowie dans les bacs. Et d’Hallelujah de Leonard Cohen sur son album Various Positions.
Durant cette année 2016, vilaine Faucheuse, tu n’as vraiment pas chômé. Puisses-tu te calmer un peu pour 2017...


Lundi, le 14 novembre 2016
Violence de la nature sauvage
J’aurais voulu exprimer ma tristesse de voir disparaître Leonard Cohen ou à quel point j’étais navré du résultat des élections aux États-Unis.
Mais un autre événement s’est produit ce samedi qui m’a touché de manière aussi bien physique qu’émotionnelle.
Durant le week-end prolongé qui vient de s’achever, samedi était le seul jour annoncé par les services de météo comme étant beau, c’est ainsi qu’avec la petite famille nous avions décidé de faire une balade à l’air pur dans les proches alentours de Lyon.
Alors que nous étions encore dans la commune de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, nous engageant dans un chemin de terre bordé d’habitations qui montait jusqu’à un bosquet, nous avons entendu un coup de feu.
J’avais mon fils de 21 mois dans les bras car la montée était un peu rude pour lui, mon épouse tenait notre fille de quatre ans par la main, et nous avons échangé un regard interrogateur.
Nous nous sommes arrêtés un instant afin que j’installe le petit bonhomme dans le porte-bébé de randonnée que je porte sur le dos, quand un bruissement de feuilles s’est fait entendre.
Et là, tout s’est passé très vite. Ma fille s’est mise à hurler. J’ai cru qu’elle avait pris peur en voyant un chien, mais c’est un sanglier qui a déboulé de la forêt. L’animal nous a contournés à toute allure mais il s’est soudain arrêté, découvrant qu’il débouchait sur des habitations, un terrain non familier.
Se sentant pris au piège, il a alors fait demi-tour, et j’ai craint pour la sécurité des enfants et de ma femme. Celle-ci s’est baissée pour les protéger et moi, j’ai crié pour lui faire peur.
Le sanglier m’a chargé et s’est échappé par un jardin.
Nous avons demandé de l’aide à la première personne croisée dans ces habitations qui m’a prodigué les premiers soins et qui, coup de chance, était médecin généraliste. Mon épouse s’est chargée de rassurer les enfants qui, après les cris et les pleurs, se sont mis à jouer avec ceux du médecin pendant que je me faisais soigner.
Nous avons ensuite vu un chasseur qui était à la poursuite du sanglier et qui, tenant une feuille ensanglantée, indiquait avoir touché la bête.
Nous avons rebroussé chemin et sommes rentrés à Lyon, non sans avoir au préalable alerté la mairie du danger.
J’ai passé le reste de la journée aux urgences et j’en suis ressorti avec quelques points de suture à la jambe.
Les enfants sont encore traumatisés. La grande ne voulait plus dormir seule dans son lit, craignant de voir débarquer un sanglier dans son sommeil. Mon gamin dit « peur, peur ! » et montre ma jambe en disant « Papa, bobo ! »
J’ai fait des cauchemars dans lesquels nous étions poursuivis par un sanglier qui, dans l’imaginaire des rêves, avait plutôt pris la forme d’un rhinocéros.
De cette surprenant et violente rencontre, je me demande encore si, entre les deux, l’animal sauvage affolé de quelques centaines de kilos était plus à craindre que le chasseur...
Conséquence physique de ma rencontre avec le sanglier




Mardi, le 12 janvier 2016
C’est une nouvelle année
Tous mes vœux à vous pour cette nouvelle année !
En guise de résolution, après une longue absence occasionnée par le fait de m’occuper de ma petite famille et de mes activités professionnelles, je compte faire aboutir des textes qui ont dormi trop longtemps dans le disque dur de mon ordinateur. Je viens en effet de terminer l’un des romans que l’on m’a offerts pour Noël et dont une citation m’a particulièrement marqué :
« Savez-vous que les histoires sont comme le bon vin, il faut les laisser reposer pendant des années, les laisser décanter avant de les écrire. Mais attention de ne pas attendre trop longtemps sinon le vin passe. Les histoires tournent au vinaigre. Je détiens dans ma cave de vieilles bouteilles d’années exceptionnelles, que je n’ouvrirai malheureusement jamais. », Xavier Durringer, Sfumato, Le Passage, 2015.



Dimanche, le 29 novembre 2015
Just married!
Deux mille quinze, qui s’achèvera dans un mois, ne sera pas une « année horrible ».
Cette année aura certes eu son lot de malheurs, de disparitions liées à la maladie, à des accidents et évidemment à la folie meurtrière de fanatiques, mais 2015 ne sera pas que cela.
Même si le début de l’année 2015 correspond, dans la plupart des esprits, aux attentats de Charlie Hebdo, je veux m’en souvenir aussi comme étant la période de la naissance de mon fils.
Et ce mois de novembre 2015, ce ne sont pas que les attentats de Paris, ce sera aussi celui de mon mariage avec Delphine, la femme de ma vie, la merveilleuse mère de mes enfants.
Oui, oui, grande nouvelle : je me suis marié hier, samedi 28 novembre, à Lyon...
Love and the Rings

Pour l’occasion, l’ami auteur et musicien Francis Valéry — qui s’est lancé dans une nouvelle aventure de crowdfunding pour financer son projet de roman de SF accompagné de sa « bande son » —, nous a écrit tout spécialement une musique que nous avons eu le plaisir d’écouter lors du déjeuner qui a suivi la cérémonie.

Francis décrit ce morceau comme étant une petite pièce électro-acoustique à six lignes mélodiques (violoncelle, alto, flûte japonaise, orgue Hammond, piano et guitare acoustique), avec un chœur de quatre récitants « aliens » et des enregistrements de nature...
Ça, c’est un cadeau vraiment formidable ! Merci Francis !


Lundi, le 19 novembre 2012
L’IA, les robots et moi (créateurs, créatures, et cætera)
Il y a 10 ans, je venais de créer ce blogue. À cette époque, je m’apprêtais à soutenir une thèse dans un domaine dérivé de l’intelligence artificielle et je me posais des questions sur mon avenir. Dix ans plus tard, je suis toujours autant intéressé par l’intelligence artificielle et mon métier d’enseignant et chercheur me permet de faire de jolies rencontres, comme revoir le mois dernier lors d’une conférence quelqu’un qui avait été l’auteur d’un essai fondamental sur l’IA que j’avais lu avec passion dans mes premières années d’études universitaires, puis, bien des années plus tard, avait été un de mes professeurs du temps où j’étais encore un étudiant parisien, et qui est désormais un collègue. Il m’avait alors confié qu’il devait participer en tant qu’invité aux dernières Utopiales afin d’intervenir sur une table ronde dédiée au sujet des morales humaines et lois robotiques dans l’œuvre d’Isaac Asimov...
En mars 2012 s’était déroulé à Lyon le sommet européen de robotique « InnoRobo ». Mon intérêt pour l’intelligence artificielle (l’IA) et la robotique ne date pas d’hier : tout jeune adolescent, j’étais déjà fasciné par les œuvres de science-fiction évoquant des créatures artificielles, qu’il s’agît de grosses machines avec de simples boutons lumineux clignotants – comme le « Colossus » du film le Cerveau d’acier de Joseph Sargent sorti en 1970 (et adapté du roman Colossus de Dennis Feltham Jones) –, de robots vaguement humanoïdes – comme « Robby » de la Planète interdite de Fred McLeod Wilcox en 1956 –, ou que les machines fussent si semblables aux êtres humains que seuls des tests très poussés permettaient de les distinguer de nous – comme les « réplicants » dans Blade Runner de Ridley Scott sorti en 1982 (adapté des Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick).
J’éprouvais déjà pour les créatures artificielles une réelle fascination, un mélange curieux d’admiration et de crainte, que je dois à la tradition judéo-chrétienne et à l’héritage culturel gréco-romain qui m’ont façonné. Or c’est peu dire que la Bible n’est pas tendre avec ceux qui se permettent de réaliser des créations qui nous ressemblent, car cet art est réservé à Dieu seul : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » (Genèse 1:26). L’Ancien Testament est bourré d’interdits sur la réalisation de créations nous ressemblant : « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre » (Exode 20:4, mais on retrouve des propos similaires aussi en Lévitique 26:1, en Deutéronome 4:25 ou 5:8, etc.). À ce propos, je devrais aussi m’interroger pour mon attrait pour les arts plastiques, et en particulier pour la sculpture et le modelage de l’argile... Dans la mythologie grecque, le destin est tragique pour l’être légendaire qui aurait été à l’origine de l’humanité, à savoir le Titan Prométhée. Après avoir créé les hommes à partir d’argile et d’eau, il vole le Feu de l’Olympe (symbolisant la connaissance) aux dieux pour en faire don aux hommes, déclenchant le courroux des dieux qui l’enchaînèrent à un rocher où un aigle venait chaque jour lui dévorer le foie.
De fait, les histoires de créatures intelligentes se terminent mal, en général, et les créateurs qui osent braver l’interdit sont remis à leurs places de simples mortels le plus souvent de manière très cruelle.
Les premières créatures appelées « robots », qui sont plutôt des androïdes, sont celles que l’on retrouve dans la pièce de théâtre R.U.R. de l’auteur tchèque Karel Capek... Je pense que ce n’est pas trop déflorer l’histoire que de dire que, à la fin de la pièce, les robots se révoltent et finissent par anéantir l’humanité.
Les créatures artificielles qui ressemblent à l’homme, on en retrouve aussi des traces dans la tradition juive avec le Golem, ce « second Adam » d’argile prenant vie par le pouvoir magique du rabbin le Maharal de Prague. En détruisant le Golem, le rabbin aurait été écrasé par la masse de sa créature.
Dans Frankenstein ou le Prométhée moderne, écrit en 1818 par Mary Shelley, la science reprend la place qu’occupait auparavant la magie, et on sent dans ce texte que l’arrivée de l’électricité permettait d’imaginer toute forme de pouvoirs, dont celui de donner vie à une créature composée de parties de corps humains décédés. Là encore, le récit se termine par la mort du créateur (qui traquait sa créature qui ne faisait que semer la désolation autour d’elle), et l’horreur inspirée par cette histoire était telle qu’une confusion a fini par s’établir entre la créature et le créateur, « Frankenstein » désignant pour la plupart des gens le monstre au lieu du scientifique qui était parvenu à créer une telle abomination.
Au moment où l’homme mettait le pied sur la Lune, Stanley Kubrick sortait son film 2001, l’Odyssée de l’espace (au scénario inspiré de nouvelles écrites par Arthur C. Clarke). Le vaisseau spatial était assisté par une intelligence artificielle appelée HAL 9000. Les astronautes, comprenant que l’IA était en train de dérailler, avaient décidé de la désactiver... mais celle-ci, ayant pu lire leurs intensions sur les lèvres, avait essayé de les supprimer.
On peut noter que la seule manifestation de HAL, outre sa voix et son contrôle du vaisseau spatial, est son œil rouge, nécessairement menaçant, comme l’est celui du robot Terminator quand il est débarrassé de son enveloppe humaine.
Dans la saga des films Terminator, dont le premier volet avait été réalisé par James Cameron en 1984, le concept est toujours le même – des méchants robots viennent pour détruire l’humanité et il ne reste qu’une poignée d’humains pour lutter contre les machines – mais l’histoire se complique par des voyages dans le temps pour revenir dans le passé afin de changer l’issue de cette bataille. Suivant les épisodes, le Terminator venait du futur soit pour tuer le leader de la révolution, soit pour le protéger.
Dans les années 1970 et 1980, même si on rencontrait en Occident des robots moins méchants (comme « R2D2 » et « C6PO » de la saga la Guerre des étoiles), c’était surtout les influences orientales (où le robot est vu plutôt comme un compagnon que comme une créature soumise à un maître) qui vinrent changer le regard que nous portions sur les créatures artificielles, comme Astro le petit robot (Astroboy dans sa version originale japonaise) ou « Nono » de la série télévisée d’animation franco-nippone Ulysse 31.
On commençait à faire apparaître des robots plus gentils à partir du moment où ces derniers devenaient plus « humains », ou en tout cas quand ils perdaient un peu de leur rationalité initiale au profit de l’émotion. On trouvait ainsi « Johnny 5 », dans Short Circuit de John Badham, sorti en 1986, qui est un exemple intéressant de recyclage de la créature de Frankenstein. C’est à nouveau l’électricité qui provoque la vie en changeant un robot militaire et en lui donnant des capacités émotionnelles que l’on ne retrouve pas chez les artefacts ordinaires. Le robot est considéré comme étant un humain parce qu’il est capable d’avoir de la sensibilité et de l’humour.
Bien plus tard, il y eu aussi « Andrew », le robot domestique de l’Homme bicentenaire de Chris Columbus, sorti en 1999, et adapté de la nouvelle éponyme d’Isaac Asimov. Tout au long des deux siècles où se déroule cette histoire, le robot évolue, il subit des modifications qui le font paraître de plus en plus humain, et ce dernier se bat juridiquement pour chercher à être reconnu comme un être humain à part entière par l’humanité. Il y parvient au moment où il acquiert enfin une caractéristique essentielle pour tout être vivant, c’est-à-dire la possibilité de mourir...
C’est d’ailleurs intéressant de voir que, dans les œuvres de fiction traitant de l’intelligence artificielle, les oppositions de base entre la vie et la mort, le créateur et sa créature, l’amour et la haine, ou le fait de donner la vie ou de tuer semblent perdre leurs frontières pour se mêler, car on a un peu l’impression qu’une créature artificielle ne peut être considérée comme intelligente que si elle est aussi vivante, et que donc elle a aussi la capacité à mourir. C’est ainsi que Frankenstein finit par se faire tuer par sa créature, ou que Tyrell, le créateur des réplicants de Blade Runner, se fait écraser la tête après un baiser de la mort donné par une de ses créatures qui souhaitait l’obliger à modifier son caractère génétique afin de prolonger sa durée de vie...
Ces jeux curieux entre la vie et la mort, la créature et son créateur, le fait de donner la vie et de tuer se retrouvent chez ce même réalisateur qu’est Ridley Scott dans d’autres œuvres cinématographiques. Déjà, dans le premier Alien sorti en 1979, on rencontre, en plus d’une intelligence artificielle assez basique chargée de piloter le vaisseau spatial et appelée « Maman », un androïde caché parmi les humains appelé « Ash ». Sans vouloir interpréter tout de façon freudienne, il est difficile de manquer dans ce film les jeux multiples sur la reproduction et la sexualité, avec une certaine obsession pour l’orifice buccal : les êtres humains sont contaminés par les aliens qui leur pondent un fœtus de créature dans la bouche, les aliens sont pourvus d’une tête phalloïde ainsi que d’une deuxième bouche rétractile dans leur bouche, l’androïde Ash cherche à étouffer Ripley en lui introduisant un magazine dans la bouche en une parodie de scène de fellation, les androïdes sont des machines dont les circuits sont alimentés par un liquide blanc et gluant...
On dirait vraiment que ces idées hantent le réalisateur américain car dans Prometheus, son dernier film en date, ces obsessions sur les modes de reproduction et sur l’artificiel sont encore plus criantes : si les machines androïdes sont des créations des humains, nous, les êtres humains, serions les créations d’une espèce extra-terrestre appelée les « Ingénieurs » ; l’origine de la vie sur Terre serait due au sacrifice d’un Ingénieur qui aurait mêlé l’ADN de son organisme à l’eau à travers l’action de nanorobots ; ces mêmes nanorobots seraient capables de contaminer un être humain pour le transformer en créature zombiesque parvenant à féconder une femme stérile ; un Ingénieur sorti de son hibernation cherchera à détruire les humains que son espèce est parvenue à créer... Cette fois-ci, les monstrueuses créatures, ce sont nous, et nos créateurs cherchent à nous détruire comme avait tenté de le faire le Docteur Frankenstein.
Sans dresser une liste exhaustive des œuvres de fiction (cinématographiques) où sont présentées des intelligences artificielles et leurs incarnations sous forme de robot (j’aurais pu parler d’I, Robot d’Alex Proyas qui est sorti en 2004 ou d’A.I. de Steven Spielberg qui est sorti en 2001), je crois que l’une des visions les plus réalistes mais néanmoins tordues qui soient sur les liens entre la nature et l’artificiel, le modèle et sa copie, se rencontrent dans le du film de science-fiction franco-espagnol Eva réalisé par Kike Maíllo et sorti en 2011 où se mêlent les sentiments humains d’amour, de jalousie et de haine dans un monde de petits génies de l’intelligence artificielle et de la robotique.
Enfin, pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là. Les robots que j’ai croisés au mois de mars de cette année sont plein de potentialités en terme de capteurs et de capacités d’action mais, à mon sens, ils sont encore loin d’être dotés de programmes pouvant leur donner un semblant de comportement intelligent...
Nao
« Nao » d’Aldebaran Robotics

Reeti
« Reeti » de Robopec

RoboThespian
« RoboThespian » de Engineered Arts Limited




Vendredi, le 10 août 2012
En souvenir d’un auteur de SFF mutant
Dimanche dernier, Roland C. Wagner nous quittait. Je pensais ne reprendre ce blogue que pour annoncer une naissance, et c’est finalement pour parler d’une disparition que je reviens ici...
Roland est le tout premier auteur de science-fiction que j’aie rencontré. C’était en 1998, j’étais alors étudiant dans la capitale, et je découvrais la faune curieuse du fandom SF lors d’un événement parisien (le festival Visions du Futur ? les Rencontres du Club Présence d’Esprit ?) au cours duquel Laurent Kloetzer (*) se voyait remettre le prix Julia-Verlanger. Une amie m’avait fait venir à cette manifestation et me présentait à tout un tas de gens en tant que « Fabrice », un jeune auteur qui devait sortir un roman dans la collection Abysses aux Éditions du Masque, et nous n’imaginions pas que cette collection s’arrêterait peu de temps après sans avoir eu le temps de me publier. Détail amusant, les personnes rencontrées me prenaient souvent pour Fabrice Colin (*) car nous avons le même âge en plus du même prénom. C’est donc là que j’ai croisé Laurent Genefort dont j’avais lu les Chasseurs de sève ainsi que Roland C. Wagner dont je n’avais encore rien lu.
En 1999, je quittais Paris pour Lyon. J’ai fait la connaissance d’André-François Ruaud (*) et j’ai été adopté par la Gang. Les années du tournant du siècle et du millénaire ont été extraordinairement riches en rencontres et en découvertes, j’ai connu de nouveaux auteurs, de nouveaux textes, j’ai beaucoup lu, j’ai écrit des nouvelles, j’ai repris mon roman non publié, j’ai débuté ce blogue, j’ai commencé à faire de la cuisine... C’est ainsi que, avec mes amis, je suis allé à quelques conventions de science-fiction, celles de l’Isle-sur-la-Sorgue en 2000, de Saint-Denis en 2001, de Tilff-Esneux en 2002, d’Entraigues-sur-la-Sorgue en 2004, et plus récemment celle de Nyons en 2008. Lors de la plupart de ces rendez-vous, j’ai pu rencontrer Roland et échanger avec lui quelques mots. Je me rappelle avoir eu l’occasion de lui parler d’intelligence artificielle, domaine informatique qui est ma spécialité, et qu’il appelait « ayas » dans sa série des Futurs Mystères de Paris et qu’il représentait sous l’une des plus formes les plus déjantées de la littérature SF. Lors d’un passage à Lyon avec sa compagne Sylvie Denis en 2003, il avait même mangé de mon gâteau à l’ananas et récupéré mon nez de clown fétiche...
Entre temps, j’avais lu pas mal de ses textes, dont le recueil de nouvelles Musique de l’énergie, les premiers tomes des Futurs Mystères de Paris et plus récemment la version hardcover de Poupée aux yeux morts publiée par les moutons électriques... J’ai toujours passé des moments de lecture agréable, j’ai souvent beaucoup ri, mais j’étais toujours un peu frustré de ne pas trouver dans l’œuvre de Roland un sentiment d’intérêt aussi important que la sympathie que j’éprouvais pour ce bonhomme si attachant. Et cela était vrai jusqu’à... la semaine dernière. Le mois dernier, j’ai emprunté à mon beau-frère – grand amateur de SF – le roman uchronique Rêves de gloire. J’en avais entendu beaucoup de bien, j’avais entendu Roland parler de son roman à l’émission « Mauvais genres » de France Culture. Bref, j’ai attendu avec impatience que mon emploi du temps me permette de commencer la lecture même si le sujet ne semblait pas m’intéresser vraiment a priori (la Guerre d’Algérie et de ses conséquences). Et j’ai dévoré ce pavé de près de 700 pages. À la fin juillet, alors qu’il ne me restait plus qu’une petite moitié du livre à lire, André-François était venu me donner un coup de main pour monter le lit de mon futur bébé. Tout en bricolant, nous avions évoqué ce roman où Roland mettait vraiment toutes ses tripes, ses passions, ses blessures, tous ses fantasmes... ce qui en faisait un roman décoiffant pour le lecteur, et expliquait aussi le fait qu’il rafle la plupart des prix littéraires en SFF.
Et dimanche matin, j’avais terminé Rêves de gloire, j’en parlais avec enthousiasme au téléphone à mon beau-frère qui avait éprouvé des difficultés à se plonger dans l’univers uchronique et que les nombreux narrateurs et le contexte algérien trop mal connu de nous avaient un peu rebuté. En raccrochant, j’étais content d’avoir pu le convaincre de reprendre la lecture du roman.
Comment imaginer que, quelques heures plus tard, Roland décéderait dans un accident de voiture ?

En 2000, à la convention SF de l’Isle-sur-la-Sorgue



En 2001, à la convention SF de Saint-Denis



En 2002, à la convention SF de Tilff



En 2002, toujours à Tilff, Roland rappelant notre discussion sur les AI/IA (ou ayas)



En 2003, à Lyon, chez Markus Leicht, Roland évoquait mon nez de clown fétiche

Au revoir, Roland.
Merci pour tes textes, merci pour ton humour, ta joie de vivre et les idées que tu nous auras fait partager.
Mes plus sincères condoléances à Sylvie et à ta famille.




Mardi, le 28 février 2012
I Will Always Love You
Il y a deux semaines, alors qu’une partie du monde pleurait la perte de The Voice, moi aussi, je perdais ma voix...
Être privé de paroles n’empêche pas de tenir un beau rôle, mais je n’ai ni le talent ni les mimiques de Dujardin, aussi — m’étant retrouvé aphone — suis-je rentré un peu plus tôt du travail. Dans le bus, en ce jour de la Saint Valentin, j’ai été un peu étonné de voir un très vieil homme avec des fleurs à la main. À qui était destiné ce bouquet ? Au nouvel amour rencontré dans une maison de retraite ? À décorer la demeure de pierre de l’être aimé disparu ?
Je me suis plu à imaginer qu’il s’agissait tout simplement d’un petit cadeau fait par le vieux monsieur à la femme de sa vie, la même qu’à vingt ans, signe toujours renouvelé d’un amour éternel...


Lundi, le 27 février 2012
J’ai croisé Oscar à Bordeaux
C’était en novembre 2006. Je m’étais rendu à Bordeaux pour un rendez-vous professionnel. Je me rappelle des heures de train nécessaires pour rejoindre la perle d’Aquitaine depuis la région Rhône-Alpes, je me souviens aussi d’avoir déjeuné d’une mémorable spécialité locale, la « carcasse royale », et une situation curieuse me reviens encore à la mémoire : j’avais assisté au tournage d’un film au moment de repartir, à la gare Saint-Jean. L’entrée principale était fermée au public, les seules personnes autorisées étaient des figurants et des acteurs que je n’étais pas parvenu à reconnaître. La scène filmée en plusieurs prises devant mes yeux concernait l’arrivée d’un personnage barbu, celui-ci sortait de la gare, s’arrêtait pour laisser passer le tramway et retrouvait un ami à qui il donnait l’accolade.
Ce n’est que des mois plus tard que j’avais compris de quoi et de qui il s’agissait, dans le fauteuil d’une salle de cinéma, en visionnant un film que je n’étais allé voir que parce que j’avais gagné une place à un jeu concours. C’était Contre-enquête, un très sombre film policier avec le tout nouvellement oscarisé Jean Dujardin, méconnaissable par le port d’une barbe brune qui masquait ses mimiques si caractéristiques. Qui aurait pu prédire que le clown des Nous C Nous, le beauf d’Un gars, une fille ou la caricature de Brice de Nice ou d’OSS 117 remporterait la consécration suprême à Hollywood ?


Lundi, le 19 septembre 2011
JEP : Journée sous l’Esprit de la Psychogéographie
Avant-hier, avec le compère André-François, nous avons profité des JEP (les Journées Européennes du Patrimoine) pour faire un peu de « psychogéographie ». Je n’aurais pu être mieux accompagné en cette occasion car l’ami André-François est expert en la matière : il a traduit et adapté Psychogéographie ! Poétique de l’exploration urbaine de Merlin Coverley, un ouvrage paru dans la collection « la bibliothèque des miroirs », volume 10, aux moutons électriques éditeurs, cette année 2011.
Les JEP étant placées cette année sous le signe des transports, nous avons débuté notre promenade lyonnaise en nous rendant aux Brotteaux, ce quartier du 6e arrondissement de Lyon où se trouve une ancienne gare. Hélas, point d’élément spécial en ce week-end dédié au patrimoine : la gare désaffectée depuis 1982, un beau bâtiment classé au titre des monuments historiques, ne donnait à voir que des miniatures de petits trains qui ne nous avaient guère intéressés. Nous avons été tout aussi déçus par la brasserie aux « céramiques Art nouveau remarquables » (selon le programme) car aucune visite n’était prévue et nous arrêter là aurait dérangé la valse des serveurs s’occupant de leurs clients.
Ce n’est qu’en quittant le quartier en direction du Rhône pour nous retrouver à l’Hôtel du gouverneur militaire de Lyon que nous avions eu de quoi nous mettre de jolies choses sous les yeux : la bâtisse est très belle avec son style Second Empire à l’accent fortement italien dans sa décoration (avec voûte, fontaines et arcades de la cour rappelant le style florentin). Au sortir de l’Hôtel du gouverneur, nous avons été surpris et amusés de voir la devanture d’une épicerie surmontée de grandes lettres découpées à la police de caractères datée (entre l’après-guerre et les années 1960) :
Nous avons pris une passerelle pour traverser le Rhône, sommes arrivés dans le 2e arrondissement, à la Place de la Bourse, mais la file d’attente présente au Palais du Commerce, trop importante, nous a fait changer nos plans et remettre la visite à une autre fois. Nous avons ainsi rejoint la foule présente dans la rue de la République, la Place Bellecour et la rue Victor Hugo, mettant les tendances agoraphobiques d’André-François à l’épreuve.
Arrivés à la gare de Perrache, nous n’avons pas trouvé les expositions qui auraient dû être présentes (dans les bâtiments de la gare ainsi qu’au sein du Grand Hôtel Château Perrache). Nous sommes cependant parvenus à découvrir qu’un train spécial pouvait nous déposer jusqu’au technicentre de Lyon et aux ateliers TER de la Mouche. En attendant le train, André-François se croyait à Bordeaux, et moi à Strasbourg. Il est vrai que ces trois gares, construites dans la deuxième moitié du XIXe siècle, présentent nombre de points communs architecturaux. Et comme André-François et moi sommes tous deux fils d’agents SNCF et que nous avons beaucoup profité du train durant nos études, nous avons l’un comme l’autre accumulé un stock considérable d’heures d’attente en gare, un livre à la main.
Psychogéographons un peu : les gares ont invariablement eu sur moi un effet apaisant. En effet, même si je me retrouvais dans un coin complètement paumé de France, je parvenais à rester zen car, du moment où il m’était possible de trouver une voie ferrée et, de là, une gare, je ne me sentais pas perdu, disposant chaque année d’un certain jeu de trajets gratuits nationaux et ayant ainsi la possibilité de rentrer chez moi, même désargenté.
Un TER est entré en gare pour nous déposer au technicentre de Lyon-Gerland, seul centre TGV de province, destiné à l’entretien des TGV Duplex de la ligne Paris-Lyon (que j’emprunte à l’occasion pour me rendre dans la capitale) et du futur TGV Rhin-Rhône (qui me sera bien utile lors de prochains séjours alsaciens).
La visite a beaucoup plu à André-François ; il est vrai que toutes ces mécaniques ne manquent pas de charme, mais je n’ai pas réussi à être réellement bluffé par tout cela, ayant d’une part peu de goût pour l’univers des garagistes — fussent-ils ferroviaires — et ayant d’autre part eu la chance d’emprunter la ligne Paris-Lyon presque dès son ouverture, au tout début des années 1980, rendant « normal » ce qui pouvait paraître à d’autres merveilleux. Néanmoins, parmi les TGV présentés, il y avait quand même le champion du monde de vitesse sur rail, belle bête qui avait fait une pointe à 574,8 km/h. Et puis, comme à la gare des Brotteaux, nous avons eu droit à une exposition de trains miniatures, dans un décor très daté « France d’autrefois », caricature des années 1960... avec malgré tout des éléments anachroniques tels qu’une multitude de velux modernes sur les toits ou, plus étonnant pour des spécialistes, des TGV de couleurs orangée (les premiers modèles, qui dataient du début des années 1980) ou gris et bleu dans leur version « Atlantique » (dont la mise en service ne date que de 1989). Cela nous a amené à nous interroger sur de nouvelles formes d’uchronies : après le steampunk et un de ses avatars comme le diesel-punk, pourrait-on imaginer un genre tel que le TGV-punk ? (Que ce serait-il passé si le TGV était apparu dès les années 1960 ?)
Nous avons quitté le technicentre en passant par un petit bout du 8e arrondissement et par le 7e, en suivant la route de Vienne, la rue Chevreul et nous avons plongé dans le quartier multiethnique traversé par la rue de Marseille. Dans le 3e arrondissement, nous nous sommes retrouvés à la place Bahadourian pour rejoindre le quartier de la Part-Dieu au plus court, c’est-à-dire en prenant la rue Moncey, cette fameuse rue « euclidienne » (dont j’ai déjà parlé dans cet article), une des rares rues qui passe en diagonale et qui permet d’éviter toutes les rues et tous les cours qui se coupent à angle droit, pressés que nous étions d’échapper à la pluie qui commençait à tomber à grosses gouttes en cette fin d’après-midi.


Mercredi, le 22 juin 2011
Musique, neuvième art... et (agri)culture
Lyon, place des Cordeliers, la semaine dernière.
Jeudi 16 juin, sanctuaire Saint-Bonaventure : très grand moment d’émotion musicale. L’orchestre Philharmonia, sous la direction de Jean-Claude Guérinot, a interprété le Concerto pour violon n° 2 en mi mineur, opus 64 de Felix Mendelssohn Bartholdy. La soliste Marie-Annick Nicolas a admirablement fait vibrer les cordes de son instrument pour nous entraîner dans les merveilleux chemins de cette œuvre romantique. Vivement applaudie par le public, Marie-Annick Nicolas a ensuite joué a capella la méditation de Thaïs de Jules Massenet pour rendre hommage à un collègue musicien récemment disparu.
Puis chœur, ténor et baryton ont fait leur entrée sur scène et le spectacle s’est poursuivi avec la Messa dite « Messa di Gloria » de Giacomo Puccini.
Samedi 18 et dimanche 19 juin, à cette même place : petite déception. Durant le week-end était organisé le 6e Lyon BD festival au Palais du Commerce. J’aurais pu rencontrer certains auteurs de BD dont je suis régulièrement les blogs, étant abonné à leurs flux RSS, tels Pénélope Bagieu (Ma vie est tout à fait fascinante), Boulet (Bouletcorp - le blog), ou Lewis Trondheim (Les petits riens)... Trop de monde dans la file d’attente pour entrer au Palais de la Bourse où se déroulait cet événement, et trop d’autres choses à faire pour perdre son temps dans la file, alors nous avons poursuivi notre chemin par la rue de la République pour aller voir la Place Bellecour en pleine nature :

Pour le plaisir, je vous propose quelques interprétations comparées du Concerto pour violon de Mendelssohn :

Et l’interprétation effectuée par Itzhak Perlman (un de mes violonistes favoris) avec le New York Philharmonic, sous la direction de David Zinman en 1982 :



Mardi, le 22 mars 2011
Changements
Pas beaucoup de changements au niveau de ce site dernièrement, pourtant il s’est produit...
  • des changements sur terre, avec la production d’événements naturels attendus avec crainte, et leurs terribles amplifications destructrices lorsqu’ils viennent toucher aux constructions humaines,
  • des changements en cours dans le monde, avec des révolutions porteuses d’espoir,
  • des changements dans ma vie, avec un jour où je me suis un peu senti comme Benabar :



Lundi, le 22 novembre 2010
Small world
Hier, je me trouvais en Suisse, et j’ai déjeuné avec ami français dans un restaurant chinois. À un moment, il a calculé les heures de décalage avant de s’excuser pour envoyer, avant qu’elle ne dorme, un message depuis son téléphone portable à une copine russe vivant près de la mer du Japon...


Mardi, le 9 novembre 2010
Occasion peut-être manquée
Dans le film Mange, Prie, Aime réalisé par Ryan Murphy ou dans le livre l’Homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle, le personnage principal, en quête spirituelle et de lui-même, rencontre un vieux sage auprès duquel sa vie reprend son sens. Et dans les deux cas, cela se passe sur l’île de Bali.
C’est un peu frustrant : je me suis rendu l’été dernier dans ce lieu magique et je n’ai pas eu l’occasion de faire une telle rencontre. J’ai visité des temples hindous, j’ai vu des paysages superbes de rizières en terrasse, mais je n’ai pas connu le choc émotionnel de ces deux personnages de fiction. Par contre, avant d’arriver sur terre, j’avais passé une semaine en croisière où j’ai fait de la plongée sous-marine. Sous l’eau, dans un cadre féérique, je n’ai pas cherché à observer le maximum d’espèces marines qu’il soit possible de voir, je me suis contenté d’évoluer, tout simplement, dans cet autre univers, avec l’étrange impression de voler, et je pense qu’il s’agit de la sensation la plus proche de ce que peuvent vivre les astronautes, moi qui ai toujours rêvé de voyager d’une étoile à l’autre.
Après tout, un gourou n’est pas nécessaire pour se sentir en harmonie avec le monde et avec soi-même...


Jeudi, le 21 octobre 2010
J’en ai un peu honte...
...mais hier, j’aurais pu passer la journée à écouter France Info. D’ordinaire, c’est la radio que l’on n’écoute guère plus de vingt minutes, en prenant le petit déjeuner, après avoir pris sa douche et avant d’aller partir bosser. L’écouter plus longtemps, c’est du masochisme : les flashs sont les mêmes tous les quarts d’heure, ou presque, les mêmes reportages reviennent toutes les heures, c’est une répétition qui donne vite la nausée. Il faut vraiment attendre l’annonce d’une nouvelle très spéciale et très importante pour parvenir à rester brancher en continu sur cette fréquence.
Or, hier, il y avait la grève du personnel de la radio, et donc on a pu avoir droit à de la musique, d’un genre assez indéterminé, de la musique de films, des chansons françaises, de la pop anglaise, enfin pas de gros rap qui tache ou de cet insupportable R’n’B contemporain, mais un ensemble de musiques récentes ou anciennes qui aurait pu ressembler à ma propre playlist augmentée de titres du type « si vous avez aimé cette musique, vous aimerez aussi celle-ci ».
Avec quelques scrupules, je me mets à souhaiter une nouvelle grève de la radio...


Samedi, le 2 octobre 2010
Rentrée littéraire
Oui, je ne mets plus très souvent ce blog à jour : mon activité créatrice du moment se limite à mon boulot de chercheur (dont je ne souhaite pas parler ici), ou alors à la cuisine, d’où l’aspect de blog culinaire que prennent ces notes...
Il n’empêche que je lis quand même des œuvres de fiction. J’ai terminé tout dernièrement le premier tome de Bodichiev d’André-François Ruaud. Je n’ai jamais été un grand fan des enquêtes policières mais, ici, les affaires du détective imaginé par Ruaud se déroulent dans un monde uchronique, ce qui donne une saveur particulière à l’ouvrage. On apprécie ainsi autant la découverte de cet univers — où, de nos jours, la Russie des tsars s’étendrait sur la majeure partie du monde (de l’archipel britannique à la côte occidentale de l’Amérique du Nord) — que des personnages ayant réalisé tels ou tels méfaits, la manière dont ils ont procédé ainsi que leurs motivations. Je recommande vivement la lecture de ce recueil de nouvelles, d’autant que les expressions et mots un peu précieux qu’emploie Ruaud pour peindre son monde s’accordent à merveille avec le temps de son livre, mélange d’un présent et d’un passé décalé.
Après Bodichiev, j’ai débuté avec un autre grand bonheur la lecture de La tête en arrière de Violaine Schwartz, comédienne et cantatrice qui narre avec un humour caustique l’histoire d’une chanteuse lyrique, sans travail depuis des mois et des mois, qui... (allez plutôt suivre le lien pour la suite du résumé ou découvrir les premières pages du roman). Ensuite, je vais attaquer Cent Seize Chinois et quelques de Thomas Heams-Ogus. Je crois que je vais aussi beaucoup aimer ce livre. En tout cas, j’ai eu l’occasion de rencontrer ces deux jeunes auteurs jeudi dernier à la Villa Gillet, et ils m’ont donné très envie de lire leurs textes... et aussi de me remettre à l’écriture.
Ah oui, et ce n’est pas ma faute, la carte Wi-Fi de mon ordinateur portable s’est remise à déconner, alors j’ai acheté une petite clé USB-Wi-Fi et je n’ai pas pu m’empêcher de prendre aussi Lunar Park de Bret Easton Ellis. J’avais vu les adaptations cinématographiques d’American Psycho, Les Lois de l’attraction et Zombies et j’ai lu cet été Moins que zéro... alors je me suis dit que ce serait mieux de connaître aussi ce roman d’autofiction avant de commencer Imperial Bedrooms dont j’avais fait l’acquisition sous sa forme anglaise lorsque j’étais au Canada.
Problème, avec tout ça : il va me falloir une nouvelle bibliothèque... Mes rayonnages débordent de partout !


Lundi, le 6 septembre 2010
Compagnies aériennes et aéroports
J’ai beaucoup pris l’avion ces derniers temps. En vrac, je peux dire que j’aime bien :


Samedi, le 24 juillet 2010
Incivilité
Passant pas mal de temps en transports en commun, j’ai de nombreuses occasions de côtoyer mes semblables, ce qui est le plus souvent agréable tant que l’on n’est pas victime ou témoin de marque d’incivilité. Je suis surpris de découvrir que mon dictionnaire indique pour « incivilité » qu’il s’agit d’un terme vieux ou littéraire, de même que l’emploi est considéré vieilli pour « civilité » qui est défini comme l’observation des convenances, des bonnes manières en usage dans un groupe social. Peut-être ai-je encore des mœurs d’un autre temps, ou en vigueur dans d’autres régions (le plus bel exemple d’individus pour lesquels la civilité n’est pas une valeur oubliée me semble être les Japonais).
L’autre jour, je prenais un train régional quand, parmi les nombreux voyageurs montant à une gare, s’est installé à quelques sièges de ma place un homme d’un certain âge, de style un peu vieux beau. À peine assis, ce monsieur a fait sonner son téléphone portable, avec une petite musique pénible et bien forte, comme s’il était en train de se décider à modifier ses sonneries. Des regards — souvent noirs — se sont dirigés massivement sur l’importun, mais celui-ci n’y prêtait pas attention, tout comme il ignorait la signalétique avec l’explicite téléphone portable endormi. D’ordinaire, je n’hésite pas à « faire la loi » lorsqu’il y a quelqu’un qui me dérange ou ennuie les autres passagers, par exemple en fumant, mettant ses pieds sur les sièges ou allumant de la musique très fort. Il s’agit cependant le plus souvent de jeunes qui finissent par obéir, même s’ils jouent aux petits caïds pour ne pas perdre la face devant leurs copains. Mais là, il y avait pas mal de personnes entre le monsieur et moi, et cela ne m’était pas encore arrivé de faire des remarques à quelqu’un de plus âgé. L’homme a ensuite passé un appel, en parlant bien haut pour que tout le wagon puisse profiter de sa conversation d’une banalité affligeante. Enfin, cinq minutes avant d’arriver au terminus, il s’est levé pour chercher ses bagages et s’est placé devant la porte, histoire de bien faire comprendre que c’était lui qui allait être le premier à débarquer, comme s’il voulait dire à tout le monde qu’il était quelqu’un d’important et de pressé.
Au moment où je sortais du train, je ne pus m’empêcher de sourire lorsque je le vis sur le quai réservé aux techniciens : il s’était trompé et, penaud, devait remonter dans le train pour sortir du côté voyageur, et cela après nous tous.
Il faut croire que l’incivilité va de pair avec l’imbécilité...


Jeudi, le 15 juillet 2010
Ma garden party en Afrique
En ces temps étonnants où le Président renonce à sa fête estivale privée dans les jardins de l’Élysée pour que l’on pense moins à certains scandales, je me rappelle de la curieuse garden party à laquelle j’avais participé, il y a une quinzaine d’années...
Pendant mes études, j’ai eu l’occasion de faire un stage de quelques mois en Belgique, en banlieue de Liège. Pendant cette période, j’ai beaucoup sympathisé avec les autres étudiants étrangers — non pas mes concitoyens, qui donnaient une déplorable image de la France aux Belges — mais des pays essentiellement africains, d’anciennes colonies belges ou françaises. Là-bas, je m’étais lié d’amitié avec Karim, un Belgo-Tunisien qui passait son temps entre Liège où se déroulaient ses études, Louvain où il passait quelques week-ends auprès de sa tante flamande, et la Tunisie où il retrouvait ses parents durant les vacances. Un an après mon stage, Karim était venu visiter l’Alsace et, l’année suivante, c’est moi qui suis allé le voir à Tunis, pendant le mois de juillet.
Cette année-là, je n’avais pas fêté le 14 juillet mais... le 21. Je me suis en effet retrouvé parmi le gratin des Belges vivant en Tunisie, intrus présenté comme un « Belge de Strasbourg » par le facétieux père de Karim. Après avoir écouté la Brabançonne (que je n’avais jamais entendue auparavant) et un discours en français et en flamand de Son Excellence, nous nous sommes restaurés de petits fours et de cochonnaille (car il était bien difficile d’en trouver dans ce pays très majoritairement musulman). Les potins allaient bon train, aidés en cela par la bière qui coulait à flot dans la chaleur magrébine. Cet été, c’était de la Jupiler qui était servie et j’avais alors appris que, d’une année à l’autre, il y avait de soit de la bière wallonne (la brasserie de Jupille-sur-Meuse se trouvant en banlieue de Liège) soit de la Stella Artois, une bière brassée à Louvain.
Eh oui, même pour cela, dans le royame d’outre-Quiévrain, il fallait trouver de quoi ne froisser aucune susceptibilité...


Vendredi, le 25 juin 2010
Témoin d’un accident
C’est très chouette de pouvoir partir à l’autre bout du monde pour aller faire de la plongée sous-marine... mais il faut pour cela faire quelques vaccins et avoir un certificat de non contre-indication à la pratique de ce sport. En me rendant ce matin chez le médecin, je commençais à m’impatienter sur le trottoir en attendant que le feu soit vert pour les piétons. Moins prudent que moi, un jeune homme a traversé la route... et s’est fait renverser par un scooter en un impressionnant vol plané.
Moment de stupeur. Deux blessés à terre dans un amas de bouts de plastique et de ferraille. J’ai sorti mon téléphone portable pour appeler les pompiers. Je n’étais a priori pas le premier à composer le 18 : au standard mon interlocuteur avait parlé d’un scooter avant moi.
Le coup de fil passé, le piéton renversé et la conductrice du scooter étaient à nouveau debout, en état de choc et en sang, cependant il n’était plus de question de vie et de mort, c’était rassurant. Voyant que les blessés étaient pris en charge par d’autres témoins de la scène et entendant la sirène des pompiers, je me suis résolu à quitter les lieux pour aller à mon rendez-vous.
Qui était en tort ? Le piéton avait traversé alors que le feu était rouge, c’est un fait. Mais le scooter, allait-il trop vite ? J’aurais été bien en peine de pouvoir répondre à cette question.
Dans la salle d’attente du médecin, j’ai repris la lecture d’un essai de neuropsychologie destiné à la mémoire, et je suis justement tombé, dans un chapitre consacré aux faux souvenirs et aux distorsions, sur une expérience menée par des psychologues américains (dont on peut trouver l’article ici) qui consistait à indiquer quelle était la vitesse des véhicules à des sujets assistant à la projection de courts films montrant des accidents de voitures. Les résultats variaient énormément suivant la force des termes employés dans la question (d’une vitesse considérée comme plus faible pour une question avec l’expression « les voitures sont entrées en contact » à une vitesse considérée comme beaucoup plus rapide quand la question parlait de voitures qui « se sont écrasées l’une contre l’autre »).
Si j’avais dû témoigner de la scène, alors que j’avais pourtant vraiment bien vu le scooter arriver, je pense que j’aurais sans doute surestimé sa vitesse en raison des éléments gardés en mémoire : la violence du bruit de la collision et les images saisissantes de l’accident.


Mercredi, le 23 juin 2010
L’équipe
L’overdose des informations footballistiques va sans doute s’arrêter, et c’est tant mieux.
J’éprouve en effet une profonde aversion pour les sports d’équipe, et cela remonte à... loin... vraisemblablement à mes premières années de collégien. À l’époque, j’étais plutôt petit par rapport à ma classe d’âge (étant né en fin d’année) et, plus que tout, je détestais l’esprit de compétition. Je n’étais pas vraiment nul en sport, mais je montrais une mauvaise volonté évidente à obéir aux capitaines pour marquer ou défendre un but ou un panier contre d’autres joueurs que je n’arrivais pas à considérer comme des adversaires. Les « leaders nés » l’avaient vite compris et, au moment de composer des équipes, j’étais souvent choisi en dernier, après les grassouillets qui, bien que patauds, faisaient preuve d’une bien meilleure motivation que moi.
Mon meilleur ami, en classe de 6ème, montrait le même désintérêt que moi pour « l’esprit d’équipe », aussi les profs, désespérés de nous voir ainsi, nous faisaient jouer avec les filles, ce qui n’avait absolument rien de désagréable (une compagnie féminine était toujours plus plaisante, sans doute n’étions nous pas en retard sur tous les plans).
Le sport que je pratiquais alors était le judo, quand j’aimais beaucoup tant qu’il s’agissait de découvrir la philosophie japonaise qui l’accompagnait et d’apprendre les gestes permettant une meilleure maîtrise de son propre corps. Je me suis cependant mis à détester ce sport au moment où j’ai été obligé de faire des combats, et j’avoue que j’ai passé des samedis après-midis de cauchemar dans les dojos de la région pour participer à d’abrutissantes et frustrantes compétitions.
Depuis, rien n’a changé. J’ai toujours aussi peu de considération pour les sports qui mettent en avant la compétition ou d’autres valeurs que je ne partage pas. Mon sport favori est la plongée sous-marine : l’équipe s’appelle ici « une palanquée », et ce qui nous unit n’est pas un esprit agressif envers d’autres joueurs mais une confiance mutuelle nous permettant d’évoluer en sécurité dans un autre monde, l’eau et la féerie des fonds du grand bleu...


Jeudi, le 10 juin 2010
Tokyo : Jour 5
Lost in T[ranslation]okyo.
Il y a quelques années, lors de mon premier séjour au Japon, j’ai réussi à rentrer à mon hôtel après une heure de déambulation hésitante alors que je m’étais trompé de sortie à la station de métro, qu’il était très tard lorsque j’avais quitté mon collègue japonais et que je n’y voyais plus très clair car le repas au restaurant était fort arrosé. Néanmoins, je me trouvais non dans la capitale mais dans une grande ville de l’île de Kyushu aux dimensions beaucoup plus modestes, et mon hôtel était un grand bâtiment ultramoderne présent sur une des principales avenues.
À Tokyo, mon hôtel est situé au sein d’un dédale de petites rues, avec peu de points caractéristiques sur le chemin pour se repérer. Et en utilisant de façon erronée l’astuce mnémotechnique donnée par le collègue tokyoïte, j’ai confondu le nom de deux stations de métro et je me suis retrouvé à Shinjuku, le quartier des gratte-ciel situé à l’est, au lieu du paisible quartier de Ueno, beaucoup plus au nord. Après avoir repris le métro, je me suis retrouvé dans le bon quartier, mais je n’ai plus réussi à reconnaître les précieux indices permettant de me mettre sur la voie de mon hôtel, et comme je n’avais pas sur mon bout de plan les rues où ce dernier se situait, en essayant diverses rues au hasard, je ne faisais que m’éloigner de mon objectif. C’est ainsi que, un peu lâchement, j’ai arrêté un taxi et donné mon illisible bout de papier avec les informations écrites dans les seuls caractères japonais au chauffeur... et, après avoir fait demi-tour, j’ai pu rentrer chez moi en un quart d’heure.
Tokyo, ville aux multiples facettes, quartier de Ginza



Mercredi, le 9 juin 2010
Tokyo : Jour 4
J’ai un point commun avec les Japonais qui tient dans un mouchoir de poche.
Un élément déroutant, au Japon, est l’absence de serviette. Bien sûr, il y a des serviettes de table au restaurant, ces fameuses serviettes humides chaudes, mais lorsque l’on veut se laver les mains dans un lieu public, il n’y a ni serviette en papier ou en tissu, ni séchoir à main. Il se trouve que les Japonais ont toujours sur eux un mouchoir en tissu qui leur permet de s’essuyer.
C’est amusant, parce que j’ai l’habitude d’avoir dans les poches de mon pantalon des mouchoirs, l’un pour me moucher (car j’ai horreur des mouchoirs en papier), l’autre pour m’essuyer les mains au cas où je tomberais sur un séchoir ne marchant plus ou sur un bac à serviettes vide.
Je n’avais cependant pas imaginé que cette petite manie aurait une réelle utilité ici.
Un restaurant de « cuisine française » à Tokyo



Mardi, le 8 juin 2010
Tokyo : Jour 3
Je me sens un peu comme Carrie Bradshaw.
Oui, c’est ça, le personnage de Sex and the City joué par Sarah Jessica Parker, la série télévisée (que je n’ai jamais regardée d’ailleurs) (mais dont je suis allé voir la première adaptation du film) (enfin, ma copine de l’époque m’a poussé à aller voir ce film) (ouais, on accepte parfois n’importe quoi quand on est amoureux).
Comment en suis-je venu à me sentir comme l’hystérique new-yorkaise depuis que je suis à Tokyo ?
Réponse : les chaussures !
Je passe mon séjour au Pays du Soleil Levant dans un hôtel traditionnel. Par « traditionnel », il faut entendre un petit hôtel, avec salle de bain commune, un jardin ravissant avec un plan d’eau rempli de poissons, etc. Or, quand on entre dans l’hôtel, la première chose à faire est se déchausser pour mettre les chaussons d’intérieur. Mais attention, pas question d’entrer dans sa chambre avec ! Il faut être pieds nus ou en chaussettes. Et on quand on va aux toilettes, il faut porter les « sandales pour toilettes », et pour pouvoir faire un tour dans le petit jardin, là encore, il faut mettre les sandales appropriées... Bref, je change de pompes encore plus souvent que Carrie.
L’emplacement pour chaussures réservé à « Monsieur Fabrice »



Lundi, le 7 juin 2010
Tokyo : Jour 2
L’Orient est indéniablement très en avance sur l’Occident.
Déjà, ce matin, avant de partir travailler à Todai, j’ai pu échanger quelques mots en messagerie instantanée avec de la famille au Canada. Alors qu’au Japon nous débutions la semaine, c’était encore un soir de week-end en Amérique. C’est très curieux.
Puis, après une bonne journée de boulot, nous avons dîné dans un sushi-bar près du Dome et de l’Institut Kodokan. Je crois n’avoir jamais goûté à autant de variétés de poissons, crustacés et coquillages crus accompagnés de riz. Il y avait pas mal d’animation devant le Dome car les Giants disputaient un match de base-ball contre une autre équipe de l’archipel.
Et là, de retour à l’hôtel, je lis avec amusement le courrier électronique d’un collègue en France qui me demandait si je voulais déjeuner en sa compagnie. Comment ! Déjeuner ?...
Rien à voir avec le sushi-bar, mais les reproductions donnent une bonne idée de ce qu’il peut y avoir dans l’assiette



Dimanche, le 6 juin 2010
Tokyo : Jour 1
Mais où est passé mon week-end ?
Samedi, en début d’après-midi, je suis allé à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry. Une escale de quelques heures, un vol retardé pour cause de problème technique, une nuit de sommeil difficile dans l’avion, une arrivée à Narita en milieu d’après-midi, et encore une heure de Kensei pour rejoindre Tokyo. Et là : énorme surprise ! Pas du tout l’impression d’être dans une ville de fous, l’hôtel traditionnel a un charme extraordinaire, il s’agit d’un tout petit hôtel familial perdu à quelques pas de Todai...
La sensation décevante d’avoir perdu une journée complète a été aussitôt remplacée par le plaisir délicieux de vivre à l’heure orientale pendant le reste de mon séjour.
Vue nocturne sur le jardin depuis la cour de l’hôtel



Dimanche, le 16 mai 2010
Nuit des musées et Nuits sonores
Petite déception, hier soir, en arrivant au bout de la rue Boileau. Rien n’indiquait la présence de l’événement « la Nuit des musées dans l’attente de l’ouverture du musée des Confluences » pourtant annoncé sur le site web du Ministère de la culture.
Dommage. Alors cap au sud, je suis reparti à l’autre bout de Lyon, suivant le cours du fleuve pour arriver jusqu’à l’avenue Leclerc et essayer un musée dans lequel je n’avais jamais mis les pieds : le Musée d’Histoire militaire de Lyon. Au numéro indiqué se trouve la caserne. Après avoir passé la barrière, il y a plein de zones interdites, et il faut chercher les petites flèches indiquant où se trouve le musée. Là encore, rien ne semblait indiquer que le lieu était ouvert, mais il l’était pourtant, avec un peu de lumière à l’étage. Et dans une salle pleine de panneaux, de mannequins d’hommes en armes et de vitrines, ce fut une très intéressante plongée dans vingt siècles d’histoire, de la Gaule romaine aux guerres contemporaines : comment Lyon s’est fortifiée, comment elle a été rattachée au royaume de France dont elle fut pendant longtemps une ville frontière, quels événements douloureux s’y sont déroulés, en particulier au moment de la Révolution (allant même jusqu’à perdre son nom pour s’appeler « Ville-Affranchie »). Étonnant de voir des photos d’archives montrant que là où se trouve mon actuel bureau étaient fabriquées les armes qui équipaient l’armée française, ou qu’une caserne se tenait en lieu et place de la gare et du centre commercial de la Part-Dieu.
Sans m’en rendre compte, les heures avaient filé à une incroyable vitesse. Lorsque je suis enfin sorti du musée, la nuit était en train de tomber.
Près de la piscine du Rhône, une jeune femme, en me croisant, m’a demandé si je cherchais un billet. Non merci. La musique électronique des Nuits sonores montait dans l’air en diffusant une chaleur que ce printemps frisquet nous refuse encore. Le cri d’une vieille femme depuis son balcon — ça va durer encore longtemps ce bordel ? — me fit sourire. Pour profiter d’une aussi belle ville avec une si jolie vue sur le Rhône, on peut bien accepter de temps à autre quelques nuisances sonores...


Samedi, le 15 mai 2010
Mes nuits des musées
J’ai l’impression d’être assez casanier en ce moment. Aussi, quand un événement tel que la Nuit des Musées a lieu, cela me donne une occasion de sortie pour explorer des endroits insolites par nature, par l’heure à laquelle on peut s’y promener ou par les animations qui s’y déroulent.
J’apprends que c’est déjà la 6ème édition de la Nuit des Musées. Qu’ai-je fais aux précédentes ?
Il y a deux ans... j’étais à Saint-Étienne. Je me rappelle que la ville était déserte en raison de la pluie... et s’il y avait des courageux, soir de match oblige, ils se trouvaient au Chaudron pour encourager les Verts. Je me souviens qu’avec mon amie d’alors, nous avions bravé les éléments en jeunes amoureux fous pour voir le Musée d’Art et d’Industrie puis celui du Vieux Saint-Étienne.
L’an dernier, j’étais de retour à Lyon. L’oreille collée à mon téléphone, je longeais le Parc de la Tête d’Or pour rejoindre le Musée d’Art Contemporain. Et c’est en arrivant seul à la Cité Internationale, que j’ai appris par mon portable que la belle histoire qui se déroulait entre elle et moi venait de s’achever...


Jeudi, le 6 mai 2010
La sensation de l’artiste
Grosse journée de travail à Paris, hier.
Avec un TGV à 6h30, j’aurais eu néanmoins une dizaine de minutes de retard à ma réunion située de l’autre côté de la capitale, dans le 16e arrondissement. Puis, au dernier moment, l’heure de démarrage de la réunion a été retardée d’une heure, aussi ai-je eu le temps de faire une petite balade pédestre. RER A depuis la gare de Lyon, descente à la station Charles-de-Gaulle-Étoile. Arc de triomphe, Champs Élysées.... Amusant de jouer au touriste dans la ville qui fut celle où j’avais vécu un an, il y a plus de dix années de cela. Avenue Georges V. Boutiques de luxe, ambassades, grands hôtels. Puis la Seine, longée jusqu’à la Place du Trocadéro.
Et là, la sublime citation de Paul Valéry sur le Palais de Chaillot :
Tout homme crée sans le savoir
Comme il respire
Mais l’artiste se sent créer
Son acte engage tout son être
Sa peine bien-aimée le fortifie

Nul n’a aussi bien décrit ce sentiment que j’ai l’occasion de connaître quand j’ai l’impression que plus rien au monde n’existe d’autre que le texte que je suis en train d’écrire ou la matière que je suis en train de sculpter...


Samedi, le 1er mai 2010
Le prix de la fin du monde
J’ai un petit frère qui vit au Canada, dans la partie anglophone, et j’ai voulu lui envoyer un cadeau il y a quelques jours à l’occasion de son anniversaire. J’ai eu du bol car je m’y suis pris en avance et j’ai ainsi évité de pas grand chose de voir mon colis bloqué en raison de l’interruption du trafic aérien (le volcan en Islande, vous vous rappelez ?) Cependant, mon frère a eu la mauvaise surprise de découvrir qu’il devait aux livreurs une quinzaine de dollars de frais de taxe et de douane pour pouvoir récupérer son présent, alors que j’avais bien pris à mes frais tout ce qui concernait le transport.
Petite explication : je souhaitais offrir quelque chose représentant de la culture française. Tout d’abord, de la littérature. J’ai donc pensé à Big Fan, l’excellent roman de Fabrice Colin. Outre le fait que je connaisse un petit peu l’auteur, que j’avais recueilli son témoignage sur la co-écriture pour un article dans le tome 2 de la revue Fiction et que l’on m’ait pris pour lui à un rendez-vous parisien sur les littératures de l’imaginaire il y a une dizaine d’années (nous partageons le même prénom et la même année de naissance), Big Fan est vraiment un bel ovni littéraire, parlant de musique, et plus particulièrement du groupe Radiohead (en plus, mon petit frère reprend Creep et My Iron Lung avec son groupe de rock dans les bars de Toronto) et de la plongée dans la folie d’un fan ultime. La seconde partie de mon cadeau concernait un autre aspect de la culture de notre beau pays, à savoir la cuisine, et donc je lui ai fait parvenir un kit de cuisine moléculaire (le même que je me suis acheté et dont je me suis servi dans la préparation du plat dont je parle dans mon billet précédent).
De ce fait, un livre sous-titré « Radiohead, la fin du monde et moi » et un kit de cuisine ressemblant davantage à une boîte du petit chimiste avaient de quoi rendre les douaniers quelque peu méfiants...


Lundi, le 12 avril 2010
Quand la grève a du bon
Mardi dernier, je devais rentrer de mon long week-end de Pâques passé dans ma région natale auprès de ma famille. En train. Coup de chance, la grève SNCF ne devait démarrer que le soir. Cependant, j’avais une réunion de travail en région parisienne prévue le lendemain et, en raison des événements, celle-ci avait dû être reportée, mon TGV ayant été annulé.
Mon retour d’Alsace fut malgré tout pour le moins... épique.
Arrivé à Mulhouse, notre train resta bloqué un certain temps. Nous avions eu droit à un « retard pour une durée indéterminée » de fort mauvais augure qui devint « entre une et deux heures » et on nous distribua des paniers repas (mais la plupart des autres voyageurs étaient déjà allés s’acheter sandwichs et boissons). Au bout de deux heures, notre train parti à allure réduite, patienta encore un bon bout de temps à Belfort, circulation au ralenti sur une seule voie jusqu’à Montbéliard, puis le train changea de direction en passant par la Bourgogne avant de rejoindre Lyon. La raison de ce retard est expliquée ici : un train de marchandises transportant des voitures avait pris feu. La faute à pas de chance.
Arrivé à Lyon, j’étais heureux de ne pas avoir de correspondance (elles étaient assurées par la SNCF en taxi, ou un hébergement sur place était prévu), néanmoins ce train n’était pas passé par Lyon Part-Dieu avant le terminus à Lyon Perrache, et après 1 heure du matin (au lieu de 22 heures la veille), il n’y avait plus de transport pour rentrer dans le 6ème arrondissement (les taxis ayant été pris d’assaut par des petites vieilles). J’eus donc droit à une bonne balade de trois quarts d’heure à pied pour rentrer chez moi en traversant Lyon by night avec ma valise à roulettes. Pas désagréable finalement : l’air était doux, les rues piétonnes presque désertes (j’ai simplement croisé quelques noctambules avinés qui n’étaient pas bien méchants), et la cité est toujours aussi merveilleusement mis en valeur par les jeux de lumière.
En plongeant dans le sommeil, vers 3 heures, j’eus une dernière pensée pour la SNCF : je me réjouissais de cette grève qui avait provoqué le report de ma réunion francilienne, sans quoi j’aurais dû prendre un TGV avant 7 heures du matin, ce qui ne m’aurait guère laissé de temps pour dormir...


Jeudi, le 25 mars 2010
Nombre d’Erdös
En ce moment, je suis en phase de rédaction d’un article scientifique, d’où cette absence de nouvelles régulières sur ce blogue.
Je travaille notamment sur la fouille de réseaux sociaux, et en particulier sur les réseaux de publications scientifiques. Dans le domaine des publications réalisées avec d’autres chercheurs, il y a un concept intéressant : celui du « nombre d’Erdös ». Le principe est le suivant : le nombre d’Erdös du (prolifique !) mathématicien Paul Erdös est de zéro, il est de 1 pour quelqu’un qui a publié un article avec lui, de deux pour quelqu’un qui a publié avec un co-auteur d’Erdös (mais pas avec Erdös lui-même), etc., et quelqu’un n’ayant pas écrit et co-signé d’article scientifique avec quelqu’un ayant co-signé avec un co-auteur d’un co-auteur (et ainsi de suite) d’Erdös ayant par définition un nombre d’Erdös infini.
J’ai trouvé que, sous mon véritable patronyme, mon nombre d’Erdös n’est pour l’instant que de 5, ce qui n’est pas si mal pour quelqu’un qui n’est pas un mathématicien... Par contre, au hasard des requêtes sur un moteur de recherches, j’ai été assez surpris de découvrir que notre Président — qui pourtant n’a rien d’un scientifique — avait un nombre d’Erdös de 1 seulement ! Vérification faite, il ne s’agissait là que d’un amusant malentendu.


Lundi, le 15 février 2010
Des souvenirs qui démangent
L’autre jour, en mettant des chaussettes de sport (propres, hein), j’ai ressenti des démangeaisons bizarres au niveau des pieds.
Après avoir ôté ces chaussettes, je me suis rendu compte qu’elles étaient pleines de sable... alors qu’elles étaient pourtant passées à la machine à laver. Un sable propre, donc, mais qui était resté sournoisement planqué depuis mon séjour en Tunisie et ma peu glorieuse tentative de natation dans une mer démontée... mais bon, ami lecteur, comprends-moi, j’avais emporté combinaison de plongée et palmes, et je n’ai vu l’indication « baignade interdite » qu’en sortant de l’eau, très rapidement, et je n’avais pas pris le temps de me sécher ou de me débarrasser du sable avant de me rhabiller, d’où le pourquoi du comment.
Rien que d’y penser, j’en ai encore les orteils qui me grattent...


Samedi, le 6 février 2010
Trop rebelle dans sa tête
Depuis que je chausse des simili-Doc Martens, je n’arrête pas de siffloter l’air d’Anarchy In The UK des SP.
Il y a un rapport ?


Mardi, le 26 janvier 2010
Les voyages forment la jeunesse y disent...
« ...j’te dis pas dans quel état ça met les valises. » (Coluche, Les vacances, 1979).

À mon arrivée en Tunisie, la mer est dans tous ses états...
la mer... dans tous ses états

Et ma valise aussi :
ma valise... ou ce qu’il en reste

ma valise... ou ce qu’il en reste

ma valise... ou ce qu’il en reste

ma valise... ou ce qu’il en reste


Dimanche, le 10 janvier 2010
Lyon sous la neige
Boulevard des Belges, les jolies demeures jouxtant le Parc de la Tête d’Or ne sont plus seulement cachées par les arbres, la neige les protège un peu du regard.

À l’intérieur du parc, on ne croise pas que les indéfectibles joggeurs... il y a aussi des personnes en ski de fond.

Le lac est en partie gelé, les oiseaux se sont mis au loin.

La Porte des Enfants du Rhône.

Vue sur la Colline de la Croix-Rousse

Les murs tagués près de l’aire de skate contrastent agréablement avec les couleurs atténuées par la neige et le gris de ciel.

Rue de la République.

Place des Terreaux, la fontaine Bartholdi.

Musée des Beaux-Arts. Un des bronzes du jardin semble durement éprouver le poids de la neige.

La colline de Fourvière. La basilique Notre-Dame et la tour métallique.

Sur la colline, le Parc des Hauteurs. Là aussi, des skieurs...

Depuis la colline, zoom sur l’église Saint-Nizier.

Zoom sur la Place Bellecour.

Vue sur le nord de Lyon. L’opéra. Le parc de la Tête d’or.

Le lion ailé garde l’entrée de la basilique, impassible malgré la neige et le froid.

Vue globale sur Lyon. La cathédrale Saint-Jean. Les tours de la Part-Dieu et Oxygène. La place Bellecour.

Le théâtre gallo-romain.

La Primatiale Saint-Jean

La Place Bellecour.

Vue sur Fourvière depuis Bellecour.

Les quais du Rhône.

Quelques jours plus tôt, la Tour Part-Dieu.




Vendredi, le 8 janvier 2010
Quelques images qui réchauffent...
Alors que la France est aujourd’hui sous la neige, il y a un mois, je me trouvais à Miami...
la vue depuis ma chambre d’hôtel, le soir de mon arrivée

Le soir de mon arrivée, je découvre la vue depuis ma chambre d’hôtel : le soleil se couche sur les buildings dans des couleurs magnifiques...

la vue depuis ma chambre d’hôtel, la marina
De l’autre côté de la route, la marina... des villas de rêve où les bateaux ont remplacé les voitures.
la vue depuis ma chambre d’hôtel, la marina

Petite promenade matinale. Temps couvert mais l’air est doux. L’hôtel donne d’un côté sur la marina, de l’autre côté sur l’océan. Sous le regard des fameux baywatchs, je fais quelques mouvements de brasse dans une mer chaude et agitée.
baywatch

Mon hôtel a l’air tout petit à côté de ses voisins, les « diamants vert et bleu ». Ce n’est que de nuit que j’ai compris pourquoi ils s’appelaient ainsi.
Hôtels blue diamond et green diamond




Lundi, le 4 janvier 2010
Effet boule de neige
Réveil en douceur, c’est la rentrée.
Par ma fenêtre, je vois Lyon sous la neige.
Pour sortir, je me rends compte que je n’ai plus de chaussures adapté à ce type de temps. Oui, je comptais attendre les soldes pour ces achats, toujours repoussés. Les soldes, dans deux jours...
J’opte pour des espèces de baskets marron qui ont l’air de chaussures de ville, et un pantalon un peu trop long. Mauvaise idée : les quelques centaines de mètres qui me séparent de la gare ont suffi pour que j’arrive avec les pieds trempés et glacés. Je ne vais pas pouvoir passer une journée de boulot comme cela. Je rebrousse chemin. Je me change : une paire de jeans, des grosses chaussettes et des chaussures de ville. Allez, vite, vite ! Et un lacet se casse. Je cherche de quoi le remplacer. Par précaution, j’emporte une autre paire de chaussettes et un lacet de secours.
Enfin, je retourne à la gare. Sur le panneau, pas mal de retards sont annoncés, problèmes dus aux intempéries ou à des actes de malveillance. J’espérai prendre un train partant une demi-heure plus tard que celui que je devais prendre un peu plus tôt, mais il est supprimé. Bon, eh bien, je vais encore devoir attendre... une autre demi-heure.
Je suis en retard, tout va bien, c’est une nouvelle année...


Samedi, le 2 janvier 2010
Meilleurs voeux pour 2010 !
Amie lectrice, ami lecteur, reçois tous mes vœux en cette nouvelle année.
Pour moi, l’année 2009 s’est achevée de manière très atypique, avec Noël que je n’ai pas fêté en famille, et le 31 décembre que je n’ai pas fêté du tout, pas plus que mon anniversaire, d’ailleurs.
Cependant, l’an 2010 commence bien parce que, après des mois où, débordé de boulot, je n’ai pu me plonger dans la lecture de textes de fiction, je viens enfin de poster mon chèque de réabonnement à la revue Bifrost du Bélial’ et d’acquérir le dernier recueil de nouvelles d’un de mes maîtres, à savoir Océanique de Greg Egan. Et c’est un recueil bourré d’inédits : je salive déjà !
Sensation amère pourtant : l’endroit où j’ai acheté le bouquin de l’auteur australien est situé à quelques mètres d’un hypermarché où, il y a quelques jours, des vigiles voulant jouer les gros bras ont tué un malheureux marginal...


Mardi, le 22 décembre 2009
Impressions miamiennes
Voilà plus d’une dizaine de jours que je suis rentré de ce qui fut mon premier séjour sur le sol américain. Et encore, je me suis retrouvé à Miami Beach, qui est une île (mais Manhattan aussi, après tout). J’ai déjà eu l’occasion de faire des voyages aux Antilles, mais il faut croire que je suis comme Christophe Colomb : je rechigne à poser le pied sur le continent.
Les premières impressions ne sont pas très agréables, à l’arrivée aux États-Unis, avec les formalités de douane. Heureusement, je suis tombé sur un chauffeur de taxi fort sympathique qui m’a déposé à mon hôtel... mais j’ai eu la surprise de voir sur sa licence qu’il avait un prénom français : il était Haïtien.
Hôtel luxueux, vue sur la marina, et sur l’autre rive, des bateaux de plus ou moins grande importance jouxtent de superbes villas. Réveil très tôt, jet lag oblige, les surprises s’enchaînent : il faut prendre son temps pour comprendre le mécanisme de la douche, avec ses robinets inversés par rapport aux nôtres ; des surprises agréables comme la qualité du petit déjeuner de l’hôtel, et d’autres moins quand, avec les taxes, ce petit déjeuner vous coûte pas loin de 30 US$, ou 10 US$ par jour (taxe non comprise) pour l’utilisation d’Internet.
Promenade matinale dans Collins Avenue. J’ai l’impression d’être dans un ghetto pour riches... Il y a très peu de monde sur les trottoirs, par contre les voitures circulent. Souvent des voitures de sport, des grosses cylindrées, et notre équivalent du jeune qui met du rap, du raï ou du R’n’B à fond dans sa voiture : ici, il est hispanique et déverse des flots de rythmes caribéens. Je prends une rue perpendiculaire et me retrouve de l’autre côté de l’île, plages de sable fin, mer agitée, et même s’il ne fait pas très beau, j’en profite pour me baigner dans l’océan. L’eau est bonne, l’air est doux, ce n’est qu’à l’intérieur de l’hôtel que l’on se rend compte que l’on approche de l’hiver : les Américains mettent l’air conditionné au plus bas, nous avons l’impression de circuler dans un réfrigérateur.
Une semaine, voilà le temps que j’ai passé à Miami. Séjour pour des raisons professionnelles (ce genre de mission est l’un des rares avantages de mon métier). Sentiment d’une certaine frustration de n’avoir été que dans des lieux touristiques (mon hôtel, qui, avec ses dix-huit étages, semblait ridiculement petit comparé à ses voisins, Lincoln Road et ses restaurants italiens, japonais et français, le parc national des Everglades). Curieux décalage culturel, notamment au moment de partir, à l’aéroport, quand une dame m’avait félicité pour la beauté de mes dents : je lui ai répondu que c’était parce que, en France, nous avions des sécurités sociales et mutuelles qui remboursaient assez bien les frais dentaires, et qu’avec les réformes souhaitées par leur nouveau président, les Étatsuniens pouvaient espérer bénéficier des mêmes traitements.
Les États-Unis, pays de tous les paradoxes...


Lundi, le 23 novembre 2009
Mon univers se détruit... mais en musique
Sans faire de bruit, ce blogue vient de fêter son septième anniversaire.
Pas beaucoup de temps pour des mises à jour, mais bon, je vis ces derniers temps avec l’impression curieuse que tout est en train de se casser la figure.
Cela avait commencé par mes problèmes de téléphone, il y a quelques semaines. Un technicien était passé chez moi sans pouvoir arranger quoi que ce soit, mais j’ai retrouvé mon téléphone (et Internet) peu après, comme par magie.
Ensuite, ce fut au tour de mon fournisseur d’accès Internet... des problèmes à répétition.
Puis, un dimanche matin, j’ai cru que mon réfrigérateur m’avait lâché. Plus de lumière, et je n’entendais plus le moteur du frigo. J’ai fait des recherches sur Internet pour voir ce que cela allait me coûter de le remplacer. Quelques heures plus tard, il faisait toujours aussi froid dans mon réfrigérateur et dans mon congélateur : il fonctionnait encore, il n’y avait que la lampe à changer.
Et enfin, comme j’étais assez en retard dans mes travaux professionnels, je travaillais un soir sur mon ordinateur et j’ai décidé de dîner d’un potage à l’indienne, vite fait... Un geste maladroit, un temps de réaction un poil trop lent, et plouf le portable, game over. Bien entendu, mes dernières sauvegardes dataient d’assez longtemps, j’avais perdu des journées de travail ainsi que de nombreux courriers électroniques importants. Argh...
Le lendemain, après avoir compris que la machine ne redémarrerait plus jamais malgré une nuit au sec, je l’ai apportée auprès de réparateurs dans l’espoir de sauver le disque dur, et, après avoir regardé ce que je pouvais récupérer comme données sur mes autres ordinateurs, je m’en suis acheté un nouveau, un ultra-portable premier prix... qui, tout en étant bien plus performant, faisait presque la moitié du prix de l’ancien alors que je ne l’avais acheté que depuis un an et demi.
Quelques jours plus tard, je me suis changé les idées en allant à un concert avec le Capitaine, même si, contrairement à lui, j’ai clairement préféré Mahler et l’attaque de sa sixième symphonie à l’œuvre de Messiaen.
Mon amour de la musique classique m’a aussi poussé à voir le film le Concert quelques jours plus tard que j’ai trouvé très beau, très drôle et très touchant, et réalisé et interprété avec beaucoup de finesse.
Oui, mon monde s’écroule, mais en musique. Du coup, je pense que je vais aller voir le film catastrophe 2012 rien que pour la bande originale...


Mercredi, le 14 octobre 2009
L’adverbe de toutes les angoisses
Habitué aux transports en commun, et surtout ferroviaires, je me suis pris à maudire un mot de 12 lettres de notre belle langue : l’adverbe « initialement », synonyme pour moi d’une violente poussée d’adrénaline.
La montée de l’angoisse se présente ainsi :
  • Dong, dong, dong ! (la sonnerie) : mobilisation de l’attention
  • Par suite de [insérer ici une excuse liée aux intempéries, à des facteurs humains quelconques, à des problèmes matériels ou à une invasion d’araignées géantes venues de Neptune] : angoisse de l’inconnu vague (que se passe-t-il encore ?)
  • le train [insérer ici un numéro incroyablement compliqué] : l’angoisse de l’inconnu se précise (est-ce que cela va me concerner ?)
  • en provenance de [insérer ici la gare de départ] et à destination de [insérer ici la gare d’arrivée] : sentiment de persécution (argh, oui, c’est bien mon train !)
  • départ initialement prévu à [insérer ici l’heure de départ] (argh, oui, mon train ne partira pas à l’heure ! c’est désormais certain ! je suis damné !)
  • partira (ouf ! au moins il partira !) avec un retard de [insérer ici une durée suffisamment importante pour être bien en retard à son rendez-vous, et anticiper en s’imaginant une arrivée peu discrète à une réunion de travail hyper importante, tout en sueur à force de courir dans tous les sens pour limiter la casse spatio-temporelle du quotidien]
  • ...environ : l’acmé de l’angoisse avec le couperet du flou, le sentiment d’impuissance est à son point culminant (argh, si ça se trouve, cela risque d’être encore pire que ça !)
La SNCF, pour vous donner les jetons, c’est mieux que les Contes de la crypte...


Mercredi, le 7 octobre 2009
Impressions praguoises, suite (tardive)
Arrivé dans la capitale tchèque, je n’avais pas été d’emblée séduit par la ville. Pourtant, peu à peu, le charme de la cité m’avait gagné, avec ce je-ne-sais-quoi de familiarité et d’étrangeté mêlées.
Bien sûr, il y a des sculptures héritées du réalisme socialiste et des bâtiments imposants mais sans âme issus d’années de vécu communiste. Cependant, il y a aussi toutes ces églises et synagogues, toutes ces belles constructions aux façades de pierre de taille richement travaillées.
Prague me faisait penser à une multitude de lieux à la fois : les couleurs de certains immeubles m’évoquaient l’Allemagne ; les artistes du pont Charles, le Montmartre de Paris ; le style Art nouveau des cafés (Alfons Mucha était tchèque), un Paris de 1900 ; les jardins sur la muraille du château, les pentes de la Croix-Rousse, à Lyon.
Mais quand je me suis retrouvé là, en train de manger un bretzel en regardant l’horloge astronomique de la cathédrale, indéniablement, je me serais cru à Strasbourg, ma ville natale...


Lundi, le 14 septembre 2009
Premières impressions sur Prague et autres péripéties
Je suis arrivé hier dans la capitale de la République Tchèque.
Cherchant à suivre les indications qui m’avaient été fournies, je prends un bus à la sortie de l’aéroport mais j’arrive devant la gare ferroviaire alors que j’aurais dû me retrouver près d’une bouche de métro qui m’aurait permis, après une ou deux correspondances, de rejoindre mon hôtel. Mais j’ai été leurré par le terme « nàmêsti » qui signifie « place », et je ne suis pas du tout à la place souhaitée. Les bouches de métro devant cette gare sont condamnées (avec du fil de fer barbelé), il y a bien un arrêt de bus devant la gare mais je ne comprends pas où les lignes mènent, et j’ai la sensation d’être piégé car, sur la route à plusieurs voies, les voitures roulent à toute vitesse, et je ne trouve pas de passage pour piétons.
Finalement, je trouve un passage souterrain (sale et glauque) permettant d’éviter l’obstacle des voitures, et quand j’en sors, soudain, je me rends compte à quel point cette ville est belle ! Je me retrouve à côté de l’opéra où se joue... la Bohème.
Pour la petite histoire, si « bohémien » désigne les Tsiganes nomades, c’est qu’à la fin du Moyen-Âge, le roi de Bohême Sigismond Ier (du Saint-Empire) les aurait dotés d’un passeport de son pays afin qu’ils puissent plus aisément parcourir le vaste monde. Et puis, avant devenir le second « bo » des bobos, un bohème consistait en une personne, le plus souvent un artiste, vivant sans règles, en marge de la société, comme dans l’opéra de Puccini.
Avec ces nouveaux repères, l’opéra, le nom de la rue, et la position de gare, j’ai découvert que j’étais finalement tout près de mon hôtel (j’avais fait imprimer une carte de Prague, mais elle était très partielle). Il ne me restait plus qu’à me retrouver de l’autre côté de la voie ferrée, déposer mes valise et sac dans la chambre de mon hôtel et ainsi partir à la découverte de la ville...


Vendredi, le 11 septembre 2009
Le poids de la rentrée
Une semaine bien chargée va s’achever ce soir, une première semaine de travail « véritable ».
J’ai l’impression bizarre de n’avoir pas vu la saison estivale et les vacances passer. J’avais prévu de partir faire de la plongée sous-marine à Zanzibar mais, faute de participants assez nombreux, l’agence de voyage a dû annuler mon séjour, et je n’ai pas trouvé une solution de rechange qui pût autant me plaire que mon idée initiale. Mon été, c’était « Lyon plage », quelques sorties ponctuelles, mais pas de gros déplacement. Ce n’est que dimanche, pour une mission de boulot, que je dois partir à l’étranger.
Durant ces derniers jours, je rentrais chez moi, le soir, très fatigué. Aussi bien nerveusement que physiquement. Non, pas de grippe A. Je n’ai pas beaucoup dormi et je n’ai pas arrêté de courir. Une douleur s’est réveillée au niveau du dos et de l’épaule droite.
Pourquoi ?
Dans mon sac, trimballé quotidiennement, on peut trouver de gros livres scientifiques, un ordinateur portable, et quelques pochettes comprenant plein de documents. Je l’ai mis sur la balance. Ah ouais, quand même : « plus de 10 kg ! »


Jeudi, le 13 août 2009
Journée évianaise
Excursion bien agréable, hier, à Évian-les-Bains avec des amis.
Ravissante petite bourgade en bord du lac Léman, en face de Lausanne, la ville accueillait l’exposition Rodin et les Arts décoratifs dans le cadre de son Palais Lumière. Superbe exposition, grand moment d’émotion, et quelques souvenirs un peu nostalgiques aussi : j’ai toujours été un grand admirateur du travail de l’auguste Auguste et, durant mon année parisienne, j’allais souvent me ressourcer auprès du jardin de l’hôtel Biron.
Après avoir entendu mes amis discuter de leurs envies communes d’acquérir un téléphone mobile « intelligent », en contemplant la sculpture de créatures mythiques, une naïade enlevée par un satyre, j’ai pensé que fantasy et nouvelles technologies pouvaient enfin de se mêler avec succès : l’invention de l’i-faune.
Plus tard, autre source d’amusement en passant à côté d’une buvette au bord du lac. Nous avons entendu la serveuse s’esclaffer après avoir pris une commande : « Une Vittel-menthe ? À Évian ! »
Un comble, en effet...



Jeudi, le 16 juillet 2009
Petites satisfactions
Tout à l’heure, j’ai pu récupérer la montre que j’avais achetée il y a près d’un mois... Achetée, mais bousillée aussitôt parce que, en gros balourd, je n’avais pas compris comment fonctionnait le fin mécanisme de précision de l’horlogerie suisse.
L’ascenseur de mon immeuble a été réparé. Ouf. Cinq étages, c’est sympa de temps en temps, mais pas tous les jours.
J’ai aussi trouvé le chemin approprié pour rejoindre le parc de Miribel, avec son lac. Une jolie balade en roller. Par contre, bon à savoir : ne pas prendre la piste cyclable qui longe les quais du Rhône jusqu’au rond point de Croix-Luizet. Avec les travaux, et déviations qu’ils engendrent, la route goudronnée ne l’est plus sur une bonne partie, et même si elle reste aisément praticable pour les vélos, patiner en roller sur des gravillons, du sable ou de la terre battue, c’est plutôt moyen.
Enfin, demain, dernier jour de travail avant les vacances. Mais quelles vacances ? Rien de prévu. Ce n’est finalement pas si désagréable de laisser un peu de place au hasard...


Dimanche, le 28 juin 2009
Hors de la bulle
Durant cette semaine, afin de terminer un travail important, je me suis isolé du reste du monde. Je ne suis sorti de ma bulle qu’hier, en fin de matinée, après avoir passé une nuit blanche et m’être assuré que tout avait bien été fini dans les temps.
C’est là que j’ai appris, bien en retard, l’événement du moment : le décès de Michael Jackson. De la surprise et un peu de peine, mais pas tant que ça : cela faisait bien longtemps que je ne suivais plus spécialement l’actualité du roi de la pop. Ses frasques, ses multiples opérations chirurgicales et traitements, sa vie dans un monde artificiel à la Disney, entouré d’enfants, sa façon à lui de concevoir une bulle pour s’isoler de l’univers réel, n’était d’après moi qu’une recherche désespérée d’une façon de ne pas vieillir.
Elle est bien loin, l’époque de Thriller, où l’artiste avait marqué mon adolescence par ses musiques, ses clips et sa façon de danser.
Et moi... oui, j’ai vieilli, mais je l’accepte.


Samedi, le 20 juin 2009
Un peu plus chanceux que la moyenne
Il y a quelques jours, à la suite de l’agression d’un contrôleur, un mouvement de grève spontané s’est déclenché à la SNCF. Un train sur deux seulement sur la ligne, mais bon, celui je devais prendre roulait, et je suis arrivé à mon lieu de travail sans problème. Ce n’était pas le cas d’un collègue : sur sa ligne ferroviaire, aucun train ne circulait du tout et il n’a pu faire autrement que de prendre sa voiture.
Chez le dentiste, une visite de contrôle. Regard navré du spécialiste de mes dents : rien, tout est en ordre. Comme d’habitude. « Avec vous, il n’y a pas de surprise. C’est un peu ma pause de la journée. Mais bon, si tout le monde était comme vous, je serais au chômage technique... Alors, un p’tit détartrage et à l’année prochaine ! »
Et puis, plus tard dans la journée, un coup de fil de l’agence de voyage dans laquelle j’avais pris un séjour de plongée dans une île de l’océan Indien. Voix désolée du voyagiste : il n’y a pas assez d’inscrits, le voyage ne peut avoir lieu que s’il y a au moins un groupe de quatre personnes... Il est vrai que je m’étais offert des vacances plutôt onéreuses, mais j’avais vraiment besoin de changer d’air. Et, avec le contexte économique actuel, nombreux sont ceux qui ont réduit leur budget associé aux loisirs. Tant pis, je devrais trouver autre chose, mais cela m’a rappelé que je dois faire partie des quelques privilégiés à ne pas avoir été vraiment touché par la crise.


Lundi, le 8 juin 2009
Article supprimé
(...)


Dimanche, le 7 juin 2009
Les côtés positifs et négatifs de ce week-end
Pour les élections européennes d’aujourd’hui, je n’ai reçu, dans la boîte aux lettres, ni ma carte d’électeur ni les listes et professions de foi des candidats :
- j’ai horreur d’être privé d’un droit que nous avons obtenu à travers des luttes difficiles au cours de la Révolution ;
- mon avis sur la politique en général, la manière dont elle est appliquée, et la façon dont nous, citoyens, sommes impliqués dans son processus ne va pas aller en s’arrangeant ;
+ je n’ai pas à me casser la tête pour savoir qui voter.
Je suis passé hier après-midi dans les rayons livres d’une grande enseigne :
- foule interminable devant les caisses en raison des personnes qui achetaient en dernière minute un cadeau pour la fête des mères ;
- je n’ai pas trouvé tous les bouquins que je recherchais ;
+ mais j’en ai trouvé d’autres tout aussi intéressants.
Je vais encore passer un week-end seul à Lyon :
- c’est dur d’être à nouveau célibataire quand on avait pris l’habitude de fonctionner en couple ;
- il risque de faire un temps à préférer rester chez soi ;
+ je vais avoir le temps d’avancer mes travaux de recherche, avec peut-être une conférence à la clé à Prague ou Miami.


Samedi, le 30 mai 2009
Article supprimé
(...)


Mardi, le 19 mai 2009
Tiens, un zeugma !
En répondant hier au courrier électronique d’un copain de mon laboratoire qui me proposait de le rejoindre, avec d’autres collègues, pour une balade en roller, je me suis aperçu que j’avais rédigé un zeugma.
Le zeugma se définit comme étant une figure de style qui « force un terme à s’accorder avec plusieurs déterminants alors que sur le plan sémantique un seul peut normalement convenir ». Plus simplement, il s’agit d’un verbe suivi de deux compléments, l’un gérant une idée abstraite, le second une idée concrète. Par exemple :
« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours »
de Guillaume Apollinaire dans son recueil de poèmes Alcools.
Certes, ce que j’ai écrit était moins poétique, mais était arrivé de façon inopinée.
Tout d’abord, j’avais répondu à mon collègue par l’affirmative : il devrait faire beau, et après quatre heures de cours donnés à des étudiants de Master, un peu de sport du temps de midi m’aurait fait du bien. Mais en préparant mon cartable, mon enthousiasme a fait place à la franche réalité. J’avais oublié qu’en fin d’après-midi j’allais me rendre à l’atelier d’arts plastiques. Avec une matinée prise par les enseignements, il ne me restait plus beaucoup de temps pour me consacrer à mes activités de recherche et d’administration. De plus, je devais transporter, outre mon ordinateur portable et mes notes de cours, mon matériel d’arts plastiques et ne pouvais pas en plus m’encombrer d’un sac de sport avec mes rollers.
C’est ainsi que j’ai fini par décliner l’invitation à la balade en roller, indiquant que ma journée allait déjà être bien chargée... et que moi aussi.


Vendredi, le 8 mai 2009
Pas si méchant
Dure journée que celle d’hier.
Tout d’abord, il me restait à évaluer des dossiers de jeunes candidats. Ah là là, non ! Par rapport à d’autres dossiers de candidature vus les jours plus tôt, ils n’étaient vraiment pas bons du tout : pas de publications scientifiques de grande valeur, ou des travaux de recherche situés dans des thèmes trop éloignés de ceux souhaités par le laboratoire d’accueil et qui amenaient à penser que ces jeunes docteurs auraient de grosses difficultés d’intégration pour le poste convoité. Dommage pour eux.
Après avoir traité ces derniers dossiers, j’ai eu à évaluer un article proposé à une revue scientifique internationale qui m’a choisi pour faire partie de son comité de rédaction. Ouille ouille ouille, une catastrophe, cet article ! Tout avait l’air brouillon, de la présentation au style, pas de respect de la typographie, plein de fautes et, surtout, cette proposition d’article n’avait aucune pertinence scientifique. Je ne suis pas parvenu à trouver quelque chose à sauver dans ce fouillis. Too bad again.
Je suis ressorti un peu amer du laboratoire. Faire avancer la science, c’est aussi séparer le bon grain de l’ivraie.
Pas grand monde dans le tramway. J’ai trouvé une place libre, isolée, idéale pour poursuivre ma lecture des critiques de livres dans le dernier Bifrost. Un peu plus tard, le tram s’est retrouvé plein. J’ai cédé ma place à une vieille dame. Ouais, j’ai fini ma journée par une bonne action. Je ne suis pas si méchant, hein ?


Dimanche, le 26 avril 2009
Lyon, samedi après-midi
t0 : Je ferme la porte de mon appartement.
t0+ 2 minutes : Je suis arrivé en bas de l’immeuble après avoir dévalé les marches des 5 étages.
t0+ 5 minutes : Je manque de me fouler la cheville à cause d’un renflement dans le trottoir que je n’avais pas vu.
t0+ 7 minutes : Sur la route, une voiture klaxonne. C’est une grosse décapotable. À son bord, des jeunes portent un drapeau algérien.
t0+ 15 minutes : J’arrive au Pont Lafayette.
t0+ 17 minutes : J’entre dans la Presqu’Île, je plonge dans la foule et m’y noie avec bonheur. Le rythme de mon pas diminue notablement pour prendre celui du flot grouillant des humains.
t0+ 18 minutes : Je marche sur le pavé rouge figurant le lieu où a été tué le Président Carnot. Curieux : avant de partir, j’avais visionné JFK d’Oliver Stone. Mais bon, Lyon n’est pas Dallas.
t0+ 19 minutes : Plusieurs personnes font la queue pour avoir une glace. Sensations estivales.
t0+ 22 minutes : Devant l’Opéra, une manifestation pro-Tibet.
t0+ 23 minutes : Place des Terreaux. Des touristes prennent l’Hôtel de Ville, le musée, la place et la fontaine en photo. C’est vrai que Lyon est une belle cité.
t0+ 28 minutes : J’entre dans Temps-Livres et recherche l’ami Marcus Leicht. Pas de chance, il n’est pas là. Je sors de la librairie aux airs de Caverne d’Ali Baba pour fan de bouquins d’occasion.
t0+ 32 minutes : Je passe devant l’église Saint-Nizier, ma favorite.
t0+ 34 minutes : Je prends un pont pour traverser la Saône.
t0+ 36 minutes : Je dépasse une femme habillée dans un curieux costume folklorique. Je m’interroge.
t0+ 39 minutes : Vieux Lyon. Place du Change. Tout un ensemble d’animations médiévales, avec habits, jeux et musiques d’époque. L’énigme de la femme en costume n’a duré que 3 minutes.
t0+ 40 minutes : Dans la rue Saint-Jean, je croise un bourreau. Rien ne m’étonne.
t0+ 41 minutes : Je m’engage dans une petite rue pour fuir l’amas de touristes. J’arrive devant la mairie où s’est marié le plus jeune de mes frères. Heureux souvenirs.
t0+ 42 minutes : Je quitte la rue du Bœuf et prends la montée de la colline de Fourvière.
t0+ 46 minutes : Je dépasse l’auberge de jeunesse. Tout un ensemble de... jeunes – justement – s’y rendent en traînant des valises sur roulettes.
t0+ 50 minutes : Je passe à côté des théâtres gallo-romains. Plus de 2000 ans d’histoire.
t0+ 56 minutes : J’arrive à côté de la Basilique Notre-Dame. Vision panoramique. La Tour Part-Dieu domine encore la ville, mais sa petite sœur, la Tour Oxygène émerge bien parmi les autres immeubles. En 2013, un autre projet immobilier devrait dépasser le « Crayon ». Peut-être la fin d’un symbole.


Mercredi, le 22 avril 2009
Article suppimé
(...)


Jeudi, le 9 avril 2009
Quelques petits mots
Sur une aire d’autoroute, des gamins descendent d’un car et s’en vont faire leur pause pipi. Du côté masculin, on entend une môme dire à la cantonade à ses amies : « Non, pas là, c’est les toilettes des Turcs ! »
Au téléphone, un copain m’appelle pour que je lui donne des conseils dans l’emploi de son traitement de texte. J’essaie de le guider dans ses manipulations mais j’ai du mal à lui apporter l’aide désirée (l’ami en question est vraiment très peu à l’aise avec les ordinateurs et ce n’est pas toujours facile de donner des instructions par téléphone). Comme nous avons prévu de nous voir ce dimanche, je lui propose de lui faire tout exprès un petit cours pascal. « Quoi ?! Un cours de Pascal ? Mais je n’ai pas le niveau ! » Je précise : non pas un cours de Pascal, ce langage informatique, car je n’ai pas pour objectif de l’initier aux délices des langages de programmation, mais un petit cours à l’occasion de Pâques, et donc « pascal ».


Lundi, le 23 mars 2009
Article supprimé
(...)


Dimanche, le 8 mars 2009
Article supprimé
(...)


Vendredi, le 6 mars 2009
Il y a des jours comme ça...
En ce moment, je n’ai pas la grande forme. Bien que je me couche assez tôt (en tout cas, avant 23 heures), j’ai du mal à me réveiller avant 7 heures du matin, alors que d’ordinaire je suis une véritable pile électrique, et ceci dès 6 heures – voire 5 heures – du matin.
Peut-être suis-je un peu malade. En plus de la fatigue, je ressens une petite douleur à la gorge qui disparaît à grands coups d’infusions au miel.
Hier, en tout début d’après-midi, j’ai assisté à un séminaire d’un enseignant-chercheur nouvellement arrivé dans notre laboratoire. Ses thématiques de recherche étant très éloignées des miennes, j’ai eu bien du mal à me concentrer sur son exposé... Au bout d’une heure, non seulement j’avais eu l’impression d’avoir perdu mon temps, n’ayant rien retiré de la présentation, luttant de toutes mes forces pour ne pas m’endormir, mais en plus le vilain torticolis que j’avais attrapé samedi dernier en bricolant s’est rappelé à mon bon souvenir.
Pas glop, pas glop...


Vendredi, le 27 février 2009
Article supprimé
(...)


Jeudi, le 26 février 2009
Élégie
Inducteur : histoire du jour selon un genre imposé

Écrire la journée réelle ou fictive vécue hier à la manière d’une élégie (c’est-à-dire un poème lyrique exprimant une plainte douloureuse, des sentiments mélancoliques).

Temps de rédaction : 15 minutes

Travail dans une ambiance de vilaine froideur,
J’ai l’impression amère qu’on se fout des chercheurs.
Ce merveilleux métier qu’est le mien dépérit :
C’est la faute à Nicolas, Xavier, Valérie.

Merci à la MicæV !


Mardi, le 10 février 2009
La valse des techniciens du téléphone (et de mes humeurs)
On dirait une comptine.
Le premier technicien s’est retrouvé coincé devant la porte de mon immeuble parce qu’il ne m’avait pas prévenu qu’il viendrait. Absurde.
Une deuxième équipe (deux autres techniciens) a trifouillé un peu partout chez moi avant de plier bagage, tout penaud : ces messieurs ne pouvaient pas entrer dans la cour intérieure de l’immeuble où se trouvait un « PC » où ils devaient changer une « paire ». Navrant.
Un quatrième technicien est venu chez moi et a bricolé quelques prises et le fameux « PC », me redonnant de la téléphonie fixe et de l’accès Internet... pendant quelques heures seulement. Déçu.
Un cinquième technicien est arrivé dès le lendemain et m’a fait comprendre qu’il y avait un problème nécessitant une intervention avec une « nacelle » pour me brancher sur un autre « PC », l’ancien étant saturé. Incompréhensif.
Une nouvelle équipe de deux techniciens (un de la deuxième équipe et encore un autre) est arrivée en considérant comme insensé le diagnostic de leur précédent collègue (en fait, ce dernier ne voyait comme solution que de gros travaux dans mon appartement !) et n’a passé que quelques coups de fils à France Telecom (ce sont des sous-traitants), avec la même attente frustrante qu’un abonné lambda. Les techniciens sont repartis en m’indiquant qu’il était possible que mes problèmes ne soient pas résolus avant... deux semaines. Ubuesque.
Après le week-end, et cela sans avoir été prévenu, je découvre que j’ai retrouvé ma ligne téléphonique et mon accès Internet. Ouf. Je reçois un peu plus tard un SMS qui m’indique qu’une intervention va avoir lieu avant le lendemain. J’ignore ce message qui n’est plus d’actualité. Lassé.
Ce matin, très tôt, un coup de téléphone sur ma ligne fixe : le technicien (encore un autre, d’une autre société) qui devait régler mon problème, voulait tester ma ligne et prendre rendez-vous. Il n’avait bien entendu pas été averti qu’une équipe fantôme avait déjà tout réglé, mais sachant comment cela se passait, et les problèmes de communication en interne et avec France Telecom (ce qui est un comble pour des professionnels du domaine, mais bon, les cordonniers...), m’a confié les misères que ce font les différents services du grosse entreprise ou l’impossibilité d’agir, si ce n’est l’incompétence, de certaines entreprises de sous-traitants, tout ça en raison d’une course aux profits. Complice.
SMS à l’instant : « Telecom – Orange vous informe que votre service signalé en dérangement a été rétabli. Merci de votre confiance. » Ouais, de rien, bande d’imbéciles. Ulcéré.
En résumé, plusieurs semaines où je m’étais trouvé coupé du monde (ou presque, si je n’avais pas eu de téléphone portable), des longs moments au téléphone pour essayer d’obtenir des rendez-vous, une valse de techniciens ne sachant communiquer dans leur jargon et donnant des informations contradictoires, et un problème résolu sans savoir par qui ni comment. Joie !


Mardi, le 20 janvier 2009
Telle est (la) vision (du monde)
Depuis hier, dans mon appartement, je n’ai plus accès à Internet. Plus de WiFi, plus d’accès même avec un câble Ethernet. Et plus de téléphone illimité. Et plus de téléphone fixe non plus.
Je suppose que cela est dû aux travaux de raccordement de mon immeuble à la fibre optique, pourtant ces travaux n’auraient dû commencer que dans trois jours.
À quoi cette fibre optique pourrait bien me servir ? J’ai déjà une connexion ADSL qui est tout à fait satisfaite. C’est sans doute pour ceux qui souhaitent recevoir la télévision de cette manière, même si je pense qu’il y a déjà le câble et la TNT là où j’habite. Qu’importe, je n’ai pas de télévision et n’en veux pas, mais rendez-moi ma ligne téléphonique et Internet !
Enfin, cette absence de télé me rappelle une anecdote...
Il y a quelques années, je vivais encore à Saint-Étienne, et mes coordonnées se trouvaient dans les pages blanches. J’étais assez fréquemment sollicité pour participer à des sondages, et les démarcheurs ne manquaient pas pour m’appeler en soirée afin d’essayer de me pousser à la consommation.
Un jour, j’étais tombé sur un vendeur particulièrement tenace qui comptait me vanter les mérites de la télévision par câble et cherchait à me faire prendre un abonnement. Après l’avoir laissé (car je n’avais pas pu en placer une) m’exposer par le menu détail l’avantage qu’il y avait à disposer de toutes ces chaînes, je lui ai dit (ou sans doute redit) que je n’avais pas de poste de télévision.
Cela a dû l’étonner, il s’imaginait que je devais être un extraterrestre, et j’ai senti comme un ton méprisant dans sa voix lorsqu’il a repris mes mots : « Comment ? Vous n’avez pas la télévision ?! »
Foncièrement agacé, je lui ai alors répondu : « Non, je n’ai pas de télévision. Je vais au cinéma, à l’opéra, aux musées, j’assiste à des expositions... La télévision, c’est un loisir de pauvres... »
Je ne pensais rien de ma dernière réplique, mais elle a eu le don de clouer le bec à l’importun.


Vendredi, le 9 janvier 2009
L comme « livre »
Je suis quelqu’un d’organisé. Si, si. Tous mes livres – qu’ils soient des romans, des recueils de nouvelles, des numéros de revues ou autres – sont recensés dans un fichier. Outre les informations classiques que sont les noms et prénoms des auteurs, les titres, les éditeurs et années de parution, j’ajoute dans ma base des éléments présentant quelque utilité, comme s’il s’agit d’un texte dédicacé, et surtout si ce livre a été prêté, et si oui, à qui et quand. De la sorte, je ne perds plus mes livres... tout en les prêtant à mes amis avec plaisir, assuré de les retrouver.
Hier soir, j’ajoutais mes trois derniers achats livresques à la liste, et j’étais resté bloqué sur la lettre « L » : la Vie en sourdine de l’excellent David Lodge (Rivages, 2008), et deux petits opus, des recueils dédicacés écrits par des amis, à savoir le Passe Rêve de Markus Leicht (Le Songe des Murènes, 2008) et Espaces insécables de Sylvie Lainé (Les 3 souhaits, 2008).
Espérons que je puisse un jour ajouter une ligne à la lettre suivante... j’aimerais bien qu’un éditeur soit intéressé par mon propre roman.


Jeudi, le 8 janvier 2009
Article supprimé
(...)


Vendredi, le 19 décembre 2008
Article supprimé
(...)


Mardi, le 18 novembre 2008
Article supprimé
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Mardi, le 4 novembre 2008
Article supprimé
(...)


Lundi, le 22 septembre 2008
Et ce n’est que le lundi...
Ce matin, je suis arrivé un peu trop juste sur le quai de la gare : le train avait déjà verrouillé ses portes et est parti sans moi. J’ai ainsi été obligé de ravaler ma rage et de prendre le train suivant, une demi-heure plus tard, et, au lieu d’arriver à l’Université avec 25 minutes d’avance, je suis arrivé – la logique est implacable ! – dans ma salle de cours avec 5 minutes de retard. Ceci dit, les étudiants n’y ont vu que du feu...
Toujours ce matin, au bout de mes deux premières heures de cours, j’ai terminé ma séance par un joli lapsus. Au lieu de dire « Nous verrons ceci après la pause », j’ai dit : « (...) après la pub », ce qui a bien fait rire mes étudiants.
Et pourtant, je n’ai pas de télévision.
Et pourtant, ce n’est que le lundi...


Jeudi, le 11 septembre 2008
Plus blanc que blanc
À la suite de mon déménagement à Lyon, j’ai décidé de refaire mes papiers d’identité, en tout cas ma carte nationale, histoire d’indiquer ma nouvelle adresse sur un document officiel.
Après m’être rendu à la Mairie du 6è un samedi matin, et m’être gentiment fait balader (il ne faut pas croire aux informations présentes sur le site web officiel), je suis revenu un jour de semaine, avec tous les documents demandés (photocopies de ceci et cela, originaux de ça) et mes photographies prises dans un appareil agréé (j’avais vérifié).
Oui mais voilà.
À la mairie, la dame du guichet a pris mes photos d’identité – ces foutues images en gros format où il n’est plus possible de sourire –, a jeté un œil desssus pendant une fraction de seconde, et me les a rendu avec cette sentence laconique : « Ça ne va pas aller, vous êtes trop clair. »
Là, j’avoue n’avoir rien compris. J’ai demandé des précisions à la dame, et celle-ci m’a dit que les photographies ne convenaient pas, que j’étais trop clair, qu’il n’y avait pas assez de contraste, et qu’après un passage en format noir et blanc, on n’allait plus rien voir.
OK, je ne suis pas allé en vacances cet été, et de ce fait je n’ai pas le teint bronzé. D’accord, j’ai les cheveux blonds plutôt clairs. Certes, mes yeux sont bleus, ou bleu-gris. Enfin, je le conviens, je portais une chemise blanche. Mais me dire que j’étais trop clair, c’est un peu fort ! J’imagine que si on m’avait dit que j’étais trop foncé, j’aurais pu prendre les propos de la miss comme étant racistes...


Mercredi, le 27 août 2008
Compte rendu de l’OliCon, la convention SFF 2008
La 35e convention nationale de science-fiction s’est déroulée la semaine dernière à Nyons, charmante bourgade de la Drôme provençale, pays de l’olive (ce qui lui a valu d’être rebaptisée l’OliCon). Et j’y étais. :-)
Les conventions constituent l’occasion privilégiée d’assister à des conférences, de participer à des tables rondes et à des débats, de rencontrer des auteurs avec lesquels on peut discuter librement (et non juste une seule minute, le temps d’une dédicace, comme cela peut arriver dans un salon du livre et qui est vraiment très frustrant), d’assister à des expositions (cette année, ce fut les photographies de Sylvain Renault, les illustrations de Jeam Tag, les mobiles et autres machins inclassables de Tim Rey, et les surprenantes créations de Didier Cottier), de trouver des livres intéressants, neufs ou d’occasion, de découvrir des nouvelles productions – qu’elles soient issues de professionnels ou du fanzinat – du paysage littéraire SF... mais aussi et surtout de retrouver des copains avec qui partager un bon moment.

jour J - 1
En voiture : ma compagne au volant, Sylvie Lainé et le chien à l’arrière, moi en co-pilote (mais moins fort que le GPS). Sommes arrivés à Nyons après 22h30. Tout le monde était très fatigué. Petit couac : nous ne pensions pas être attendus, mais la mère d’Ugo Bellagamba avait préparé un repas. Du coup, nous étions en retard. Oups. Dîner ensommeillé en présence de Marie-Claude « la-Mama » Bellagamba, d’Ugo, de Didier « le-sculpteur-qui-met-en-forme-ses-visions-cauchemardesques » Cottier et de son amie Nicole.

premier jour
Voilà à quoi ressemble Nyons :
Nyons, depuis les hauteurs
Le jeudi, c’est jour de marché (avec le dimanche). Beaucoup de monde à Nyons. Trois quart d’heure d’attente au(x) restaurant(s), mais le plat de spaghetti al pesto genovese se trouvait être l’incarnation parfaite du bonheur gastronomique faite pâtes. Je ne suis arrivé à la Maison de Pays, où se tient la convention, qu’au cours de l’après-midi, pendant l’intervention (pré-enregistrée) de Laurent Queyssi intitulée « Regard français sur les séries TV des années 2000 ».
Présent juste à temps pour animer la rencontre-débat avec Sylvie Lainé sur le thème : « Une œuvre éperluette, entre Science et Science-Fiction ». Stupéfait de la manière dont il est possible de donner des réponses intelligentes (bravo Sylvie) à des questions stupides (les miennes). Découverte (un peu dans la douleur) que l’animation d’une rencontre n’est pas un exercice facile.
Ensuite, conférence instructive de Jean-Claude Dunyach sur « La publication des auteurs français à l’étranger : trucs et astuces ». En résumé, même si c’est possible et très gratifiant (parce que cela permet éventuellement d’être lu par des auteurs étrangers que l’on apprécie), c’est le contraire de la loterie : c’est difficile, ça coûte cher (en énergie, en réseautage et en prix de traduction) et ça ne rapporte pas bien gros.

deuxième jour
Conférence de Clément Pieyre, conservateur à la BNF, sur : « Les archives du futur, ou comment la Science-Fiction entre à la Bibliothèque Nationale de France ».
Clément Pieyre, conservateur à la BNF
Inauguration officielle de l’OliCon et des Journées Barjavel en présence des représentants de la municipalité (le maire s’est fait désirer, mais il y avait Nathalie Fert-Rifaï, l’adjointe chargée de la culture), le sous-préfet ainsi que Pierre Creveuil, président de l’association des Amis de René Barjavel et collaborateur du barjaweb, le site Internet de référence sur Barjavel.
Ugo Bellagamba, le chef d’orchestre de l’OliCon, et, au micro, Pierre Creveuil, membre essentiel des Journées Barjavel
Quand est venu le temps de l’apéritif (avec les inévitables olives), je me suis sauvé dans le centre-ville pour retrouver ma belle.
L’après-midi, Joseph Altairac a donné une conférence sur Van Vogt dont j’ai oublié le titre (il avait changé par rapport à celui du programme).
Une table-ronde, animée par Jean-Claude Dunyach, a suivi : « Regards croisés sur le futur lointain ». Y participaient : Ugo Bellagamba, Fabrice Méreste (ah oui, tiens, j’y étais !), Catherine Dufour, Sylvie Lainé et Michel Jeury. Jean-Claude nous a lancé sur le thème de la Singularité. Catherine prenait tranquillement des notes pendant que parlaient Sylvie, Ugo et Michel, puis est intervenue soudain avec une pluie d’idées brillantes. Quant à moi, je n’ai dû raconter qu’un truc ou deux car le futur lointain, ce n’est pas trop ma tasse de thé, je suis plutôt du genre à m’intéresser au futur proche (m’enfin, je ne suis même pas capable de savoir comment je vais m’habiller le lendemain).
Après, les (très) attendus jeux de l’OliCon, avec le « champion de la SF », animés par Raymond Milési. Questions érudites, mauvais jeux de mots, pouêt-pouêt, tout va trop vite pour que j’aie la moindre chance de sortir une bonne réponse... Bravo à Timothée Rey, aussi à l’aise dans le verbe que dans la mise en espace d’objets étranges (il exposait des sculptures étonnantes durant la convention).
Retard sur le timing : le « Barjaquizz » que j’étais censé animer est reporté au dimanche. Bon, dommage. Mais pas grave.
Rencontre-débat avec Jean-Pierre Andrevon animée par Ugo Bellagamba. L’auteur-phare de la SFF de la fin des années 1960 au début des années 1990, et considéré par René Barjavel comme son fils spirituel, est toujours un artiste très actif, il vient de sortir un album de chansons et termine un nouveau roman...
Jean-Pierre Andrevon et Ugo Bellagamba
Jean-Pierre Andrevon
Retour au centre-ville, à la Médiathèque, pour voir l’exposition de Didier Cottier, le « sculpteur de l’imaginaire ».
les créations de Didier Cottier
les créations de Didier Cottier
les créations de Didier Cottier
Didier Cottier discutant avec une jeune femme qui lui confie qu’elle a été remuée par la découverte de son travail
Que dire du travail de Didier ? Personnellement, j’adore ! On aime ou on n’aime pas, mais ses aliens, ses compositions à la fois organique, minérale, végétale et électronique ne laissent pas indifférent.
Soirée théâtrale sur le thème « Préhistoire et Science-Fiction ». Conférence sur Francis Carsac par Frédéric Boyer et spectacle de paléo-fiction « Mémoires d’Hommes » avec la charmante Vanessa Bellagamba, la sœur d’Ugo. En plein air. Fallait prendre une p’tite laine. ;-)
Retour à la Maison de Pays. Jean-Pierre Andrevon a poussé la chansonnette accompagné de sa guitare (euh, honte à moi, j’ai manqué cette soirée, mais l’adorable Joëlle Wintrebert, rencontrée dans le restaurant de l’hôtel le lendemain, m’a tout raconté au moment du petit déjeuner).

troisième jour
Promenade matinale au lieu d’assister à l’assemblée générale de l’association Infini (ce n’est pas la mort, je ne suis pas membre de l’association).
Rencontre-débat avec Catherine Dufour sur le thème « Des goûts et des Dieux, discutons-en ! », animée par Jean-Jacques Régnier.
Après-midi : table-ronde sur « La publication électronique, quel avenir pour la science-fiction française ? »
La publication électronique, quel avenir pour la science-fiction française ?
Participants (de gauche à droite sur la photographie ci-dessus) : Sylvie Lainé, Florence et Selene (les Lyonnes de la SF), Jean-Luc Blary (des éditions Eons) et Clément Pieyre. Animateur : Ugo Bellagamba. Les sujets abordés étaient aussi divers qu’intéressants : quel prix payer pour un support électronique, l’importance du travail éditorial absent dans le cas d’une auto-publication sur Internet, la lecture des textes sur e-book, etc.
Vote pour la convention SF de 2010...
Gilles Goullet, Frédéric de la librairie Omerveilles et Raymond Milési
Résultat : la convention SF se déroulera en 2010 à Grenoble, organisée par la Librairie Omerveilles et une petite équipe en train de se constituer (avec déjà Gilles Goullet, traducteur).
Informations sur la convention SF de 2009 qui se déroulera à Bellaing (dans le Nord de la France).
Pour la suite des événements, la convention SF a retrouvé le centre-ville où Michel Jeury, après une rencontre-débat sur le thème « Des étoiles au certif en passant par le terroir... » a signé son recueil La Vallée du temps profond, paru aux Moutons électriques en 2008.
Alors que tout le monde quittait le salon de thé (par ailleurs tenu par Dany Jeury, la fille de Michel) où s’étaient déroulées les signatures, mon amie et moi avons investi les lieux, rejoint peu après par Markus Leicht. Pendant ce temps, à quelques pas de là, se déroulait la remise officielle des prix littéraires :
  • Prix Rosny-Aîné, catégorie romans : Élise FONTENAILLE, avec Unica (Stock)
  • Prix Rosny-Aîné, catégorie nouvelles : Jean-Claude DUNYACH, avec « Repli sur soie » (in Bifrost, Numéro 47, Le Bélial’)
  • Prix Merlin, catégorie romans : Élodie TIREL, avec Les Héritiers du Styrix, (éditions Milan/Grands romans)
  • Prix Merlin, catégorie nouvelles : Virginia SCHILLI, avec « Dernier soupir » (in Solstice, Volume 1 : Facettes d’Imaginaire, éditions Mille saisons)
  • prix Cyrano : Michel JEURY, pour l’ensemble de son œuvre
  • Pépin d’or : Timothée REY, avec « Développement du râble »
En soirée, retour à la Maison de Pays pour le dîner de gala (mon amie et moi nous trouvions à la table où étaient présents Sylvie Lainé, Jean-Claude Dunyach, Anne Lanièce et Gilles Massardier). Remise du prix Versins (du plus mauvais jeu de mots fait durant la convention) par Jérôme « Globulle » Lamarque à Bruno Para. Vente aux enchères animée par Georges Pierru. Crevés, avec ma compagne, nous allons nous coucher dès le dessert avalé.

quatrième et dernier jour
Le dimanche, ainsi qu’une partie de l’après-midi du samedi (avec la rencontre-débat avec Michel Jeury), le programme de la convention de science-fiction était commun avec les Journées Barjavel.
Fabrice Méreste relisant ses notes, Ugo Bellagamba jouant à Monsieur Loyal
J’ai animé la dernière grande table-ronde sur le thème : « La place de René Barjavel dans le patrimoine de la science-fiction française » où participaient Nathalie Fert-Rifaï, Ugo Bellagamba, Michel Jeury, Sylvie Lainé et Pierre Creveuil. Un regret : l’absence de Jean-Pierre Andrevon, qui aurait eu tout un tas de choses intéressantes à dire sur René Barjavel, mais Michel Jeury a quand même eu l’occasion d’évoquer des anecdotes émouvantes sur la relation qu’il avait eu avec l’auteur né à Nyons, Michel appelant respectueusement celui-ci « Mon cher Barjavel » et se voyait répondre « Mon cher Jeury ». Petite gêne de la Nyonsaise Nathalie lorsque l’érudit Pierre évoquait l’attachement ambivalent de Barjavel à son pays (le petit René avait été plus ou moins obligé de quitter Nyons durant son adolescence).
Fabrice Méreste, Nathalie Fert-Rifaï, Ugo Bellagamba, Michel Jeury, Sylvie Lainé et Pierre Creveuil
Après cette table-ronde, en compagnie de Pierre Creveuil, nous avons animé un questionnaire très spécial (ce n’est rien de le dire) sur René Barjavel, le fameux barjaquizz, Pierre se chargeant des questions érudites sur l’auteur et son œuvre (on peut retrouver ces questions sur le barjaweb ici). De mon côté, je me suis occupé des titres d’ouvrages de Barjavel à retrouver après avoir été présentés sous la forme de synonymes approximatifs (à la manière des jeux SF animés par Raymond Milési le vendredi soir). Je me permets de vous les proposer à nouveau dans la liste ci-dessous. Pour ceux qui donnent leur langue au chat, passez votre curseur sur les titres afin de voir apparaître la solution...
  • l’esquimau du lac
  • Fraise en quête de l’épouse d’un acteur qui jouait James Bond
  • Danseuse génisse
  • Pas tôt en sous-préfecture du Jura
  • le 24 novembre 1929
  • Les routes du Brahmane, du Kshatriya, du Vaishya et du Shudra
  • Le futur chêne diabétique
  • Le fromage de Hollande frappe quand le cri de chasse se fait entendre
  • Un mauvais cheval chez les beaux-parents de Johnny Depp
  • La femme de l’oncle a des vents
  • Ténor pas rapide
  • Le leurre (sonore) de ces souverains russes
Le grand gagnant du barjaquizz était Georges Bormand, d’autres habitués des jeux SF (comme Bernard Dardinier) ont aussi remporté un des livres proposés par notre sponsor les Moutons électriques, éditeur, mais également quelques personnes qui étaient venues spécifiquement pour les Journées Barjavel (dont un jeune fan de Grenoble qui gagna le droit de participer à la conférence organisée dans l’après-midi par Pierre Creveuil).
Dernier repas pris à la Maison de Pays. Même Margot Bellagamba, quatre ans, la fille d’Ugo, était mobilisée (elle récupérait les tickets repas). Ça sentait les au revoir.
Retour au centre-ville, cour du collège Roumanille. Pierre Creveuil et son jeune assistant évoquaient « René Barjavel, écologiste de la science-fiction ».
le jeune fan grenoblois et Pierre Creveuil
La clôture de l’OliCon et des Journées Barjavel s’est faite en beauté : Vanessa Bellagamba et Claude Ecken ont lu des textes de René Barjavel, Michel Jeury, Sylvie Lainé, Catherine Dufour et Jean-Pierre Andrevon.
Claude Ecken et Vanessa Bellagamba lisant un texte de Catherine Dufour
Vanessa Bellagamba lisant un texte de Sylvie Lainé
le public attentif durant les lectures
Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin. Après les lectures et quelques rafraîchissements, il a fallu se séparer...
Envie de rester encore, de prolonger ces bons moments, encore une glace, encore quelques souvenirs de Nyons (de l’huile d’olives et du miel de garrigue), profiter encore et encore du soleil de la Provence. Et puis, quand même, il a fallu reprendre la voiture pour rentrer à Lyon...
En résumé, d’une certaine manière, cette convention SF aura été pour moi paradoxale car, en tant que co-organisateur (j’étais déjà venu à Nyons afin de préparer l’OliCon avec Ugo Bellagamba en novembre 2007 et j’en avais parlé ici), je m’y sentais plus fortement impliqué qu’aucune autre rencontre science-fictive précédente, mais, comme j’étais venu à Nyons avec mon amie, et que nous souhaitions très naturellement nous réserver un peu de temps rien qu’à nous, je me suis finalement révélé être un « olico-participant » assez peu présent, ayant manqué quelques grands rendez-vous de cette manifestation et la quasi-totalité des repas pris en commun... (Que celui qui, à ma place, aurait souhaité ne pas vivre les délicieux déjeuners, goûters ou dîners que nous avions pris en amoureux loin de tout le monde me jette la première pierre.) Emmener à Nyons la fleur qui embaume sa vie du parfum de l’amour, c’est être avec une rose...
Une Rose...
...au Paradis !
...au Paradis

Pour voir d’autres images prises par Markus Leicht lors de l’OliCon, vous pouvez aller ici (le 21 août) et là (le 22 août).
Pour vous rendre sur le compte rendu de la convention réalisé par Catherine Dufour, c’est ici.
D’autres liens sur des comptes rendus et photos de la convention peuvent se trouver sur la page d’accueil du site ActuSF.
Pour récupérer les photos en grand format, il suffit de m’adresser un courrier électronique (à  fabrice arobase mereste point net). Et si vous vous reconnaissez sur une photo et que vous ne voulez pas apparaître sur ce site web, il suffit de me contacter de la même manière.


Mardi, le 19 août 2008
En route pour l’Olicon 2008 !
Vous n’êtes pas sans savoir – du moins, je l’espère ! – que la 35econvention nationale de science-fiction va avoir lieu à Nyons (dans la Drôme provençale) du 21 au 24 août 2008.
Je laisserai donc mon nouvel appartement lyonnais, mes meubles non installés et mes cartons non déballés pour quelques jours, partant dès demain soir avec la femme de ma vie et sa chienne, ainsi que Sylvie Lainé (Bénie soit l’invention du GPS, car ce sera moi qui prendrai le volant).
Sylvie est l’invitée dont je m’occupe plus spécifiquement en tant que co-organisateur de la convention, vous pouvez lire ses réponses à mon questionnaire proustien ici, avec une rencontre-débat à son sujet prévue le jeudi après-midi intitulée « Une œuvre-éperluette, entre Science et Science-Fiction » dont je me charge de l’animation (ouh la la, qu’est-ce que ça va donner !)
En attendant un compte rendu des événements (si je trouve un peu de temps), voici l’affiche réalisée par l’illustrateur Jeam Tag :
Affiche de l’Olicon, © Jeam Tag, 2008
J’espère vous voir très prochainement à Nyons...


Dimanche, le 10 août 2008
La Fayette nous voici !
Ça y est, je suis installé dans mon nouvel appartement !
Le déménagement s’est moins mal passé que prévu alors que l’événement de la journée s’annonçait pourtant assez mal : après un réveil en pleine nuit pour finir d’emballer mes dernières affaires, je me suis retrouvé en panne de cartons un peu avant l’arrivée des déménageurs... Ces derniers m’ont cependant fourni de quoi terminer de tout ranger pendant qu’ils démontaient mes meubles et faisaient déjà passer – à travers la fenêtre – l’électroménager, les cartons déjà préparés et autres bricoles.
Arrivé à Lyon, une mauvaise surprise nous attendait : la place réservée pour les déménageurs est située très loin de là où se trouve mon appartement, les camion et monte-meubles se sont ainsi garés comme des sauvages sur la voie du trolleybus. Une autre surprise, mais bonne : l’électricité ne m’a pas été coupée, contrairement à ce que les services de distribution m’avaient annoncé. J’ai aussi le téléphone, et pendant que les costauds remontent les meubles et entassent les cartons où ils peuvent, je passe des coups de fil pour régler divers problèmes...
Là, une petite astuce de ma composition effectue des merveilles : j’étais venu la semaine précédente avec, sous forme de collage de papiers journaux, les formats de mes divers meubles et gros électroménagers. L’installation stupéfie les déménageurs habitués aux aléas de l’installation dans un appartement plus petit (« Vous avez vraiment le compas dans l’œil, Monsieur ! »). Juste un élément non prévu, la machine à laver est plus haute que je n’imaginais et dois donc être positionnée à un autre endroit que prévu.
Après ces derniers jours plutôt sportifs, je suis donc à présent locataire d’un chouette logement équipé de l’électricité, du gaz, de l’eau (même chaude), du téléphone et d’Internet. Quand le technicien est venu m’ouvrir le gaz, la voisine du dessus lui a demandé ce qui se passait. Son inquiétude était légitime : il y a quelques mois, une explosion de gaz faisait un mort, de nombreux blessés et plein de personnes à reloger... et ceci dans cette même rue, à quelques numéros de là où j’habite à présent.


Lundi, le 4 août 2008
Dans la jungle
Naïvement, j’imaginais que la France était un pays civilisé. Enfin, la France métropolitaine. Et dans les grandes villes, quoi...
Ouah ah ah ah... (rire de désespoir)
Demain, à cette heure, les déménageurs doivent passer pour embarquer les cartons (il m’en reste d’ailleurs encore à faire, certaines affaires ne sont pas emballées, mais je suis en panne sèche de cartons en ce moment et je dois en récupérer quelques uns pour ce qui me reste de livres, vaisselle, habits, petit électroménager, bouteilles, conserves et autres denrées alimentaires). Mais, arrivé à Lyon, il faut dire les choses telles qu’elles le sont : ce sera la zone.
En effet, je n’aurai pas de gaz (je me faisais à peu près à l’idée de devoir prendre mes douches à l’eau froide et à cuisiner avec mon vieux four micro-ondes tout pourri)... et pas d’électricité non plus ! Là, c’est franchement plus problématique : pas de lumière le soir (autres que les bougies), pas de possibilité de mettre mon réfrigérateur en route et bien sûr pas moyen d’utiliser un ordinateur (moi qui angoissais à l’idée d’être privé quelques jours d’Internet, me voilà rappelé à des considérations bien plus élémentaires).
Et donc, depuis quelques jours, mes appels aux différents services de distribution de gaz et de l’électricité (et encore, je n’ose pas contacter les services de distribution d’eau, parce que sinon...) se soldent par des semi-échecs liés à un problème de logiciel (ou autre excuse bidon) avec des promesses (jamais tenues) d’être rappelé sous 24 ou 48 heures pour la prise d’un rendez-vous avec un technicien.
Argh, je vais vivre mes premiers jours dans mon nouvel appartement dans la jungle, avec une foule de cartons, sans possibilité d’installer des rideaux, à calquer mes horaires sur le soleil et à me nourrir de... je ne sais pas quoi (des trucs qui se conservent hors d’un frigo et qui n’ont pas besoin d’être cuits pour être mangeables).
En anglais, le confort moderne se nomme, en abrégé, « mod cons », mais vu la manière dont les sociétés gérant ces services le font et dont elles traitent leurs clients, ce sont plutôt nous qu’elles prennent pour cette abréviation britannique.
En conséquence : blog en pause. Vu la situation, je ne sais pas trop quand je pourrais revenir à la civilisation... Allez, je vais au moins chercher des silex et du bois sec pour pouvoir faire du feu dans mes jolies cheminées... décoratives (ah, mince : c’pas pôssib’)


Vendredi, le 1er août 2008
Article supprimé
(...)


Jeudi, le 17 juillet 2008
Nos amies les bêtes
Non, je ne suis « pas vraiment » en vacances, je me suis occupé de ma chère et tendre et de nous trouver un nouvel appartement. Maintenant que ces problèmes semblent en bonne voie de se résoudre (je dois aller à Lyon ce matin pour signer le bail mais il me faudra ensuite trouver un déménageur), je peux me poser un instant devant un ordinateur et parler de quelques petites anecdotes de mon quotidien – en rapport avec les animaux – qui colorent ma vie d’épisodes allant du Disney le plus dégoulinant au Looney Tunes le plus caricatural (avec Pépé le putois en particulier), en passant par Lassie chien fidèle, l’univers de la petite Heidi... et même un peu d’Alien aussi...
Je m’explique :
  • j’ai été adopté par la chienne de ma compagne, une adorable golden retriever, une vieille mémère qui ne se rend pas compte de son âge... Ainsi, quand elle n’a pas un bobo à l’œil, c’est à la pa-patte... Alors non, je ne vais pas te renvoyer la ba-balle, cou-couche panier, tu arrêtes de faire la fofolle, à la retraite pendant 3 semaines et puis c’est tout ;
  • en rentrant d’un week-end chez ma copine, j’ai manqué mon train à cause d’un troupeau de vaches... Des explications ? Pour le moment, mon amie vit en montagne, et quand les fermiers emmènent paître leurs bêtes d’un endroit à l’autre et qu’ils empruntent les seules routes praticables par les voitures, il n’y a qu’à patienter, et tant pis si on arrive trop tard à la gare de la grande ville car le train, lui, n’attend pas ;
  • le 8e passager : alors que je tondais les abords d’un chalet au coupe-bordure, j’ai éprouvé une très désagréable sensation à l’oreille gauche... Panique, cela faisait « toc toc » contre mon tympan, alors à force de secouer la tête, d’y verser de l’eau, j’ai réussi à en faire sortir l’araignée qui y avait trouvé refuge (j’ai de grands conduits auditifs, m’a confirmé le médecin vu le lendemain) ;
  • en allant voir le Capitaine-qui-ne-signale-pas-qu’il-s’en-va-en-week-end de retour chez lui, sa petite chatte n’a pas arrêté de me tourner autour (histoire de dire : il ne faut pas que mon maître me laisse toute seule, raison pour laquelle ce dernier accueillait une autre félidées le soir même)... et en les quittant pour aller à mon rendez-vous, à cette agence logement, afin d’y déposer mon dossier, je me disais que je ne sentais pas très bon... De retour chez moi, j’ai découvert que la féline créature avait projeté sur ma chemise une espèce de liqueur brunâtre et nauséabonde que j’imaginais être l’apanage des seuls putois ou moufettes... Sympa, la bestiole !
À bientôt pour de nouvelles aventures !


Samedi, le 5 juillet 2008
L’heureux tour / le retour
Ça y est, c’est officiel : fin août, au retour de Nyons où se déroulera la convention nationale de science-fiction, je devrai quitter mon appartement de Saint-Étienne. Une page sera tournée. Ou plutôt qu’une page, il s’agit d’une boucle qui sera à nouveau bouclée, de l’accomplissement d’un demi-tour permettant de faire tour complet... et donc, d’un « retour ».
Grâce aux archives de ce blogue, je découvre qu’il s’agit d’une drôle de réponse à la vie que j’avais vécue il y a presque cinq ans de cela...
Je ne suis pas vraiment triste, oh non, car si je quitte – sans vraiment la quitter – cette préfecture de la Loire où je vais continuer à aller régulièrement pour mon travail, c’est pour pouvoir vivre avec la femme de ma vie dans un appartement (encore à trouver) situé dans l’un des arrondissements de la préfecture du Rhône.
Lyon est une ville que j’adore, qui m’est chère pour de multiples raisons, la ville dans laquelle j’avais déjà vécu à deux occasions, la première fois pour débuter la partie la plus intéressante de mes études, loin de mes parents, et la seconde pour y préparer et soutenir une thèse de doctorat. Six ans de ma vie.
Lyon, où je me trouvais encore il y a deux jours, à l’occasion du bref passage de ma belle-sœur, elle que je ne vois plus guère puisque, avec mon frère, ils se sont installés au Canada.
métro Guillotière, à Lyon
Ma vie va donc prendre un nouveau tour, un heureux tour, avec sans doute moins de temps pour faire de la sculpture, mais beaucoup plus à passer dans les transports en commun, ce qui va me donner l’occasion de pouvoir reprendre l’écriture, moi qui — inspiré par ma belle — porte depuis quelque temps l’envie de coucher sur papier des nouveaux textes de fiction.
Alors, hier, j’ai pris quelques heures pour terminer la sculpture en argile qui traînait depuis trop longtemps, elle a besoin de l’été pour sécher afin de pouvoir être cuite avant le déménagement.


Mardi, le 24 juin 2008
Article supprimé
(...)


Mardi, le 6 mai 2008
Article supprimé
(...)


Vendredi, le 18 avril 2008
Albert / Leonard
C’est bizarre, mais chaque fois que j’écoute la terrible – mais terriblement belle ! – chanson Everybody knows, je ne peux m’empêcher de penser au roman Belle du Seigneur.
J’ai mis du temps à comprendre la raison de cette curieuse association d’idées : dans mon esprit, le même talent pour peindre la vie d’une noire poésie produisait une confusion entre les deux non-frères Cohen, Leonard et Albert...


Mardi, le 15 avril 2008
Article supprimé
(...)


Dimanche, le 30 mars 2008
Fondue asiatique aux fruits de mer
Il n’y a pas à dire : la nourriture du Japon me manque déjà.
Je me suis ainsi rendu dans une épicerie asiatique avec l’intention de m’acheter les ingrédients nécessaires à la réalisation d’une soupe de miso, mais j’en suis ressorti avec une autre idée qui m’a poussé à faire un détour chez le poissonnier afin de trouver d’autres ingrédients me permettant de préparer une fondue asiatique (un mélange personnalisé sino-japonais) aux fruits de mer.

Temps de préparation : 15 mn (pour découper le tofu, décortiquer les crevettes et sortir les amandes de leurs coquilles).
Temps de cuisson : 1 heure pour les coquillages, 25 mn pour les champignons noirs, 5 mn pour les pâtes.
Pour deux personnes :
  • 500 g d’amandes de mer (vivantes)
  • 300 g de crevettes entières (déjà cuites)
  • du tofu (une boîte de 540 g, soit 280 g en poids net égoutté, mais la moitié aurait été suffisante)
  • des pâtes asiatiques (j’ai pris des vermicelles de blé, un paquet de 283 g, mais il y en avait trop)
  • des champignons noirs déshydratés (50 g, et encore, c’est vraiment beaucoup)
  • de la préparation pour fondue de fruits de mer (un paquet de 200 g comprenant un mélange étrange à base de riz, graines de lotus, fleurs de lys, gingembre, champignons, dattes (?), nèfles, crevettes séchées, coquilles Saint-Jacques séchées, huile végétale, sucre...)
  • éventuellement, un bouquet garni (thym, laurier) pour la cuisson des coquillages
Laissez reposer les amandes de mer dans de l’eau salée pendant une heure. Changez l’eau jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sable.
les amandes de mer dans l’eau salée
Suivez les indications pour la préparation des champignons. Dans mon cas, il faut les laisser tremper pendant 15 mn dans de l’eau tiède avant de les égoutter et de les plonger dans de l’eau bouillante pendant 10 mn.
les champignons noirs
Faites chauffer 2 à 3 litres d’eau salée avec le bouquet garni.
l’eau salée avec le bouquet garni en train de bouillir
Quand l’eau bout, ajoutez-y les amandes de mer.
les amandes de mer dans l’eau bouillante
Faites égoutter le tofu et coupez-le en morceaux de taille moyenne.
le tofu
Préparez les pâtes asiatiques. Dans ma recette, il faut mettre les pâtes dans de 1 litre d’eau bouillante pendant 5 mn, puis il faut les passer sous l’eau froide pendant 3 mn et les laisser égoutter.
les pâtes asiatiques en train de cuire
Préparez les crevettes (en japonais, cela se dit : « ebi ») : rincez-les, ôtez la tête et la carapace en prenant soin de ne pas décortiquer la partie arrière de la queue (pour des raisons esthétiques).
les crevettes
Ouvrez le paquet de préparation pour fondue de fruits de mer.
le paquet de préparation de fondue pour fruits de mer
Versez la préparation dans un litre d’eau bouillante.
la préparation de fondue pour fruits de mer ajoutée dans l’eau
Ôtez les amandes du feu, égouttez-les, retirez la chair des coquilles. Disposez joliment les crevettes. Placez les champignons noirs sur une assiette (n’hésitez pas à les couper un peu en morceaux si les champignons sont trop grands), ainsi que le tofu. Mettez les pâtes dans un récipient adapté.
de quoi se régaler...
Versez la préparation pour fondue diluée dans l’eau dans un caquelon chaud.
la fondue de fruits de mer est prête
Il n’y a plus qu’à ajouter les pâtes, champignons, amandes de mer, crevettes et morceaux de tofu dans le poêlon à fondue. Plutôt que les piques à fondue, préférez les petites passoires asiatiques qui sont plus adaptées dans ce genre de situation.
la fondue asiatique aux fruits de mer, c’est beau et c’est bon !
Le bouillon, à la fin de la fondue, peut se boire (versez le liquide dans des bols et servez-vous de cuillères en pétales de lotus).
Bon appétit !


Vendredi, le 28 mars 2008
Zen / Yin / Yang / Yen
Retour en France, retour à la normale.
Bien arrivé, aucun problème avec les métro, avions, navette, train et tramway.
Déjà une journée de boulot, hier, et j’imaginais même avoir la force d’aller à mon club de sport en soirée. Je me suis cependant écroulé dans mon lit à 19 heures...
Joie, avec une heure de sommeil en moins, ce week-end, mon décalage va se rattraper plus facilement.
Sinon, j’étais bien content : aucun des fragiles articles achetés au Japon ne s’est cassé durant le voyage. Mes petits gâteaux à base de crème et de pâte de haricots font les délices de mes collègues, je vais me lancer dans la calligraphie de kanji et je vais pouvoir présenter mes plats japonais avec un service de table très classe.
souvenirs rapportés du Japon
Une chose encore à régler, qui gonfle présentement la poche de ma veste où se trouve mon portefeuille (et moi aussi, de par le fait) : le transport et l’hôtel m’ont été payés sur place, dans la devise locale, et j’ai donc sur moi des milliers de yens... que ma banque refuse d’échanger en euros. Gasp !


Mardi, le 25 mars 2008
Material boy
Je viens de me rendre compte qu’en cette période de Pâques, je n’ai pas eu l’occasion de manger un seul morceau de chocolat. Néanmoins, pour mon plus grand bonheur, j’ai acheté plein de délices chocolatés dans la boutique de luxe locale (en France, à Saint-Étienne) mais j’ai tout offert à mon collègue japonais et à sa sympathique famille. À noter qu’un lapin en chocolat, dans une valise qui voyage dans la soute de l’avion, c’est une mauvaise idée. Mais bon, pas grave.
J’espère simplement avoir plus de chance avec les fragiles objets que je ramène du Japon chez moi, ces derniers étant méticuleusement emballés (un mini service de table japonais pour 2 personnes).
D’ailleurs, comme j’avais encore plein de yens sur moi, j’ai pris le temps de faire du shopping et de flâner dans les magasins. J’ai acheté un personnage de manga pour faire semblant d’être un otaku, mais aussi un mannequin articulé qui me servira en sculpture (à dire vrai, pour le dernier article, je viens de découvrir que c’est un peu moins cher en France). J’ai aussi acheté de quoi peindre et écrire des kanjis. Enfin, c’est difficilement avouable, mais j’ai craqué pour des fringues... Les Japonais adorent les boutiques de luxe européennes, et françaises en particulier, mais le style vestimentaire qu’ils adoptent ne se retrouve pas vraiment dans l’Hexagone. Alors, profitant du fait que l’euro se porte plutôt bien par rapport au yen, je me suis lâché...
D’ailleurs, c’est aussi ça l’avantage de faire régulièrement des exercices d’abdominaux, de manger léger et d’éviter les orgies de chocolat, on peut mettre des fringues assez fashion.
Il faut reconnaître qu’au Japon, si on remarque qu’il y a de temps en temps des femmes en kimono (ou plutôt en yukata), si l’on peut être surpris de croiser des gens malades portant un masque sur le nez et la bouche (pour éviter de contaminer les autres avec leurs microbes), on ne peut pas ignorer que les hommes portent très majoritairement des costumes sombres plutôt élégants. Bon, il est temps de préparer ma valise, je vais rentrer à la maison, il faut que je range encore ma cravate, cet accessoire vestimentaire que je ne porte presque jamais en France... (Non, je plaisante : à part pour le jour de Pâques, je n’ai pas porté de cravate au Japon !)


Lundi, le 24 mars 2008
Le Japon en quelques adjectifs
Frustrant : je parviens à poser quelques questions en japonais, j’ai un accent acceptable, mais je suis obligé de basculer en anglais pour comprendre les réponses qui me sont faites car ma connaissance de la langue est encore trop limitée.
Amusant : la petite musique qui se fait entendre pour indiquer qu’il est possible de traverser la voie ressemble à celles que l’on entend dans nos contrées en période de Noël.
Effrayant : il y a des parkings à vélos mais il n’existe pas vraiment de pistes cyclables (ou alors je n’ai rien compris au marquage au sol), les piétons et nombreux cyclistes se partagent les trottoirs, et nous nous croisons sans nous rentrer dedans... alors qu’il y a pourtant des personnes sur leurs bicyclettes qui ne regardent même pas où elles vont, l’oreille collée à un téléphone portable et la tête ailleurs.
Normal : j’étais à la messe de Pâques à la cathédrale de Fukuoka, hier ; la chorale était surtout composée de Philippins (une des rares minorités asiatiques qui soit à dominante catholique), et si j’ai vraiment si bien compris les paroles du prêtre qui s’exprimait en anglais, si son accent et ses mots m’étaient si familiers, c’est surtout parce que le prêtre en question... est un Français.
Charmant : les Japonaises sont généralement jolies, et quand elles osent des tenues sexy, de manière assez paradoxale, cela leur donne un air plutôt ingénu que provocant.


Samedi, le 22 mars 2008
Réminiscences mathématiques et inquiétante étrangeté
En 2002, les Français étaient devenus des champions de la table de 15 car quinze euros correspondaient environ à cent francs français.
En 2008, il est utile aux Français au Japon de se rappeler du même type de calcul car 150 yens correspondent environ à 1 euro.
Le Japon me donne – et je suppose que cela doit être un sentiment partagé par d’autres – un curieux sentiment de fausse familiarité, ce que Freud appelait « l’inquiétante étrangeté ».
Dans ce pays, on peut facilement se sentir à l’aise avec la présence de transports en commun fonctionnels, de boutiques de luxe occidentales, avec tous ces produits high-tech, les bâtiments aux lignes architecturales audacieuses, un intérêt marqué pour les cultures anciennes ou hypermodernes, néanmoins tout a de quoi déconcerter. En effet, la langue, l’écriture, le sens de circulation (les voitures roulent à gauche), les goûts culinaires, etc., nous laissent le plus souvent perplexe, comme ces shower toilets qui donnent à penser qu’il est nécessaire de savoir piloter un avion de chasse pour pouvoir passer sur le trône...
Oui, au Japon, on se sent parfois aussi stupide que le dahucapra rupidahu :



Vendredi, le 21 mars 2008
Incomparable petite satisfaction personnelle...
...d’avoir compris qu’en jouant sur la force exercée sur les baguettes, on peut soit découper (du poisson, du tofu) soit saisir les morceaux de nourriture.
À part cela, dans cette université japonaise, en tant que professeur invité, j’ai droit à un bureau de ministre...


Jeudi, le 20 mars 2008
En direct de Fukuoka
Pour parvenir à rédiger ce message, j’ai dû – après avoir accompagné mes délicieux sashimis d’un peu de saké et de trop de shôchû – retrouver mon chemin dans une ville inconnue, de nuit, et réussir à connecter ma machine à Internet (alors que les noms des rues et les explications de connexion ne sont décrits qu’en japonais et que je ne connais encore rien aux kanjis, hiriganas et katakanas).
Néanmoins, ceci en est la preuve : yatta!


Mercredi, le 19 mars 2008
Un problème chasse l’autre
D’ordinaire, les heures qui précédaient un grand départ me voyaient suer sang et eau à essayer de faire rentrer toutes mes affaires dans ma petite valise (sans la bousiller).
Aujourd’hui, c’est bien fini : je me suis acheté un plus grand modèle. Et voilà un autre problème : avec tout ce que j’ai promis de rapporter de France au collègue et ami japonais, je ne vois pas comment me débrouiller pour n’emporter que les 20 kg de bagage auxquels j’ai droit...
Au secours !


Mardi, le 18 mars 2008
Pâtes au logis, nouilles au Japon
Je viens de voir la bande annonce du film Pathology. Brrr. Glauque à souhait.
Demain, je vais prendre l’avion. Direction : le pays du soleil levant. Arrivée : Fukuoka. Objectif : travailler avec un collègue de l’Université de Kyûshû.
Oui, mais bon : quel rapport entre ces deux événements ? Il suffit de s’intéresser à l’histoire et d’apprendre ce que les chercheurs en médecine japonais avaient pratiqué sur des prisonniers occidentaux durant la Seconde Guerre mondiale pour avoir un petit peu les chocottes.
Sayônara !


Vendredi, le 7 mars 2008
Lost in translation (2/2)
L’une des premières conférences où je me sois rendu tout seul, à l’époque où j’étais étudiant en thèse, était organisée à Helsinki.
Départ de Lyon, changement à Paris, arrivée à l’aéroport de la capitale finlandaise dans l’après-midi du samedi.
Seulement voilà, ma valise n’apparaissait pas sur le tapis roulant.
Bien, bien, bien... Que faire ? Découvrant que je n’étais pas le seul dans cette situation, je suis allé voir un guichet de réclamation et j’ai expliqué, dans un anglais peu assuré, mon problème. J’ai alors rempli un formulaire, indiqué à quoi ressemblait ma valise et inscrit le nom de l’hôtel où j’allais me trouver durant mon séjour. J’ai alors reçu une mallette de secours censée contenir un petit nécessaire de toilette, parce que, bien entendu, ma trousse de toilette ainsi que tous mes vêtements de rechange se trouvaient dans la valise.
Avec mon seul sac sur le dos, j’ai pris la direction de la ville, rencontrant par hasard dans les transports en commun un chercheur italien que j’avais déjà croisé lors d’une autre conférence. Je me suis rendu compte qu’il s’agissait du président de la session où je devais effectuer ma présentation, aussi suis-je allé l’aborder pour le saluer et lui faire part de ma mésaventure.
Depuis le centre-ville, je me suis rendu à mon hôtel, appréciant malgré moi le fait d’être peu chargé pour trouver mon chemin. Je me rappelle que le nom d’une boutique de lingerie m’avait profondément amusé : «le Slip », qui, pour nous, n’a rien de très sexy, mais qui, pour les Finlandais, devait paraître très français...
Mon hôtel, ma chambre, tout est impeccable. Pas de valise à défaire, j’ai retiré le plastique entourant ma mallette, ouvert celle-ci... et découvert qu’elle ne contenait rien du tout. Vraisemblablement une erreur.
Bien, bien, bien... Pas de dentifrice, juste les mini-savon et mini-shampoing de l’hôtel, je n’allais pas aller bien loin.
Avec mon plan, j’ai décidé d’explorer Helsinki, un petit passage jusqu’à la mer Baltique, le centre, un dîner sur le pouce dans un fast-food (argh, je n’aurais pas de quoi me brosser les dents !) et je suis rentré à mon hôtel, prêt à me coucher devant la télévision, angoissant de ne pouvoir me changer ou me raser le lendemain, moi qui avais prévu de faire quelques visites, et même d’assister à l’office du dimanche, bien qu’ignorant tout du finnois et n’étant ni protestant (héritage du passé suédois de la Finlande) ni orthodoxe (héritage russe).
Finalement, vers onze heures du soir, la réception m’a appelé pour me signaler que ma valise a été ramenée par le service de l’aéroport (elle n’avait pas suivi mon avion durant ma correspondance à Paris) et est parvenue à bon port avec le vol suivant. Ouf !


Dimanche, le 2 mars 2008
Lost in translation (1/2)
À un peu plus de deux semaines de mon voyage à Fukuoka, voici le premier de deux articles sur ces « grands moments de solitude » liés à mes déplacements professionnels à l’étranger.
Il y a quelques années (en janvier 2006), j’ai dû partir à Tripoli, dans le nord du Liban, pour donner quelques cours. Le séjour était excellent, et je désespère de ne pouvoir y retourner en raison de la situation politique actuelle, mais il avait plutôt mal commencé...
Aéroport de Francfort où je faisais escale, deux heures de retard. Je suis arrivé à l’aéroport de Beyrouth vers deux heures du matin, au lieu de minuit, la tête en vrac après avoir essayé de dormir un peu dans l’avion. Coup de chance : un chauffeur de taxi était là à m’attendre, je n’y croyais plus en raison du retard. Mais le chauffeur parlait à peine quelques mots d’anglais, et pas du tout français, j’étais obligé de lui faire confiance et de le suivre dans sa voiture. Mes premières impressions du pays étaient curieuses, je découvrais Beyrouth à la lueur des phares et des lampadaires, puis nous avons longé la côte, balancés par le rythme de la musique orientale.
L’hôtel. Une charmante demoiselle à l’accueil m’a expliqué dans un anglais impeccable les consignes d’usage, la serrure, le petit déjeuner. Il était plus de quatre heures du matin quand j’ai enfin pu me coucher dans mon lit.
J’ai fait sonner mon réveil très tôt afin de contacter l’université et de savoir comment allaient se passer mes interventions. Comment me rendre à l’université ? À quelle heure mes cours devaient-ils débuter ? Personne n’a répondu au numéro de téléphone que j’avais noté. J’ai fait un nouvel essai vers huit heures, toujours personne. J’ai essayé un autre numéro, le portable du responsable des enseignements. Rien, si ce n’était un message que j’avais laissé sur le répondeur. Je commençais vraiment à me faire du souci. Neuf heures, nouvelle tentative. Ah, enfin, quelqu’un a décroché ! Je suis tombé sur la secrétaire. Elle a engagé la conversation en arabe, et je n’ai évidemment rien compris. J’ai parlé en français. La voix poursuivait en arabe. À l’intonation, j’avais pu deviner qu’elle me posait une question. J’ai essayé en anglais sans plus de succès. La voix semblait insister en arable, me mettant dans un grand désarroi, jusqu’à ce que la secrétaire, de guerre lasse, finît par raccrocher.
Considérant ma situation sans issue, je suis retourné me coucher...
Finalement, vers midi, le responsable de la formation a appelé l’hôtel et tout est rentré dans l’ordre : je n’ai eu à donner de cours qu’à partir du lendemain, mais j’avoue avoir été dans un état de grande confusion ce matin-là, fatigué, perdu et incapable de communiquer.
(Le titre de cet article est inspiré de l’attachant film de Sofia Coppola).


Mercredi, le 20 février 2008
Mots de l’âge, modelage
Pourquoi n’ai-je plus rien raconté sur ce blogue depuis plus d’une semaine ?
Eh bien, d’une part, je suis bien occupé par mon boulot, me réveillant souvent à des heures impossibles pour avancer dans mes travaux de recherche, et d’autre part parce que je me consacre en ce moment davantage à la sculpture qu’à l’écriture.
En effet, puisqu’il est assez frustrant d’écrire des textes qui ne sont pas lus, faute de trouver un éditeur, je préfère réaliser des créations plastiques qui, elles, seront vues à l’occasion d’expositions.
Je viens de terminer de patiner une pièce, intitulée les Amants aquatiques, que je n’ajouterai pas à ma galerie virtuelle car elle n’est pas censée trouver d’acheteur, étant une commande pour un particulier.
sculpture amants aquatiques terre cuite patinée
sculpture amants aquatiques terre cuite patinée
(Les couleurs sortent un peu bizarrement, les photos ayant été prises sans flash, avec un éclairage par lampes halogènes.)
Je travaille à présent sur une autre pièce, une fillette d’un très jeune âge, presque un bébé, et c’est ma nièce qui me sert de modèle, photographiée sous de nombreux angles par mes parents.
D’ailleurs, je me suis acheté quelques livres sur le modelage, la façon de réaliser les formes humaines, les visages et les expressions. Comme je lis beaucoup dans les transports en commun, quand je tombais sur des descriptions expliquant que le visage est composé de telle ou telle partie, comment s’organise la ceinture scapulaire, que pour former l’intérieur des oreilles il suffit de tracer une courbe externe, une courbe interne et de creuser une conque, comment s’organise la jonction entre le nez et la bouche, comment rendre une personnalité rien que par la forme des yeux... je ne pouvais m’empêcher de vérifier ces éléments auprès des autres voyageurs, en m’arrêtant de préférence sur les jolies filles.
Parfois, nos regards se croisaient et... mais non, mesdemoiselles, je ne suis pas un vil mateur !


Mardi, le 5 février 2008
Noël au balcon, Pâques au Japon
Si tout va bien, à la mi-mars, et pendant deux semaines, je serais au Pays du Soleil levant...
Parfois, j’aime vraiment mon métier d’enseignant-chercheur.


Vendredi, le 1er février 2008
Curiosités
Demain, 2 février 2008, ce sera la Chandeleur.
Je le sais parce qu’au resto du personnel, ce midi, il y avait des crêpes.
Sur mon agenda, il est indiqué à cette date « Présentation au Seigneur » (alors qu’il devrait plutôt y avoir d’écrit « Présentation du Seigneur », puisqu’il s’agit, dans le christianisme, de commémorer la présentation de Jésus au temple).
Et en-dessous, la curieuse suite de chiffres répétés : 33-333.
Ben oui, cette année étant bissextile, il y aura 366 jours, et demain nous serons le 33e jour de l’année (40 jours après Noël), il en restera encore 333 avant l’année prochaine.
Il n’empêche, tant de curiosités notables pour un seul jour, c’était tout à fait... euh... curieux.


Mercredi, le 23 janvier 2008
Anticipation, anti-, si, passions
Pff...
À la moitié du film Impostor de Gary Fleder (inspiré de l’œuvre de Philip K. Dick), je me doutais bien – malgré la chute à rebondissements – de qui était le réel imposteur.
Dans l’improbable Alien vs. Predator de Paul W. S. Anderson, il ne m’a pas fallu plus de 10 minutes pour imaginer quel personnage allait être le survivant.
Et dans la nouvelle PV de Lucas Moreno, au sommaire du numéro 49 de Bifrost (qui vient juste de paraître, un numéro spécial Robert Silverberg), dès la quatrième page, au moment où le personnage principal se demande ce que veut dire l’énigmatique inscription « P V », j’avais eu une idée assez nette de la signification de cet acronyme... et cette hypothèse, dévoilée 10 pages plus loin, s’est avérée être la bonne.
Bref, aucune surprise ! Ou si peu...
Mes connaissances et capacités de raisonnement – par déduction, induction, analogie ou autres – me gâchent de plus en plus le plaisir de la découverte et l’émerveillement face à la nouveauté.
Merde alors : je suis en train de perdre le regard d’enfant que je portais sur le monde...


Dimanche, le 13 janvier 2008
Catalogue, mon beau catalogue
Il y en a, quand ils sont petits, ils feuillettent avec passion les magazines de voitures. Des voitures de luxe. Des voitures de sport. Ou des motos. Quand ils grandissent, les voitures ne sont plus tout à fait les mêmes, la curiosité émerveillée de l’enfance a fait place à la question : « quel va être mon nouveau modèle ? » – sous-entendu : « quelle voiture correspond le mieux à la personnalité que je souhaite afficher ? »
Pour les filles, ce sont plutôt les catalogues de fringues. Mais cela revient au même.
Et puis, pour les deux sexes, surtout quand ils vivent ensemble et qu’ils veulent ajouter de la matière à leur nid douillet, ce sont les catalogues Ikea (dont l’absurdité est cruellement illustrée dans le film Norway of Life de Jens Lien).
Les catalogues sont donc une sorte de miroir de l’âme, un peu comme s’ils pouvaient correspondre, pour les gens, aux vitrines de ce qui leur font le plus envie.
Je ne me sens pas matérialiste, et pourtant je n’échappe à ce principe. Ce qui me fait baver d’envie depuis qu’il s’est retrouvé dans ma boîte aux lettres, c’est le catalogue d’un marchand de matériel de Beaux-Arts.
Ahhhh... Je découvre plein de nouvelles techniques artistiques, plein de bricoles qui permettrait de faire ceci ou cela... Et en mieux... Des peintures, des outils, des... Plein de... Toute cette potentialité pour donner forme, couleur et matière aux élans de mon imagination...
Ah, non ! Vade retro, catalogus ! Ouais, il faut que je me calme.
Soupir : même dans la création artistique, on ne peut pas partir de rien...


Dimanche, le 6 janvier 2008
Qui veut voyager loin...
...ménage sa voiture.
Si je fais le calcul, j’ai autant roulé durant l’année 2008, au soir du premier janvier, que durant les deux années 2006 et 2007 réunies. Oui, c’est clair, je ne conduis pour ainsi dire plus : je suis un citadin adepte des transports en commun, du train et occasionnellement de l’avion (tant que les tunnels sous la mer Méditerranée ou l’océan Atlantique ne seront pas construits).
D’ailleurs, ce 1er janvier que j’avais passé auprès de mes parents (pour lesquels j’avais servi de chauffeur), oncles, tantes et cousins, nous avons beaucoup parlé des nouvelles lois (ainsi, même une tante, invétérée fumeuse jusqu’alors, avait décidé de laisser tomber la sucette à cancer tant il y avait de contraintes à essayer d’en griller une), des radars et du permis à points. À un moment, j’avais fait remarquer la curieuse évolution des choses : « Lorsque nous étions petits, nous recevions des bons points, et quand nous avions assez de bons points, nous obtenions une image. Aujourd’hui, avec les radars, l’image, nous l’obtenons tout de suite, et après on nous retire nos bons points du permis. »


Lundi, le 31 décembre 2007
Bilan de 2007
À moins de 10 heures de 2008, je vais essayer de faire le bilan des trois cents et quelques jours de cette année dont les derniers chiffres faisaient penser à James Bond (ceci dit, il n’y a sans doute que moi à faire ce genre d’associations d’idées bizarres).
Alors, cette année 2007 était plutôt de celles que je rangerais dans la catégorie « vraiment pas top, essaye encore ! ». En résumé, en 2007, j’ai :
  • essayé les services de réseautage social en ligne, avec MySpace en particulier : intéressant pour prendre des contacts avec des gens que je connaissais déjà dans la « vraie » vie, moins pour en nouer de nouveaux, mon compte existe toujours mais je n’y poste plus d’articles, et je n’y vais que pour reprendre des nouvelles à l’occasion de quelques amis ;
  • envoyé le manuscrit de mon roman à des éditeurs de thriller... qui ne l’ont pas accepté. Gnnnh ! C’est vrai que c’est de la fusion entre de la SF – hard science – et du thriller d’espionnage, mais bon, les boules...
  • assez peu écrit, au final, au cours de cette année, un peu dégoûté par les retours des éditeurs. Cependant, j’ai participé à un atelier d’écriture à la fin avril où j’ai composé quelques textes assez intéressants. Donc la boîte à imagination n’est pas cassée, suffit juste d’être un peu plus (re-)motivé pour écrire de belles histoires ;
  • vu très nettement mon univers professionnel se dégrader, en conséquence assez directe des dernières élections, comme s’il était plus intelligent, dans mon domaine, de nous faire travailler dans la compétitivité que dans la collaboration...
  • repris mon site web de A à Z, en récupérant dans mon blogue à desseins les messages postés sur mes blogs depuis... 2002 !
  • appris à me servir de logiciels de traitement d’images, ce qui m’a permis de refaire mon site avec de jolies images ;
  • abordé de nouvelles techniques de sculptures. Après le modelage, j’ai démarré la pierre taillée, ainsi que le papier plié (origami). Cependant, étant encore débutant dans ces techniques, je ne peux pas dire que j’ai su réaliser des œuvres majeures dans ces deux domaines ;
  • découvert les ambigrammes, ces textes présentant de curieuses formes de symétrie. Je peux même réaliser à la main (et avec un peu de Toshop) les ambigrammes d’à peu près tout et n’importe quoi, comme ceux de (René) Barjavel et des invités de la prochaine convention SF (en arrière-plan) ou les divers que l’on trouve ici... Attention, le résultat n’est pas toujours très joli, ou très lisible ;
  • fait de la plongée sous-marine. Je me suis réinscrit dans un club, le père Noël m’a apporté plein de matériel pour que je puisse mater les poissons, et je suis allé passer mon niveau 2 dans les Antilles. Séjour un peu écourté à cause de l’ouragan Dean...
  • eu quelques ennuis de santé... mais ce n’est rien comparé à mon père qui, après une malheureuse chute, aurait dû – selon les dires des médecins – rester tétraplégique mais qui reprend peu à peu possession de son corps et qui peut à nouveau, aujourd’hui, marcher, danser, bouger même s’il est loin d’avoir retrouvé dans ses gestes la force et la précision d’avant l’accident ;
  • fait des rencontres (mais pas rencontré le grand amour), vécu des chouettes moments, quand même, parce que j’ai une mémoire sélective et un naturel optimiste...
À l’année prochaine !


Lundi, le 24 décembre 2007
J’interprète mon univers
Courir.
Quitter un instant le cocon de la demeure parentale, la chaleur protectrice, le ronron du prélude à la fête.
Mes pas frappent les chemins de terre tracés par les roues des machines agricoles, crissements de la glace quand mes baskets rencontrent des flaques emprisonnées par les trouées.
Les contours des végétaux proches sont nets, les herbes, branches et brindilles sont aiguisées par les aiguilles de givre mais, un peu plus loin, le paysage disparaît, gommé par le brouillard.
Monde en noir et blanc, anesthésié par le froid, à peine relevé par endroits d’un camaïeu de tons sépia.
Mon cerveau, dopé par la musique de la bande originale du film Paprika que délivrent les écouteurs, analyse toutes les sensations visuelles et reconnaît les fonctions logicielles capables de réaliser par ordinateur de telles images.
Entre le naturel et l’artificiel, je suis un interprète.


Dimanche, le 23 décembre 2007
Optimiste (trop)
Il faut faire des choix dans la vie.
Hier matin, ne parvenant pas à boucler ma valise, trop vite remplie par quelques cadeaux volumineux, j’ai décidé de ne pas prendre de pull pour cette période que j’allais passer dans ma région natale auprès de ma famille.
Dans le train bondé qui allait de Lyon à Strasbourg, lorsque le soleil s’est levé, j’ai découvert un paysage d’un blanc féerique, la nature s’étant parée de givre.
Mouais. Doit pas faire chaud. J’ai encore eu une bonne idée, moi...


Jeudi, le 20 décembre 2007
Acte banqué, enfin, manqué...
Pourquoi est-ce que je ne me rappelle de l’astuce mnémotechnique qui permet de retrouver le code d’accès à la gestion de mon compte bancaire sur Internet qu’après avoir entré le troisième essai fatidique ?
Pourquoi, alors que je dois absolument faire des modifications sur mon virement automatique, et que cela ne peut pas attendre ?
Pourquoi, alors que je n’ai pas le temps de passer à ma banque avant de retourner dans ma région natale à l’occasion des fêtes de fin d’année ?
Peut-être que... tout simplement, cela va me donner une raison d’aller à ma banque, même si ce sera un terrible casse-tête. Y aller pour de vrai. Et peut-être que c’est mon inconscient qui m’a poussé à produire cet acte manqué. Et peut-être que ce n’est pas si mal que ça, car la personne de l’agence est fort jolie.
Au pire, je pourrais toujours revenir avec un calendrier...


Samedi, le 15 décembre 2007
De l’avantage de voir les années passer
Il y a quand même une chose agréable dans le fait de vieillir : il faut des gros gâteaux d’anniversaire pour pouvoir y placer toutes les bougies...


Lundi, le 10 décembre 2007
Signes extérieurs de jeunesse (ou pas)
En fait, je ne dois pas être si vieux que ça.
La plupart des pages web que j’ai visitées durant le week-end concernaient l’achat en ligne de papier spécial pour origami.
Du coup, je me suis retrouvé sur des sites destinés aux 8 – 12 ans...


Samedi, le 8 décembre 2007
Signe extérieur de vieillesse
À la fête que je vais donner à l’occasion de mon anniversaire, la semaine prochaine, il y aura des amis de mon âge qui viendront avec leurs gamins.
Ben mince alors, ça va faire bizarre.


Jeudi, le 6 décembre 2007
Un jour comme les autres
Alors que c’est la Saint Nicolas, on dirait un jour comme les autres...
Heureusement que, pour rentrer chez moi, je vais passer par le marché de Noël. Pourtant, même si j’ai repéré un chalet alsacien parmi les maisonnettes du marché « traditionnel », je doute fort d’y trouver un manala de mon « pays » natal...


Samedi, le 1er décembre 2007
Super crédible
Pour me débarrasser d’une personne au téléphone qui tenait absolument à me faire la publicité de son magasin d’ordinateurs, j’ai dit : « Oh, mais moi, l’informatique, je n’y comprends rien, et ça ne m’intéresse pas ! »
Niveau zéro de l’argumentation technophobique : imparable.
L’importun ne pouvait pas savoir que je suis juste un petit peu docteur, enseignant (enfin, quand la faculté ne sera plus bloquée) et chercheur de cette discipline...


Mercredi, le 28 novembre 2007
Ma madeleine
L’autre jour, en buvant par hasard une tasse de tisane verveine-menthe, sucrée – moi qui bois essentiellement de l’eau ou du thé, et sans sucre –, j’ai eu un étonnant flash.
Je me suis revu, il y a vingt ans de cela (déjà !), dans la voiture de mes parents, avec toute la famille, au retour d’une longue promenade en ski de fond. Je me rappelle des barres de céréales et chocolatées que nous dévorions après l’effort, et de la bouteille thermos qui circulait parmi nous pour nous réchauffer avec cette tisane au goût et à la saveur si particuliers.
Tout en buvant le breuvage, j’étais surpris par l’intensité de la vision, avec le rappel de certains détails curieux, comme le fait que, là-haut, nous ne parvenions plus à capter dans l’autoradio la même station que celle de la « radio de la maison » (Europe 1), dans la plaine, et que écoutions par conséquent d’autres émissions qui n’avaient d’intérêt que de changer les habitudes (ce devait être « les Grosses Têtes » sur RTL).
Bref, je savais depuis longtemps que les informations olfactives et gustatives étaient traitées dans des zones cérébrales connexes de celles liées aux traitements mnésiques, mais cela ne m’a pas empêché d’être bluffé par l’intensité de ce souvenir impromptu.
Proust avait sa madeleine. Pour moi, c’est une tisane...


Jeudi, le 22 novembre 2007
Impressions automnales
Vent
Feuilles mortes
Tourbillon vert, brun et orangé
Poussières
Yeux
Larmes



Jeudi, le 15 novembre 2007
Même pas froid
La nuit dernière, en rentrant de la piscine à pied, les poches pleines de petits carrés de papier de couleurs, j’occupais mon temps en pliant des grues du Japon.
Je me disais qu’il faisait quand même un peu froid, mais bon, je n’allais pas mettre mes gants, je n’aurais plus été capable de poursuivre la réalisation de mes origamis. Et puis soudain, sur les buissons du bas-côté, révélé par un réverbère, elle était là, cette petite masse blanche accrochée aux seules parties de nature se trouvant dans mon environnement urbain : la neige !
Ah ouais, finalement, la température ne doit pas être bien élevée...


Lundi, le 5 novembre 2007
Week-end en familles
La seule différence entre Nyons et le paradis,
c’est qu’à Nyons, on est bien vivant.

Je ne saurais mieux exprimer mes sentiments que René Barjavel évoquant la ville qui l’a vu naître, ce petit joyau situé au cœur de la Drôme provençale où je viens encore de passer un inoubliable séjour.
Vendredi 2 novembre, après quelques heures de train, d’attente de correspondance et de car – que les pages de bons bouquins et l’enchanteresse vision des paysages automnaux ne rendaient nullement fastidieuses –, j’ai retrouvé Ugo Bellagamba et sa famille dans cette magnifique ville médiévale. L’ami niçois, entre dix mille projets professionnels, d’écriture, et bientôt une nouvelle paternité, est à la tête du comité d’organisation de l’OliCon 2008, la prochaine convention nationale de science-fiction (à défaut de trouver des informations concernant cet événement sur le site, pas encore activé, je vous conseille d’aller sur le blog de la convention), et nul ne saurait résister à l’enthousiasme communicatif d’Ugo quand il vous demande de le rejoindre dans cette aventure. Comme nous étions le jour de la « Fête des Morts », je lui ai proposé d’aller à Tarendol voir la tombe de l’auteur à qui la convention SF 2008 souhaite rendre hommage, et, après nous être engagés sur quelques fausses pistes (comme suivre la départementale D185 au lieu de la D185b ou aller au cimetière de Bellecombe-Tarendol au lieu de celui de Tarendol), alors que le soleil se couchait, nous avons pu nous recueillir auprès de la demeure paisible de l’auteur qui nous a tant marqué.
René Barjavel, 1911-1985, écrivain


Samedi 3 novembre a débuté par une belle balade sur les hauteurs environnantes de Nyons. Après le déjeuner, alors que nous faisions la vaisselle, nous avons écouté à la radio Catherine Dufour (une invitée de l’OliCon 2008) en direct des Utopiales de Nantes qui venait d’obtenir le Grand Prix de l’Imaginaire pour sa nouvelle (Ugo, qui était nominé pour son texte Quirites, n’avait ainsi pas remporté de nouveau prix). L’après-midi s’est poursuivi en se promenant dans Nyons tout en discutant de science-fiction et de l’organisation de la convention. Le dîner a consisté en un délicieux pot-au-feu que nous avons partagé avec l’autrice Dany Jeury – la fille de Michel (autre auteur invité à la convention) – son mari et son fils et, après le dessert, nous avons joué à reconnaître des films à partir de leurs musiques (Ugo, tais-toi ! tu es trop fort...)
Dimanche 5 novembre, au matin, ayant décidé d’avancer plus sérieusement la préparation de la convention, Ugo et moi nous sommes rendus à la Place des Arcades pour nous installer au salon de thé une Rose au Paradis que tient Dany Jeury.
Une Rose au Paradis, le salon de thé tenu par Dany Jeury

Dany a donné à son charmant établissement le nom d’un roman de Barjavel – le lieu ne pouvant mieux s’y prêter ! – et, pour la petite histoire, on retrouve en quatrième de couverture de ce livre une critique signée de son papa dans Sud-Ouest.
Dans ce cadre idéal, les thés Marco Polo et Casablanca stimulant nos neurones, des schémas ont rempli peu à peu mon bloc-notes, nos ordinateurs ont vu leurs fichiers de données se compléter... Quelle agréable façon de travailler !
Avec Ugo Bellagamba, au salon de thé Une Rose au Paradis

Et puis, après le déjeuner, il a fallu ranger son sac de voyage et nettoyer la maison. Nous nous sommes quittés avec un petit pincement au cœur, Ugo et les siens laissant le « petit Nice » qu’est Nyons pour rejoindre le grand, plus au sud, et j’ai repris le car et les trains qui m’ont ramené chez moi.
Durant le trajet, alors que le soleil déclinant rendait la lecture difficile et que je me remémorais des moments vécus auprès de ces familles de cœur, partageant mon goût des livres et de l’écriture, je ne pouvais m’empêcher de penser que le Paradis, pour Barjavel et pour nous, c’est peut-être cela : rester vivant dans l’esprit des gens en leur apportant un peu de bonheur à travers quelques pages écrites avec passion...


Jeudi, le 1er novembre 2007
Blanc / Noir
Profiter des vacances de la Toussaint pour aller aider une amie qui vient de s’acheter une maison, c’est une bonne idée.
Mettre ses affaires de travail dans un sac et débarquer – avec des habits noirs plutôt chics – dans son habitation alors que les murs sont en phase de ponçage et d’apprêtage, voilà une idée qui l’est beaucoup moins.


Jeudi, le 18 octobre 2007
Paradoxe humide
En rentrant de mon entraînement de plongée sous-marine, je découvre avec surprise qu’il pleut. Bien entendu, avec le redoux de cette mi-octobre, je ne m’attendait pas à cela : dans mon sac, j’ai des palmes, un masque, un tuba, mais pas de parapluie... et je me vois mal faire le chemin de retour depuis la piscine avec le bonnet de bain sur la tête.
J’ai envie de lancer à la cantonade : « J’aime pas l’eau ! »
Enfin, j’me comprends...


Lundi, le 15 octobre 2007
Qui dîne dort peu
Ouais, l’expression française « qui dort dîne » – du moins dans son acception actuelle et non celle que lui donnaient les aubergistes d’autrefois – n’a pas vraiment pu s’appliquer à moi, la semaine dernière. Les rares soirs consacrés à une activité qui ne soit ni sportive ni artistique, je me suis retrouvé en bonne compagnie pour des dîners sympathiques.
Mercredi, j’ai retrouvé André-François Ruaud – le « capitaine » des moutons électriques, éditeur – à la gare de Châteaucreux... Nous sommes allés ensemble voir et écouter l’étonnant spectacle musical et humoristique Laissez votre science au bestiaire des Kazoo’s Belli, le groupe auquel participe notre ami le prof/chercheur/auteur/musicien Jean-Jacques Girardot. J’avais déjà assisté à une représentation des Kazoos, il y a près d’un an maintenant, mais comme Jean-Jacques a adapté le spectacle au thème du congrès dont il constituait la clôture peu commune, de la fantasy avait été introduite dans cet ensemble plutôt hard science par l’entremise du « bon génie des procédés ». Plaisir de voir des copains, le chanteur Rémi Garin, l’autrice Sylvie Lainé venue en famille, le sculpteur Didier Cottier... mais les uns doivent rentrer à Lyon ou ailleurs, les autres ne peuvent éviter le dîner de gala officiel, aussi André-François et moi sommes retournés au centre-ville à la recherche d’un petit restaurant. Il était cependant déjà plus de vingt-deux heures, et en semaine, dans notre bonne ville de Saint-Étienne, c’était peine perdue. Malgré tout, je suis parvenu à faire quelque chose d’assez convenable pour mon invité avec les crevettes et filets de poisson qui traînaient encore dans mon congélateur.
Jeudi soir, après une réunion pédagogique, dîner en compagnie de collègues dans un restaurant japonais. Le repas s’éternisait, les plats mettant un temps considérable à nous parvenir : la préparation des sushi, maki et sashimi ne semble pas bien s’adapter aux grands groupes de personnes. Néanmoins, l’ambiance était chaleureuse : je suis ravi de pouvoir travailler avec des infographistes, magiciens de l’art et des nouvelles technologies, et des profs pour le moins atypiques.
Samedi midi, à mon retour de la salle de gym, j’ai rencontré Jean-Jacques par hasard dans un magasin de surgelés (il fallait que je reconstitue le stock de mon congélateur). Déjeuner impromptu en sa compagnie, nous évoquons son spectacle de mercredi dernier et son retour à la vie « normale » car il va cesser pour un temps ses activités musicales. Chouette, il se peut que nous écrivions enfin la suite de notre nouvelle steampunk !
Samedi soir, j’étais invité par Gilles Massardier, un éducateur spécialisé, mais aussi diacre et auteur amateur de science-fiction (voir les Yeux pour pleurer) que j’avais rencontré le mois dernier lors de l’événement organisé par les Lyonnes de la SF. La soirée s’est déroulée au Passage de Saint-Chamond, un « lieu de vie », c’est-à-dire une structure où, avec son épouse et ses enfants (ainsi que, durant la semaine, d’autres éducateurs et travailleurs sociaux), ils accueillent jusqu’à huit enfants « à problèmes » dont ils s’occupent en se démarquant des projets classiques des grosses institutions et des familles d’accueil. Que dire d’autre que durant ces quelques heures en présence de Gilles, de son épouse, de ses gamins, des enfants du Passage et de la charmante psychologue, j’étais entré dans un autre univers ? La science(-fiction) évoque des univers parallèles, mais il n’est pas nécessaire de recourir à de tels subterfuges pour déboucher dans d’autres mondes, en tout cas « autre » pour moi qui ai vécu une enfance heureuse et très protégée au sein d’une famille aimante. Le travail que Gilles et ses collègues effectuent est formidable, je suis admiratif de la force qu’ils déploient à chaque instant pour vivre au quotidien avec des mômes dont les malheurs font ensuite trouver bien dérisoires les inimaginables horreurs rapportées par les médias ou certaines planches dessinées par Jiho. Étudiant en psychologie pendant quelques années, je n’ai jamais été spécialement attiré par les aspects cliniques, m’intéressant davantage aux aspects expérimentaux et aux théories cognitives. Cela m’avait permis d’échapper à la brutale réalité rencontrée par ceux qui travaillent dans le « social »... Pourtant, la vraie vie, ce n’est pas l’Île aux enfants : les monstres existent et ils ne sont pas gentils.
Dimanche, enfin, j’ai pu rattraper mon manque de sommeil. Mais cela ne m’a pas empêché de terminer une sculpture.
Naviguons sur la vie avec légèreté...
Sur les flots



Mardi, le 9 octobre 2007
Babel, Taipei 101, le Crayon de la Part-Dieu et la Tour CN
Samedi, mon petit frère s’est marié à Lyon.
La journée a été riche en émotion : le mariage en lui-même, bien entendu ; mon père qui – après le terrible accident lui étant arrivé il y a tout juste quatre mois, et qui devait, selon les médecins, le laisser définitivement tétraplégique – avait réussi à valser avec ma mère ; enfin, mon autre frère – marié lui depuis trois ans – qui annonce qu’il allait être à nouveau papa...
À cette dernière nouvelle, ma mère et la mère de mon autre belle-sœur ne peuvent retenir leurs larmes du bonheur d’être pour la deuxième fois grand-mère... Ayant appris juste avant que l’équipe de France de rugby venait de remporter la victoire sur la Nouvelle-Zélande, nous nous moquons gentiment des deux mamies en disant que les Bleus ne sont qu’en demi-finale, que rien n’est encore joué, et tout et tout...
Au cours de cette journée tournée sur le signe du multiculturalisme, plein de rencontres charmantes et sympathiques, un nombre considérable de nationalités représentées parmi les invités, et, suivant les tables, les discussions se déroulaient en français, en alsacien, en chinois mandarin, en anglais ou en italien...
Depuis l’épisode de la Tour de Babel, les hommes de la Terre parlent plusieurs langues, mais avec un peu de bonne volonté et à travers l’anglais international, ils arrivent finalement à se comprendre, aussi chacun peut-il prendre part à la conversation, ajoutant sa petite pierre au dialogue du monde, cette pierre prenant la forme d’un petit bout de science pour faire avancer la Connaissance (comme le font les chercheurs, tels ma nouvelle belle-sœur ou moi), ou, comme le manifestait ce beau mariage, pour construire un couple. Il s’agit d’ailleurs d’une drôle de revanche sur Babel, puisque ma belle-sœur est née à Taipei, la capitale taïwanaise célèbre pour sa Tour 101, qu’avec mon frère ils vivent à Lyon où le fameux Crayon domine le quartier de la Part-Dieu et que, au mois prochain, ils quitteront l’ancienne capitale des Gaules pour vivre à Toronto, célèbre pour sa Tour CN.
Voilà un couple promis par d’heureux auspices à côtoyer les plus hautes sphères du monde...


Mercredi, le 3 octobre 2007
Dessin, sculpture et mauvais jeu de mots
Reprise de l’atelier d’arts plastiques, hier soir. Les habitués, quelques nouveaux, discussions sur les projets à venir, le matériel à acheter, les techniques qui seront étudiées ; de fait, je suis un des rares à réellement travailler.
Je présente à Laurent – l’artiste qui anime l’atelier – l’ambigramme que j’ai dessiné à partir de son nom (voir ici), dessin qui a l’heur de lui plaire et de l’intriguer. Il a envie d’essayer d’en faire un avec son seul prénom. Je lui montre aussi l’ambigramme de mon pseudo sous style « tribal » (voir ) et lui fait savoir que je compte l’adapter pour me le faire tatouer. (À ce propos, j’ai vu mon médecin, il n’y a a priori aucune contre-indication pour un tatouage, à part quelques rares allergies recensées, l’essentiel étant de ne pas faire de tatouages temporaires, surtout en noir, ce qui ne sera pas le cas). Laurent me déconseille d’employer un tel motif, ou du moins de davantage le travailler (il ne faut pas oublier qu’il a là un caractère définitif !) ; le tatouage devant avoir un squelette avec une structure plus précise que les petits « bidules » que j’ai dessinés un peu partout, lors de mes premiers pas dans ce mode graphique. Pas faux. L’ami Laurent est toujours de bon conseil...
Allez, au travail ! Avec ma massette et un ciseau, ainsi qu’une grosse lime, je dégrossis la pierre pour transformer le bloc de stéatite en un majestueux voilier. Puis je ponce l’élément qui deviendra la voile et passe la pierre polie sous l’eau afin de révéler la couleur que l’on retrouvera une fois la pièce terminée.
Laurent : « Ah oui, c’est un très joli vert veiné... »
Et moi, de répondre : « Tu veux dire... comme la tisane ? »


Dimanche, le 30 septembre 2007
Trouble d’un tribal tattoo
Hier matin, je me suis rendu à un club de gym pour ma petite séance de remise en forme bihebdomadaire. Comme je me sentais confiant, j’ai chargé ma barre avec davantage de poids que d’ordinaire. Sous l’effort, mes muscles ont bien réagi, j’ai simplement un peu plus transpiré que d’habitude.
Je n’ai rien des brutes actuellement mises à l’honneur par les médias à l’occasion de la coupe du monde de rugby, mais une activité physique est nécessaire et le cours de « body pump » que je suis régulièrement est un sport que j’apprécie vraiment (le cadre du club est agréable, la musique entraînante, les entraîneurs professionnels et plein d’humour, avec une super ambiance ; rien à voir avec le fait de pousser de la fonte dans un salle de musculation, activité que je trouve ennuyeuse au possible), c’est un sport complet (nous travaillons presque tous les groupes musculaires, et c’est assez cardio-training), et puis, bien entendu, cela permet de garder un corps que nous n’avons pas trop honte d’exposer au regard des autres à la piscine ou en bord de mer.
Ensuite, je me suis rendu à la bibliothèque universitaire où sont encore exposées mes sculptures. Pendant que le personnel de la BU cherchait les clés permettant d’ouvrir les vitrines, j’ai feuilleté les dernières acquisitions, en particulier un livre illustré sur Lyon entre 1800 et 1914 (mmm... pourquoi ne pas situer là-bas la suite de la nouvelle steampunk que j’avais écrite avec Jean-Jacques Girardot ?) et un bouquin sur le tatouage.
C’est alors qu’une idée m’est venue... Les tatouages, finalement, forment des motifs très esthétiques quand ils ne se limitent pas à du vilain figuratif approximatif ou à des textes codés de gangs ou d’ex-taulards. Je suis assez séduit par les motifs aux courbes étranges du style « tribal », ces graphismes en lignes épaisses inspirés des tatouages des cultures polynésiennes. J’étais là, patientant avec ce livre sur le tatouage, tournant devant la vitrine présentant mes sculptures, et j’ai revu, auprès de chacune de mes œuvres, l’étiquette indiquant le nom de la pièce, l’adresse de mon site Web et l’ambigramme de mon nom d’artiste. Je me suis alors dit : « Pourquoi ne ferais-je pas un ambigramme de mon nom de type tribal ? »
Eh bien voilà, c’est chose faite, avec le dessin d’un livre stylisé :
Méreste, ambigramme de type tribal

Je vais encore me renseigner auprès du médecin pour savoir si cela ne m’est pas contre-indiqué (comme j’ai une peau très sensible au soleil, un tatouage ne risque-t-il pas d’avoir d’effets néfastes ?) et auprès d’un tatoueur (pour savoir si un tel motif est réalisable, et combien cela me coûterait). Si tous les feux sont au vert, je vais sans doute me décider à adopter ce tatouage sur mon épaule.


Lundi, le 17 septembre 2007
Rencontres ambigrammées (sens dessus dessous)
Samedi soir s’est déroulé le Lyonnacolo, une rencontre science-fictive franco-italienne organisée par les Lyonnes de la SF.
Un peu avant 17 heures, j’arrive à Temps Livres, l’antre de Markus Leicht, où se trouve déjà Georges Bormand. Un peu plus tard, d’autres gens arrivent : des Français, des Italiens, un Espagnol... Nous collons des étiquettes (« I speak English » et « Je parle français » dans mon cas) sur nos badges. Là, trop la classe : je sors mon propre badge avec mon pseudo « Méreste » sous forme d’ambigramme (celui-ci). Les gens ne peuvent s’empêcher de tourner mon badge à l’envers parce que ça les intrigue...
Notre petite troupe quitte la boutique en laissant Markus, qui a l’air bien fatigué, et qui ne nous rejoindra pas pour la soirée, dommage. Il y a aussi d’autres absents : Franco Ricciardiello ne pourra pas venir. Et m... ! J’avais prévu de lui faire signer deux bouquins amenés tout exprès, dont Passés recomposés où se trouve également une de mes nouvelles : il était l’un des derniers auteurs de cette anthologie dont je n’avais pas encore la dédicace...
Nous passons auprès des bouquinistes du quai de la Pêcherie, puis traversons la Saône, quai Fulchiron, pour aller chez le Père Penard. Mon sac est prêt à exploser... j’ai emporté ma trousse de toilette et un minimum de vêtements (mon petit frère lyonnais a prévu de m’héberger pour la nuit). Par conséquent, avec les livres déjà emportés, les « nouveaux » bouquins (d’occasion) achetés, ça n’va pas l’faire...
Un peu plus de 19 heures, nous arrivons au Café de la Cloche. Nous retrouvons d’autres gens, dont Sylvie Lainé, une amie qui faisait – comme moi – partie de la Gang, au début des années 2000 (ben mince, ça semble super loin, dit comme ça !). Sylvie sera invitée à la prochaine convention nationale de science-fiction, l’OliCon, dont je suis l’un des organisateurs. Je lui montre l’ambigramme que j’ai fait à partir de son nom :
Sylvie Lainé

Ça a toujours quelque chose d’étonnant...
À propos de l’OliCon qui aura lieu à Nyons en 2008, l’auteur René Barjavel (né dans cette ville) fera partie du programme à travers une table ronde lui étant consacrée (et que votre serviteur se devra de modérer) et où participera, outre Sylvie (ah, tu n’étais pas au courant ?), Pierre Creveuil, l’un des principaux animateurs du barjaweb, le site Web le plus complet sur ce grand monsieur.
Hop, voici l’ambigramme que j’ai fait pour Pierre :
Pierre Creveuil

Appelé par la faim, nous rejoignons une crêperie, et je fais la connaissance de Gilles Massardier, un éducateur spécialisé (mais portant aussi bien d’autres casquettes !) qui est l’auteur de quelques petits textes de SF, dont celui-ci. Le personnage est fort intéressant, et comme c’est un « voisin » saint-chamonais, plutôt que de passer la nuit chez mon frère, il s’est proposé de me raccompagner à Saint-Étienne et nous avons pu poursuivre sur le chemin du retour vers la Loire la discussion que nous avions entamée au restaurant puis en revenant au café.
Voici ce que donne son nom en ambigramme :
Gilles Massardier

En résumé, cette soirée Lyonnacolo s’est passée de manière assez curieuse, je n’ai pas tellement eu l’occasion de discuter avec les amateurs italiens de science-fiction (je ne me suis pas retrouvé à côté de l’un d’eux, à table ou au café), mais pas de réel regret : j’ai retrouvé des anciens amis et fait la connaissance de personnages intéressants, tel Gilles, même s’il était bizarre de se rencontrer à Lyon alors que la distance qui sépare Saint-Étienne de Saint-Chamond n’est que d’une douzaine de kilomètres...


Jeudi, le 13 septembre 2007
La double double-vie de Fabrice M.
L’excellent et regretté Polonais Krzysztof Kieślowski avait réalisé, en 1991, un film étonnant : la Double Vie de Véronique. Dans ce petit bijou cinématographique, une femme, après la mort de son impossible double, voyait sa vie curieusement changer...
En ce qui me concerne, j’ai deux doubles vies : une d’enseignant/chercheur qui m’occupe durant une bonne partie de la période diurne des jours ouvrables (et bien souvent davantage) où je suis le « docteur Fab M. », et une autre d’auteur/sculpteur – que j’exerce le reste du temps – sous le pseudonyme de Mister « F. Méreste ».
Parfois, ces deux vies se mêlent. Hier matin, avant de coiffer ma casquette de prof et de passer la journée à participer à des jurys de soutenance de stage ou à donner des cours, j’étais devant l’ordinateur afin de concevoir l’affiche annonçant la prochaine exposition d’arts plastiques de mes collègues et moi-même (cela se passera à l’atrium de la Bibliothèque universitaire du site de Tréfilerie « Droit, Lettres », à Saint-Étienne, du 13 au 28 septembre 2007, voir ici). Et tout à l’heure, je vais installer cette expo avant de retourner bosser « pour de vrai » à mon labo.
Samedi, cette fois en tant qu’auteur, j’irai à Lyon pour participer au Lyonnacolo, une soirée-débat avec quelques auteurs et animateurs du petit monde science-fictif de France et d’Italie, un événement organisé par les Lyonnes de la SF.
Bref, je n’ai vraiment pas le temps de m’ennuyer...
Enfin, petite nouveauté : j’ai décidé de ne plus indiquer directement mon pseudonyme sur les étiquettes des œuvres plastiques que je vais exposer. Désormais, seuls seront présents le nom de la sculpture, l’URL permettant d’accéder à ce site Web et, en guise de signature, le nouvel ambigramme de mon nom d’artiste :
Méreste, l’ambigramme me servant désormais de signature




Samedi, le 1er septembre 2007
Sept moins un : la gourmandise
Et m... !
Hier, après une consultation chez mon médecin, j’ai tiré un peu la tronche. En effet, l’interprétation des résultats de ma dernière analyse biologique est sans appel : j’ai trop de « mauvais cholestérol ».
Je ne suis pas du genre à faire des excès de sucre et de graisse, mais il est vrai que je ne me prive pas vraiment pour autant. Seulement les gènes, on ne les choisit pas, et je suis bien le fils de ma mère qui, connaissant le même type de problème, m’avait demandé de faire un test...
Eh bien, il va falloir que je surveille de près mon alimentation et que je prenne des médicaments. Soit. Effets secondaires annoncés : douleurs musculaires. Ah, pas glop.
Alors, en rentrant chez moi, et en prévision de la diminution du budget « nourriture », j’ai fait un tour sur Internet et je me suis acheté un nouveau joujou sur un site marchand de matériel électronique : une tablette graphique. Ne vous étonnez donc pas si je présente encore ici dans les jours prochains des ambigrammes ou des dessins...
Bon, puisque je n’ai plus droit à la gourmandise, il me reste toujours la paresse (pas terrible : je suis incapable de rester des heures dans mon lit), la luxure (pour cela, il faudrait que je me trouve à nouveau une copine), l’avarice (alors que je me moque pas mal de l’argent et que je le dépense tant que j’en ai), la colère (impossible, je suis un type super zen), l’envie (pas possible non plus, je ne suis pas du genre à jalouser les autres) et l’orgueil (ça, à la rigueur, pourquoi pas ?)


Jeudi, le 30 août 2007
Il pleut (tribute to Jacques Brel)
Il pleut
C’est pas ma faute à moi
Les carreaux des usines
Sont toujours mal lavés
Il pleut
Les carreaux des usines
Y en beaucoup d’cassés


Il pleut
L’usine abandonnée
C’est la Manufacture d’Armes
Future Cité du Design
Et les carreaux de verre
Détruits par les ouvriers
Il pleut
C’est un pan de l’histoire
Qui retourne au passé


Il pleut
Il pleut, mais ce n’est pas Dean
Il pleut dans ma région
Il pleut dans mon immeuble
Il pleut dans mon bureau
Il pleut
Et l’agence immobilière
Ne bouge pas le p’tit doigt
Pour vraiment s’occuper
De ce dégât des eaux...



Mardi, le 21 août 2007
L’invité malvenu
Résumé hyper-rapide de mes deux semaines de vacances à la Martinique :
  • Côté positif : la beauté des tropiques à la luxuriante végétation ; la mer des Caraïbes dans laquelle j’ai réalisé de formidables plongées (la faune sous-marine – car il y a très peu de flore sous l’eau : les coraux, éponges, gorgones, anémones ou autres sont des animaux – est magnifique, étonnante et diversifiée avec ses tortues, poulpes, calmars, crustacés (les drôles de crabes-flèches et les jolies crevettes nettoyeuses), coquillages et poissons aux couleurs et formes variées) ; les grands mammifères marins sauvages vus lors du retour en bateau (des dauphins qui s’amusaient avec les vagues produites par notre embarcation, ainsi que des orques naines, moins joueuses) ; l’ambiance sympathique dans le centre ; la ville de Saint-Pierre (détruite par l’éruption de la montagne Pelée en 1902) ; Fort-de-France et son marché ; le jardin de Balata ; les plages des Salines et de Tartane ; les cocktails et jus de fruits exotiques ; la nourriture antillaise...
  • Côté négatif : les bestioles qui piquent sous l’eau (corail de feu, oursin de feu, ver de feu, éponge « pas-touche » ainsi que toute une série de poissons) ou qui piquent dans l’air (mes bras et jambes sont ravagés par les piqûres de moustiques mais je m’estime heureux de ne pas avoir fait la connaissance des mygales) ; les coups de soleil... et un invité non attendu appelé « Dean ».
ouragan     n. m.
1640; houragan 1604; huracan, uracan XVIe ; d’une langue des Antilles, par l’esp. huracán « tornade »
Forte tempête caractérisée par un vent très violent dont la vitesse dépasse 120 km à l’heure, et spécialement par un vent cyclonal. ⇒ cyclone, tornade, typhon. La mer des Antilles est souvent agitée par des ouragans.

Conséquences de l’arrivée de Dean : je n’ai pu plonger qu’à 15 occasions au lieu des 20 prévues, la fin du séjour devenait un peu compliquée avec les coupures généralisées d’eau, d’électricité et de télécommunication, et nous devions rester à l’abri du cyclone, limitant nos activités à la lecture et aux jeux de société. Le passage de l’ouragan a été terrible pour l’île, mais (fort heureusement) ne touchant que des éléments matériels avec les bateaux renversés, les toitures arrachées, les champs de bananiers complètement détruits, la canne à sucre très atteinte également, les routes coupées, etc.
Oui, se trouver dans l’œil du cyclone était une expérience assez particulière dont j’aurais préféré ne pas avoir à me vanter...


Dimanche, le 5 août 2007
Pourquoi « blogue à desseins » ?
Bien entendu, pour le jeu de mots entre « blogue » (l’aphérèse de web log) et « bloc à dessins ».
Mais, si cela concerne des petits bouts de textes, pourquoi pas plutôt « blogue-notes » dans ce cas ?
Parce que je ne me déplace presque jamais sans un carnet (celui qui est d’ailleurs scanné sur les pages de ce site) qui me sert à la fois à prendre des notes, à réaliser des croquis, ou de to do list.
Et pourquoi « dessein » alors ?
Selon la définition du Petit Robert :
Littér. Idée que l’on forme d’exécuter qqch. ⇒ but, détermination, intention, objet, projet, propos, résolution, visée, volonté, vue. Concevoir, réaliser, accomplir un dessein. Avoir des desseins secrets. Nourrir de noirs, de coupables desseins. Grands, vastes desseins.
Former le dessein de (et inf.). – Avoir des desseins sur (qqn ou qqch.) : avoir des projets concernant (qqn ou qqch.).
Loc. adv. À DESSEIN : intentionnellement, de propos délibéré.

Donc, en résumé, il s’agit d’un weblog où je rédige des propos (dé)libérés sur ma vision du monde ainsi que sur mes principaux centres d’intérêts que sont l’écriture et les arts.
Pour en revenir au dessin (sans e), justement, je m’intéresse depuis peu à une forme graphique originale : les « ambigrammes »
Il s’agit de textes qui peuvent se lire suivant certaines transformations (par exemple par une rotation de 180°). Je me suis ainsi amusé à faire un ambigramme sur mon propre nom et je suis arrivé à ceci, sans ou avec un petit effet de décoration :


Joli, non ? Y arriveriez-vous avec votre propre nom ?
Alors à bientôt, et prenez soin de vous.
Pour ma part, dans 24 heures, je serai près d’arriver dans les tropiques afin de passer deux semaines à faire de la plongée sous-marine...


Jeudi, le 26 juillet 2007
Ressources
Achats compulsifs. Hier, une razzia à la Fnac (plein de bouquins de David Lodge et un essai en neuropsychologie). Puis, de retour chez moi, plus d’un dixième de mon salaire mensuel est parti en commande en ligne d’outils et de pierres afin de poursuivre mes activités de sculpture...
Whouf !
Et puis, en soirée, l’ordinateur s’arrête, ainsi que toutes les lumières. Panne d’électricité. Je réouvre les volets, allume quelques bougies... plus d’électricité dans tout l’immeuble. Je vais voir à l’extérieur... et remarque une note scotchée sur la porte d’entrée : en raison des travaux, coupure prévue entre 20 heures et 23h30.
Je rentre chez moi et essaie de profiter des dernières lueurs du jour pour avancer une nouvelle de Lodge, mais il est très difficile de lire, même à l’aide de plusieurs bougies. Bon, eh bien, je vais au moins dormir longtemps cette nuit... C’était sans compter les lumières qui se sont rallumées vers 22 heures.
Le lendemain matin, une autre surprise : plus d’eau. Ah, l’horreur, maudits travaux ! Impossible de vivre sans pouvoir prendre sa douche, tirer la chasse d’eau, se laver les dents. De l’évian pour faire du thé au petit déjeuner. Je regarde mon stock de bouteilles d’eau. Est-ce que cela sera suffisant pour faire un semblant de toilette ? L’eau revient vers 10 heures, juste de quoi faire la vaisselle... puis ne coule plus. Une heure à patienter avant que ne parvienne un filet saumâtre... pas très engageant, puis une eau incolore, en gros flot, comme d’ordinaire.
Ces petits moments de privations ont quand même le mérite de nous permettre de relativiser sur l’emploi des ressources, foutus citadins privilégiés que nous sommes... Sur cette planète, combien de personnes n’ont pas d’accès à l’eau potable, à l’électricité, à des livres ou d’autres formes de culture ?


Mardi, le 24 juillet 2007
De la poussière
Depuis quelques jours, je fais de la sculpture sur stéatite dans mon appartement. Du coup, il y a plein d’éclats un peu partout, et surtout, de la poussière, vu que cette pierre est pleine de talc.
Bizarre : j’ai l’impression que ce sont les vacances sur la blogosphère. Les copains de MySpace semblent aux abonnés absents. Pas de nouvel article, plus de commentaire. Espérons qu’ils se reposent bien.
Pour ma part, je compte partir bientôt. Partir en vacances, oui, car les Antilles, ce sera dans moins de deux semaines ; mais je parlais surtout de mon départ prochain de MySpace. Je compte en effet reconstruire mon site web perso, avec des vraies pages sur mes textes, sur mes sculptures et un blog contenant les archives des diverses versions des carnets virtuels tenus depuis... 2002. Eh bien, voilà encore quelque chose à dépoussiérer !


Mercredi, le 4 juillet 2007
De la terre sur le clavier
Je suis allé voir mon médecin pour récupérer un pack "vacances" (quinine pour protéger ma peau de l’hypersensibilité au soleil, gouttes pour les oreilles en cas de pépin quand je ferais de la plongée sous-marine, et autres médicaments nécessaires quand on se trouve dans des contrées exotiques) ainsi que mon dentiste qui, désespéré de ne rien trouver au niveau de mes magnifiques quenottes, a quand même procédé à un détartrage, pour la forme.
Enfin, je poursuis à domicile mes sculptures en cours, en particulier une en argile, avant de m’attaquer à la stéatite.
Avancer ce genre d’activité chez soi, c’est bien parce que les retouches peuvent se faire au jour le jour, mais c’est un peu compliqué quand on a du matériel électronique : j’ai retrouvé ce matin des traces de terre un peu partout, sur le téléphone ou le clavier...


Mercredi, le 27 juin 2007
Le nain Ternette et l’âne Haunime
Samedi dernier, j’ai été victime d’hameçonnage (ou de "phishing", vu que MySpace ne sait pas parler français). Bon, hein, rien de grave, je n’ai eu qu’à changer mon mot de passe, rien n’a été touché ou perdu, contrairement à ce qui est arrivé au malheureux ami Bernard...
Il n’empêche, si je reprends la définition de l’hameçonnage ("technique utilisée par des fraudeurs pour obtenir des renseignements personnels dans le but de perpétrer une usurpation d’identité", merci Wikipedia), quelqu’un aurait essayé de se faire passer pour moi...
Oui, mais bon, pourquoi moi ? Suis-je si connu ? Et pour quoi faire ? Du coup, j’ai passé le test pour savoir si j’étais un connard prétentieux (sic) et en fait non, ou du moins je n’ai qu’un petit score de 34, soit :
"Sur une échelle allant de 0 à 100, votre score de Connard Prétentieux est très exactement de 34.
Vous vous sentez parfois obligé d’afficher votre supériorité, mais dans l’ensemble vous restez quelqu’un d’ouvert capable de prendre en compte l’opinion d’autrui. Lorsqu’il s’agit d’intervenir sur un forum, vous privilégiez le débat d’idée et la discussion à la rhétorique et aux attaques personnelles. Continuez sur cette voie. Ne vous laissez pas entraîner dans des disputes stériles par des imbéciles ou des connards prétentieux. Vous valez mieux que ça !"
Me voilà rassuré. En clair, relativisons : un méchant pirate essayait de se faire passer pour moi, mais pas parce que je suis moi, Fabrice Méreste, auteur et sculpteur, il aurait pu choisir n’importe quel quidam, et ceci à des fins très vraisemblablement peu louables...
Voilà, pour ceux qui sont allés jusqu’au bout de la lecture de cet article, désolé pour les jeux de mots laids en titre.


Samedi, le 2 juin 2007
Blanche
Blanche, comme la nuit que je viens de passer à terminer un article scientifique tout juste avant la date limite, le 1er juin, et minuit, fuseau horaire du Temps standard du Pacifique, soit en cours de matinée en ce qui me concerne, et dans l’après-midi pour mon collègue japonais.
Blanche, comme la poudre que j’aurais pu renifler pour tenir le coup et avoir les neurones en éveil, mais je connais trop bien les effets pharmacologiques de ces saloperies pour ne pas me laisser tenter... contrairement aux étudiants (ou profs ?) de la Ville éternelle. Du coup, je me suis dopé aux thés à la menthe super sucrés et aux tartines de Nut’ (je sais, c’est mal).
Blanche, comme mes sculptures sorties du four. L’argile beige, une fois cuite, n’est pas vraiment intéressante sans patine. Et je dois tout terminer avant l’expo, la peinture sera à peine sèche au moment de l’accrochage. Gasp.
Blanche, c’est la couleur des roses de l’horrible chanson lacrymogène du môme qui les offrait à sa maman. Merde, c’est la fête des mères demain. Ah oui, joie d’Internet : deux clics et des fleurs sont envoyées à bon port.
Blanche, c’est ma figure de vampire qui fuit le soleil. Bon, j’ai besoin de prendre des vacances. Je les ai méritées. Tiens, du coup, je vais patiner une de mes sculptures de couleur bronze.


Dimanche, le 29 avril 2007
Ce que disent les pierres
Déjà de retour de week-end (eh ouais, je ne fais pas le pont) où, au sein d’un château, s’est déroulé un atelier d’écriture. J’en reviens avec quelques textes que je posterai ici dans les jours prochains. Le premier, petite mise en condition, a été écrit après une visite guidée effectuée parmi les vieilles pierres. L’inducteur était : "ce que disent les pierres..."

Les pierres nous racontent notre histoire.

La nôtre ? La vôtre ? La mienne ?

Non, simplement l’histoire de quelques familles illustres qui ont fait se dresser ces pierres en donjons d’où elles exerçaient leur pouvoir, quand ce n’était des murailles derrière lesquelles elles cherchaient à se protéger.

Mon histoire – c’est d’un commun – a commencé dans un hôpital. Nulle trace de mon passage en ce lieu, si ce n’est peut-être parmi de quelconques registres. L’histoire contemporaine ne se grave plus dans la pierre mais prend la forme de données numériques présentes dans des fichiers de l’administration.

Aujourd’hui, pour se faire entendre, la voix des hommes devient bombe de peinture pour s’éclater en cri sauvage sur les murs blancs.

Les châteaux racontent les seigneurs, les événements heureux ou tragiques, les restes qui ont échappé à l’insatiable appétit du temps et de l’oubli.

Les pierres parlent de mes racines, mais je suis un déraciné. J’ai toujours regardé avec méfiance ceux qui étalent leurs branches généalogiques comme un paon faisant la roue. On ne peut que se vanter de son ascendance quand on est incapable de faire valoir ses propres fruits.

La seule pierre que parlera de moi portera mon nom, mon année de naissance, et une autre date… que j’espère la plus lointaine possible.


© Fabrice Méreste, 2007.




Mardi, le 24 avril 2007
Le jour le plus long
Réveillé avant 4h00 du mat’, déjà fait le tour de quelques blogs, ceux de Markus (merde, je suis accro aux aventures de son agent vraiment très spécial), de Valérie (tiens, rien de neuf ce matin ?) et d’Adeline (avec son test coloré mais... même si je l’adore, je lui conseille de surveiller sa grammaire).
De 4h00 à 8h00, cela fait un peu moins de 3 heures si je tiens compte du temps pris pour le petit déj’, pour terminer cet article sur mon blog, pour me préparer et prendre le bus afin de me rendre au travail.
De 8h00 à midi, j’enchaîne deux surveillances d’examen de 2 heures chacune, et comme je me suis super bien préparé, je vais pouvoir bosser sur mon ordinateur portable en jetant de temps à autre un oeil (puisqu’il paraît que je n’en ai qu’un, comme Albator) sur mes étudiants pour qu’ils ne copient pas les uns sur les autres.
De midi à deux, encore 2 heures, moins la pause déjeuner (pas de sandwich, mais 20 minutes suffisent pour passer au resto du personnel).
Ensuite, nouvelle pause dans mon activité de recherche afin d’endosser mon costume d’enseignant : quatre heures de cours magistraux devant le nombre ridicule d’étudiants ayant choisi mon option (soyons zen).
Enfin, retour à la maison, et sans doute encore beaucoup de travail avant d’aller retrouver mon lit.
Tout ça parce qu’il me reste moins de 2 jours, 8 heures et 43 minutes pour envoyer un article-de-recherche-qu’il-sera-trop-bien à une conférence-qu’elle-est-trop-chouette en Pologne.
Allez, Goldodrak, go !


Vendredi, le 20 avril 2007
Expresssss
De passage à Lyon hier pour des raisons professionnelles, j’en ai quand même profité pour aller voir l’ami Markus à sa boutique avant de prendre un verre avec lui et d’échanger quelques mots.
Sympa de souffler un peu. Je cours dans tous les sens en ce moment, j’ai envie d’écrire, les idées qui bouillonnent dans mon cerveau, mais je garde la pression pour... plus tard... Je ne peux pas me laisser la possibilité de me lâcher devant l’écran ou un bout de papier, j’ai un travail hyper important à terminer et cela va me prendre tout le week-end ; seule la matinée du samedi consacrée aux courses et à un tour à mon club de sport constitueront ma distraction du week-end. Joie...
Mais le week-end suivant, j’irai dans un joli château du coin pour participer à un atelier d’écriture. Parmi ces vieilles pierres, l’inspiration nous viendra pour écrire, tels des troubadours, des histoires légendaires de princesses, de preux chevaliers, de dragons et de sorciers. Ou pas.
Enfin, d’ici là, j’essaie de profiter de mes rares instants de liberté. Ce matin encore, dans mon tramway, plongé dans un roman de Greg Egan acheté à Temps Livres (l’antre de Markus), j’ai manqué mon arrêt... Et mon actuelle pause web de 10h00 - argh ! - dure bien plus que ce qu’elle aurait dû.
A bientôt !


Lundi, le 16 avril 2007
C’est la droite ou la gauche qui nous gouverne ?
À quelques jours du premier tour des élections présidentielles (mon mari ! (pouf, pouf ! (désolé))), j’ai remplacé la pause choco-BN ou tea-time par une pause testalakonduouaib, sur les traces de Valérie.
Et donc, verdict : je suis légerement dominé par mon hémisphère droit (en gros, la créativité) plutôt que par le gauche (la logique). Car dans la vraie vie, j’ai besoin d’être créatif, mais d’avoir aussi les pieds sur terre (ça s’appelle la recherche scientifique, et il y a des budgets, des projets, etc.).
Il n’empêche que c’est pourtant mon hémisphère gauche (notez que l’on dit une sphère mais un hémisphère ; question : en coupant la boule en deux, y aurait-il eu apparition de petits attribus ?) qui occupe le plus de place dans ma boîte crânienne (et j’en ai la preuve en photo, j’ai fait une IRM pour les besoins d’une expé de sciences cognitives). M’enfin, c’est normal, je suis 100% droitier.
Donc le test :
You Are 45% Left Brained, 55% Right Brained
The left side of your brain controls verbal ability, attention to detail, and reasoning.
Left brained people are good at communication and persuading others.
If you’re left brained, you are likely good at math and logic.
Your left brain prefers dogs, reading, and quiet.
The right side of your brain is all about creativity and flexibility.
Daring and intuitive, right brained people see the world in their unique way.
If you’re right brained, you likely have a talent for creative writing and art.
Your right brain prefers day dreaming, philosophy, and sports. Are You Right or Left Brained?


Mercredi, le 11 avril 2007
Cent euros
Cent euros, enfin 94,88 euros pour être précis, c’est le prix à payer pour franchir le Rubicon... ou le Styx.
Ou du moins, j’espère que c’est la fin de cette traversée, et qu’elle s’achèvera sur les rives des Champs Elysées...
Voilà maintenant plus de 10 ans que j’ai commencé à travailler sur mon roman, j’ai fini par choisir les éditeurs susceptibles de me publier, j’ai terminé de réimprimer toutes les pages du manuscrit ce matin, je l’ai fait photocopier en 6 exemplaires en début d’après-midi (365 feuillets à un peu moins de 3 centimes la page, cela fait 65 euros), et j’ai enfin fait la queue à la Poste (je n’étais pas le seul, tout le monde semblait s’être donné le mot, joie des vacances scolaires) pour envoyer mon manuscrit à 6 éditeurs de thriller (un peu moins de 5 euros l’envoi, donc 29,88 euros).
Une journée à ne pas avoir pu travailler, mais une journée nécessaire si j’ai l’intention de valoriser d’une manière ou d’une autre ces années d’écriture et réécriture, et ceci pour pouvoir tourner la page (pouf, pouf !) et reprendre certains de mes personnages dans une suite dont les éléments prennent place peu à peu dans ma tête, dans les fichiers de mon ordinateur et sur le papier.
J’ai un vilain rhume (je ne m’explique pas comment j’ai pu l’attraper), un furieux mal de crâne (pas assez dormi ?) et les intestins en vrac (à cause de l’excès de chocolat reçu à l’occasion des fêtes pascales ?) mais j’ai de quoi redevenir zen grâce à ça :
Mon jardin zen à moi que j’ai et qu’il est beau



Jeudi, le 5 avril 2007
De la supériorité du cerveau sur le poing

Je n’en ai pas l’air, comme ça, mais je suis une véritable tête brûlée. C’est plus fort que moi : quand je me trouve dans une situation où je suis témoin d’incivilité, je me dois de réagir. Plus d’une fois, j’ai cru me faire casser la figure, dans le bus, dans le métro, dans la rue, simplement parce que je ne suis pas du genre à détourner les yeux ou changer de trottoir. Mais je n’agis que par la parole. Jusqu’à présent (et touchons du bois pour que ça dure), les mots ont toujours suffi car, de toute ma vie, et aussi invraisemblable que cela puisse paraître, je ne me suis jamais battu !

Bien entendu, comme tous les enfants, et ceci jusqu’au collège, j’ai donné des petits coups de pieds ou des petits coups de poings à mes camarades de classe, mais cela n’a jamais été méchant, c’était simplement ce que font les lionceaux quand ils apprennent à mesurer leur force.

Quand j’étais ado, et même pré-ado, pour faire comme papa, je pratiquais un sport de combat : le judo.

Quelle erreur !

Je n’avais pas de problème pour réaliser les prises, aucun souci pour la technique, mais j’étais vraiment mauvais en combat par peur de faire mal à mes adversaires (qui, eux, ne se gênaient pas pour me balancer à terre).

Je me rappelle une compétition où je me suis retrouvé face à un seul adversaire dans ma catégorie. Je l’ai battu et j’étais content : je croyais que tout était fini et que j’allais pouvoir rentrer à la maison.

Mais non, les organisateurs du championnat, ennuyés de nous avoir fait déplacer pour un seul match, nous ont proposé, à mon adversaire battu et moi, de combattre deux filles de la même catégorie de poids que nous.

Eh bien, mon rival n’a laissé aucune chance aux demoiselles, alors que moi, je me suis fait battre lamentablement par ces dernières, ponctuant un « désolé » ou un « excuse-moi » chaque fois que j’esquissais un mouvement pour les faire tomber...

Non, le judo, ce n’était vraiment pas mon truc.

Enfin, pour en revenir aux incivilités dont je suis et j’ai été témoin, comme je n’ai pas ma langue dans ma poche, j’aurais pu me faire tabasser des milliers de fois par des personnes à qui j’ai fait quelques remarques — toujours justifiées !— parfois désobligeantes...

Une fois, pourtant, ce n’est pas passé loin. Cette anecdote est garantie 100% véridique.

À l’époque, j’étais étudiant en psychologie, et, suite à des réorientations et des envies de poursuivre de longues études, j’ai suivi une "préparation à l’Armée de l’Air", histoire de pouvoir repousser d’un an mon passage sous les drapeaux et de me retrouver dans ce corps de la Défense qui était, m’avait-on dit, le moins "pénible".

C’est ainsi que, pendant une semaine de vacances scolaires, je me suis retrouvé en tenue kaki à faire semblant d’être un petit soldat.

Un jour, à midi, à une table voisine de la mienne, un p’tit gars se croyait spirituel en jouant au gros dégueulasse avec la nourriture qu’il gâchait pour les autres et en faisant de multiples bruits corporels. Écœuré, j’ai dû lui sortir quelques propos qui, visiblement, ne lui avaient pas fait plaisir.

À la pause qui avait suivi le déjeuner, j’étais avec mes camarades dans la grande tente qui nous abritait lorsque plusieurs personnes d’un autre groupe sont entrées. Parmi elles, une espèce de colosse qui devait faire une tête de plus que moi (finalement, 1m77, ça peut être bien petit parfois), et sans doute pas loin du double de mon poids, et bien entendu le petit gros à qui j’avais fait la remarque désobligeante un peu plus tôt. Le petit, avec ses airs de caïd, m’a indiqué du doigt à son copain super costaud et mes amis m’ont regardé d’un air effaré car le monstre de muscles s’avançait vers moi et allait me réduire en bouillie...

Là, j’avoue que j’ai eu vraiment très peur. Mais, si l’homo sapiens sapiens a pu survivre parmi les autres animaux de la savane, ce n’est pas parce qu’il était rapide ni parce qu’il était pourvu de griffes, de crocs ou de glande à venin, mais bien parce qu’il savait utiliser son cerveau un peu mieux que les autres prédateurs.

Et dans cette situation, je n’avais pas le choix : aucun moyen de fuite (la seule issue de la tente était condamnée par les copains du petit gros), il fallait agir au plus vite, je devais être génial sinon j’allais être transformé en steak haché...

Je ne sais pas ce qui m’a pris, je me suis dirigé vers Monsieur Muscle, je lui ai dit bonjour et je me suis assis à côté de mon lit de camp en l’invitant à s’allonger et à me parler de ses problèmes, genre psy en consultation (mais publique, la consultation).

Ma réaction a quelque peu dérouté la personne censée me casser la figure. Le type m’a alors sorti quelque chose comme : « Eh là, mais je ne suis pas fou ! »

Et moi : « Mais je n’ai jamais dit que tu étais fou ! Je suis simplement là pour que tu puisses me parler de tes problèmes, je suis là pour t’aider... »

Cela a eu pour effet d’énerver le type qui m’a sorti : « Mais ça va ! Je n’ai pas de problèmes, moi ! »

Moi (fourbe), l’air étonné : « Mais alors... Pourquoi ton copain t’a dit de venir me voir ? »

Alors là, Monsieur Muscle n’était vraiment pas content, surtout qu’il y avait tous les copains de son groupe en plus des miens, il a attrapé le petit gros, l’a bloqué contre un pilier de notre tente et a commencé à lui donner des coups de tête (pas trop violents, mais quand même) en marmonnant « pourquoi tu m’as fait ça », ce qui m’a obligé (c’était le comble !) d’intervenir pour les séparer...

L’autre groupe est parti, j’ai pu m’asseoir à nouveau sur mon lit, soulagé, et mes copains, pas fiers de ne pas avoir osé me défendre, se sont laissé aller à un grand éclat de rire.

Ah, quelle histoire : j’avais vraiment eu très chaud !




Mardi, le 27 mars 2007
Next: n or n+1 ?
J’ai du mal à comprendre...
J’appelle un restaurant pour réserver deux couverts et j’indique pour la date "samedi prochain".
"Le 7 ?" demande le restaurateur.
"Non, samedi 31", que je lui réponds.
"Ah, ce samedi... Pas samedi prochain", corrige mon interlocuteur.
"Euh... Oui, le prochain samedi, ce samedi, le 31", suis-je obligé de préciser, un brin confus par sa remarque.
Bon, certes, c’est un restaurant japonais, et mon interlocuteur a l’accent asiatique caractéristique, mais j’ai déjà remarqué ce problème de date avec d’autres personnes de la région.
Pour moi, "prochain", et l’ami Robert (le petit) le confirme, c’est "très rapproché, le plus rapproché", "qui est près de se produire" ou "qui suit chronologiquement". Donc, quoi ? Le "prochain" sous-entend-il "à partir d’aujourd’hui", comme je le suppose, ou "le suivant à partir d’une première occurrence de l’événement déjà rencontré" comme me l’a fait entendre le restaurateur ?
La langue française n’est pas très claire ici, et c’est bien dommage car cela est source de quiproquos, et donc d’éventuelles discordes, alors qu’il aurait été préférable de bien se comprendre pour se considérer... en prochains.


Lundi, le 26 mars 2007
Immortel (ou presque)
Je le savais, je le savais... J’ai fait un test pour savoir de quoi je risquais de mourir. Ben, c’est rassurant...
You scored as Natural Causes. Your death will be by natural causes, though not by any diseaese, because that is another option on this test. You will probably just silently pass away in the night from old age, and people you love won’t realize until the next morning, when you are all purple and cold and icky. So be happy, you won’t be murdered.

Natural Causes
100%
Gunshot
53%
Disease
53%
Bomb
47%
Disappear
47%
Stabbed
40%
Drowning
40%
Suffocated
33%
Eaten
33%
Cut Throat
33%
Poison
27%
Accident
27%
Suicide
13%

How Will You Die??
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Dimanche, le 25 mars 2007
De l’avantage d’avoir une semaine éprouvante
Semaine très chargée, niveau boulot. Du coup, je me retrouve le samedi sur les rotules... enfin, cela ne reste qu’une expression pour moi, parce qu’après ça, mes genoux sont encore un peu douloureux.
Samedi, après le retour du club de sport et des courses, cela n’a été que du travail pour le boulot... intéressant, certes, mais j’avais plein d’autres choses prévues et non réalisées, telles que la recherche de nouveaux éditeurs pour mon roman, l’impression de mon manuscrit (plus justement "tapuscrit", de par le fait) et le tour des boutiques d’arts plastiques.
Super fatigué après cette journée studieuse, je n’ai fait qu’un tour sur les sites des copains sur MySpace avant de me coucher très tôt, tant pis pour le festival du cinéma hors frontières et la soirée italienne (deux films dont Romanzo criminale, plus un buffet italien, dommage d’avoir loupé ça).
Mais... dimanche matin, après une bonne nuit de sommeil, j’ai une excellente forme, je digère sans problème le changement d’heure, je fais plein de trucs avant de partir en fin de matinée au cinéma voir les fameux 300 de Snyder (d’une remarquable fidélité par rapport à la BD de Miller, mais pas trop par rappory à l’Histoire), puis je me laisse aller à des nouvelles recettes culinaires (j’avais toujours prévu de préparer des sot-l’y-laisse depuis que j’avais vu le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jeunet au ciné, c’est maintenant chose faite).
Allez, encore un peu de boulot, et je me lance enfin dans la veille technologique pour dénicher l’éditeur de thriller susceptible d’être intéressé par mon bébé, et je fais chauffer l’imprimante !


Mercredi, le 21 mars 2007
Équipement sportif
Rôôôh, je fais ma chochotte, je ne vais pas aller au festival du cinéma hors frontières (un festival qu’il est bien dans ma petite ville à moi que j’ai) parce que je suis rentré trop tard du boulot, crevé, avec les pieds mouillés/gelés en raison de cette foutue neige (fondue, en plus).
Il y a deux ans, je me suis planté en ski (ouais, je ne tombe pas qu’en roller). Sur le moment, a priori, pas de bobo. Sauf que le lendemain, je me suis retrouvé avec une méga-entorse du genou. Pas glop. Du coup, plus de ski de toute la saison, ni de ski cet hiver non plus.
En fait, je n’aime plus trop ça, skier. J’ai failli faire comme mon petit frère qui a décidé de se mettre au surf des neiges, mais j’ai joué à Madame Soleil (pouf, pouf !) et fait des prévisions à long terme : réchauffement de la Terre, moins de neige, mais montée des eaux.
De ce fait, j’ai investi dans du matériel de plongée sous-marine, et non dans du matos de ski ou autre amusement prévu pour des pentes enneigées.
Sauf que.
Oui, sauf que Saint-Etienne est la la deuxième plus grande ville d’altitude d’Europe. Donc va falloir qu’il en fonde, de l’iceberg, pour que je retrouve la plage au pied de mon immeuble.
Et aujourd’hui, c’est théoriquement le printemps, or il y a plein de neige ici-bas. P’t’êt’ que tout le monde s’est trompé et que l’on se dirige vers un nouvel âge de glace ?


Lundi, le 19 mars 2007
Autoanthropophage
Ce matin, en observant mes genoux blessés (cf. mon accident raconté dans le billet précédent), avec leur couleur rouge violacé et les stries de la chair, je n’ai pu m’empêcher de penser au steak que je me suis fait cuisiner la veille...
Aurais-je des tendances à l’anthropophagie ?
Soudain, la lumière : une célèbre chanson d’Henri Salvador ("J’aime tes g’noux", parodie de "Shame, shame, shame, shame on you") m’apparaît avec un sens tout différent...


Samedi, le 17 mars 2007
Quelques degrés de séparation
Stanley Milgram, psychologue américain mort en 1984 (coucou Orwell), est un très grand monsieur. On le connaît en particulier pour son expérience sur la soumission à l’autorité (reprise notamment dans I comme Icare, le film de Verneuil avec Montand), mais aussi pour l’expérience dite "du petit monde" (coucou David Lodge). Cette dernière consistait, pour les sujets de l’expérience, à passer une lettre d’un endroit du monde à un autre par l’intermédiaire de relations sociales. L’expé a montré qu’il y avait besoin de finalement très peu d’intermédiaires pour arriver au but, et de là est apparue la notion de "six degrés de séparation".
Un degré de séparation est un concept assez flou, cependant, quand on dit "connaître" quelqu’un, qu’entend-on vraiment ? (Sans doute pas le sens biblique du terme, à moins de s’intéresser aux degrés de séparation liés aux transmissions de maladies vénériennes, mais ce n’est pas là le propos). Dans l’expérience de Milgram, il s’agissait de faire passer un message, et suivant l’importance supposée de ce message, il avait plus ou moins de chances d’aboutir à destination.
Entre vous (relations dites "étendues" de MySpace) et moi, combien de degrés nous séparent ? Je connais "en vrai" certains d’entre vous (pour vous avoir rencontré à des événements divers, des soirées, des concerts, des conventions, des conférences).
Mais ne vous êtes-vous jamais demandé de combien de degrés vous êtes séparés de n’importe qui ?
Du Président de la République française, par exemple. Si je considère la voie de la Défense, je peux y arriver assez vite. Il y a quelques années, j’ai réalisé mon service militaire. J’étais prof d’informatique, sergent affecté au poste de commandement, et j’ai eu l’occasion de servir de secrétaire au colonel dirigeant la base aérienne où je me trouvais. Colonel, Général, Ministre de la Défense, Président. Donc quatre degrés, grand maximum. Ou je peux suivre la voie de l’éducation. Je connais l’ancien président de l’Université, et je vais faire la connaissance du nouveau, qui connaissent ou vont faire la connaissance du Ministre de l’Education nationale lors des CPU, ou au moins d’un représentant du ministère, qui connaît le Président. Trois ou quatre degrés.
Le pape ? Je connais des curés, qui connaissent leurs évêques, archevêques, cardinaux, pape. Quatre. Non, encore plus fort, un très bon copain est le filleul d’un nonce apostolique. Trois degrés.
Un auteur au hasard ? Stephen King ? Lors d’une convention de science-fiction, j’ai fait la connaissance de l’auteur américain Robert Sheckley, peu avant sa mort. Celui-ci, auteur de la nouvelle le Prix du Danger (adaptée en film par Yves Boisset avec Gérard Lanvin), avait eu une discussion avec King-Bachman au sujet de Running Man, aussi adapté au cinéma, pour savoir s’il s’était "inspiré" de sa nouvelle (et King aurait déclaré que non). Deux degrés.
Bien entendu, ce ne sont là que des exemples où il est possible de calculer les degrés de séparation, ou alors il s’agit de relations de connaissances apprises par hasard. Et encore, dans certains cas, le lien de la chaîne sociale était rompu (Sheckley ou le dernier pape sont morts, et je n’ai plus de contact avec mes anciens "supérieurs" de l’Armée).
Il n’empêche qu’il est toujours surprenant d’entendre une personne A parler d’une personne B, pensant que vous ne connaissez pas B alors que c’est pourtant le cas (un tout petit monde, on vous l’a dit), et de confronter la représentation de A que vous avez de B avec celle que vous vous faites de vous-même...
Euh, trop compliqué à suivre ? Exemple : un pote (ou une amie) vous parle de son ex-copine (ou copain), sans savoir que vous étiez vous-même sorti(e) avec elle (ou lui).
Cela peut donner, selon la situation, du vaudeville, de l’absurde, ou du drame...


Samedi, le 17 mars 2007
À part le mercurochrome
Levé tôt pour aller faire du sport, comme d’hab, mais... pas possible.
J’ai l’impression d’être retombé en enfance, entre mes 7 et 13 ans, quand mes genoux n’apparaissaient que couverts d’écorchures.
Tout ça, c’était la faute au vélo-cross, cet ancêtre du VTT, avec lequel nous n’hésitions pas à faire les fous, pour le plus grand malheur de nos mamans lorsque nous rentrions des champs et des forêts le plus souvent blessés avec nos habits abîmés.
Hier soir, j’ai participé comme de coutume à la randonnée roller organisée dans ma petite ville, mais en discutant avec des amis, je n’ai pas vu un gros trou et je me suis étalé de tout mon long, rattrapé tout juste par mes protections aux poignets. Les genoux, cependant, n’étaient pas protégés. Je croyais m’en sortir avec quelques bleus. Mais rentré chez moi en serrant les dents (car chaque pas m’aurait arraché un cri de douleur), j’ai découvert que j’étais en sang. Un petit coup d’antiseptique, voilà, c’est fini.
Mes plaies ressemblent à celles que j’avais tout petit, en dehors du fait que mes genoux ne soient pas tout rouges. Ouais, il y a un an que le mercurochrome n’est plus vendu ici-bas.


Mardi, le 13 mars 2007
My name is Méreste, Fabrice Méreste...
Je n’aime pas trop la série des James Bond.
Le dernier (Casino Royale) est cependant assez intéressant, avec un agent 007 sombre et en devenir.
Mais si je devais être un acteur ayant interprété l’agent de Sa Gracieuse Majesté, je serais...
Your results:
You are Roger Moore
Roger Moore
73%
Timothy Dalton
64%
Daniel Craig
64%
Sean Connery
55%
George Lazenby
53%
Pierce Brosnan
32%
The third actor to play Bond in the movies was more light-hearted and humorous. At the same time he was a charismatic ladies man.
Click here to take the "Which James Bond are you?" quiz...


Lundi, le 12 mars 2007
L’éternel gagnant (suite)
Se retrouver devant la porte d’une salle inconnue avec un trousseau d’une quinzaine de clés. En choisir une au hasard. Tomber sur la bonne. Une chance sur quinze, soit 6,67% de la trouver du premier coup. C’était vendredi matin. Et ça n’arrive qu’à moi. Evidemment, ça n’est pas un événement impossible, mais les probabilités étaient très faibles. Cependant, pour moi, c’est très souvent comme ça. Si j’étais marié, je devrais certainement douter de la fidélité de mon épouse...
Ou alors cela. Eviter constamment les chutes d’objets, le ciel qui nous tombe sur la tête, la grande peur des ancêtres gaulois. Quelques semaines plus tôt, à la fonte précoce des neiges, ces énormes blocs de glace tombés du toit, juste à côté, et se retrouver à peine éclaboussé par les débris gelés. Ou ce matin, ces morceaux de ce qui semblait être de la terre cuite, vraisemblablement un pot de fleurs tombé depuis un balcon, à quelques mètres. Là encore : ça n’arrive qu’à moi.
Mais si je suis ici, si je peux en parler, c’est parce que je suis un éternel gagnant. Quelques secondes plus tôt, j’étais dans la ligne de mire. Un gros coup sur la tête. Blessé. Peut-être mort. Tout ça n’arrive qu’à moi.
Combien de temps ma bonne étoile veillera-t-elle encore sur moi ? Combien de temps vais-je pouvoir être ce survivant du quotidien ?


Mardi, le 6 mars 2007
Caché derrière sa barbe, je n’ai pas reconnu le loup(Lou)
Je reviens à l’instant du cinéma où je suis allé voir Contre-enquête de Fanck Mancuso. Oui, j’ai gagné des places en avant-première et c’est une agréable surprise : le film est vraiment intéressant, même si pesant et très noir.
Petite curiosité : j’ai découvert que j’avais assisté par hasard au tournage d’une des scènes de ce film. En août dernier, en revenant de la fête donnée en Gironde dans la demeure familiale de l’ami Francis Valéry, j’avais remarqué pas mal d’agitation devant la gare de Bordeaux Saint-Jean où j’attendais mon train pour rentrer à Saint-Etienne. Je n’avais pas reconnu les acteurs, je pensais à un simple spot de pub, mais le barbu qui attendait le passage du tramway pour retrouver un ami chauve, c’était bien Jean Dujardin...


Lundi, le 5 mars 2007
Appelez-moi Saïd...
Salam walekoum à tous,
Ca y est, je suis retombé dans les tests qui ne servent à rien... J’ai donc fait le test pour savoir quel personnage perdu j’étais, mais en fait, non, je n’avais pas compris, c’était quel personnage de la série Lost, les disparus.
Et il se trouve que je serais le personnage de Saïd (enfin, Sayid Jarrah), le bricoleur et ex-officier irakien de la série. Pas faux car, même si j’ai un physique un peu plus européen et que je n’y comprends pas grand chose à l’électronique, je parle deux mots d’arabe (quand même !), j’ai fait mon service militaire, et j’aurais aussi été intéressé par la jolie blonde un peu snob que le personnage finit par séduire... :-) (Mais bon, dans mes scores, je serais tout autant la Coréenne Sun ou Boone)
Your results:
You are Sayid Jarrah
Sayid Jarrah
85%
Sun Kwon
85%
Boone Carlyle
85%
Mr. Eko
65%
Michael Dawson
64%
John Locke
60%
Shannon Rutherford
60%
Claire Littleton
56%
Walt Lloyd
56%
Dr. Jack Shephard
52%
Kate Austen
50%
Hugo "Hurley" Reyes
43%
James "Sawyer" Ford
42%
Charlie Pace
40%
Jin-Soo Kwon
40%
Ana-Lucia Cortez
28%
You can take electronic devices apart and see how to fix them. You are good at problem solving and at interrogating people.
Click here to take the Lost Personality Test
Et vous ?


Samedi, le 3 mars 2007
Mars, et ça repart
En vrac :
Des jours à trop peu dormir, pris par du boulot avec des collègues qui ne remplissent pas leurs parts du marché, mais au final un bel article de recherche bouclé pour une conférence sympathique.
Tristesse, un grand monsieur de la science-fiction nous a quitté. J’en avais parlé ici.
Enfin, j’ai (encore !) gagné des places de cinéma. Cela m’a inspiré cette short short story.


Vendredi, le 2 mars 2007
L’éternel gagnant
Lorsque mes tartines tombent, c’est toujours du côté non beurré. Cette semaine, je viens encore de gagner à un concours : des places de cinéma en avant-première. Je n’ai jamais joué à la loterie, mais vu les malheurs qui arrivent à ceux qui gagnent de trop grosses sommes, je ne préfère pas essayer. A quoi cela me servirait-il ? Je n’ai jamais eu de réels soucis d’argent, et je ne suis pas matérialiste.
Si je loupe mon bus ou mon train, il en arrive toujours un autre permettant de ne pas manquer mes rendez-vous. Le seul examen que j’aie jamais râté était le permis de conduire, et encore, juste la première fois. Mais toi, que l’inspecteur avait jugé digne de posséder le précieux sésame, trop confiant, tu as perdu la vie lors d’une sortie de route.
Quand, grâce aux hasards de la vie, j’avais rencontré un directeur de collection parisien acceptant mon premier roman pour publication, il a fallu que la maison d’édition fît faillite pour que le projet ne pût aboutir. Des années plus tard, j’ai compris que cet échec frustrant s’avérait être une chance, mon roman disposait d’un potentiel nécessitant d’être davantage retravaillé, et surtout pas publié par une maison d’édition qui n’aurait pas réussi à le faire connaître auprès des lecteurs. Toi, que j’ai aimée à la sortie de l’adolescence, pourquoi n’avais-tu pas répondu à mes sentiments ? Un premier chagrin d’amour, c’est triste, c’est vrai, mais ce n’est rien comparé à la douleur de ton compagnon lorsque, peu après tes 20 ans, une leucémie t’a emportée.
Et toi aussi, que je courtisais il n’y a pas si longtemps, pourquoi as-tu préféré cet autre ? On s’aime, on vit ensemble, on décide d’acheter un appartement... Bonheur bourgeois en apparence. S’il était heureux avec toi, alors pourquoi se serait-il suicidé ?
Je suis un éternel gagnant.
Maudite soit ma bonne étoile !


Mardi, le 27 février 2007
À la mémoire de Patrice
Désolé de ne répondre ni aux messages ni aux commentaires, je suis pris par le boulot... et je n’ai pas trop le moral pour cela en ce moment.
Dimanche, à savoir hier, j’étais à Lyon. Je devais voir là-bas des amis et connaissances du petit monde de la littérature de l’imaginaire (science-fiction et fantastique), et parmi eux, Patrice Duvic, un de ces géants de la SF francophone qui, même s’il était resté discret en tant qu’auteur (avec quand même une poignée de romans, dont même un adapté au cinéma, et quelques nouvelles), avait eu l’occasion de cotoyer et interviewer les plus grands auteurs de SF américains (Philip K. Dick par exemple) et avait travaillé en tant que directeur de collection pour Denoël ou Pocket.
Patrick et son épouse se faisaient attendre. André-François Ruaud, notre hôte, a cherché à les contacter pour prendre des nouvelles. Les larmes aux yeux, il a reposé le téléphone pour nous apprendre le décès de Patrice. C’était un choc car, même si nous savions tous que Patrice était malade, il était sorti de l’hôpital et semblait mieux aller.
Adieu Patrice... Voilà un grand vide. Nous pensons tous à Monique et à sa douleur. Cette soirée, à la mi-décembre, sera donc la dernière où j’aurais vu Patrice vivant. Nous avions eu une discussion en aparté intéressante, il m’avait donné des conseils au sujet de la publication de mon roman. Je lui avais envoyé un courrier électronique dernièrement qui poursuivait cette discussion. Mais il n’y aura plus jamais de réponse.


Mardi, le 20 février 2007
Guique-moi donc : guique êtes-vous ?
En ce jour de Mardi Gras, j’ai croisé plein de Schtroumpfs déguisés (ainsi qu’un adulte portant bonnet et pantalon de sport blancs avec un anorak bleu, mais je crois que ce monsieur ne voulait pas être déguisé, enfin bref).
Donc plein de gamins déguisés, oui, mais pas moi, hein, non...
Et pourtant, je me rappelle d’une soirée d’Halloween - il y a 10 ans maintenant ! - où je m’étais rendu en discothèque (tout seul, si !) en costume de vampire (sur le flyer, il était indiqué "entrée gratuite" si déguisé).
Je passe à la caisse, entrée gratuite et bonbons à la fraise en cadeaux, mais là, panique en entrant dans la boîte : personne n’était déguisé, à part deux ou trois serveurs et le barman.
Là, plusieurs possibilités s’offrent à vous : (1) vous vous évanouissez ou vous mourez de honte, (2) vous vous faites super discret et vous prenez la porte de sortie pour fuir ce traquenard, ou (3) vous assumez, vous vous dites que les autres n’ont pas voulu jouer le jeu mais que cela ne va pas vous empêchez de vous amuser.
Ben ouais, pour moi, c’était la réponse (3), et je n’avais rien bu d’autre que du nectar d’abricot.
Ce petit épisode (100% véridique, j’ai des témoins et des photos) pourrait me faire passer pour "geek", cet espèce d’asocial, fan de trucs compliqués qui ne "servent à rien" et d’univers alternatifs. Alors, pour me rassurer (ou voir si je devais consulter), j’ai passé le Geek Test (tiens, v’là un nouveau test, rien que pour toi, Valérie).
Résultat des courses : j’ai presque tout coché dans la catégorie "Apprentissage", presque rien en "J’ai déjà été" (à part à une convention de SF), que les cases en rapport avec la SF dans "Loisirs", etc., et le verdict est le suivant :

12.5% - Geekish Tendencies


(Mééééeuh, c’est pas ma faute, c’est parce que j’ai fait de longues études, en rapport avec l’informatique, et que j’écris de la SF. Mais bon, que des "tendances à la geekitude", mon cas n’est pas désespéré !)


Dimanche, le 18 février 2007
Vivent les vacances !
Chouette, pas de cours à donner la semaine à venir, je vais pouvoir mettre les autres casquettes dont je coiffe ma vie : chercheur, auteur et sculpteur. Joie !
Que dire depuis presque deux semaines ?
Ai gagné des places de cinéma, suis allé voir le film d’animation danois le vilain petit Canard et moi de Michael Hegner et Karsten Kiilerich. Quelques longueurs, ça ne vaut pas Shrek, mais il y a des idées plutôt bien vues sur le passage de l’enfance à l’adolescence et à l’âge adulte.
Ai eu l’occasion de faire du roller, vendredi dernier, avec mon copain Rémi. Bah, le pote a beau faire le malin sur une scène d’opéra, il fait moins le fier sur des roulettes. :-) Avons sympathisé avec un curieux monsieur et appris à la fin de la randonnée qu’il est...curé.
Sinon, pour les billets réguliers, c’est ici qu’il faut aller :
– Egoquizz 150 : avez-vous ou êtes-vous déjà...
– Oui, je suis un super héros
– La conspiration des demi-sucristes
– Je suis un "Stépamois" (attention : humour !)
– Héliophobe


Samedi, le 17 février 2007
Egoquizz 150 : avez-vous ou êtes-vous déjà...
Ce questionnaire, rencontré à plusieurs reprises sur le Net, je ne sais pas qui en est l’auteur, mais je trouve qu’il est un intéressant catalyseur de souvenirs, et même s’il est bien long, je vous conseille aussi d’y répondre...

AVEZ-VOUS (OU ETES-VOUS) DEJA :
01. Payé votre tournée dans un bar ?
Euh, non : je déteste les bars et la bière, préfère de loin organiser des soirées chez moi, et préparer toutes sortes de cocktails.
02. Nagé avec des dauphins dans l’océan ?
Pas encore. Mais je compte bien passer un niveau de plongée sous-marine supérieur cet été, et ensuite vivre une telle aventure.
03. Escaladé une montagne ?
Pas vraiment. Mais j’ai fait de la via ferrata, c’est très sympa.
04. Conduit une Ferrari ?
Non, ce qui est bien normal, vu mon désintérêt légendaire pour les voitures. Par contre, c’était justement le dernier cadeau offert à mon petit frère (des tours en Ferrari sur un circuit, pas la voiture elle-même, bien entendu !)
05. Visité les Grandes Pyramides ?
Pas encore, ni vu "en vrai" tout un ensemble de ruines de glorieuses civilisations. Mais je le ferai.
06. Porté une tarentule ?
Pas eu l’occasion, mais pourquoi pas ? J’aime bien les animaux atypiques (tels que les lézards et les serpents).
07. Pris un bain avec quelqu’un à la lumière des bougies ?
Y avait-il des bougies ? Je ne me rappelle plus. Mais c’était bien sympa.
08. Dit « Je t’aime » en le pensant vraiment ?
Toujours, quand ça m’est arrivé. Mais on ne m’y reprendra plus.
09. Pris un arbre dans vos bras ?
A cause d’une mauvaise manoeuvre en ski de piste, ça compte ?
10. Sauté à l’élastique ?
Pas encore. Mais je pense que je préférerai sauter en parachute.
11. Visité Paris ?
J’y ai même vécu un an. Pas assez pour perdre mon regard de provincial émerveillé.
12. Regardé un orage sur la mer ?
Bien entendu. Parce qu’il arrive qu’il fasse beau en Bretagne ?
13. Resté éveillé toute la nuit pour regarder le lever du soleil ?
Pas sûr. Par contre, dormir la journée pour pouvoir passer la nuit à observer les étoiles, pendant plus d’une semaine, reste un très bon souvenir de vacances.
14. Vu une aurore boréale ?
Non, dommage.
15. Allé dans un grand événement sportif ?
Pas que je me souvienne. Ou alors par erreur.
16. Monté les marches de la Statue de la Liberté ?
Non. Jamais encore mis les pieds aux Etats-Unis.
17. Fait pousser et mangé vos propres légumes ?
Indirectement, en m’occupant du jardin potager parental.
18.Touché un iceberg ?
Non, à part le dessert avec la glace à la menthe et au chocolat.
19. Dormi sous les étoiles ?
Dormir "à la belle étoile" ? Je crois que j’ai dû essayer, étant petit.
20. Changé la couche d’un bébé ?
Euh... Pleine, la couche ? Non, non. Mais ça m’arrivera sans doute un jour.
21. Fait un voyage en montgolfière ?
Tiens, c’est une idée...
22. Vu des étoiles filantes ?
Plein !
23. Eté soûl avec du champagne ?
Je ne pense pas, je n’aime pas trop. Mais avec du punch ou un autre cocktail, c’est certain.
24. Donné plus que vous en pouviez à une oeuvre caritative ?
Donné à une oeuvre caritative, oui. Mais plus que je pouvais, comment ça ?
25. Observé la nuit avec un télescope ?
Oui, en particulier à l’occasion d’un stage d’astronomie, étant ado.
26. Participé à un record du monde ?
Je ne crois pas. Ou alors d’un truc absurde, mais je n’ai pas dû gagner.
27. Fait une bataille avec de la nourriture ?
Non. J’ai été choqué de découvrir que des petits-suisses ou de la purée pouvait servir de projectile à la cantine.
28. Parié sur le cheval gagnant ?
Non, je ne joue que quand je pense avoir des chances de gagner.
29. Demandé votre chemin à un étranger ?
Oui. Et même fait le contraire : en séjour à Helsinki, une dame m’a demandé son chemin en finnois. Je ne parle pas la langue du pays, mais j’ai compris ce qu’elle voulait. Cependant mes indications n’ont pu l’aider, elle ne parlait pas anglais...
30. Fait une bataille de boules de neige ?
Très souvent, même si je préférais fabriquer un igloo ou faire un bonhomme de neige.
31. Crié aussi fort que vous pouviez ?
Je crois.
32. Porté un agneau ?
Vivant ? Je ne crois pas. Sinon, j’ai déjà fait une sculpture d’agneau pour la Crêche.
33. Vu une éclipse totale ?
La fameuse éclipse d’il y a quelques années, oui, mais le temps n’était pas génial.
34. Escaladé une dune ?
J’ai fait un tour dans le désert, en Egypte, mais c’était de la roche, pas du sable.
35. Ecrasé un animal en voiture ?
Sans doute un nombre incalculable d’insectes avec le pare-brise, mais pas plus gros.
36. Dansé comme un fou sans vous soucier de qui vous regarde ?
Ce n’est pas impossible...
37. Adopté un accent pour une journée entière ?
Il m’arrive de choper les accents, expressions et tics de langage de mon entourage, et comme j’ai vécu en Alsace, un peu en Belgique, à Paris et à Lyon, c’est possible.
38. Senti vraiment heureux, même un court moment ?
Ben oui...
39. Eu deux disques durs sur votre ordinateur ?
Quand un ami a branché son disque dur externe pour recopier certaines de mes données.
40. Visité tous les départements français ?
Non, je connais mal le Nord, des coins de l’Ouest, la région Bourgogne...
41. Pris soin de quelqu’un de soûl ?
Oui. Dur.
42. Des amis étonnants ?
Je n’ai que cela !
43. Dansé avec une inconnue dans un pays étranger ?
Je crois bien.
44. Observé les baleines dans l’océan ?
Pas encore.
45. Volé un panneau ?
Non, pourtant c’était une épreuve typique des bizutages, à l’époque...
46. Voyagé « sac au dos » en Europe ?
Non. J’ai déjà fait du trekking, mais pas dans cet esprit.
47. Entrepris un long voyage sur la route ?
Oui mais pas seul, en nous relayant avec des amis au volant.
48. escaladé des rochers ?
Il est très branché "escalade", ce questionnaire. Avec la Via ferrata, je dirai donc oui, plus ou moins.
49. Fait une balade de minuit sur la plage ?
Euh, sans doute, mais je n’ai pas vérifié ma montre.
50. Fait du parapente ?
Pas encore.
51. Visité l’Irlande ?
Non (chouette, il me reste encore plein de trucs à faire !)
52. Eu le coeur brisé plus longtemps que vous n’aviez été amoureux ?
Même que c’est presque une généralité pour moi...
53. Au restaurant, vous asseoir à une table d’inconnus et manger avec eux ?
Presque. Souvenir amusé d’une conférence en Italie, où je me suis retrouvé avec des chercheurs japonais (je n’en connaissais qu’un parmi la douzaine de personnes présentes). On avait dîné "à la japonaise" : chacun commandait un plat sur le menu, mais n’en mangeait que quelques bouchées, les plats faisant le tour des différents convives. Très rigolo.
54. Visité le Japon ?
Ah, ben tiens ! Non, pas encore, mais ça me tente énormément !
55. Trait une vache ?
Non, mais je me suis occupé d’autres animaux (des poules et des lapins, par exemple).
56. Classé vos CD par ordre alphabétique ?
Ils le sont (plus ou moins).
55. Prétendu être un super héro ?
Voir le billet précédent sur ce blog.
58. Chanté dans un karaoké ?
Lors du mariage d’une cousine. Mais je crains que ma prestation n’ait pas été terrible...
59. Traîné au lit une journée entière ?
Ca m’est arrivé, un jour de maladie.
60. Joué au football ?
Un pseudo-foot entre copains, sans doute, mais je fuis d’ordinaire ce genre de sport.
61. Fait de la plongée sous-marine ?
J’en fais tous les ans, depuis que j’ai découvert cette activité géniale (j’avais 17 ans), avec quelques périodes où j’ai dû laisser tomber la plongée faute de temps ou de moyens.
62. Embrassé quelqu’un sous la pluie ?
Euh, mais alors sous un parapluie.
63. Joué dans la boue ?
Parce que modeler de l’argile, ce n’est pas jouer avec de la boue peut-être ?
64. Joué sous la pluie ?
Bien sûr, c’est encore plus drôle.
65. Eté dans un théâtre de plein air ?
Eté dans un amphithéâtre gallo-romain, oui. Mais avoir vu une représentation théâtrale en plein air ? ... Si, Dom Juan, joué au parc de Gerland (Lyon), il y a quelques années.
66. Visité la grande Muraille de Chine ?
Pas encore...
67. Créé votre entreprise ?
Ben non.
68. Tombé amoureux sans avoir le coeur brisé ?
Je ne crois pas, même quand c’était moi qui étais à l’origine de la rupture avec une copine.
69. Visité d’anciens monuments ?
Oui, bien sûr ! Normal pour l’amoureux des arts et de l’histoire que je suis.
70. Suivi un cours d’arts martiaux ?
Du judo, étant petit.
71. Joué à la Playstation pendant 6h d’affilée ?
Je n’ai pas de console de jeux, mais j’ai sans doute dû me défouler à des jeux type "Age of Empire" sur PC durant des heures, pendant des vacances.
72. Eté marié ?
Non. Pas encore.
73. Tourné dans un film ?
Pas que je sache...
74. Organisé une fête surprise ?
Pas vraiment.
75. Eté divorcé ?
Ben non (cf. 72)
76. Ne pas manger pendant 5 jours ?
Quelle idée ?! En plus, c’est dangereux...
77. Fait des cookies à partir d’un sachet tout prêt ?
Non, je SAIS cuisiner !
78. Gagné le premier prix à un concours de déguisement ?
Non.
79. Conduit une gondole à Venise ?
Je ne vois pas l’intérêt...
80. Eté tatoué ?
Non. Pas intéressé.
81. Fait du canoë-kayak ?
Oui, c’est sympa.
82. Eté interviewé à la télévision ?
Je crois : je devais être au collège, un reportage avait été tourné dans l’atelier d’arts plastiques que je suivais...
83. Reçu des fleurs sans raison particulière ?
Pas que je me souvienne.
84. Joué sur une scène ?
Oui. J’avais même suivi un stage "théâtre et science". Intéressant.
85. Eté à Las Vegas ?
Non (cf. 16)
86. Enregistré de la musique ?
Plus ou moins, la prestation d’un copain chanteur d’opéra.
87. Mangé du requin ?
Oui, les ailerons, c’est très bon.
88. Embrassé quelqu’un dès le premier rendez-vous ?
Euh... Oui. (Qui a dit "tombeur" ?)
89. Eté en Thaïlande ?
Non. Il paraît que c’est un chouette pays, enfin surtout si on aime les statues de Bouddha.
90. Acheté une maison ?
Non, et ce serait plutôt un appartement en ville, si je décide d’être propriétaire.
91. Eté dans une zone de combat ?
Pas vraiment, mais j’ai fait mon service militaire.
92. Enterré un de vos parents ?
Non, ils sont bien vivants, Dieu merci.
93. Fait une croisière ?
Euh, non, bof. A moins que ce ne soit pour aller d’îles en îles, ou aborder différents spots de plongée sous-marine.
94. Parlé plus d’une langue couramment ?
Français de France, franco-belge, et anglais à l’étranger.
95. Joué dans le « Rocky Horror » ?
Hein ?!
96. Elevé des enfants ?
Non, mais je me suis occupé de mes petits frères, ayant 7 et 9 ans de plus qu’eux.
97. Suivi votre chanteur favori en tournée ?
Pas vraiment, pas assez fan. D’ordinaire j’attends une tournée dans la région proche.
98. Fait une randonnée en vélo dans un pays étranger ?
Pas que je sache. Mais en patins à roulettes en Angleterre, si.
99. Déménagé dans une autre ville pour une nouvelle vie ?
A plusieurs reprises, oui.
100. Mangé des fourmis ?
Je ne crois pas, mais si c’est bien préparé, pourquoi pas ?
101. Marché sur le Golden Gate Bridge ?
Non (cf. 16)
102. Chanté à tue-tête dans votre voiture et ne pas avoir arrêté alors que vous saviez qu’on vous regardait ?
Pas vraiment, ça m’arrive (ou m’arrivait) plutôt sur des routes peu fréquentées.
103. Subi de la chirurgie esthétique ?
Des beaux yeux comme les miens, c’est naturel.
104. Survécu à un accident duquel vous auriez pu ne pas survivre ?
Non, mon ange gardien veille sur moi.
105. Ecrit des articles pour une grande publication ?
Ben ouais, c’est un peu aussi ça, mon métier...
106. Perdu plus de 30kg ?
Diable, mais il ne resterait plus rien de moi alors !
107. Soutenu quelqu’un qui perdait connaissance ?
Non, mais j’ai moi-même perdu connaissance un jour, à l’occasion d’un don du sang, après avoir fait un concours avec ma mère pour remplir le plus vite possible la pochette (et j’avais perdu, en plus). Oui, la honte...
108. Piloté un avion ?
Non. Pas intéressé. Mais une fusée ou une navette spatiale, pourquoi pas ?
109. Touché une raie vivante ?
Euh, effleuré seulement.
110. Brisé le coeur de quelqu’un ?
Chacun son tour...
111. Aidé un animal à donner naissance ?
Non.
112. Gagné de l’argent à un jeu télévisé ?
Non, déjà que je ne regarde pas la télé...
113. Vous cassé un os ?
Non, tout va bien.
114. Participé à un safari photo en Afrique ?
Non, je n’ai mis les pieds qu’en Tunisie et en Egypte sur ce continent.
115. Percé une autre partie de votre visage que les oreilles ?
Non, ni même les oreilles.
116. Utilisé un revolver ou autre arme à feu ?
Oui, un fusil d’assaut de la manufacture d’armes de Saint-Etienne, alias le FAMAS, à l’occasion de mon service militaire.
117. Mangé des champignons que vous aviez ramassé ?
Oui, je crois, étant petit, sous la responsabilité de mon papa.
118. Monté à cheval ?
Pendant des vacances, oui. Mais c’est que ça fait mal au derrière, quand ces bestioles vont un peu vite.
119. Subi une importante opération chirurgicale ?
Les amygdales, les végétations, et d’autres trucs comme ça quand j’étais tout petit, mais ce n’était pas très grave.
120. Eu un serpent comme animal de compagnie ?
Non, mais un lézard.
121. Survolé le Grand Canyon ?
Non (cf. 16)
122. Dormi plus de 30h d’affilée ?
Non, même pas plus de 10 heures.
124. Visité tous les continents ?
Non, juste l’Europe, le nord de l’Afrique et une partie occidentale de l’Asie (Liban)
123. Visité plus de pays que les 50 Etats des USA ?
Non.
125. Fait une randonnée en canoë de plus de 2 jours ?
Non.
126. Mangé du kangourou ?
Euh, je crois.
127. Mangé des sushi ?
Je sais même les préparer...
128. Eu votre photo dans le journal ?
Oui, petit, quand je participais à des compétitions (locales) de judo. Sic transit gloria mundi...
129. Changé l’opinion de quelqu’un à propos de quelque chose qui vous tenait vraiment à coeur ?
Je crois.
130. Repris vos études ?
Oui, après le break de 10 mois lié au service national.
131. Fait du parachute ?
Pas encore.
132. Porté un serpent ?
Pas eu l’occasion.
133. Mangé des tomates vertes grillées ?
Je les préfère bien mûres.
134. Lu « L’Illiade » ?
Eh non... Voir le film "Troie", ça compte ?
135. Choisi un auteur important que vous n’aviez pas lu à l’école pour le lire maintenant ?
Oui, plein de Balzac, Stendhal, etc.
136. Tué et préparé un animal pour le manger ?
Non, mais j’ai un peu aidé ceux qui s’en occupaient, mes grand-parents avaient des poulets et des lapins.
137. Séché un cours ?
Jamais ! A part les fois où les cours tombaient au moment où moi-même je donnais des vacations.
138. Communiqué avec quelqu’un alors que nous n’aviez aucune langue en commun ?
Un chat, ça compte ?
139. Eté élu dans votre ville ?
Non, mais aux élections municipales de mon ancien village, alors que je ne m’étais pas présenté, j’ai appris que j’avais obtenu quelques voix.
140. Créé votre propre langage sur votre ordinateur ?
Non... Mais j’ai écrit mes premiers textes avec un éditeur que j’avais moi-même programmé.
141. Pensé que vous viviez votre rêve ?
Quelques fois.
142. Eté obligé de mettre quelqu’un de proche dans un hospice ?
Non.
143. Construit votre PC à partir de différents morceaux ?
Le logiciel, ça va, mais je ne connais rien à l’aspect matériel.
144. Vendu une de vos créations à quelqu’un qui ne vous connaissait pas ?
J’espère !
145. Tenu un stand dans une fête foraine ?
Pas dans une fête foraine, mais lors de la "Fête de la Science", il y a des années, oui.
146. Teint vos cheveux ?
Non : blond au naturel.
147. Eté DJ ?
Non. A part pour les soirées organisées chez moi.
148. Rasé votre tête ?
Même à l’armée, j’avais des cheveux pas trop courts.
149. Causé un accident de la route ?
Non, heureusement.
150. Sauvé la vie de quelqu’un ?
Je ne sais pas si mon geste a eu cet effet, mais je me suis jeté sur un copain qui ne parvenait pas à freiner en roller et qui se précipitait sur une voie où les voitures filaient à toute vitesse.


Mercredi, le 14 février 2007
Oui, je suis un super héros
Résultats du test pour savoir de quel héros de film je me rapprochais le plus :
Néo (Matrix) : 79%
Indiana Jones : 75%
Jim Levenstein (American Pie) : 74%
Batman / Bruce Wayne : 73%
Forrest Gump : 72%
Hannibal Lecter : 72%
James Bond : 71%
Yoda (Star Wars) : 71%
Eric Draven (The Crow) : 70%
Maximus (Gladiator) : 70%
Tony Montana (Scarface) : 63%
Schrek : 63%

Quel héros de film es-tu ?

Mouais, bof. Rien de bien tranché, et autant Forrest Gump (là, niveau QI, ça fait à mal à mon égo) qu’Hannibal Lecter (qui pour trancher, lui, sait y faire). Et rien de commun avec Thomas A. Anderson, si ce n’est que je sais aussi me servir d’un ordinateur (mais je ne touche pas aux pilules rouges ou bleues... la pilule bleue... en cette Saint-Valentin, c’est pour les amoureux).


Jeudi, le 8 février 2007
Héliophobe
C’est sans doute une histoire de gènes, ou un truc comme ça.
Toujours est-il que, avec ma peau claire, je crains le soleil. Écran total, indice de protection 200 XXL. Et pourtant, ça ne suffit pas. Pour me baigner, lorsque j’avais passé des vacances aux Antilles, j’avais dû garder mon tee-shirt. Vous y croyez, vous ?
Foutus gènes. Je comprends la douleur des albinos.
Et mes yeux... De couleur bleu-gris. Toujours obligé de porter des lunettes noires dès que le moindre rayon parvient à percer les nuages. Il y en a qui disent que je fais ça pour la frime. Les imbéciles, s’ils savaient.
Et mon intolérance alimentaire. Impossible de manger de la tarte aux poireaux. Et Dieu que ça me donnerait pourtant envie ! Quand je suis au restaurant, je dois toujours veiller au grain pour fuir tous les plats présentant de l’oignon ou de l’ail. Ou de l’échalote. Ou de la ciboulette. Un véritable casse-tête. Le tri nécessaire de ce qui se trouve dans mon assiette. Du coup, par nécessité, je suis devenu un expert en cuisine, et vous ne trouverez pas chez moi toutes ces épices ou ces légumes de la famille des liliacées qui me rendent malade comme un chien.
D’ailleurs, quand je fais la cuisine, j’ai pour habitude de ne pas beaucoup faire cuire la viande. Certains de mes invités la trouvent même crue, à leurs goûts.
Heureusement qu’ils n’ont jamais fait un tour sur Google Image pour voir mon véritable visage.
Dommage pour eux, oui dommage surtout si c’est moi qui trouve leurs viandes et leurs sangs à mon goût.


Mardi, le 30 janvier 2007
Et si vous étiez une ville ?
Un amusant test suivi à partir du lien d’un autre Fabrice (http://blog.myspace.com/fabricecolin) pour trouver la ville européenne dans laquelle vous devriez vivre.
Bien entendu, le test marche surtout pour les Etats-uniens, mais on peut le faire pour le fun.
Surprise : je me suis retrouvé avec une ville dans laquelle j’avais déjà vécu... :-)
You Belong in Paris
You enjoy all that life has to offer, and you can appreciate the fine tastes and sites of Paris.
You’re the perfect person to wander the streets of Paris aimlessly, enjoying architecture and a crepe.
What European City Do You Belong In?



Samedi, le 27 janvier 2007
Science-fiction sans technologie n’est-elle que ruine de l’âme ?
Il est assez amusant de voir que de nombreux auteurs de science-fiction sont complètement "largués" au quotidien par la technologie, offrant dans leurs textes des visions se situant à des années-lumière du tout-venant mais carburant dans la vraie vie au low-tech.
Un de mes amis auteurs travaille encore avec un vieil ordinateur avec un modem en bois, et transfère ses fichiers avec une disquette... à la plus grande perplexité de certains éditeurs qui ne savent plus comment récupérer les données binaires sur ce type de support archaïque.
Moi-même, pourtant chercheur en intelligence artificielle, je me refuse à des éléments considérés comme "indispensables" à la vie moderne, et je passe pour un extra-terrestre auprès de ceux qui font ma connaissance.
1) Je n’ai pas de télévision. Moyen d’interactivité nul, on passe trop de temps à regarder des bêtises. Non, la vie est trop courte pour perdre du temps devant la pub. Aujourd’hui, il est vrai que j’arrive à avoir les chaînes de la TNT sur mon ordinateur, mais je me limite aux titres des journaux de 20 heures et à de rares émissions enregistrées de temps à autres.
2) Je n’ai pas de voiture. Je suis de l’espèce hyper-urbaine qui vit avec les transports en commun, ou le roller en cas de grève ou de beaux jours. J’ai pourtant mon permis avec tous ses points et j’avais une voiture pendant une dizaine d’années, mais habitant en centre-ville, je prends bus et tramway pour me déplacer au quotidien, ou train et avion de temps en temps. Je n’ai jamais beaucoup aimé conduire une voiture, je ne suis pas fan de la vitesse, et j’ai toujours un bouquin dans la poche ou mon sac. Les transports en commun, c’est du stress en moins, et du temps de lecture en plus.
3) Je n’ai pas de téléphone portable. Bien sûr, j’ai un téléphone fixe chez moi et à mon bureau, et je consulte très régulièrement mes courriers électroniques. Mais quelle idée saugrenue que de faire croire que l’on a besoin d’être contacté dans l’instant même, à tout moment ? J’avais d’ailleurs écrit une nouvelle au sujet des téléphones portables, il y a de cela quelques années :
Cellulaire sans en avoir l’air
Ce qui est pratique n’est pas toujours nécessaire... Il faut faire des choix dans la vie. :-)


Mercredi, le 24 janvier 2007
Pourquoi écrire ?
Tous les enfants ont des rêves.
« Et toi, tu veux faire quoi quand tu seras plus grand ? »
Pour moi, ce n’était pas pompier ou policier mais astronaute.
Et un jour, je devais être en maternelle, j’ai compris que ce n’était peut-être pas une bonne idée. Comme j’avais un joli coup de crayon, il n’y avait pas de quoi hésiter : je serai dessinateur de BD.
Et ce rêve enfantin m’a poursuivi longtemps. Au collège, je venais spécialement le samedi à un atelier encadré par mon prof d’arts plastiques, et j’ai découvert que j’étais aussi attiré par la sculpture.
À la fin du collège, j’avais fait un dossier pour ne pas aller dans le lycée généraliste qui nous était à tous destiné mais dans un des rares lycées de la région préparant à un bac "Lettres et Arts". Et un jour, convocation par le Principal du collège (Mais, qu’ai-je bien pu faire ?), résultat du jury du lycée à la vue de mon dossier (artistique et scolaire) : on m’a déconseillé de suivre cette voie. Quoi, n’étais-je pas assez bon en arts plastiques ? Non, j’étais trop bon dans les autres matières, et en particulier scientifiques, pour ne développer que le potentiel de création artistique.
J’ai donc été dans un lycée standard, j’ai suivi une filière scientifique, fait le bac le plus difficile de l’époque ("Maths-Physiques") et gardé l’option "dessin" le plus longtemps possible.
Mais... quelque chose en moi me poussait à ne pas suivre le troupeau et à m’exprimer, par la plume à défaut des pinceaux ou de l’argile. J’avais rapporté sur papier une aventure amoureuse de vacances, le "je" est devenu "il", les quelques pages sont devenues un chapitre, et le tout a formé un roman de science-fiction au cours de mes premières années d’étudiant. J’avais 20 ou 21 ans.
Bien entendu, personne n’a accepté de publier cette première oeuvre, et je comprends bien les éditeurs en l’ayant relu, il y a deux ans : il n’y a rien à sauver, le style est minable, les idées sont éculées, bref, rien, mais cela m’avait mis le pied à l’étrier de l’écriture.
L’échec de mon premier manuscrit ne m’avait pas découragé : les idées s’enchaînaient dans mon esprit pour bâtir la trame d’un nouvel opus, grandissant avec les années, et particulièrement pendant mon service militaire où je fis la rencontre de plusieurs personnes intéressantes. Puis ce fut lors de mes études à Paris que je fis la connaissance, à travers des amis d’amis, d’un jeune directeur de collection d’une maison d’éditions. Ayant lu les premiers chapitres de mon roman en cours d’écriture, il me proposa de les faire éditer sous la forme d’une première partie, et cela après avoir procédé à des retouches mineures... Toutefois, le projet ne vit jamais le jour : la maison-mère décida de supprimer les nouvelles collections, dont celle de science-fiction.
Je me suis ensuite retrouvé à Lyon pour passer ma thèse. Toujours impliqué dans les associations étudiantes en sciences cognitives, j’avais participé à une rencontre-débat sur le thème "science et science-fiction". En préparant cette rencontre, je fis la connaissance d’un sympathique auteur, directeur de fanzine et libraire lyonnais : André-François Ruaud, et ses compères de la Gang m’adoptèrent. Je découvris grâce à mes nouveaux amis de fabuleux auteurs, je m’essayai à la nouvelle, et ce fut entre le moment où je soutins ma thèse et celui où je fis les dossiers de candidature que j’écrivis avec un ami stéphanois mon premier texte à être publié professionnellement.
Depuis, j’ai quelques nouvelles de science-fiction et fantastique dans mon disque dur et sur papier, et un roman (de type thriller) qui n’attend plus qu’à être accepté par une maison d’édition.
Pourquoi écrire ? Parce qu’on ne peut pas faire autrement !


Lundi, le 22 janvier 2007
Mylène et moi
Je crois que ça a commencé comme ça. Je devais être au collège, dans les premières années (6ème ou 5ème), et j’avais entendu une chanteuse fredonner des paroles que je n’avais pu comprendre qu’à l’aide d’un dictionnaire (les mots "libertine" et "catin" m’avaient ensuite fait rougir).
Un de mes meilleurs amis, plus proche de la "grande ville", avait accès à davantage de chaînes de télévisions (hertziennes, à l’époque, ce devait être les débuts d’M6) que la télévision familiale, à mon grand désespoir. Et un jour, il m’a annoncé être tombé sur le clip de la quasi-inconnue "Mylène Farmer", une curieuse ritournelle illustrée par un mélange de sexe (les scènes de la baignoire et avec l’amant) et de violence (la bagarre avec la méchante). Bref, tout pour intriguer les jeunes ados que nous étions. Et c’est sur la frustration de n’avoir la chance de voir le clip "Libertine" de la flamboyante chanteuse que j’ai commencé à construire mon admiration pour elle.
Premiers albums, premiers concerts, des clips travaillés comme de véritables petits films par Laurent Boutonnat (seul Michael Jackson avec "Thriller" faisait aussi bien), des chansons aux sens obscurs qui nous détournaient de nos problèmes quotidiens d’ados en quête d’identité, des chorégraphies étranges, des interviews rares, du mystère. Ouais, j’étais fan, sans conteste.
Et depuis ce temps-là ?
Si je n’ai pu voir la belle il y a un an à Bercy, je me suis fait offrir le DVD du concert, et je suis allé dimanche dernier voir le film de celui qui nous l’a fait découvrir. "Jacquou de croquant" s’avère être une très belle épopée périgourdine, avec des acteurs de talent, le tout filmé par celui qui ne s’est pas laissé abattre par l’échec de "Giorgino", son opus précédent.
Cerise sur le gâteau : Mylène Farmer chante le générique de fin, "Devant soi".
Respect, Mylène...


Lundi, le 15 janvier 2007
Cerveau en pause
Pas écrit de fiction depuis un mois.
Et ce n’est hélas pas durant le week-end que j’ai pu m’y remettre malgré toute la bonne volonté du monde : je suis malade.
Pas glop, pas glop.


Lundi, le 1er janvier 2007
Bonne année !
J’espère que vous avez bien fini 2006 (avec toutes les fêtes religieuses ou non) et bien démarré 2007.
En ce qui me concerne, j’ai fait très fort parce que j’ai commencé l’année en occupant ma journée avec la partie la plus sympa de mon job qui me rapporte des sous (parce que je serais mort depuis longtemps si je ne devais vivre que de mes droits d’auteur ou des ventes de mes sculptures). Oui, depuis 11h00 du matin, et malgré une très courte nuit, je fais de la recherche scientifique.
Ces dernières années, je ne m’avais pu que trop peu me consacrer à cette activité, débordé par mes responsabilités administratives ou autres liées à ma fonction, mais là, cette nouvelle collaboration scientifique avec un chercheur japonais est vraiment des plus stimulantes. En plus, à la clé, il y a peut-être un voyage en Californie pour présenter notre travail...
Sinon, parmi les bonnes résolutions prises, je vais essayer de ne plus mettre de sucre dans mon thé (on m’a offert un guide du « Théophile », vraiment excellent !), je vais manger un peu plus léger et bio, je vais continuer à aller régulièrement à la salle de sport (et tenter de retourner à la piscine), je vais débuter et poursuivre mes projets d’écriture (des nouvelles et un roman), et enfin je souhaite diversifier mes créations dans le domaine de la sculpture. Voilà, on y croit. L’année 2006 était vraiment mal partie (ma petite amie d’alors m’avait quitté juste après le Réveillon que nous avions passé ensemble) et a connu des hauts, certes, mais quand même pas mal de bas, et donc je suis assez confiant en l’avenir et aux changements qui se préparent. À part ceux-là, bien entendu...


Mardi, le 12 décembre 2006
Partir, revenir
Lundi de la semaine passée, j’étais à Lyon pour écouter mon ami Rémi chanter du Rossini. La petite messe solennelle... Ah ! Un moment d’émotion rare...
Le seul élément un peu pénible de cette soirée fut le trajet depuis Saint-Étienne, avec les trains en grève. L’arrivée dans la Capitale des Gaules ne causa pas de problème, j’étais tombé par hasard sur l’un des seuls trains disponibles de la fin d’après-midi, mais le retour fut moins évident, même s’il fut assuré par un car.
Réveil le lendemain avec moins d’heures de sommeil que prévues, matinée à bosser, puis retour à Lyon pour travailler avec un collègue japonais. Toujours pas de train. Quant aux cars de remplacement... Ils n’étaient présents qu’au hasard de leurs disponibilités. Arrivée à Lyon pour ma réunion avec près d’une heure de retard par rapport à l’horaire convenu. Du coup, la concentration dans le travail fut maximale. Puis la galère pour le retour à Saint-Étienne. À Lyon Part-Dieu, un train est annoncé à Perrache. J’ai filé à l’autre gare en métro (pas vu de train faisant Lyon Part-Dieu – Lyon-Perrache à l’affichage) et découvert là-bas qu’il n’y avait ni train ni car. Retour à la Part-Dieu. Un TGV annoncé pour Saint-Étienne. Je n’ai pas de réservation pour ce type de train, me suis renseigné auprès d’un agent de la SNCF qui m’a dit d’attendre un autre train devant normalement partir deux heures plus tard. Je me suis dis qu’il était malade (et grand bien m’en a pris !) et j’ai pris le train soi-disant à grande vitesse – puisqu’il roulait comme un train ordinaire – pour rentrer à la maison. Mais enfin, je suis quand même arrivé à bon port. Ouf !
Samedi, après avoir transpiré au club de sport, je me suis rendu au centre commercial faire quelques achats en prévision de mon anniversaire (le 16 décembre). Panique au moment de payer : impossible de mettre la main sur ma carte bancaire. Retour chez moi, vérification dans mon portefeuille, rien. J’ai fouillé mon sac de sport, regardant dans la poche de mon short. Rien. Le gros stress. La diode de mon téléphone fixe clignotait, indiquant un nouveau message sur mon répondeur. Plein d’espoir, j’ai écouté le message. La voix du directeur du club de sport. Ouf ! C’était lui qui avait trouvé ma carte bancaire dans les vestiaires. J’ai filé à nouveau dans le quartier de Centre 2 pour récupérer mon précieux sésame, j’ai poursuivi ma course folle jusqu’au centre commercial pour payer mes commissions. Et j’ai pu souffler...
Sinon, retour à Lyon ce vendredi 15/12 au restaurant le Saint-Amour pour la soirée culturelle, littéraire et festive (à partir de 19 heures). Il y a plein d’auteurs sympas prévus, et j’y dédicacerai les Anges électriques !


Lundi, le 27 novembre 2006
Les gamins, parfois c’est mal, parfois c’est bien
Les gamins, quand ils naissent et que des collègues vous laissent tomber parce qu’ils prennent des congés parentaux, et que du coup vous devez les remplacer et êtes obligés de modifier tous vos projets, ce n’est vraiment pas cool.
Mais quand les gamins sont présents dans une salle de cinéma où vous vous trouvez aussi avec un bon copain parce que vous avez gagné des places pour voir Souris City, c’est quand même bien sympa. Il y en a vraiment pour tous les âges dans le dernier né des studios DreamWorks, avec différents niveaux de lecture (sérieusement, vous croyez qu’un môme saisit l’allusion quand on découvre un cafard lisant la Métamorphose de Kafka ?), et il est difficile de résister aux fous rires communicatifs de la salle et aux applaudissements spontanés. On a beau dire, ça n’a rien à voir comparé au home cinéma.


Mardi, le 21 novembre 2006
Le week-end de Monsieur Malchance
Jeudi, soirée bien sympa avec chez un couple d’amis... mais le lendemain, avec un cours à 8h00, pas assez de sommeil et un furieux mal de crâne. Du coup, je ne suis pas allé au concert de l’ami chanteur à Lyon. Dommage.
Samedi, réveil avec la bizarre impression qu’il fait très frais. En effet, la chaudière est éteinte, sans possibilité de la rallumer. Pas moyen d’appeler l’agence logement, le week-end sera ainsi sans chauffage ni eau chaude. Gasp.
Samedi midi, je me prépare un osso buco. La sauce tomate cuit dans une casserole, je me retourne un instant et la casserole – en position instable sur la gazinière – se retrouve par terre, repeignant d’écarlate tout ce que je possède de meubles, murs et sol dans un rayon de deux mètres. Zen, je décide de manger ce qui est encore mangeable avant de me mettre à la corvée nettoyage.
Dimanche matin, les copains avec qui je devais aller voir le Prestige (d’après l’excellent roman éponyme de Christopher Priest) au cinéma me font faux bond. Tant pis pour eux, le film est génial.
Lundi, après m’être douché à l’eau froide, je me mets à mon ordinateur pour travailler un peu avant de partir au boulot. Coupure net d’électricité. Je sors de mon appartement. Des électriciens me disent que c’est normal, qu’ils avaient prévenu les locataires par affiche, mais l’affiche en question a été ôtée par d’autres ouvriers s’occupant de la nouvelle boutique d’en bas.
Au bureau, j’envoie un petit courrier électronique à une amie pour lui rappeler que je fête mon anniversaire bientôt et que son compagnon et elle sont invités. Une heure plus tard, je reçois une réponse laconique de sa part m’indiquant que son petit ami est décédé vendredi et que l’enterrement aura lieu jeudi. Stupeur face à l’horreur de la situation. Se trouver bien coup d’avoir mis aussi sauvagement les pieds dans le plat. Mes petits problèmes du week-end sont soudain si dérisoires...


Mercredi, le 15 novembre 2006
Top chrono, boulot, c’en est fini du dodo !
Le chrono est lancé. Dans un mois, ce sera mon anniversaire, et d’ici là j’aurai envoyé le tapuscrit de mon roman à un éditeur (au futur antérieur, pas au conditionnel, je ne me laisse pas d’échappatoire).
Parce que, il faut se le dire, je vieillis. Si, si. La gentille dame qui organisait les ateliers d’écriture auxquels je participais il y a deux-trois ans ne m’avait pas reconnu, du moins pas avant que je n’ôte mes lunettes de soleil (qu’elle avait d’ailleurs dans les yeux... le soleil, pas les lunettes !).
Samedi dernier, au salon du livre de Lyon, j’ai eu l’occasion de revoir Sire Cédric, auteur aussi sympathique que ses textes fantastiques sont horrifiques, rencontré lui aussi il y a trois ans de cela lors d’une convention de science-fiction. Entre temps, le garçon a publié d’intéressants recueil et roman fantastiques et prend l’apparence d’un vampire lorsqu’il dédicace ses écrits.
Enfin, après ce passage décisif à la Poste, l’esprit libéré de mon roman, pas de temps pour le baby blues : les projets ne manquent pas. Avec mon compère Jean-Jacques, nous reprendrons la suite des aventures du professeur Challenger dans l’univers steampunk que nous avions élaboré dans « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », notre première nouvelle en commun parue il y a – là aussi ! – trois ans.


Samedi, le 4 novembre 2006
Carcasse royale
Me voilà de retour de mon escapade bordelaise. De ce court séjour dans l’ancienne capitale de Guyenne, je retiendrai le temps encore clément malgré la fin du curieux été indien arrivé un peu plus tôt dans l’Hexagone, la présence des Anges électriques à la Fnac mais pas chez Virgin, le charme des musées des beaux-arts et d’art contemporain (des pièces intéressantes, mais certaines expositions n’avaient pu être présentées, aussi ces musées étaient-ils gratuits), ainsi qu’un plat dont le nom est tout un poème : « la carcasse royale ».
Deux jours après Halloween, ce menu avait une saveur curieuse. Je pensais d’abord à un gag, mais vu le prix affiché, cette possibilité était à écarter.
Mon choix de déjeuner fut donc tout trouvé. Comme ça, au pif. Et grand bien m’en prit !
La surprise fut en effet excellente : dans une grande assiette se trouvait la carcasse d’un canard auquel ne pendait plus que quelques magrets, des pommes de terre et des cèpes avaient remplacés les entrailles de la bête, le tout était accompagné de foies gras poêlés, manchons et gésiers sur un lit de salade... Un véritable festival ! (Remarquez d’ailleurs que cela rime opportunément avec « régal ».)


Lundi, le 9 octobre 2006
La fête des pieds et des rollers
Vendredi dernier, à Saint-Étienne, aurait dû se dérouler la grande fête liée à l’inauguration de la nouvelle ligne de tramway. Eh bien, c’était loupé. Les conducteurs de bus et tramway ont fait la grève.
Après plus d’un an de travaux qui ont défiguré la ville et causé bien du souci au quotidien, c’était vraiment vache...
Bien entendu, après l’annonce des préavis, j’avais anticipé ces mouvements sociaux : je me suis levé un peu plus tôt et je me suis rendu sur mon lieu de travail en roller, sur des chemins mal éclairés, au revêtement parfois traître, mais heureusement encore praticables (il n’y avait ni pluie ni feuilles mortes).
Après le déjeuner, le retour de ma petite université sur la colline s’est fait très rapidement, tout schuss sur mes rollers, et j’ai rejoint mon laboratoire en empruntant la voie des tramways restés exceptionnellement au dépôt.
La fête eut quand même lieu (je me souviens avoir assisté à un spectacle de percutions), ne rencontrant qu’un succès mitigé en raison des circonstances (une inauguration de ligne de tramway sans tramway, ça ne le fait pas vraiment)... et la grève se prolongea durant tout le week-end. Pas glop, tout ça...


Mercredi, le 6 septembre 2006
C’est la rentrée
Même si je suis retourné travailler à mon labo depuis deux semaines, ce n’est qu’à partir de lundi qu’a eu lieu la rentrée des différentes promotions d’étudiants, et je n’ai donné mon premier cours de l’année que cet après-midi : plus de 200 étudiants dans mon amphi.
Et de l’autre côté de la barrière ? Certains ont des visions cauchemardesques de leur scolarité, d’autres se souviennent surtout du côté « chacal » des années collège, mais moi, bizarrement, je n’ai pas de si mauvais souvenirs que cela, peut-être faut-il accuser ma mémoire d’être optimistiquement sélective...
Le week-end dernier, j’ai accueilli mes parents qui faisaient étape à Saint-Étienne dans leur traversée de la France, et ces derniers sont venus chargés de légumes du jardin (potirons, tomates, courgettes, concombres...), de confitures, mais aussi d’un gros carton étiqueté « affaires scolaires Fabrice ». Et là, en ressortant ces feuilles volantes et ces cahiers oubliés depuis des années, grosse plongée dans le passé.
Comment imaginer que l’auteur de ces croquis qui se détachaient à peine des gribouillis allait plus tard faire des dessins si jolis qu’il pensait – jusqu’à la fin de la troisième – se destiner au métier de la bande dessinée ? Est-ce que le professeur de français de première qui mettait des mauvaises notes à ceux qui choisissaient la dissertation au lieu du commentaire composé – sous prétexte qu’ils étaient dans une filière scientifique – se doutait qu’un jour l’un d’entre eux publierait des articles et nouvelles... avant peut-être un roman ?
Ce n’est pas simple d’être un élève, c’est encore moins simple d’être prof, mais nul n’a jamais prétendu que la vie était simple...


Mercredi, le 23 août 2006
Trop cool !
Ne plus prendre de douche, ne plus se brosser les dents, laisser traîner la vaisselle sale dans l’évier... Il y a quelques jours, j’ai failli me transformer en crasseux garnement. La raison de cela : la malheureuse voisine du rez-de-chaussée avait fait couper l’alimentation en eau dans tout l’immeuble afin de ne pas voir son appartement détruit par l’eau coulant du plafond et s’infiltrant aussi par le sol.
A priori, le plombier a pu régler le problème depuis, mais pendant une soirée et une matinée, j’ai pu me rendre compte de l’importance de cette ressource précieuse qu’est l’eau au quotidien, en utilisant avec parcimonie les réserves que j’avais dans quelques bouteilles. Mais pas de tout envie de revivre cette pénible expérience.


Vendredi, le 11 août 2006
Les trains qui sillonnent la France
Me voici de retour de Gironde où j’ai passé quelques jours chez Francis Valéry qui organisait une petite fête à l’occasion de son anniversaire. Moment bien agréable dans une charmante demeure sise dans les Côtes de Blaye en compagnie d’autres artistes, auteurs, musiciens, illustrateurs, gens du théâtre...
Prendre le train Lyon-Bordeaux, c’est un peu partir en expédition. Roanne, St-Germain-des-Fossés, Gannat, Commentry, Montluçon, Guéret, St-Sulpice-Laurière, Limoges, Thiviers, Périgueux, Coutras, Libourne... Il faut savoir s’occuper entre la fin de la matinée et le début de la soirée, des heures suffisantes pour terminer un roman de taille ordinaire (pour moi, ce fut l’Alchimiste de Paulo Coelho), pour écrire, voir du paysage ou faire de drôle de rencontres.
À l’aller, une espèce d’ogre m’a tenu compagnie pendant près d’une heure. Sans préambule ni quelconque signe d’encouragement de ma part, l’animal s’est aussitôt mis à se raconter, et très fort, étant devenu dur de la feuille. Ancien de la SNCF, il avait, dans sa jeunesse, alimenté en charbon des locomotives, sept tonnes aller, sept tonnes retour, et ce travail de force l’amenait à se restaurer d’une omelette faite de trois douzaines d’œufs... Il m’a parlé de ses collègues – dont il s’efforçait de retrouver le nom de chacun – et de leurs petites méchancetés, des matchs de foot qu’il arbitrait, de la mémorable finale de district à la Souterraine, de la fanfare où il jouait du saxophone...
Le marque-page posé dans mon livre, je l’ai laissé évoqué les petits riens qui faisaient sa vie, alors que dans le wagon, vu la corpulence et les décibels du compagnon de voyage, on ne voyait et n’entendait que nous... (Enfin, surtout lui.)
Avec du recul, je me dis que si j’avais été psy, je crois que je me serais fait payer.
Sans transition. Demain, cela fera un mois que ça a commencé. Ne les oublions pas.


Jeudi, le 3 août 2006
Sun and tonic
Je suis de ceux qui craignent les beaux jours. Alors que les nuits et les jupes des filles deviennent plus courtes, je cache mes yeux derrières des lunettes noires et je passe pour un extraterrestre en persistant à me promener en pantalon et veste. Au cours du mois de mai, j’étais allé faire une journée de marche en montagne avec des amis, et malgré ma casquette, de l’écran total 50+XXL et un léger pull à manche longue, je me suis retrouvé avec des méchants coups de soleil sur les mains, le visage, les oreilles et la nuque.
Vous imaginez mon angoisse avant de partir une semaine en Tunisie faire de la plongée sous-marine...
Eh bien, je suis revenu de mon séjour en Méditerranée avec un joli hâle après avoir suivi le traitement que m’avait indiqué mon médecin... à base de quinine. Ben ouais, son usage n’est pas réservé au traitement du seul paludisme. Si comme moi vous êtes du type blond aux yeux bleu clair, avant de partir au soleil, demandez conseil à votre médecin...
Sinon, demain, je reprends le train pour aller du côté de Bordeaux voir l’ami Francis Valéry.
Enfin, ce n’est pas parce que ce sont les vacances qu’il faut oublier ceux qui sont là-bas.


Lundi, le 24 juillet 2006
La flambée de l’immobilier
Au mois de décembre dernier, je me posais la question de savoir si j’allais ou non acheter l’appartement que j’occupais alors en location et que mes propriétaires souhaitaient vendre. J’exerce un métier stable, le loft me plaisait, mais le prix me semblait excessif, l’appartement nécessitait un grand nombre de travaux pour le transformer en un duplex intéressant et, surtout, j’éprouvais des réticences à m’attacher de manière définitive à des murs.
Pourtant, dans mon entourage, toutes les personnes dans ma situation franchissaient le cap et se décidaient à devenir propriétaire en regrettant souvent de ne pas s’être décidées plus tôt.
Las, je m’étais séparé de ma petite amie, et ces projets ne convenaient plus à mon statut de célibataire. Je me suis donc mis à la recherche d’un nouvel appartement à louer...
Quelques semaines plus tard, en arpentant les rues d’une très jolie ville portuaire de Méditerranée, je discutais avec un de mes collègues et lui faisais remarquer le nombre important d’immeubles qui s’y construisaient. Il m’expliqua qu’avec la flambée des cours de l’immobilier depuis des années, le moyen le plus simple de faire fortune était d’acheter un terrain, d’attendre un peu et de le revendre ensuite avec une plus-value extraordinaire ou, mieux encore financièrement, de bâtir une résidence revendue ensuite appartement par appartement. Il suffisait d’avoir l’apport financier nécessaire, et, ajouta-t-il dans un soupir, c’est ce qui lui manquait.
La flambée d’aujourd’hui, elle n’est plus due aux promoteurs mais aux missiles. Cette ville, c’était Tripoli. Ce pays, le Liban. Juste avant de partir en vacances, ironie du sort, j’ai appris que la Région venait d’accepter nos demandes de financement pour aller refaire pour l’année 2006-2007 des missions d’enseignement. Comme lui et d’autres, n’oubliez-pas ceux qui sont là-bas. S’il vous plaît.


Mercredi, le 19 juillet 2006
Pour voir
Alors que s’embrasent les États du Levant où se trouvent certains de mes collègues et étudiants, je n’ai que le courrier électronique qui me relie à eux pour avoir une vision « de l’intérieur » de la situation.
Le cèdre que j’ai ramené de là-bas se meurt (bien que Stéphanois, je n’ai peut-être pas la main verte) et je me rends compte soudain que l’autre bout de la Méditerranée est situé vraiment très loin de la France.
Vivement les vacances. Ironie, c’est bien sur les terres puniques que je vais partir la semaine prochaine, or ce sont des Phéniciens partis de l’actuel Liban qui avaient fondé la civilisation carthaginoise... Est-ce que ces quelques jours me permettront de fermer les yeux sur le monde ?
Je suis myope. De ma famille, je suis sans doute celui qui a la meilleure vue (enfin, « j’étais », car mon frère cadet s’est fait opéré des yeux au laser la semaine dernière) mais j’ai quand même besoin de lunettes pour voir de loin, c’est-à-dire quand je conduis (ce qui m’arrive deux fois par an) ou quand j’assiste à un spectacle (cela est plus fréquent, heureusement). Dans les eaux tunisiennes, je vais faire de la plongée sous-marine, aussi me suis-je fait faire un masque dont les verres corrigent ma myopie. Je pourrai ainsi me baigner et voir, car le site est réputé pour cela, de nombreux mérous, poissons qu’appréciés des amateurs de calembours parce qu’ils produisent de la laine et des vents.


Dimanche, le 2 juillet 2006
Allô Docteur ? C’est la Noiraude
Cette semaine, mon ancienne Université m’a fait parvenir mon diplôme de doctorat. Ouais, cela fait trois ans et demi que j’ai soutenu ma thèse, mais le diplôme officiel n’a été imprimé que l’an dernier, et ce document avait été égaré quelque part entre la Faculté, les Archives et le Service du Troisième Cycle.
C’est finalement une nouvelle personne qui, en remplaçant une autre (vraisemblablement incompétente) au Service de la Recherche, a repris mon dossier (une liste de demandes postales et électroniques, sans compter tous mes coups de téléphone, je crois qu’on peut appeler ça un « dossier ») et a découvert le précieux papier cartonné.
Un petit message de la part de cette brave dame laissé sur mon répondeur téléphonique, je la rappelle pour lui confirmer l’adresse, et je reçois avec joie un avis du facteur m’indiquant d’aller chercher ma lettre recommandée.
Voilà, c’est officiel, c’est marqué dessus : je suis docteur en informatique... même si j’exerce mon métier d’enseignant-chercheur depuis pas mal d’années, du moins déjà trois en tant que fonctionnaire.
Mais bon, qui dit docteur en informatique, pour tout un chacun, dit aussi spécialiste de tout ce qui touche de près ou de loin aux ordinateurs. J’ai beau préciser que mon domaine, c’est à la fois l’intelligence artificielle, la fouille de données et les sciences cognitives, cela n’empêche pas les gens de mon entourage – amis et famille – de m’appeler au secours lorsqu’ils sont perdus devant leur écran, clavier et souris. On va dire que c’est la rançon du succès. Et il y a des cas qui mettent les nerfs à rude épreuve, même si je n’ai jamais eu l’occasion de dépanner quelqu’un d’aussi nul que ce pauvre monsieur.
Ceci dit, j’ai parfois l’impression d’être le vétérinaire de la Noiraude (si vos souvenirs sont lointains, je vous invite à voir ou revoir cette vidéo ou celle-ci) et je me demande si mon diplôme le plus utile n’est finalement pas plutôt ma licence de psychologie...


Lundi, le 26 juin 2006
Décrochage local
Argh, je ne parviens plus à alimenter régulièrement mon weblog.
Pourtant, j’ai à nouveau l’ADSL à la maison, et j’écris depuis un tout nouvel ordinateur. Mais ça doit être aussi ça : ma machine est dotée de tout un tas de trucs dernier cri dont un bidule qui permet d’avoir (et de voir) la TNT. Or la télévision, tout comme la voiture et le téléphone portable, est un accessoire de la vie moderne dont j’ai toujours réussi à me passer jusqu’à aujourd’hui. Cependant, je suis resté un gamin, et là, c’était comme le lendemain de Noël, des heures à passer en revue les chaînes télévisées jusqu’à me rendre compte que, malgré la qualité numérique, malgré le nombre conséquent de chaînes (chez mes parents, on pouvait voir les six chaînes nationales plus trois chaînes allemandes), je crois en avoir fait le tour : rien de bien neuf sous le soleil. En plus, j’ai de la chance : il y a du football à la télé, donc rien qui puisse attirer mon attention devant l’écran en ce moment, n’éprouvant aucun intérêt pour le ballon rond.
Enfin, voilà, il n’y a pas eu que des plongées dans le virtuel car ces derniers jours ont quand même été l’occasion de voir des copains auteurs.
Tout d’abord, il y a déjà trois semaines de cela, l’ami Francis Valéry était de passage à Saint-Étienne. Francis, avec qui, en compagnie de Jiji, nous avions dîné dans une crêperie qui fait d’excellente râpées, a parlé de tout et de rien, et de son nouveau bouquin Chroniques du Premier Âge, mais peut-être avec un peu moins de cohérence que lorsque nous étions chez moi pour prendre l’apéritif et qu’il y avait encore des bouteilles de Soho et de Malibu dans mon réfrigérateur. Francis, bien que grand amateur de whiskies, s’est avéré être aussi un véritable exterminateur de mes alcools de filles.
Et puis, vendredi dernier, à Lyon, j’étais dans un bar de la Croix-Rousse pour fêter le lancement des Minuscules Flocons de Neige depuis Dix Minutes de David Calvo. Cadre sympa, un peu techno-branchouille, et même si je n’ai pas eu l’occasion de vraiment discuter avec David car pas mal de monde voulaient lui parler (pas grave, nous avions déjà eu l’occasion de parler autour d’une pizza quelques jours plus tôt chez André-François Ruaud), j’en ai profité pour entamer la discussion avec le sympathique Markus Leicht dont je viens de découvrir le blog.


Jeudi, le 15 juin 2006
Sur de bonnes bases
Ah, enfin, j’ai à nouveau Internet à la maison !
Il fait beau, je profite du soleil (mais à l’ombre, vu que j’ai une fâcheuse tendance à me transformer trop vite en homard).
Le festival de la semaine dernière (Fest’Uval Jean Mon’Arts, au château de Saint-Victor-sur-Loire) a remporté un franc succès. J’ai bien aimé les concerts (qu’ils aient été de musique chorale, jazz ou rock), la danse (modern jazz) ou le théâtre (avec une petite préférence pour les pièces des Amis en scène et de la Compagnie Navaja avec son « Navaja Circus »).
Et puis, bien entendu, il y avait une exposition. Me voilà devant la vitrine présentant quatre de mes sculptures : « Alter-égoïsme », en haut ; le « Don », au milieu, à gauche ; le « Masque du Démon » au milieu, à droite ; « l’Ange contemplatif » en bas. Si j’ai une tête étrange, c’est que je me suis photoshopé en Fantomas pour qu’on ne puisse pas me reconnaître... mais vous ne me distinguerez pas mieux sur les autres photographies que l’on peut trouver de moi sur Internet, par exemple parmi les auteurs de SF sur le site des Pages Françaises de Science-Fiction.

Notez que derrière la vitrine, il y avait une exposition de photographies... intéressantes  ;-)



Lundi, le 29 mai 2006
Bien dans le réel, moins dans le virtuel
Ça y est. Enfin, presque... Quel soulagement d’avoir pu vider le dernier carton du déménagement ! Maintenant, mon appartement a désormais une allure à peu près convenable. Les derniers meubles m’ont été livrés ces derniers jours, j’en ai installé une partie avec l’aide d’un copain, le reste tout seul par la suite (je suis à présent un roi du tournevis, du marteau et de la perceuse), et maintenant que j’ai une grande armoire et une nouvelle bibliothèque, j’ai pu m’acheter des fringues... et je vais à nouveau pouvoir m’offrir des livres.
Mouais...
Il n’empêche que, plus de deux mois et demi après ma nouvelle installation dans ce logement, je n’ai toujours pas Internet (enfin, l’ADSL). Et comme plein de contribuables de notre beau pays, j’ai choisi la télédéclaration des revenus. Mmmmmm... Faudrait quand même que je puisse me connecter très prochainement sur le sites des impôts.gouv.freu, sinon, ça va pas l’faire.
À part ça, sachez que je vais présenter mes dernières sculptures lors de l’exposition organisée pendant le Fest’Uval Jean Mon’Arts, au château de Saint-Victor-sur-Loire, à quelques kilomètres de Saint-Étienne.


Mercredi, le 17 mai 2006
Coups doubles et pelote de liens
Ça commence toujours par des picotements dans la gorge. Puis apparaît la toux. Et viennent les éternuements, le besoin de se moucher sans arrêt et la fièvre. Enfin, depuis hier, j’ai beaucoup de mal à m’exprimer... ma voix a perdu une octave... et je ne peux dire que quelques mots à la Barry White (oh, baby, you’re so sexy) avant d’être aphone.
Mais s’il n’y avait que ça...
Dimanche, je suis allé faire une petite balade en montagne avec des amis, entre la Haute-Loire et l’Ardèche. Pas un temps super génial, j’avais un pull, mais j’ai quand même mis mes lunettes de soleil et ma casquette. Heureusement. J’en suis revenu avec des coups de soleil sur le visage, les oreilles, la nuque, les mains... À croire que j’avais passé toute une semaine à faire du ski.
Lundi, je suis allé à Lyon pour mon boulot, mais j’en ai aussi profité pour voir des amis, dont le gars qui cause dans le poste, je lui ai montré des liens sympas, tels que comment retrouver une musique par son rythme ou trouver une image en dessinant. J’aurais aussi pu lui montré Google Earth, que l’on peut maintenant avoir aussi bien sur un PC sous Windows que sous Macintosh, ou Google Moon (zoomez au max, pour voir), le Montage-a-Google, la recherche d’un article encyclopédique sur Wikipedia ou la création de posters à partir d’images avec Rasterbator...
Bon, c’était facile, j’avais participé le samedi après-midi à l’animation de la Vogue du Net, un événement grand public dédié à l’internet.


Lundi, le 8 mai 2006
Vivement l’école, qu’on puisse dormir...
La semaine dernière, je suis parti en conférences.
Cela avait commencé sur les chapeaux de roues. Le matin même, c’était déjà la course pour aller dans un magasin d’électroménager afin de leur rapporter les enceintes de mon ordinateur... elles n’émettaient plus qu’un horrible grésillement et, comme par hasard, la garantie allait s’arrêter deux jours plus tard. Voilà un imprévu dont on se passerait volontiers.
À la gare, j’ai retrouvé mon co-auteur. Vu son âge, il pourrait être mon père, et c’est cependant un vrai gamin... Depuis deux semaines, il est un jeune papa, son épouse ayant accouché de jumeaux.
Pas le temps de souffler. Même le petit temps d’attente à la gare de Lyon Part-Dieu était mis à profit pour retrouver un copain. Durant le trajet jusqu’au grand Ouest en TGV, mon collègue et moi avions mis une dernière touche à notre présentation.
Nous sommes arrivés à destination à 20h31 précises, sans une minute de retard, hélas ce n’était pas suffisant pour attraper le dernier bus dont le départ était prévu à 20h15... Tant pis, nous avons fait rouler nos valises jusqu’à l’hôtel en passant par des endroits étonnamment champêtres (il faudrait un jour que les fabricants de valises pensent à équiper leurs produits de roulettes 4x4).
La conférence a rassemblé des grands chercheurs de mon domaine – c’est toujours à la fois curieux et très plaisant de voir en vrai des personnes que l’on a étudié à l’Université –, j’ai retrouvé un copain qui avait vécu pendant deux ans à Saint-Étienne, j’ai fait plein de connaissances sympathiques, j’ai très bien mangé (dans un restaurant gastronomique, j’ai choisi en entrée un flan de tourteau au coulis de chorizo, suivi de selle et ris d’agneau, un régal !), je suis même allé en discothèque avec d’autres conférenciers, bref, ce fut un de ces grands moments de stimulation intellectuelle qui me fait adorer mon métier.


Samedi, le 29 avril 2006
Vous avez bien dit... « vacances » ?
Théoriquement, la semaine qui vient de s’achever était une semaine de vacances.
Mais bon, ça, c’est la théorie.
En pratique, je n’ai sans doute jamais autant donné d’heures de cours dans ma vie d’enseignant-chercheur que cette semaine-là : il fallait bien rattraper les heures qui étaient prévues durant la période de blocage de l’Université (le blocage lié au retrait du CPE, vous vous rappelez ?)
Et hier matin, j’ai enfin pu endosser l’autre casquette de mon métier : je suis allé chez un copain avec qui j’ai écrit un article scientifique pour terminer la présentation que nous allons en faire à une conférence où nous irons la semaine prochaine. Joie !
C’était sans compter la réception du message électronique – mais néanmoins affolé ! – du directeur de mon labo qui, de l’autre bout de la Terre, m’a demandé de lui faire parvenir une fusion de différents fichiers rédigés par les membres de notre équipe et nos partenaires sur un gros projet de recherche. Retour en urgence à mon bureau dans l’après-midi pour effectuer le travail demandé, j’en ai profité pour rajouter un joli paragraphe sur les sciences cognitives, et, lorsque la nuit s’est mis à tomber, j’en avais fini avec tout ça aussi ai-je pu envoyer mes fichiers par e-mail avant d’éteindre mon ordinateur, fermer la porte de mon bureau, brancher l’alarme, fermer la porte de mon laboratoire, quitter l’Université et arriver devant l’arrêt de bus... Sauf qu’il n’y avait plus de bus à cette heure (à moins d’aimer patienter une demi-heure dans le noir dans un quartier pas vraiment accueillant).
Bilan des courses : retour à pied (entre 45 minutes et une heure de marche, avec des nouvelles chaussures, argh), mon sac sur le dos chargé de mon ordinateur portable (heureusement mon sac – nouveau, lui-aussi – est bien plus pratique et agréable à porter que l’ancien), avec ma légère chemise et ma veste printanière ne me protégeant guère de la fraîcheur nocturne...
Bon, à vrai dire, on s’est fout : ce sont les vacances, non ?


Dimanche, le 23 avril 2006
En vitesse
M’énerve... Mises à jour limitées ces derniers temps parce que cela fait un mois que j’ai déménagé et que je ne peux toujours pas avoir accès à l’ADSL ; France Telecom et mon fournisseur d’accès Internet se revoient la balle. Par contre, j’ai réussi à installer l’ADSL chez un de mes meilleurs amis, pourtant ce n’était pas gagné avec un identifiant et un mot de passe de chez Cegetruc alors qu’il avait un modem avec un kit Wanachose.
Le soleil brille enfin. Le printemps semble bien installé. Première sortie roller tout à l’heure... Arbres en fleurs. Du bonheur. (Oh, ça rime !) Mon genou (blessé par une entorse l’an dernier) s’est bien remis, le fait de le laisser se reposer et de ne pas aller skier n’a donc pas été vain. Les quelques pentes que je descends en roller à Saint-Étienne ne sont pas les pistes noires des Alpes... et c’est tant mieux, avec la circulation et les obstacles de la vie citadine, ce serait autrement du suicide.


Dimanche, le 2 avril 2006
Dans mes nouveaux murs
Mes cartons se vident les uns après les autres dans les meubles que j’installe.
Mes sculptures reprennent leur place et, peu à peu, mon univers se reconstruit.
Le soleil refait son apparition, la nature se réveille, des vies comme la mienne connaissent un printemps composé de retrouvailles, de rencontres et de bonnes nouvelles.
Hors de mes nouveaux murs plane une odeur mêlée de douceur, d’espoir et... de lutte sociale.


Lundi, le 27 mars 2006
Avec des murs
Ça y est, j’ai enfin déménagé. J’ai quitté mon petit loft pour un appartement plus jeune et plus fonctionnel. Des allers et retours sans nombre jusqu’à mon ancien quatrième étage sans ascenseur avec des gros sacs... c’est fou ce que l’on peut accumuler comme affaires sans être pourtant le moins du monde matérialiste.
C’est en déménageant que j’ai découvert que j’avais de gentils voisins ; dommage, trop tard pour sympathiser.
Pour accéder à mon nouvel appartement, c’est curieux, il faut traverser un miroir comme dans le monde merveilleux d’Alice.
Autre curiosité, les chiffres significatifs d’identification de mon compteur gaz sont 6, 6 et 6.
À part ça, j’éprouve encore quelques difficultés à vivre parmi les cartons dans l’attente de l’achat de nouveaux meubles, et surtout ma chaudière mal réglée s’arrête presque toutes les nuits, ce qui rend mes réveils dans la fraîcheur des matins sans chauffage, et avec des douches sans eau chaude, des plus désagréables...


Lundi, le 20 mars 2006
Ma vie est un roman : 5. Autour de la Méditerranée
Ici, l’incipit place directement le roman dans son contexte. Il s’agit d’un livre que je n’ai pas encore lu mais qui est sur le haut de la pile de ceux que je devrais lire. Pour l’instant, je n’ai pas encore été convaincu par cet auteur classique car la lecture d’un de ses romans, étudié en classe de seconde, m’avait été si fastidieuse que je ne l’avais pas achevé, événement qui ne m’était jamais arrivé auparavant. Maintenant que j’ai deux fois l’âge que j’avais en seconde, je pense que je serais sans doute un peu plus résistant et que je pourrais à nouveau m’intéresser au sort de cette infortunée mariée à un insignifiant médecin de province.

C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.


Aujourd’hui, de l’antique cité, il ne reste que des ruines, mais un peu d’imagination permet de se donner une idée de la grandeur d’un peuple qui a failli terrasser Rome. Je suis en ce moment en train de terminer la Dame des abeilles de Thomas Burnett Swann qui se déroule au temps mythique de la construction de la cité, dans l’alliance des troupes de Didon la phénicienne (l’actuel Liban) et d’Énée, rescapée de la destruction de Troie (dans l’actuelle Turquie) par les Grecs après des années de siège. Les bords de la mer Méditerranée ont vu naître et mourir des villes, des royaumes, des nations, des religions et des civilisations dont nous sommes héritiers. Même si je n’ai rien de très méditerranéen, du moins dans mon physique, j’ai toujours été fasciné par cette mer, que ce soit depuis le sud de l’Europe, le Proche-Orient ou le Maghreb, mon mode de pensée est un cartésianisme latin métissé, et mes grandes amours puisent leurs racines en Afrique du Nord ou en Italie...
Pour ceux qui n’ont pas trouvé d’où est tiré l’incipit, laissez reposer votre curseur ici.


Dimanche, le 5 mars 2006
Ma vie est un roman : 4. Déménagement
L’incipit de la semaine n’est pas très caractéristique du roman. Il faut attendre la troisième phrase pour voir apparaître le nom du héros, la quatrième pour supposer qu’il s’agit de science-fiction et la cinquième phrase pour ressentir un certain malaise. Le titre est une date.

C’était une journée d’avril froide et claire.


Je ne sais si la fin de l’hiver sera froide mais je me trouverai à ce moment-là dans mon nouvel appartement. Il est un peu moins clair que le loft que j’occupe encore jusqu’à la fin du mois de mars et il a sans doute un peu moins de charme (mon appartement actuel a un haut plafond, des murs recouverts de chaux vénitienne, du parquet à bâtons rompus et de grandes fenêtres donnant sur une bonne partie du ciel depuis le quatrième étage), pourtant je sens que je vais me plaire dans cet espace plus grand et plus fonctionnel, avec son chouette salon et ses pièces qui deviendront ma chambre, mon bureau-bibliothèque et mon atelier de sculpture. Je vais avoir les clés dans dix jours et j’aurai deux semaines pour déménager...
Pour ceux qui n’ont pas trouvé d’où est tiré l’incipit, laissez reposer votre curseur ici.


Samedi, le 25 février 2006
Ma vie est un roman : 3. Salut bisamme, ich bin a Elsasser
L’incipit du jour (ou de la semaine) est celui des Particules élémentaires de Michel Houellebecq...

Ce livre est avant tout l’histoire d’un homme, qui vécut la plus grande partie de sa vie en Europe occidentale, durant la seconde moitié du XXe siècle.

Étant né au cours des années soixante-dix, j’espère quand même vivre bien davantage dans le siècle suivant, le XXIe... Je suis né à Strasbourg, l’une des trois capitales européennes. J’ai passé presque toutes mes premières années (jusqu’à la moitié des années quatre-vingt dix) en Alsace avant de m’établir en région Rhône-Alpes. Bien qu’étant né de parents originaires d’Alsace et ayant un patronyme germanique, je ne connais que des bribes du dialecte alsacien, je n’ai jamais réellement eu l’accent régional (qui n’est finalement pas pire que l’accent stéphanois, ch’ti ou méridional) et je n’apprécie que très peu le folklore alsacien. Cependant, je reste fidèle à mon tempérament alsacien par plusieurs caractéristiques dont l’intérêt pour les autres cultures (Strasbourg est une accueillante cité carrefour au sein de l’Europe, son nom signifie d’ailleurs « la ville des routes ») et le goût de la bonne chère (la nourriture y est peut-être un peu trop riche mais succulente et convient bien à la rigueur des hivers alsaciens). Seulement, jusqu’il y a peu, je n’avais pas encore réussi à faire un kouglof, cette brioche caractéristique de ma région natale dont il y a autant de recettes que d’orthographes possibles...
Eh bien, voilà qui est chose arrangée depuis hier :

Après plusieurs essais malheureux dus à un mélange imparfait de la pâte, une levure mal utilisée, ou d’autres petits problèmes de préparation, j’ai enfin réussi à faire mon kouglof. Délicieux au petit déjeuner, à déguster nature ou avec cette fameuse pâte à tartiner au chocolat et à la noisette... Il y a de l’Alsace ce matin dans mon chez-moi de Saint-Étienne.


Lundi, le 20 février 2006
Grand et mince ?
Je viens d’apprendre que je mesure un centimètre de plus que la moyenne nationale des hommes adultes... et que je pèse quelques kilogrammes de moins.
Ah, quand même.


Samedi, le 18 février 2006
Ma vie est un roman : 2. les séparations
Nouvel incipit pour me raconter, celui de La Nuit des Temps de René Barjavel, un livre qui m’avait boulversé aux premiers moments de mon adolescence...

Ma bien-aimée, mon abandonnée, ma perdue, je t’ai laissée là-bas au fond du monde, j’ai regagné ma chambre d’homme de la ville avec ses meubles familiers sur lesquels j’ai si souvent posé mes mains qui les aimaient, avec ses livres qui m’ont nourri, avec son vieux lit de merisier où a dormi mon enfance et où, cette nuit, j’ai cherché en vain le sommeil.

Ce n’est jamais simple de perdre celle que l’on aimait. Lorsqu’une histoire d’amour se meurt, on regarde l’autre avec incompréhension, on se demande pourquoi on l’a aimé, ou on ne parvient pas à comprendre pourquoi l’autre nous aime encore. Parfois, quand on comprend et accepte le malentendu réciproque, on peut se pardonner mutuellement et rester bons amis. La regarder faire sa vie avec quelqu’un d’autre sans jalousie, sans amertume, et se réjouir de son bonheur, c’est possible quand on fait le deuil de la relation passée. C’est rare, mais ça m’est pourtant arrivé alors que j’avais pourtant été très amoureux d’elles. Je suis un grand lecteur, alors je sais tourner la page...


Mardi, le 14 février 2006
Ma vie est un roman : 1. le sommeil
Près de deux semaines sans donner de nouvelles.
Je vais bien mais suis très occupé ces derniers temps.
J’ai trouvé un truc : raconter un bout de ma vie à partir de l’incipit d’une œuvre célèbre ou non, d’un roman que j’ai lu, ou pas. Ici, il s’agit d’un incipit archi-connu, je n’ai lu que l’adaptation BD réalisée par Stéphane Heuet (ouh, la honte ! oui, je sais).

Longtemps, je me suis couché de bonne heure.



Et c’est d’ailleurs toujours le cas car je suis au meilleur de ma forme le matin. Comme je me réveille tôt, avant six heures, et plus souvent même avant cinq heures du matin, et que j’ai besoin de mes sept heures de sommeil, j’essaie de me coucher avant dix heures du soir (qui a dit « comme les poules » ?).
J’ai l’avantage d’avoir un excellent sommeil, de m’endormir presque aussitôt que je souhaite dormir, et de ne me réveiller que cinq minutes avant la sonnerie du réveille-matin. Toutes mes petites amies m’ont toujours envié cette particularité... et m’ont reproché le fait de ne pas être amateur de grasses matinées. Las, le monde appartient – paraît-il – à ceux qui se lèvent tôt. Tant pis pour elles.


Mardi, le 24 janvier 2006
Gardons nos trottoirs propres, mangeons du chien
Il ne m’a pas fallu très longtemps pour regretter mon retour en France.
Il faut dire qu’au Liban j’étais soigné comme un coq en pâte... Certes, l’organisation là-bas était un peu bordélique, mais tout se passait quand même dans une ambiance chaleureuse et finissait par arriver, il suffisait d’être patient. Tripoli, le soleil, la mer, la montagne, la cuisine aux senteurs épicées, la saveur de la menthe, les pâtisseries d’Hallab...
Ici : le froid, le restaurant universitaire, les problèmes du quotidien à gérer.
Et plus de téléphone à la maison. France Telecom m’a encore fait le coup du faux contact quelque part (ça vient juste de fonctionner à nouveau).
Les bus ou le tramway que j’ai l’habitude de prendre ont changé de trajet et d’arrêt.
Même les magasins où je vais faire mes courses ont modifié leur structure, perdant des rayons de produits pratiques au profit des conneries en solde.
C’est dingue, ça, je ne suis parti qu’une semaine, et je ne reconnais plus rien !
Ah, si. Il y a quand même encore les immuables clochards qui font la manche ou les Mormons qui veulent me convertir... Aux uns comme aux autres, je réponds que je suis désolé. Belle hypocrisie occidentale.
Et puis, bien sûr, il y a toujours les merdes de chien.


Dimanche, le 15 janvier 2006
Médicament
Dans un instant, je vais partir au Liban (pour mon boulot).
Du coup, j’ai bu du soda en prévision des troubles gastriques qui risquent de m’arriver là-bas (par exemple si j’oublie de me brosser les dents à l’eau minérale). Et je compte en boire aussi sur place (avec du thé, hein, faut quand même pas déconner) parce que c’est quelque chose qu’il est assez facile de trouver un peu partout sur Terre. La boisson du docteur Pemderton est en effet si horrible (à la fois terriblement acide et effroyablement sucrée) que même les méchantes bactéries n’osent s’y frotter.
C’est peut-être ça, la mondialisation : la santé pour tous ?
Teuf, teuf, qu’est-ce qu’il ne faut pas dire, parfois...


Vendredi, le 13 janvier 2006
Dormir, nager, manger
Je ne sais si cela est dû à mon manque de sommeil (ne dormir que quatre heures parce que l’on participe à l’organisation d’un congrès) ou à un certain stress (je dois partir dans quelques jours au Liban pour une mission d’enseignement, et un bon nombre de problèmes logistiques n’ont pu être réglés à l’heure actuelle), mais je viens de faire un rêve dont je suis parvenu à me souvenir.
Ou plutôt un cauchemar.
J’étais dans la mer, avec de nombreux baigneurs, et soudain une grosse ombre s’est rapprochée à très grande vitesse.
Puis un « plouf », quelques éclaboussures, et j’ai mis ma tête sous l’eau pour voir s’éloigner une espèce d’énorme requin noir.
Mon voisin de baignade (ou ma voisine ?) avait disparu, laissant à l’eau une sinistre teinte rouge.
Tout le monde a alors été pris de panique, et c’est à ce moment-là que je me suis réveillé en sursaut...
Euh, docteur Freud, c’est grave ?


Mardi, le 3 janvier 2006
Article supprimé
(...)


Lundi, le 2 janvier 2006
Et d’une !
Ça y est, j’ai déjà commencé à réaliser les bonnes résolutions énoncées un peu plus tôt.
J’ai profité des dernières heures de vacances pour mettre à jour mon site, il n’y a donc plus de « frame »... Ainsi, même si cela est transparent, il est à présent possible de lier les différentes sections de mon site.
Et puis, comme promis, voici une présentation de mes sculptures.
Voilà une année qui démarre bien !


Dimanche, le 1er janvier 2006
Euh... Bonne année !
Deux mille cinq est morte.
C’était une année que j’aimais bien, une année où j’ai fait pas mal de choses intéressantes, de bonnes rencontres, des expositions de mes créations en terre cuite, une année où j’ai vécu de très bons moments...
Quelques regrets, bien sûr, comme ne pas avoir assez avancé au niveau de l’écriture, mon roman ayant dû à nouveau hiberner avec la fièvre de boulot connue à la fin de l’année. À ajouter aux éléments négatifs, je n’ai toujours pas ajouté les archives de mes anciens weblogs à ce site et je n’ai pas encore mis en place d’exposition virtuelle de mes sculptures digne de ce nom. Mais ça va venir. Rapidement. En tout cas, je l’espère.
C’est le moment de prendre des bonnes résolutions. Me remettre sérieusement à terminer la réécriture de mon roman, trouver un éditeur, me lancer dans de nouveaux textes.
Je vous souhaite une bonne année, avec santé (on ne se rend compte de son importance que quand on ne l’a plus), amour et réalisation des projets qui vous tiennent à cœur...


Vendredi, le 30 décembre 2005
Article supprimé
(...)


Vendredi, le 16 décembre 2005
Autant que de lunes autour de Saturne
Ou que de vertèbres dans le squelette humain...
En bref, je viens d’avoir aujourd’hui l’âge qu’avaient, lorsqu’ils sont morts, Alexandre III de Macédoine (qui avait alors conquis le monde connu) ou Jésus de Nazareth (qui lui, pour le coup, n’est semble-t-il pas resté mort très longtemps).
Et tout va bien, d’autant que je suis pour la première fois, et cela depuis deux jours, oncle et parrain d’une adorable petite demoiselle...


Mardi, le 13 décembre 2005
La clé laxienne est celle du Paradis
Triste nouvelle.
Robert Sheckley, l’auteur états-unien de SF qui savait mettre une bonne dose d’humour dans ses œuvres, vient de nous quitter.
Sheckley, c’est l’auteur de pas mal de romans, de recueils, de nouvelles... C’est lui qui a écrit la nouvelle le Prix du Danger qui a été adaptée en film en 1983 avec Gérard Lanvin, Marie-France Pisier et Michel Piccoli.
Sheckley, c’est un grand monsieur que j’ai rencontré il y a de cela un peu plus d’un an, à la convention SF de l’Îsle-sur-la-Sorgue de 2004.
J’avais eu l’occasion de lui parler de l’écriture en collaboration, un thème qui m’est cher, car il avait publié la trilogie du démon Azzie avec Roger Zelazny, peu avant le décès de ce dernier. Sheckley m’avait confié ne s’être pas réellement prêté au jeu de la coécriture étant donné que, dans cette aventure, l’un s’était simplement occupé de développer un synopsis que l’autre avait pris comme base pour rédiger le texte de A à Z.
Un peu désolé d’apprendre ce demi-échec sur le procédé d’écriture en collaboration, je lui ai alors fait part de mon idée qu’écrire à deux, quand cela fonctionne, produit quelque chose qui n’est le reflet ni de l’un ni de l’autre des auteurs, mais une nouvelle entité unique qui va vivre sa propre histoire, un peu comme un enfant.
À cet instant, nous nous sommes regardé en souriant, imaginant tous deux que les textes écrits en collaboration auraient pu être l’œuvre d’un auteur virtuel, un individu ayant les traits de chacun des co-auteurs, un être impossible malgré les prospectives technologiques du clonage et des manipulations génétiques.
« Yes, it’s a child, m’avait alors confirmé Bob avec malice. It’s a magic child... »


Dimanche, le 11 décembre 2005
Article supprimé
(..)


Mardi, le 6 décembre 2005
Saint Nicolas
Dans mon enfance, dans ma région natale, le 6 décembre était le jour des enfants, la fête patronale des écoliers.
Je me rappelle que lorsque je me levais et allais prendre mon petit déjeuner, je trouvais à ma place des pains d’épice avec l’image de Saint Nicolas, des brioches en forme de bonhomme appelées « manala », des mandarines et du chocolat.
C’était un moment magique qui donnait aux bambins en cartable que nous étions du courage pour affronter le mauvais temps de l’automne mourant et qui nous permettait de patienter encore quelques jours avant Noël, moment de vacances et de cadeaux.
C’était il y a longtemps. C’était quand on était petit.
Aujourd’hui, Nicolas ne fait hélas plus penser qu’au prénom d’un ancien dictateur roumain ou d’un ambitieux carcherisateur de ministre...


Mercredi, le 30 novembre 2005
Comme Phil et Arthur
Ouais, comme tout bon écrivain de science-fiction, je suis né un 16 décembre. Et pas les moindres des auteurs : ceux, entre autres, de 2001, l’Odyssée de l’Espace et de la nouvelle Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques (la base du film Blade Runner).
Meuh non, ce n’est même pas pour qu’on pense à me souhaiter mon anniversaire dans deux semaines !
Et puis, tant que j’y suis, bonne fête papa !


Dimanche, le 30 octobre 2005
Heurs et malheurs de l’heure
La semaine dernière, j’ai cru être tombé dans une faille temporelle.
Dans la nuit de samedi à dimanche, ma montre s’est arrêtée. Bon, simplement une histoire de pile, il suffit de l’apporter à un horloger. Ouais, mais pas avant mardi. Flûte et zut.
Je me suis alors servi d’une montre de rechange, une vieille montre de plongée avec profondimètre qui eut son heure de gloire il y a des années mais qui avait depuis subi quelques dommages : plus moyen de la mettre autour du poignet (le dispositif d’accroche du bracelet était complètement bousillé), et l’aiguille des minutes ne tournait plus. Enfin, soit, une petite montre avec la fonction minimale, à savoir afficher l’heure sur un cadran numérique à défaut de pouvoir lire l’heure au moyen des aiguilles. En plus, cette montre me sert de réveil (et éventuellement de chronomètre).
Allez savoir pourquoi, mais ce restant de montre avait justement choisi le moment où j’en avais besoin pour se mettre à déconner : l’un des interrupteurs, servant en particulier à annuler le réveil, refusait de fonctionner. Et avec les vacances qui arrivaient, je n’avais guère envie de me faire réveiller dès l’aube... Gasp !
Mardi, j’imaginais vivre ma dernière journée de travail avant une semaine de vacances. Et puis, petit à petit, le doute s’est installé en voyant des collègues préparer des choses pour le lendemain. Contrairement à ce que je croyais, les vacances de Toussaint ne débutaient pas le soir-même mais le lendemain. Mon erreur s’expliquait par le fait que je m’étais basé sur le calendrier de l’établissement pour lequel j’exerce un certain nombre de responsabilités et qui avait un jour de décalage pour ses vacances avec mon centre. Gasp, je devais travailler le lendemain !
J’ai quand même pu passer chez un horloger-bijoutier pour changer la pile de ma montre... En revenant la chercher, ni le chronomètre ni le réveil ne fonctionnaient. L’horloger-garagiste m’a alors baratiné, m’annonçant que s’il devait ouvrir ma montre pour la réparer, cela me reviendrait cher, très cher... (« la main d’œuvre, vous comprenez ») Comment lui prouver que c’était sa faute si les mécanismes annexes ne fonctionnaient plus ? Je suis rentré chez moi étouffer la froide colère que m’avait valu la discussion avec cet escroc.
Je suis quand même revenu le voir le lendemain, juste avant de partir travailler, et j’ai demandé à cet horloger-arnaqueur de vérifier le mécanisme, mais le prévenant que ce n’était pas la peine d’y toucher si la réparation allait me coûter trop cher (le prix annoncé était d’abord l’équivalent des deux tiers du prix d’achat de la montre, et même s’il s’agissait d’un cadeau auquel je tenais, cela aurait été absurde de vouloir la conserver à tout prix).
Finalement, la réparation ne m’a pas coûté grand chose, et j’ai pu récupérer ma montre hier (escroc, mais pas trop).
Et aujourd’hui, comme tout le monde, j’ai pu changer l’heure, espérant par ce retour à l’heure d’hiver un retour normal à la réalité temporelle.


Dimanche, le 16 octobre 2005
Quelques mots en passant...
Ben tiens, ça fait maintenant plus d’une semaine que je n’ai pas mis de nouveau post sur mon weblog. Pourtant, des trucs, il m’en est quand même arrivé un paquet depuis.
Déjà, j’étais malade. Ça a commencé en début de semaine passée par une sensation bizarre au niveau de la gorge, puis au crâne. Puis le rhume, la grosse fatigue et la voix qui s’en va. Ouais, j’étais presque aphone, alors je réservais ma voix pour le boulot, ce qui fait que mes interlocuteurs au téléphone avaient l’impression de discuter avec le mime Marceau. Pas terrible. Aujourd’hui, ça va un peu mieux, même si je dois toujours encore pas mal tousser.
J’aurais aussi pu parler de la sortie du Tome 2 de la revue Fiction auquel j’ai modestement collaboré par le recueil des témoignages des sieurs Fabrice Colin, Ugo Bellagamba et Thomas Day, tous trois ayant expérimenté la coécriture dans leurs parcours d’auteurs.
Je pourrais aussi raconter que cela va faire bientôt trois ans que je tiens un weblog, débuté sur Blogger, poursuivi sur un site perso installé sur Free et maintenant en place ici. Le problème, c’est que les nouveaux posts s’ajoutent aux anciens sans aucun souci d’archivage et le texte brut finit à présent par atteindre le poids de 100 ko (c’est pas bien), sans compter que les anciennes archives n’ont pas été rapatriées. Et il y a aussi toute la section sculpture à reprendre, avec de meilleures photos, l’ajout de mes nouvelles créations, etc.
Bon, ben, il y a du travail ! Mais ce ne sera pas pour tout de suite car, maintenant que je retrouve peu à peu la forme et que mon temps n’est pas pris par mon job officiel, je vais poursuivre la réécriture de mon roman...


Lundi, le 3 octobre 2005
Le collectionneur
Une collection, c’est un rassemblement d’objets qui peut comprendre un ou plusieurs exemplaires d’un même objet (merci Wikipédia). Mais lorsque le fait d’amasser tourne à l’obsession, là, il y a un problème.
Ce matin, avec l’arrivée du temps frisquet, je me suis fait des tartines au miel... (mmmmmh ! c’est bon, ça !) et sur mes deux tartines, j’ai remarqué que je n’avais pas déposé moins de quatre variétés de miel différentes, et encore, j’avais fini la veille un pot avec miel et gelée royale.
Et quand je ne prends pas miel, je mange de la confiture. Dans mon réfrigérateur, on peut trouver jusqu’à sept sortes de confitures et marmelades. Ainsi que huit bouteilles de jus de fruits différents. Je possède aussi seize variétés distinctes de thés ou infusions... ainsi qu’un nombre assez hallucinant de peintures et pinceaux, et pas mal de bouquins et CD.
C’est grave, docteur ?


Jeudi, le 22 septembre 2005
La loi des séries
Dans un article daté du 06/09/2005, j’évoquais le fait de ne pas avoir vraiment de chance en matière de déplacement. Les endroits où j’ai prévu de me rendre et où je ne peux finalement aller se retrouvent soudain maudits (à savoir Londres, Charm el-Cheikh, la Nouvelle-Orléans).
L’autre jour, à Lyon, entre mes activités de recherche nuptiale aquariophile (voir mon post précédent), je suis allé voir mon ancien directeur de thèse qui devait, lui, se rendre à cette fameuse conférence prévue à l’origine en Louisiane. Il m’a appris qu’à quelques jours de l’événement, les organisateurs avaient décidé de déplacer cette grande rencontre à Houston, dans l’État du Texas voisin.
Donc tout va bien, madame la marquise.
Ben non.
V’là-t-y pas qu’après Katrina, Rita vient d’atteindre la force d’un cyclone et s’approche dangereusement... du Texas.
Ben ouais.
Scoumoune, quand tu nous tiens !


Dimanche, le 18 septembre 2005
Mes journées du patrimoine
D’ordinaire, un tel week-end, je vais voir des musées, j’assiste à des visites guidées, je me rends dans des édifices qui n’ouvrent leurs portes qu’à cette occasion...
Samedi. J’essaie de donner une touche finale à ma sculpture « le Succube masqué et la Bête » et c’est la cata : les bras de terre de la créature, encore trop fragiles, cassent, et il me faut réparer les dégâts avant de passer la pièce au four. L’heure tourne. Je loupe mon cours de sport. Je me rends alors dans divers magasins. Pas très agréable de rejoindre la meute des consommateurs. Mais j’en reviens quand même avec un bac, ce qui me permet de replanter mon bananier, devenu trop à l’étroit dans son pot. Ça ferait plaisir au copain Francis Valéry qui, la dernière fois qu’il était venu chez moi, s’était coiffé d’une casquette de consultant fen shui pour dire que mon appartement était admirablement organisé mais manquait de plantes vertes.
Dimanche. Suis parti tôt le matin avec trois autres sympathiques Stéphanois et nous nous sommes retrouvés dans un charmant coin de la Drôme où nous avons aidé une amie et son copain à déménager. Retrouvailles agréables, et journée bien sportive, les quatre étages sans ascenseur et les multiples cartons, meubles et matériels électroménagers (dont deux machines à laver) ont allègrement compensé le cours loupé la veille.
De bons moments entre copains à l’autre bout de la région, de la sculpture, du jardinage... c’est une autre vision des journées du patrimoine.


Mardi, le 6 septembre 2005
Scoumoune
Pour mes déplacements dans le monde, il n’y a pas à dire, je suis maudit...
Au mois de juillet, un de mes meilleurs amis, de retour d’Afrique, me proposait de le retrouver auprès de sa famille, à Londres. Finalement, suite à des problèmes d’hébergement, je n’ai pu me rendre dans la capitale britannique... et, du coup, j’ai évité de peu ceci.
Ensuite, j’aurais dû partir dans le sud de la France avec des copains, mais cela n’a pu se faire.
Tant pis, j’ai décidé de partir tout seul en Égypte faire de la plongée en mer Rouge. Et il y a eu cela.
Alors je ne suis pas allé à Charm el-Cheikh mais au sud d’Hurghada où j’ai pu passer un excellent séjour.
Maintenant, les vacances sont terminées.
Pour mon boulot, j’aurais normalement dû me rendre prochainement à une conférence à la Nouvelle-Orléans. Mais je n’ai pas eu le temps de terminer l’article de recherche que je destinais à cette conférence, et le projet est tombé à l’eau. De toutes façons, de l’eau, il y en a justement, et bien plus qu’il n’en faut, dans cette ville de Louisiane, après le passage de Katrina.
Maudit, oui, je suis maudit...
Il faut croire que quand la folie des hommes ne touche pas les lieux où je compte me rendre, les catastrophes naturelles s’y mettent. Bon, pour mon prochain déplacement, je vais aller – si possible pas en avion – dans un endroit réputé sûr. Ah, ben zut, non : cette année, je vais devoir partir donner des cours à Tripoli, dans le Liban nord...


Vendredi, le 2 septembre 2005
Il suffira d’un signe
La semaine dernière, à cette date, je réalisais les deux dernières plongées sous-marines en mer Rouge de mon séjour.
Exceptés les mammifères marins (j’ai loupé de peu des dauphins et un dugong), j’ai eu l’occasion de rencontrer sous l’eau, de jour comme de nuit, tout ce que je voulais voir : des poissons-clown protégeant leurs anémones, des jolies méduses qui ne piquent pas, des tortues qui prenaient en stop des rémoras sur leurs carapaces, des rascasses parées comme des samouraïs en armure, des tétrodons masqués, des murènes dans leurs trous, des poissons appelés papillons, perroquets, balistes ou napoléons, de curieux poissons-flûte (des fistulaires ?), des calmars, des raies, des mérous, des rougets, un thon, un requin-guitare...
Ce que j’ai appris, c’est que pour chaque espèce rencontrée (ou presque), il existe un signe, car il n’y a pas de moyen de communiquer autrement ses découvertes sous-marines aux autres plongeurs. Ainsi, une main ouverte posée comme une aileron sur la tête est le signe du requin ; les deux mains posées à plat l’une sur l’autre, les deux pouces bougeant de part et d’autre, forment le signe de la tortue ; le poing tournant autour du nez (comme pour désigner un mec bourré) est le signe du poisson-clown ; l’index tapotant le dos de l’autre main est le signe de la raie pastenague à taches bleues ; les mains faisant mine de se servir d’un ouvre-boîte est le signe du thon ; etc.
Un jour, notre moniteur de plongée nous avait indiqué un poisson caché dans le sable dont les yeux globuleux et la bouche, en un masque lugubre, sortait d’un camouflage parfait. Notre chef de palanquée nous a alors indiqué qu’il s’agissait d’un poisson-pierre, appelé aussi poisson–24 heures (devinez pourquoi...), en faisant son très explicite signe : le pouce passé sous la gorge à la manière d’une lame de couteau...


Mardi, le 30 août 2005
Réflexe conditionné
Depuis mon retour en France, je suis victime d’une curieuse illusion sensorielle. J’ai l’impression qu’un air frais souffle sur mes bras, ce qui me donne aussitôt envie, par cette habitude acquise dans mon hôtel en Égypte, d’aller arrêter la clim.
Mais point d’air conditionné ici : les 22 ou 23°C correspondent à la température normale du lieu et de la saison...


Lundi, le 29 août 2005
Carte postale
Arrivé en Égypte, à quelques centaines de kilomètres au sud de Hurghada.
Paysages extraordinaires, sur terre (hôtel, tel une oasis, coincé entre la mer Rouge et un désert de roches et de sable) comme sous mer (récifs coralliens avec une faune marine superbe). Excellente ambiance avec les autres plongeurs.
Trop bien, les vacances...
Hier, retour en France. Et aujourd’hui, c’est à nouveau le boulot...


Mardi, le 16 août 2005
Vacances, j’(n’)oublie (rien du) tout...
Ça y est, le moment de mon départ en vacances approche. Un séjour reculé d’une quinzaine de jours pour cause de problème de passeport. Du coup, je ne serai pas bien que pré-inscrit.
Tant pis. Mais partir une semaine dans le sud de l’Épte pour faire de la plongée dans la mer Rouge, dans un site magnifique complètement perdu, passer son temps à faire des découvertes et des rencontres (si possible, pas celle d’un requin affamé), bah... c’est un peu le Paradis sur Terre (et sous la mer).
La dernière fois que j’ai pris des vacances, j’allais entrer en thèse... C’était en 1999. Argh ! Déjà ?! Ouais, durant ces six dernières années, je n’ai plus pris de réelles vacances. Certes, en plus de séjours auprès de ma famille, ou hébergé chez des amis (en Ardèche, dans la Drôme, en Provence...), je suis quand même pas mal sorti de chez moi. Par intérêt pour la science-fiction, j’étais présent à quelques unes des dernières conventions SF ou, tout dernièrement, au colloque SF de Nice. Et puis, surtout, j’ai la chance d’exercer le métier d’enseignant-chercheur qui m’amène à voyager dans des endroits souvent sympathiques (la Finlande, l’Italie, la Guadeloupe et quelques jolies villes de l’Hexagone restent d’excellents souvenirs) pour y présenter le résultat de mes travaux de recherche. Mais bon, ce ne sont pas des vacances même s’il est toujours prévu quelques plages horaires pour pouvoir jouer au touriste.
Retour prévu dimanche 28. Et lundi 29, pas le temps de souffler, le boulot redémarre sec avec des réunions de travail prévues en tout début de matinée...


Mercredi, le 10 août 2005
Avec modération
En dehors du retour en train qui était à la limite du too much (le « grande ligne » qui s’arrête tout spécialement pour moi dans la petite gare où je l’attendais parce que l’omnibus qui devait me permettre la correspondance avait été supprimé ; et le livre que j’ai terminé juste au moment où le contrôleur annonçait notre arrivée en gare de Saint-Étienne Châteaucreux), mon séjour pourrait se résumer aux seuls mots : « un peu ».
Oui, pas d’excès lors de cette quasi-semaine auprès de mes parents, le temps s’est écoulé tout en douceur. J’ai un peu vu ma famille (outre mes parents, mes frères et belle-sœur ; ainsi qu’une tante, un oncle, un cousin et son fils), j’ai fait un peu de sport (une petite plongée de réadaptation en gravière, une petite balade en VTT), j’ai discuté avec un copain de mon ancien village (devenu aujourd’hui un libraire à la conversation raffinée), j’ai passé une journée dans les musées de ma ville natale, assisté à des spectacles de rue (j’ai notamment revu les étonnants Tambours de feu que j’avais pu découvrir à Lyon), et je n’ai pas trop abusé de bonne chère (malgré la cuisine de maman et quelques restaurants).
En résumé, c’est tout simplement la somme de ces petits moments sympathiques qui a rendu mon séjour des plus agréables...


Mardi, le 2 août 2005
Les voyages déforment (la jeunesse)
Demain, à cette heure, je serai dans le train qui me transportera jusqu’à ma région natale pour un séjour de quelques jours...
Ma région natale, c’est ma terre nourricière, l’endroit où j’ai grandi (en mangeant de la soupe), une contrée célèbre pour ses spécialités culinaires que j’ai quittée, il y a 10 ans maintenant, pour Lyon (une autre ville gastronomique).
Le problème, dans ma région natale, c’est la bouffe. Attention, la Grande Bouffe, les repas de famille qui durent des heures, le temps qui disparaît de façon surprenante à mesure que les plats sont engloutis.
Je n’étais retourné dans la maison de mes parents l’an dernier qu’à deux occasions : à la fin du printemps, lors du mariage de mon frère, et au début de l’hiver, pour les fêtes de Noël. Un repas de mariage, celui de Noël, et déjà des images de plaisirs de bouche parviennent aux yeux, des senteurs délicates chatouillent les narines, la langue colle au palais à la recherche de bonne chère, et je ne peux m’empêcher de saliver...
Mais il ne faut pas, non, il ne faut pas. Je reviens toujours de ces séjours avec quelques kilos en trop. Et là, juste avant de partir en vacances en bord de la mer Rouge, ça ne le ferait vraiment pas. Donc non, cette fois-ci, j’ai décidé de la jouer zen et de ne pas succomber aux tentations culinaires. C’est pourtant facile : à la question-piège « Fabrice, tu reprendras bien un peu de ratatouille, hein ?  », il faut savoir rester stoïque, répondre un gentil mais ferme : « Non merci, Maman, c’est délicieux, mais non, définitivement ! » Et là, je ne sais pas pourquoi, mais déjà je sens le « non » se transformer en « non, ou alors juste un peu... » ou en « je ne sais pas si c’est raisonnable mais, bon, d’accord... ».
Allez, je ne suis pas quelqu’un de velléitaire. J’ai fait l’armée, j’ai fait plein de trucs difficiles dans ma vie, donc ce n’est pas quelques tomates farcies ou quelques grillades qui auront raison de moi.
Pourtant, ça va être dur : ma mère est une extraordinaire cuisinière...


Mardi, le 19 juillet 2005
Devoirs de vacances
Bon, même si je suis en vacances (enfin, je télétravaille un peu – le minimum syndical), est-ce une raison pour délaisser ce weblog ?
Non, hein ?
Mais, quand on fait de la sculpture presque toute la journée, difficile de se mettre à l’ordinateur, parce que l’argile, ben, ça salit le clavier...
Alors, avant de partir je-ne-sais-pas-quand pour je-ne-sais-pas-où, je termine de modeler une grosse pièce en terre, j’ai imprimé les corrections de mon roman faites par un copain alors qu’il habitait la Californie (mince, cinq ans déjà que ces corrections ont été faites, il m’a fallu tout ce temps pour les digérer !) avec la ferme intention de retoucher intégralement mon manuscrit, et j’ai aussi quelques bons bouquins en stock pour me rafraîchir l’esprit (les dernières parutions des moutons électriques, L’auteur ! L’auteur ! de David Lodge, et un Amin Maalouf pour la touche d’exotisme)...
J’espère qu’en septembre j’aurais bien avancé les corrections de mon roman, que les pièces en argile sur lesquelles je travaille pourront passer au four et être peintes, et m’attaquer à une nouvelle dont le scénario trotte déjà depuis quelque temps dans ma tête...


Vendredi, le 8 juillet 2005
Distributeur de bonheur
Il y a quelques jours, j’étais dans un lycée pour présider un jury de bac. Longue discussion avec les différents enseignants pour savoir qui méritait d’avoir les quelques points manquants nécessaires pour passer du refus à l’admissibilité à la session de rattrapage, de l’admissibilité à l’admission, ou obtenir une mention...
C’est rassurant de voir que les élèves ne sont pas notés à la légère et que le facteur humain est encore essentiel dans ce genre de processus.
De la psychologie, il en fallait quand les lycéens venaient récupérer leurs relevés de notes, pas pour dire « félicitations » à ceux qui étaient admis, mais pour les autres, les recalés, déçus, ou ceux qui devaient passer le rattrapage et qui étaient un peu perdus... « Vous voyez, ce 4 en maths, c’est sans doute un accident, alors choisissez cette matière, comme il y a un gros coefficient, vous avez toutes les chances de vous rattraper à l’oral si vous révisez bien... » avais-je dit à cette jeune fille, les yeux noyés de larmes.
Et hier se sont déroulées les épreuves de rattrapage. Un grand nombre d’élèves avaient réussi à se racheter. Il y avait toujours quelques déçus, bien entendu, mais aussi ces visages plein de joie à la réception du relevé de notes marqué des palmes... La fille émotive de la fois passée avait à nouveau des larmes aux yeux, mais de bonheur cette fois, et ne cessait de dire : « merci ! »... Quel plaisir d’avoir le rôle du père Noël !
Au même moment, à Londres, des monstres avaient fait exploser des bombes dans les transports en commun... et le hasard avait distribué aveuglément la mort parmi de malheureux voyageurs et passants.
Cruel contraste.


Vendredi, le 1er juillet 2005
Décès de Monsieur Noir et de Monsieur Rouge
Hier, je suis allé faire une visite d’entreprise.
Au moment de noter les évaluations du stagiaire, ma feuille se maculait petit à petit de curieux ronds noirs... et, après un léger examen pour trouver l’origine de ce phénomène, j’ai découvert que des taches se trouvaient aussi bien sur mes doigts que sur le bureau.
Oups, il y avait comme un problème.
Très sérieux, le P.-D. G. de la boîte a expliqué que, avec cette chaleur, il n’était pas rare de voir l’encre des stylos se fluidifier et passer à travers la bille, d’où ma mésaventure.
Mais, en fait, non. Mon stylo noir n’était pas le seul à avoir rendu l’âme (pour les discussions sur l’âme des stylos, je ne suis pas spécialiste, demandez plutôt à Benoît, le gros garçon qui fait des bulles) : mon stylo rouge, de la même marque, présentait les mêmes sinistres symptômes.
C’est alors que j’ai eu un flash. Le week-end dernier, dans la pile de linge que j’ai lavé, j’avais mis ma veste... Et j’ai dû oublier de sortir mes stylos de la poche dans laquelle j’ai l’habitude de les mettre. Monsieur Noir et Monsieur Rouge ont donc été noyés par ma négligence...


Samedi, le 25 juin 2005
Comment naissent les légendes

L’autre jour, dans le bus, plusieurs personnes étaient montés en groupe et, à peine installés, se sont interrogés sur le chemin : le Lycée Fauriel, le Cour Fauriel, et le Centre de Congrès Fauriel où ils se rendaient... Mais qui est donc ce fameux Fauriel ? se demandaient-ils en cherchant parmi les passagers stéphanois une réponse.

« Euh... le général Fauriel ? » me sentis-je obligé de dire sous le poids des regards interrogateurs.

« Ah, c’était un militaire, alors ! » s’exclama avec satisfaction l’un d’eux.

« Je crois... sous Bonaparte, il me semble... », poursuivis-je, nageant dans une grosse mare d’incertitude.

Et ils s’en furent à leur salon, congrès, ou que sais-je, leur soif de curiosité étanchée...

Dans le bus, pendant le reste du trajet, je me demandais quand même si je ne confondais pas. À peine arrivé à mon bureau, je me suis jeté sur mon navigateur pour faire une recherche... Et je suis tombé sur ça. Point de général Fauriel. Claude Fauriel était bien un homme qui avait effectué son service sous les ordres de Napoléon, mais il s’agissait surtout d’un historien et d’un philologue, l’auteur, entre autres, d’une volumineuse Histoire de la Gaule méridionale sous la domination des conquérants germains.

Oups, voilà tout un groupe de personnes qui quitteront Saint-Étienne en croyant que Fauriel était un général d’Empire... Bah... c’est ainsi que naissent les légendes.




Dimanche, le 19 juin 2005
Ça sent les vacances
Passer tout l’après-midi du samedi à faire de la sculpture, bien protégé du soleil brûlant à l’ombre de l’appartement, et se faire appeler par un copain avec qui on a prévu d’aller aux spectacles musicaux de la ville, prémices de la Fête de la Musique...
Se rendre compte qu’il est déjà 18 heures, et découvrir qu’il y a de l’argile un peu partout, en particulier sur le téléphone...
Réussir à nettoyer partiellement les dégâts, à dîner, à se doucher, à se changer, et à être l’heure au rendez-vous...
Ne pas trop se tromper de chemin pour parvenir à la Cour des Sons (c’est une contrepétrie ?) et louer le Ciel du retard du premier groupe afin de ne rater aucun morceau de ce duo électro-jazzy...
Être assez stupéfait de la performance du second groupe, un trio électro-trip hop-rock (un DJ, un guitariste et un « homme-machine ») accompagné, suivant les morceaux, de trois chanteurs et une chanteuse, passant d’une puissance musicale à la Prodigy aux accords superbes dignes de Portishead... Ouah !
Revenir dans le centre de Saint-Étienne et écouter les étranges carillons de la cathédrale Saint-Charles...
Décidément, la ville ne veut pas dormir !


Dimanche, le 12 juin 2005
M’est arrivé plein de trucs
Samedi, il y a une semaine (déjà !), je suis allé au Fest’Uval Jean Mon’Arts pour assister à divers spectacles et voir l’exposition où se trouvaient (et se trouvent encore pour quelques jours) certaines de mes sculptures. Avant d’aller chez le copain qui devait m’emmener au lieu du festival, j’ai mémorisé les chiffres de son digicode et je suis allé à un distributeur de billets automatique. Et là, la gaffe : je me suis fait la remarque que les chiffres du digicode du copain sont presque les mêmes que mon code de carte bleue. Du coup, au moment de taper ma suite de chiffres, les autres, ceux du digicode, sont venus parasiter ma séquence... au point que ma carte a fini par se faire avaler par la machine après trois essais infructueux. Et merdeeeeeeeeeeu.
C’était donc avec mes dix petits euros restants que je me suis retrouvé au château de Saint-Victor sur Loire. Pas mal de spectacles sympas, l’expo attirait aussi des gens, et en allant écouter de la musique chorale, je me suis rendu à l’église. Là, surprise : mon ex petite amie était présente. C’était bizarre de la revoir car elle n’avait plus donné signe de vie depuis près d’un an. Après le concert, nous avons discuté comme de bons amis et ça m’a fait très plaisir : notre douloureuse histoire fait maintenant partie du passé.
La semaine dernière, Francis Valéry était de passage à Saint-Étienne. Ça fait du bien de revoir l’ami Francis. Nous avons pas mal discuté, pas mal mangé (restaurants mardi soir, mercredi soir, jeudi midi et jeudi soir, aïe, aïe, aïe, ça fait mal à la carte bleue à peine retrouvée...), pas mal picolé aussi (mais où est passée ma bouteille de liqueur de litchi ?). Jamais couché avant minuit et au boulot avant huit heures du matin, les nuits de cette semaine étaient courtes... et ce week-end était vraiment le bienvenu pour se reposer un peu.


Samedi, le 4 juin 2005
J’aime bien...
Il est des personnages qui ne peuvent pas laisser indifférent. Pour moi, le réalisateur et scénariste Jean-Pierre Jeunet est de ceux-là.
Mercredi dernier, j’ai eu la chance de le voir au cinéma Le France de Saint-Étienne. De 18 heures au lendemain, rien que du bonheur... Cela a débuté par les premiers courts métrages de Jeunet : L’évasion (1978) et Le Manège (1980), des films d’animation où le travail de son complice Marc Caro fait des merveilles et annonce la superbe Cité des Enfants perdus (1995), Pas de repos pour Billy Brakko (1984) et Foutaises (1989), où on retrouve les prémices d’éléments qui seront exploités dans Delicatessen (1991) et Le fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001).
Ce type est fascinant. On sent bouillonner en lui une créativité extraordinaire. Pour passer d’Alien IV (1997) à Amélie Poulain, il faut vraiment être un magicien. Et le mélange des genres, il l’a transcendé dans son dernier film, Un long dimanche de fiançailles, qui mêle avec brio à la fois la romance, le film de guerre et l’enquête policière.
De Jean-Pierre Jeunet, j’adorais l’œuvre, maintenant je suis aussi admiratif de l’homme, un immense artiste, et un être fondamentalement humain.
Et si vous tenez à voir d’autres créatifs, aux réalisations plus modestes, certes, pensez à faire un tour à Saint-Victor sur Loire. C’est le dernier jour du Fest’Uval Jean Mon’Arts où vous pourrez assister à une multitude de spectacles, de la danse, de la poésie, de la chanson française, de la musique chorale, du trip hop, du rock... et même assister à une exposition où votre serviteur présente quelques une de ses sculptures.



Dimanche, le 29 mai 2005
Rouget de Lisle vainqueur de Beethoven
Ce dimanche, après être allé faire mon devoir électoral, j’ai vu le troisième épisode de Star Wars. Très chouette film, mon préféré de la nouvelle trilogie, assurant avec brio la transition entre les deux premiers épisodes et les anciens. Dans la salle, des papas un peu plus âgés que moi étaient accompagnés de leurs rejetons et leur expliquaient le pourquoi du comment de la saga qu’ils avaient vu quand ils avaient le même âge qu’eux, jolie transmission de savoir à la sauce culture pop.
Une horrible découverte, cependant. Jamais je n’ai vu autant d’adolescents... et ces derniers sont épouvantablement gros ! Non, mais c’est dingue : les ados de la nouvelle génération sont obèses ! Et ça va s’acheter des paquets de pop-corn maxi avec des grands verres de soda super sucré. Argh... Mes futurs étudiants ressembleront donc à ça dans quelques années ? Il y a de quoi avoir peur !
Et dans la série lamentable, les premières estimations donnent le « non » largement vainqueur. M.... ! Non, je n’ai pas lu le traité dans son intégralité, j’aurais été bien incapable de saisir la portée des divers articles, mais je m’en suis fait expliquer certains points par une juriste de confiance qui m’a conforté dans mon idée initiale de voter « oui ». Bon, puisque c’est joué, alors c’est « non », quel plan B va se préparer pour la France et pour l’Europe ? Vous y croyez, vous, à une renégociation menée entre, d’un côté, une union contre nature entre les divers partis des extrêmes et les branches dissidentes des partis de droite et de gauche, et, de l’autre, le reste de l’Union européenne ? D’autant que dans ces autres pays, qui seront nos interlocuteurs ? Tout prête à croire que la droite passera chez nos voisins. Chers compatriotes, voilà une bien curieuse manière de préparer une Europe sociale...
Enfin, ce qui m’ennuie tout autant que l’avenir dans notre vraie vie est que le roman sur lequel je travaillais – et que je laissais en stand-by depuis quelque temps – décrivait un futur proche avec une France clairement européenne et une Union européenne fédérant de manière forte les nations de notre bon vieux continent. Ben, du coup, il va falloir que je change plein de choses. Les élections auront au moins eu pour effet de me motiver pour me remettre à écrire.


Lundi, le 23 mai 2005
De l’eau et des éclairs
Samedi, avec un copain qui venait d’apprendre la veille sa réussite à un concours, nous nous sommes rendus au festival 6ème Continent à Lyon. Nous quittons le Rond-point de Saint-Étienne pour nous engager dans la voie rapide, et je fais la remarque : « Tiens, la voiture devant nous s’est fait flasher ! ». Le temps que le pilote vérifie sa vitesse sur le compteur et... merde... nous avons aussi droit à une photo souvenir.
Bon, ça commence bien. Le copain prend cependant l’amende à venir avec une certaine philosophie. Il est conducteur depuis seize ans et n’a jamais effectué une seule infraction au code de la route. Il faut bien une première fois... Penser à la réussite à son concours et aux nouvelles fonctions qu’il va occuper à la rentrée prochaine efface un peu cet ombrageux événement.
Sur le chemin, nous passons en revue diverses stations de radio pour tomber sur les informations. Non, il est encore trop tôt pour connaître le résultat du festival de Cannes.
Nous entrons dans Lyon, passons à côté de la Halle Tony Garnier, et nous trouvons une place devant l’entrée du Parc de Gerland. Musiques du monde. Tenues bab’, look « altermondialiste », ceux qui sont là ne tiennent pas à se prendre la tête. Petit tour auprès des stands sur le thème du développement durable, du commerce équitable ou du Tibet libre... Je me sens bien.
Nous achetons des tickets à échanger contre de la nourriture et de la boisson. Je prends du poulet au riz avec des trucs bizarres, genre beignet de banane, avec sauce épicée et légumes délicieux mais non identifiables.
Quelques gouttes tombent. Des éclairs lézardent le ciel. Nous nous mettons à l’abri à côté des pistes de vélo et roller acrobatiques.
Nous partons ensuite à la recherche de toilettes.
Je me rappelle un endroit où il y en avait, au niveau des petites maisons du parc. Mmmmm... Loupé : fermeture à 19 heures. Mais un policier zélé nous indique la présence de cabines automatiques un peu plus loin. Nous traversons un long terrain gazonné. J’entre dans le lieu d’aisance à l’air futuriste. Je pousse au hasard un bouton et lis ensuite que c’est là qu’il faut appuyer quand on veut sortir. Bon, qu’importe. La cuvette du trône en métal bouge. Je me dépêche. Puis de l’eau envahit le sol et noie mes baskets. Argh ! Je me lave vite fait les mains. La lumière s’éteint. Je me précipite vers la sortie de peur d’être enfermé. Bon, OK, la prochaine fois, je le saurai : appuyer sur le bouton pour sortir seulement. Le copain a préféré se soulager contre un arbre. Il avait sans doute raison.
La nuit tombe. Nous nous rapprochons de la scène. Il y a beaucoup de monde maintenant. Les organisateurs demandent au public des parapluies et mettent en place une protection de fortune pour le prochain groupe.
Les Bistanclaque montent sur scène. Ces Croix-Roussiens, un duo, rejoint un peu plus tard par une saxophoniste, nous livrent une musique aux paroles pleines de sel, de sucre et d’acide. Une bonne partie du public se retrouve dans les cercles concentriques d’une danse circasienne.
Avant qu’un nouveau groupe ne prenne place sur scène, nous partons chercher des boissons. Je demande un jus de goyave, je me fais servir de la mangue. Bah, pas grave, il n’y a que moi pour demander des jus de fruits impossibles.
Je vais m’acheter le CD des Bistanclaque (que j’écoute en boucle depuis, avec une préférence pour les chansons l’Ancienne, Consomme ! et la Scottish). Il pleut toujours, et les prochains musiciens ne viennent pas. Le copain me parle de Femi Kuti, que l’on attend et qui devrait venir d’une minute à l’autre, et de son père, Fela Kuti, le fameux chanteur militant à l’origine de l’afro beat.
Sous la pluie, le public s’impatiente. Les musiques enregistrées n’ont pas la chaleur de celles en live. Les organisateurs montent sur scène.
Explications.
Pluie. Matériel électrique. Risque d’électrocution. Concert annulé.
C’est la grosse déception. Face aux éléments, nous sommes bien impuissants. Nous nous décidons à rentrer, fort marris qu’avec cette pluie, la suite de la soirée soit tombée... à l’eau.


Jeudi, le 19 mai 2005
Journée pas type (mais j’aimerais bien !)
Hier, réveil à 4 heures du mat’.
Non, ce n’est pas pour faire la queue afin de voir la « revanche des suites » au ciné, je devais aller à Lyon où j’étais convié à un jury.
Auditions, discussion, vote... de 8h30 à 15h30. Au final, j’ai été heureux de faire basculer la majorité dans le sens qui me semblait le plus juste.
Petit coucou à mes anciens collègues.
Passage pour voir le copain André en train de bosser avec son pote Rafu.
Un bref bonjour à mon ex copine, une fille charmante qui est restée ma meilleure amie.
Un peu de temps pour acheter de la nourriture pour mes poissons exotiques et du matériel pour mon aquarium.
Puis la course pour arriver à la gare et attraper le train du retour.
Arrivé à Saint-Étienne, je croise la miss avec qui j’ai failli sortir, l’an dernier. Ah, les hasards...
Soirée à finaliser un article sur le steampunk avec le compère Jean-Jacques.
Je me suis couché, très tard, avec la satisfaction d’avoir eu une journée remplie, et bien remplie.


Dimanche, le 15 mai 2005
Article supprimé
(...)


Samedi, le 7 mai 2005
Renouveau
Voir par la fenêtre les rayons du soleil.
Se dire qu’il serait dommage de ne pas en profiter.
Oser sortir ses rollers qui étaient abandonnés depuis trop longtemps.
Être accueilli dans la rue par un concert de klaxons, des voitures de personnes se rendant à un mariage.
Utiliser son nouveau joujou, un baladeur MP3.
Se rendre compte que the Prodigy dans les oreilles, ça aide vraiment à gravir les montées.
Découvrir que le genou, bien que tirant un peu, ne fait pas mal, malgré la vilaine entorse résultant d’une chute de ski, en février dernier.
Croiser une mariée au Parc de l’Europe, et la trouver jolie.
Rentrer en sueur et se dire que, pour une fois, le sommeil viendra des suites d’une bonne fatigue physique, et non intellectuelle...


Jeudi, le 28 avril 2005
Cuivre, or, argent
Grosse fatigue.
Lundi, je suis allé voir le médecin. Je n’en pouvais plus. Cette maudite toux qui ne partait pas, et puis des maux de tête à n’en plus finir, chaque fois que je tousse j’ai l’impression d’un marteau qui s’enfonce dans mon crâne. Sans compter des troubles du goût, toute nourriture me semblait contenir du savon (depuis, j’ai changé de dentifrice, et ça va mieux). Et une impossibilité à me concentrer, plus moyen d’écrire malgré la motivation et le temps pour le faire.
Le médecin voulait me donner un arrêt de travail. Meuh non, pas la peine, je suis en vacances. Alors il m’a interdit d’utiliser un ordinateur. Argh, non, pitié, vous voulez ma mort !
Je me retrouve maintenant avec de la vitamine C, des trucs au goût d’orange (chimique) pour soigner la toux, et des oligo-éléments : cuivre, or, argent. Manquent bronze et fer et j’aurais eu les mêmes métaux que ceux présents dans les peintures que j’utilise pour mes sculptures. J’imagine cette curieuse remarque pour une exposition : « Ce qu’il fait de beau à l’extérieur, l’artiste l’emploie aussi pour son bien à l’intérieur... »


Vendredi, le 22 avril 2005
Devenir grand
Étrange sensation de métamorphose.
Cela fait une semaine que je suis chez moi. Une semaine de vacances aux allures de retraite monacale. Dans ma solitude, je retrouve ma voix (j’étais aphone), je retrouve ma voie, je reprends l’écriture de mon roman après avoir pu gérer toutes les urgences.
Ce matin, j’ai fait le grand ménage avec mon passé universitaire. Il y a quelque temps, mes parents m’avaient rapporté tous mes cours qui encombraient leur grenier. Plus de dix années d’études, cela fait beaucoup de notes, de supports de cours, de mémoires...
J’ai tout trié, ne gardant que ce qui pourrait m’être utile à nouveau un jour. Ce sont les matières techniques qui s’en sortent le moins bien, évidemment. Je conserve presque tous mes cours de sciences humaines mais les matières informatiques ont garni la benne à recycler le papier. C’est fou ce que j’ai pu écrire comme listings. Les codes des programmes que j’ai développés, mes premiers écrits adultes, ces lignes cabalistiques sont synonymes d’heures de peine, de manque de sommeil, d’yeux papillotant suivant la fluorescence verte ou orange d’un terminal VT100.
Poubelle.
Ne conserver que ce qui a encore de la valeur. Toutes ces applications logicielles n’ont servi à rien d’autre qu’à faire de moi quelqu’un capable de programmer. Elles ne sont pas un but, simplement des bornes sur le chemin de ma formation.
Allez, on efface tout ça... Cela libère de la place parmi les étagères. Pas de regret, même s’il n’y a pas de récupération possible dans les méandres numériques d’un fichier compressé.
Cette métamorphose de mon état mental s’accompagne d’une tentative de changement physique. Nouveau régime. Moins de viande rouge et de graisses, plus de poissons. Plus d’exercices. En ce moment, le matin, je me réveille vers 3 heures. Bien malgré moi. C’est tôt, trop tôt, mais je ne parviens pas à me rendormir... et ce décalage avec le reste du monde fait que je suis complètement crevé après 20 heures. Alors, le matin, comme le lit m’étouffe, je prends un bain. Je passe presque une heure à lire dans l’eau, c’est comme si ma peau avait besoin d’humidité autant que mon esprit de stimulation intellectuelle.
Ensuite, je passe ma journée à essayer de me raccrocher à la réalité...
Ça fait bizarre de grandir. Eh oui, Sophie : on savait, on savait...


Samedi, le 16 avril 2005
L’économie et la politique expliquées aux enfants
Mercredi dernier, j’ai assisté à une pièce de théâtre assez étonnante : « Une économie de rêve », adaptée de l’ouvrage de René Passet et jouée par une talentueuse troupe d’amateurs, la compagnie l’Œil en coulisse.
Des fables mettant en scène des utopies économiques, des moments drôles, féroces et tendres, des révélations sur les trous de la Lune... Ainsi présentée, l’économie devient une matière vraiment intéressante, même pour les étudiants les plus réfractaires ou les personnes qui n’y portaient a priori que peu d’intérêt. Un grand moment.
Cela m’a fait un peu penser à cette histoire que m’a fait suivre une amie...

Petit Pierre rentre de l’école et demande à son père :

Papa, je dois faire un devoir sur la politique et expliquer le fonctionnement de notre gouvernement, peux-tu m’expliquer ? »

Rien de plus facile, répond le père, il suffit de comparer le gouvernement et notre société à notre famille.

Tu vois, moi, je ramène de l’argent : je suis le capitaliste.

Ta mère gère notre famille et fait les dépenses : elle est le gouvernement.

La femme de ménage, qui travaille pour nous, est la classe ouvrière.

Toi, tu es le peuple.

Ton petit frère Hector est la génération future.

As-tu compris ? »

Oui, je pense », répondit petit Pierre.

Dans la nuit, petit Pierre est réveillé par Hector qui pleure. Il se lève et va voir son petit frère qui a besoin que l’on change sa couche qui dégage une forte odeur !

Il se rend dans la chambre de ses parents et tente de réveiller sa maman mais celle-ci dort profondément. Voulant réveiller son Papa, il constate qu’il n’est pas dans le lit avec sa maman. Il le cherche et le trouve faisant de la gymnastique tout nu dans le lit de la bonne. Entre-temps, Hector, fatigué, s’est rendormi.

Alors petit Pierre se recouche.

Le lendemain, au petit déjeuner, petit Pierre dit à son père :

Tu sais Papa j’ai tout compris de la politique ! »

Ah oui ? Et qu’as-tu compris ? », demande son Papa.

C’est simple, j’ai compris que le capitalisme baise la classe ouvrière pendant que le gouvernement roupille, restant sourd aux appels du peuple et laissant la future génération dans la merde ! »




Dimanche, le 10 avril 2005
Dans les fesses...
« Dans les fesses. Non, il n’y a rien de mieux. Des études scientifiques ont été faites, et elles indiquent toutes que c’est dans les fesses que c’est le meilleur. Les Américains préfèrent dans la bouche, mais non, c’est dans les fesses, ni dans la bouche, ni sous le bras. »

Ça fait plutôt curieux, sorti de son contexte. Mais telle est la réponse de mon médecin lorsque je suis sorti de chez moi, sous la neige, hier (c’est quoi ce poisson d’avril avec plus d’une semaine de retard, monsieur Météo ?) pour lui demander quelle était la meilleure manière de prendre sa température avec un thermomètre...
Voilà, je suis malade. Aphone. Nauséeux. Toussant sans arrêt. Et avec de la fièvre.


Vendredi, le 8 avril 2005
Au fou !
Je me demande si c’est rassurant.
Aujourd’hui, j’ai parlé de psychologie à mes collègues lors d’un séminaire de recherche.
C’était plutôt sympa, mais bon, mon boulot qui rapporte des sous, on s’en moque un peu ici...
Mais aussi, pris d’une inspiration soudaine, j’ai fait ce test trouvé au hasard des clics. Voici ce qui m’a été répondu :

De quel trouble mental êtes-vous atteint(e) ?

Vous avez entre 60 et 69 points : vous êtes SCHIZOPHRENE !

Vous menez des conversations imaginaire avec votre ex ? Vous sucrez votre café puis prétendez vouloir maigrir ? Pas de doute ! Vous êtes schizophrène.

Caractérisée par la cohabitation de deux personnalités distinctes au sein d’un même individu, la schizophrénie se manifeste par de brusques sautes d’humeurs, des troubles de la pensée, des idées délirantes, voire des hallucinations.

Ce petit top que vous aimiez tant tout à l’heure, vous correspond-il réellement ? Et finalement, qui a dit que vous n’aimiez pas l’osso buco ?

On vous dit volontiers touche-à-tout, doué(e) aussi bien pour la couture que pour la peinture sur soie : tout cela n’est-il pas un peu suspect ? À l’évidence, cette personnalité multifacette dont vous vous targuez cache quelque chose...

Pourquoi ne pas essayer d’être plus à l’écoute de vous-même et de vous relaxer ?

Car n’oubliez pas ! Une schizophrénie mal soignée peut conduire à l’isolement social ou à l’homicide ! Réagissez avant qu’il ne soit trop tard...

Schizophrènes célèbres : Staline, Isabelle Alonso.


Arf, je suis mort de rire. Bien entendu, il s’agit d’une parodie de test, avec des questions hyper orientées, et les résultats semblent produits de manière pseudo-aléatoire. Et pourtant... Une double personnalité, tant de talents derrière un seul homme... Et s’il y avait quelque chose de vrai derrière tout ça ? Et, en plus, après moi, ma collègue a fait le test et est tombée sur « hystérique »... Je l’ai rassurée, bien sûr, mais je n’en pensais pas moins. Du coup, je commence à me poser des questions.
Schizophrène ? C’est grave, docteur ?


Mercredi, le 6 avril 2005
Prenez, ceci est mon sang
Bizarre.
Aujourd’hui, je suis passé à un labo d’analyse médicale pour faire une prise de sang.
Bon, jusqu’ici, rien d’anormal.
Retour à la maison prendre un petit déj’, puis je suis parti à la fac.
Là-bas, il y avait une annonce pour aller donner son sang.
Je me suis renseigné, il n’y avait pas de contre-indication car la quantité prélevée pour une analyse est minime (comparée à un don ou à notre capacité à nous régénérer), et le Bon Dieu ayant bien fait les choses, nous sommes pourvus de deux bras (sinon, pas de chocolat, mais c’est une autre histoire).
Je me retrouve à présent avec des trous au niveau de la saignée (tiens, pour une fois, un terme qui porte bien son nom) de mes deux coudes.
Ouais, j’ai un peu l’air d’un junkie ce soir. Drôle de situation pour moi qui évite l’alcool, fuis la caféine, essaie d’échapper à tout médicament, ne fume pas et n’ai jamais touché à la dope. Mais arrêté par les flics, j’imagine qu’en voyant les stigmates sur mes bras, le malentendu aurait été... stupéfiant !


Jeudi, le 31 mars 2005
Hardware error
Pâques, c’est normalement le jour de la résurrection.
Eh bien, c’est aussi celui du jour de la mort de mon ordinateur. Enfin, de son disque dur, du moins. Parce qu’après un démarrage sans échec, voir son bureau orné d’une fenêtre avec un point d’exclamation et le message laconique : « Hardware error », ben, ça fait aussi peur qu’Alien contre Predator avec Freddy et Jason.
Pas glop.
Voilà l’explication de mon silence de ces derniers jours, alors que j’avais plein de petits trucs à raconter.
M’enfin...
Bon, ça va, je travaille maintenant avec une machine de rechange que m’a prêtée la fnacque le temps de la réparation de mon ordi perso à moi qu’il est beau mais qu’il sera tout vide, sniff, je peux dire adieu à mes données non sauvegardées.


Mercredi, le 2 février 2005
À la recherche d’un certain bien-être ou « petite annonce »
Tout à l’heure, je me suis rendu au magasin Bien-Être afin de récupérer la perceuse (dont je me moque) et surtout les couteaux de boucher de ma soi-disant chère et tendre (lire le post précédent pour comprendre).
Ben, le magasin en question, c’est un endroit où sont vendus des canapés moches, avec des gens parfois assis dessus, qui bien souvent viennent récupérer leurs cadeaux (j’ai vu d’autres types avec leurs perceuses, si, si !).
Bon, moi, j’arrive, je fais un tour, je fais semblant de m’intéresser aux canapés (toujours moches), par politesse, et une jeune et jolie demoiselle arrive pour me demander si elle peut m’aider. Je réponds par l’affirmative et lui présente l’invitation me permettant de récupérer mes lots. La demoiselle me dit que ce n’est pas possible, je dois venir avec mon épouse et je lui réponds que comme elle a la grippe et tout et tout, ben, je suis tout seul et puis elle repassera p’t’êt’ un jour plus tard quand elle sera guérie, et tout le monde sera content.
Qu’a cela ne tienne ! La miss, pas bête, griffonne sur mon invitation : « Prolongation de 2 semaines » (« Elle sera sans aucun doute guérie d’ici là, non ? »), signe et me rend le tout avec un charmant sourire.
Eh méééééééééééééérdeeeeeeeeeeeeu ! Me voilà bien embêté. Parce que la Madame censée partager ma vie, elle n’est pas prêt de venir, elle n’a jamais existé. D’où la petite annonce que je m’apprête à faire passer dans les journaux locaux :

JH BCBG cadre fonct. publ. cherch JF aimant littér. et voy. en vue mariage immédiat pr cause cout. bouch. Bien-être. Cand. pas sér. s’abstenir.


On ne sait jamais. Comme disait le grand philosophe Jean-Claude Drusse, en 1979 : « sur un malentendu, ça peut marcher ».


Vendredi, le 28 janvier 2005
Je me suis marié ! ou « trucidons-nous dans la joie ! »
Je me suis marié. Si si !
Eh, Maman, avant de faire une crise cardiaque, attends de lire la suite, tu vas comprendre...
L’autre soir, alors que je corrigeais des copies, j’ai eu un appel téléphonique d’une société de j’sais-pas-quoi-jeu-pub-qu’importe.
La dame, au téléphone, elle me dit que pour l’ouverture d’un nouveau magasin, je vais recevoir une invitation me permettant de retirer mon lot-tout-beau-à-moi-que-je-l’ai-gagné-que-j’ai-vraiment-trop-de-la-chance. C’est une perceuse. Youpi. (M’en fous, j’en ai déjà une, et je n’ai pas besoin de faire de nouveaux trous dans mes murs.)
Et la dame continue, elle me dit que pour madame, elle a de superbes couteaux de boucher. (Parce que la cuisine, bien entendu, c’est réservé à madame...) « Vous êtes bien marié, monsieur ? » Et moi, après un instant d’hésitation, de répondre par l’affirmative d’un air très convaincu. La dame me demande alors le prénom de mon épouse. Je lui donne en pâture le premier prénom féminin quelconque qui me passe par la tête.
« Très bien, monsieur... Donnez moi un nombre... Indiquez-moi l’année de naissance de madame... et voici donc votre numéro de chance... » De quoi elle se mêle ? Je sors des trucs bidons en réponses à ces questions et, en raccrochant, je me retrouve avec mon précieux numéro que j’oublie aussitôt avec toute cette curieuse histoire.
C’était il y a quelques jours.
Sauf que là, tout à l’heure, en rentrant chez moi, j’ai trouvé une lettre avec cette fameuse invitation. Une lettre adressée à Monsieur ou Madame Moi-Même, avec le prénom de mon épouse virtuelle. Et un plan du magasin. Et les lots que nous sommes censés récupérer. Et le fameux numéro chance. Et cette consigne : « Notre partenaire de la semaine vous ouvre les portes de son magasin. Venez en couple y découvrir sa collection. »
Ouais, ben, on dira alors que la femme de ma vie est souffrante, au lit avec de la fièvre.
Mais le plus drôle, c’est que ce magasin s’appelle « Bien-Être ». Mettez la musique du film Psychose en fond sonore (vous vous rappelez, ces fameux petits bruits stridents qui accompagnaient la scène du meurtre de la blonde qui prend sa douche ?) Vous imaginez le couple de dingues, le monsieur, perçeuse à la main, transformant tout ce qui passe à sa portée en gruyère, et la madame, avec son ensemble de couteaux de boucher, se la jouant comme Uma Thurman dans le bar japonais de Kill Bill ?
Bien-être... vraiment, il y a des trucs qui ne s’inventent pas !


Mercredi, le 26 janvier 2005
Ouais, je sais...
Au lieu de m’occuper de mon nouveau site à moi, je fais du ski le week-end, je termine une nouvelle sculpture et je corrige des copies...
Et surtout, je suis à présent l’heureux papa de 8 charmants bambins : trois betta splendens (complètement stones, les jolies bêtes, le combattant mâle ne bouge que pour faire des bulles ou se déplacer vers la bouffe, et les femelles se cachent presque tout le temps) et cinq brachydanio rerio (complètement speedés, eux, ils traversent l’aquarium en une fraction de seconde, de vraies « formules un » de la natation).
Ah oui, j’y pense : faut que je reprenne mes entraînements à la piscine...
Bon, en attendant que je revienne, vous pouvez toujours voir ça (elle est pas belle, la vie ?)


Jeudi, le 13 janvier 2005
Est-ce bien raisonnable ?
Je viens d’effectuer un gros virement bancaire entre un compte où l’argent faisait des petits et un autre où les sous seront prêts à être dépensés.
En raison des soldes. Et de multiples achats en vue.
Dans le désordre, les dépenses prévues sont une imprimante couleurs (j’ai déjà des bons d’achats offerts par mes petits frères à Noël, mais cela ne suffira pas), un abonnement à un club de sport (parce que je me suis dit qu’il fallait vraiment que je pense à ma petite personne, surtout si je n’arrête pas de cuisiner et de goûter à ma cuisine), des fringues de sport (parce que mes seuls vêtements de sport sont, pour l’heure, un maillot de bain, un bonnet de pain et des lunettes de piscine), et plein de bricoles d’arts plastiques (terre à modeler, peintures).
Ah, vive la société de consommation...


Dimanche, le 9 janvier 2005
C’est mal
J’ai lu dernièrement que, selon une grande prêtresse du savoir-vivre, il ne faudrait absolument jamais saucer à table. Oui, tremper la mie de son pain pour nettoyer l’assiette, ça ne se fait pas, c’est comme tartiner son foie gras comme un vulgaire pâté, c’est mal, c’est sale, bêêeeuh. Ben, je ne peux pas m’en empêcher. Je ne sais pas qui a établi cette stupide règle du « bien se tenir à table », mais elle a visiblement été écrite en dépit du bon sens, et surtout en toute méconnaissance de la gastronomie, de l’art culinaire et, au sein de cet art, de l’originalité, de la finesse et du doigté nécessaire à la réalisation de sauces se mariant au mieux aux divers mets pour qu’ils puissent exprimer leurs plus subtiles saveurs. J’ai même tendance à croire qu’il s’agit d’une règle imposée par une dame acariâtre et ayant tendance à prendre de l’embonpoint, et ceci simplement pour frustrer les jeunes âmes épicuriennes qui auraient pu profiter d’une sauce un peu riche dont elle, la méchante, devait se priver, non par goût mais par nécessité médicale ou diététique...
Sans transition. Vendredi, juste avant de partir du bureau, j’ai lancé à mes collègues : « C’est comme les préservatifs ! ». Devant l’étonnement justifié de ces derniers, je me suis expliqué. J’étais en train de réaliser une sauvegarde des données les plus précieuses sur ma clé USB personnelle. Il s’agit là du genre de choses que je n’oublie jamais de réaliser car je suis un garçon prudent. D’où la petite phrase. Mais ça ne se dit pas. C’est mal...
Ah, mais dans quel monde vit-on ?


Dimanche, le 2 janvier 2005
Let’s talk about sex!
En ce moment, je lis Sexomorphoses d’Ayerdhal (que le monsieur m’avait dédicacé lors de sa venue à Sainté, en octobre dernier, à la Fête du Livre). Un peu compliqué, surtout quand on n’a pas lu le premier tome (l’Histrion) : space opéra avec stratégies impériales galactiques, pouvoirs psy... et un héros/héroïne qui, à travers des mutations, passe d’un genre à l’autre. Et c’est pas mal...
Je viens de terminer d’écrire une nouvelle et ce serait vraiment génial de la voir publier, pour bien débuter l’année. Je suis content des thèmes qui y sont abordés, de l’histoire, des personnages... Et surtout, j’ai tout particulièrement soigné une scène d’amour qui y est décrite (car nous étions vraiment très, voire trop, soft dans « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », la nouvelle écrite avec Jean-Jacques Girardot).
Entendue hier soir, mais que l’on trouve encore sur le site de Mauvais Genres (l’émission de France Culture qu’elle est bien), une heure consacrée au sexe bizarre. À écouter sans attendre... parce que, à partir de samedi prochain, le 8 janvier, ce sera trop tard !
Au hasard des clics, je suis tombé sur un quizz sympa : Sex Quiz for Dummies. Bon, c’est en anglais, mais c’est rigolo et instructif. En plus, le réalisateur du quizz, un prof (qui doit être un sacré original, apparemment), donne des explications à chacune des réponses, avec références à la clé.
Et puis, que faisiez-vous au moment de passage de la nouvelle année ? Pour ma part, avec mes amies, nous étions surpris en pleine partie de Love Trivia...

Voilà une année qui s’annonce donc sous d’agréables auspices érotiques.

[Certes, je ne suis pas insensible aux horreurs qui touchent le monde en ce moment. Mais même sans être licencié en psychologie, vous n’êtes pas sans savoir que Thanatos s’accompagne de l’autre pulsion : Éros...]


Samedi, le 1er janvier 2005
Du rêve, ayons !
Retour à Saint-Étienne pour découvrir qu’elle m’avait encore fui. Elle était bien là à mon arrivée en Alsace, mais trop peu de temps pour que je puisse la toucher ou jouer avec elle. Elle brillait par son absence à Noël. Des amis disaient l’avoir vue à Lyon, d’autres à Saint-Étienne, cette dame toujours aussi belle... mais lorsque je suis revenu chez moi, elle avait à nouveau disparu, ou se cachait parfois sur les toits, cette neige sauvageonne.
Je suis donc revenu dans ma bonne ville de Saint-Étienne le 29 décembre afin de fêter la Saint-Sylvestre avec des amis rhône-alpins. Mais bien vite, les coups de fils passés aux uns et aux autres modifiaient mes plans : quelques uns étaient encore auprès de leur famille chez qui ils allaient réveillonner, d’autres étaient malades et n’avaient que peu d’envie de passer leur g....o à tout le monde, et il y avait aussi les amis de Lyon qui n’étaient pas très chauds pour venir jusqu’à Saint-Étienne...
Donc changement de programme de dernière minute : je suis allé fêter le passage de la nouvelle année en comité restreint auprès de mon ex petite amie et de sa sœur, à Lyon.
Ma foi, ce fut finalement plutôt réussi...
Merci maman pour m’avoir passé les recettes de florentins et du tartare de noix de saint-jacques-crevettes-mangue. Merci ma belle-sœur pour m’avoir fait découvrir le Malibu mangue qui se boit avec délice aussi bien pur que mélangé à des jus de fruits.
Merci à vous, lecteurs, qui suivez ce carnet virtuel depuis plus de deux ans. Recevez tous mes vœux de bonheur en cette nouvelle année : que 2005 vous apporte la santé et la chance d’échapper aux malheurs qui touchent notre monde, que ceux qui cherchent l’amour voient celui-ci frapper à leur porte, et que la vie vous soit, à tous, un peu plus douce...


Mardi, le 28 décembre 2004
Entre Noël et Nouvel An
Assis à la table de la salle à manger, le sapin décoré dans le dos, la Crèche sur la droite, la cheminée à gauche, l’ordinateur en face, la musique de la radio diffusée par le Net (merci le WiFi), ambiance feutrée de la maisonnée familiale...
Un sentiment de calme et de sécurité. Il faut bien ça. À l’heure du repas, la télévision, que je n’ai plus l’habitude de regarder, annonce des horreurs. Des morts qui se comptent par dizaines de milliers en Asie. Les journalistes font grand cas de la poignée d’étrangers disparus (des Français !). Bien sûr, nul n’envie le sort de ces malheureux touristes, mais il est quand même assez impudique de s’intéresser surtout à ces quelques uns alors que le cataclysme laisse sans voix par son immensité.
La télévision, c’est toujours comme ça ? Une fenêtre ouverte sur le grand monde... et la petitesse des gens. Sentiment léger d’écœurement ne se mariant que trop bien avec la bonne chère que l’on consomme toujours un peu à l’excès en ces jours.
Pas de trêve sur Terre, même en cette période de fêtes, l’année n’avait pas encore eu son lot de sinistres.
Impuissant, devant un autre écran, un écran où – contrairement à la télévision – on n’est pas passif, je lance mon vieux traitement de texte pour écrire, écrire, écrire... Modestement, je reconstruis l’univers du bout de mes doigts.


Vendredi, le 24 décembre 2004
Compétent, le gars !
Hier après-midi, j’ai fait mes achats de Noël. Si, si, en quelques heures, dans le centre de Strasbourg, j’ai pu passer auprès d’une maroquinerie, de deux parfumeries, de trois librairies (dont une fnacque où j’ai vu un exemplaire de ça), de quatre boutiques vendant du matériel pour les beaux-arts et la décoration... et, du coup, j’ai tous mes cadeaux.
Sans compter que j’en ai profité pour saluer un copain libraire, que je me suis acheté un billet de train pour le retour à Saint-Étienne, que j’étais allé voir les artisans du marché de Noël jusqu’à la petite France, que je suis passé par la cathédrale Notre-Dame pour y admirer la Crèche, que j’ai trouvé un magasin d’alimentation asiatique pour y acheter les ingrédients nécessaires à la confection des maki-sushis prévus pour ce soir et que j’ai pu essayer un pantalon (que l’on doit m’offrir).
Et tout ça, accompagné par ma maman (s’il vous plaît !).
Bon, je l’admets : en rentrant à la maison, ma mère était sur les rotules, et j’ai attrapé une ampoule (quelle idée aussi de faire les courses de Noël avec de nouvelles chaussures).
Rien qu’un regret : ce matin, avec le redoux, la pluie a nettoyé tout ce qui restait encore de neige...


Jeudi, le 23 décembre 2004
V.I.S.
(Very Important Stéphanois)
Oui, par la grâce du WiFi (Riri, Loulou, non, je l’ai faite le premier) et de l’agilité techno-branchouille de mon petit frère ingénieur, contrairement à ce que j’ai indiqué dans mon post précédent, je peux me connecter au Ternet depuis le lieu où je vais passer les fêtes de Nouël (ou Nowell, comme vous préférez).
Alors, le voyage s’est bien passé. Je suis parti d’ici et j’ai voyagé avec une ch’tite compagnie qui organise des vols entre la préfecture de la Loire et Nantes (pratique pour se rendre aux Utopiales, tiens, j’y songerai la prochaine fois), Paris (ah, les Champes Zélizéeuh... ah, la Eiffel Tower !)... et... Strasbourg. Si, si. Pourquoi cette dernière ? Je n’en sais rien, mais en tout cas, pour le coup, ça m’arrange, parce que je suis né dans la capitale alsacienne et que je passe les fêtes de la Nativité du Christ avec ma famille proche, devant un vrai feu de cheminée, un vrai sapin décoré avec des jolis cadeaux à son pied, une Crèche (réalisée par votre serviteur mais mise en scène par sa maman), une odeur de petits gâteaux (n’avez-vous jamais vu ou, mieux, goûté aux Spritzbredle ?), des lumières scintillant dans la nuit sous la neige, la messe de Minuit et ses chants sacrés ? (Ambiance 100 % authentique.)
Bon, ben, bref, hier, après une matinée à corriger des copies (un QCM, en plus, la joie), j’ai retrouvé une collègue qui, en partant elle aussi en vacances, a eu la bonté de faire un petit détour pour me déposer à l’aéroport de Saint-Étienne, alias l’aéroport d’Andrézieux-Bouthéon, parce que pour y aller par les transports en commun... Comment ! Je ne vous ai pas raconté ?
OK, donc c’était il y a un peu plus d’une semaine, alors que je venais de prendre mon billet d’avion sur le Ternet (30 € le vol, une promo d’enfer, vous imaginez ?), je me suis dit : « Fab, t’es un gars prudent, tu vas faire un repérage et aller à l’aéroport avant pour pas te retrouver dans la m.... au moment du départ ». Alors, je vais naïvement regarder sur le site, et je trouve des informations qui me parlent de trains, de cars et de taxis. Youpi, tout va bien.
J’hésite un instant entre le car et le train, et comme je connais plus facilement les horaires de la SNCF, je prends mon billet à la gare de Châteaucreux, direction Roanne, et je descends moins d’un quart d’heure plus tard à la gare de Bouthéon.
...
Surprise, c’est une gare perdue au milieu de rien. Enfin, même pas une gare, une espèce d’abribus fantôme pour train paumée dans le brouillard (oui, en plus, il y avait du brouillard à couper à la tronçonneuse). Bien entendu, aucune indication pour se rendre à l’aéroport. Juste un restaurant appelé « Aux deux Ânes » qui fait, compte tenu de la situation, que l’on se sent subitement devenu le troisième. Et soudain, j’entends braire le grison (parce qu’il y avait réellement un tel animal), j’essaie de reprendre mes esprits et je me dis que le petit chemin qu’empruntent les autres personnes qui sont descendues du train avec moi doit bien mener quelque part (et sortir de ce monde parallèle, parce que, ouh là là, j’ai l’impression d’être arrivé dans une autre dimension).
Et le chemin débouche en effet sur des semblants de civilisation. En particulier, il y a deux gendarmes qui arrêtent des voitures à un rond-point. Je me renseigne auprès de ces messieurs (car il n’y a que des indications très locales sur les divers panneaux de circulation du rond-point) et les représentants de la maréchaussée me désignent la route à suivre, sur cinq kilomètres environ, en terminant leur phrase par un « mais vous voulez y aller à pied ?! » pas très rassurant.
Alors, je marche en me repérant à quelques signes, je passe devant la gendarmerie, je traverse toute la petite ville, je tombe sur des panneaux avec un avion caractéristique (froid, froid, froid... chaud, ça y est, je brûle !), je tombe dans une zone industrielle, je me dirige dans une zone commerciale, j’aboutis sur le bas-côté de voies très rapides (argh, c’est vraiment trop dangereux d’être un piéton parfois...) et, au bout d’une heure, les pieds mouillés, froids et boueux, j’entre dans l’aéroport.
Je me renseigne à l’accueil, la demoiselle est ravissante et serviable, mais confirme ce que je craignais : le samedi, au niveau des transports en commun, c’est un peu la mort... et la semaine, il faut tenter sa chance avec les cars du Conseil général de la Loire, parce que venir depuis la gare de Bouthéon, c’est une expérience à ne pas reproduire, surtout chargé de valises. Pas de taxi non plus. Les abribus que j’ai croisés n’indiquaient plus de départs avant le lundi suivant, le train pour Saint-Étienne ne part que dans trois heures... et l’attente avec ce froid... bref, ça s’annonçait mal. J’ai pris le chemin du retour en direction de la gare de Bouthéon (motivé, le gars), puis j’ai vu un car de la fameuse compagnie circulant pour le Conseil général de la Loire et j’ai fait de grands signes désespérés au chauffeur. Ce dernier s’est arrêté, m’a informé qu’il venait de Saint-Étienne et s’en allait dans l’autre sens (m... !) mais m’a indiqué un arrêt où j’avais une chance d’avoir un car pour rentrer chez moi. Et ce fut vrai. Alléluia.
...
Retour à hier.
Je suis arrivé à l’aéroport avec un sac sur le dos, ma valise à roulette à la main, et il n’y avait personne. Ou si, une demoiselle qui venait d’arriver à l’aéroport, et qui appelait quelqu’un pour venir la chercher, car point de taxi à l’horizon (une habitude locale, sans doute). C’est curieux, un aéroport vide. Bon, il y avait bien mon avion indiqué sur l’écran, puis un autre pour Londres, en fin d’après-midi, donc pas d’inquiétude. Je me suis assis (ouais, il n’y avait pas à se battre pour trouver un siège de libre), j’ai pris un bouquin et je ne suis sorti de ma lecture qu’à quelques occasions, lorsque des demoiselles en uniforme (qui était fort charmantes, au demeurant) passaient en me disant un souriant « bonjour ! ».
Puis un homme à moustaches s’est installé à un guichet et une voix féminine a annoncé dans le hall que l’enregistrement des bagages pouvait commencer. Je me suis retourné, j’étais toujours tout seul. Sur le coup, je peux dire que je me suis senti... très important. Tant de gens aux petits soins pour ma modeste personne ? Puis nouvelle attente armée d’un bouquin. Dans mon dos, pendant que je lisais, j’ai entendu un couple de personnes âgées prendre place dans le hall d’embarquement. Et nous avons été trois à monter dans l’avion (qui pouvait transporter une cinquantaine de passagers). À vrai dire, nous étions cinq, en comptant l’hôtesse de l’air et le commandant de bord. Hallucinant. Le pire, c’est que les autres voyageurs ont aussi bénéficié de tarifs à trente euros... Gasp. Et pourtant, nous avions été traités comme des princes.
Et au bout d’une heure et quelques minutes de vol dans les nuages (ah non, ce ne sont pas des nuages bas tout bizarres, à l’est, mais la chaîne des Alpes), nous sommes arrivés à Entzheim (alias l’aéroport international de Strasbourg), découvrant du ciel que la terre était recouverte de neige...
À Saint-Étienne, il faisait froid avec grand soleil mais, en Alsace, l’ambiance de Noël s’annonçait bien 100 % authentique.


Mardi, le 21 décembre 2004
After the party
Quelques remarques post-festives :
  • une petite dizaine (en clair, neuf), c’est sans doute le nombre idéal de personnes à une soirée : moins, on a trop vite fait le tour des gens, et plus, on n’a pas le temps de discuter avec tout le monde ;
  • les amis qui connaissent mon goût pour la lecture m’ont offert des livres (de cuisine ou de science-fiction), les plasticiens m’ont fait cadeaux de compositions artistiques, d’autres m’ont apporté des bouteilles de vin, et un dernier le fruit d’un amusant bricolage (une paire de pistolets tirant des élastiques, si, si !) ;
  • je prépare deux fois trop de choses à manger (je suis pire que ma mère) ;
  • mes maki-sushis sont vraiment excellents (ouais, mais faut y aller doucement avec la pâte wasabi, j’ai dit que c’était très fort !) ;
  • ma recettes de crevettes à la crème fraîche et... (non, je ne vais pas tout raconter, secrets de chef), c’est vraiment une tuerie pour les papilles ;
  • les artisans pâtissiers du coin font vraiment des merveilles (mmmmmmh.... l’exquis au caramel et à l’orange, mmmmmmh... le forez au chocolat...) ;
  • quand 32 bougies sont réparties sur deux gâteaux, ce n’est pas simple de les éteindre sans reprendre son souffle ;
  • les invités préfèrent le gewurztraminer au riesling, au champagne ou au crémant d’Alsace (la prochaine fois, j’en prendrai plus de bouteilles) ;
  • mes voisins doivent être sourds, ou alors il y a une excellente isolation phonique dans mon immeuble ;
  • les demoiselles les plus charmantes sont aussi celles qui dansent le mieux ;
  • le mélange chichon + alcool, ça fait dormir (n’est-ce pas, Fred ?)...
  • ...et finalement c’est tant mieux, car, comme ça, il y a moins de concurrence lors des séries de slows (gnarf, gnarf !) 
  • le lendemain, en nettoyant, j’ai pu remplir plusieurs grands sacs poubelles (j’avais acheté tout ça ?) ;
  • il y avait des élastiques de partout, même dans les endroits les plus improbables (merci, Chris !) ;
  • j’ai mis en route une pyrolyse... ce qui a eu pour effet de faire à nouveau casser la vitre intérieure de mon four (heureusement que ce dernier est encore sous garantie) ;
  • j’ai plein de restes dans mon réfrigérateur... et je dois partir dans quelques jours pour fêter Noël dans ma famille (bénie soit l’invention du congélateur) ;
  • il n’y a pas à dire, des fêtes comme ça, ça donne envie de prendre un an de plus !
Voilà, fermeture temporaire de ce weblog car je vais prendre quelques jours de vacances et je ne sais si je pourrais poster entre temps. Passez de joyeuses fêtes et à l’année prochaine !


Samedi, le 18 décembre 2004
Cure de jouvence
Ça y est, j’ai 20 ans.
Trop d’la balle, et ce soir, je fais une teuf avec des potes chez ouam. La vérité, c’est que mon birthday, c’était jeudi dernier, mais comme j’étais au taf, j’ai préféré organiser ma party during the week-end.
Alors, ça s’annonce plutôt bien, plein de charmantes amies ont accepté mon invitation (je traduis : « y aura de la meuf grave au mètre-carré ! »), mes étoiles du jour annoncent : « Sagittaire, Sensualité, séduction, profond regard. Poète, esthète, romantique, et délicieusement charmeur. Vous tiendrez vos promesses ». Yeah ! Trop bien ! Et puis, cette description, c’est vraiment trop ouam, la vérité !
J’ai préparé des compiles de ziques. De la house & de la techno, du trip hop & du lounge, des slows-de-la-mort-qui-tuent... des tubes des années quatre-vingt.
Les années 1980 ? Ah, mince, c’est vrai : j’ai 20 ans, ouais, mais 20 en base hexadécimale, faut dire... Alors j’arrête d’écrire à la manière des skybloggeurs (en plus, je n’ai même pas prévu de passer du rap ce soir, gasp, je suis démasqué...)


Dimanche, le 12 décembre 2004
La vie, la mort, et caetera
En début de semaine, j’ai appris la mort d’un membre de ma famille. Un oncle. Sexagénaire. Solide comme le roc.
À l’annonce de cette macabre nouvelle, plutôt que d’être submergé par l’émotion, je ne parvenais qu’à être un bloc d’incompréhension. Ce n’est que la voix tremblotante de ma mère, au téléphone, qui m’a fait ressentir la douleur de la cruelle disparition de son frère.
Par un clin d’œil assez ironique de la vie, le jour de l’enterrement de mon oncle a aussi été celui de l’anniversaire de mon père, et donc le rappel annuel de la venue au monde de la personne qui a eu – avec ma mère – une participation essentielle à ma propre existence.
La vie, la mort...
J’ai remarqué que mon rapport avec la mort était assez étrange. Je ne parviens jamais à réaliser exactement ce qui arrive. Ce n’est qu’au moment de l’enterrement, face au cercueil porté en terre, ce n’est que lors de la messe funèbre, ce n’est que quand je retrouve des proches en habits noirs et en larmes, que je peux parvenir à me faire une idée de la fin définitive, du moins sous son aspect terrestre, de quelqu’un que l’on a connu et aimé.
La mort, la vie...
Je pense que c’est sans doute pour cela qu’il est si important, pour moi, avant de mourir, de laisser une trace. Lorsque le temps et les vers auront fait disparaître mon enveloppe corporelle, je me dis qu’au moins mes créations, écrits et sculptures, seront ici bas mes restes... Méreste...


Dimanche, le 5 décembre 2004
Satisfaction
Quelques petits riens de la vie qui font passer un bon week-end...
Quitter le bureau en se disant que l’on a bien travaillé durant la semaine.
Se dire que les amis invités pour la soirée d’anniversaire, dans quelques jours, pourront être là, ou, à défaut d’être présents, auront une petite pensée au même moment.
Donner de l’argent au Téléthon et se dire qu’il sera utilisé pour la bonne cause.
Terminer une sculpture, en recommencer une nouvelle, trouver les produits tant recherchés pour donner de superbes effets de patine aux pièces.
Apprendre que les sculptures mises au four n’ont pas explosé et attendre avec impatience de les récupérer pour essayer les nouvelles patines.
Avoir le temps de faire les courses, le ménage et préparer de nouveaux plats.
Aller à une soirée organisée par des collègues, passer un moment très sympa, découvrir de nouvelles têtes, apporter les sushis préparés un peu plus tôt et recueillir plein d’éloges pour cet essai culinaire plus que réussi.
Rentrer de la soirée vers quatre heures du matin, mais être quand même assez en forme pour débuter un kilomètre de brasse coulée, dès onze heures.
Passer devant le marché de Noël, entendre la musique de « Douce Nuit », fredonner les paroles en allemand et s’amuser de la force des traditions, des habitudes, des rituels.
Découvrir des prix de vols promotionnels sur la ligne aérienne qui convient et se dire que rejoindre la famille à Noël en avion est peut-être une idée judicieuse.
Installer la Crèche sculptée l’an passée et se rendre compte que les personnages, bien que très fragiles (car réalisés en argile non cuite), n’ont pas trop souffert du rangement.
Ne toujours pas être fatigué malgré une nuit à moins de six heures de sommeil.
Être prêt à prendre de l’avance sur le travail de la semaine en préparant encore ce soir un sujet d’examen.
Et avoir le temps de penser à tout ceci, de le coucher par écrit, et de le mettre en ligne...


Vendredi, le 3 décembre 2004
Fabrice et moi
Ça y est, je me fais une crise d’identité.
Bon, c’est pas grave, mais juste un peu gênant.
Je m’explique...
Dans la vraie vie, quand j’ai bien fait mon travail, je vais présenter le résultat de mes recherches dans des endroits où il y a d’autres gens qui sont aussi là pour ça, présenter leurs recherches et voir ce qu’ont fait les collègues et/ou copains.
Voilà, pour l’instant, c’est tout simple.
Dans l’autre vie, celle qui est aussi vraie, mais un peu moins, celle que je mène avec ce nom qui, pour de sombres histoires familiales, n’est pas le mien (ouais, je vis dans un pays bizarre où on porte un nom qui est aussi celui de son papa, ou occasionnellement celui de sa maman, et pas un nom inventé pour la circonstance, comme les « Tarzan » ou « Dartagnan » à Madagascar), dans l’autre vraie vie, disais-je, je porte un nom que je me suis choisi avec lequel je signe mes sculptures, mes textes de fiction, ce weblog... ou encore des articles qui portent sur des textes de fiction.
Et c’est là que tout se complique.
Parce que je vais aller au Colloque International de Science-Fiction de Nice pour y parler de steampunk... sous mon nom d’auteur. Or il se trouve qu’il s’agit d’un vrai colloque avec des vrais professionnels qui présentent leurs travaux... ouais, tout comme dans la vraie vie. Du coup, je ne sais pas trop comment m’inscrire ou me présenter.
Enfin, je crois que ça va se passer comme toujours dans ces cas-là : « Docteur Fabrice M. » bosse et paie les factures (le con !), et « Mister F. Méreste » fait le beau et récolte les lauriers (le salaud !)...


Dimanche, le 21 novembre 2004
Article supprimé
(...)


Vendredi, le 19 novembre 2004
Le prix à payer
Mardi soir, je suis retourné à l’opéra voir Rémi dans le rôle de « Nemorino » dans l’opéra l’Elisir d’Amore de Donizetti à l’Esplanade de Saint-Étienne.
Bien que ce fût en soirée (oui, me levant d’ordinaire très tôt, j’ai vraiment du mal avec les spectacles se déroulant tard), j’ai suivi avec autant de plaisir que le dimanche après-midi cette magnifique représentation.
Après avoir félicité Rémi en loge, je suis reparti chez moi, tranquillement, la tête pleine d’images et de musiques, me disant que je devais m’endormir rapidement pour être en pleine forme le lendemain, ayant un cours de 4 heures à donner dès huit heures du matin.
Mais sur le chemin du retour, j’ai été surpris par une voiture qui s’était arrêtée à ma hauteur. Il s’agissait d’une amie du ténor, vue à l’opéra, qui m’a proposé de prendre un pot avec Rémi et quelques copains venus de Lyon. J’ai hésité un instant avant d’accepter car il était déjà 23 heures 30 et j’avais un peu peur de me coucher trop tard. Et la soirée s’est donc poursuivie avec un verre pris avec tout le monde, puis il y a eu un dîner... Bref, je suis rentré chez moi un peu avant deux heures du matin. Et le réveil a sonné un peu plus de trois heures plus tard, argh !
Le cours du matin s’est très bien déroulé mais l’après-midi, j’étais minable, enchaînant bâillements sur bâillements, incapable de me concentrer sur une activité quelconque. Ah, dur, mais c’était le prix à payer pour avoir passé une aussi excellente soirée.


Dimanche, le 14 novembre 2004
Réconciliation
Parce que c’était un dimanche après-midi et non en soirée (étant quelqu’un du matin, il m’est difficile d’assister à un spectacle où on ne peut pas bouger sans lutter contre le sommeil après 22 heures) ; parce que mon copain Rémi, qui tenait le rôle principal, a une voix d’or et un excellent jeu de scène ; parce qu’il m’a obtenu des places très bien situées dans le grand théâtre Massenet ; parce que la mise en scène d’Arnaud Bernard était tout simplement grandiose (avec de subtils clins d’œil à la Belle Époque) ; parce que l’Elisir d’Amore de Donizetti a quelque chose d’envoûtant et que la difficile alchimie entre le spectacle et la musique est un art délicat qui ici s’exprime parfaitement ; parce que j’y étais allé en compagnie de mon ex-petite amie venue tout exprès de Lyon et que nous nous entendons toujours aussi bien ; parce que je n’ai pas vu passer ces trois heures alors que je m’étais fermement ennuyé (voire même presque endormi) lors de mes malheureuses expériences précédentes (Don Giovanni de Mozart et Cerenentola de Rossini) ; pour toutes ces raisons, aujourd’hui, j’ai été réconcilié avec l’opéra.
Un seul mot aux artistes : merci !


Vendredi, le 12 novembre 2004
Les petites fées et le grand méchant loup
Cette semaine, un matin, avant d’aller en cours à 8h00, j’entre dans le bus bondé. Comme je ne suis pas en avance et que je ne veux pas faire attendre mes étudiants, je ne peux pas me permettre de prendre le suivant et je m’entasse avec le reste de chair humaine. Mais là, vers le fond, on dirait que l’on peut un peu plus respirer.
Normal, c’est le coin réservé aux petits caïds de lycées. Qu’importe. Je m’adosse contre la paroi à l’arrière du bus. Mes narines m’alertent d’abord, puis mes yeux me le confirme : un jeune tient à la main une cigarette. Voilà pourquoi la fenêtre est entrouverte malgré la grande fraîcheur matinale.
Je m’imagine dans la peau du méchant loup et je jette un regard courroucé au jeune, puis je lui dis d’éteindre sa cigarette. Point d’interrogation, ce n’est pas une demande de ma part mais un ordre, le rappel de quelqu’un que la fumée dérange et qui est dans son bon droit. (Amis fumeurs, pensez aux autres : regardez ceci ou cela). Le lycéen évite l’affrontement verbal, il me fuit du regard et jette sa cigarette par la fenêtre.
Ah... On se sent mieux. Je sors le Phénix vert de Thomas Burnett Swann de mon sac et termine les dernières pages de cet ouvrage de fantasy.
Mmmmmmmmmmm. De la fantasy. Des créatures mythiques, des histoires épiques, l’auteur chante au fil des pages son amour de la nature et des univers magiques. Je lève les yeux de mon livre pour découvrir que le jeune en regarde avec curiosité la couverture à l’oiseau vert. J’imagine qu’il doit se dire que je dois finalement être quelqu’un de bien inoffensif, ce en quoi il n’y aurait pas tort. Ça y est, j’ai perdu toute crédibilité...


Samedi, le 6 novembre 2004
Saint-Étienne, ou la féerie moderne
Saint-Étienne n’est pas, ou n’est plus, la ville noire de mineurs que l’on peut imaginer. C’est une ville verte, et pas seulement à cause de ça. Bien qu’étant la deuxième agglomération de la Région Rhône-Alpes après Lyon, Saint-Étienne, qui n’a pas mille ans, est une ville bordée par la nature. Prenez le bus depuis le centre-ville et, en un quart d’heure, vingt minutes, vous pourrez pénétrer dans un univers boisé féerique...
Mais Saint-Étienne, ce n’est pas que cela. Saint-Étienne est une ville d’arts. L’École des Beaux-Arts y est plus réputée que celle de Lyon. Depuis quelques années, cette école s’est spécialisée dans le design. Et aujourd’hui, et ce jusqu’au 14 novembre 2004, y est organisée la Biennale Internationale (du) design.
Je suis allé faire un tour cet après-midi à la Plaine Achille où se déroulent la plupart des manifestations et j’y ai découvert un enchantement de créations... une multitude d’objets dont l’esthétique et l’originalité apportent une délicieuse touche de fantaisie dans notre quotidien.
J’étais tellement sous le charme que je n’ai même pas eu la présence d’esprit de prendre quelques photos des défilés...
Saint-Étienne, capitale du design : la ville est devenue le lieu de rencontre des magiciens modernes de la création.

[Remarque : Ce post n’a pas été inspiré par l’esprit fantasy dans lequel je baigne actuellement à l’occasion de la lecture de l’excellent Phénix vert de Thomas Burnett Swann...]


Jeudi, le 28 octobre 2004
Ret’nez-moi, ou j’vais l’frapper !
Hier, un peu après 18 heures, à la sortie de mon laboratoire, je me suis installé sous l’abribus et, en attendant l’arrivée du mon habituel moyen de transport, je me suis plongé dans le dernier Bifrost (le numéro 36 de cette excellente revue de science-fiction). Absorbé par la désopilante lecture de la nouvelle steampunk de Luc Dutour, je n’ai pas remarqué cette ombre s’approcher pour me récupérer d’un geste vif le sac que j’avais sur mes genoux.
Le premier instant de surprise passé, je me suis rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’une mauvaise blague d’un copain mais qu’un inconnu m’avait bel et bien subtilisé mon sac !
Aussitôt, je me suis lancé à la poursuite du voleur qui avait profité de mon incompréhension pour gagner du terrain et qui s’apprêtait déjà à disparaître dans le labyrinthe des HLM voisins. Comprenant que je courais plus vite que lui, tel un rapace tenant dans ses serres un rongeur voyant un oiseau plus fort prêt à lui disputer sa proie, le jeune délinquant a abandonné mon bien et a poursuivi son chemin à petites foulées. J’ai mis mon sac sur l’épaule, et fixant le jeune homme (15-17 ans, pas plus) qui s’était arrêté pour me narguer, j’ai repris ma course pour l’atteindre. Le méchant schtroumpf s’est alors échappé parmi les tas d’immeubles, et comme mon bus arrivait, j’ai rebroussé chemin.
Installé sur le siège du bus qui s’en allait, reprenant doucement mon souffle, j’ai vu le mauvais drôle sortir de sa tanière, tenant d’une main un pan de son blouson afin de masquer son visage, de l’autre exhibant le poing fermé, excepté un doigt dressé en guise d’insulte...

C’est vraiment très bizarre. Quelques heures plus tôt, je rappelais encore à mes collègues, lorsque nous déjeunions, que, de toute ma vie (d’adulte, au moins), je ne m’étais battu, et je leur avais raconté cette anecdote où j’avais assez subtilement trouvé une astuce pour éviter de me faire démolir. Mais là, qu’aurais-je fait si je m’étais finalement retrouvé face à cette petite frappe à qui j’aurais voulu adresser une leçon ?


Mercredi, le 27 octobre 2004
J’adore faire la cuisine
Hier, deux couples d’amis sont venus dîner chez moi.

Apéritif : Cocktail salé (cacahuètes, amandes, noix de cajou, noisettes), chips de crevettes, sticks et bretzels (d’Alsace), rivesaltes, punch coco, cocktail avec un mélange de Soho (liqueur de litchi), de jus de goyave, de jus d’orange-banane et de jus d’ananas.

Repas chinois cuisiné au wok : nouilles chinoises, crevettes, noix de Saint-Jacques, émincés de poulet, germes de soja, petits pois, champignons noirs, champignons parfumés, gingembre (sauce d’huître, sauce de soja, jus de citron)... bière chinoise (tsingtao) et riesling.
Dessert : nougat glacé accompagné de macarons (pistache ou café), tarte au citron ou tarte aux noix.
Bon, c’est pas tout ça, mais maintenant, il me reste à faire la vaisselle...


Vendredi, le 22 octobre 2004
Temps relatif

Un lundi matin, vers 7 h 40, dans le bus. Parmi la foule, deux étudiants. Le premier, vérifiant l’heure sur sa montre, demande au second :

« Tu crois qu’on va être en retard ? »

Et le second répond avec philosophie :

« On arrivera en retard le jour où les profs arriveront en avance... »

En ce moment, je cours tout le temps. Autrefois, j’arrivais toujours à mes rendez-vous en avance, mais maintenant, les journées ont dû rétrécir, je ne parviens plus qu’à limiter mes retards. Heureusement que je ne me déplace qu’à pied ou en transport en commun. Si j’avais une voiture au quotidien, peut-être que j’aurais pu devenir un de ces connards qui font constamment des excès de vitesse...




Dimanche, le 17 octobre 2004
Le roi de la montagne
J’ai grandi dans la plaine. Au nord : Strasbourg ; à l’est, la Forêt Noire de l’autre côté du Rhin ; à l’ouest : la ligne bleue des Vosges... À cette époque, lorsque j’allais du côté du Mont Sainte-Odile, j’avais la possibilité de voir l’Alsace, ou du moins une certaine partie de celle-ci, avec ses villages bâtis autour du clocher de l’église, ses champs, ses forêts, ses vignobles.
Lorsque j’ai quitté ma région natale et que je me suis retrouvé à Lyon, j’ai toujours aimé aller sur la colline de Fourvière, à côté de la Basilique Notre-Dame. De là-haut, je repérais ma nouvelle géographie : impossible de manquer la tour en forme de crayon permettant de localiser la Part-Dieu ; puis sur la gauche, le nord, l’opéra et l’Hôtel-de-Ville ; au milieu, la place Bellecour ; sur la droite, le sud, la Saône se mêlant au Rhône. Le même désir de hauteur me prenait quand je vivais à Paris : j’allais à la place du Trocadéro pour voir, au-delà de la Seine, la tour Eiffel et le reste de la Ville Lumière...
Voilà un peu plus d’un an que je vis à Saint-Étienne. Au début, j’avais un peu peur de ne pas trop m’y plaire : étant citadin dans l’âme, je craignais de trouver cette ville trop petite pour moi. Mais, finalement, non. Je m’y suis très vite attaché. Peut-être est-ce parce que je vis en plein centre-ville, à deux pas de toutes les manifestations culturelles importantes, comme la Fête du Livre qui s’est déroulée ce week-end, peut-être est-ce parce que mon immeuble se trouve à côté de toutes les facilités de transport en commun, peut-être est-ce parce que cette ville offre la possibilité de pratiquer des activités que je n’avais jamais eues l’occasion de reprendre, comme la sculpture, peut-être est-ce parce que je suis venu ici pour des raisons professionnelles et que j’exerce maintenant un travail que j’aime bien et dans lequel je parviens à m’épanouir, ce qui n’est pas si fréquent, ou peut-être est-ce simplement parce que j’ai trouvé ici quelques bons amis...
Cela peut sembler assez curieux, mais je crois que c’est aussi et surtout parce que tous les jours, lorsque je vais travailler, je me retrouve sur la colline d’où je peux voir la nature, les forêts, le ciel, les montagnes et la vallée du Gier qui s’étire vers Lyon. Chaque jour, devant mes yeux, s’étale le paysage aux mille beautés. Chaque jour, ce spectacle fait de moi le roi de la montagne.


Jeudi, le 7 octobre 2004
Panorama en tête de gondole
À mon retour d’Italie, j’ai trouvé de la saine lecture : le Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux, le premier (et très bel) ouvrage de la prometteuse maison d’édition les moutons électriques.
Alors, mon voyage : Venise est une ville merveilleuse, « naturellement », ai-je envie de dire. Et Padoue est un endroit splendide, aussi m’a-t-il fallu bien du courage pour rester travailler alors que tout appelait à la découverte de cette charmante cité, aux habitantes tout aussi charmantes...
Sans compter le beau temps, la culture et le raffinement qui transpirent des murs et des places autant que des musées, ainsi que la nourriture savoureuse (pâtes et pizzas, bien entendu, et également de fameux antipasti : par exemple, j’ai goûté à un délicieux carpaccio de pieuvre).
Bref, la dolce vita...


Dimanche, le 19 septembre 2004
Mise en abyme

Sinon, ce matin, petite balade sympathique en roller : « se déplacer autrement » dans le cadre des Journées du Patrimoine. Saluons la Ville pour cette belle initiative !
[Edit : Merci à Akelia et André-François pour la correction de l’expression employée dans le titre.]


Mardi, le 7 septembre 2004
C’est la rentrée
Hier, sept heures trente. J’entre dans le bus bondé. Je ne peux attendre le prochain, je dois donner un cours à huit heures. Poussif, le véhicule se met en route, avalant de nouveaux élèves et étudiants aux arrêts suivants. Je reconnais certains de mes anciens étudiants que je suppose faire partie de ma nouvelle promotion. Échange de regards, échange de bonjours. Je veux répondre : « Ah, si vous êtes là, tout va bien, je ne suis pas en retard... » mais cette boutade ne parvient pas à se former sur mes lèvres.
À un moment, pas mal d’élèves descendent, et des contrôleurs montent. Un jeune sans ticket s’explique en prenant le chauffeur à témoin : « Faut leur dire, monsieur, que vous n’avez pas de monnaie ! ». Le conducteur du bus approuve avec lassitude. Le contrôleur laisse passer pour cette fois.
Terminus. Je me dépêche de déposer mon sac dans mon bureau et de récupérer mes affaires. J’ai horreur des craies mais la salle avec un tableau blanc était déjà prise. Tant pis.
Mince, mes étudiants sont prêt d’une quarantaine. J’avais prévu de faire des groupes de 3 ou 4 personnes, tablant sur une trentaine d’étudiants, ils seront donc plutôt 5 si je veux avoir mes 8 groupes.
Depuis quelques jours, je n’ai plus de rhume, mes yeux et mon nez ont cessé de couler, mais je dois souvent tousser, et j’ai un peu peur pour ma voix. Pas eu le temps de passer voir un médecin.
Mais tout va bien, je parviens à motiver ma promotion en la lançant sur des sujets nouveaux et étonnants. Pour la documentation, mes étudiants n’auront même pas à passer des heures à la bibliothèque : je leur demande de voir certains films ou de s’intéresser à quelques jeux vidéos. Au moins ai-je quelques espoirs, en agissant de la sorte, de ne pas me retrouver avec des documents résultant de quelques copier-coller issus d’Internet.
Ça a l’air de marcher. Je dois intervenir à plusieurs reprises pour faire le silence mais je crois avoir réussi à les sortir de la passivité dans laquelle ils se laissent trop souvent glisser.
À la fin du cours, un étudiant vient me voir et me propose même de faire un sondage en rapport avec le sujet sur le lequel il souhaite travailler, belle initiative que je m’empresse d’accepter en lui donnant carte blanche.
Je retourne à mon bureau pour travailler sur mon cours du lendemain.
Et aujourd’hui, il est un peu plus de cinq heures du mat’ et je suis debout pour finaliser un cours que je donnerai cet après-midi.
La journée sera bien chargée car, en plus de ce cours, je vais avoir deux réunions et être de jury à une soutenance de stage.
Après tout, ce n’est pas si mal que ça d’être prof...


Samedi, le 28 août 2004
Il faudrait que...
Il faudrait que je remette de l’ordre dans ce blog, ne garder dans la page principale que les posts du mois en cours, mettre dans les archives les autres, les trier par date et par thème.
Il faudrait que je termine de corriger le site web qui doit être mis en ligne à la fin du mois, mais nous ne sommes que le 28, et août à 31 jours, et je suis bien incapable, en ce moment, de parvenir à finaliser les choses avant la dernière minute.
Il faudrait que je termine de préparer mes nouveaux cours. Ce serait bien, ne plus avoir grand chose à faire en enseignement, j’aurais davantage de temps à consacrer à la recherche.
Il faudrait que je me remette sérieusement à écrire. Et corriger mon roman. Et l’envoyer à un éditeur.
Il faudrait que je termine les livres que l’on m’a prêté.
Il faudrait que je lise les livres que je me suis acheté. La pile de mes « livres à lire » commence à être dangereusement grande. Je ne veux pas être de ceux qui achètent des livres tout en sachant qu’ils n’auront jamais assez de temps dans une vie pour tout lire. Et même s’ils étaient éternels, cela ne changerait rien, car ils achètent de manière compulsive de nouveaux ouvrages à chaque fois qu’ils passent devant une librairie ou un bouquiniste. J’aimerais pouvoir mourir après avoir lu l’ultime page du livre qui m’attendait, oui, j’aimerais fermer une dernière fois les yeux en me disant qu’il est temps, et que tout en sachant qu’il me resterait encore plein de choses à découvrir, j’aimerais pouvoir me dire que je m’en irais en ayant mon âme suffisamment chargée de bons souvenirs.
Il faudrait que... euh, je me brosse les dents. Et que je fasse la vaisselle.
Ouais.
Il faudrait vraiment.


Lundi, le 23 août 2004
Rencontres Remparts / Convention nationale de science-fiction 2004
Visions subjectives de ces deux événements. Je n’ai pas pris de notes, aussi la chronologie n’est-elle peut-être pas correcte, veuillez par conséquent pardonner les erreurs de ma mémoire dues à la richesse des moments vécus en ces occasions.
Samedi 14 août. Départ en fin d’après-midi. Il faut environ deux heures au car pour se perdre dans l’Ardèche septentrionale. Pas vu le temps passer, pas eu le temps de lire une page : je reconnais Alain Huet, organisateur de la convention SF de Saint-Denis, en 2001, et nous n’arrêtons pas de discuter de science-fiction, des fanzines, de l’encyclopédie à venir de Jacques Goimard, de ses projets fous comme la publication d’un index du fanzine Satellite ou des pseudonymes avérés des auteurs du milieu... Nous arrivons à Saint-Agrève, Jean-Jacques Girardot vient nous récupérer et nous entraîne dans un lieu où un chemin de terre, de pierres et de flaques d’eau traîtresses nous garantit une tranquillité à toute épreuve.
Dimanche, lundi, mardi, mercredi... Les jours filent, les amis du fandom SF arrivent. Petit à petit, de façon très décousue, une pièce de théâtre se construit, mélange curieux de clins d’œil science-fictifs et de jeux de mots (laids). Mais l’ambiance n’est pas au travail studieux, même si Remparts est d’ordinaire une période d’atelier d’écriture, et même si les orages nous retiennent la plupart du temps enfermés dans une grande bâtisse : nous profitons de ces instants pour discuter entre nous, lire un peu au calme, voir des films ou jouer sur nos ordinateurs, et je découvre que les dernières pièces du sculpteur Didier Cottier ont vraiment pris de la maturité.
Jeudi 19 août. C’est le départ. Nous quittons l’Ardèche pour le Vaucluse, les uns après les autres. Je pars dans la voiture des Girardot. Après un passage par l’hôtel, nous retrouvons le lieu de la convention. L’organisateur n’est pas là, obligé de faire la navette entre les différentes gares et la salle des fêtes, mais nous retrouvons déjà des connaissances, et les rayons de livres sont là pour ceux qui recherchent la perle rare... Première conférence : Francis Saint-Martin évoque l’histoire des fanzines, ces magazines réalisés par des fans. Après le repas, Yann Minh nous parle de cyberpunk et de ses travaux multimédias pour la télévision, nous plongeons alors dans son univers qui fait autant appel à l’intellect (avec de multiples anecdotes) qu’aux sens (souvent à travers l’érotisme). Retour à l’hôtel sous une pluie torrentielle. Nous devinons la route cachée par les eaux, les éclairs illuminent une nuit de déluge, sensations de fin du monde.
Vendredi 20 août. Conférence de Joëlle Wintrebert sur l’évolution de la sexualité dans les textes de science-fiction et de fantasy.
Je me rappelle qu’au cours du déjeuner, des jeunes gens tout de noir vêtus sont entrés dans la salle, et parmi les personnes attablées, beaucoup se demandaient qui étaient ces gens-là, imaginant qu’il s’agissait d’une secte ou autre bizarrerie. En fait, point du tout, il s’agissait des membres des éditions de l’Oxymore, à savoir Léa & Greg Silhol, Natacha & Anthony Giordano, ainsi que Sire Cédric. Parmi l’assemblée des fans de SF, il faut dire qu’ils détonnaient un peu, par leur aspect vestimentaire, leur recherche d’une certaine classe, le fait de venir en couple, leur goût marqué pour la fantasy plutôt que la SF... En effet, la plupart des membres du fandom SF sont, caricaturalement, moins soucieux de leurs personnes, très souvent d’éternels célibataires (d’où peut-être le sentiment de "famille" qu’ils ressentent les uns envers les autres), et leur intérêt pour le seul genre SF semble parfois friser l’obsession.
Dans l’après-midi, conférence de Eric Henriet sur l’uchronie. L’auteur de l’Essai, qui avait intelligemment critiqué la nouvelle que j’avais écrite avec Jean-Jacques Girardot, nous présente sous forme statistique les différents points de divergence de l’histoire qu’il a recensé dans les textes uchroniques et pose une question intéressante : quels sont les points de divergence que les auteurs auraient pu exploiter ?
En fin d’après-midi, avec les membres de Remparts, nous présentons notre pièce de théâtre. Je joue le rôle du "sous-genéral Dennté", et le seul nom de ce personnage au grade peu commun vous donne déjà une idée de ce qu’a pu être notre représentation...
Retour à l’hôtel au cours de la nuit. Je vais à la piscine. Je ne suis pas seul à nager sous les étoiles, les hommes en noir de l’Oxymore profitent avec moi de la fraîcheur de l’eau.
Samedi 21 août. Nous manquons la conférence du matin (j’ai demandé à Gilles Goullet de me ramener à l’hôtel, j’avais en effet égaré mes clés... et pensais les avoir perdu au bord de la piscine). J’entame la conversation avec Sire Cédric, ce jeune homme (je peux dire "jeune", il a deux ans de moins que moi) qui me fait irrésistiblement penser, aussi bien par son allure que ses ambitions littéraires, à une sorte de Francis Valéry idéal, ou idéalisé, ce qui me le fait trouver des plus sympathiques. Je regrette soudain de n’avoir encore rien lu de lui. Je mange à la table des "gens en noir" dont je me sens finalement proche, même si mes vêtements sont aussi clairs que les leurs sont sombres, et même si mon genre littéraire de prédilection est la science-fiction et non la fantasy. Mais, au-delà de ces différences mineures, c’est la même foi qui nous anime en l’écriture, le même souci de toucher le lecteur, les mêmes désir et besoin mêlés de défendre ce qui nous semble beau et qui nous émeut.
Après le déjeuner, conférence du dessinateur Philippe Caza en hommage à René Laloux. Puis vient la conférence de Robert Sheckley. Le nom de cet auteur américain ne me disait pas grand chose, et puis je me suis rappelé que j’avais adoré l’humour de ses nouvelles, telle la clef lanxienne ou de ses romans, comme la Dimension des miracles, et que le film français le Prix du danger des années 80, qui m’avait marqué lorsque je l’avais vu à la télévision, était en fait adapté d’un de ses romans.
Jeux SF animés par Raymond Milési et Roland C. Wagner. Même pas gagné un point (les autres sont trop érudits ou trop rapides).
Dîner de gala. Remise des prix Merlin à Mélanie Fazi pour son roman Trois pépins du fruit des morts et Sylvie Miller et Philippe Ward pour leur nouvelle Le survivant (le prix était une illustration de Didier Cottier). Remise du prix Rosny Aîné à Roland C. Wagner pour son roman La saison de la sorcière et à Claude Ecken pour sa nouvelle Eclats lumineux du disque d’accrétion (le prix était une statue réalisée suivant un modèle dessiné par Caza). Remise du prix Cyrano (aussi une sculpture d’après Caza), un nouveau prix récompensant une personnalité du monde de la science-fiction présent à la convention, à Robert Sheckley. Remise du prix Versins du plus mauvais jeu de mots de la convention à Sylvie Laîné (le prix consistait en une figurine en plastique). Vente aux enchères. Rien acheté cette fois-ci. Terriblement fatigué.
Dimanche 22 août. Alors que tout le monde semble encore endormi, Greg Silhol et moi discutons au bord de la piscine. Après le petit déjeuner, quelques longueurs de brasse, puis il faut faire sa valise. Sylvie m’emmène jusqu’à l’hôtel où se trouve Robert Sheckley. Nous y croisons Roland C. Wagner, Yann Minh, Didier Cottier, et d’autres. Arrivé sur le lieu de la convention, Jérôme "globule" Lamarque me donne un coup de main pour connecter mon PC portable au Mac de Yann Minh afin de pouvoir récupérer la vidéo de la pièce de théâtre (2 giga, quand même). Et puis, c’est le moment des aux revoirs, désagréable sensation de fin de colonie de vacances. Je me retrouve ensuite dans la voiture de Sylvie, en compagnie de Mélanie Fazi (qui prendra un TGV à Avignon) et de Robert Sheckley. Tiens, amusant, je me rends compte à l’instant que, des occupants de la voiture, je suis le seul des quatre à ne pas avoir été primé lors de la soirée de gala. Après quelques bouchons du côté de Valence, nous arrivons à Lyon. Je prends le métro, j’arrive à la gare. Le car me ramène à Saint-Étienne. À dix mètres de chez moi, je croise un collègue qui me dit : « À demain ! ». Déjà ? Mon répondeur est plein de messages d’une gamine inconnue qui a dû se faire offrir un téléphone portable et qui m’a appelé par erreur. Ma plante verte a besoin d’eau. Mon petit frère m’a fait parvenir un ensemble de CD souvenirs de son mariage. Parmi les e-mails, il y en a un de mon père qui me souhaite ma fête...
Bref, c’est la fin des vacances.


Vendredi, le 30 juillet 2004
Rêves de composants électroniques
Dans la vraie vie, celle où j’ai un autre nom, avec un métier qui me rapporte des sous (parce que les seuls droits d’auteur que j’aie jamais touchés ne m’ont permis que de payer un restaurant à des amis, donc c’est pas bézef), j’exerce moult (qui a dit "frites" ?) responsabilités. Et parmi celles-ci, je suis "responsable informatique non technique".
Ouais.
En clair, je gère plus ou moins le parc informatique (c’est-à-dire que je recense qui a quoi) et je prends les commandes de nouveaux matériels. Mmmmm. Quand je dis ça, ça l’fait moins, non ? Parce qu’il n’y a pas à dire, mais je suis une bille en informatique, du moins dans son versant matériel et technique. OK, je ne suis pas ingénieur, je suis seulement docteur en info, mais l’intelligence artificielle a autant à voir avec le matériel informatique ou l’installation d’un réseau que... euh... disons, la psychanalyse n’en a avec la chirurgie du cerveau (vous ne voyez pas le rapport ? tant pis).
Bon, soit. Quand je commande du matos pour mes collègues, je suis à peu près sûr de rappeler notre fournisseur officiel dans 24 heures. La faible qualité du matériel est sans doute une raison de la chose, mais j’ai un peu l’impression d’être maudit : entre mes mains, un ordinateur ne démarre plus, le lecteur CD ne fonctionne qu’une fois sur deux, l’aspirateur n’aspire plus, la vitre du four éclate lors du nettoyage par pyrolyse. Donc, rien d’étonnant à ce que, parfois, je préfère m’adonner à la sculpture, là au moins, pas d’ennui lié des aberrations électroniques ou électriques.
Mais voilà. J’ai décidé de m’abonner à l’ADSL. Et donc, hier, j’ai reçu mon joli colis, j’ai tout sorti avec précaution, lu avec attention, j’ai allumé mon ordi, installé ce qu’il faut, tout s’est fait de manière quasi-automatique, mais... rien, problème de connexion. Je vérifie tout, je rebranche, éteins, redémarre l’ordinateur, réeffectue la manipulation, désinstalle, réinstalle, toujours rien, nada, que dalle, le néant de la connexion. De guerre lasse, après de longs moments à trifouiller vainement les câbles, à suivre les différentes voies des procédures d’installation sans succès, je me suis couché, en me disant que, définitivement, il y a un truc qui devait m’échapper.
Ce matin, je me suis préparé à appeler la hotline. Par précaution, j’ai réeffectué la manip de connexion qui, la veille, m’avait occasionné bien des crises de nerfs... et... miracle ! ça fonctionne.
J’imagine la honte suprême que j’aurais eu avec le personne de la hotline si cela s’était produit. Là, je n’avais rien fait d’autre qu’éteindre tout le matériel pendant la nuit, et Dieu sait que j’avais pourtant tout éteint pendant mes tests, quelques heures plus tôt, et cela a suffi pour que tout fonctionne comme il faut.
Mais pourquoi donc ? C’est un peu magique. J’ai donc une théorie. Le mariage réussi entre mon ordinateur et mon boîtier ADSL n’a pu se faire d’emblée. J’imagine mal la machine qui me sert d’ordinateur accepter directement de se faire pénétrer par la prise du modem. Oui, agir ainsi, ce n’est pas très galant. Par conséquent, mes deux appareils ont dû passer une nuit ensemble, sans être connecté, et ce n’est qu’après avoir pu rêver l’un et l’autre, dans dans des lits séparés, qu’ils ont pu ensuite entreprendre de se lier... et cela pour mon bonheur.
Ah, quand même, on est peu de choses. Tiens, faut que j’aille voir « I, robot », ça me changera les idées...


Mardi, le 20 juillet 2004
Plongée dans les ténèbres
Plein de trucs curieux arrivés ces derniers jours.
D’abord, une nouvelle qui m’a fait plaisir, sur l’instant : un copain qui déprimait depuis plus de deux ans suite à une rupture a retrouvé une petite amie. Content pour lui. Je demande des détails sur la miss. C’est une blonde de vingt ans. Ah... (il a plus de 15 ans qu’elle). Et, de la manière dont il me l’a décrite, elle est exactement comme son ex. Angoisse : l’histoire qu’il a vécue ne lui a vraiment pas servi de leçon ?
J’ai aussi eu des nouvelles de D. Un message sur mon répondeur. Depuis sa sortie de l’hôpital, il y a des mois, il n’avait plus donné signe de vie. Je l’ai aussitôt appelé. Il avait l’air complètement stone au téléphone. Il dort toute la journée, sonné par les médocs. Pourtant, avec la fin prochaine de son arrêt médical, il a pris conscience d’arriver au bout du tunnel cotonneux dans lequel on le laissait traîner depuis un an. Welcome to the real world.
Passage éclair de papa-maman. C’était sympa, ils étaient tout bronzés (la retraite, chez certains, ça signifie vraiment les vacances), et ça doit être la première fois qu’ils ont squatté dans mon nouvel appart.
Mon père avait son appareil photo. Alors petite mise à jour du sculpturoblog. Profitez-en pour voir de jolies choses...
À propos de « Jolies Choses », je vous conseille le blog de Virginie. Qui ça ? Indices : sexe, violence et drogue. Mais surtout des mots, des mots, des mots...
Sans transition : l’alcool tue au volant, et pas nécessairement celui qui a conduit bourré. Et quand il ne tue pas... ça peut donner ça... (vous n’aviez pas vu les jolies choses avant ? tant pis pour vous, c’est aussi ça, la vraie vie.)
Je crois que je vais passer à la nuit à écrire après des semaines à me contenter de bosser, mater des DVD et jouer sur l’ordi. C’est dingue, mais me faut-il l’électrochoc de me prendre une veste, voir des images fortes et lire des mots puissants pour retrouver l’essence de moi-même ?


Dimanche, le 20 juin 2004
Raku
Au cours de cette semaine, j’ai eu le plaisir de revoir un sympathique enseignant-chercheur japonais. Je lui ai fait un peu visiter Saint-Étienne, et je crois que c’est sans doute la première fois que j’ai servi de guide, n’étant pas encore arrivé dans la ville depuis an. Toutefois, comme je m’intéresse à mon cadre de vie immédiat, il ne m’a pas été trop difficile de présenter quelques curiosités, quelques témoignages du passé minier ou quelques endroits bien agréables de la ville comme ces ruelles où les bouquinistes gardent des trésors ou ces places où il est si doux de prendre un repas en terrasse.
Par ailleurs, j’aimerais bien un jour découvrir le Japon. J’ai failli y partir, il y a de cela quelques années à l’occasion d’une importante conférence, mais la date de soutenance de ma thèse m’a fait manquer ce rendez-vous. Alors j’assimile au quotidien certaines touches de culture de ce pays, que ce soit dans le domaine culinaire ou vidéo en allant de Kurosawa... au Capitaine Harlock de notre enfance, plus connu ici sous le nom d’Albator.
Une nouvelle envie venue du Japon concerne la sculpture. Samedi dernier, je suis allé à une exposition et je suis tombé sous le charmes des œuvres en terre cuites à raku du sculpteur. Le raku est une technique apparue au Japon au XVIe siècle où les pièces, juste après cuisson au four, sont mises dans un récipient (une grosse poubelle par exemple) avec des matières combustibles comme de la sciure ou du papier pour être enfumées un certain temps. Le carbone présent va alors agir avec les matières et donner des effets de surface étonnants. En admirant les séries de têtes de rhinocéros et les bustes de samouraïs, j’écoutais le sculpteur et mon prof d’arts plastiques parler de cette technique raku, des terres plus ou moins chamottées, des engobes, des températures de cuissons, des mélanges d’oxyde et des aléas : le résultat final est presque toujours surprenant. Dans de telles conditions, l’artiste se doit d’être aussi alchimiste...
Pour l’instant, je débute à peine dans la sculpture. Mes premiers essais présents sur le sculpturoblog sont le plus souvent des pièces en terre crue peintes à l’acrylique. Mais, qui sait, peut-être un jour prochain oserais-je aussi me lancer dans l’aventure du raku ?


Jeudi, le 10 juin 2004
Ne pas étouffer
La fin de l’année universitaire annonce les vacances pour les étudiants mais une période particulièrement chargée pour les enseignants : préparation des sujets d’examen, correction des copies, dossiers de candidature à examiner, auditions des nouveaux candidats, bref, difficile de pouvoir faire un tout petit peu de recherche quand on est débordé par ses activités administratives et pédagogiques.
Et c’est ce qui m’est arrivé. Et ce n’est pas fini. Je suis en train de terminer d’écrire un article pour une encyclopédie internationale, et j’ai bien du mal à réussir à avancer sa rédaction. Il est vrai que la chaleur suffocante n’est pas là pour m’aider : même si je résiste tant bien que mal à l’absence de climatisation, souvent un message d’alerte apparaît sur l’écran de mon ordinateur pour m’indiquer que la chaleur a atteint une valeur critique au sein des composants de la machine, aussi suis-je obligé de l’arrêter...
J’ai aussi prévu de partir dans ma région natale à l’occasion du mariage de mon petit frère, samedi prochain. Et Saint-Étienne, depuis plus d’une semaine, est une ville dont les voies ferrées sont paralysées en raison d’une grève...
Enfin, qu’importe... Durant cette période, pour ne pas me laisser étouffer par mes problèmes, j’ai quand même pris le temps de partir en Ardèche à l’occasion d’un week-end d’écriture avec l’ami Jean-Jacques. Même là, j’ai dû voler des heures sur mon sommeil afin de préparer des sujets d’examen. Et je ne regrette rien, à part le fait que mon ex-copine, malheureusement présente en ces lieux, ait tenté de m’empoisonner.
Il y a aussi eu, dimanche dernier, une intéressante représentation théâtrale organisée sur le thème de Francis Bacon au musée d’arts modernes. Y assister en présence d’une ravissante compagnie avait été très... rafraîchissant.
Hier et avant-hier, j’ai dîné avec Francis Valéry. Outre son indiscutable talent (assassiné) d’auteur, j’apprécie le personnage, cet attachant extraterrestre profondément humain, avec qui discuter autour de bonnes chères et boissons alcooliques est toujours un grand moment de partage d’idées (d)étonnantes. D’ailleurs, j’ai sans doute un peu trop bu et trop mangé ces derniers temps. Faudrait peut-être que je pense à surveiller mon alimentation... mais — gasp ! — samedi, il y aura le repas de mariage du frangin, ça ne va pas être simple...
Et puis...
Et puis à l’instant, les informations régionales viennent d’apporter un nouveau bol d’air dans mon univers. Des orages sont attendus en soirée, libérant la tension des cieux, et les agents de la SNCF locaux annoncent la fin de la grève avec un retour progressif à la normale en ce qui concerne la circulation des trains.
Je respire...


Dimanche, le 23 mai 2004
La fièvre et les frissons
Samedi. Le monde hispanique retient son souffle. Une femme du peuple, ancienne reine des médias, en disant oui au prince héritier, deviendra sans doute la reine d’Espagne. Amour passionné, vie princière et télévision, tel est le cocktail étonnant d’un conte de fées moderne.
Samedi, vingt heures. À Cannes, au Palais, annonce des prix du festival. Je m’en moque un peu mais je suis content d’apprendre la récompense française d’Agnès Jaoui pour le scénario et la palme états-unienne pour Michael Moore et son documentaire engagé.
Samedi, vingt heures. À Saint-Étienne, au Chaudron, coup d’envoi du dernier match de la ligue 2. De chez moi, alors que je prépare une pizza aux fruits de mer, j’entends la tension de la place de l’Hôtel de Ville où se sont rassemblés les supporters des Verts qui n’ont pas pu se rendre au stade.
Les volets fermés et le double vitrage ne me protègent pas de l’évolution du match. Premier but de l’équipe stéphanoise, cris de joie. Égalisation vingt minutes avant la fin, consternation. Mais l’ASSE réussit à doubler son score dans les derniers instants, et ainsi, en plus de passer à la saison prochaine en ligue 1, l’équipe de football stéphanoise devient championne de ligue 2. Après le match, c’est la fête. J’hésite à aller voir le concert situé à deux pas car, bien qu’amateur de musique populaire, je ne parviens pas à me couler dans l’ambiance.
Je reste insensible à cette fièvre et à ces frissons apportés par procuration.
Non, des frissons, je les ai ressentis en ce début de semaine lorsque, avec ces beaux jours, j’ai fait du « ski ». Oui, je suis rentré chez moi en roller, et comme je travaille sur une colline, le chemin du retour par le Parc de l’Europe et les contre-allées est entièrement en pente. Et en roller, on prend très facilement de la vitesse. Mais ici, pas de neige pour amortir les chutes, tout est un jeu de maîtrise de la vitesse, d’anticipation des mouvements des piétons et des voitures, des changements de glisse en fonction des différences revêtements du sol. Voilà l’occasion de se procurer quelques vrais frissons...


Mercredi, le 5 mai 2004
La cata...
Ça commencé comme ça. Jeudi 22 avril, je devais aller à Lyon en début d’après-midi pour faire de la recherche avec mes anciens collègues lorsque, suite au retard du TER prévu, j’ai suivi l’annonce des haut-parleurs de la gare de St-Étienne qui nous incitait à prendre à la place le TGV. Train à Grande Vitesse, paraît-il, mais le TGV ne prend de la vitesse qu’entre Lyon et Paris, aussi nous traînions-nous depuis cinq minutes quand un message nous a alerté que dans la voiture 8 un sac avait été trouvé sans son propriétaire et invitait celui-ci à se manifester au plus vite auprès du contrôleur. Une bombe ? Paranoïa, paranoïa...
Encore un peu plus tard, le train s’est arrêté complètement dans un endroit appelé Lorrette. Cette fois-ci, les haut-parleurs nous ont parlé d’un « incident personnel ».
Au bout de quelques minutes, nous avons vu les camions des pompiers, puis les véhicules du SAMU et de la police.
Bien évidemment, je me suis aussitôt rappelé cet événement.
Dans le compartiment, les rumeurs n’ont pas tardé à se répandre : « C’est un suicide » « C’est la personne qui a abandonné son sac qui s’est tuée dans les toilettes », puis à se contredire : « C’est une petite fille de douze ans qui a traversé la voie ». Nous nous armions de patience, mais quelques voyageurs agacés s’en sont quand même pris aux contrôleurs qui essayaient tant bien que mal de gérer la situation. Une dame d’un certain âge, paniquée de ne pouvoir attraper sa correspondance pour partir en vacances en Espagne, a lâché bien fort : « Quand même, il aurait pu se tuer ailleurs, il embête tout le monde ! »
Ma voisine d’en face et moi n’avions pu nous empêcher de nous regarder et de commenter avec sourire l’énormité de ces propos odieusement égoïstes.
Avec près de deux heures de retard, nous sommes enfin parvenus à Lyon.
J’ai profité du reste de la journée pour faire de la recherche, prendre des notes sur mon vieil ordinateur portable et la soirée s’est achevée avec mes collègues dans un restaurant dansant de la Presqu’île.
Retour normal au petit matin à St-Étienne. En lisant les journaux gratuits dans le train, ces multiples journaux distribués depuis quelque temps aux points stratégiques des stations de métro et à l’entrée de la gare, j’ai appris que l’incident de la veille était dû à un homme de 21 ans qui voulait mettre fin à ses jours et qui avait manqué son suicide, étant toujours vivant, mais qui s’était retrouvé les jambes en moins.
Je suis arrivé chez moi, j’ai rapidement pris une douche et un petit déjeuner, et j’ai sorti mon ordinateur portable... Et là, nouveau malheur, la connexion déjà bien mal en point entre l’unité centrale et l’écran a décidé de me lâcher...
Horreur ! J’avais prévu de préparer pendant le week-end un cours pour le mardi suivant sur ma machine... J’ai appelé mon plus jeune frère un peu en catastrophe pour lui demander conseil au sujet d’ordinateurs portables dont j’avais vu la publicité. Je suis allé à la faculté faire mes enseignements puis je me suis renseigné auprès des magasins pour savoir si les ordinateurs dont ils faisaient la promotion étaient encore disponibles. En fin d’après-midi, je m’étais décidé, et je suis allé débourser mes mille euros dans un grand magasin.
Le soir, j’ai lu avec attention le manuel, j’ai allumé la machine... et rien. Si, du son. Mais pas d’image. L’écran semblait ne pas fonctionner. J’ai vérifié les branchements, effectué deux ou trois nouveaux essais de démarrage. Toujours rien.
Dégoûté, j’ai tout rangé dans les cartons et, le lendemain, dès l’ouverture, je me suis retrouvé au magasin. Le technicien chargé de vérifier les ordinateurs n’arrivait qu’une demi-heure plus tard, bien entendu. Et lorsqu’il a mis l’ordinateur en route, l’écran s’est allumé, comme par magie.
Penaud, je suis rentré chez moi, sans comprendre, en ayant perdu pas mal de temps qui m’aurait pourtant été bien utile pour avancer la préparation de mon cours.
J’ai donc cherché à installer mes logiciels et mes données sur ma nouvelle machine, mais le lecteur de CD/DVD n’arrêtait pas de faire des siennes, faisant planter le système lorsqu’il ne parvenait pas à lire les données de mes archives.
Coup de fil à la hotline, un quart d’heure d’incompréhension pour se rendre compte que l’ordinateur n’avait pas l’autocollant du numéro de série, et tout ça pour se rendre compte que la personne à qui j’ai parlé ne savait pas trop s’il s’agissait d’un problème logiciel ou matériel. À force de persévérance, je suis parvenu à installer mon environnement de travail minimal, et donc j’ai pu passer mon week-end à bien avancer mon cours. Mardi, après une petite nuit pour cause d’ultimes préparations, j’ai pu réaliser ma présentation sans problème. L’après-midi, je suis allé au magasin avec mes CD et DVD pour pouvoir montrer de bonne foi le problème de mon lecteur de CD/DVD, espérant que j’aurais bien les soucis qui m’avaient tant ennuyé, mais les personnes du service après-vente n’ont pas été pénibles et ont bien voulu, sans faire de test, me l’échanger. Seulement, il n’y avait plus de machine de ce modèle en magasin, les derniers ordinateurs avaient été vendus... Il était donc convenu de me réaliser un avoir sur le magasin d’un montant de mille euros. En insistant un peu, j’ai réussi à me faire rembourser.
Je me suis donc retrouvé au point de départ, sans ordinateur. Toutefois, en y réfléchissant, j’ai pris mes mésaventures avec le sourire : finalement, j’ai eu droit à une location gratuite d’ordinateur portable pour le week-end, le lundi et le mardi...
Et pour l’heure, après avoir pris un peu plus de temps pour comparer les prix et les qualités des machines, j’écris avec mon nouvel ordinateur portable, un beau SONY un peu plus cher, mais tellement mieux et qui n’a pas un mode de fonctionnement aussi caractériel que le portable anonyme qui m’avait été vendu/repris il y a deux semaines.


Samedi, le 20 mars 2004
Tramway
Affublé d’un sac rempli de mon matériel de sculpture, j’arrive à l’arrêt de l’Hôtel de Ville. Dans le tram, je trouve une place tout à l’avant, juste derrière le chauffeur, l’endroit idéal pour poser un sac imposant sans déranger personne. Il n’est pas encore neuf heures du matin, ce samedi, la rame est à moitié vide, il est facile de trouver où s’asseoir.
En sortant un livre de ma poche, mes oreilles sont distraites un instant par un air de techno. Je ne peux m’empêcher d’essayer de regarder le conducteur. C’est un jeune. À l’arrêt du feu rouge, il en profite pour grignoter une bricole que je ne parviens à distinguer derrière la vitre fumée.
Avec un bouquin, j’arrive tout le temps à m’isoler et faire abstraction de la musique que diffusent les haut-parleurs des transports en commun. Suivant les chauffeurs et les moments, c’est RTL, Nostalgie, parfois Rire et chansons ou même France Inter. Ce matin, c’est Fun. Je me rappelle une fin de journée, il y a quelque temps, le chauffeur avait mis la radio un peu plus fort : les Verts jouaient à Geoffroy Guichard, aussi les amateurs pouvaient suivre religieusement l’évolution du score.
Un peu plus tard, avant treize heures, je reprends le tram pour me rendre au centre commercial. Je vois un tramway à l’arrêt mais je ne me dépêche pas : même en courant, je sais que je ne parviendrais pas à l’attraper. Un coup d’œil au panneau d’affichage électronique, le prochain arrivera dans deux minutes. Mais je ne suis pas le premier à l’attendre. Une jeune fille a aussi manqué la rame. Elle a une vingtaine d’années. Elle n’est pas très grande. Elle semble vouloir protéger ses doux yeux clairs derrière une paire de lunettes de vue. Ses longs cheveux sont splendides, d’une étonnante couleur fauve. Elle est vraiment ravissante. Le tram approche. Je me déplace un peu vers l’avant, finissant par connaître avec le temps la position où s’ouvrent les portes malgré l’absence de repères au sol. Bien entendu, j’entre le premier, je valide mon ticket, et je trouve à nouveau une place derrière le chauffeur. Cette fois-ci, la musique est du bon vieux rock. Oui, notre conducteur est d’un autre âge que le jeune de ce matin. J’ouvre le livre pour poursuivre ma lecture mais, au moment où mes yeux vont se poser sur les mots de Silverberg, je croise de la jolie fille aux cheveux fauves. Instantanément, je me mets à espérer qu’elle vienne s’asseoir à mes côtés, malgré les nombreuses autres places vacantes. Et elle exauce ma prière muette. En s’installant, elle remet sa chevelure en ordre d’un geste de la main, ce qui a pour effet de libérer les molécules son délicieux parfum. Mais voilà déjà le centre commercial. Je me lève à regret, n’emportant que le souvenir des effluves subtils et de la vision angélique.


Samedi, le 13 mars 2004
Métamorphoses, suite...
Une petite semaine à préparer de nouveaux cours... une petite semaine où notre laboratoire s’est vu privé de capitaine, le directeur ayant démissionné de ses fonctions... une petite semaine qui s’est achevée par la venue de mon petit frère à qui j’ai fait un peu visiter la ville.
Saint-Étienne est une ville en plein travaux, une ville qui change de visage, petit à petit, une ville qui « bouge dans le bon sens » comme l’indique si bien l’émission Vivre sa ville de France Culture (et que l’on peut écouter jusqu’au 20/03/2004).
Côté sculpture, une tête de jeune femme en argile que je n’avais plus touchée depuis 15 ans (oui, oui, elle date du collège) est passé à la perceuse et va changer radicalement pour devenir une tête de diablesse...
D’ailleurs, le sculpturoblog vient d’être mis à jour avec mes dernières créations : un Minotaure, un étrange félin, ainsi que la Méduse (encore en cours de travaux).
Enfin, à défaut de changer de visage, une modeste métamorphose personnelle des pieds à la tête : je suis allé chez le coiffeur et je me suis acheté une nouvelle paire de chaussures.
Bah, euh... C’est déjà ça, non ?


Dimanche, le 7 mars 2004
Article supprimé
(...)


Dimanche, le 29 février 2004
Article supprimé
(...)


Mercredi, le 25 février 2004
Article supprimé
(...)


Dimanche, le 15 février 2004
Ce week-end...
Céline, Voyage au bout de la nuit, lecture.
Radio, branchée sur France Culture.
De l’argile à modeler, sculptures.
Pour les créations en terre sèches, peinture.
Maintenant, des textes à avancer, écriture.
Et tout ça avec le rhume... C’est tur, euh dur !


Vendredi, le 30 janvier 2004
Instant lucide
Drôle de semaine à se croire maudit. De nouveaux ordinateurs à installer tombent en panne en ma présence. Serais-je doté d’un mauvais fluide magnétique ou le matériel actuel n’aurait-il plus les qualités d’antan ?
La fenêtre de mon bureau, heureusement, présente un spectacle enchanteur. La cour intérieure est enneigée, le bassin en partie gelé, des stalactites de glace se pendent sous la fontaine. Douce zénitude...
Ce matin, en prenant le bus, je suivais les périples de Flaubert dans son Voyage en Orient. De ce fait, je ne faisais guère attention à mon propre voyage. Dans mon dos, un homme s’est mis à fredonner une jolie chanson, trop bas cependant pour que je puisse en suivre les paroles. Puis son fils l’a accompagné, et le mélange de ces deux voix m’a surpris par son harmonie d’une rare beauté. Hélas, le père et l’enfant sont sortis trop tôt, étant arrivés devant l’école.
Au terminus, il n’y avait presque plus personne. J’ai rangé mon livre et ma voisine, que je n’avais pas remarquée, s’est tournée vers moi. Ce joli visage m’a demandé où se trouvait un institut dont je n’ai jamais entendu parlé. J’étais désolé de ne pouvoir l’aider.
Nous sommes tous un peu perdus hors de nos habitudes.
Non, voyons les choses autrement : il nous reste encore tout un univers à découvrir !


Samedi, le 17 janvier 2004
De bonnes résolutions
Ce soir, je me remets sérieusement à la réécriture de mon roman.
Depuis le mois de décembre, mes écrits en cours avaient été délaissés au profit de la sculpture et de la peinture.
Plusieurs raisons explique ce détournement passager. Tout d’abord, j’étais arrivé à un passage assez critique de mon texte qui demandait beaucoup de retouches, ce qui risquait de modifier un peu le cours de l’intrigue. À cela s’ajoute le fait que mon activité professionnelle (d’enseignant-chercheur en informatique) me prend énormément de temps, aussi n’ai-je plus guère envie, lors de mes rares moments de loisir, de me retrouver à nouveau devant un ordinateur et un traitement de texte (oui, c’est plus rigolo d’avoir de la terre ou de la peinture sur les doigts que ceux-ci posés sur un clavier).
Mais aujourd’hui, après avoir terminé de peindre mes dernières sculptures (les personnages d’une nouvelle crèche ainsi qu’un dragon dont je suis particulièrement fier), l’appel de l’écriture, auquel je faisais la sourde oreille pendant plus d’un mois, est devenu impossible à ignorer. Alors, au travail !
[Le week-end prochain, pas de mise à jour de Singuliers : je pars faire du ski...]


Dimanche, le 11 janvier 2004
Il n’y a pas à dire...
Lundi.
— Bonne année !
— Merci Fabrice. Bonne année, meilleurs vœux ! Alors, des bonnes résolutions pour cette année ?
Je réfléchis un instant.
— Euh... J’ai décidé d’arrêter de fumer.
— Ah, c’est bien ! Mais... tu n’as jamais fumé ?!
— Peut-être, mais comme tous ceux qui disent qu’ils arrêtent sont félicités ou encouragés, je me suis dit que moi aussi. Et puis, au moins c’est le genre de résolution que je suis sûr de tenir...

Un peu plus tard, un collègue affolé entre dans mon bureau.
— Fabrice, tu es au courant ? Il faut rendre les corrections demain !
— Mais non, ce n’est pas possible !
Je téléphone à la scolarité. À la réponse à ma question, je reste bouche bée. Je cesse aussitôt toute activité pour prendre mon stylo rouge et mon paquet de devoirs. Je quitte l’Université en milieu d’après-midi, m’isole dans mon appartement, ferme les volets. J’arrive à corriger vingt copies à l’heure au meilleur de ma forme. Mais j’ai un paquet de plus de 150 copies...

Soirée épouvantable. J’ai veillé à rester fidèle au barème, à noter les copies anonymes de la façon la plus juste possible, et à compter et recompter les points. Mais en fin de matinée, tout était corrigé, et j’avais obtenu pour mes étudiants une moyenne générale dans la norme, entre 10 et 11 sur 20.

Il n’y a pas à dire : c’est vraiment la rentrée...


Mercredi, le 31 décembre 2003
Strasbourg, entre modernisme et traditions
Quelques jours après Noël, je me suis rendu dans la capitale alsacienne (et européenne), ville qui m’a vu naître et qui a toujours gardé une place de choix dans mon cœur...
En ce tout début d’après-midi, le train régional circule à un bon rythme entre les petites gares. Mon regard n’arrive pas à se porter sur les pages du Flaubert grand ouvert, l’Éducation sentimentale attendra, mon attention s’accroche à ligne bleue des Vosges et à la Forêt Noire.
Ça y est, nous arrivons. Dès la sortie de la gare, une grande roue frappe d’emblée, la terre recrache quelques passants, je n’ai jamais pu me faire à l’idée de ce tram construit après avoir passé trois ans dans cette ville.
Je prends les rues qui me mènent à la place Kléber, m’arrête devant les boutiques de beaux-arts et de bricolage qui n’ouvriront qu’à 14 heures, entre au Virgin voir ce qu’il y a à l’étage de la librairie, me perds dans les envoûtants méandres de la librairie Kléber, et monte tout en haut de la Fnac. À chaque fois, la même déception : pas moyen de trouver l’anthologie Passés recomposés où se trouve ma première nouvelle. En sortant, je fais biper la portière. Je m’étonne : c’est mon sac. Accompagné d’un vigile, je vais dans les coulisses de la Fnac et sors un à un les divers objets dont je me suis encombré. Ce n’est pas le vieux Flaubert, c’est ma pochette. À l’intérieur se trouvent la facture et l’emballage d’un DVD, cadeau fait à mon frère, éléments que j’avais gardé pour procéder à un échange en cas de problème. Mais dans l’emballage, il y avait un antivol, tout s’explique.
Je traverse la place Kléber, veux prendre un raccourci et m’égare dans un vieux marché avant d’arriver devant la cathédrale.
La majesté de Notre-Dame m’éblouit à chaque fois. Les odeurs de vin chaud et d’épices du marché de Noël, comme une farandole de senteurs pour les narines, forment un joyeux compagnon dont on ne peut se passer avant de parvenir au pied de l’édifice de grès rose.
Merveilles de sculptures et de vitraux, merveille de précision aussi que l’horloge astronomique. Seul regret : ce lieu a un peu perdu son âme de maison de Dieu avec tous ces guides touristiques qui y vont de leurs petits commentaires en français ou en allemand.
Trois euros, je décide de monter les trois cents et quelques marches de la cathédrale. Je dépasse quelques familles qui reprennent leur souffle avant d’aboutir à la plate-forme. Comme c’est haut !
Je m’amuse à reconnaître les bâtiments, telle église, tel immeuble universitaire. La grande roue paraît bien petite vue d’ici. Là-bas, cette construction qui fait penser au Futuroscope, c’est l’endroit où se réunissent les parlementaires européens. Une gamine allemande demande à son père : « Wo ist Deutschland ? ». Celui-ci lui répond en pointant du doigt l’est et la petite fille, agitant la main, salue son pays.
Les marches se descendent plus facilement qu’elles ne se montent. Dans l’escalier, un jeune garçon évoque son souvenir de la Tour Eiffel où il a assisté à une demande en mariage. Belle idée.
Je passe dans une petite rue que j’empruntais souvent, étant étudiant, pour aller manger à un resto U. Je me rappelle qu’on y servait des pizzas cuites dans un four à pain et, le soir, des tartes flambées remplaçaient les pizzas, gastronomie régionale oblige.
Finalement, je décide de changer de chemin afin de longer l’Ill. Les quais m’ont toujours charmés avec leurs cygnes, le saule pleureur, et le lycée international aux allures de château. Je rejoins la BNU, la bibliothèque nationale et universitaire. J’étais souvent venu travailler ici, mais aussi me détendre dans des salles de lectures regorgeant de trésor. Je tombe sur un appareil de visualisation des microfiches et j’en profite pour vérifier comment se présent ma thèse dont j’ai reçu, tout récemment, des exemplaires dans ce format. Trois ans de travail tiennent sur un petit bout de plastique, on est bien peu de choses...
J’arrive devant le Palais Universitaire. « Palais U », ce nom m’a toujours intrigué. Ici a étudié Goethe. Je poursuis par la rue de l’Université. Je me rappelle ces endroits où, onze ans plus tôt, j’étais venu dans l’espoir d’étancher ma soif de savoir. Quand on y pense, j’ai passé trois ans dans cette faculté à étudier une matière que je n’enseigne même pas maintenant. Ce furent des années qui me donnèrent le goût des études, des années qui me décidèrent à quitter mes racines pour aller à Lyon afin de trouver une formation correspondant davantage à mes préoccupations scientifiques. Que sont devenus mes anciens profs ? Imaginaient-ils que je deviendrai un jour un collègue ?
Boulevard de la Victoire. Le tram y circule à présent pour le plus grand plaisir des étudiants du campus de l’Esplanade.
Tiens, encore d’autres changements. L’ENSAIS (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industrie de Strasbourg) est devenu un INSA (Institut National des Sciences Appliquées). Le resto U a fait peau neuve. La bibliothèque de sciences aussi. J’ai passé bien du temps là-bas, à lire, travailler, rencontrer des copains. J’y ai même eu l’idée de mon roman... que je n’ai commencé qu’arrivé à Lyon... dont j’ai failli publier une première partie à Paris... et que j’ai maintenant presque achevé, après une ultime phase de recorrection.
Je passe à côté des amphithéâtres. Un jour, une odeur épouvantable s’était répandue dans l’amphi suite à une panne de ventilation, nous révélant que les sous-sols abritaient une animalerie. Je flâne un peu du côté de la Faculté de Droit, reviens sur mes chemins, découvre des bâtiments d’une nouvelle école d’ingénieurs dédiée au domaine supramoléculaire, reprends le boulevard de la Victoire. La piscine, ou plutôt « les Établissements de Bains Municipaux »... Chaque semaine, à l’époque, j’y allais pour l’entraînement de plongée sous-marine en salle.
Je longe les quais jusqu’à tomber sur la Place des Halles. Je ne retrouve pas les magasins que je cherchais. Je traverse l’Ill afin de gagner la place Kléber puis prends à droite, en direction de la gare. Je m’arrête dans les boutiques de beaux-arts, récupérant de la peinture dans l’une, de l’argile dans l’autre. Mon sac est maintenant bien chargé avec les cinq kilos de terre, je vais pouvoir poursuivre la crèche de Noël que je sculpte en ce moment. Il fait nuit, je composte mon billet et fonce rejoindre la dernière voie, le train vient juste de se placer sur le quai. Un dernier regard et je retourne dans la campagne où vivent mes parents.


Samedi, le 20 décembre 2003
Une semaine de folie !
Vendredi 12. Ça y est ! Il est 10 heures du matin, on vient enfin de me livrer une partie de mes meubles... une table et des chaises, ouf ! Je file acheter des bricoles et je fonce à la gare de Châteaucreux où je viens accueillir André-François qui va passer le week-end à Saint-Étienne. Sur le chemin, je passe mes clés et mon plan de la ville au Capitaine, lui indique ce qu’il y a à manger dans le réfrigérateur et je retourne à toute vitesse à la faculté où je dois faire passer une série d’examens oraux de rattrapage.
Le soir, je retrouve André-François qui a passé son après-midi au Musée d’Art Moderne ainsi qu’à découvrir la ville. Un coup de fil. C’est Jean-Jacques. Avec son amie, nous allons dîner dans un curieux restaurant oriental familial. Les brochettes, merguez et salades, accompagnées de frites (?!), suffisent à nos estomacs, A.-F. a bien du mal à terminer son couscous.

Samedi 13. Je pars sur la pointe des pieds à l’atelier d’arts plastiques. J’en reviens avec une nouvelle sculpture en forme de dragon. A.-F. a passé la matinée à écrire (et à dormir aussi, quand même...). D’un pas léger, nous nous promenons dans la ville, nous poussons vers l’ouest, jusqu’à l’ancienne mine transformée aujourd’hui en musée, puis passons par des petites rues jusqu’à revenir chez moi pour déjeuner, puis reprenons notre visite dans l’après-midi en allant vers l’est et le sud, le Jardin des Plantes (bien mal nommé), la Maison de la Culture et son point de vue sur la ville aux bâtiments hétéroclites, le cours Fauriel... puis rebroussons chemin et tentons de rejoindre le centre à travers Saint Roch. Nous passons à côté de monuments dont de joyeux plaisantins ont habillé les statues de quelques vêtements et arrivons devant le Musée d’Art et d’Industrie. Des cycles, des armes et des rubans... L’esthète A.-F. n’est pas très chaud pour visiter ce musée-ci. Le bâtiment des Beaux-Arts et son jardin... Nous nous étonnons du fait que la Ville sache si peu mettre en valeur ce qui fait sa fierté. Avec la vente des sapins de Noël, Saint-Étienne a un agréable aspect forestier. Nous retournons chez moi, je suis appelé pour une soirée avec des collègues tandis qu’A.-F. va chez Jean-Jacques et son amie. Lorsque je les retrouve, je ne suis pas bien frais : je n’ai guère l’habitude de boire de l’alcool et certains vins liquoreux m’ont pris en traître.

Dimanche 14. Réveil à l’aurore sans aucune trace de la gueule de bois de la veille. Pendant qu’A.-F. dort du sommeil du juste, je poursuis ma sculpture en dragon. Puis il est l’heure de faire de courses avant l’arrivée d’A. & J.-J. et de préparer le repas. Beignets de crevettes et olives en entrée, servis dans ma nouvelle vaisselle asiatique, et cuisine au wok (champignons noirs et parfumés, soja, crevettes, noix de Saint-Jacques, riz), et beignets à la pomme et à la banane pour le dessert (qui ont mis bien du temps à cuire, je ne suis pas encore très à l’aise avec ce nouvel instrument de cuisine). Après le repas, nous avons discuté bouquins, le temps est bien vite passé, et A.-F. a dû reprendre ses affaires, direction la gare de Châteaucreux et retour à Lyon en car SNCF.

Lundi 15. Rien de particulier : préparation d’un cours pour le lendemain matin... Je suis à la bourre, j’avais prévu d’avancer un peu au cours du week-end. Je fais des gâteaux : deux cuisinés au four à micro-ondes (celui à la noix de coco et un autre amande-chocolat) et un troisième, inspiré par l’actualité, appelé « gâteau Bagdad » (dont je vais tâcher de donner la recette demain).

Mardi 16. Réveil à deux heures du matin pour terminer mon cours. Je pars à l’Université avec mes deux gâteaux cuisinés au four à micro-ondes. Tout se passe bien, on me souhaite un joyeux anniversaire en vrai ou par courrier électronique, après le déjeuner au restaurant universitaire, je fais goûter les gâteaux à mes collègues du laboratoire. Je rentre chez moi en début d’après-midi, passe vite faire des courses, m’occupe de la cuisine. À nouveau, de la nourriture asiatique, avec, cette fois-ci, des nouilles chinoises. Et du gingembre aussi (ça avait manqué au cours du repas du dimanche). Ainsi que des fruits (clémentines, litchis & mangue).
Mes invités arrivent peu après 19 h 30, comme convenu. Je sers les cocktails, vins et jus de fruits... Après quelques tentatives maladroites, tout le monde parvient plus ou moins à se servir des baguettes. Un copain passe en revue mes CD et décide de jouer au DJ. Au moment du dessert, deux amies s’affairent autour du gâteau afin de le recouvrir des 31 bougies. Cette soirée des plus charmantes se prolonge jusqu’à une heure du matin, mais nombre d’entre nous ont cours en matinée (ils sont presque tous, tout comme moi, de jeunes enseignants), aussi est-il l’heure de se dire au revoir.

Mercredi, Jeudi, Vendredi... Guère le temps de rattraper mon manque de sommeil. Nouveau réveil vendredi à 2 heures du matin afin de terminer un article à envoyer à une conférence internationale. Mais le vendredi soir, je quitte le laboratoire avec la satisfaction d’avoir terminé en beauté mon travail... Je reprendrais les préparations de nouveaux cours et corrections de copies d’examen l’année prochaine.
En attendant, je m’en vais passer quelques jours auprès de ma famille, quelques jours de vacances que je n’aurais certainement pas volés !


Dimanche, le 23 novembre 2003
Décalage hor’art
Samedi, 18 heures, gros coup de pompe alors que je suis en train de travailler sur un nouvel article de recherche.
Allez, une petite sieste, rien qu’une heure, histoire d’avoir de l’inspiration.
Réveil embrumé. Il est plus de 23 heures.
À la radio, des animateurs jouent aux DJ’s et invitent les auditeurs à venir les rejoindre dans une boîte du coin.
J’ai une pêche d’enfer. Boosté par la musique, je transforme mon loft en atelier. Je démonte une lampe halogène que j’ai bricolée mais qui manque encore d’une certaine touche esthétique. Avec de la terre, je m’arrange pour que la lampe ait une jolie structure.
Et comme je suis lancé, je me décide à commencer une nouvelle sculpture, un monstre angélique inspiré de la Chaire de la Vérité de la Cathédrale de Liège.
Un peu plus tard, ma créature prend forme. J’entends à la radio que la soirée à la discothèque s’achève. Déjà 4 heures du matin !
Euh... Si je retournais bosser mon article ?


Mardi, le 18 novembre 2003
Avinnersaire : un an sur la blogosphère
Ça y est !
Le weblog, blog ou avirtuel Singuliers fête sa première année d’existence.
Dans mon premier message, je me posais diverses questions :
  • Aurais-je réalisé une bonne thèse ?
  • Serais-je qualifié au poste de maître de conférences ?
  • Y aura-t-il un poste dans mon domaine ?
  • Devrais-je quitter cette bonne ville de Lyon ?
À toutes ces questions, je peux à présent répondre par l’affirmative, ayant depuis trouvé un poste d’enseignant-chercheur à Saint-Étienne.
Et en un an, outre les changements dans ma vie professionnelle ainsi que l’écriture et la publication de mon premier texte, bien d’autres choses se sont passées...
  • 5000 visites depuis janvier 2003 et le passage de Blogger à Free (et un nouveau déménagement de Singuliers qui se produira sans doute prochainement si Free ne parvient pas à régler tous ses problèmes) ;
  • des posts journaliers, passage à un rythme hebdomadaire ;
  • des prises de tête à trouver comment faire débuter le titre de mes posts par le terme « avis  » ;
  • apparitions de nouveaux blogs, disparitions de certains (comme Eaux troubles d’Olivier) ou changements de noms d’autres (Captain & Books d’André-François est devenu >>Neverlands) ;
  • via le blog et Internet, j’ai fait la connaissance de la sympathique bloggeuse canadienne Akelia qui, entre deux voyages en Europe, vit depuis quelques mois dans la région lyonnaise ;
  • plus triste, la Gang, cette extraordinaire entité qui regroupait mes amis auteurs et amateurs de science-fiction et fantasy, semble avoir perdu sa vitalité et sa raison d’être...
Merci de votre fidélité et à bientôt pour d’autres avis singuliers dans un monde pluriel !


Dimanche, le 16 novembre 2003
(L)a vie d’artiste
Ô joie, ô bonheur !
J’ai enfin eu le temps de m’acheter des meubles. Oui, depuis septembre, je dormais sur un matelas posé à même le sol. Maintenant, ça y est, j’ai un vrai lit, un tout beau qui va bien avec mon loft. Alors je joue au décorateur d’intérieur, une armoire ici, un luminaire là, j’essaie de rendre mon lieu de vie le plus esthétique possible... Enfin, pour l’instant, je ne me suis pas encore fait livrer mes diverses autres commandes, je n’ai pas encore confirmation de la justesse de mes choix.
Et puis, je reprends des cours d’arts plastiques. C’est fou ce que le fait de sculpter me manquait ! Quel plaisir de retoucher de la terre, de sentir les formes naître sous ses doigts !
Tiens, je me demande d’ailleurs si je n’étais pas sorti dans le passé avec une jolie sculpteur (sculpteuse ? sculptrice ?) simplement par amour de ses créations...
Qu’importe !
Ah, j’apprécie mille fois mon appartement avec ses grandes fenêtres, ses murs aux tonalités claires, sa lumière... Idéal pour s’en servir comme atelier.
Mais bon, allez savoir pourquoi, mes premières sculptures sont d’étranges et terrifiantes créatures sorties des plus noires profondeurs de mon imaginaire...


Samedi, le 8 novembre 2003
Avide de bonne chère : le cuisinier gaffeur
De mon séjour en Provence, j’ai rapporté un moule à kouglof. Oui, je sais, les kouglofs, ou « kougelhopf », sont des gâteaux alsaciens, mais je ne suis plus à un paradoxe près. En plus, à mon retour de Vieuxbourg, j’ai eu la surprise de voir que le magasin où j’ai l’habitude de faire mes courses proposait cette semaine des spécialités culinaires d’Alsace. Alors, j’ai acheté une « palette à la diable » (un rôti de porc cuit à la moutarde et à la bière) et des  «spätzle » (pâtes alimentaires de semoule de blé dur aux œufs frais ; prononcez : « chpè-tzlé »).
Bon, ça s’annonçait bien : je devais voir mes amis de la Gang le dimanche et pensais venir en apporter le gâteau alsacien. De plus, je me disais que j’allais pouvoir présenter la recette du kouglof sur le weblog que vous êtes présentement en train de lire, ça changerait un peu de mes gâteaux cuits au four micro-ondes.
Problème : je disposais de deux recettes de kouglof, une que je tenais de ma gentille maman, l’autre indiquée sur le paquet de raisins secs dont je devais me servir pour la constitution du gâteau. Et les quantités, suivant les deux sources, variaient du simple au double pour la farine... De quoi me laisser perplexe. J’ai donc suivi la recette maternelle, m’inquiétant quand même quelque peu du mal que la préparation avait à lever ainsi que des étranges morceaux de pâte tout durs obtenus après l’avoir à nouveau mélangé. Par ailleurs, la constitution désespérément collante et granuleuse de la pâte, au lieu de disposer d’une belle forme en boule à mettre dans le moule avant de passer le tout au four (il paraît que le terme « Kügel », qui a donné kouglof, signifie « boule » en alsacien), n’était guère rassurante. J’ai programmé mon four, suis parti faire mes courses, et, à mon retour, j’ai découvert avec horreur que de la pâte aux raisins secs (non cuite chose) avait débordé partout. Soit. J’ai démoulé le gâteau. Il n’était pas cuit. J’ai donc tenté de le remettre au four un moment, mais c’était peine perdue.
Tant pis.
J’ai nettoyé mon four et fait cuire la palette à la diable tout en préparant mes spätzle. C’était très bon, et il m’en restait plein à congeler.
J’ai fait la vaisselle et décidé de nettoyer mon four avec un bon coup de pyrolyse. Le four s’est bloqué et a commencé à chauffer. Fort. Très fort. Tiens, un bruit de verre ! Non, je m’étais dit que j’avais rêvé.
La pyrolyse terminée, une surprise m’attendait... Une toile d’araignée était apparue dans mon four : la vitre interne n’avait pas supporté la chaleur intense et s’était cassée.
Las. J’avais tout faux...
J’ai fini par préparer un gâteau aux pruneaux, c’est quand même bien plus simple que de faire de la cuisine traditionnelle.


Samedi, le 1er novembre 2003
À Vieuxbourg, pour être calme, c’est calme...
J’ai testé pour vous... les vacances !
Oui, cela faisait vraiment longtemps que je n’avais pas fait de pause dans mon activité professionnelle, alors, un peu par hasard, je suis parti dans un lieu fort apprécié des curistes.
Mais les curistes, ce ne sont pas des anciens de l’Université Paris VI, rien à voir non plus avec l’Église catholique ni avec les amateurs de cuisine au curry. Non, les curistes, ce sont des personnes qui se trimballent avec des sacs transparents dans lesquels elles transportent un curieux matériel composé de tuyaux, de tubes, de récipients, d’inhalateurs, de pastilles de Javel à diluer dans 5 litres d’eau, et qui, lorsqu’elles rencontrent des semblables, leur parlent dans un langage ésotérique fait de prénoms féminins et d’étranges onomatopées en « ké-ké-ké-ké-ké ! ».
Oui, les curistes sont là pour être soignés et remis en forme et, a priori, ça semble plutôt bien marcher car, au bout de trois semaines, les piles sont rechargées pour une année. Seulement voilà, dans cette petite ville provençale, il n’y a quasiment que des gens comme ça. Et des personnes qui ont besoin de ce genre de soin, ce sont surtout des personnes d’un certain âge ou, au moins, qui sont malades. Ouais, pas très rock and roll comme endroit. Pour des vacances à regarder de charmantes créatures en bikini bronzer sur des plages de sable fin, ce n’était pas tout à fait le lieu. Ni la saison, de toute façon.
Je suis arrivé à Vieuxbourg dimanche, en début d’après-midi, sous une pluie battante, entre chien et loup (nous venions de changer d’heure). Un oncle curiste, venu d’Auvergne en voiture, m’avait pris au passage à Saint-Étienne. Je n’ai découvert Vieuxbourg-les-Bains que le lendemain : joli village provençal tout en pente avec ses rues escarpées, ses places, son église, sa rivière, son lotissement et, bien entendu, ses établissements thermaux.
Programme d’une journée-type : Sept heures du matin, je pars courir. Il n’y a personne dehors de si bonne heure. Plouf ! Les canards, surpris par le joggeur matinal que je suis, rejoignent la rivière. Au bout de trois-quart d’heure, je termine mon parcours par la boulangerie où j’achète croissant et baguette. Le reste de la matinée, je suis devant l’ordinateur à corriger un chapitre tout en jetant un vague coup d’œil de temps à autre aux clips d’une chaîne musicale. Vers midi, mes parents et mon oncle curistes arrivent, nous déjeunons et l’après-midi, nous visitons les alentours.
Retour vendredi, à nouveau sous une pluie battante, à la gare TGV d’Aix-en-Provence, pluie qui ne me quittera pas du chemin jusqu’à Lyon ou Saint-Étienne. Le temps de marcher jusqu’à chez moi, je suis trempé. Quelques messages sur le répondeur me réchauffent. Mais Halloween sera fêtée sans moi : quel temps !
Bilan de ces quelques jours sans Internet ni jeu sur ordinateur : j’ai pu voir ma famille, j’ai visité des endroits plaisants, je me suis reposé et, surtout, j’ai eu le temps de corriger le premier quart de mon roman. Finalement, même à Vieuxbourg, ce n’est pas si mal que ça, les vacances !


Samedi, le 18 octobre 2003
Avis de décès : lorsque j’étais mort...
En ce moment, à Saint-Étienne, se déroule l’événement Livres en Fête.
Au programme : auteurs venus dédicacer leurs ouvrages, stands de libraires et bouquinistes, ateliers et animations diverses.
Hier, j’ai fait un petit tour sur le lieu de cette manifestation culturelle en essayer de voir si certains auteurs m’étaient familiers et j’ai vu le nom de Fabrice Colin, récemment primé (tout comme Jean-Jacques Girardot, voir post ci-dessous) au Grand Prix de l’Imaginaire.
Fabrice Colin et moi-même avons comme points communs d’être nés la même année, d’avoir le même prénom, et d’écrire tous les deux dans le domaine de la littérature de l’imaginaire, bien que lui soit un auteur bien plus publié que moi et qu’il écrive davantage dans le domaine de la Fantasy.
Il y a de cela quelques années, j’étais étudiant à Paris, et lors d’une rencontre organisée par le Club Présences d’Esprits, on m’avait pris pour lui...
C’est toujours ennuyeux d’être pris pour quelqu’un d’autre.
Voici une anecdote qui m’est arrivée justement à cette époque où je poursuivais mes études à Jussieu.
Un jour de novembre, mes parents eurent la surprise de recevoir une lettre d’une dame d’un village voisin, cette dame s’avérant être la mère d’un de mes anciens camarades de classe de collège. Un détail aurait pu mettre la puce à l’oreille de mes parents : le nom de famille était mal orthographié (« Méreste » est un pseudonyme, mon véritable patronyme étant trop difficile à écrire correctement par le commun des mortels). Dans cette lettre, une carte indiquant : « Sincères Condoléances » avec une image de fleurs tristes comme il convient dans ce genre de situation.
En ouvrant la carte, mes parents purent lire le texte suivant, en caractères d’imprimerie :

« Le livre de la vie

est le livre suprême

qu’on ne peut ni fermer

ni ouvrir à son choix.

On voudrait revenir

à la page que l’on aime

et la page du chagrin

est déjà sous nos doigts.


Sincères Condoléances. »


Puis, écrit à la main :
« Je suis bouleversée par le deuil qui vous frappe. Croyez en ma sympathie bien attristée. »
Suivis du nom de la mère de mon ancien copain de classe et d’un post-scriptum : « Si je peux vous aider... »
Passé le premier moment d’émotion et de surprise, mes parents m’ont quand même appelé par téléphone pour prendre de mes nouvelles, et comme je me portais comme un charme, ma mère s’est décidée à prévenir la personne à l’origine de la lettre afin de la rassurer.
L’explication était simple : quelques jours plus tôt, un malheureux homonyme (à une lettre près dans l’écriture du nom de famille), du même âge et de la même région natale que moi, s’était tué dans un accident de voiture. L’avis de décès avait été publié dans les pages nécrologiques du journal local.
Certaines personnes ont cru qu’il s’agissait de moi, comme des habitants du village de mes parents, mais voyant que ma mère ne semblait en rien touchée par le décès de son fils aîné, ils ont vite compris qu’il ne s’agissait pas de moi : une lettre de différence dans le nom de famille ainsi que l’activité du défunt (serveur dans un restaurant) avait fini par lever le doute.
Quoi qu’il en soit, apprendre que j’avais été considéré comme mort aux yeux de certains est une drôle d’expérience : cela permet de relativiser les problèmes divers qui nous touchent car ceux-ci sont toujours bien dérisoires face à la chance que nous avons d’être vivants.


Mercredi, le 8 octobre 2003
Avis de dérangement
Lors des derniers jours de septembre, l’opérateur national (mais privé) de télécommunications (non, je ne vais pas leur faire de publicité, en plus !) me fait une proposition bien jolie : la possibilité d’envoyer des mini-messages (ou SMS, ou textos) à partir de ma ligne fixe (oui, je n’ai et ne veux pas de téléphone portable sans pour autant me priver des nouvelles formes de communication).
Joie, ce vendredi-là, je vais sur le site web de l’opérateur téléphonique et je m’abonne aux options payantes d’affichage du nom ou du numéro, options nécessaires à l’activation du service gratuit de la possibilité d’envoi et de réception des textos (cherchez l’erreur) et j’attends que ma demande soit prise en compte.
Le week-end se passe, mais rien n’est changé sur ma ligne.
Je profite d’un moment de libre, le mardi matin suivant, pour aller à l’agence la plus proche de cet opérateur téléphonique. J’attends patiemment mon tour, j’expose mon problème, et on me confirme qu’il y avait effectivement un petit souci technique et que ma commande était bloquée mais que tout allait se mettre en place dans les heures qui allaient suivre.
Je rentre chez moi, bien content que tout puisse se régler aussi simplement, mais m’étonne quand même, en souhaitant faire une mise à jour de mon blog, de ne plus avoir accès à Internet. Et de ne plus pouvoir appeler depuis mon poste fixe non plus, d’ailleurs.
Je pars travailler, j’essaie d’appeler chez moi depuis mon bureau, et j’aboutis finalement à une boutique de lingerie. N’ayant rien de particulier à acheter, je m’excuse, un peu surpris, et raccroche. Aurais-je fait un faux numéro ?
Un peu plus tard, je rappelle, tombe à nouveau sur la boutique de lingerie, j’expose mon problème et à la vendeuse qui me confirme que, depuis le matin, elle a rencontré des anomalies avec son téléphone et n’a reçu aucun appel de ses clients (et surtout clientes). Je comprends : ma ligne téléphonique a été redirigée par erreur chez cette boutique voisine...
Le lendemain, je retourne à l’agence de l’opérateur téléphonique, j’attends mon tour, expose mon problème à une personne qui m’arrête tout de suite en disant que c’est au service central que je dois m’adresser. Je lui rétorque que, justement, je n’ai plus accès au téléphone, celui-ci m’indique un téléphone spécial dans son agence où je peux appeler. Je décroche, appuie sur un bouton présélectionné qui compose automatiquement le numéro, une voix enregistrée me demande de préciser mon problème en appuyant sur une touche, chose que je ne peux faire avec ce téléphone spécial, et, le premier moment de perplexité passé, j’arrive quand même à avoir un interlocuteur à qui je raconte la situation ubuesque que je vis en ce moment.
Je rentre chez moi, un peu agacé quand même, et trouve dans ma boîte aux lettres deux courriers de l’opérateur téléphonique. Premier courrier, c’est le contrat d’affichage du numéro et du nom de l’appelant, ce qui me permet d’avoir l’option mini-messages... entre le lignes, je peux lire qu’on me félicite d’être un si bon client et d’avoir si bon goût. Deuxième courrier, c’est une lettre de rappel valant mise en demeure ! Là, c’est à la limite de l’insulte, et vas-y que je te menace de te faire payer 10% de plus si tout n’est pas réglé dans moins d’une semaine, ou plutôt cinq jours, vu le trajet par poste.
Mais c’est quoi, ce cirque ?
Je retourne à mon bureau, appelle le numéro indiqué sur la lettre de l’opérateur téléphonique et la personne à qui je m’adresse m’indique que l’autorisation de prélèvement automatique effectuée par mes soins n’a pu être prise en compte et que donc je dois régler au plus tôt ma facture par carte bancaire. J’appelle ensuite ma banque qui me confirme que l’autorisation de prélèvement a été validée... le jour même où le prélèvement aurait dû être effectué, d’où ce couac.
Le soir-même, je retrouve ma ligne téléphonique, je peux appeler l’opérateur pour effectuer le paiement de ma facture... Las, tout commence enfin à rentrer dans l’ordre.
C’est alors que j’essaie l’option mini-messages en écrivant un petit mot sur le téléphone portable de mon frère. Ça ne marche toujours pas. Quelques jours plus tard, en recevant le contrat détaillé de cette option, je comprends : il ne m’est possible d’envoyer des textos qu’aux numéros de téléphones fixes équipés de la même option (je ne connais encore personne dans ce cas) ou aux possesseurs de téléphones portables ayant comme opérateur téléphonique la filiale colorée de l’opérateur national. Cependant tous mes correspondants téléphoniques, amis ou famille, ont pris des abonnements auprès d’opérateurs concurrents...


Jeudi, le 25 septembre 2003
À visiter : Saint-Étienne
Samedi et dimanche derniers étaient organisées les Journées du Patrimoine.
J’en ai profité pour découvrir ma nouvelle ville d’adoption.
Samedi matin. Rendez-vous devant l’Office du Tourisme. Nous sommes un groupe d’une quarantaine de personnes, pas mal de personnes âgées, mais je ne suis pas le seul jeune, loin s’en faut. Saint-Étienne en 39-45. Un guide conférencier nous parle des lieux martyrs (comme l’église Saint-François bombardée, un jour de mariage, par les Américains qui cherchaient à détruire la gare à quelques rues de là), des bâtiments occupés par les Allemands, des endroits où se réunissaient les groupes de résistants. Anecdote amusante : une pharmacie appelée « à la Croix de Lorraine », sur laquelle était écrit en grand « Renseignements ici », était un grand lieu d’échanges d’information des Résistances. Et jamais cette pharmacie n’a été inquiétée par la gestapo. Comme quoi, plus c’est gros...
Samedi après-midi, 14 heures, visite du rez-de-chaussée de l’Hôtel de Villeneuve. Plongée dans le XVIIe siècle. L’association des Amis du Vieux Saint-Étienne comprend des passionnés qui se font un plaisir de raconter les anecdotes du passé stéphanois, des luttes entre la Seigneurie voisine et la ville industrieuse. Des cassettes audios sont données gratuitement, on peut y entendre des chansons et saynètes en « parler gaga », le langage populaire stéphanois à l’accent si particulier et aux étonnantes expressions.
Quinze heures, devant l’église Saint-Louis, nouvelle visite guidée. Tiens, c’est le même guide conférencier. L’hôtel Jullien-Chomat de Villeneuve, dont je venais de visiter une partie, est le cœur d’un îlot datant du milieu du XVIIe siècle. Promenade commentée dans les étroites rues médiévales, contraste avec la Grand’Rue, cette avenue aux noms divers le long de son tracé (ici, la rue Gambetta) où circule le tramway, du nord (le Forez) au sud (le Pilat). Explication de l’implantation de Saint-Étienne par sa rivière, le Furan (prononcez : « le Furâon » avec l’accent stéphanois) qui avait des propriétés intéressantes pour la trempe des métaux, d’où la fabrique d’armes sous François I et les artisans de la coutellerie et de la « clinquaillerie ». Croissance arrêtée par les eaux et la « ceinture mystique », c’est-à-dire la présence de nombreux couvents établis à la période de la Contre-Réforme. Saint-Étienne avait pu s’étendre à la Révolution, lorsque les terrains des ordres religieux étaient passés à l’État.
Dimanche matin, nouvelle visite. Circuit-découverte des monuments historiques de la ville. Tiens, un autre guide. Tiens, nous croisons le guide de hier qui fait un autre circuit. Les beaux bâtiments ont tous un lien plus ou moins direct avec l’activité des passementiers, ces artisans du ruban, frères ennemis des canuts lyonnais. Petit passage à côté d’une œuvre d’art ratée au niveau de la place du Peuple : le Chronocycle, une grande roue de pierre au mouvement de rotation infime (un tour en un an) censé représenter le temps qui passe. Échec car les infiltrations du Furan ont fait rouiller les énormes engrenages de la machine... (on n’entend plus le mécanisme formidable qui l’actionne mais il arrive que l’on voie celle-ci parfois tourner, ce qui est un comble).
Dimanche après-midi, musée de la Mine. Plongée dans l’univers des mineurs. Instructif. Vivant. Impressionnant. Le charbon avait fait la richesse de la ville mais, aujourd’hui, cette activité n’existe plus dans la région et les crassiers se sont couverts de verdure. Une page est tournée.
Dans la cour du musée, un trio de musiciens-chanteurs-comédiens appelés « les compagnies Brossard ». Je tombe sous le charme de leurs étonnantes interprétations des chansons des années 1930 à 50. À 18 heures, le trio a épuisé son répertoire. Je suis arrivé au musée de la Mine à 14 heures... Que le temps passe vite !
Au final, un week-end culturel bien sympathique... les a priori négatifs que j’avais pu avoir sur Saint-Étienne, en tant qu’ex-lyonnais, sont tombés : cette ville, certes moins gâtée par l’histoire que sa voisine Lyon, est pleine de charmes.


Dimanche, le 7 septembre 2003
Compte-rendu (bien singulier) de la XXXème Convention nationale de Science-fiction française
1. Introduction

Ça l’air d’un film :

Sara et la Convention perdue

...mais, non, il s’agit de la convention S.-F. nationale de 2003, ou plutôt de la « Convention transnationale d’imaginaire francophone » puisque celle-ci s’est déroulée du 28 au 31 août 2003 au Centre wallon d’art contemporain de la Châtaigneraie, à Flémalle, au sud de Liège.
Une convention hors norme, en quelque sorte, puisque hors de France (même si quelques conventions S.-F. avaient déjà eu lieu auparavant en Belgique ou en Suisse) mais aussi hors du simple domaine de la science-fiction car les autres genres de la littérature de l’imaginaire (fantasy et fantastique, et même polar) étaient aussi à l’honneur.
Hors norme enfin par le jeu de rôles dans lequel se sont retrouvés plongés les participants et invités à la convention.


2. Au cours du mois de juillet...

Dans un document attaché à un courrier envoyé par Sara Doke, il est indiqué :
« Joueur : Méreste, Fabrice
Groupe : Agents du Vatican (représentants des gardiens de l’Aggartha)
Membres : Jean-Claude Dunyach, Fabrice Méreste
Alliés : Personne !
Ennemis : Tout le monde
Signe distinctif : chemise blanche et accessoire noir (n’oubliez pas que vous êtes des prêtres) (...) »
Sont aussi indiqués les personnages connus et reconnus, missions et historique.
Ouh là ! Je ne comprends pas grand chose, c’est la première fois que je participe à un jeu de rôles. Bon, ça peut être drôle. Je mets dans mon sac de voyage un jeans noir et une chemise blanche...


3. Jeudi 28 août 2003 : le départ

Jean-Jacques Girardot, son fils Alain, et moi-même, à savoir les Stéphanois de la Gang, retrouvons les Lyonnais chez Sylvie Lainé à 7 heures du matin.
Tout le monde est déjà là (André-François Ruaud, Gizmo Mergey, ainsi qu’un fan et auteur suisse prénommé Vincent) mais ce n’est pas pour autant que nous partons pour la Belgique : nous discutons entre copains en prenant le petit déjeuner.
Les Stéphanois prennent place dans la voiture de Jean-Jacques et les autres (Sylvie, Vincent, André et Gizmo) dans la Gizmobile, nous voilà enfin sur le départ alors que le jour tarde à se lever : nous ne sommes plus habitués aux gros nuages gris après cette canicule.
Nous quittons la région Rhône-Alpes, traversons la Bourgogne, entrons en Champagne-Ardenne, passons par la Lorraine (avec nos sabots) et déjeunons à Luxembourg où Georges, un ami d’André-François qui travaille dans cette ville, nous montre quelques bien beaux endroits le temps d’une visite-éclair.
Nouveau changement de frontière : la Belgique. Le chemin semble long pour aller jusqu’à Liège. Jean-Jacques quitte l’autoroute à un moment pour prendre de l’essence dans une bourgade appelée « Vaux-sur-Sûre ». Ce nom curieux nous rappelle la blague au sujet des manifestations de mai 68 à Bruxelles : du côté des étudiants, on criait : « CRS, SS ! » et du côté des forces de l’ordre : « Étudiants, -diants, -diants ! »
Liège nous accueille sous une pluie battante. Nous suivons la voiture de Gizmo. Nous arrivons en centre-ville, tournons, hésitons... il est dur de trouver son chemin lorsque les panneaux sont difficiles à voir ou lorsqu’une route prévue dans l’itinéraire est barrée.
En fin d’après-midi, nous parvenons enfin à l’hôtel, à Rocourt, dans la périphérie de Liège. Nos chambres ont bien été réservées. Mais c’est Anne Smulders qui a nos factures (et le numéro du code pour ouvrir le portail de nuit). Elle a bien fait : arrivés trop tard, nous n’aurions pu trouver quelqu’un à l’accueil de l’hôtel. Nous nous rendons au lieu de la convention, et le chemin n’est pas moins simple que pour aller jusqu’à l’hôtel (doux euphémisme).
Il pleut, il fait froid, nous sommes fourbus. Je ne remarquerai la beauté de la Châtaigneraie que plus tard, petit manoir entouré d’un parc qui n’est pas sans évoquer le Moulinsart de Tintin.
Nous avons manqué le programme de l’après-midi, tant pis. Dommage pour la conférence de l’auteur britannique Brian Stableford sur « l’Imaginaire du XIXème siècle », celle de Patrick Marcel sur le fantastique (auteur, entre autre, du guide Atlas des brumes et des ombres sur le Fantastique en Folio S.-F., ah, ben non, en fait, cette conférence n’a pas eu lieu m’a-t-on rapporté), et la rencontre avec Jean-Marie Buchet, cinéaste et historien du cinéma au sujet de « Cinéma et Science-fiction ». De toute manière, les conventions, ce n’est pas seulement assister à une série de rencontres, conférences, tables rondes et débats, c’est aussi et surtout l’occasion de retrouver des copains, de rencontrer des auteurs, de faire de nouvelles connaissances avec des personnes qui partagent le même intérêt pour la science-fiction, ou, d’une manière plus globale, pour la littérature de l’imaginaire.
À l’accueil, c’est Jean-Claude Dunyach, mon partenaire dans le jeu de rôles, qui s’occupe de la caisse : tickets repas et « delsemmes » pour les boissons. Comme l’année passée, les bières et cafés se paient avec une monnaie de singe : le delsemme, en l’honneur de Serge, cet auteur de S.-F. liégeois récemment disparu.
À peine le temps de dire bonjour aux copains présents, de jeter un coup d’œil aux œuvres exposées à l’étage (sculptures, peintures et collages d’inspiration science-fictionnelle ou fantastique) et c’est déjà l’heure de dîner (ou plutôt de « souper » car, en Belgique, le terme « dîner » s’applique à ce que nous, Français, appelons le « déjeuner »). Nous nous retrouvons sous une grande tente pour nous restaurer : soupe, puis boulet (?) de viande et... frites, bien entendu, et enfin dessert ou fromage, je ne me rappelle plus.
Il est bien tard lorsque nous avons terminé de manger, la conférence prévue par le professeur Tassilo Von Töplitz est reportée au lendemain.
Vincent, notre nouvel ami helvète, plutôt que d’aller dormir à l’auberge de jeunesse, souhaite rester en compagnie de la Gang, il partagera donc ma chambre pendant ces trois nuits. Retour à l’hôtel (en suivant les voitures de ceux qui connaissent le chemin), puis dodo...


4. Vendredi 29 août 2003

Petit déjeuner dans la salle à manger de l’hôtel. Les habitués (qui sont déjà debouts) occupent les lieux : Raymond Milési, Pierre Stolze, Alain Huet, Jérôme Baud...
Nous suivons les voitures pour arriver jusqu’au lieu de la convention.
Assemblée générale de l’association Infini.
[J’échappe pour un moment à la convention car je dois retrouver un de mes meilleurs amis que je n’ai plus vu depuis plus de... dix ans, ami que j’avais connu au temps d’un stage réalisé à Seraing, ville voisine de Flémalle. Cet ami, Africain d’origine rwandaise, est justement de passage aux Pays-Bas et en Belgique, et il a pu s’arranger pour venir à Liège au moment où j’étais aussi présent. Vers 11 heures, ce sont les retrouvailles. Avec un de ses compatriotes habitant maintenant la région, nous quittons Flémalle en voiture pour le centre de Liège, déambulons dans les rues du « Carré » et nous décidons d’aller manger dans un restaurant de poissons. Le temps est bien trop court pour se raconter les milliers de choses qui nous sont arrivées et que nous n’avions pu communiquer ni par courrier postal ni par courrier électronique. Juste le temps de faire un tour à la cathédrale de Liège où je tenais temps à revoir la sublime statue de l’ange déchu sur la Chaire de la Vérité de Guillaume Geefs.
Mon ami doit prendre le train pour aller à Bruxelles, il faut déjà se dire au-revoir, je suis raccompagné à Flémalle...]
J’arrive à la Châtaigneraie alors qu’André-François Ruaud débute sa conférence sur l’initiation à la fantasy. Devant moi, je reconnais quelqu’un de dos, en chemise écarlate, assis à côté de Gizmo : Gilles Dumay, directeur de la collection Lunes d’Encre de Denoël (et également auteur sous pseudonyme).
Au gré de mon humeur, j’assiste à des conférences (Joseph Altérac remplaçant Tassilo Von Töplitz pour nous parler de « Terre Creuse et Monde souterrain » et du fameux « roi du monde »), je vais voir les livres neufs ou d’occasion proposés à la vente (j’en profite pour compléter ma collection Histoires, l’anthologie de science-fiction du Livre de Poche), je participe sans trop comprendre au jeu de rôles (où semblent beaucoup s’amuser le jeune Alain Girardot et Sylvie Lainé), j’écoute Gilles Dumay parler de télétravail (il vit à présent dans un coin perdu des montagnes de Thaïlande et exerce ses fonctions depuis un cyber-café), j’échange quelques mots avec Thomas Day au sujet du Double Corps du Roi (aux Éditions Mnémos) qu’il a écrit en collaboration avec mon copain Ugo Bellagamba...
Repas. En face de moi, à table, Raymond Milési n’est qu’à moitié content du plat de rechange qui lui a été servi au lieu des haricots, légumes qu’il abhorre (qu’a-t-il eu à la place, des concombres cuits ?!).
Après le repas, Raymond prend sa guitare et nous gratifie d’un concert (chansons parodiques avec paroles de sa composition) mais certains d’entre nous ont bien du mal à en profiter en raison de la fatigue.
Retour à l’hôtel, dodo.


5. Samedi 30 août 2003

P’tit dèj’. Voiture. Flémalle.
Présentation des candidatures pour les conventions 2004 et 2005. On prend les mêmes et on recommence : la convention de 2004 sera organisée par Jérôme Baud et aura lieu à l’Isle-sur-la-Sorgue (comme en 2000, première convention à laquelle j’avais participé), la convention de 2005 sera organisée par l’équipe d’Alain le Bussy à Tilff (à nouveau en Belgique, comme en 2002, où je n’avais pu être présent pour cause de rédaction de thèse).
Conf’versation sur la « structure du conte » animée par Claude Mamier et Philippe Dulauroy, deux personnes qui décident de mener le projet assez fou de raconter et collecter des contes pendant près de trois ans (voir leur projet ici). Conférence sur les OVBI présentée par Jean Etienne. Non, je n’ai pas dit les OVNI mais bien OVBI : Objets Volants Belges Identifiés. À propos, saviez-vous pourquoi il y a tant d’OVNI recensés en Belgique ? Il paraît que c’est un des pays les plus brillants de la Terre car les autoroutes y sont éclairées... Et ce n’est pas une blague. Revenons aux OVBI. Historique et petit cours de physique sur les lifters, étranges dispositifs qui parviennent à voler à l’aide d’une haute tension. Nous assistons à une démonstration surprenante de cet engin.
Après le repas (buffet froid), débat sur « l’Histoire de la S.-F. » animé par Jean-Claude Vantroyen, Jean-Pierre Fontana et Jean-Claude Dunyach.
Je croise Sara Doke qui s’inquiète de la disparition de Gilles Dumay (qui est l’invité mystère) et d’André-François Ruaud. Ces derniers étaient à Liège à la recherche d’un distributeur de billets acceptant les cartes bancaires du type dont est pourvu le Gillou.
Autres conférences et rencontres, je ne comprends toujours rien au jeu de rôles, je m’accroche un bout de plastique vert fluo autour du poignet afin d’indiquer que je participe à la murder party. Je repère Michel Pagel qui est lui aussi affublé de ce signe distinctif mais, peine perdue, nos missions n’ont rien en commun, nous avons l’impression qu’il y a plusieurs histoires indépendantes emmêlées dans ce jeu de rôles.
André-François et Gilles sont de retour. Le débat sur « la Guerre des Étiquettes » peut débuter. Il ne sera pas animé par Catherine Dufour (qui n’est pas encore là en raison d’un problème de voiture) mais par Patrick Marcel (qui traduit aussi les propos de Brian Stableford). Le débat est très intéressant. Brian Stableford nous parle des attentes des éditeurs (« écrivez-nous la même chose, donc le même genre, parce que ça marche ! ») et des envies des auteurs ; l’idéaliste Gilles Dumay de la nécessité commerciale de présenter le genre des livres (science-fiction, fantasy avec nains de jardin, fantasy sans nains de jardin...) mais que ce qui compte, selon lui, est de publier et défendre un auteur et une œuvre, qu’importe son étiquette ; André-François Ruaud et Patrick Marcel, tous deux auteurs d’un guide respectivement sur la fantasy et le fantastique commandés par... Gilles Dumay (j’en profite pour saluer Francis Valéry, auteur du guide de lecture sur la science-fiction dans la même collection qui n’a malheureusement pu venir pour des raisons de santé... nous te souhaitons un prompt rétablissement, Francis !), évoquent les difficultés qu’ils ont eu à définir les genres (fantastique, science-fiction, fantasy) et à classer des textes dans l’un ou l’autre de ceux-ci, certains relevant de la fusion des genres...
Nous quittons ensuite la Châtaigneraie pour aller au Préhistosite, non loin de là. Et c’est dans la reconstitution d’une caverne qu’ont lieu les remises de prix, dont le prix Rosny Aîné (auteur de la Guerre du feu), prix dont s’occupe Joseph Altérac et qui est établi selon le vote des lecteurs afin de récompenser le meilleur texte francophone de science-fiction de l’année écoulée.
Roulement de tambour...
Le prix Rosny de la nouvelle de science-fiction est attribué à... Jean-Jacques Girardot pour « Gris et amer, les Voyageurs de l’Éclipse » (extrait de son recueil de nouvelles Dédales virtuels paru aux Éditions Imaginaires Sans Frontières), ex æquo avec Sylvie Lainé pour « Un signe de Setty » (dans un numéro de la revue Galaxies). Trop de bonheur : il s’agit de textes que j’avais lus et vraiment beaucoup aimés, et en plus, ce sont des copains... En recevant leur trophée (la sculpture en forme de crâne de mammouth), Sylvie et Jean-Jacques se prettent à un étonnant jeu de duettistes. Ne s’agirait-il que de la même entité implémentée dans deux corps différents ?
Prix Rosny du roman attribué à Joëlle Wintrebert (hélas absente) pour Pollen.
Prix Merlin (équivalent en fantasy de ce qu’est le Rosny pour la science-fiction) de la nouvelle attribué à Jess Kaan pour l’Affaire des Elfes Vérolés.
Prix Merlin du roman attribué à Lea Silhol pour « la Sève et le Givre » (qui, comme Joëlle, est aussi absente).
Les auteurs de fantasy se sont vus remettre de jolies planches : un crayonné pour Jess Kaan qui avait bien du mal à cacher son émotion et une peinture pour Lea Silhol.
Prix Versins (du plus mauvais jeu de mots réalisé pendant la convention) attribué à Pierre Stolze. Contexte : la convention avait pour sous-titre « Sara Jones et la Convention perdue ». Et il y eut effectivement beaucoup de problèmes pour trouver à la fois l’hôtel et le lieu de la convention, dans ce petit coin de Wallonie. Le jeu de mots de Pierre, fort à propos, fut ainsi : « Où wallons-nous ? ». Pierre s’est vu remettre un magnifique... euh... bidule... un machin avec plein d’hélices de couleurs que je me rappelle avoir déjà eu quand j’était tout petit.
Apéritif. Discussions par petits groupes : Gilles Dumay, André-François et Patrick Marcel parlent entre eux de plein de textes et d’auteurs qui me sont inconnus, Gizmo et Éric Henriet discutent d’uchronie, Sylvie et Jean-Jacques taillent la bavette avec les 42 (Ellen Herzfeld et Dominique Martel), Catherine Dufour vient d’arriver, certains s’essaient à la bière « préhistorique » faite maison (qui, une fois ouverte, se déverse follement en mousse)...
Retour à la Châtaigneraie, c’est le dîner de gala.
Sara Doke est habillée en créature angélique. D’autres vont se changer au cours du repas. Vincent, à côté de moi, dégouline de faux sang. Je devrais le regarder avec appétit, m’étant déguisé en vampire, mais c’est plutôt à la serveuse largement décolletée à qui j’ai lancé un « vous êtes à croquer, mademoiselle ! » qui retient mon attention. J’ôte mes dents de Dracula pour manger. Après la soupe aux orties et le saumon, nous avons droit à de l’agneau (argh, une gousse d’ail, on veut ma mort !) et, en dessert, un machin-truc-chose au nom imprononçable pour un non-Belge qui ressemble à une sorte de grosse poire cuite au jus.
Pendant le repas, vente aux enchères d’objets improbables animée par Georges Pierru (dans le rôle du commissaire priseur) et Jérôme Baud. Jean-Jacques Girardot s’en sort plutôt bien : cette année, son fils Alain ne l’a pas ruiné en achetant toutes les bêtises dont il avait envie.
Tout le monde (ou presque) se déguise : André-François en cadavre élégant à canotier, Michel Pagel en Mort rouge à faux, il y a aussi des men in black et des extraterrestres, des cow-boys et des indiens, des créatures monstrueuses diverses et variées (je vous invite à voir le site de Matthieu Walraet pour vous faire une idée), ceux qui ne se sont pas déguisés se retrouvent avec des masques ou casquettes ridicules.
Jean-Jacques Girardot et son fils partent se coucher. Nous convenons de l’heure de départ pour le retour à neuf heures, il ne faut pas oublier que lundi 1er septembre, c’est la rentrée pour Alain (et aussi pour moi et mes collègues enseignants). Tant pis pour le jeu « S.-F. again fascism » et le décrochage de l’exposition, et tant pour avoir si peu profité de Liège.
Jacob Durieux est aux platines mais il n’y a pas réellement de bal costumé. Le sol caillouteux de la tente ne s’y prête d’ailleurs guère et nous aidons à débarrasser les tables.
Gizmo ramène à Rocourt de bien curieux personnages : le maquillage blanc d’André-François s’en va par plaques et le faux sang n’en finit pas de couler du visage de Vincent. En se démaquillant à l’extérieur de la chambre d’hôtel, Vincent manque même de provoquer une crise cardiaque, ayant fait très peur à un touriste japonais noctambule.


6. Dimanche 31 août 2003 : le retour

Petit déjeuner en compagnie de Peter Motte (personne d’autre n’est debout si tôt). Ce traducteur néerlandophone s’est chargé de nous faire connaître des auteurs flamands durant la convention, notamment à travers la distribution d’un hors série en français de la revue littéraire trimestrielle De Tijdlijn (la Ligne de Temps).
Il est presque neuf heures, Jean-Jacques n’est toujours pas descendu à la salle à manger alors que je suis prêt à partir. Je frappe à la porte de sa chambre. Il vient à peine de sortir du lit. Bon, pendant qu’il se prépare, je regarde les dessins animés à la télévision en essayant de ne pas réveiller Vincent.
Jean-Jacques arrive enfin, et c’est parti. Le mauvais temps qui nous avait accompagné tout au long de la convention a laissé place au soleil.
Le retour nous semble long jusqu’au Luxembourg et à la France.
Nous nous arrêtons sur une aire d’autoroute pour déjeuner et je prends la relève au volant. Je conduis sur la majeure partie de l’autoroute, Jean-Jacques s’assoupit à côté de moi, Alain semble bien sage à l’arrière. Nous sommes à Saint-Étienne en fin d’après-midi.
Voilà, c’était une bien belle convention, riche en émotions, en rencontres et en prix... Encore merci aux organisateurs : Sara, Anne et Jacob. Et à l’année prochaine à l’Isle-sur-la-Sorgue !


Vendredi, le 15 août 2003
Ah, vivre avec ou sans les autres ? Et quels « Autres » ?
Hier, je suis allé rendre visite à D., un ami qui s’est retrouvé en situation d’hospitalisation d’office après avoir tenté de tuer son frère à coups de couteau.
A priori, D. va bien. Certes, ses paroles sont un peu embrumées par les anxiolytiques et neuroleptiques mais il occupe la chambre la plus spacieuse du pavillon où il est interné, il a le droit de recevoir des coups de fil et d’en passer et il peut également avoir des visites.
Pourtant, petit à petit, j’ai revu mon jugement : D. ne va pas bien du tout.
D’abord, D. sait très bien que s’il quitte l’hôpital, il va se retrouver dans un autre établissement, celui-là réellement carcéral, car, même s’il n’y a pas eu de plainte déposée par son frère (très légèrement blessé) ou ses parents, l’État se porte partie civile dans cette histoire et il risque jusqu’à sept ans de prison.
Ensuite, D. n’a toujours pas débloqué les choses dans son esprit. Il se sent toujours victime d’un coup de folie, de la situation, de ce qu’il a ressenti comme une agression de la part de son frère, et il a tendance à ignorer la gravité de son geste. Lui, qui est si religieux, considère que Dieu l’a mis à l’épreuve et se sent maintenant perdu. Cependant, s’il parvenait à prendre conscience de son acte potentiellement meurtrier et de la portée de ce dernier, il y a fort à parier que la culpabilité l’entraînerait à une auto-dépreciation absolue, une dépression, un suicide...
D’ailleurs, D. m’a confié que sa relation avec les psychiatres et soignants restait dans une impasse. Sa situation matérielle a évolué jusqu’à atteindre le maximum de droits accordés à quelqu’un retenu en hôpital contre son gré, mais sa situation intellectuelle semble ne pas avoir avancé d’un pouce.
Enfin, et c’est sans doute ce qui, a posteriori, m’a fait le plus craindre pour son évolution, D. reste toujours entouré par sa « communauté ». D. était seul lorsque je suis venu le voir mais au bout d’une heure, S., une autre amie est passée lui rendre visite. S., jeune et jolie, lui apporte des bouquins. Les livres sont le plus souvent des contes pour enfants car D., avec ses médicaments, ne parvient pas trop à se concentrer sur des histoires complexes. En discutant à trois, j’ai appris que S. qui, a vingt-cinq ans, poursuit encore ses études, s’était mariée à l’âge de vingt-deux ans. Cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille... Nous sommes allés dans le jardin du pavillon, toujours entouré de grillage et d’yeux nous surveillant, bien entendu, pour poursuivre notre conversation. C’est alors qu’est arrivé M., la cinquantaine, visiblement très proche de D., cheveux poivre et sel, un joli hâle mis en valeur par des habits blancs, et une verve sans faille... Pour moi, instinctivement, M. avait tout de l’idée que je me faisais d’un gourou. Pendant des années, D. était venu les samedis lui prêter main forte pour l’aménagement de sa maison. S. et moi nous sommes alors présentés à M. et avons indiqué comment nous avions connu D. Et très vite, la religion est apparue dans nos propos. D. et S. s’étaient rencontrés à la sortie d’une « église », église dont le nom complexe m’était inconnu. Sourire pincé de M. à l’évocation de ce groupe religieux. S. explique que son mari et elle ne se rendent plus à cette église car elle a très mal vécu son passage dans celle-ci, en particulier parce que son mari est pentecôtiste et que dans l’église où ils allaient, il y avait des oppositions dogmatiques importantes, notamment sur le fait de renier les dons de l’esprit. Moi, j’observais cette conversation un peu ahuri. M. m’a alors demandé à quelle église je me rendais (ou « j’appartenais ? ») et je lui ai répondu que j’étais catholique romain, ce qui n’a pas manqué de le surprendre. Mi-sérieux, M. a demandé à D. : « Tu fréquentes un catholique romain ?! »
Je n’ai pas souhaité préciser que j’étais catholique parce que je croyais en Dieu et que le catholicisme était ma religion de baptême même si, contrairement à eux, cela n’avait pas d’influence sur certaines sphères de ma vie personnelle... en effet, comment prétendre être scientifique si on considère les allégories bibliques comme des faits véritables ? comment mener une vie sexuelle dans le respect de son partenaire sans préservatif ? De tout mon être, je m’oppose farouchement aux décisions du « Saint Père ».
Et là, tous les petits couacs de ma relation d’amitié avec D. m’ont sauté à la figure : il me prêtait des livres religieux mais ne voulait que très difficilement lire ceux que je lui conseillais, il ne m’accompagnait au cinéma que si le film était en accord avec ses convictions et surtout... il ne pouvait envisager de relations intimes avec des personnes du sexe opposé que s’il agissait d’une fille (1) qui partageait la même croyance que lui et (2) qui serait son épouse.
Voilà pourquoi S. s’était mariée si jeune.
La communauté, rien que la communauté.
Fonctionnement en vase clos.
Attachement rigoureux à la doctrine, et une certaine intolérance vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas les mêmes convictions.
Dans mon dictionnaire, c’est ce qui définit une secte.
Oui, si j’avais été admis dans la sphère d’amitié de D., c’est simplement parce que j’avais suivi à un moment donné son « groupe d’étude de la Bible » (lorsque, dans le cadre de l’écriture de mon roman de science-fiction, je faisais des recherches sur certains groupes religieux « chrétiens » et leur interprétation de la Bible). Puis j’avais fait connaître à D. les randonnées en roller, ce qui l’avait fait un peu sortir de son micro-monde.
Même si tes frères parlent constamment d’amour, avec les contraintes qu’ils t’imposent, ou que tu t’imposes, D., à plus de vingt-cinq ans, tu n’as jamais aimé et été aimé de la façon la plus intime qui soit. Et le jour où tu as porté la main sur ton frère de sang, c’est parce que lui, avec lequel tu ne peux t’entendre parce qu’il refuse tout de cette communauté étouffante et castratrice qui est toute ta vie, tu t’estimais dans ton droit, tu te croyais dépositaire de la loi, tu étais là pour le punir d’avoir abusé du téléphone parce que ton jeune frère appelait... sa copine.
Oh, D., combien de temps mettras-tu à faire le chemin qui te fera prendre conscience du fait que tu as agi sous le coup de la colère et de la jalousie ? Comment peux-tu guérir si les amis qui viennent te soutenir ne sont que les membres de cette communauté aux préceptes t’empêchant de mener une vie harmonieuse ?
Quel gâchis.
Cette visite, sans doute la dernière avant longtemps puisque je quitte Lyon dans quelques jours, m’a laissé un goût bien amer.


Dimanche, le 3 août 2003
(Le coût de l)a vie
Vendredi, j’ai mis à peu près une heure pour aller de chez moi... à chez moi. Enfin, de mon nouveau chez moi, à Saint-Étienne, à mon chez-moi actuel, à Lyon. Dix minutes pour aller de l’hypercentre de « Sainté » à la gare de Châteaucreux, trois quarts d’heure en car (il n’y a plus de train en ce moment pour cause de travaux) et un peu plus de cinq minutes de métro depuis Perrache pour rejoindre le centre de la Presqu’île de Lyon où j’habite encore jusqu’à la fin du mois.
Il y a encore quelques travaux à faire dans le loft que je vais occuper, aussi ne puis-je pas encore emménager, mais j’apprécie le fait de goûter petit à petit à mon nouvel environnement, d’autant que j’ai encore pas mal de choses à régler à Lyon, en particulier des travaux de recherche à terminer avec mon ancien directeur de thèse, sans compter que je dois préparer mes nouveaux cours, et ces derniers vont démarrer dès le début de septembre... Oups !
Vendredi soir, à Lyon, randonnée roller avec Macadam Roller, comme d’hab. Saint-Étienne a beau être plus valloné que Lyon, il y a quand même de quoi faire du roller là-bas, heureusement... D’ailleurs, vendredi dernier, Akelia était présente à la rando. Certes, la miss est peut-être une pro de la descente, mais elle ne mérite pas le maillot à pois rouges... (Aïe, pas taper : j’avais dit que c’est bloguable !)
Aujourd’hui, vu le film le Coût de la vie de Philippe Le Guay. Très sympa. Des petites histoires illustrant nos travers et les relations troubles que nous avons avec l’argent, du radin joué par Fabrice Luchini au flambeur interprété par Vincent Lindon. Mais le personnage principal, c’est Lyon. C’était assez étrange de voir sur l’écran ces lieux que je connais si bien. D’ailleurs, une petite phrase du film m’a amusé. Un antiquaire faisait remarquer que le prix des assiettes qu’il vendait aurait été le double à Paris. Et la personne qui convoitait ces assiettes a fort justement répondu : « Oui, mais nous ne sommes pas à Paris mais à Lyon... »
Je frémis encore au souvenir du loyer de ma chambre minuscule en toute proche banlieue parisienne, lorsque j’ai fait mes études à Jussieu. Et à partir de maintenant, pour un loyer de 100 balles de plus (15 euros) à peine, je vais occuper à Saint-Étienne un appartement qui fait presque le double de celui de Lyon...


Mercredi, le 23 juillet 2003
Ah, vivre et laisser mourir... ou Fabrice « M. », le Maudit
C’est assez terrifiant.
Un de mes très bons amis, dont je m’inquiétais de ne plus avoir de nouvelles (il ne répondait pas aux messages que je laissais sur son répondeur), ne va sans doute plus me voir aux randonnées roller avant que je quitte Lyon. Et pour cause : j’ai appris hier qu’il était enfermé dans un hôpital psychiatrique pour avoir tenter d’agresser mortellement son frère. Oui, c’est le genre de nouvelle qui vous laisse sur le cul. Comment imaginer que quelqu’un dont on se croit proche peut en arriver là ? Il est vrai qu’il a l’esprit complètement pourri par la morale darbyste. Il est vrai aussi que je l’avais déjà hébergé, un soir après la randonnée en roller, car il m’avait dit qu’il était furieux contre son frère au point d’être capable de le tuer s’il rentrait dormir chez ses parents. Mais tout cela, ce n’était que des mots, rien que des mots, et sa bouche avait toujours tendance à tout exagérer. Ainsi aurait-il fini par réellement pêter un câble ?
Et ce n’est pas le seul de mes amis à qui il arrive des choses aussi surprenantes.
À vingt ans, j’avais fait un stage en Belgique où j’ai fait la connaissance d’un Africain d’un petit pays que je n’avais jamais entendu parler. Nous étions vraiment des amis très proches. Puis, son diplôme en poche, il a pu retourner dans son pays auprès de son épouse et de son fils. Nous avons gardé contact en nous échangeant très régulièrement du courrier jusqu’à ce qu’en 1994 les actualités ne parlent plus que de son pays. Il a connu la guerre, les exils, les camps de réfugiés, il s’est fait exploiter par des ONG, et aujourd’hui, ne parvenant à retrouver sa famille, il est enquêteur pour le TPI.
Et ce n’est guère plus joyeux au sujet de celles que j’ai aimées.
L’exemple le plus criant est celui de cette fille que j’ai rencontrée quand je passais mon permis de conduire (j’avais un peu plus de 18 ans, cet été-là). Cette fille, je la connaissais bien : j’étais en secret amoureux d’elle que je ne voyais qu’en cours de latin alors que j’étais au collège. Le destin nous avait remis sur la même route, c’était trop beau. J’ai tout fait pour la revoir et nous sommes sortis ensemble, mais pas très longtemps car elle a fini par me dire qu’elle avait un copain auquel elle tenait plus que moi. Malheureux. Réponses de glace à mes lettres et coups de fils passionnés. Un peu plus tard, je l’ai revue, par hasard, au restaurant universitaire où elle a fait semblant de ne pas me voir. Tant pis. Et bien des annnées après, j’ai revu une autre copine de collège avec laquelle j’avais échangé quelques propos au sujet du « bon vieux temps ». Elle m’a alors parlé de cette fameuse fille qui était avec nous en classe de latin, sans savoir que j’en avais été épris. Cette fille, pourtant brillante, avait fini par laisser tomber ses études, elle vivait avec son copain (celui-là même qu’elle avait préféré à moi, ai-je compris) et était tombée enceinte. Le jour de l’accouchement, les médecins, faisant passer une série de tests à la maman et à son enfant, ont découvert que la jeune mère avait la leucémie. Deux mois plus tard, elle était morte.
Oui, j’ai conscience de rapporter des faits complètement horribles. Mais ils sont hélas véridiques. Est-ce que je porte malheur à ceux que j’aime (d’amour ou d’amitié) et dont je ne suis pas autant aimé en retour ?
C’est une bien curieuse et bien pénible malédiction...


Mercredi, le 16 juillet 2003
À visage découvert
Instant (extra ?)lucide


Lundi, 14 juillet, fête nationale...
Tout l’monde dehors !. Dans le cadre de ces événements organisés à Lyon, je me suis promené le long des quais à la recherche des Subsistances.
Rive gauche de la Saône. J’ai pris le quai de la Pêcherie, remonté le quai Saint-Vincent. Mais non, rien vu. Quelques bâtiments qui me semblaient bien se prêter à un tel exercice artistique, mais aucune indication venant renforcer cette idée. Arrivé au bout du quai, j’ai fait demi-tour, sur l’autre côté de la route. J’en ai profité pour descendre sur la berge, marcher le long de l’eau, passer à côté de pêcheurs se reposant à l’ombre d’un pont. Puis je suis remonté et j’ai vu un petit drapeau annonçant la présence de ce « laboratoire artistique » au niveau de ce qui fut autrefois un convent. Pas évident d’entrer dans le lieu. Il faut oser. Un coup d’œil à ma montre m’en a découragé, il ne restait plus qu’un quart d’heure du spectacle. Dommage.
Retour, place des Terreaux, traversée d’un pont du Rhône, j’arrive sur le Quai des guinguettes.
La plage au cœur de Lyon.
La ville est en vacances.
Insolite. Beach-volley. Chaises longues. Des poneys, des chameaux, joie des enfants. Musiques agréables : acid-jazz, exotique et même rétro.
Je ne sais pas si c’est en raison de cette dernière musique, mais un sentiment étrange de nostalgie m’envahit. Oui, je regarde Lyon comme si cette ville n’était déjà plus mienne... Je me dis que demain, j’aurais la réponse tant attendue pour ce fameux poste.
Je rentre chez moi, un peu de lecture, et en soirée, je regarde les feux d’artifice avec un ami. Superbe. Cela valait le coup de s’installer un peu en avance. Vue sur l’Hôtel-Dieu et la basilique Notre-Dame de Fourvière. Les bâtiments magnifiquement mis en valeur par les jeux de lumière. Noblesse de la pierre. La nuit. Tir des fusées, scintillements de couleurs. Magie.

Mardi, 15 juillet.
J’arrive au laboratoire un peu avant neuf heures. Je n’ai pas voulu me presser. Je me connecte sur le site ANTARES du Ministère de l’éducation nationale, entre mon identifiant et mon mot de passe. Confirmation : je suis affecté en tant que Maître de Conférences dans cette autre université. Heureux.
Je quitte Lyon, pas pour aller très loin, mais pour démarrer une nouvelle vie.


Dimanche, le 13 juillet 2003
À visage découvert
Les films de ma vie...

Et pour 10 de plus :
  1. After Hours (Martin Scorsese, 1985). Parce qu’il change un tout petit peu ses habitudes, un informaticien de New York va vivre une nuit de cauchemar. Hilarant. Tragique. Absurde. Superbe.
  2. Brazil (Terry Gilliam, 1984). De l’absurde, encore, dans cette société futuriste peinte avec grand art par un ancien des Monty Python.
  3. La Cité de la peur (Alain Berberian, 1993). Les Nuls, le film. À voir plusieurs fois, on y redécouvre à chaque fois un nouveau gag. Une bouffée d’oxygène qui rend content (Non, Dominique !)
  4. Le Père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, 1982). Nécessairement. La troupe du Splendide au meilleur de sa forme.
  5. C’est arrivé près de chez vous (Remy Belvaux et André Bonzel, 1992). Benoît Poelvoorde en tueur en série. Humour noir, très noir, filmé en noir et blanc. Complètement fou, et pourtant si réaliste (Reviens, gamin, c’était pour rire !)
  6. Simple Mortel (Pierre Jolivet, 1991). Coup de cœur pour ce film du frère de l’humoriste, hélas assez peu remarqué à sa sortie. De la science-fiction sans effets spéciaux. Si, si. Une histoire haletante. Du grand art.
  7. The Breakfast Club (John Hughes, 1985). Mon film d’ado. Une jolie note d’espoir.
  8. Purple Rain (Albert Magnoli, 1984). Plongeon dans les années quatre-vingt. Prince, du temps de sa splendeur. Et la bombe du moment : Apollonia Kotero. When Doves Cry, un petit bijou. Et Purple Rain, le slow de plus de huit minutes. OK, faut être adolescent pour vraiment apprécier.
  9. Les films de Krzysztof Kieslowski. Certes, il a une orthographe impossible (il ne peut pas s’appeler « Christophe » comme tout le monde ?) et il a eu le mauvais goût de mourir trop tôt. Mais le réalisateur et scénariste polonais nous a gratifié de quelques chefs d’œuvre avant de s’éteindre. Et il filmait à merveille la magnifique Irène Jacob, dans La Double Vie de Véronique ou Trois couleurs : Bleu. Sans compter les morceaux de choix de la série du Décalogue.
  10. Les films de Claude Lelouch. Mes favoris : Un homme et une femme (Chabadabada...), Itinéraire d’un enfant gâté, la Belle Histoire, Tout ça... pour ça !, Les Misérables... L’homme-orchestre du cinéma filme la vie, les sentiments, les hasards, les rencontres, ses femmes (il faut avouer qu’il a plutôt bon goût) et... c’est beau !



Vendredi, le 11 juillet 2003
À visage découvert
Les films de ma vie...

S’il ne fallait en retenir que 10 :
  1. Blade runner (Ridley Scott, 1982). Adapté de la nouvelle de Philip K. Dick portant le joli titre de Do Androids Dream of Electric Sheep?, ce film reprend, dans l’univers du cyberpunk, l’éternelle question « qui suis-je ? » en la formulant sur le mode « suis-je humain ou un être artificiel ? ». Film superbe, avec une esthétique que l’on trouve trop rarement en science-fiction, à part quelques autres merveilles comme Bienvenue à Gattaca (Andrew Niccol, 1997). Pour l’anecdote, J’ai découvert ce film en vidéo, des années après sa sortie, je l’ai vu plus de six fois sur cassette ainsi qu’une fois, tout dernièrement, au cinéma dans le cadre de la nuit de la science-fiction d’Oullins.
  2. Metropolis (Fritz Lang, 1926). Le chef d’œuvre du genre. Source d’inspiration essentielle, par exemple du sympathique Cinquième élément (Luc Besson, 1996). L’histoire peut sembler aujourd’hui un peu simple mais les images ont une telle force !
  3. Monty Python, la vie de Brian (Terry Jones, 1978). Mon préféré des Monty Python. La vie d’un type qui n’a pas de chance et qui ne sera pas retenu par l’Histoire, contrairement à un certain Jésus avec lequel il partage pourtant pas mal de points communs. Hilarant du début à la fin !
  4. La Grande menace (Jack Gold, 1978). En anglais, "The Medusa touch", film fantastique avec Richard Burton et Lino Ventura. Étonnant. Parfois j’ai cru avoir le même pouvoir (le terme "malédiction" conviendrait mieux cependant) que l’étrange Morlar, l’immortalité en moins.
  5. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (Jean Yanne, 1972). Une belle critique de la société de consommation des années Pompidou. Vu un grand nombre de fois à la télévision, ce film m’a marqué par son cynisme et son humour noir.
  6. Le fabuleux Destin d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2000). Une adorable petite bombe d’optimisme, ou comment apprécier les petits plaisirs simples de la vie. Mention spéciale à Jeunet pour sa facilité à passer d’un genre l’autre : avant Amélie, il avait réalisé Alien, la résurrection...
  7. Les Temps modernes (Charlie Chaplin, 1936). Avant le Dictateur (1940), dans la suite des Charlot, ce film plein d’humour et d’émotion est une description au vitriol de la société contemporaine et des nouvelles conditions de travail des ouvriers. Derrière les mimiques, il y a un cri. Mais les films de Chaplin, ce sont aussi sa vie à l’écran : du gamin miséreux à sir Charles Spencer Chaplin, une vie pas vraiment rose.
  8. Moulin Rouge (Baz Luhrmann, 2001). Hallucinant ! Un Montmartre fantasmé à la fin du XIXe siècle. De l’émotion, de l’exubérance, des reprises musicales audacieuses, un film à couper le souffle.
  9. E.T. l’extraterrestre (Steven Spielberg, 1982). J’avais à peu près l’âge d’Elliot quand j’ai vu ce film au cinéma. Le premier film que j’aie vu sans être accompagné. Un film inoubliable. Je trouve qu’après E.T., Spielberg a eu bien du mal à réaliser un bon film de science-fiction : ce n’est qu’en 2002 avec Minority report que j’ai retrouvé la magie du Spielberg d’antan...
  10. Fantasia (Walt Disney, 1940). Le premier film vu au cinéma. J’étais tout petit. J’en garde un souvenir confus bien qu’émerveillé. De belles images colorées, des histoires toutes simples... et la Musique ! J’ai retrouvé un peu de ce bonheur, récemment, avec Fantasia 2000. Comme beaucoup, j’ai grandi avec les films des studios Disney... mais, avec le recul, j’ai été troublé de remarquer certains faits des plus dérangeants, voire malsains, dans cette œuvre. Un exemple d’une telle curiosité ? Prenons le Livre de la jungle. Vous souvenez-vous de la scène où Mowgli se retrouve chez le roi des singes ? À quoi ressemblent les singes ? On dirait qu’ils ont des traits négroïdes. Et que chantent-ils ? Du jazz, musique black par excellence. Et quelles sont les paroles du roi singe ? « Je veux être un homme comme toi ! » Comme si, dans ce film, les auteurs sous-entendaient que les Noirs ne peuvent pas prétendre à l’humanité... Et ça passe innocemment devant les yeux de nos chères petites têtes blondes, et rousses, et brunes ? Oui, vraiment : c’est malsain. Parents, prudence...



Mercredi, le 25 juin 2003
À visage découvert
Impressions stéphanoises.
État d’esprit difficilement descriptible en ce moment.
Si j’étais physicien, je crois que je parlerais d’un « état de transition ».
Déjà, je rédige ces lignes en écrivant au stylo sur un bloc-notes, dans ce bus, moi qui n’écrivais presque plus que directement au clavier.
C’est curieux. Je me trouve dans la ville où je vais sans doute passer les prochaines années de ma vie. Ville que je ne connais pas. Ville où je ne suis même pas venu une dizaine de fois. Ville que je n’ai jamais pris la peine de visiter. Je ne sais pas encore si je vais réussir à l’aimer. Je sais déjà, suite à la réunion de tout à l’heure, à quoi va ressembler une partie de mes futures activités ici même si, officiellement, je n’aurais de confirmation (ou non) de mon poste qu’à la mi-juillet.
J’ai encore un peu de temps avant de prendre mon train. Je suis là, sur le quai de la gare, en train de respirer les chaudes effluves empoisonnées brassées par les TER.
Je ne suis pas pressé. J’aurais très bien pu prendre le train suivant. J’ai hésité un moment à me promener au hasard dans la ville, à la sentir vivre autour de moi par tous les pores de ma peau, à voir si elle m’acceptera... mais, non, le soleil est trop fort pour que je me prête à un tel exercice.
Plus tard, peut-être... Sans doute.


Vendredi, le 20 juin 2003
Avis sur le sens de la vie
Aujourd’hui : la drogue, c’est de la merde
ou : confessions d’un ludomane mangeur de pommes

Je reviens de loin...
Il y a quelques jours, j’ai pris la douloureuse décision de désinstaller Age of Empire, un jeu de stratégie qui était en train de me bouffer la vie.
C’est terrible à dire, mais je crois bien que j’étais complètement drogué.

L’histoire :
J’ai toujours cru avoir une physiologie propre à n’être dépendant de rien. Du moins, d’aucune substance. Je n’apprécie pas vraiment l’alcool et, si jamais il m’arrive d’en boire, ce qui est très rare, c’est toujours en quantité infime (ce qui semble incompréhensible à mon entourage car je ne conduis pas). De toute ma vie, je n’ai fumé qu’un paquet de cigarettes. Sans intérêt. Quelques bouffées de cigarettes qui font rire. Sans intérêt non plus. Je ne tenterai rien de plus costaud, bien entendu, connaissant les ravages provoqués par les drogues sur le cerveau (j’ai vu ça en cours, et je tiens trop à ma tête). Enfin, je ne bois jamais de café et, s’il m’arrive de boire du thé, c’est sans doute moins d’une tasse par mois.
Et pourtant...
Combien d’heures ai-je passées devant un Tetris ?
Combien de temps ai-je perdu avec un jeu de stratégie ?
Il y a déjà quelques années, alors que je venais de recevoir Age of Empires II: The Age of Kings, ma copine de l’époque m’avait fait sentir qu’elle n’appréciait pas d’être délaissée au profit de Jeanne d’Arc (l’un des personnages du jeu). Sur le moment, j’avais trouvé sa réaction ridicule. Mais elle avait raison ! Je n’avais qu’une envie, chaque jour, c’était de rentrer chez moi, d’allumer mon ordinateur et de lancer une partie. Seule la découverte des codes permettant de fausser les règles du jeu m’a vacciné contre la ludopathie.
Il y a quelques mois, je me suis retrouvé chez mes parents, pour un week-end prolongé. J’ai passé de longues soirées à découvrir Age of Mythology: The Titans, à m’extasier des nouveautés, à vouloir progresser dans les scénarios, à poursuivre de nouvelles aventures... Mais bon, ça n’a duré que quelques jours car, ne disposant que d’un vieux PC pauvre en mémoire, à mon domicile, pas moyen d’installer ce jeu...
Il y a quelques semaines, j’ai retrouvé la première version du jeu. J’ai mis quelques jours à terminer les scénarios des diverses campagnes, puis je me suis rabattu ensuite sur les cartes aléatoires et, depuis, ce fut l’horreur.
J’avais du mal à comprendre. J’ai un job passionnant. J’ai des amis. J’ai d’excellentes lectures en attente. Et j’écris. Écrire est vraiment ce qui donne un sens à ma vie... Mais, c’était complètement fou, je n’avais qu’une envie, rentrer au plus vite chez moi pour faire une ou deux parties avant d’être vaincu par le sommeil. Heureusement, de temps en temps, un instant de lucidité me disait de sortir de mon appartement, de voir mes amis, d’assister aux spectacles proposés dans ma bonne ville de Lyon... Bref, d’avoir une vraie vie, pas d’être un zombie avachi devant son ordinateur, passant son temps à une activité vaine, asociale et débilitante.
Tout va bien, je m’en suis sorti. Je me surprends de temps à autre à vouloir recommencer une partie, comme ça, pour voir, mais le jeu n’est plus sur mon ordinateur, et la raison fait son retour  « Non, Fab, arrête de perdre ton temps avec ces conneries. La vie, ce n’est pas ça ! »


Mercredi, le 11 juin 2003
(M)a vie, en vrac : plus jamais avant minuit
Tout a commencé dimanche dernier, le 1er juin.
Sylvie donnait une petite fête chez elle pour son poste de prof des universités. Très sympa. Il y avait les copains de la Gang (Marie, André, Olivier, Gizmo, Jean-Jacques) ainsi que Francis Valéry. Il m’a surpris, le Francis. D’ordinaire, il est habillé de noir (avec les ongles vernis dans la même couleur). Mais là, il était sobrement vêtu de beige. Oh, le copieur ! (Oui, mes fringues sont le plus souvent blanches, beiges et couleur sable.)
En partant, le mari de Sylvie m’a prêté des CD vidéos et je n’ai pu m’empêcher de regarder le film sur mon ordinateur, ce qui m’a fait coucher plus tard que d’ordinaire et presque louper le réveil... alors que, le lendemain, commençait une conférence (enfin, un colloque s’étalant sur toute la semaine) organisée par mon laboratoire.
Donc lundi, je me suis rendormi après la sonnerie du réveil (c’est la première fois que ça m’arrive, et c’est désagréable), d’où un départ un peu à la bourre de chez moi. J’arrive au labo avant 8 heures, j’aide à installer ce qu’il faut, ça baigne, tout est prêt. Le discours des officiels, conférence d’un invité prestigieux, tout va bien. Nous gérons aussi le problème du mardi car, avec les grèves des transports, nous prévoyons de chercher les conférenciers logeant à Lyon pour les amener sur le campus de Bron, dans l’Est lyonnais (c’est moi qui vais servir d’accompagnateur).
Alors, cette semaine, ça a été dur. Et pas moyen de trouver le temps de poster un message sur Singuliers (OK, j’avoue : j’ai commencé trois messages, je n’en ai terminé aucun avant celui-ci).
D’abord, du sommeil en retard. D’ordinaire, je me lève très tôt (à 5 heures) et j’essaie de me coucher vers 22 heures, mais là, quand je ne rentrais pas tard après avoir dîné avec des collègues, j’ai redécouvert ce que c’est que de jouer sur l’ordinateur, ça me permet de tuer le temps jusqu’à ce que j’aie l’air d’un zombie et que, malgré la chaleur étouffante, je parvienne à trouver le sommeil. Mais bon, dodo plus jamais avant minuit, et lever assez tôt, même si c’est un peu plus tard que d’ordinaire, ça finit par taper durement sur le système.
Ensuite, j’ai pris trois kilos. Les pauses-café accompagnées de délicieuses pâtisseries, les cocktails, le dîner de gala, le resto avec des Liégeois (pas au chocolat, des collègues belges), le déjeuner du vendredi avec le comité d’organisation, sans compter ce week-end... Argh ! Bon, au pain sec et à l’eau.
Sinon, pour finir, le bon mot du docteur Fab. Le mercredi, juste avant le dîner de gala, nous avons eu droit à des dégustations de produits locaux (des beaujolais, des jus de fruits, du saucisson, des fromages de chèvres, du miel). Quand je suis passé devant les fromages, j’en ai goûté un qui était affiné, et l’autre qui ne l’était pas. Oui, rien à voir. Et là, je me suis dit que ce que c’était vraiment ce qu’il fallait pour un congrès de mathématiciens : la seule différence entre les deux fromages, c’était une fonction « affine »... (si vous ne comprenez pas, envoyez-moi un courrier électronique (c’est pourtant le programme de troisième, non ?)
Enfin, samedi, petit tour au 13ème festival de la science-fiction et de l’imaginaire de Roanne. Le Capitaine en parle mieux que moi sur son site ici (billet du 08/06/2003).
Déjeuner à Roanne puis après-midi agréable au bord de la Loire, dans le département du même nom, le fameux 42, solution à toutes les énigmes, et peut-être même, en ce qui me concerne, à celle de la quête acharnée d’un futur poste d’enseignant-chercheur.
Affaire à suivre...


Mercredi, le 14 mai 2003
Avis sur le sens de la vie
Aujourd’hui : il ne faut pas faire de blagues aux petits enfants.

Samedi dernier, j’étais invité à déjeuner chez un ami que je n’avais plus vu depuis presque un an, ami qui est marié et qui a deux enfants de trois et un ans (enfin non, pas tout à fait, pour la plus jeune, disons quelques mois, ne me demandez pas plus de précision, moins de douze).
Comme je suis un garçon bien élevé (si, si !), je suis venu avec un cadeau pour la maîtresse de maison, en l’occurrence une boîte de chocolats (j’ai pris les plus chers que j’ai trouvés au Monoprix, ce n’est pas très original, je sais).
Alors je vois le schtroumpf de trois ans, je lui donne la boîte (j’ai quand même fait l’effort de faire un joli paquet cadeau), et je lui dis : « C’est un cadeau pour ta maman ! ».
Le gamin s’en va en criant : « Maman, maman ! » tout en secouant la boîte, et pendant ce temps le copain arrive et me dit qu’il a un problème avec son fils car il mange trop de sucreries.
Oups...
Je vois alors la maman, sans la boîte, mais le gamin arrive en brandissant celle-ci après l’avoir débarrassée de son joli papier cadeau. Et comme il y a des chocolats dessinés dessus, bien entendu, c’est le drame, le môme veut en manger.
Alors, pendant que le papa explique à son fiston que, non, ce n’est pas le moment de manger des chocolats et lui montre des apéritifs à la place, je planque la boîte de chocolats au-dessus du réfrigérateur.
Après le déjeuner, nous discutons, je joue un peu au clown et au magicien pour amuser le gamin, puis j’abuse lâchement du fait d’avoir la cote avec lui pour qu’il range sa chambre : « Si tu ne mets pas tes légos dans la boîte, je m’en vais ! ».
Et, j’en ai un peu honte, ça a marché...
Donc, pendant que nous discutons entre grandes personnes, le schtroumpf fouille partout dans sa chambre pour retrouver les briques de légo et les mettre dans sa grande boîte.
On papote de tout et de rien, on boit, on grignote les restes des biscuits apéritifs et je passe dans la chambre du môme pour voir s’il a tout bien rangé. D’ailleurs, c’est presque le cas.
Le gamin, remarquant ma bouche pleine : « Qu’est-ce que tu manges ? ». Et là, je ne sais pas ce qui m’a pris : « Ah, mince ! Je viens de manger le dernier chocolat de la boîte ! ».

Devinez ce qui s’est produit...

Le petit garçon a fondu en larmes, nous avions eu beau lui expliquer que c’était une blague, rien ne parvenait à l’arrêter. Et finalement, pour le calmer, nous avons dû ouvrir la fameuse boîte de chocolats pour lui en donner un...


Samedi, le 3 mai 2003
A visit of Akelia
Mercredi dernier, j’ai fait la connaissance d’Akelia, weblogueuse canadienne dont je suivais les aventures depuis déjà pas mal de temps.
Pendant deux jours : visite en roller des lieux non touristiques de Lyon, menus non lyonnais (poulet basquaise, kébab, salade de gésiers), déjeuner au soleil avec d’autres weblogueurs de la Gang (André-François et Olivier) dans le Parc Flaubert (ne cherchez pas sur un plan, c’est le Jardin des Chartreux rebaptisé ainsi, on se demande pourquoi, par le philosophe Olivier)...
D’ailleurs, j’ai même une preuve éclatante de la venue de la sympathique Akelia : je n’ai pas pris de photo !


Vendredi, le 2 mai 2003
Avis de plagiat (j’assume !)
Hier : déjeuner & promenade sur les hauteurs verdoyantes de la Saône.
Le ciel fut doux, le soleil à peine caressant.
Ce fut une sorte de « spécial blog » puisqu’en compagnie de Geneviève (Akelia), d’André-François (Captain & Books) & d’Olivier (Eaux troubles).

(Post honteusement inspiré de l’avirtuel du Capitaine Ruaud.)


Lundi, le 10 mars 2003
Ah, vite, vite, vite !
C’est dingue, je n’ai même plus le temps de poster un message par semaine sur mon blog. Faut dire que c’est le mois de mars, et comme chacun sait, mars attaque (il y a aussi "mars, et ça repart", mais bon...)
Mars attaque, oui, c’est vraiment ça. Déclaration de revenus pour Mon Trésor. Youpi. Dossiers et audition pour un poste à la prochaine rentrée. Génial. Et bonheur suprême, je viens d’apprendre que mes concurrents, pour presque toutes les places, ce sont mes meilleurs copains. Ô joie, il va falloir s’entre-déchirer. Ah, que le monde est bien fait : on s’est battu côte à côte durant nos études, et maintenant on va se livrer une guerre indirecte, bonjour les dégâts collatéraux.
Pas eu le temps de faire la critique de la Cité du Soleil, et autres récits héliotropes, le recueil de nouvelles d’Ugo Bellagamba (ça attendra une semaine ou deux), ni de Ni pour, ni contre (bien au contraire), le troublant film de Cédric Klapisch...
Donc un week-end qui est passé trop vite mais où j’ai pris le temps d’aller à la 17ème Fête du Livre de Bron, sur "l’Inconnu" où il y avait plein de choses à voir et à entendre, en particulier une conférence sur le cerveau par Marc Jeannerod, des jeux pour enfants qui intéressaient aussi les plus grands, ou des textes lus (voire "interprétés") par un lecteur public à bibliocycle...


Samedi, le 1er mars 2003
À vitesse de croisière...
Lorsque j’ai commencé ce weblog, je postais un message par jour. Assez vite, je me suis rendu compte qu’il n’était pas évident de parler de quelque chose de pertinent aussi fréquemment. Aussi, à défaut de trouver un message présentant un quelconque intérêt pour les lecteurs qui arrivent ici, je préfère me taire et restreindre mes messages à un rythme hebdomadaire...
J’ai ainsi volontairement choisi de parler sur « Singuliers»  de petites anecdotes personnelles (en évitant de trop m’étendre sur mon boulot), d’éléments culturels (en privilégiant les "petits" événements qui m’ont intéressé) ou sociaux (occultant volontairement les thèmes dont vous entendez parler à longueur de journée), voire de profiter de cet espace pour indiquer, à l’occasion, des recettes de cuisine.
C’est un fait, j’aime bien parler de ces petits riens qui peuvent mettre le cœur en joie.
Par exemple, ce matin, j’ai voulu cuisiner un gâteau aux pruneaux. Dans la recette, il était indiqué qu’il fallait prendre 10 gros pruneaux, or j’avais déjà commencé un sachet de 250 g de gros pruneaux d’Agen (dénoyautés) et pensais qu’il ne m’en restait pas assez. J’ai versé le contenu du sachet dans une assiette, compté, il y en avait 10 tout pile. Parfait.
Ensuite, je suis allé faire mes courses, et j’ai découvert le shampooing que je recherchais depuis longtemps dans une multitude de magasins était présent en rayon. Avez-vous remarqué que dans les grandes surfaces, il y a des rayons entiers destinés aux shampooings et après-shampooings ? Oui, il y en a avec toutes les subtilités possibles, pour des cheveux colorés, cassants, gras, à la camomille pour les cheveux blonds, à usage fréquent, pour un démêlage facile, pour éviter les fourches, antipelliculaires... Mais si certains shampooings sont explicitement destinés à des cheveux féminins, la mixité du produit est bien souvent masqué. Moi, j’en voulais un "pour homme". Pas compliqué, non ? Il faut croire que si. Combien de fois ai-je été dans ces rayons, véritablement perdu par toutes les marques et les diverses spécificités ? Combien de fois suis-je reparti dépité de ces rayons en me disant que les shampooings "pour homme" ne devaient plus exister et que la seule coupe autorisée en ces temps d’après-Barthez était la "boule à (et 1 et 2 et 3) zéro" ? Mais non, finalement, j’ai trouvé, sur le rayon du bas, complètement coincé, quelques shampooings destiné à des cheveux masculins. Ô joie !
Puis, un peu plus loin, j’ai remarqué que deux produits que j’allais de toute manière acheter (car notés sur ma liste de courses) étaient en promotion. Coup de bol.
Enfin, plus tard, lorsque je suis allé à la Fnac Bellecour, j’ai trouvé le recueil la Cité du Soleil du frangin Ugo. Génial !
Il y a des jours comme ça ou tout va bien.
Merci la vie.


Dimanche, le 16 février 2003
Avirtuel sur la vie réelle
[Message personnel à la personne qui se connecte assez régulièrement depuis Stanford.edu... Allez, Nono, reviens sur la liste de diffusion de la Gang ! C’est frustrant de te voir disparaître (joli paradoxe) à chaque fois que la discussion devient intéressante. Fin du message perso.]
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "avenir". Je suis officiellement qualifié aux fonctions de maître de conférences en informatique. Youpi ! Maintenant, va falloir s’accrocher dans la course aux postes...
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "recherche". J’ai reçu les retours du comité de rédaction d’une revue scientifique internationale au sujet d’un article dont je suis le premier signataire. Youpi ! Mon papier est accepté. Rien de méchant à corriger sur le plan scientifique, par contre je vais devoir trouver un native English pour régler les problèmes de langue.
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "enseignement". Après discussion avec la responsable du cours du module dont j’ai en charge les travaux dirigés, j’ai indiqué à mes étudiants de maîtrise que je ne leur demanderai pas de me rendre un projet, ces derniers (qui sont très occupés par leur stage) en ont déjà réalisé un en licence. J’ai fait cette annonce en regardant une partie de ma salle de TD et je me suis retourné vers l’autre. Un peu trop vite. Du coup, j’ai vu une étudiante (fort charmante, ma foi) qui faisait mine de m’embrasser (« M’sieur, on vous adore ! »). Elle est devenue rouge de confusion. Ah, finalement, il en faut peu pour être aimé... (euh, youpi ?)
Nouvelles littéraires. Le numéro 29 de Bifrost est enfin arrivé dans ma boîte aux lettres. Avec les excuses d’Olivier Girard pour le retard sur une feuille cartonnée qui n’est autre que la pub pour la Cité du Soleil (et autres récits héliotropes) du frangin Ugo. Déjà presque terminé de lire la revue. Parmi les fictions, une très chouette novella de Claude Ecken. Et un compte-rendu très personnel des Utopiales de Nantes par Francis Valéry, alternant avec des passages de son roman à venir, le Talent ressuscité, la suite du Talent assassiné. D’ailleurs Francis doit arriver à Lyon ce soir. La semaine prochaine, il est prévu de passer quelques soirées sympas en sa compagnie.
Nouvelles de ma vie d’être humain. Catégorie "douleur". Je ne sais comment, je me suis fait mal à l’index gauche, juste en dessous de l’ongle. Ce n’est qu’un bobo ridicule, qui a à peine saigné, qui a presque cicatrisé maintenant mais qui fait toujours mal. Et qu’est-ce que c’est gênant ! Je me sens vraiment handicapé de la main gauche. Je viens enfin de comprendre l’histoire du supplice chinois qui consistait à introduire des aiguilles brûlantes à cet endroit. Brrrr...
Nouvelles de ma vie de célibataire. Catégorie "Saint Valentin". Vendredi soir, avec mon copain PYM et quelques autres, nous avions prévu de terminer la soirée dans un bar après notre habituelle balade en roller hebdomadaire, une sorte d’anti-Saint-Valentin entre potes. Tout était prévu, nous avions l’intention de nous affubler de signes distinctifs tels que des "cœurs à prendre" avec des planches anatomiques de l’organe en question ou des gros cœurs avec un ange descendu par sa propre flèche. Pas de très bon goût, certes, mais il faut bien ça pour lutter face à la mièvrerie de ce jour. Et finalement, rien de tel n’a été fait... PYM est retombé dans une phase down, il n’est pas venu à la rando roller, j’ai essayé de l’appeler mais le message sur son répondeur donne une bonne idée de son humeur noire... PYM, arrête de te regarder le nombril, c’est pas parce que tu t’es fait plaquer qu’il faut faire croire à tout le monde que tu vas te suicider (tu nous fais le coup tous les deux mois).
Nouvelles cinématographiques. Catégorie "horreur". J’ai vu Le Cercle-The Ring de Gore Verbinski. Au début, j’ai eu peur... mais peur que le film soit un navet car il commence comme un de ces films pour adolescents au scénario sans surprise. Mais passées les dix premières minutes où une jeune fille raconte à sa meilleure amie une légende urbaine sur laquelle repose l’histoire, le film démarre comme une enquête journalistique avec un oppressant fond fantastique. Pas du grand cinéma, certes, mais le film remplit son rôle : j’étais calé au fond du fauteuil, la trouille au ventre.
Nouvelles citoyennes. Catégorie "je milite". Samedi, 14 heures, place Bellecour. Manifestation contre la guerre en Irak. Bizarre. Pas vraiment de musiques ou de slogans (contrairement aux manifs anti-FN auxquelles j’avais participées). Une manifestation "pacifique", dans tous les sens du terme. J’ai retenu ce message, bien trouvé, écrit sur une pancarte : « Bush, si tu veux du pétrole, viens le chercher sur nos plages ».


Samedi, le 1er février 2003
Ah, violence évitée, intégrité sauvée...
De toute ma vie, je ne me suis jamais battu.
Bien entendu, comme tous les enfants, et ceci jusqu’au collège, j’ai donné des coups de pieds et coups de poings à mes camarades de classe, mais cela n’a jamais été méchant, c’était simplement ce que font les lionceaux quand ils apprennent à mesurer leur force.

Quand j’étais petit, pour faire comme papa, je pratiquais un sport de combat : le judo.
Quelle erreur !
Je n’avais pas de problème pour réaliser les prises, aucun souci pour la technique, mais j’étais vraiment mauvais en combat par peur de faire mal à mes adversaires (qui, eux, ne se gênaient pas pour me balancer à terre).
Je me rappelle une compétition où je me suis retrouvé face à un seul adversaire dans ma catégorie. Je l’ai battu et j’étais content : je croyais que tout était fini et que j’allais pouvoir rentrer à la maison.
Mais non, les organisateurs du championnat, ennuyés de nous avoir fait déplacer pour un seul match, nous ont proposé, à mon adversaire battu et moi, de combattre deux filles de la même catégorie de poids que nous.
Eh bien, mon rival n’a laissé aucune chance aux demoiselles, alors que moi, je me suis fait battre lamentablement par ces dernières, ponctuant un « désolé » ou un « excuse-moi » chaque fois que j’esquissais un mouvement pour les faire tomber...
Non, le judo, ce n’était vraiment pas mon truc.

Pourtant, nos sociétés ne sont pas toujours tendres et il faut parfois combattre pour sauver sa peau.
D’autant que je n’ai pas ma langue dans ma poche et que j’aurais pu me faire tabasser des milliers de fois par des personnes à qui j’ai fait quelques remarques — toujours justifiées ! — parfois désobligeantes...
Une fois, pourtant, ce n’est pas passé loin. Allez, je vous raconte cette anecdote, garantie 100% véridique.
À l’époque, j’étais étudiant en psychologie, et, suite à des réorientations et des envies de poursuivre de longues études, j’ai suivi une "préparation à l’Armée de l’Air", histoire de pouvoir repousser d’un an mon passage sous les drapeaux et de me retrouver dans ce corps de la Défense qui était, m’avait-on dit, le moins "pénible".
C’est ainsi que, pendant une semaine de vacances scolaires, je me suis retrouvé en tenue kaki à faire semblant d’être un petit soldat.
Un jour, à midi, à une table voisine de la mienne, un p’tit gars se croyait spirituel en jouant au gros dégueulasse avec la nourriture et en faisant de multiples bruits corporels. Écœuré, j’ai dû lui sortir quelques propos qui, visiblement, ne lui avaient pas fait plaisir.
À la pause qui avait suivi le déjeuner, j’étais avec mes camarades dans la grande tente qui nous abritait lorsque plusieurs personnes d’un autre groupe sont entrées. Parmi elles, une espèce de colosse qui devait faire une tête de plus que moi, et sans doute pas loin du double de mon poids, et le petit gros à qui j’avais fait la remarque désobligeante un peu plus tôt. Le petit m’a indiqué du doigt à son copain super costaud et mes amis m’ont regardé d’un air effaré, le monstre de muscles allait me réduire en bouillie...
Là, j’avoue que j’ai eu vraiment très peur. Mais, si l’homo sapiens sapiens a pu survivre parmi les autres animaux de la savane, ce n’est pas parce qu’il était rapide ni parce qu’il était pourvu de griffes, de crocs ou de venin, mais bien parce qu’il savait utiliser son cerveau un peu mieux que les autres prédateurs.
Et dans cette situation, je n’avais pas le choix : aucun moyen de fuite (la seule issue de la tente était condamnée par les copains du petit gros), il fallait agir au plus vite, je devais être génial sinon j’allais être transformé en steak haché...
Je ne sais pas ce qui m’a pris, je me suis dirigé vers Monsieur Muscle, je lui ai dit bonjour et je me suis assis à côté de mon lit de camp en l’invitant à s’allonger et à me parler de ses problèmes.
Ma réaction a quelque peu dérouté la personne censée me casser la figure. Le type m’a alors sorti quelque chose comme : « Eh là, mais je ne suis pas fou ! »
Et moi : « Mais je n’ai jamais dit que tu étais fou ! Je suis simplement là pour que tu puisses me parler de tes problèmes, je suis là pour t’aider... »
Cela a eu pour effet d’énerver le type qui m’a sorti : « Mais ça va ! Je n’ai pas de problèmes, moi ! »
Moi (fourbe), l’air étonné : « Mais alors... Pourquoi ton copain t’a dit de venir me voir ? »
Alors là, Monsieur Muscle n’était vraiment pas content, surtout qu’il y avait tous les copains de son groupe, il a attrapé le petit gros, l’a bloqué contre un pilier de notre tente et a commencé à lui donner des coups de tête (pas trop violents, mais quand même) en marmonnant « pourquoi tu m’as fait ça », ce qui m’a obligé à intervenir pour les séparer...
L’autre groupe est parti, j’ai pu m’asseoir à nouveau sur mon lit, soulagé, et mes copains, pas fiers de n’avoir osé me défendre, se sont laissé aller à un grand fou rire.
Ah, quelle histoire : j’avais vraiment eu très chaud !


Mardi, le 14 janvier 2003
Villon, sur l’avenue Berthelot : tu commençais ta vie, et je t’ai tué
Parce que mon bureau était surchauffé, comme toujours. Parce que j’avais mal à la tête. Parce que je devais aller sur le site de l’Université en centre-ville pour récupérer des exemplaires de ma thèse. Parce que j’ai quitté mon laboratoire au beau milieu de l’après-midi...
Parce que tout ça, je me suis retrouvé dans ce tramway.
Plongé dans mon bouquin, assis dans le sens opposé à la marche, je n’ai rien remarqué.

Il n’est pas encore 16 heures.
Avenue Berthelot. Juste après la station "Villon".
Un choc. Quelques secousses. Un coup de frein.
Avec les autres passagers du tramway, nous nous regardons les uns les autres, sans comprendre.
Dans le bistrot d’à côté, deux hommes rentrent à toute allure.
Une femme dit : « Il y a eu un accident ! »
À côté de moi, sur le trottoir, un peu à l’arrière du tram, je vois des gants, ou un bonnet, des habits déchirés.
Portables aux oreilles, des passagers alertent les secours.
Les deux types du bistrot ressortent.
Un des deux fait des signes affolés. « Il est là-dessous ! »
Un autre homme sort d’une boutique. Un parent ou un ami.
Son regard, je n’oublierai pas ce regard, se porte à mon niveau, à mes pieds.
Et il se met à crier...
Désespéré et fou de rage, il contourne le tram, prêt à tuer le chauffeur.
On nous fait enfin sortir. Certains d’entre nous osent un coup d’œil sous le tramway.
Moi, j’ai les mains qui tremblent.
Des bruits de sirènes approchent.
Je traverse la route, je veux me réfugier chez mon ex qui habite non loin de là. Je ne peux pas garder ça pour moi.
Ce n’est que lorsque je vois la jambe du malheureux dépassant du tramway que je réalise vraiment.

À 19 heures, à la radio, aux informations locales, ils viennent de dire que tu avais vingt-six ans. Que tu n’as pas survécu à tes blessures. Que tu t’es peut-être suicidé.

Pourquoi ?

Pardonne-nous de t’avoir tué.
Pardonne-nous aussi de ne t’avoir ni compris ni écouté.


Samedi, le 4 janvier 2003
Aviateurs de l’Aéropostale et cavaliers du Pony Express
Hier matin, je suis allé poster des dossiers sur lesquels va se jouer mon avenir d’enseignant-chercheur. J’avais beau être plutôt confiant, les quelques jours de "vacances" passés dans ma famille avaient été mis à profit dans la réalisation de ces fameux dossiers de "qualification aux fonctions de maître de conférences", je sentais quand même de désagréables nœuds dans mon estomac... Pourtant, j’avais à peine franchi la porte de la Poste que je me suis senti plus léger.
Période de fêtes et début de mois obligent, les personnes qui attendaient leur tour au guichet étaient tout sourire, ce qui est suffisamment rare pour être signalé : colis cadeaux à envoyer, paquets ou mandats à récupérer, et, pour le collectionneur, nouveaux timbres à découvrir...
La Poste est une institution pour laquelle j’ai le plus grand respect. En effet, comment faire parvenir autrement des messages ou des biens à des personnes éloignées sans être obligé de se déplacer soi-même ?
J’ai moi-même été membre de cette institution au cours d’un été pour me faire un peu d’argent de poche. Chapeauté de ma casquette de facteur, je parcourais les rues de la petite ville voisine avec mon vélo, me sentant l’héritier des braves cavaliers du Pony Express ou des audacieux aviateurs de l’Aéropostale, pour distribuer le courrier, un sourire aux lèvres lorsque je voyais la lettre d’une jeune amoureuse, identifiable aux petits cœurs dessinés sur l’enveloppe.
Aujourd’hui cependant, grâce à Internet, il nous est possible de nous passer de bon nombre des services de la Poste, pour le plus grand malheur de cette institution et des amoureux de la correspondance papier. Mais la messagerie électronique, quasiment gratuite et immédiate, est devenue une nécessité de notre temps : sans elle, je me demande bien comment j’aurais pu contacter aussi facilement mon meilleur ami en Afrique, un collègue japonais ou une blogueuse canadienne que mes correspondants de l’Hexagone...


Mardi, le 17 décembre 2002
Avinnersaire (yoijeux)
« C’est un bon jour pour mourir... », dit le vieil Indien dans Little Big Man.
Moi je dis que 30 ans, c’est un bon jour pour vivre.
Le jour de ses trente ans, mon ami Ugo, de deux semaines mon aîné, a passé son audition de maître de conférences et a obtenu son poste.
Le jour de mes trente ans, à savoir hier, j’ai soutenu ma thèse.


Dimanche 15 décembre.

Je me réveille assez tard. J’étais la veille à l’anniversaire d’un ancien amour.
Je répète mentalement ce que je dois dire lors de ma soutenance de thèse en prenant mon petit déjeuner, en me rasant, en prenant ma douche...

Fin de la matinée.
Passage éclair au Virgin situé à moins de 100 mètres de mon appartement.
Manque de bol, il est fermé et n’ouvre qu’à midi.
Je prends mon courage à deux mains et vais jusqu’à la FNAC (à au moins 300 mètres de là), je trouve ce que je recherche (comme quoi, les chercheurs trouvent quand même aussi parfois !) : le recueil de nouvelles de Jean-Jacques Girardot (pas pour moi mais pour offrir, en espérant qu’un ami charitable pensera à me faire cadeau de Dédales virtuels car j’ai tant envie de lire ce bouquin !)
Je passe le reste de la journée à répéter la présentation de ma soutenance...


Lundi 16 décembre, jour « J »

J’ai décidé de rester chez moi toute la matinée.
Nouvelle répétition mentale de la soutenance de thèse.
Qui est le premier à me souhaiter mon anniversaire ?
Le robot de NotreFamille.com !
Ouais, je ne travaille pas dans le domaine de l’intelligence artificielle pour rien...
D’autres messages électroniques de soutien arrivent sur ma boîte.
Un premier coup de fil pour me souhaiter mon anniversaire et me dire m..... : je mets un instant à réaliser qu’il s’agit de Nathalie, une amie de Lorraine.
Un second : il s’agit de ma bonne maman qui m’appelle du train.
Déjeuner léger.
Avec le stress, mon ventre fait des nœuds...
Je me fringue. Non, pas encore la cravate.

Treize heures.
Je sors de chez moi. De la pub et une enveloppe récupérées dans ma boîte aux lettres. Je lirai la lettre plus tard.
Je prends le métro et le tramway, je ne vois personne : sur le chemin je répète encore ma soutenance.

Quatorze heures moins le quart.
J’arrive au labo.
Mais où est passé mon directeur de thèse ? C’est lui qui devait me prêter son ordinateur portable...
Je cours dans tous les sens.
Bon, pas de panique, je peux emprunter celui du secrétariat du laboratoire.
Les bouteilles sont déjà au frais ? Parfait !
Mes parents arrivent. Pendant que je copie mon fichier, maman et papa s’occupent du pot (bouteilles, verres, gâteaux...).

Quinze heures.
Avec un collègue, je vais chercher le vidéoprojecteur que j’ai réservé. Manque de bol, avec le service audiovisuel, nous nous sommes mal compris : le vidéo ne passe que de la vidéo (appréciez la nuance) et non de "l’informatique".
Grrrmbl...
Une solution, peut-être : un autre vidéoprojecteur doit être rapporté.
J’attends le retour du matériel. Les minutes s’écoulent, tout comme des gouttes de sueur froides dans mon dos.
Et voici la bête !
Beau, beau, il est beau le vidéo !
J’arrive sur le lieu que j’ai réservé pour la soutenance. La salle est fermée. Je fais le tour, frappe à la porte d’un secrétariat, c’est ouvert, de gentilles dames vont ouvrir la salle de conférences où je vais officier.
Bricolage pour installer le vidéoprojecteur, les rallonges ne fonctionnent pas (un problème de triphasage), je vais en chercher d’autres, ça y est.
Bon, l’image ne s’affiche pas à l’écran. Nous cherchons la combinaison de touches adéquates. Mmmm... Ce n’est pas ça le problème. Peut-être faut-il changer le port du vidéoprojecteur ? Oui, c’est ça.
Réglages ultimes, des bouteilles d’eau sont mises à la disposition des membres du jury, ainsi que des exemplaires de ma thèse.
Des personnes arrivent dans la salle : mes parents, mon ami Ugo (venu tout exprès d’Aix pour m’écouter), mon ex-copine, des collègues, des amis, et mon directeur avec quelques membres du jury.
Bonjour, bonjour, c’est gentil d’être venu.
Des personnes proches me souhaitent aussi mon anniversaire.
Les derniers membres du jury arrivent, il est un peu plus de 16 heures, le président du jury me laisse la parole.

Go!
Je me fais peur : le démarrage est un peu chaotique, ma langue s’accroche sur quelques mots. Mais je me rattrape. J’ai un débit de paroles plus rapide qu’à l’ordinaire, ma présentation coule, les transparents défilent, je présente mes travaux et l’auditoire est attentif. Un coup d’œil sur la montre, il faut que je me dépêche, j’augmente encore un peu le débit mais tout va bien, j’arrive à ma dernière diapositive, la numéro trente-trois (clin d’œil à la parole classique du docteur : « Dites 33 ! ») et je termine ma présentation entre 40 et 45 minutes, c’est-à-dire le temps qui m’était accordé.
Parfait.
Questions du jury.
Les rapporteurs et examinateurs me félicitent pour la qualité de mon travail (« Merci ! ») et me posent certaines questions.
Mes réponses semblent les satisfaire.
Mes directeur et co-directeur louent mes qualités scientifiques et humaines, ma maman verse une larme.
La dernière question du président du jury, je suis heureux de voir que les personnes se sont vraiment intéressées à mon travail.

Délibération.
Papa prend quelques photos sur son appareil numérique.
Je débranche le matériel.

Le jury arrive, le président prend la parole, ça y est, je suis docteur, les félicitations ne sont plus données (pour éviter les différences de politiques entre les établissements nationaux), sinon je les aurais eues (c’est ce que dit mon président de jury).
Joie.

Pot de thèse.
Tout est beau, tout est bien. Les amis avec qui je fais du roller arrivent. Il y a moins de Gangsters que prévu mais je suis heureux, les bouteilles et les plats se vident, je parle avec les uns et les autres, la tension accumulée ces derniers jours se relâche petit à petit.
Les gens s’en vont progressivement.
Gizmo de la Gang vient chercher Ugo. Il emportera aussi quelques restes.

Vingt heures.
J’abandonne collègues, famille et amis pour retrouver les membres du jury dans un bon restaurant situé sur la Croix-Rousse.
J’imaginais ne plus avoir faim mais la soupe de bulots tiède aux crevettes, le cabillaud et sa salade d’algues ainsi que le gâteau à la nougatine m’ouvrent de nouvelles perspectives sur les capacités de mon estomac.
Comblé.

Minuit et quelques.
J’arrive chez moi.
Mes parents sont déjà couchés.
Un message en anglais sur mon répondeur. Marina, une amie grecque, me souhaite mon anniversaire...


Mardi 17 décembre.

Réveil matinal.
J’essaie sans succès de copier les photos prises par l’appareil numérique de mon père sur mon vieil ordinateur portable. Foutu port USB !
Métro, nous arrivons à la gare de la Part-Dieu. J’en profite pour acheter un billet.
Ça y est, ils sont partis et fiers de leur fiston.
Je vais chez André et Olivier récupérer Ugo.
André est déjà parti travailler, je fais la connaissance de Guillaume.
Ugo et moi nous rendons tranquillement au centre commercial de la Part-Dieu pour papoter, faire un coucou à André, prendre un petit déjeuner chez Paul, essayer de trouver des idées de cadeau pour Noël, faire un tour devant la bibliothèque municipale...
Puis l’heure à laquelle Ugo doit prendre son train arrive, il retourne dans son sud natal, je retourne dans mon labo...
Au boulot 


Dimanche, le 15 décembre 2002
Avide de bonne chère, troisième !
Ou de bonne "chair" ?
Dernièrement, un Allemand a commis un crime anthropophage, "dans la lignée des films sur Hannibal", selon certains médias.
Moi, cela me fait plutôt penser à La Chair, ce film italien étrange de Marco Ferreri (1991) où un amoureux (Sergio Castellitto) transforme sa voluptueuse compagne (Francesca Dellera) en carpaccio. Ou au film brésilien Qu’il était bon, mon petit Français. Dans ce film de Nelson Pereira Dos Santos (1971), une tribu d’Indiens d’Amazonie garde en vie son prisonnier Français, à défaut de disposer de réfrigérateur. À la fin du film, la plus jolie Amérindienne du village consomme avec plaisir un morceau de choix de son ancien amant...
Oui, les rapports entre l’amour, la mort et le fait de manger sont bien curieux.
Moi qui adore les fruits de mer, je me demande si je n’éprouve pas une certaine satisfaction quasi-divine face aux multiples animaux marins offerts en sacrifice à ma gourmandise. Il y a du vrai là-dedans, dis-moi, Sigmund ?
Hier, mon ex-copine m’a invité à son anniversaire. Je crois que je suis normal : je n’ai pas eu l’intention de la dévorer. Mais peut-être est-ce parce qu’elle est grande et mince, il n’y aurait pas eu grand chose à manger. Par contre, j’ai préparé un gâteau au café pour elle. En voici la recette...


Délice au café

Préparation  : 10 minutes environ
Cuisson : 10 minutes (au four micro-onde à allure maximale)
Pour 6 personnes
Ingrédients :
  • 150 g de farine ;
  • 1 cuillerée à café de chocolat en poudre ;
  • 2 cuillerées à café de levure chimique ;
  • 150 g de sucre roux ;
  • 150 g de beurre ;
  • 3 cuillerées (à café) de café soluble ;
  • 1 cuillerée à soupe de rhum ;
  • 3 œufs ;
  • 2 cuillerées à soupe d’eau.
Faites dissoudre le café avec le rhum dans une tasse ou un verre.
Mettez le beurre dans un grand saladier et passez-le dans le four micro-onde 30 secondes (à l’allure maximale) afin de le faire ramollir.
Dans le saladier, ajoutez le sucre, le café dilué et un œuf après l’autre puis les 2 cuillerées d’eau.
Mélangez le tout vigoureusement en terminant par la farine préalablement additionnée de la levure chimique et du chocolat en poudre.
Placez la préparation dans un moule beurré et garni d’une feuille de papier sulfurisé.
Passez le moule dans le four micro-onde pendant 8 à 10 minutes à l’allure maximale.

Bon appétit !

[Note : pas d’article hier et il en sera sans doute de même demain pour cause de boulot...]


Vendredi, le 13 décembre 2002
Aviné
Ce matin, soutenance de l’habilitation à diriger les recherches de mon co-directeur de thèse.
J’avais l’impression de stresser davantage que ma "moitié d’encadrant"...
Présentation excellente, réponses aux questions du jury très perspicaces, critiques élogieuses.
Réussite sur toute la ligne, et en particulier aussi pour le pot de thèse : grand luxe. J’ai même pris un verre de champ’ alors que je devais bosser. En fait, grand bien m’en a pris : ça m’a remonté le moral.
J’ai récupéré les exemplaires de ma thèse. Relié collé (et non boudiné) et en recto-verso, mon manuscrit en jette un max !
J’ai pu réserver le vidéoprojecteur, j’ai acheté les boissons et quelques bricoles pour mon pot de soutenance. J’ai même acheté une nouvelle cravate. Bon, c’est vrai, j’en ai quelques unes (que je ne mets que 3 ou 4 fois l’an) mais je n’ai plus retrouvé ma cravate fétiche, offerte par une ex. (D’ailleurs, je ne comprends pas comment j’ai pu perdre cette cravate, tous les cadeaux faits par ceux qui vous aiment sont précieux.)
Et bien sûr, je viens de terminer ma présentation.
J’ai mis du temps, mais ça en vaut vraiment le coup. Sacrifier ma randonnée en roller du vendredi soir n’a pas été inutile...


Jeudi, le 12 décembre 2002
À vif (les nerfs)
Je soutiens ma thèse dans quatre jours. Enfin, moins de 100 heures, si on veut être plus précis.
Et ça devient vraiment très dur.

Au niveau du pot de thèse, c’est à peu près réglé : merci les parents pour les spécialités régionales (les bouteilles et les verres pour papa, les spécialités culinaires pour maman), la commande est passée auprès du traiteur, je dois encore acheter des trucs complémentaires, en particulier des boissons, ce que je ferai samedi (je me réjouis déjà, vu que les grands magasins seront déserts un samedi avant Noël, n’est-ce pas ?)
Pour le restaurant du soir avec les membres du jury, c’est aussi OK, j’ai réservé un endroit sympa sur la Croix-Rousse...
Au niveau de la soutenance, pour la présentation, il y a encore des bricoles à modifier sur mes diapos. (Au boulot, Fab !)
J’ai vu le service repro pour disposer de quelques nouveaux exemplaires de ma thèse (celui avec le résumé et les remerciements en bonus track).
La salle de soutenance est réservée, OK, OK...
La salle prévue pour le pot sera occupée par un cours juste avant mais j’ai quand même un peu de marge de manœuvre... Chaud !
Les vidéoprojecteurs... Il y a celui du labo mais je devrais aussi en réserver un autre demain au service audiovisuel (on ne sait jamais)...
Les ordinateurs portables... Je prendrai le mien, mais il y aura sans doute aussi ceux de mes collègues au cas où...
Le transport et l’hébergement du jury : là aussi, tout baigne, ou presque (un de mes rapporteurs sera à une soutenance juste avant la mienne à l’autre bout de la ville). Va falloir inventer la téléportation vite fait...

J’ai fait mon maximum, j’ai encore des p’tits trucs à régler. Mais bon, je gère, je gère... Enfin, j’espère.
Et puis, bon, faut pas stresser. Songer aussi à dormir tôt, je commence à avoir mal à la tête avec tout ça, c’est mauvais signe...

Oui, je me demande comment ça se passera, le jour où je me marierai(s). Ah, j’oubliais : pour se marier, faut être deux, et on partagera les tâches à ce moment-là...

Mais bon, voyons la vie en rose. Ou en bleu. Et écoutons, pour nous détendre, l’émission la Planète bleue qui passe le dimanche soir sur Couleur 3, une radio suisse qu’elle est achtement bien.
Pour ceux qui ont une connexion qui booste (et qui ne paient pas le téléphone), il est possible d’écouter l’émission la Planète bleue sur le Net.
Une heure de plongée dans la musique de demain : c’est étrange, c’est beau, c’est bon, ça calme...

Vous croyez que j’en ai besoin ?


Mercredi, le 11 décembre 2002
À visage découvert
Allez, dans la joie, je réponds au questionnaire du mercredix concocté par le Dr Tomorrow...

1/ Si la dépense de la somme ne posait pas de problème, et si vous aviez l’assurance que personne n’en saura jamais rien... Achèteriez-vous les DVD de Benny Hill disponibles ?

Euh... Non. D’ailleurs, je n’ai ni télévision ni de quoi voir les DVD sur mon ordinateur (c’est un choix, je préfère aller au cinéma plus souvent). Benny Hill me rappelle les débuts de soirée du dimanche après-midi, alors qu’il fallait aller se coucher pour être en forme à l’école. Mais là, revoir Benny Hill, non, je ne suis pas assez nostalgique pour ça...


2/ Si l’on accepte le "concept global" de Superman... est-ce qu’il y a un élément, précis cette fois, qui continue de vous choquer ? Une incohérence interne ?

Euh... Vous pouvez répéter la question ? Ou il y a un truc que je ne pige pas. S’agit-il du "concept global" de Superman vu en tant que symbole du superhéros absolu ?
Bon, j’y réfléchis, je vous rappelle, on se fait une bouffe et on en discute.


3/ Vous n’aviez même pas commencé à boire ! A côté de vous s’assoit Rita Hayworth, avec son physique de la trentaine. « Euh, vous n’êtes pas... », balbutiez-vous.
« Morte ? Si, ça fait douze ans. Mais ce n’est pas la question. J’ai envie de toi, baby... », répond-elle.
« Ah, euh, cool. Il y a une condition, je suppose ? ».
Elle ricane et répond : « Oui, une seule. Il se peut que lors de nos étreintes, tu aies la vision fugitive de moi dans mon sépulcre. Une seconde seulement, et ce n’est même pas sûr. Alors, tenté ? »
Je vous retourne la question. Et bien sûr, pour ceux que cela concerne, on remplace Rita par Errol Flynn.


Pour info, je ne bois presque jamais (à part du jus d’orange ou du nectar d’abricot).
Alors, des propositions faites par une superbe rousse (fausse mais bon...) comme Rita, oui, pourquoi pas ?
Tant pis pour le risque de la vision d’enfer.
D’ailleurs, une expérience sexuelle avec un fantôme doit être très intéressante (d’un point de vue scientifique, cela s’entend).


4/ Au cours de cette promenade champêtre, vous vous êtes un peu perdu. Au bout d’un chemin, il y a un épais mur de broussailles, haut de deux mètres environ. Il y a quelque chose derrière, c’est sûr, mais quoi ?

Un manoir hanté ?
Godzilla en short ?
L’école de magie d’Harry Potter ?


5/ Par un hasard trop long à développer, vous avez la possibilité de recevoir l’une de ces personnes pour dîner : Bill Clinton, David Bowie, Catherine Zeta-Jones, Matthew Perry, Amélie Nothomb, Molière et le mec qui posait sur les boîtes de "MasterMind" dans les 80’s. Qui choisissez-vous ?

Clinton ? Non, je préfère le son du violon à celui du saxophone.
Bowie, non plus, il me fait peur depuis que je l’ai vu en vampire dans un film avec Catherine Deneuve.
Zeta-Jones, non. Je ne suis pas certain qu’elle ait une conversation passionnante. En plus, je ne ressemble ni à Zorro ni au fils Douglas.
Amélie Nothomb ? Non, à table, elle doit être un peu saoulante à la longue.
Matthew Parry ? Euh, c’est qui ? Un acteur américain ? Non, sans façon...
Le mec qui posait sur les boîtes de "Master Mind" ? Non. Je n’ai jamais aimé les jeux de société.
Donc, sans hésiter : Molière.
Et je lui demanderais si je peux faire des adaptations science-fictives de ses pièces, genre "le Misanthrope de la station orbitale"...


6/ Est-ce que certaines personnes ont un physique qui vous évoquent des objets ? Je pose la question parce que Jean-Claude Narcy m’a toujours fait penser à un flacon de poivre Ducros. Des exemples ?

Mmmm... Je me demande si le Dr Tomorrow ne devrait pas aller voir un psy.
Non, les gens me font penser à d’autres gens, parfois. À la limite, je rapprocherais certains physiques ou comportements humains de traits caractéristiques d’animaux. Mais d’objets ? Non, je ne vois pas...


7/ La première fois que vous avez pensé "pff, encore cette série de photos" en faisant la tournée des sites coquins sur votre sujet fétiche, vous vous êtes senti comment ?

Euh... J’ai compris que j’étais plus rapide que les mises à jour de http://www.disney.fr/.


8/ Quelle est l’idée la plus abominable que vous ayez jamais lue dans un conte de fée ?

"Lue" ? Aucune. Non, il n’y a rien d’abominable, vu que les contes actuels (façon Disney) sont très épurés par rapport à leur version originelle (voir Bruno Bettelheim).
Mais j’ai bien eu quelques idées abominables, comme donner une mauvaise direction au prince charmant à la recherche du château de la princesse pour me glisser dans le lit de la Belle au Bois Dormant à sa place.


9/ Est-ce qu’il y a des douleurs que vous ne trouvez pas si désagréables ? (moi, j’aime bien avoir des courbatures musculaires, par exemple)

Non, je ne suis pas vraiment masochiste. Mais la douleur peut effectivement être agréable au moment où elle prend fin (c’est comme l’histoire du fou qui se tape sur la tête avec un marteau pour le plaisir ressenti quand il s’arrête).


10/ Les goûts culturels de quelqu’un peuvent-ils être un obstacle à votre amitié ?

Non, j’ai des amis de toutes cultures et de tous goûts culturels.
Mais j’ai beaucoup plus de mal à avoir des amis de goûts politiques trop éloignés des miens (par exemple, j’ai grand peine à éprouver quelques sympathies pour les militants de l’extrême droite. Étonnant, non ?)...


Lundi, le 9 décembre 2002
Ah, ville magique !
Hier après-midi, je suis allé voir mes amis Gangsters.
Trop peu de temps car j’ai dû rentrer bien vite pour terminer la présentation de ma soutenance de thèse.
Je ne connais pas bien le quartier de Saint-Just, sur la colline de Fourvière, et je me suis trompé de rue à un moment donné, loupé la station de métro. Enfin, de funiculaire. La "ficelle", comme on l’appelle ici.
Je suis donc rentré chez moi à pied.
Pas compliqué, il suffit de descendre. Et ça descend sec.
Après avoir traversé la Saône, je me retrouve au niveau de la gare de Perrache et je plonge sans le vouloir dans la féerie de la Fête des Lumières.
Place Carnot, le marché de Noël.
Un monde fou.
J’évite : quand on a connu les marchés de Noël alsaciens, les autres sont bien ternes en comparaison.
Rue Victor Hugo. Une rue piétonne. Des gens de partout. Odeurs de marrons grillés.
Place Bellecour. Odeurs de tartiflette.
Je poursuis jusqu’au Théâtre des Célestins.
Théâtre en flammes ?
Non, c’est beau, c’est de la magie.
Je me force un chemin jusqu’à la Place des Jacobins.
La fontaine des Jacobins a retrouvé ses couleurs.
J’arrive chez moi. J’allume trois bougies à mes fenêtres. La tradition...
Au bout d’une demi-heure de travail, je regarde par la fenêtre.
Les bougies ont été soufflées au premier coup de vent.
Je les rallume.
Quelques heures plus tard, épuisé, je vais me coucher.
Ce matin, je tire les rideaux.
Les trois bougies sont allumées. Elles ont brillé toute la nuit.
C’est la magie de la Fête des Lumières.


Dimanche, le 8 décembre 2002
Aviez-vous pris un peu de temps ?
Vendredi soir.
Trop longtemps au labo, je suis en retard.
Je me dépêche de rentrer chez moi.
Vite, vite, vite, si je veux aller faire du roller, il faut que je me grouille.
Dîner pris à l’arrache.
Je passe quelques coups de fils, très vite, je chausse mes rollers, et ce n’est que lorsque j’arrive dans la rue que je remarque le vilain crachin qui rend la route humide.
Flûte ! Flotte et flaques en roller signifient perte d’adhérence.
La place Louis Pradel est une patinoire. Je jette un œil sur le bus de la radio suisse romande Couleur 3.
Je traverse le pont Morand. Un vent vif gèle les oreilles.
Vite, vite, vite, j’arrive devant la Porte des Enfants du Rhône du Parc de la Tête d’Or.
Juste une poignée d’irréductibles.
Je repère mes amis.
Avec un temps pareil, pas la peine de compter faire la rando.
Tant pis, « Ciao ! », je retourne chez moi.
Arrivé à l’opéra, je vois que l’Hôtel de Ville est tout illuminé.
Je rejoins la place des Terreaux.
Son et lumière.
La fontaine Bartholdi, la façade du musée des Beaux-Arts et des bâtiments adjacents sont le théâtre d’une création poétique.
Le spectacle est d’autant plus beau que totalement inattendu.
Splendeur de ces moments magiques.
Aujourd’hui, 8 décembre, c’est la Fête des Lumières...


Mardi, le 3 décembre 2002
A vision of the future
Samedi soir, je suis allé à la nuit de la science-fiction d’Oullins (dans le sud de Lyon). Très intéressant.
Tout d’abord, un documentaire intitulé Robot Sapiens avec des interviews de chercheurs d’équipes toulousaine et parisienne ainsi que d’un Gérard Klein en pleine forme (non, pas l’instit’, Klein, c’est l’auteur de S.-F. et directeur de la collection Ailleurs et Demain, chez Robert Laffont).
Surprise, Gérard Klein profère des propos virulents à l’encontre de l’intelligence artificielle, la considérant, grosso modo, comme une escroquerie intellectuelle.
Après le documentaire, Klein, présent dans la salle, confirme ses propos, proposant de se référer à sa préface d’Excession de Iain M. Banks et se lance dans le jeu des questions-réponses...
Une intervention venue du milieu de la salle. Un jeune homme prend le micro et se présente en tant que chercheur en intelligence artificielle (Klein avec un sourire : « Ah, il fallait bien que ça arrive ! ») et comme amateur de science-fiction (Klein : « Merci ! ») et auteur à ses rares moments de temps libre. Le chercheur tient à préciser que ce dont Gérard Klein parle, et dont le documentaire a fait état, était de robotique et de vie artificielle et non réellement d’intelligence artificielle. Il indique aussi que des travaux en intelligence artificielle ont produit des réalisations concrètes... En réponse, Klein poursuit sur ses critiques de l’intelligence artificielle "forte", parlant des positions défendues par des chercheurs hyper-médiatisés tels que Hugo de Garis (auteur d’une interview parue dans le Monde, le 9 novembre 1999).
Le chercheur en IA répond à Klein que de Garis n’est pas un chercheur considéré par ses pairs mais qu’il s’agit de quelqu’un de complètement allumé...
Finalement, Klein et le chercheur tombent plus ou moins d’accord sur les limites de l’intelligence artificielle dans sa version forte et conçoient que le terme "intelligence artificielle" est sans doute assez malheureux.
Ah oui, j’ai oublié de préciser, le chercheur en IA, c’était moi...


Dimanche, le 1er décembre 2002
Ah, Vinatier, tes portes sont ouvertes sur une autre dimension spatio-temporelle...

Hier après-midi, j’étais au laboratoire (oui, c’était samedi, mais j’avais un article scientifique à terminer) et il m’est arrivé quelque chose de bien singulier alors que je rentrais chez moi par les transports en commun.

À un moment, un homme est entré dans le tramway et s’est assis à côté de moi. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire. Mais très vite, j’ai remarqué une odeur bizarre, proche du fromage trop fait, et je me suis rendu compte que mon voisin en était l’auteur. Faisant un effort pour ignorer les messages envoyés par mes cellules sensorielles olfactives, j’ai replongé dans la lecture d’Ulysse de James Joyces.

Un instant plus tard, les haut-parleurs du tramway ont annoncé que pour les 7 et 8 décembre, à l’occasion de la Fête des Lumières (la grande fête lyonnaise), le réseau des TCL proposeront des conditions de circulation plus avantageuses : plus de métros, fonctionnant plus longtemps, et tickets à durée de validité étendue. Suite à cette annonce, mon odoriférant voisin m’a demandé si demain nous serions le premier. Un coup d’œil sur ma montre pour voir le nombre "30" et je me suis tourné vers lui pour lui confirmer que demain serait effectivement le premier du mois.

Et mon voisin, complètement perdu, m’a encore interrogé :

« 2002 ou 2003 ? »

Surpris, j’ai répondu :

« 2002 ! Le 1er décembre 2002 ! »

Le monsieur m’a remercié, m’a souhaité poliment une bonne journée et est descendu du tram à la station suivante.

J’étais stupéfait. Comment pouvait-on ignorer l’année dans laquelle on se trouvait ? De quelle planète venait-il de débarquer ? De quel monde parallèle ? De quelle dimension temporelle ?

Je vivais la nuit de la science-fiction avant l’heure !

Me remémorant cette anecdote alors que je poursuivais ma route vers la station de métro, un début d’explication m’est apparu. Je me suis rappelé que ce bonhomme était monté dans le tram à l’arrêt "Vinatier". Peut-être que ce malheureux venait tout simplement de sortir du grand hôpital psychiatrique lyonnais...




Vendredi, le 29 novembre 2002
Avibus secundis
L’Université vient de me faire parvenir les retours de mes rapporteurs accompagnés de l’autorisation officielle de soutenance de thèse. Les rapports de ces deux grands chercheurs qui ne me connaissaient pas auparavant (ce n’est pas un jury de complaisance) sont très positifs et indiquent qu’ils ont lu avec attention ma thèse, mettant fort justement en valeur les qualités de mon travail et faisant un ensemble de remarques pertinentes. Ainsi avais-je bien raison d’annoncer que j’allais être docteur dans mon premier post sur ce weblog : connaissant le professionnalisme et l’exigence de mon chef, celui-ci ne m’aurait pas laissé soutenir ma thèse s’il n’avait pas été satisfait de mon travail de recherche et de la rédaction de mon manuscrit.
Joie !
La soutenance de ma thèse se présente ainsi sous d’heureux auspices...
Cependant, même si je n’ai même pas de corrections à apporter à mon document, le week-end prochain s’annonce pourtant chargé : j’ai un article pour une revue à boucler (avant lundi) tout en espérant pouvoir aller à la manifestation Rifl Art fiction de Villeurbanne (samedi), à la nuit de la science-fiction d’Oullins (dans la nuit de samedi à dimanche) et voir (dimanche) mes amis de la Gang...
Bon, je me reposerai (sur mes lauriers) quand je serai mort.


Jeudi, le 28 novembre 2002
Ah, vivement l’hiver !
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La saison des batailles de boules de neige vient de débuter et je vous ai eu le premier !

À côté de chez moi, sur les pavés de la Rue de la Ré’ (la grande rue piétonne de Lyon), de jolis sapins, sculptures de glace et petits chalets montagnards ont poussé.
Cette magie urbaine s’explique par l’arrivée de l’hiver : il ne s’agit que d’un décor publicitaire vantant les mérites des stations alpines voisines.

Ah, la neige...

Lorsque les montagnes se parent de blanc, je retombe en enfance et j’attends avec impatience le week-end pour pouvoir chausser mes skis.
La neige est, pour moi, associée à la féerie de Noël et à ces vacances trop courtes pour profiter des nouveaux jouets et terminer l’igloo dans le jardin.
Mais cette neige, j’ai l’impression qu’elle se fait toujours plus rare. Pour nous, citadins, c’est sans doute préférable car bien trop souvent, elle est cause d’accidents divers et finit par se transformer en une écœurante boue grise.
Si nous voulons de la neige, il suffit de la chercher auprès des hauteurs voisines. En enfants inconscients, nous pouvons ainsi oublier que nous sommes plus ou moins directement les malheureux auteurs du dérèglement climatique...


Jeudi, le 21 novembre 2002
A view to a kill
Alors que "Meurs un autre jour" (Die another day), le dernier "James Bond 007" vient de sortir sur les écrans de France, avec une B.O.F. interprétée par Madonna, je viens de me rendre compte de l’importance capitale qu’a eu le visuel dans mes goûts musicaux. En effet, j’ai commencé à écouter de la musique au début des années 80, lorsque, tout jeune adolescent, j’ai découvert les vidéos clips.
Je venais d’arriver au collège quand explosa "Thriller", fin 1982. La musique du roi de la pop, tout juste couronné, était accompagnée d’un petit bijou de film mêlant l’horreur et l’humour, et Dieu sait que cette recette marche auprès du jeune public. Les autres titres de l’album "Thriller" me marqueront moins, même si j’ai eu une petite tendresse pour la vidéo de Billie Jean.
En 1983, le groupe anglais Duran Duran débarque dans l’Hexagone avec "The Reflex". Vous souvenez-vous du clip ? La vague qui tombe de la scène et qui arrose le public ? "Wild Boys" et son univers à la "Mad Max" ? Et la B.O.F. de "Dangereusement vôtre" (A view to a kill) en 1985. Clip extraordinaire où les membres du groupe, sur la Tour Eiffel, jouent les agents secrets et se dégomment les uns après les autres... On ne se moque pas : j’avais la même coupe de cheveux que Simon LeBon !
En 1983, toujours, Frankie Goes to Hollywood sortait "Relax". Le choc ! Le clip se déroulait dans une boîte gay SM... (Je n’avais pas compris, à l’époque.)
En 1984, les Allemands de Propaganda et leur "P-Machinery". Du bizarre, aussi bien dans le son que dans l’image. J’ai beaucoup aimé.
La même année, les Norvégiens de A-HA et leur fameux "Take on me". Musique extra sur un clip mêlant film et bande dessinée. "Hunting high and low", slow de l’été (ah, les colonies de vacances de cette année-là !), clip où le chanteur se métamorphosait en animaux. Et plus tard la B.O.F. du James Bond "The living daylights" en 1987...
Mais 1984, c’est aussi l’année où une brune étrange fredonne une comptine curieuse : "Maman a tort". Deux autres titres, passés plus ou moins inaperçus : "On est tous des imbéciles" (à oublier) et "Plus grandir" (où l’univers Farmer se dessine déjà). En 1986, Mylène Farmer est devenue rousse et devient "Libertine" : une musique aux paroles osées sur un véritable film (en costume... et sans) où Laurent Boutonnat voit les choses en grand. C’est le triomphe.
Alors, il n’y a rien eu, au niveau musical, dans les années 80 ? N’oublions pas la brit pop, la new wave, la dark wave, les Irlandais U2, les Écossais Simple Minds et les Français Indochine, Mano Negra et les Rita Mitsouko...
C’était l’époque où j’ai arrêté de regarder les émissions de Maritie et Gilbert Carpentier pour passer aux "Enfants du Rock" (et à "Top 50").

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